Chapitre 32

7 décembre 1990

« Je peux savoir à quoi tu joues avec Juhan ? »

Danil et Altaïr était seul à la bibliothèque, c'était rare que le rouquin ou d'autres de leurs amis ne soient pas présent. Mais Juhan s'était battu avec un adolescent dans sa salle de classe et les deux garçons avaient écopé d'une semaine en isolement. Danil et Altaïr avait donc tout le loisir d'apprendre à se connaître, ou plutôt de continuer à s'asseoir ensemble dans la cour, à la bibliothèque ou au réfectoire dans un silence terriblement pesant.

Danil songeait qu'il était le seul à être mal à l'aise face au mutisme de l'Anglais, Black semblait en être satisfait. Mais après trois jours de silence complet, l'Estonien s'était décidé à enfin briser la glace. Peut-être que ce n'était pas le sujet le plus sûr, mais il n'en pouvait plus de voir son ami fixer Black avec espoir alors que ce dernier ne semblait pas prêt de lui retourner ses sentiments.

Sõerd savait que Juhan n'était pas stupide. Il le connaissait bien, étant allé à Durmstrang en même temps et ayant partagé un dortoir pendant quatre ans. Mais Juhan était amoureux et il semblait avoir perdu toute son objectivité concernant ses chances de relations avec l'Anglais. Mais Danil n'était pas dupe, il voyait bien qu'Altaïr ne regardait pas Juhan comme le roux le regardait.

« Il est amoureux de toi et tout ce que tu trouves à faire, c'est de coucher avec lui. Je ne te voyais pas être ce genre de type. » poursuivit Danil face au manque de réponse de son vis-à-vis.

« On a discuté, il a dit que ça lui allait.

- Bien sûr qu'il a dit ça ! Tout le monde aurait dit ça ! » s'énerva Danil. « Il est prêt à attraper la moindre occasion que tu lui donnes pour se rapprocher de toi. Il pense que tu vas finir par tomber amoureux de lui. »

Altaïr fronça ses sourcils. Il avait mis les choses au clair avec Juhan, à plusieurs reprises. Ce n'était pas sa faute s'il continuait à espérer. Mais d'un autre côté, il comprenait ce que Danil essayait de lui expliquer. Altaïr aussi aurait saisi l'occasion si Venus lui l'avait proposé.

Il se surpris à ne pas ressentir la poigne douloureuse et habituelle qui enserrait douloureusement son cœur à la pensée de l'adolescente. Remus avait eu raison, avec le temps, il oubliait petit à petit ses sentiments pour elle. Pourtant, Altaïr restait fortement attaché à Venus.

« Tu penses vraiment que ce sera mieux pour lui ?

- Oui, très clairement. » acquiesça Danil, l'air déterminé.

Altaïr soupira, promettant à l'Estonien de discuter avec Juhan de tout ça. Il était si compliqué pour lui de gérer l'humain, il n'y était pas habitué.

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12 décembre 1990

Altaïr attrapa la main de Juhan lorsque ce dernier fit mine de vouloir la glisser dans le pantalon de l'Anglais. Juhan avait quitté le matin même sa cellule d'isolement et le lycanthrope avait pu sentir son regard sur lui une bonne partie de la journée. Peut-être que Danil avait raison finalement, ce n'était pas bien de laisser le roux espérer et s'accrocher à lui.

« Il faut qu'on arrête Juhan. » murmura-t-il, fixant son regard anthracite dans celui de l'Estonien, à califourchon sur lui.

« Quoi ? Pourquoi ? Tu n'aimes plus ça ? » paniqua Juhan.

« Ce n'est pas bien, je ne veux plus continuer à profiter de tes sentiments.

- Tu ne profites de rien du tout. J'en ai envie et toi aussi, où est le mal ?

- Tu es amoureux de moi et ce n'est pas réciproque. » La voix d'Altaïr était sans appel, il ne voulait plus laisser son ami espérer pour quoi que ce soit.

Juhan s'éloigna, s'asseyant à l'autre bout du lit comme si les mots d'Altaïr l'avait physiquement atteint. C'était douloureux.

« Ça ne me dérange pas. Je le sais très bien que tu es amoureux de cette fille, je ne te demande pas de m'aimer. Je veux juste du sexe. »

C'était un mensonge évident et ils le savaient tous deux. Altaïr n'avoua pas à son ami qu'il ne pensait plus aimer autant que deux mois plus tôt Lovegood, ce n'était pas le bon moment. Juhan n'avait pas besoin de le savoir, c'était mieux s'il le pensait éperdument amoureux d'une autre.

« Juste une dernière fois. » Altaïr sembla hésité un instant, avant de secouer la tête de gauche à droite. « Bien, je vois. »

Juhan était amer, rejoignant bien sagement son côté de sa cellule pour attraper ses affaires de douches. Lui qui avait espéré pouvoir fêter la fin de son isolement avant de se laver, il était loin du compte.

