Merci au Guest ! ça fait toujours plaisir de savoir qu'on est lu ! n'hésitez pas !
Et figurez-vous que TwilightFan8 traduit ma fic en anglais ! la consécration internationale ! je suis trop contente. merci à elle!


« Merci shériff.

- T'inquiète fis… Edward. »

Je sais ce qu'il a voulu dire : les jeunes du coin, le shériff Swan les appelle tous fiston, un peu comme s'il était notre père en rab', un tonton sympa qui surveille qu'on boit pas trop en soirée et qu'on dépasse pas les limitations de vitesse. Il m'a toujours appelé comme ça moi aussi, depuis que je suis môme et que j'ai battu Emmett en crawl alors que j'étais encore chez les juniors et qu'il était chez les benjamins.

Là, ça a dû lui arracher un peu la gueule de pas m'appeler comme ça.

C'est bizarre, encore. Je crois que ma vie entière est bizarre, maintenant.

Et le plus bizarre dans tout ça ? Je commence à m'habituer au fait que rien ne sera jamais pareil.

« C'est vraiment gentil de les laisser venir ici, je bafouille.

- C'est avec ma fille que tu fais un gosse. Ton problème est aussi le mien. De toute façon, c'était ici ou au poste. Et je vois mal ton père accepter de venir régler une histoire de famille dans les bureaux de la police. »

C'est sûr que Carlisle Cullen en garde-à-vue, ça aurait fait jaser jusqu'à New-York.

« Et puis la saison de foot va bientôt reprendre. J'aimerais bien récupérer mon canapé. »

Je crois que c'est une blague. J'ose pas trop sourire. Avec Charlie, c'est compliqué : je crois qu'il a accepté que je fasse partie de la famille, en quelque sorte.

Il sifflote, me frappe l'épaule et part sur le perron tailler je ne sais quel morceau de bois.

Le chef Swan a convaincu mes parents de venir discuter. On est vendredi soir et ça fait deux nuits que je dors sur le canapé des Swan.

Le shériff m'a déjà bien fait comprendre qu'il avait envie de pouvoir allumer la télé à n'importe quelle heure de la nuit pour regarder un match de n'importe quel sport à l'autre bout des États-Unis.

Je crois surtout que Charlie Swan aurait du mal à expliquer à son fils aîné qui vient squatter ce week-end pourquoi ils doivent me sous-louer le salon.

« Ils arrivent bientôt ? »

Swan crie depuis la cuisine. Je crois qu'elle est stressée.

En même temps, après ce qu'elle lui a dit mercredi dernier, je comprends qu'elle se sente mal à l'idée de revoir mon père en face.

Moi non plus, j'ai pas trop envie de voir papa.

« Ton père leur a dit vers la demie, je réponds. Ils vont pas tarder. »

Je suis posté à la fenêtre, je regarde par derrière le rideau. Je devine la cour gravillonnée à travers le tissu, les arbres de l'autre côté de la route. Y a pas si longtemps, je marchais là avec Swan.

Tout s'accélère.

Une voiture grise se gare dans la cour.

« Ils sont là. »

Swan me rejoint : elle s'approche trop vite de la fenêtre, me heurte. Je ne me pousse pas vraiment et elle souffle, agacée. Elle sent bon la pâte à cookies.

En deux jours chez eux, j'ai déjà découvert que Swan adore s'occuper les mains quand elle est stressée : elle cuisine des gâteaux diététiques pour surveiller le cholestérol de son père, des lasagnes veggie, des brownies aux cacahuètes pour son frère qu'elle va voir dimanche pour lui annoncer l'excellente nouvelle de sa grossesse. Elle est rentrée il y a une heure de l'entraînement qu'elle a donné aux pom-pom girls et depuis, elle prépare des gâteaux apéros, une quiche, ou un autre truc healthy aux graines de pavot. Elle m'a avoué hier, pendant que je faisais la vaisselle, qu'elle cuisinait parce qu'un des rares trucs qu'elle avait conservés de sa mère, c'était un vieux livre de recettes faciles de la bonne femme au foyer. Apparemment, Renée Swan l'avait jamais ouvert, ce foutu bouquin, alors que c'était Charlie qui lui avait offert pour rigoler. Renée Swan n'avait pas d'humour.

