Chapitre 34

Estonie

7 février 1991

« Tu fais quoi ?

- J'écris une lettre. » marmonna Altaïr, les sourcils froncés de de concentration.

L'Anglais était assis par terre, adossé au lit de Juhan en utilisant un livre de cours comme support pour écrire. Le roux se pencha par-dessus son épaule, comprenant qu'Altaïr le laissait lire le contenu de sa lettre s'il ne la cachait pas ou ne s'était pas assis plus loin.

« C'est pour cette Venus. » grimaça amèrement Juhan en voyant le nom du destinataire.

Altaïr avait beau sortir avec lui, Juhan n'aimait pas qu'il pense à cette fille. Il savait très bien que si elle ne s'était pas fiancée à un autre garçon, jamais le lycanthrope ne lui aurait donné la moindre chance. Savoir qu'il continuait à converser avec elle le rendait profondément inconfortable. Sentant son malaise, Altaïr fit basculer sa tête en arrière pour le fixer.

« Tu sais que c'est toi que j'aime, n'est-ce pas ? »

Juhan en lâcha son magazine. C'était la première fois qu'Altaïr lui disait ces mots. Il avait avoué ressentir quelque chose de plus fort qu'une amitié pour lui, mais jamais le lycanthrope n'avait mis de mot sur cela.

« Tu m'aimes ?

- Oui. » assura avec détermination Altaïr.

Il lâcha sa lettre et grimpa sur le lit, embrassant passionnément son petit-ami. Altaïr avait mit du temps à s'en rendre compte mais désormais, il n'avait plus aucun doute, il était fou amoureux de l'Estonien.

Juhan, bien que rassuré, ne pouvait s'empêcher de jalouser cette Anglaise avec qui Altaïr continuait de converser alors qu'il ne l'aimait plus.

« Alors pourquoi tu lui écris ? »

Altaïr se décala pour attraper la lettre tombée au sol et la tendit au rouquin. Ce dernier l'attrapa comme s'il s'agissait d'un torchon sale, la tenant par un coin. L'Anglais pouffa de son comportement enfantin.

« Je ne lui ai toujours pas répondu, je laisse traîner ça depuis octobre, je crois. Il est tant que je le fasse. »

Juhan finit par accepter de lire la lettre, il était content au fond de lui que son petit-ami lui fasse assez confiance pour le laisser lire quelque chose d'aussi intime et personnelle.

Lorsqu'il eut fini, il se tourna vers Altaïr et lui offrit un baiser enfiévrer.

« Je t'aime tellement.

- Je sais. » rit Altaïr. « Moi aussi. »

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Angleterre

11 février 1991

Venus fondit en larmes à la fin de sa lecture, enfouit au fond de ses draps et la lettre qu'Altaïr venait de lui envoyer serrée contre sa poitrine.

« Cher Venus,

Je m'excuse du temps que j'ai mis à te répondre. Je ne vais pas te cacher que ça a été dur pour moi de trouver le courage de t'écrire et de trouver les bons mots.

Je sais que tu es au courant de beaucoup de choses, que tu vois beaucoup de choses. J'ai été amoureux de toi pendant longtemps, des années même. Je ne l'ai réalisé qu'en recevant ta lettre, comme si comprendre que plus jamais je ne pourrai t'avoir, m'a fait réaliser mes sentiments pour toi.

J'ai mis longtemps à m'en remettre. Je t'ai détesté de m'avoir envoyé cette lettre et j'ai fini par comprendre que je n'avais pas le droit de t'en vouloir pour ça. Tu cherchais le soutient d'un ami et je ne m'en suis pas montré à la hauteur. J'en suis désolé.

Ne te culpabilise pas trop à ce propos. Je suis heureux aujourd'hui d'avoir reçu cette lettre de ta part. Sans elle, je n'aurai pas reçu tout le soutient qu'un ami devenu précieux m'a offert. Il m'a permis de tirer un trait sur ces sentiments que j'avais pour toi et depuis peu, nous sortons même ensemble.