« Dans ce cas, je vais me chercher une autre bite à chevaucher. » grogna-t-il en quittant la cellule d'un pas rageur.

Il savait qu'il était dur avec Altaïr, que ce dernier avait simplement voulu faire au mieux pour ne pas le blesser davantage qu'il ne le faisait déjà. Juhan ne vit pas la tristesse tirer le temps d'une seconde les traits de son colocataire.

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15 décembre 1990.

« Qu'est-ce qui t'arrives louveteau ? La dernière fois que je t'ai vu comme ça, tu venais d'apprendre que Venus allait se fiancer, toute la prison a appris que tu es un loup-garou et tu avais couché avec ton colocataire. Qu'est-ce que c'est cette fois-ci ? » s'amusa Lupin.

Altaïr eut un petit rire, ne prenant pas mal les moqueries de Remus. Il essayait de le détendre tant bien que mal et il lui en était reconnaissant. Depuis qu'il avait mis un terme à son semblant de relation avec Juhan, ce dernier refusait de lui parler et Danil collait à longueur de journée le rouquin pour s'assurer qu'il allait bien. L'ambiance était électrique dans leur cellule et Juhan ne prenait même pas la peine de cacher le fait qu'il voyait un ou deux garçons dans les douches ou dans leurs cellules de temps en temps, lors de leurs temps-libres.

Altaïr était blessé par ce comportement, il avait espéré que Juhan comprenne sa décision. Mais il supposait qu'il faudrait du temps à l'Estonien pour se remettre de leur discussion, de son rejet. S

« J'ai continué de coucher avec Juhan.

- Altaïr, je t'avais…

- Oui je sais. » coupa l'adolescent. « Je sais Remus. Mais il était d'accord et je… putain je ne sais même pas pourquoi j'ai voulu continuer ça. » Remus claqua de la langue face à sa vulgarité, mais le laissa s'exprimer. « On était d'accord qu'il n'y aurait pas de sentiments entre nous. Mais Danil dit que ce n'est pas juste pour Juhan et je suis d'accord avec lui. Je ne voulais pas le blesser, j'aurai dû t'écouter. »

Remus était empli de compatie pour son filleul. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un peu de déception mêlée à de l'amusement. Il était déçu qu'Altaïr ne se soit pas montré plus mature et n'ait pas suivi ses conseils. De son point de vue il était évident que les choses de dérouleraient ainsi, c'était inévitable. Pourtant, Remus était amusé de constater à quel point Altaïr était semblable à son oncle parfois. Il ne se souvenait même plus du nombre de fois où Sirius l'avait retrouvé en panique à cause de ses gaffes auprès de ses conquêtes.

Remus était rodé pour gérer ce type de situation, avec Sirius qui lui avait servi de meilleur ami pendant des années. L'homme avait beau avoir trahit les Potter, les bons souvenirs restaient, malgré tout.

« Il faut que tu comprennes que Juhan a besoin de temps pour tirer un trait sur ses sentiments envers toi. Regarde avec Venus, tu ne lui as toujours pas répondu, alors qu'elle t'a écrit il y a plus de deux mois. La situation ne va pas se régler juste parce que tu t'excuses ou que tu penses avoir fait la bonne chose.

- Mais tu ne comprends pas. » contra Altaïr, n'écoutant qu'à moitié la sagesse de son parrain. « Il fait n'importe quoi. Il couche à droite et à gauche et avec des cons la plupart du temps. Je… je ne veux pas le voir comme ça !

- Est-ce que c'est le voir triste par ta faute qui t'embêtes tant ou que tu ne puisses plus coucher avec lui. »

Altaïr rougit jusqu'à la pointe de ses cheveux. Il n'aimait pas parler de ce genre de sujet avec son parrain. Pourtant l'adulte était de bon conseil et s'il n'était pas aussi perspicace, il serait presque heureux de partager ses soucis avec lui. L'adolescent réfléchit quelques instants à la question, n'y trouvant pas réellement de réponse.

Oui, il détestait que Juhan se sente si blessé par sa faute. Parce qu'Altaïr avait joué au con et bien que s'étant persuadé de l'inverse, il comprenait qu'il avait tout de même joué avec ses sentiments. Et oui, il détestait l'idée de savoir Juhan avec d'autres garçons.

Ce n'était pas comme avec Venus, où la savoir promis à un autre homme lui avait déchiré le cœur. Altaïr n'était pas dévasté. Pourtant, il y avait cette pointe de colère qui pointait le bout de son nez lorsqu'il entendait Juhan donné rendez-vous à un autre garçon dans un coin discret où les gardes ne les verraient pas. Jusqu'alors, Altaïr ne comprenait pas pourquoi il ressentait cette colère. Mais grâce à Remus, il arrivait enfin à mettre des termes dessus. Il était jaloux de ces garçons qui avaient le droit de toucher Juhan alors que lui, il s'en était volontairement privé.

