Et nous voilà arrivés à la dernière étape de notre road-trip... J'espère que cela vous plaira et que vous m'en donnerez des nouvelles !

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Si vous vous interrogez concernant les suites du concours, sachez qu'il était censé s'achever fin août pour mise au vote et résultats prévus à peu près maintenant mais que, faute de propositions suffisantes, les organisateurs ont décidé d'une prolongation à laquelle personne n'a finalement répondu. Bref.

La dead-line de cette prolongation est maintenant passée depuis plusieurs jours mais, aucune nouvelle depuis… Donc bon, si, un jour, il se passe quelque chose pour cette dernière épreuve du concours, je reviendrais mettre à jour la page… D'ici là, vous n'avez qu'à profiter de ce dernier chapitre ! Et venir lire la suite des aventures de Geohan dans CQAP !

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Bonne lecture

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Chapitre 5. Aberdeen et Dundee

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George sortit de la salle de bain, les cheveux encore gouttant, mouillant légèrement son t-shirt propre, les pieds nus, son pantalon retroussé sur ses chevilles.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je prends mes bottes, pourquoi ?

Il haussa un sourcil et retint difficilement un sourire en coin tandis qu'Hannah enfilait effectivement une paire de bottes en caoutchouc luisantes, rouges à pois blancs.

- Pourquoi mettre des bottes ? On va à la plage !

- Pour qu'on puisse aller pêcher, enfin !

- Tu veux pêcher ?

- Bien sûr ! Tu vois un autre intérêt à aller à la plage ?

- Oui, répondit-il amusé. On va se baigner !

- Évidemment, renchérit Hannah en souriant, mais je doute qu'on y passe notre après-midi. Alors on ira pêcher des moules à marée basse.

- … Tu as déjà fait ça ?

- Oui, quand je suis partie en Belgique…

George détourna le regard. Il se souvenait parfaitement de cette année où, à cause de lui, elle avait fui chez sa cousine éloignée. Ils ne s'étaient plus vus pendant de longs mois.

Déjà deux longues années s'étaient écoulées. Ou n'était-ce finalement que - seulement - deux ans ? Il n'en était plus très sûr. Cette époque paraissait si loin et si proche en même temps.

- Je suis prête, déclara-t-elle dans sa robe blanche en lin qui s'arrêtait juste au-dessus des genoux, avec ses bottes aux pieds, ses lunettes de soleil sur la tête, les poings sur les hanches, l'air déterminée à conquérir le monde.

George, toujours amusé, enfila une paire de tennis en toile, enfonça un trilby en joncs sur sa tête, redressa les épaules, offrit son bras à la blonde qui acquiesça et le suivit d'un pas enthousiaste, un cabas en osier sur l'épaule.

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La journée fila à une vitesse folle, sous une chaleur écrasante. Lorsqu'ils rentrèrent, pour l'heure du thé, un seau rempli à ras bord de moules fraîches, leur peau était rougie par le soleil.

Ils partagèrent leur butin avec les Carmichael, s'enduisirent de potion après-soleil et, sans même en débattre, voyagèrent une fois de plus par Cheminée pour leur ultime étape, à Dundee, dans la maison d'enfance de Mandy.

Les Brocklehurst étaient partis en vacances en Espagne le jour même, laissant un feu ronflant le matin, dont le foyer était encore suffisant pour accueillir leur arrivée tardive.

A l'instant où ils passèrent le pas de l'âtre, une sirène retentit, réveillant probablement les morts jusqu'à trente miles à la ronde. Hannah dû s'y reprendre à deux fois pour lever le sort d'alerte.

Passée cette courte frayeur, ils se sentirent immédiatement à l'aise dans cette petite maison bourgeoise à étages et n'eurent aucun scrupule à s'installer dans les chambres du premier puis à utiliser la cuisine pour préparer leurs moules à la Bièraubeurre.

Ils passèrent la soirée dans le jardin dans une atmosphère suffocante. L'air était chaud, poisseux, et l'absence de vent rendait leur peau moite. Ils ne tinrent pas longtemps avant d'aller prendre une douche et se coucher, épuisés, se demandant également comment ces cinq jours avaient pu s'enfuir à une telle vitesse. Aucun d'eux n'était encore vraiment prêt à reprendre son quotidien. Ils n'avaient pourtant pas beaucoup d'autres choix.