Je tiens à te rassurer, je n'ai plus que des sentiments amicaux envers toi désormais, j'espère que mon aveu ne rendra pas nos prochaines rencontres étranges. Mais aujourd'hui, je suis amoureux de lui, pas de soucis à avoir de ce côté. (En revanche je te le dis tout de suite, il est hors de question qu'on ait ce genre de conversation de fille ou on compare nos mecs ou tout autres sujets stupides !)

J'ignore si ces fiançailles sont toujours d'actualité aujourd'hui. Mais si c'est le cas, j'espère que tu t'entends bien avec ton fiancé. Sinon, peut-être que ta mère pourrait accepter pour signer un autre contrat avec la famille de ton petit copain. Je ne sais pas si c'est un Sang-Pur ou non, mais si c'est le cas et que tu l'aimes vraiment, elle pourrait peut-être accepter.

Je dois avouer que j'ai été surpris d'apprendre la nouvelle. Je n'ai jamais imaginé que tes parents soient le genre de personne à créer ce type de contrat. Mais je ne connais pas très bien ta mère. Pollux me parle souvent de ton père, je crois qu'ils sont devenus des sortes d'amis après avoir écrit l'article à mon sujet. C'est plutôt étrange de l'entendre parler de ton père, les Black ne sont pas très réputés pour aimer les personnes ayant vos types de personnalités (sans offenses). Je suppose que Pollux ressemble plus à moi qu'à Cygnus ou Walburga. Dans tous les cas, ton père a l'air d'être un type bien. Peut-être que si tu lui parles, il arriverait à convaincre ta mère de changer d'avis.

Je m'excuse si je m'implique un peu trop dans tes soucis. Mais sache que tu as tout mon soutient et je te promets que cette fois-ci, je répondrai plus rapidement à tes lettres.

Avec tout mon soutient (et mes sincères excuses pour mon retard),

Altaïr. »

Altaïr était un abrutit. Non, elle n'avait pas cherché le soutient d'un ami en écrivant cette fichue lettre. Elle avait espéré qu'il lui promettrait de l'emmener loin de sa famille, qua malgré les fiançailles, il trouverait un moyen de la tirer de là. Oui, elle avait compris depuis longtemps que le garçon l'aimait et Venus comprenait enfin la douleur que ça propre lettre avait dû infliger au Black.

Elle se sentait si mal. Venus avait tout perdu à écrire à Altaïr en espérant que lui aussi, devine ses sentiments. Les garçons étaient bêtes, elle le savait. Ils ne réalisaient jamais quand une fille s'intéressait à eux et Black en était la parfaite représentation. Contrairement à ce qu'il semblait penser, sa mère était loin d'être prête à revenir sur sa décision.

Venus était coincé avec ce garçon qu'elle ne connaissait qu'à peine jusqu'à la fin de as vie et celui qu'elle aimait secrètement, avait découvert son homosexualité après son rejet. Elle voulait juste rester roulé en boule au fond de son lit pour toujours, les larmes ne se tarissant pas sur ses joues. Elle tentait vainement de se rassurer en songeant qu'eux deux, au moins Altaïr était heureux désormais.

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Angleterre

20 février 1991

Comme tous les vendredis soir, Thomas se rendit par cheminette chez Remus. Cela faisait des mois qu'il évitait son père et si depuis peu, ils s'entendaient un peu mieux, il n'était pas près de lui pardonner sa trahison. Il n'en revenait toujours pas que James lui ait effacé la mémoire et que s'il n'avait pas découvert par lui-même qu'il avait un frère, jamais il ne lui en aurait parlé. Thomas ne comprenait pas.