« Tu dois lui laisser du temps Altaïr. Ne force pas les choses, rien de bon n'en sortiras. » dit Remus d'un ton sérieux. « Je sais à quoi tu penses, je peux entendre tes pensées d'ici. Tu es amoureux de Venus et même si tu penses avoir tiré un trait sur elle, il est évident que tu continues de ressentir un petit quelque chose. Ne va pas te mettre en couple avec ce garçon à cause d'une jalousie mal placé. »

Altaïr baissa la tête, honteux d'être si lisible pour son parrain. Il était bien la seule personne à réussir à le comprendre aussi facilement.

« Nous sommes des loups-garous, ne l'oublie pas. » grimaça Remus. « Pour l'instant, ce n'est peut-être même pas toi qui ressens cette colère. Le loup n'aime pas qu'on touche aux personnes qu'il juge être de sa meute. Juhan est un ami précieux pour toi et ton loup semble beaucoup l'aimé, de ce que tu m'as dit. Il doit être terriblement furieux contre toi pour l'avoir éloigné de vous deux et il doit encore moins aimer sentir tout un tas d'odeurs sur lui. »

Altaïr fixait toujours ses mains, tordant nerveusement ses doigts comme un petit garçon qui se faisait réprimander.

« Regarde-moi, Altaïr. » demanda doucement Lupin. « Promets-moi de ne rien faire de stupide.

- Ouai. Ouai, je te promets. » grimaça Altaïr.

Il savait que Remus avait raison. Altaïr avait aussi pensé à cette option qui voulait que ce soit son loup, qui lui fasse ressentir cette jalousie. Il avait eu l'impression d'avoir le contrôle sur lui, puisque le loup devenait de plus en plus docile. Altaïr avait oublié que le filtre lunaire créait un lien entre eux qui n'était pas unilatéral. Le loup aussi pouvait l'influencer. Moins que pour un lycanthrope normal, mais il l'influençait tout de même, d'une autre manière. Altaïr captait ses envies plus que Remus ne le faisait par exemple avec son propre loup. Mais lui, il se contentait de recevoir ces informations sans les ressentir et se laisser envahir par le loup.

Cela faisait des mois qu'Altaïr n'arrivait pas à différencier ses propres émotions de celle du loup. Mais contrairement à son parrain, il voyait ce fait sous un tout autre angle. Ce n'était pas normal qu'Altaïr n'arrive pas à faire cette distinction qui lui semblait habituellement évidente. Pour lui, ça ne signifiait qu'une seule chose, son loup et lui était pour une fois en accord. Leurs sentiments étaient les mêmes et se fondaient parfaitement ensemble.

Mais il était d'accord avec Remus pour dire qu'il était trop tôt pour définir clairement ses sentiments envers Juhan. Si ça se trouvait, il était simplement triste de ne plus être son ami et était jaloux des autres garçons avec qui il parlait à cause de ça. Peut-être que ça n'avait rien à voir avec ce qu'il avait ressenti pour Venus et qu'il ressentait encore parfois. Alors il tiendrait sa promesse cette fois-ci, il ne tenterait plus rien envers Juhan qui pourrait le blesser.

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Angleterre

15 décembre 1990 (même journée)

Pollux fut surpris de découvrir Remus Lupin dans son salon lorsqu'il rentra du Magenmagot en fin d'après-midi. Il avait été triste de devoir encore une fois rater l'une des visites de son pupille. Pollux avait pensé qu'étant convoqué en début de matinée, la réunion d'urgence du Magenmagot se terminerait avant l'heure du déjeuner. Il fut terriblement contrarié lorsque celle-ci se poursuivit jusqu'à dix-sept heures passées, l'empêchant de se rendre en Estonie.

Il s'installa dans le fauteuil en face du lycanthrope et accepta avec plaisir la coupe de thé qu'il lui tendait. Ce n'était pas l'heure pour une collation, mais Pollux avait terriblement besoin de se détendre et Remus semblait l'avoir compris.

Les deux hommes s'étaient beaucoup rapprochés avec les mois. Ils étaient tous deux avides de détails sur une partie de la vie d'Altaïr qu'ils ne connaissaient pas. Pollux découvrit qu'il avait été un petit garçon plein de vie et très protecteur envers son frère. Remus apprit toutes les mauvaises choses qu'il avait vécu, mais également qu'il était un étudiant brillant et plein de ressources. Mais une seule chose commune ressortait de leurs échanges, les deux sorciers étaient déterminés à rendre cette innocence perdue à Altaïr. Ils feraient tout ce qui était en leur capacité pour cela.

