Oie. Ce n'était pas bon pour son matricule. Pas bon du tout. Sa soeur allait la tuer.

Karin détailla sa montre avec l'espoir vain que les vingt et une heure affichés se transforment subitement pour reculer ne serait-ce que d'une petite heure, mais rien à faire, les aguilles étaient loin de vouloir coopérer.

- Zut.

Elle avait promis à Yuzu qu'elle ne s'attarderait pas à la fin du match et qu'elle rentrerait directement après ce dernier. Puisque leur père était en voyage, elles n'étaient que toutes les deux et sa soeur n'aimait pas avoir une maison vide. Elle lui avait donc demandé d'être là dès que plus rien ne la retenait à l'extérieur. Mais voilà, comme à chaque fois, son équipe échangeait à chaud sur leurs impressions du match, sur les techniques qui avaient ou non fonctionnées enfin bref, tout un tas de choses qui faisaient qu'à l'heure actuelle, elle était très en retard.

- Je dois vous laisser. A plus tard !

Elle abandonna le reste de son équipe alors que la lune pointait déjà le bout de son nez, comme pour la narguer davantage. Un coup d'oeil réprobateur dans sa direction et Karin partie en courant, sans demander son reste.

Le match l'avait lessivée et elle n'était pas sûre de réussir à courir le petit kilomètre qui la séparait de chez elle mais à la perspective d'une Yuzu qui pleurerait toutes les larmes de son corps devant le portrait de leur mère, à la façon de leur paternel, lui donna un regain d'énergie.

Elle slaloma entre les différents quartiers qu'elle connaissait par coeur et ne se souciait absolument pas de ce qui pouvait se passer autour d'elle. Son esprit cherchait des excuses à faire avaler à sa petite soeur. A cause de son inattention, elle ne se rendit pas compte que le ciel s'ouvrait au-dessus d'elle. Même la lumière qui s'en dégageait ne l'alerta pas, occupée comme elle l'était par ses pensées.

Lorsqu'elle atteint son quartier et quelques secondes après, le porche de sa maison, elle s'arrêta pour reprendre sa respiration. Son coeur, qui battait à la chamade et qui tambourinait à ses oreilles, loupa un battement au son d'une voix qu'elle ne connaissait que trop bien.

- Karin ? Qu'est-ce que tu fais là à cette heure ?

La jeune fille se retourna brutalement pour faire face à un jeune homme aux cheveux roux. Une fois la stupeur passée, elle réalisa qu'il n'était pas seul et que quelques-uns de ses amis Shinigami l'accompagnait. Seul son frère était en gigai ce qui laissait supposer qu'il allait rester un petit moment.

- C'est moi qui devrais dire ça !

Personne n'eut le temps d'ajouter quoi que ce soit, la porte d'entrée s'ouvrit à la volée dans un grand fracas pour qu'en surgisse un petit bout de femme terriblement en colère.

- Karin ! Tu m'avais promis ! J'espère que tu as une excuse valable !

La ténébreuse se tourna vers sa soeur et bien qu'effrayée par la spatule qu'elle tenait fermement entre ses mains et son air menaçant, elle trouva le courage de répondre :

- Yuzu ce n'est pas ce que tu crois ! On parlait simplement avec Ichi-ni et ses amis !

Cette dernière pivota à l'endroit que désigna sa soeur et lâcha sa spatule sous la surprise.

- Ichi-nii !

Elle courra ensuite dans ses bras, les larmes aux yeux. En même temps, cela faisait quelques mois qu'il était parti.

Le grand frère la réceptionna sans difficulté, un sourire collé aux lèvres.

- Je suis content de te voir Yuzu.

Même s'il avait murmuré ses quelques mots, tout le monde les entendit.

- Tu es vraiment venu avec tes amis de l'autre monde que je ne peux pas voir ?

- En effet.

- Et il y a Tôshirô ?

Le jeune homme fronça les sourcils.

- Pourquoi tu me demandes ça ?

- Parce que c'est la seule excuse qui la sauvera, elle. Elle pointa Karin du doigt tout en appuyant exagérément sur le "elle".

- Et on peut savoir pour quelle raison ? Contre toute attente, ce n'était pas à Karin qu'Ichigo avait posé la question, mais bien au jeune capitaine derrière lui, invisible aux yeux de Yuzu.

- Alors il est bien là. Ajouta Yuzu avant de se tourner vers Karin et d'ajouter : tu as de la chance.

Elle remonta ensuite le porche avant d'inviter tout le monde à entrer pour partager le repas avec elles. Karin la suivit à grand pas sans un regard en arrière, ne souhaitant pas fournir d'explication à qui que ce soit. Yuzu allait le lui payer. Elle la suivit d'ailleurs jusqu'à la cuisine pour la confronter.

- C'est bon, tu l'as eu ta vengeance ? On est quitte ?

- Je ne vois pas absolument pas de quoi tu parles. Sa soeur lui adressa un sourire innocent avant de lui mettre des assiettes dans les mains. Je ne sais pas combien on est, je te laisse donc t'occuper d'en mettre le nombre suffisant.

Elle retourna ensuite à sa cuisine.

Et dire que personne ne comprenait pourquoi elle craignait autant la colère de Yuzu. Sous prétexte que cette dernière dégageait une aura de tendresse et de bienveillance, personne ne la soupçonnait jamais. Sa soeur cachait vraiment bien son jeu !