Remus avouait par petit bout l'histoire qui liait son père à la famille Black. L'enfant avait comprit que James avait été contraint d'épouser Aquila et qu'Altaïr n'était pas né par choix, mais par devoir. Pourtant, il était incompréhensible pour Thomas d'abandonner son propre enfant à cause d'une haine remontant à Poudlard. Parfois, il avait l'impression que son père n'était pas un adulte, mais un enfant à sa façon de gérer ses sentiments. Même lui se montrait parfois plus mature que l'Auror du haut de ses dix ans.

Remus essayait parfois de lui expliquer la situation du point de vue de James, mais Thomas finissait toujours par se renfrogner. S'il trouvait refuge chez son oncle, ce n'était pas pour qu'il le bassine avec son père. Remus abandonnait généralement au bout de cinq minutes et finissait toujours par lui proposer une partie d'un jeu de société quelconque. Les Moldus étaient tellement plus créatif que les sorciers dans ce domaine !

« Dis Remus, comment ça se fait que tu connaisses si bien le monde Moldu alors que tes parents étaient des sorciers ? » demanda le garçon un soir devant une partie de bataille navale.

« C'est grâce à ta maman. » sourit nostalgiquement le loup-garou.

Thomas cessa immédiatement d'observer son jeu, focalisant son attention sur son oncle. James ne parlait jamais de Lily, la douleur de sa perte était toujours bien trop présente pour lui le permettre. Remus, lui, essayait juste de ne pas penser à ses années heureuses et perdues à Poudlard. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas parler de sa mère à Thomas. Mais penser à elle le menait forcément à songer à la mort de Peter et la trahison de Sirius.

« Quand on était à Poudlard, elle se plaignait toujours parce que les échecs étaient ennuyeux et la bataille explosive trop stupides. Un jour James lui a rétorqué qu'elle n'avait qu'à inventé un jeu plus intéressant puisqu'elle était si maligne. C'était l'époque où ils se chamaillaient beaucoup. Une semaine plus tard, ses parents lui avaient envoyé un Monopoly et elle nous a appris à y jouer. Elle était terriblement douée et personne dans notre année n'a jamais réussi à la battre. »

Remus souriait, le regard dans le vague alors que Thomas l'écoutait attentivement.

« Par la suite, elle a continué d'apporter des jeux Moldus dans notre Salle Commune et de nous prouver à quel point les Moldus sont plus avancés que nous dans ce domaine. Quand on a quitté Poudlard, je l'ai accompagné une fois faire du shopping à Londres avec Sirius. Il est tombé amoureux du style Moldu et de leurs vestes de motard en cuir. Lily, elle, elle n'a juste jamais réussi à s'habituer à la mode sorcière. J'ai beaucoup aimé découvrir cette partie de l'Angleterre que je n'avais jamais vu et elle a beaucoup aimé me servir de guide. Le monde Moldu, ce n'était pas vraiment la tasse de thé de James et ça manquait à ta mère de se rendre dans le monde dans lequel elle avait vécu les premières années de sa vie. C'est elle qui m'a emmené pour la première fois à Disneyland.

- C'est qui Sirius ? C'est un de tes amis ? » releva Thomas, ne connaissant pas ce prénom.

Remus se crispa, mais ne laissa rien paraître.

« C'était un ami de Poudlard, on était dans le même dortoir. Mais avec les années et la guerre, on a fini par perdre le contact. »

Thomas comprit immédiatement ce que voulait dire ces mots. C'est que les adultes disaient lorsqu'il parlait d'un ami qui s'était révélé être un Mangemort ou qui était décédé pendant la guerre. Il décida donc de ne pas questionner davantage Remus sur le sujet. Thomas préféra reconcentrer la conversation sur sa mère, avide d'entendre des histoires à son propos.

C'est pour ça que Remus était son adulte préféré. Il ne lui mentait jamais consciemment sauf si c'était le mieux pour lui ou que ça ne le concernait pas. Pour son frère, Remus ne lui avait jamais réellement caché son existence, laissant même échapper son nom à quelques reprises. C'est grâce à lui que Thomas avait finalement pu reprendre contact avec Harry et il lui en serait toujours reconnaissant.