« Altaïr est exactement comme Sirius. » entama Remus pour changer les pensées de son ami. « Un vrai coureur de jupon et pourtant incapable de comprendre les sentiments des autres. »

Pollux s'autorisa un petit rire, ne voulant tout de même pas trop se moquer des déboires de son pupille. Il se souvint avec nostalgie des premières années de Sirius, de Regulus et d'Aquila à Poudlard. L'homme avait quitté le pays pendant la deuxième année de Sirius, un an seulement avant que la guerre n'éclate au grand jour. Et pourtant, il se souvenait encore de ce repas de Noël 1969 où Aquila avait pris un malin plaisir à raconter à qui voulait bien l'entendre que son frère avait embrassé une fille dans le dos de sa petite-amie. Cette dernière n'avait pas tardé à l'apprendre et avait giflé le garçon devant tout le monde dans la Grande Salle. Regulus enchaîna en racontant que Sirius avait gardé la trace de la baffe sur sa joue toute la journée.

Pollux apprit par la suite de Remus que son petit-fils ne s'était pas assagi avec le temps. Il semblerait que bien qu'ayant un peu plus de valeur morale que son oncle, Altaïr n'était pas près d'arriver à la fin de ses déboires côté cœur.

Il était heureux de savoir que Remus était présent pour son pupille. Pollux avait conscience de ne pas être la personne idéale pour parler de ce genre d'histoires. Il était trop vieux et les mœurs de son époque était bien différentes de celle d'aujourd'hui. Altaïr ne lui parlerait certainement jamais de ses amours de jeunesses et bien qu'étant triste de ce fait, Pollux en était aussi soulagé. Il ne saurait pas conseiller le garçon alors qu'il serait l'homme lui trouvant très certainement une femme et brisant ses espoirs d'amour réciproque, d'ici quelques années.

En attendant, il était bien content que Remus surveille la situation du coin de l'œil. Altaïr semblait en avoir terriblement besoin.

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Estonie

20 décembre 1990

« Salut Harry,

Je suis allé sur le Chemin de Traverse avec Lunard ce week-end, il m'a acheté un magazine sur les Flèches d'Appleby. Neville dit qu'ils sont nuls cette année, mais leur nouvel entraineur à l'air bien et j'espère qu'ils remonteront dans le classement en janvier. Ils disent dans le magazine qu'il va y avoir un changement d'attrapeuse et de gardien.

Je te vois déjà me répondre qu'un bon gardien ou attrapeur ne sert à rien sans des batteurs corrects. Mais je pense que c'est déjà un bon début. Papa a dû travailler pas mal ces derniers temps parce qu'il a perdu un pari avec l'un de ses collègues. Je n'arrive pas à croire qu'il a parié cinq jours de gardes que les Flèches gagneront face aux Frelons de Wimbourne. Ils ont gagné la coupe cinq fois d'affilées, c'était vraiment stupide.

Enfin, je ne suis pas trop triste de ne plus le voir très souvent. Papa refuse de me laisser venir te voir. Il est vraiment con ! (Ne dit pas à Remus que j'ai écrit un gros mot). Il dit qu'il a bloqué mes souvenirs pour mon bien, mais je ne le crois pas.

Dans tous les cas, je suis vraiment content d'avoir retrouvé la mémoire ! Avec Lunard, on pense retourner à Disneyland quand tu pourras revenir en Angleterre. Je crois que ça photo préférée de son album, c'est celle où on fait du carrousel tous les trois. Je l'aime bien aussi cette photo, même si elle n'est pas magique.

Au fait, je ne me suis jamais excusé. Parler de ça m'as fait me souvenir que je devais le faire. Je n'aurai pas dû réagir comme ça quand tu m'as dit que tu es un loup-garou. Je n'avais vraiment rien dans le cerveau à l'époque. Un vrai véracrasse ! Mais je veux que tu saches que maintenant, je m'en fiche. Je t'aime comme tu es ! (Par Merlin, je vire Poufsouffle)

J'espère que tout va bien de ton côté !

Tommy. »

Altaïr se sentit soulagé de savoir que James refusait à Thomas de le rejoindre ici. Il n'était pas fier d'être déjà en prison à seulement quatorze ans, treize au moment de son procès. Il refusait que Thomas le voit ainsi, dans son uniforme de détenu enfermé dans un bâtiment lugubre et sans aucune joie humaine.

Altaïr avait été son modèle pendant des années, lorsqu'ils étaient enfants. Il avait honte de son parcours et ne voulait pas se montrer ainsi face à son petit-frère. Thomas n'avait pas besoin de voir cette image du grand-frère idéal s'effriter un peu plus.

De plus, Altaïr en voulait pas que leurs retrouvailles se fassent à travers une vitre. Il voulait pouvoir enlacer son frère, s'assurer que tout cela n'était pas un rêve, le sentir contre lui. Parfois, il se réveillait en pleine nuit à cause d'un cauchemar où son frère ne s'était jamais souvenu de lui et ne lui avait jamais écrit. D'autre fois, Thomas lui écrivait des lettres injurieuses, le blâmant de l'avoir abandonné ou le traitant de monstre à cause de sa lycanthropie. Alors, Altaïr fixait son plafond jusqu'au petit matin et lorsque les gardes allumaient les lumières du couloir, il s'empressait d'attraper l'une des lettres que Thomas lui avait écrites. Il la relisait parfois des dizaines de fois, s'assurant que son rapprochement avec son frère n'était pas juste un rêve.

