Les hommes s'avançaient, plus ou moins en ordre.
Les uns marchaient gravement le visage sombre. Beaucoup affichaient leur insouciance, sûrs qu'ils étaient de revenir vainqueurs.
L'heure était venue de partir à la guerre.
Ils traversaient villes et villages, recevant encouragements et emportant les promesses d'un autre avenir.
Les nouvelles recrues qui étaient dispersées dans les camps d'entraînement rejoignirent les vétérans et les Vardens
C'étaient des soldat en majorité mais pas uniquement.
Les magiciens étaient naturellement du voyage. Avec eux, venaient les guérisseurs n'usant pas de magie.
Des artisans partaient également pour réparer les armes.
Des femmes accompagnaient leurs époux. Elles veillaient à tenir à l'écart les prostituées.
Du bétail suivait pour fournir de la viande fraîche au moins dans les premiers temps.
Malgré les réticences d'Orrin, l'armée était partie avant que les nains et le dragonnier n'arrivent.
Suivant son exemple, beaucoup de nobles surdans manquaient d'enthousiasme.
Ils avaient une grande armée, certes, mais elle paraissait bien faible face à l'empire. Les recrues étaient volontaires et enthousiastes mais rien ne garantissait que ça allait durer.
Quand l'épée était tirée, un homme pouvait se laisser dominer par ses émotions et en particulier la peur de la mort.
Quand le sang coulait, la rage pouvait s'emparer des hommes.
À cause des protections entourant le Du weldenvarden, il n'avait pas été possible d'envoyer un message aux elfes autrement que par un coursier.
Et enfin, les armées se firent face.
Jamais de mémoire d'homme, une armée comme celle de l'empire n'avait été vue.
Galbatorix avait envoyé son connétable, Sigeward l'Urster, commander son armée nombreuse et bien équipée.
Les soldats étaient partagés. La disproportion entre les armées leur donnait l'impression que la victoire serait aisée. Mais d'un autre coté, ils regrettaient d'avoir été envoyé loin de leur foyer.
Ils n'osaient blâmer le roi mais leur colère était portée vers les envahisseurs.
Les messages des Vardens qui annonçaient libérer le peuple de Galbatorix avaient été accueillis avec stupéfaction et railleries.
Comment croire qu'une armée en marche ne ferait aucun mal aux paysans ?
Des milices de paysans du sud de l'empire s'étaient joints à l'empire.
Sigeward l'Urster n'avait pas caché son mépris mais il avait laissé faire. Il était plus préoccupé d'avoir apprit que le roi avait envoyé quelqu'un qui devait arriver nuitamment. C'était tout ce qu'il savait. Un envoyé du roi allait arriver une nuit et il n'aurait nulle autorité sur lui. Pire encore, il devait attendre son arrivée avant d'agir.
C'était une nouvelle troublante. Depuis le temps qu'il servait le roi, il n'avait jamais connu pareille situation.
Les armées alliées avaient pu installer leur campement sans problème et depuis les deux armées se regardaient en chiens de faïence.
Dans la grande tente où il logeait, il observait une carte de la région.
‒Il suffirait d'une charge de cavalerie pour les faire détaler, affirmait le capitaine Ulric à coté.
‒J'ai des ordres ! Nous ne commencerons pas prématurément.
‒La victoire est à portée d'épée ! Pourquoi attendre ?
‒Je l'ignore. Ce sont les ordres du roi.
Le capitaine Ulric grogna intérieurement.
‒Il y a peut-être une solution. Si on utilise nos machines de guerres pour frapper les rebelles et que la cavalerie les charge immédiatement. Ils seront contraints de s'incliner devant notre puissance. Si nous offrons au roi une victoire éclatante, nous serons récompensés.
Le connétable hésita. Attendre lui déplaisait et cette idée pouvait lui offrir une opportunité de passer outre la volonté royale.
‒Les ordres du roi sont absolus, fit remarquer le marquis Balwin.
‒Bien ! Admettons ! s'exclama Ulric. Nous ne pouvons attaquer. Mais nous pouvons toujours nous défendre. S'ils nous attaquent, nous seront forcés de combattre.
‒Ils attendent sûrement des renforts avant d'attaquer !