« Bref, au fil de nos visites dans le Londres Moldu, j'ai fini par beaucoup aimé leur culture. Découvrir les discothèques, les voitures, le métro, les monuments Moldus ou le cinéma a été fantastique.

- C'est pour ça que tu vis ici maintenant ? Pour avoir une télé ? »

Remus pouffa, hochant vivement de la tête.

« Je n'ai pas pu résister à la tentation. » fit-il en offrant un clin d'œil complice à son neveu.

La soirée se déroula dans la bonne humeur la plus totale, entre les anecdotes de Remus sur Lily et les rires enfantins de Thomas. Ses mauvaises pensées à propos de son père étaient loin derrière lui, le garçon se concentrant sur l'instant présent.

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Estonie

30 février 1991

« C'est la lettre que tu as reçu à Noël ? » osa finalement demander Altaïr après avoir observé pendant les dix dernières minutes son petit-ami fixer la missive.

Ce dernier hocha lentement de la tête, toujours perdu dans ses pensées. A Noël, Altaïr n'avait pas osé lui parler de cette lettre. Ils étaient alors en froid et il s'était seulement permis de réconforter son ami le temps d'une soirée. Ils n'en avaient pas parlé et l'occasion ne s'était plus présentée depuis. Jusqu'à ce soir où Juhan avait tiré l'enveloppe jaunit par la poussière de son étagère et s'était une nouvelle fois plongé dans sa lecture.

« Est-ce que tu veux en parler ? » demanda doucement le lycanthrope.

Il mourait d'envie de connaître le contenu de cette lettre, mais Juhan avait le droit à son jardin secret et respectait cela. Altaïr ne le forcerait pas à se confier s'il n'en avait pas envie. Juhan réfléchit longtemps à la question, si bien que le lycanthrope songea qu'il ne l'avait même pas entendu, trop perdu dans ses pensées.

« Je veux un câlin. »

Altaïr sourit et répondit avec plaisir à la demande de son amant. Il grimpa sur son lit et l'attira contre lui, caressant son dos dans un geste de réconfort.

« Mon frère, il m'a écrit à Noël.

- Ian ou Igor ?

- Ian. Igor veut bien trop plaire à nos parents pour prendre le risque de m'écrire. » cracha amèrement l'Estonien. « Il ne m'a même pas souhaité de bonnes fêtes. Franchement, pourquoi m'écrire si c'est pour me faire des remontrances. Parfois j'ai l'impression que personne ne m'aime dans cette famille. J'aurai mieux fait de ne jamais naître. » sanglota-t-il.

« Ne dis pas ça, je n'aurai jamais connu tes incroyables talents au lit. » tenta de plaisanter Altaïr en agrippant l'une de ses fesses. Ça n'avait rien de sexuel, Juhan n'était pas en état.

Le roux rit à sa blague, frappant son épaule.

« Comment t'as fait toi, pour supporter le reniement ? » demanda Juhan d'un ton plus sérieux.

« Ma situation était très différente de la tienne. A mon reniment, je suis allé vivre avec ma grand-mère et son oncle qui vivait avec nous. Je continuais à voir mon parrain et mon frère en cachette. Mais quand Walburga et Arcturus sont décédés et que j'ai fini par atterrir quelques mois plus tard chez Cygnus, ça a été l'enfer pour moi. Je n'avais plus le droit de voir mon frère et mon parrain et quand j'ai fini par croiser Thomas par hasard, il ne se souvenait plus de moi. Les personnes qui m'aimaient avant mon reniment ont continué de le faire et leur abandon n'a jamais été volontaire. Ils n'avaient pas le choix. Et les nouveaux membres de ma famille que j'ai rencontré à ce moment là ne m'ont jamais aimé dès le premier regard et ça a été réciproque. »

Altaïr serra Juhan un plus fort contre lui. Il n'aimait pas penser aux années qu'il avait vécu sous le toit de Cygnus.