Au moins, Altaïr était désormais certain que son frère n'avait plus peur de sa lycanthropie. Thomas semblait l'accepter et le jeune Black savait que cette lettre deviendrait sa favorite, en plus de la première que lui avait écrite son frère.

Dans un réflexe dû au mois passé en compagnie de Juhan, Altaïr se tourna vers son ami pour lui partager la nouvelle. Mais le roux était obstinément allongé dos à lui, il était clair qu'il ne souhaitait toujours pas lui parler. L'Anglais soupira, rangea la lettre sur son étagère et s'allongea à son tour. Le couvre-feu prendrait place dans quelques minutes. Altaïr répondrait le lendemain à son frère. Il avait hâte de lui écrire, comme Thomas l'avait prédit, que les Flèches feraient mieux de remplacer leurs batteurs plutôt que leur attrapeuse. Après tout, Judith Garvick n'était pas la pire dans le milieu, contrairement aux jumeaux Torbas qui étaient véritablement de terribles batteurs.

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Estonie

25 décembre 1990

Bien que Noël tombe un mardi et non un lundi, les occupants de la prison reçurent du courrier en ce jour heureux. Les lettres avaient été distribuées le soir, après le dîner. D'ici, Altaïr n'avait pas pu offrir de cadeaux à sa famille, bien qu'il chargea son tuteur d'acheter quelques présents à ses proches en piochant dans son coffre à Gringotts. Il avait dit à Pollux de se choisir quelques livres dans une librairie qu'il aimait bien sur l'Allée des Embrumes de sa part. Altaïr avait promis que l'année prochaine, il se rattraperait en lui offrant un présent plus adéquat.

Le lycanthrope ouvrit avec hâte ses lettres. Ici, il ne pouvait pas recevoir grand-chose et Altaïr savait déjà ce que contenait les quelques colis qui avaient passé les contrôles de la prison. Certainement des magazines de sports et quelques livres de magie.

Il fut cependant bien vite stoppé dans sa lecture, un reniflement provenant de l'autre coin de la cellule. Altaïr abandonna immédiatement ses lettres pour porter son attention sur Juhan. Pris par sa joie, il n'avait pas remarqué que son colocataire avait lui aussi reçu du courrier, une unique lettre qu'il froissait entre ses doigts crispés alors que des larmes coulaient sur ses joues.

C'était la première fois que Juhan recevait du courrier depuis les huit mois que l'Anglais avait passé à ses côtés. Visiblement, ce n'était pas une bonne nouvelle. Altaïr oublia aussitôt que Juhan et lui était en froid, que le roux refusait de lui parler depuis presque trois semaines.

Il s'assit à côté de Juhan sur son lit et le serra entre ses bras. L'Estonien s'agrippa à son pull comme à une bouée de sauvetage, ses sanglots emplissaient la cellule. Altaïr se contenta de le soutenir en silence. Il ignorait ce qu'il y avait d'écrit dans cette lettre et pour l'instant, il n'avait pas besoin de le savoir.

Altaïr voulait simplement faire comprendre à son ami qu'il était là pour lui. Peu importe les disputes, il le soutiendrait. Juhan pleura longtemps et finit par simplement se laisser bercer dans les bras du lycanthrope, s'endormant contre lui. Il était complètement vidé de toute énergie et l'Estonien ne sentit même pas son ami le glisser sous ses draps avant de s'allonger à ses côtés.

Cette nuit-là, Altaïr se réveilla à quelques reprises, Juhan gémissant parfois dans son sommeil. Visiblement, cette lettre l'avait complètement chamboulé et le hantait même dans son sommeil. A chaque fois, Altaïr se contentait de le serrer un peu plus fort, ne le lâchant à aucun instant. Il lui chuchotait à l'oreille quelques paroles réconfortantes et ne se permettait de se rendormir que lorsque Juhan était complètement apaisé.

Au petit matin, Altaïr émergea de son sommeil lorsque le rouquin commença à gigoter à ses côtés, signe qu'il se réveillait. L'Anglais quitta le lit de son ami sans dire un mot, bien conscient que Juhan n'était pas encore prêt à se rapprocher à nouveau de lui. La veille, il avait été chamboulé et avait besoin de son soutient. Aujourd'hui, la situation était différente, elle était la même que les jours précédents.

« Merci Altaïr. » chuchota l'Estonien, s'emmitouflant dans sa couette.

Altaïr lui ébouriffa les cheveux avant de rejoindre son propre lit. Il comprit ce que signifiait ce merci, « merci d'avoir été là pour moi, mais je ne suis toujours pas prêt à ce qu'on redevienne ami. »

« Je comprends. » se contenta-t-il de chuchoter.