‒Raison de plus pour attaquer avant ! Et si nous les provoquions pour qu'ils passent à l'attaque avant l'arrivée de leurs renforts ?
Sigeward fit une moue peu convaincue.
‒Quelle genre de provocation ?
Après délibérations, le groupe finit par envisager d'envoyer un ambassadeur réclamer la reddition des armées alliés en les insultants du mieux qu'il le pouvait.
‒Nasuada est avisée malgré sa jeunesse. De simples provocations ne suffiront pas.
Les hommes de guerre se retournèrent vers celui qui venait de parler.
C'était un homme de grande taille au crane lisse.
‒En ce cas, dites-nous en plus, l'invita Sigeward. Vous l'avez côtoyée assez longtemps pour la connaître.
Mais, il haussa les épaules avec insolence.
‒Je n'ai que faire de vos plans qui feraient rougir de honte un enfant par leur vanité. Voilà une grande armée qui n'ose partir à l'assaut mais préfère attendre d'avoir de bonnes justifications pour ne pas être punie de sa témérité !
Plusieurs mains se rapprochèrent d'armes mais le connétable arrêta tout le monde en levant sa main droite.
‒Voilà une parole bien audacieuse, magicien ! Le roi n'apprécierait guère de voir une dispute dans ses rangs alors que nous devons travailler ensemble pour la victoire et la fin des rebelles.
‒Ce qui ne saurait tarder, intervint un autre homme chauve qui entrai dans la tente. Laissez tomber vos projets de provocation ! Le roi nous a envoyé la plus belle des provocations !
‒Qu'est-ce à dire ?
L'homme esquissa un sourire.
‒Vous saurez en temps utile. Le secret le plus absolu est nécessaire pour cette affaire. Les magiciens rebelles pourraient découvrir et tout l'effet serait gâché.
‒Je sais fermer mon esprit, rétorqua Sigeward sur un ton ferme.
‒Il n'y a pas lieu d'en douter répondit le magicien avec un sourire ironique.
‒Même sans provocation, il serait bon d'envoyer un émissaire exiger des rebelles qu'ils se retirent de l'empire, proposa le capitaine Arbald.
‒Fi donc ! Cherchez-vous à éviter le combat ?
‒Je suis prêt à vous laisser en juger, répondit Arbald en posant la main sur la garde de son épée. J'ai traqué suffisamment d'urgals pour ne pas avoir à rougir d'une telle réputation.
Il se disait dans l'armée qu'il avait vaincu des urgals à main nu.
‒Même les urgals sont capables de lancer des défis et de se battre avec honneur, même si c'est rare. Il serait honteux pour l'empire de laisser une armée étrangère entrer sur son territoire sans lui avoir fait savoir que cette terre est sous la protection du roi et toute tentative pour s'en prendre à lui et à son peuple sera payée par le sang versée.
‒Ils le savent et s'en moquent ! C'est pour la guerre qu'ils sont venus !
‒Ce serait tout de même une grande honte, répéta sans se troubler Arbald.
La porte de la tente s'ouvrit.
‒La Main Noire demande audience !
La plupart des regards se tournèrent vers les jumeaux.
‒Ce n'est donc pas vous, la Main Noire ?
Ils grincèrent des dents sans répondre.
Une femme entra suivie d'une enfant. La femme se tenait en retrait.
Tanya s'avança et s'inclina.
Éberlué, Sigeward la regarda un instant avant de se racler la gorge.
‒Salutation, Main Noire ! Vous rencontrer est un événement rare ! Mon nom est Sigeward l'Urster. Sa majesté a fait de moi son connétable.
‒Salut à vous ! Mon nom est Tanya Degurechaff.
Tanya salua également les grands officiers. Chacun d'entre eux avait été reconnu par Galbatorix.
‒Quel visage triomphant pour quelqu'un qui a pitoyablement échoué, ricana l'un des magiciens chauves.
Tanya l'ignora totalement à sa grande fureur.
‒N'était-ce pas votre responsabilité de détruire l'effort de guerre des rebelles et des surdans ?
‒Allons, allons, s'exclama le connétable, ravi de voir les jumeaux en colère. Il est un peu tôt pour chercher quelqu'un à blâmer. C'est à nous tous que le roi demandera des comptes s'il le désire.