« Je ne sais pas comment je réagirai si mon frère, Remus ou Pollux me tournait soudainement le dos. Je ne sais pas quel conseil te donner à part d'ignorer ses personnes qui ne te méritent définitivement pas.

- Merci Altaïr. Parfois j'ai l'impression que tu es le seul à trouver quelque chose d'intéressant en moi.

- Ne dit pas de bêtises. » Altaïr embrassa son front. « Ta famille est juste trop stupide pour comprendre qu'il n'y a pas que l'école et trouver un travail prestigieux qui compte dans la vie. Un jour, ils comprendront à quel point ils ont merdé et ils s'en mordront les doigts. »

Le silence s'étendit entre eux. Juhan voulait profondément croire aux mots d'Altaïr, mais il n'était pas encore prêt à se détacher de sa famille. Il n'était qu'un adolescent perdu, il avait besoin de ses parents et de ses frères. Mais Juhan espérait qu'Altaïr est raison et qu'un jour, il arriverait à se détacher de leurs avis.

« Tu parles toujours de ton parrain, de ton frère et de ton père. Où est ta mère, est-ce qu'elle est décédée ? » osa demander Juhan d'une petite voix. « Mais si tu ne veux pas en parler, ce n'est pas grave. » s'empressa-t-il d'ajouter.

« Je ne l'ai pas connu. Mes parents ont été fiancé pendant leur scolarité et à ma naissance, mon père est allé vivre avec sa maîtresse qui est devenu sa deuxième femme après son divorce. J'ai vécu un an avec ma mère. Mais elle était dans le mauvais camp pendant la guerre et elle a finit par se faire attraper par les Aurors, enfin plutôt par mon père qui est un Auror. Depuis, elle est emprisonnée à Azkaban.

- Azkaban ?

- C'est le nom de notre prison en Angleterre. Je ne l'ai jamais revu depuis et je ne me souviens pas d'elle. C'est pour ça que je n'en parle pas beaucoup. »

Juhan fronça les sourcils, confus. Il ne comprenait pas en quoi l'emprisonnement de sa mère empêchait Altaïr de la voir.

« Tu ne lui as jamais rendu visite ?

- En Angleterre, les choses sont bien différentes d'ici, même si les choses commencent à changer. » soupira Altaïr. « Les prisonniers n'ont pas de droit de visite, ni d'envoyer des lettres. Ma mère a été condamnée à perpétuité, je ne la rencontrerai jamais. »

La voix d'Altaïr était amer. Il ne savait même pas si sa mère lui manquait, comment pourrait-elle le faire s'il ne l'avait jamais connu. Mais parfois, Altaïr aurait aimé avoir à ses côtés une présence maternelle. Il y avait goûté en vivant sous le toit de Lily Potter, mais voir ses amis retrouvés leurs familles en quittant Durmstrang à chaque vacance ne le rendait que plus amer. Même si Lily n'avait pas été sa mère biologique, elle l'avait traité comme un fils. Savoir que si Aquila n'avait pas choisi de se battre mais plutôt de rester à ses côtés, il aurait connu ça toute sa vie était douloureux. Altaïr préférait généralement ne pas y penser.

« Mais tu as dit que les choses commençaient à changer. » releva Juhan.

« Ouai. Quand Pollux a vu la différence entre les prisons estoniennes et anglaises, il a proposé un projet de loi au Ministère. Il est politicien. Mais ce sont des démarches qui sont longues et franchement, je ne pense pas qu'un jour ses droits s'appliqueront aux Mangemorts. Ce sont les personnes qui suivaient le Seigneur des Ténèbres lors de la guerre. » précisa Altaïr, se doutant que Juhan ne devait pas comprendre le terme. « Pour l'instant, le projet consiste surtout à créer une prison sans Détraqueurs pour les détenus condamnés à de petites peines.

- Des Détraqueurs ? » s'exclama horrifier Juhan en se redressant.