Il sut qu'il avait bien agi en voyant le corps crispé du roux se détendre sous la couverture. Pour une fois, Altaïr avait l'impression de ne pas faire tout foiré et cela lui fit du bien. Parfois, il semblerait qu'il savait lui aussi agir de la bonne façon et comprendre son ami.

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Estonie.

31 décembre 1990.

Alors qu'il se transformait comme à son habitude dans les toilettes faisant face à sa cellule habituelle, Altaïr comprit que cette pleine lune ne serait pas aussi plaisante que les précédentes. Il sentait l'agitation de son loup en lui depuis quelques jours. La bête n'aimait pas être privé de son humain préféré et le faisait comprendre à son hôte.

Cette nuit-là, le loup grogna, il hurla, gratta le sol à s'en faire saigner les pattes en essayant de creuser un tunnel pour rejoindre l'humain dans la cellule face à la sienne, il se jeta contre les barreaux, coupa la peau épaisse de son ventre en essayant d'évacuer le mal-être qui l'habitait. Aucun prisonnier ne passa une bonne nuit, sans cesse réveillé par le bruit que faisait le loup.

Altaïr n'avait plus aucun contrôle sur lui. Il avait l'impression de revenir à l'époque où son père l'enfermait dans un cachot du manoir Potter et que son loup se détruisait dans l'espoir d'échapper à ce corps d'humain dans lequel il était emprisonné. C'était un cauchemar éveillé dont il ne pouvait sortir.

Lorsque les gardes vinrent ouvrir les cellules les adolescents assistèrent à spectacle bien différent de la pleine lune précédente. Le loup était allongé au sol, grognant contre toute personne s'approchant de trop près, des taches de sang recouvraient le sol. Lorsque Juhan passa devant la cellule, la bête cessa subitement ses grognements, se roulant sur le dos en gémissant. Il voulait que son humain favori lui porte la même attention qu'à l'habitude. Il n'avait pas joué avec lui de la nuit, l'ignorant froidement.

Mais une nouvelle fois, le roux l'ignora, passant à côté de lui en ne quittant pas des yeux le sol de la prison. Ce ne fut que lorsque Danil, alors à ses côtés, haleta d'effroi que Juhan mit fin à sa froide ignorance. De profondes entailles barraient son poitrail, un fin ruissellement de sang coulant le long de sa fourrure pour s'écraser au sol.

« Monsieur, il faut le soigner ! » cria Juhan, sa colère envers son colocataire envolé.

Un garde s'approcha de la cellule et grimaça en voyant l'état de la bête. L'infirmier allait avoir du travail. C'est pour ça qu'habituellement, les rares prisonniers atteints de lycanthropie était enfermé dans un bâtiment à part lors des pleines lunes.

« Nous devons attendre qu'il se transforme. Nous ne pouvons pas le déplacer pour l'instant.

- Mais, il saigne et il … il est blessé ! » s'exclama d'indignation le roux.

« Dans tous les cas, nous ne pourront rien faire tant qu'il est sous cette forme. Les sorts de soins ne fonctionnent pas sur les loups, comme beaucoup d'autres sorts. » renseigna le garde. « Nous le transfèrerons à l'infirmerie dès qu'il redeviendra humain. »

C'était rare de voir un garde faire preuve d'empathie ici. Mais il n'était pas un monstre, il pouvait comprendre l'inquiétude de Poliakoff pour son ami. Il préféra ne pas préciser que pour l'emmener à l'infirmerie, il faudra que Black survive à la transformation. Ce n'était pas la nuit qui était la plus dangereuse pour les lycanthropes, mais l'aube. Lors de la transformation, toutes les plaies se rouvraient et pouvaient même s'aggraver. Il n'y avait plus qu'à espérer que les entailles ne soient pas assez profondes pour atteindre les organes internes du garçon.

Juhan n'eut même pas conscience que Danil le poussait vers le réfectoire. Il ne reprit ses esprits que lorsque son ami posa un plateau devant lui. Mais le roux n'avait pas faim, il était bien trop inquiet pour avaler le moindre aliment.

A peine Danil eut-il finit son assiette que Juhan le traînait déjà vers sa cellule. Il était bientôt neuf heures, les gardes ne tarderaient pas à les guider vers leurs salles de classe. Mais avant ça, le rouquin voulait voir si son ami allait bien. Les deux adolescents furent accueillis dans leur couloir par des cris d'agonie.

A l'autre bout de l'allée, plusieurs gardes et l'infirmier de la prison s'afférait devant la cellule d'Altaïr. Dans quelques secondes, le garçon aurait repris totalement sa forme humaine et alors, ils pourraient abaisser les barrières de protection et lui venir en aide.