Charlie en a beaucoup plus. Faut bien rattraper sa fille.

Ils sont mignons tous les deux. Ils sont un peu gênés parfois l'un avec l'autre, alors que bon, c'est un père et sa fille, ils se connaissent depuis longtemps. C'est drôle à voir.

Je m'y connais, en gêne.

C'est difficile de pas être gêné quand vous croisez le grand-père de votre futur gamin en pyjama en train de fouiller dans le frigo à une heure du mat.

Charlie a accueilli mes parents sur le perron et les fait entrer.

« Bonjour, Edward. Bonjour, Isabella. »

Ma mère est toute émue : elle a jamais appelé Swan Isabella.

Maman hésite à s'approcher, à me faire la bise, à me serrer contre elle. Elle est toujours propre sur elle, son petit foulard autour du cou accroché avec un camée qui coûte une petite fortune. Elle s'approche.

Je prends les devants et l'embrasse sur le front. Elle est tellement plus petite que moi, mais quand je respire à fond son parfum, ça me met les larmes aux yeux : elle sent mon enfance et la sécurité des soirs sans lune.

« Tu m'as manqué, maman. »

Ma mère est inquiète, ça se voit. Ses yeux ne savent pas où se poser.

La confrontation, c'est pas elle qui en sera la cause.

Swan n'a rien dit : elle fixe mon père qui entre dans la maison.

Lui non plus ne dit rien.

C'est Charlie qui détend tout le monde.

« Allez, entrez, installez-vous dans le salon. Bella, tu peux aller chercher l'apéro que t'as préparé ? »

Le salon des Swan paraît trop petit quand mes parents y entrent. Je regarde mon père : il a le visage fermé des adolescents qu'on force à faire quelque chose qu'ils n'ont pas envie de faire.

Y aurait eu ni ma mère ni Charlie, il me ferait encore la gueule.

« Allez allez, reprend Charlie en caressant ostensiblement la crosse de son revolver accroché à son porte-flingue.

- Papa ! »

Swan, les bras chargés d'un plateau de crudités, lui fait les gros yeux : il était censé retirer son arme avant l'arrivée de mes parents.

« On n'accueille pas nos invités ainsi. » elle le réprimande.

Charlie fait une moue et finit par ôter son holster.

Moi, je vois clair dans son jeu et ses yeux qui pétillent : c'est un combat de coqs qui va se jouer. C'est à qui sera le plus impressionnant, entre Charlie et mon père.

Mon père a peut-être des diplômes de médecine, mais Charlie a un flingue.

C'est très efficace, un flingue.

Ça marque les esprits.

« Je vais chercher des bières. Vous étripez pas pendant ce temps. »

Charlie quitte le salon et Bella s'assied à côté de moi sur le canapé. Nos jambes ne se touchent pas mais la savoir près de moi me réconforte.

Sur la table basse, il y a des wraps au saumon, des roulés à la saucisse, des chips et des crudités dans de petits bols dépareillés. Je sais pas quoi faire de mes mains, alors je les pose sur mes cuisses, inquiet quant à la marche à suivre.

« Carlisle… »

Swan pince les lèvres, se tord les mains. Elle reprend :

« Je suis désolée pour le vocabulaire que j'ai utilisé la dernière fois.

- Bella, c'est déjà pardonné, répond maman dans une tentative de réconciliation. Carlisle a dépassé les bornes.

- Esmé !

- Tu t'es montré très désagréable avec la future mère de ton petit-fils ! »

La voix de ma mère a claqué fort. Faut pas oublier qu'elle est travailleuse sociale : les situations familiales tendues, c'est son quotidien.

« Je peux comprendre que la surprise t'ait fait réagir un peu trop fort, mais tu n'as plus d'excuse. On en a parlé. Ne m'oblige pas à être désagréable avec toi. » le rabroue-t-elle.

Elle a un sourire franc pour Swan.

« Je suis désolée pour le comportement de mon mari. J'espère que tu vas bien.