Altaïr hocha lentement la tête.

« De toute façon, même si un jour je pourrai rencontrer ma mère, je ne sais même pas si elle sera assez saine d'esprit pour me reconnaître. Tout le monde devient fou à Azkaban.

- C'est horrible. » gémit Juhan.

« Pourquoi est-ce que tu voulais parler de mon reniement ? » changea de discussion Altaïr, revenant au point de départ. « Est-ce que ton frère t'a menacé ?

- Il dit qu'il a surpris mes parents en parler. Selon lui, je suis sensé m'estimer heureux qu'ils ne semblent pas réellement vouloir le faire, mais juste en émettre l'hypothèse.

- Ton frère est vraiment un gros con.

- Ouai, t'imagines même pas. » sourit Juhan, heureux d'être soutenu par Altaïr. « Enfin, de base il m'écrivait juste pour m'avertir que notre mère était enceinte, encore un garçon apparemment. Il a juste dévié de sujet à la fin pour me rouspéter.

- Ça sera leur quatrième enfant, ils sont motivés, tes parents. » se moqua Altaïr.

« Ouai… J'ai peur qu'il ne me laisse pas l'approcher. Ian dit que je serai une mauvaise influence et que je devrai garder mes distances.

- Pff, n'importe quoi. » s'insurgea Altaïr. « Regarde-moi, je suis un loup-garou en prison et pourtant mon frère et un enfant parfait, ça ne veut rien dire. Ce n'est pas parce que t'as fait une fois une connerie que tu ne peux pas être un bon frère. Tant que tu ne lui apprends pas à cambrioler une banque, je ne pense pas que tu puisses avoir la moindre mauvaise influence.

- Je ne saurai même pas faire ça moi-même, alors je ne pense pas pouvoir lui l'apprendre. » s'exclama Juhan.

« Tu vois, tu n'as aucun souci à te faire dans ce cas. »

Cela fit du bien à Juhan de rire ainsi. La vision d'Altaïr semblait si simpliste pour une fois que ça lui donnait envie de croire à ses théories.

« Merci Altaïr.

- Pourquoi ?

- De me soutenir. »

Altaïr l'attira pour un baiser.

« C'est normal. Je serai toujours de ton côté. »

Cette promesse retira un poids des épaules de Juhan. Sa famille était contre lui, mais peut-être qu'il pourrait se créer sa propre famille. Il n'était pas assez optimiste pour espérer qu'Altaïr reste son petit-ami pour les soixante prochaines années. Mais savoir que quelqu'un était de son côté permettait à Juhan qu'un jour, il se fasse de suffisamment bons amis pour les considérer comme des frères qu'il n'avait plus. Altaïr lui redonnait de l'espoir.

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Estonie

15 mars 1990

Altaïr avait appris de Danil qu'il était autorisé d'être jusqu'à trois détenus dans un même parloir. La conversation était venue naturellement lorsque des jumeaux avaient été incarcéré la semaine passée et que l'Anglais s'était demandé comment les visites se déroulaient pour eux. Est-ce qu'il devrait se contenter chacun d'une visite par mois et alterné toutes les deux semaines ? Ou bien leurs parents pourraient en voir un lors des visites matinales et le second l'après-midi ?

Mais Danil lui avait expliqué que plusieurs détenus pouvaient se rendre dans le même parloir en même temps. Cela avait donné des idées à Altaïr qui s'était empressé d'écrire une lettre à son parrain. Il lui parlait constamment de Juhan et Remus soupirait parfois qu'il aurait aimé rencontrer ce garçon dont son filleul le bassinait tant. Altaïr avait trouvé la solution parfaite à ce souci, d'autant plus qu'il aimerait présenter son parrain à Juhan, ils étaient tous deux importants pour lui. La surprise serait de savoir si Pollux serait là ou non ce week-end. Mais ce n'était pas un souci, l'homme l'aimait trop pour le repousser à cause de ça. Remus le lui avait bien fait comprendre à force d'entendre ses doutes.