Juhan s'avança de quelques pas afin de voir ce qu'il se passait dans la cellule. Danil ainsi que quelques autres adolescents l'imitèrent alors que la plupart d'entre eux préférèrent rester le plus loin possible de la scène. Bien que les gardes faisaient barrage, l'Estonien put voir son ami se tordre de douleur sur le sol alors que ses entailles se rouvraient, laissant le sang jaillirent.

Altaïr s'évanouit au moment même où sa transformation s'acheva. L'infirmier fut à ses côtés en moins d'une seconde et commençait déjà à lui jeter sorts sur sorts alors que l'un des matons jetaient une couverture sur le bas du corps de l'adolescent. Voir souffrir le garçon le rendait étrangement empathique envers lui, il lui éviterait la honte d'être vu nu par l'ensemble des prisonniers.

L'infirmier passa de longues minutes à masser les quatre entailles sur le torse du lycanthrope avant de passer aux petites griffures et traces de morsures qui parsemaient ses mains, ses avant-bras et ses flancs. Le loup, dans sa colère et sa frustration, s'était mordillé les pattes avant, presque rongé à certains endroits.

Juhan fixait la scène avec horreur, une main devant la bouche pour retenir un haut le cœur. Il avait les larmes au bord des yeux et ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable. S'il n'avait pas tourné le dos au loup, il ne serait jamais auto-détruit de cette façon.

Il observa avec inquiétude l'infirmier donner des ordres à voix basses à ses collègues. Sa mine paniquée ne rassurait en rien Juhan. L'homme finit par enrouler Altaïr dans la couverture qu'un garde avait placé plus tôt sur lui. Il lui lança un sortilège de lévitation et s'empressa de le conduire à l'infirmerie où du matériel plus adéquat lui serait bien utile pour remettre le garçon en état.

Lorsqu'Altaïr disparut à l'autre bout du couloir, Juhan s'effondra, le visage baigné de larmes. Danil le prit dans ses bras et il se haït pour songer que ce n'était pas comme les étreintes d'Altaïr. Juhan avait l'impression que plus le temps passait et moins il arrivait à faire le deuil de ses sentiments.

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Estonie

2 janvier 1991

Cela faisait deux jours qu'Altaïr était alité à l'infirmerie et personne n'avait reçu de ses nouvelles depuis. Juhan était assis dans la cour au milieu de ses amis et fixait depuis une bonne trentaine de minutes un garde, lorsqu'enfin il trouva le courage de l'approcher. Ses amis ne le questionnèrent pas, ils savaient déjà ce que le roux allait demander au maton.

Heureusement pour lui, Yuka était de surveillance aujourd'hui. Il était le garde le plus sympa de leur bâtiment, même si sympa était un grand mot pour le qualifier. Dire qu'il était le moins aigri serait plus juste. Mais Juhan avait bon espoir que sa requête soit acceptée, il était après tout le garde qui l'avait rassuré le lendemain de la transformation d'Altaïr.

« Un problème Poliakoff ? » fit le garde en le voyant s'approcher.

Habituellement, il n'avait pas le droit de discuter avec les détenus. Mais ses supérieurs seraient certainement compréhensifs au vu de la situation.

« Est-ce qu'il serait possible de rendre visite à Altaïr ? »

Le garde grimaça. Yuka n'avait pas droit de faire quitter la cour à un détenu et encore moins de l'autoriser à visiter un malade. Mais putain, ce garçon avait un vrai regard de chien battu et même le plus strict des matons craqueraient face à ses yeux implorants.

« Vous vous sentez mal ? Je suppose que l'infirmier pourra faire quelque chose. » songea le garde en le poussant en avant.

D'un geste de la main, Yuka fit le signal indiquant qu'il emmenait le détenu à l'infirmerie à l'un de ses collègues. Ce dernier hocha la tête avant de se détourner.

« Vous avez intérêt à sortir le meilleur jeu d'acteur de votre vie à l'infirmier, Poliakoff. » marmonna Yuka, il n'aimait pas transgresser les règles de cette façon.

Juhan chuchota un « merci » en faisant mine de se tordre en avant pour simuler un terrible mal de ventre. Danil lui fit un pouce en l'air un peu plus loin, lui signalant qu'il était terriblement crédible. Le rouquin lui répondit par un clin d'œil, il avait réussi sa mission.

Yuka le poussa dans l'infirmerie et claqua la porte derrière lui lorsque l'infirmier sortit de son bureau. L'homme soupira avant de faire signe au roux de s'approcher.

« J'ai vraiment mal au ventre depuis ce matin. » gémit faussement Juhan.

Il espérait que l'homme le fasse s'allonger sur le lit face à celui que le forme endormit d'Altaïr occupait.

« Pas de ça avec moi. Vous avez cinq minutes. » soupira l'infirmier, pas dupe pour un sou.