Tous se turent sauf l'un des magiciens chauves.
‒Il me semble que l'échec de Demoiselle Degurechaff nous a mis dans cette situation. Il me paraîtrait naturel qu'elle rattrape sa faute.
‒Mais votre opinion n'a pas d'importance, répliqua Tanya. Je ne rends compte qu'à mon roi et lui-seul est habilité pour me donner des ordres.
Elle se tourna vers le reste des personnes présentes.
‒Cependant, j'ai entendu la fin de votre conversation avant d'arriver. Je suis prête à me rendre auprès du roi Orrin.
‒S'il est arrivé jusqu'ici, ce n'est pas pour repartir sans même combattre.
‒Mai il n'est pas dit qu'une allégeance ne puisse pas changer. Même en cas d'échec, nous pourrions obtenir de nouveaux renseignements sur leurs forces.
Sigeward la regarda, les sourcils froncés.
‒Soit, je vais vous faire accompagner d'une escorte.
‒Je vous en remercie. Je partirai dans une heure !
Arbald montait en tête. Tanya se tenait juste derrière. Un porte étendard se tenait de chaque coté.
Malgré sa réticence, Arbald avait accepté de laisser Tanya parler à travers lui.
‒Orrin, roi du Surda !
Il y eut une certaine agitation dans les rangs des rebelles.
‒Que voulez-vous ?
‒Allez quérir le roi Orrin ou laissez-nous aller jusqu'à lui au lieu de poser des questions oiseuses !
L'agitation continua jusqu'à ce qu'une autre voix retentisse.
‒Je suis Nasuada, reine des Vardens. Qu'avez-vous à dire ?
‒Nous ne parlerons qu'au roi Orrin, répondit Arbald.
‒Alors… commença Nasuada avant de s'arrêter sans raison apparente.
Une nouvelle agitation se fit entendre.
Au bout d'un moment, la palissade sommaire fut écartée.
Un officier surdan s'avança bien visible.
‒Sa majesté, le roi Orrin accepte de vous recevoir mais à la condition que vos yeux soient bandés jusqu'à votre arrivée à sa tente !
‒J'y consens. Mais nous ne viendrons pas tous dans ce cas.
Arbald et Tanya descendirent de cheval le temps qu'un bandeau soit noué sur leurs yeux et furent conduits. Pour ne pas trop éveiller la curiosité, Tanya portait une liasse de parchemins comme si elle servait d'assistante.
Ils furent guidés à travers le camps. En marchant, ils entendirent un bruit continu de conversations. Ils faisaient jaser. Quelques insultes ou cris de guerre furent proférés.
Leurs chevaux furent rapidement arrêtés et après quelques pas, ils purent retirer le bandeau.
Le roi Orrin se tenait devant eux accompagné de plusieurs personnes. La tente était encombrée par le laboratoire du roi.
‒Roi Orrin, il est encore temps de faire marche arrière.
Orrin montra un visage sévère.
‒Est-ce là tout ce que vous avez à nous dire ? Allez dire au roi Galbatorix que nous avons pris les armes et seules la mort ou la victoire nous les feront déposer.
‒Il n'y a aucune victoire possible pour vous. L'empire vous a loyalement tendu la main. Préférez-vous dévaster le royaume du Surda en vous lançant dans une guerre aussi folle que téméraire ?
‒Nos hommes sont vaillants et nos alliés fidèles !
‒J'en doute. Ils vous laissent mener le premier combat seul. Les elfes sont-ils couards pour attendre que l'armée impériale soit affaiblie ? Les nains restent à l'abri.
‒Il suffit ! Vous aurez l'occasion d'éprouver notre valeur une lame à la main. Il ne convient pas à des guerriers de s'affronter avec de simples mots.
‒En effet, mais la guerre est la dernière solution pour un pays. De nombreux hommes mourront. Des villes seront détruites. Est-ce votre volonté ? Quand l'empire a-t-il menacé le Surda ? Quel droit le Surda prétend-il avoir sur le territoire impérial ?
‒Nous ne revendiquons rien, sinon la liberté, répondit Orrin.
Arbald salua.
‒J'ignore comment les rebelles ont pu vous amener à croire que vous n'étiez pas libre mais le choix de la guerre est le votre.