« Poliakoff, Black, c'est l'heure de la visite. » tonna un garde en ouvrant leur cellule.

Juhan fronça les sourcils, pensant à une erreur. Ses parents lui avaient bien fait comprendre que plus jamais, ils ne remettraient un pied dans cette prison. Mais la main d'Altaïr qui se referma autour de la sienne pour le tirer de son lit et son sourire conspirateur lui fit comprendre que son petit-ami tramait quelque chose.

« Ne me dis pas que tu vas faire un truc aussi stupide que de me présenter à ta famille ? »

Altaïr perdit aussitôt son sourire.

« Tu ne veux pas ?

- Putain Altaïr, je suis un prisonnier et un garçon au cas où tu ne l'aurais pas remarqué !

- Je peux te dire que ça, je le sais même très bien. » sourit narquoisement Black. « Ce n'est pas un souci, ni que tu sois un prisonnier, ni que tu sois un homme. Remus est déjà au courant et si Pollux fait une remarque, je lui mettrai mon poing dans la figure en sortant d'ici.

- Tu … Le pire, c'est que je sais que tu es sérieux. » soupira Juhan en acceptant finalement de suivre son amant.

Juhan se tenait un pas derrière Altaïr en entrant dans les parloirs. Ça faisait si longtemps qu'il n'avait pas mis les pieds ici. C'était étrange d'y revenir. Un garde les mena jusqu'au dernier parloir, celui tout au fond du long couloir, avant de faire demi-tour et de guider le prochain détenu. Le lycanthrope sourit à son parrain qui lui rendit son regard espiègle.

Altaïr tira sur le bras de Juhan, le rendant visible aux yeux de sa famille. Il le fit asseoir sur la chaise à sa droite, mais ne lâcha sa main à aucun moment. Pollux avait l'air aussi éberlué que le rouquin et cela amusa intérieurement les lycanthropes.

« Juhan, je te présente Remus Lupin, mon parrain et Pollux Black, mon tuteur. Pollux, Remus, voici Juhan, mon petit-ami. »

La mâchoire de Pollux se décrocha de sa bouche dans une expression de surprise.

« Mais tu avais dit que c'était une fille ! » s'exclama-t-il à l'attention de Remus.

« Quoi ? Tu lui avais dit ? » s'exclama Altaïr au même moment où Juhan lui posait la même question.

Peut-être que le jeune Black avait oublié de dire à son petit-ami qu'en effet, il avait informé son parrain de leur relation et que ce dernier l'acceptait pleinement. Leurs réactions fit bien rire Remus ce qui détendit immédiatement l'atmosphère.

« Quoi ? Il fallait bien que je plaigne à quelqu'un de tes discussions pleines de « Juhan par-ci » et « Juhan par-là. » »

Altaïr rougit jusqu'à la pointe de ses oreilles alors que le rouquin semblait étrangement flatter que son amant n'est pas pu résister à l'idée de parler de lui à la personne qu'il voyait comme un père.

« Et ce n'était pas à moi de faire son coming-out. » s'adressa Remus à Pollux, cette fois-ci.

Le vieux sorcier soupira, son ami n'était qu'un petit cachotier.

« Enchanté Juhan. » sourit-il finalement. « Tu es bien plus mignon que ce que j'aurai imaginé qu'Altaïr puisse me présenter.

- Tu doutes de mon charme ? » se renfrogna ledit Altaïr alors que l'Estonien rougissait jusqu'à la pointe de ses oreilles.

Il n'était pas très bon en anglais mais grâce aux leçons d'Altaïr, il comprit très bien le compliment de l'homme. Sa propre famille avait réagi si virulemment à son coming-out que Juhan n'avait jamais imaginé que celui d'Altaïr se passerait aussi calmement. Il était bien trop heureux pour le lycanthrope pour ne serait-ce pensé à être jaloux de sa famille qui lui semblait incroyable.