Il avait vu le garçon près de la cellule d'Altaïr lorsqu'il l'avait soigné. L'infirmier avait vu toute l'inquiétude qui le hantait et en avait très bien déduit la raison de sa présence. D'autant plus que si Yuka l'avait laissé faire, c'est que ce rouquin était un bon gars.

Le visage de Juhan se barra d'un large sourire alors qu'il se précipitait au chevet de son ami. Altaïr sembla déranger dans son sommeil par le son de sa chaise raclant le sol. Le lycanthrope entrouvrit les yeux et essayait de se redresser en le reconnaissant, en vain. Les potions de l'infirmier l'avaient complètement assommé et des courbatures tiraillaient son corps. Juhan posa une main sur son épaule, lui faisant comprendre de rester allongé.

« Ce n'est pas à toi que je veux parler. Je veux parler au loup. » murmura Juhan.

Il était parfaitement conscient du regard de l'infirmier sur eux et c'était déjà assez gênant de faire cette demande à Altaïr pour qu'en plus, l'homme l'entende. Le lycanthrope lui offrit un sourire fatigué avant de fermer les yeux. Il se concentra sur la présence lupine tapit au fond de son esprit, lui laissant le monopole de sa conscience pour l'instant. Bien sûr, Altaïr avait toujours le contrôle sur son corps mais le loup était désormais suffisamment conscient pour écouter les paroles de Juhan.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, ces derniers avaient quitté leur teinte anthracite pour briller d'un rouge carmin. L'Estonien inspira fortement face à ce regard, il l'avait déjà entraperçu à quelques reprises. Des reflets rouges apparaissaient parfois dans le regard de l'Anglais à l'approche de la pleine lune, lorsqu'il avait de fortes émotions ou encore, Juhan rougit en y repensant, pendant le sexe.

« Je suis désolé loup-loup. »

Juhan rougit jusqu'à la pointe des oreilles, se sentant stupide de parler ainsi à son ami. Il avait l'habitude de parler ainsi au loup pendant les pleines lunes et bien qu'il sache qu'Altaïr devait en avoir conscience, c'était une tout autre chose de le faire face à lui. Pourtant, un hochement de la tête encourageant de l'Anglais le convainquit de poursuivre.

« Je suis désolé de t'avoir ignoré cette nuit. Je suis en colère contre Altaïr et s'était méchant de ma part de reporter ma frustration sur toi. Je ne veux plus que tu te blesses comme ça. Plus jamais. Et moi, je te promets de ne plus t'ignorer. »

Le regard carmin redoubla d'intensité, brillant presque à cause de la magie lupine. Lentement l'une des mains d'Altaïr apparut de sous les draps et attrapa la sienne. Ses gestes étaient maladroits et Juhan songea que ce devait être à cause de la douleur, ses avant-bras étaient couverts de bandages. Mais il comprit que c'était loin d'être la raison lorsque son ami porta sa main à sa bouche et lécha ses doigts avant de poser sa paume sur ses cheveux.

Altaïr avait laissé pour la première fois de sa vie le loup prendre le contrôle en dehors des pleines lunes. La bête n'avait pas l'habitude de manipuler ce corps d'humain, d'où les gestes maladroits. Loin d'être gêné de se faire lécher les doigts part un sorcier, Juhan obéit sagement à la demande du loup et frotta doucement son crâne, emmêlant ses doigts dans les cheveux ébènes de l'adolescent.

L'Anglais, ou bien était-ce le loup, ferma clôt ses paupières et bientôt, son souffle calme emplit le silence. Altaïr s'était endormi, apaisé de savoir son loup en paix avec le rouquin. Il s'était senti coupable que sa dispute avec lui ait tant affecté sa part lupine et le lycanthrope était heureux que Juhan ait trouvé une solution à se problème.

Juhan profita du peu de temps que l'infirmier lui avait accordé pour observer le visage détendu de son ami. Habituellement, il était toujours le premier à s'endormir et le moindre de ses mouvements réveillaient Altaïr. C'était la première fois qu'il le voyait si paisible, si calme.

Juhan aurait aimé rester à son chevet pendant des heures. Mais l'infirmier se rappela bien vite à lui en ouvrant la porte de son antre, il lui fit signe d'un geste du menton de déguerpir. Juhan s'autorisa une dernière caresse sur le visage endormit du lycanthrope avant d'obéir à l'ordre silencieux. Derrière la porte, Yuka l'attendait pour le ramener dans la cour.

« Si on te demande, l'infirmier t'as donné une potion pour les indigestions. »

Juhan hocha de la tête.

« Merci. »

Yuka fit une sorte de grognement dont Juhan n'en comprit pas vraiment le sens. Cela pouvait aussi bien signifier que c'était la dernière fois qu'il l'aidait, que l'adolescent l'emmerdait ou un « pas de quoi ». Mais ça n'avait pas d'importance. Juhan était soulagé d'avoir pu rassurer le loup et peut-être apaisé le sommeil d'Altaïr. Mais cela, il n'était pas près de se l'avouer.