Puisqu'elle n'obtiendrait rien d'autre d'elle, elle se rendit dans le salon afin d'exécuter sa besogne. Lorsqu'elle eut fini de poser les assiettes, elle vit que tout l'équipage était présent, et en gigai cette fois.

Elle n'osa pas leur accorder un regard supplémentaire, et se concentra sur sa très difficile tâche. Elle entendit son frère leur dire de faire comme chez eux et de s'installer à table. Lorsque Yuzu sortie de la cuisine quelques instants plus tard, tout le monde était à table et quelque peu gêné de s'incruster.

Ichigo s'excusa d'ailleurs de débarquer en si grand nombre et sans avoir prévenu en amont.

- Ce n'est pas grave au contraire ! Je suis vraiment heureuse de te voir et tous tes amis sont les bienvenus ! Je suis ravie de vous avoir même si j'aurais aimé le savoir avant afin de préparer un meilleur repas.

- C'est parfait ne t'inquiète pas Yuzu, répliqua Ichigo.

- Oui comme toujours ! Tu es impossible à surprendre ! Rukia avait répondu avec des étoiles dans les yeux à la vue des plats mijotés avec autant d'expertise que de passion.

- Et puis au moins on ne s'ennuiera pas ! Avait renchéri la plus jeune des Kurosaki.

- Tu n'as qu'à dire que je suis chiante aussi tant qu'on y est Yuzu !

- Tu sais que je t'adore Karin, mais tu es la personne la moins loquace qu'il puisse exister.

- T'inquiète pas, je connais quelqu'un de pire que moi. La brunette coula un regard moqueur en direction de Tôshirô. Si sa soeur se plaignait d'elle, qu'est-ce qu'elle dirait de lui. Le concerné se sentit visé et croisa le regard de la Kurosaki. Il allait répliquer et se défendre mais Renji ne lui en laissa pas l'occasion.

- Tu ne dois pas connaître le capitaine Hitsugaya. Il fit une pause avant de se reprendre. Enfin si, apparemment tu le connais. Il faisait référence à l'épisode de tout à l'heure.

- Oui tiens d'ailleurs, comment tu le connais ?

Mais personne ne répondit à Ichigo dont les paroles étaient tombées dans l'oubli aussitôt prononcées.

- Je confirme. Il est pire qu'elle. Et les seules fois où il parle, c'est pour se mettre en colère.. Matsumoto avait pointé du doigts le jeune homme aux cheveux blancs avec reproche.

Tous les regards convergèrent vers le capitaine de la dixième division. Une veine apparaissait maintenant sur son front et lorsqu'il prit la parole, il confirma les propos de sa lieutenant.

- Si tu faisais ton travail Matsumoto je t'engueulerais moins !

- Eh bien, ça leur fait un point commun. Karin est toujours en colère.

- Arrête de dire n'importe quoi Yuzu !

- La preuve !

- Qui se ressemble s'assemble. Balança innocemment Matsumoto.

- Ce n'est pas ça l'expression. C'est qui s'assemble se ressemble non ? La corrigea Rukia.

- Non ce n'est pas ça Rukia.

- Ah si si, je suis certaine que c'est ça Ichigo !

Le plus vieux de la fratrie ne sembla pas comprendre le sourire de la jeune femme aussi, Yuzu répliqua :

- Il n'y en a pas une autre qui dit "qui conçoit en secret accouche en public" ?

Deux personnes s'étranglèrent à ces propos et les regards convergèrent vers eux. Karin d'une part, qui semblait avoir avalé de travers et Tôshirô, qui semblait s'être étouffé avec son verre d'eau.

Ichigo les regarda tour à tour fronça les sourcils. Suspicieux.

- Non mais après tout, on dit bien "relation discrète, relation parfaite". Matsumoto se retint de rire après sa tirade.

Ni tenant plus, le capitaine de glace se leva et les foudroya du regard avant de leur lancer un : mêlez vous de vos affaires et de quitter le salon pour rejoindre le toit sur lequel il s'allongea avant de fermer les yeux.

Il fut rejoint quelques secondes plus tard par une Karin toute sourire.

- On était discret pourtant. Quelle bande de fouines ces trois là ! Elle parlait de Rukia, Matsumoto et Yuzu. Je me demande comment elles l'ont découvert.

- Matsumoto et Rukia ne savent pas ce qui les attends en rentrant. Elles vont le regretter.

- Je me charge de Yuzu.

Ils entendirent au loin Ichigo hurler :

- Quoi !? Ils sont ensemble ? Mais depuis combien de temps ? J'étais le seul à ne pas le savoir ?

Il eut un court silence avant qu'il ne reprenne :

- TOSHIRO !

Ledit jeune homme poussa un soupir exaspéré.

Karin, qui s'était assise à ses côtés, se pencha sur lui pour venir l'embrasser avant de le tirer par la manche pour qu'il se relève.

- Aller, je crois que l'heure des aveux a sonné. Au pire, si ça tourne mal, tu pourras toujours l'ensevelir de glace.

- Ne me tente pas.

Il lui adressa un sourire qu'elle était la seule à connaître avant qu'ils ne rejoignent l'intérieur.