- Je vais bien, merci, souffle Swan.

- Pas trop de nausées ?

- Oh si ! »

Swan grimace.

« Je me réveille avec l'envie de vomir et ça part pas. En général, ça disparaît vers midi, quand j'ai faim. C'est un peu difficile de travailler dans le gymnase avec les oderus du réfectoire juste à côté.

- Quand j'étais enceinte d'Edward, avoue maman, je mâchais des bouts de gingembre pour lutter contre les nausées. Ça m'arrachait la bouche mais ça me calmait instantanément. »

Swan la remercie pour le conseil. Elle a plus de mère pour lui donner ce genre d'infos, et je suppose que ses copines n'ont pas encore eu l'occasion d'être enceintes et de lui refiler les petits tips. Maman lui sourit encore plus.

Charlie revient dans le salon. Il distribue les bières.

« Alors ? Vous n'avez toujours pas touché à l'apéro ?

- On n'est pas là pour ça. » grommelle mon père.

Maman lui tape sur le bras mais n'ajoute rien.

Ils échangent quelques nouvelles. J'ai l'impression d'être à une de ces réunions parents professeur où les adultes discutent de moi, devant moi, sans considérer que je suis là. Je me sens de trop tout en étant le principal concerné.

J'attends un peu la sentence.

Et franchement, ça me gêne un peu d'être encore infantilisé alors que je vais bientôt être père.

Putain.

Je vais être père.

Je décide de prendre les choses en main.

« Avec Swan, on a discuté. »

Mes parents me regardent avec de grands yeux. Eh oui ! J'existe toujours.

« On va habiter en colocation pour que ce soit plus simple avec le bébé. »

Je suis fier de moi : j'ai pas bégayé, pas tremblé. J'ai regardé ma mère dans les yeux.

« C'est une bonne idée, mon chéri.

- Comme ça, vous aurez plus à me voir. On va s'installer ensemble la semaine prochaine. »

Cette fois, c'est mon père que je fixe. Il tressaille : je suppose qu'il s'en veut. Enfin, j'espère qu'il s'en veut.

« J'ai fini de retaper la cabane que j'avais achetée à la majorité de Bella, reprend Charlie.

- La cabane ?

- Plutôt une maisonnette. Je comptais la garder pour y loger Jake et Bella quand ils viendraient me voir. Ils pourraient s'y installer. »

Swan a frémi quand son père a parlé de Jake. Je crois qu'elle a pas encore parlé de nous à son mec.

Je la plains un peu. J'ai pas envie d'être là quand elle lui annoncera.

« Il est hors de question que tu loges notre fils ! » s'exclame mon père.

Je suis redevenu son fils. Je sais pas si je dois m'en réjouir.

« Il pourrait payer un loyer, propose Charlie. Il trouve un job d'étudiant et il paie sa part.

- Ce serait parfait ! Ils pourront apprendre à vivre ensemble ! Et qui sait, à s'apprécier ! C'est important, des parents qui s'aiment. Un enfant qui grandit dans un foyer aimant, ça fait toute la différence. »

De tous les adultes présents à cette table, c'est ma mère qui semble la plus enthousiaste. Même Swan fait une petite grimace.

« Alors, c'est entendu. Je les aiderai à s'installer demain. Ils pourront passer le week-end ensemble, voir ce qui leur manque tout de suite pour que lundi, ils aient tout et qu'ils puissent reprendre leur semaine de cours sans que ce soit la course. »

Là, pour le coup, c'est vrai que ça va être plus pratique. J'emmène déjà Swan tous les matins au lycée, ça m'évitera de faire un détour.

« Tu vas voir, Eddie, un bébé, ça change la vie ! »

Je suis d'accord avec ma mère. Ça la change déjà alors qu'il est même pas né. En une semaine, j'ai quitté le foyer parental, réussi à passer deux heures de suite avec Swan sans l'insulter, dormi sur le canapé du shériff de la ville et battu mon record en quatre cents mètres crawl.

Et le pire, c'est que la seule personne qui était là pour remarquer mon exploit, c'était Bella Swan.