Orrin laissa une grimace défigurer son visage.
‒Cela n'a rien à voir avec les Vardens !
‒A votre guise ! Ils vous ont ruiné. Ils ont saboté l'activité de certains de vos sujets. Ils vous ont contraint à souscrire des contrats avec les nains qui ne seront remboursés qu'avec la fortune que vous espérez gagner pendant la guerre. Ils vous entraînent dans une guerre qui coûtera la vie à la jeunesse de votre peuple. Mais vous êtes libres de choisir vos alliés. À moins qu'ils ne contraignent de quelque façon que ce soit à agir ?
‒C'en est assez maintenant ! Je vous montrerai ma détermination.
‒Si les rebelles vous contraignent à vous dresser contre l'empire pour leur propre intérêt, l'empire pourrait vous aider à vous débarrasser des traîtres. Mais si vous tenez à partir en guerre, nous sommes prêts à vous recevoir.
Après que leurs yeux aient été bandés de nouveau, ils furent raccompagnés vers la sortie du camp.
‒Il ne suffira pas de si peu pour le dissuader d'aller en guerre, dit Arbald.
‒Certes, mais j'espère que ça lui donnera à réfléchir. Il pourrait trahir les rebelles en feignant de n'avoir pas eu le choix.
‒Comment pourrait-il prétendre avoir été forcé d'amener son armée jusque là ?
Tanya haussa les épaules.
‒Les forces armées rebelles occupaient Abéron. Il peut très bien prétendre que des menaces contre son peuple l'ont forcé à coopérer. De toute façon, ce ne serait qu'un prétexte.
En attendant, la réaction des rebelles, les soldats impériaux furent invités à s'occuper en fortifiant les abords du camp.
Tanya réunit les magiciens sous ses ordres pour les évaluer et établir une stratégie.
Les jumeaux refusèrent de participer. Ils prétendaient avoir des ordres du roi pour une mission particulière. Le connétable les voyait pour quelque raison.
Après avoir reçu un message, les jumeaux firent dresser une grande tente, un peu à l'écart du camp.
Dans la nuit, l'agitation du camp intrigua Tanya et elle resta éveillée.
Des hommes portant des torches étaient disposés dans la plaine derrière le camp.
Une petite foule regardait en l'air dans des directions aléatoires. Tanya regarda aussi.
‒Là !
Des doigts furent pointés dans une direction.
Une grande ombre était visible dans le ciel et descendait lentement en faisant des cercles.
En s'approchant du sol, l'ombre fit entendre un vrombissement à intervalles réguliers.
Enfin, dans un grand bruit, l'ombre atterrit et un homme en descendit.
Sigeward s'avança de quelques pas.
‒Salutation, seigneur Murtagh ! C'est un honneur de vous rencontrer !
Quelques hommes apportèrent de la viande en grande quantité et la laissèrent le plus près du dragon qu'ils n'osèrent s'approcher.
Le jeune homme s'avança d'un pas assuré.
‒Selon les ordres du roi, j'assure à présent le commandement de cette armée ! Retournez tous dans vos quartiers. J'ai besoin de repos après mon long vol et Thorn également. J'ose espérer que vous avez pris vos dispositions pour que les rebelles ne soient pas au courant de mon arrivée.
‒Nous sommes suffisamment loin pour qu'ils n'aient pu entendre votre arrivée.
‒Bien ! Faites-moi porter une collation et repartez !
Personne ne broncha.
Il n'y avait rien à dire.
De retour au camp, Tanya se plaça à coté du connétable.
‒Voilà qui change la donne, dit-elle.
‒En effet, reconnut-il. Un nouveau serviteur puissant pour le roi ! C'est le fils de Morzan.
‒C'est son arrivée que vous attendiez pour partir à l'attaque ?
Il hocha la tête.
‒Je savais seulement que le roi ne voulait pas que la bataille ne commence. C'est seulement au crépuscule que les jumeaux m'ont prévenu.
Il grommela quelque chose d'inaudible.
Le lendemain, le conseil fut convoquée dans la matinée.
Tous était en grande tenue.
Murtagh entra, l'air frais et dispos.
‒Les ordres sont simples. Nous devons exterminer les rebelles à moins qu'ils ne se soumettent. Nous passerons à l'action demain.