« Je suis aussi enchanté de vous rencontrer. J'ai beaucoup entendu parler de vous deux. » bégaya-t-il essayant de ne pas trop écorché les mots avec son accent estonien.

« Aquila a toujours trouvé les garçons avec un accent plus attirant, je suppose que c'est héréditaire. » se moqua gentiment Remus.

« Pourtant tu parles très bien anglais. » répondit du tac au tac Altaïr.

Juhan se pencha à l'oreille de son ami pour que les deux autres ne l'entendent pas.

« Ton parrain a couché avec ta mère ? » chuchota-t-il surpris.

« Non ! » s'insurgea Remus de l'autre côté de la vitre.

« Non, mais ils auraient bien aimé. » charia Altaïr.

Juhan haussa les sourcils, surpris d'avoir été entendu à cette distance. Puis il se souvint que Lupin était lui aussi un loup-garou à l'ouïe affutée. Il était un peu mal à l'aise d'avoir été entendu, mais le sourire doux de l'homme lui fit comprendre qu'il n'était pas offusqué.

« Il faudrait que Danil rencontre ton parrain, il en oubliera sa peur des loups-garous. » dit soudain Juhan, réalisant que l'homme, à part pour les cicatrices barrant son visage, n'avait rien en commun avec l'image stéréotypé des lycanthropes.

Lupin avait le regard le plus doux que Juhan n'avait jamais vu. Il semblait être très calme et avoir une personnalité apaisante. Il ne le connaissant que depuis une ou deux minutes et pourtant, l'Estonien réalisait facilement que Lupin était à l'opposé du stéréotype du loup-garou virulent et haineux.

« Il n'a pas peur de moi.

- Ça c'est uniquement parce que je lui ai montré les tours que j'ai appris à Peni.

- Peni ? » questionna Remus.

Juhan se fit un plaisir de conter aux deux Anglais la façon dont il avait fait ami-ami avec le loup de son petit-ami, lui avait trouvé un petit nom (Altaïr insista pour préciser qu'il était ridicule) et lui avait appris quelques tours.

« Je ne suis pas un fichu chien. La prochaine fois que tu me fais donner la patte, je te mords. » menaça Altaïr, le rouquin ne prit pas du tout la remarque au sérieux et éclata de rire.

« Ça a une signification ce nom ?

« Magic Penis / Toutou en Estonien » répondirent en cœur les deux adolescents.

Pollux soupira en se frottant les yeux face au comportement puéril de son pupille alors que Remus explosait de rire, se tordant en deux sur sa chaise, le souffle cours et les larmes aux yeux.

« On dirait bien que tu as trouvé ton nom de Maraudeurs. » réussit-il à articuler entre deux rires.

« Les Maraudeurs ? Qu'est-ce que c'est ? » questionna Juhan.

Remus mit quelques secondes à se remettre de son fou-rire, réussissant finalement à se calmer pour répondre à l'Estonien.

« Quand j'étais à Poudlard… »

Altaïr observait le visage de Juhan s'illuminer en entendant le récit de son parrain. Il était incroyable de savoir que trois étudiants avaient réussi à se changer en Animagus à un si jeune âge. Pollux quant à lui avait perdu depuis longtemps le fil de la discussion. Son regard était posé sur Altaïr. Il avait du mal à se remettre de la nouvelle, son héritier avait choisi un homme plutôt qu'une femme et il devrait s'en insurger. Mais le garçon avait l'air si paisible à cet instant, que Pollux ne pouvait se résoudre à lui faire la morale.

Remus lui avait raconté à quel point Altaïr avait été détruit par l'annoncer des fiançailles de Venus. Les semaines qui suivirent, il avait lui-même put voir son pupille avoir le moral dans les chaussettes. Pourtant, en le voyant ainsi, l'air éperdument amoureux, Pollux savait que ce garçon était la meilleure chose qui puisse arrivée à Altaïr à ce moment de sa vie.