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Au beau milieu de la nuit, George se réveilla en sursaut, le front moite et le coeur battant à cent à l'heure. Il ne gardait aucun souvenir de son cauchemar sauf cette sensation désagréable d'oppression et de terreur.

Un coup de tonnerre raisonna, l'amenant de nouveau à sursauter. Réprimant un frisson, il écarta son drap et fila dans la salle de bain pour s'asperger le visage d'eau. Il passait une main dans ses cheveux en se fixant dans le miroir quand un bruit au rez-de-chaussée se fit entendre, entre deux nouveaux grondements puissants.

Son stupide coeur fit une nouvelle embardée, accélérant son rythme sans lui demander son avis. Il secoua la tête. Il n'avait aucune raison d'avoir peur. Il était en sécurité dans la maison des parents de Mandy. Pour autant, il ne put s'empêcher de retourner dans sa chambre, enfila un t-shirt et récupéra sa baguette.

Se raisonnant, il la glissa dans la poche de son pantalon de pyjama et descendit les marches deux à deux. Un éclair déchira le ciel et le coeur de George s'emballa de nouveau, pour une autre raison que le fracas, cette fois.

Hannah était collée à la porte-fenêtre, un grand sourire aux lèvres, une main posée sur la vitre, son autre bras enserrant son épaule. Les pieds nus, elle portait un t-shirt déchiré à l'effigie d'un jobarbille et un horrible short à fleurs.

George se mordit l'intérieur de la joue. Par Godric. Il était éperdument amoureux de cette fille. Il aurait dû la trouver ridicule dans cette tenue mais, en réalité, son émotion lui tordait les boyaux.

La blonde, indifférente à son émoi, fixait l'horizon, l'air émerveillée. Il fit un pas vers elle. Un nouveau coup de foudre déchira le ciel et elle sourit davantage encore. George s'installa à côté d'elle, se collant à son tour à la porte-fenêtre.

- J'adore quand il y a de l'orage, souffla-t-elle sans le regarder. C'est fascinant, non ? Comme si le ciel jetait des sorts à la terre.

Il lui offrit un sourire qu'elle ne vit même pas, le nez toujours levé vers les étoiles.

- Je pourrais rester des heures à regarder le ciel se zébrer, chuchota-t-elle encore. C'est tellement beau…

- Et destructeur, ajouta George en levant les yeux à son tour.

Hannah se tourna vivement vers lui et le dévisagea gravement.

- C'est vrai, murmura-t-elle encore.

Elle tourna le dos au ciel et baissa le visage vers ses pieds, marmonnant pour elle-même.

- … Je dois avoir un problème…

- Pourquoi ? s'étonna George.

Elle secoua la tête sans répondre et se tourna une fois de plus vers l'extérieur. Il tenta de poser une main sur son épaule.

- Ça ne va pas ?

- Si, répondit-elle en lui adressant un sourire triste. C'est seulement…

- Oui ?

- Cette idée que je sois fascinée par la destruction…

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, s'exclama George en retirant sa main comme s'il s'était brûlé. Je.

- Ce n'est rien, le coupa-t-elle en croisant les bras sur son ventre. Je crois juste… que… je suis un peu déçue que tu n'aies rien tenté, finit-elle sans le regarder, si bas qu'il eut du mal à l'entendre. J'ai cru… Je ne sais pas…

Les yeux de George s'éclairèrent, légèrement rassurés et clairement amusés. Il se redressa et croisa les bras sur son torse, sûr de lui.

- Oh, mais ce n'est pas l'envie qui me manque, Hannah Stomose [1]. Mais… tu sais… Je n'arrête pas de te le dire… Je veux faire les choses comme il faut, cette fois. Si il doit se passer quoi que ce soit entre toi et moi, je veux que ce soit du dur. Du vrai.

Elle se mordit la lèvre inférieure, se sentant fondre immédiatement et irrémédiablement. Ils se regardaient, timidement, à travers la vitre et Hannah osa. Elle osa faire un pas vers lui et colla son épaule à son bras. Alors, seulement, il se permit d'enserrer sa taille. C'était un bon début. S'enlacer et regarder le ciel se zébrer. Ils n'avaient pas besoin de plus. Ils étaient bien.

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Hannah Stomose [1] : L'anastomose est la communication naturelle ou établie chirurgicalement entre deux organes, deux vaisseaux, deux conduits de même nature ou deux nerfs.

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