‒Quelle stratégie comptez-vous adopter ? demanda le connétable.
‒A l'aube, utilisez les machines de siège pour les réveiller et envoyez l'armée pour les frapper pendant qu'ils seront confus. En même temps, que la cavalerie fasse le tour pour les prendre à revers.
‒Comme il vous plaira !
Après quoi, Murtagh voulut connaître les effectifs exacts qui étaient mobilisés.
Ils furent interrompus par la nouvelle qu'un émissaire rebelle était arrivé.
C'était un adolescent. Il faisait mine d'être brave mais ne semblait absolument pas à sa place.
‒Les peuples libres se sont mis en marche pour mettre fin au règne du tyran Galbatorix. Sous la direction de Nasuada, nous combattrons jusqu'à la victoire. Mais nous ne voulons pas faire couler le sang inutilement. Rejoignez-nous ! Abandonnez le tyran et lancez vous dans la reconquête de la liberté !
Il releva la tête de son parchemin pour jauger l'effet de ses paroles et déglutit en voyant les menaces de mort dans les yeux qui lui faisaient face.
‒Ensemble, reprit-il, nous pourrons bâtir une Alagaesia nouvelle. Le nouveau dragonnier, Eragon le tueur d'Ombre, s'est joint au combat. Il…
Le messager s'interrompit soudain et hurla en s'effondrant au sol.
‒C'est vraiment ridicule, commenta l'un des magiciens chauves.
Le rebelle se contorsionna avec une expression d'horreur sur le visage.
‒Arrêtez cela, intervint Tanya.
Un bruit de craquement survint et le rebelle gît au sol.
‒Épargner un rebelle est un acte de trahison !
‒Sa mort dissuadera beaucoup de rebelles de se soumettre ! Quand ils apprendrons que leur émissaire a été tué, ils comprendront qu'ils n'ont à attendre aucune pitié et préféreront se battre jusqu'à la mort.
Elle avait parlé sur son habituel ton calme. Elle exposait simplement les faits. Mais, les deux jumeaux crachèrent au sol.
‒Il semble que le roi ne sache pas quel petit cœur fragile se dissimule en vous. Il sera ravi de lire notre rapport. Effectivement, les rebelles n'ont aucune pitié à attendre de l'empire.
‒Assez ! s'écria Murtagh. Vos querelles stériles ne nous mènent à rien.
La réunion reprit comme si de rien n'était. Elle fut interrompu par la nouvelle de la découverte d'une nombreuse troupe d'urgals à proximité.
Enfin, une dernière nouvelle interrompit définitivement le conseil. Un dragon bleu avait été repéré.
Tous parlèrent en même temps.
‒L'arrivée du nouveau dragonnier change les ordres, déclara Murtagh. Le roi le veut vivant. Pendant la bataille, je me chargerai de l'affronter.
‒Faut-il revoir nos plans pour la bataille? demanda Sigeward.
‒Ce ne sera pas nécessaire. Quand il verra Thorn, il viendra de lui-même vers moi.
‒Les magiciens de la Main Noire peuvent lancer une attaque mentale qui le distraira pendant votre combat, proposa Tanya.
Il lui accorda un regard froid. C'était la première fois qu'il montrait de l'attention à sa présence.
‒Ce sera un combat entre deux dragonniers et leurs dragons, dit-il sèchement.
‒Si l'objectif principal est d'obtenir la reddition du dragonnier acquis aux rebelles, je recommande de tenter une approche diplomatique. Cet adolescent est un idéaliste mais il est toujours possible de le faire changer d'avis. De plus, cela causerait la dispersion de la majorité des rebelles.
Murtagh fit une moue sceptique.
‒Soit ! Allez-y puisque vous pensez que c'est possible. Mais ne lui dites rien à mon sujet. Vous devez juste le faire venir à Galbatorix et le roi se chargera de le mettre à son service. Mais c'est quelque chose que vous savez déjà faire n'est-ce pas ? Amener quelqu'un au roi.
‒Je fais de mon mieux pour l'empire, répondit-elle en ancien langage.
‒Il est avisé de ne pas décevoir le roi, répliqua Murtagh.
Après avoir salué, elle tourna les talons.
