Le ciel commençait tout juste à s'éclaircir au dehors. Mais le soleil n'était toujours pas levé à contrario de Merlin. Il aurait déjà dû se trouver sur la route, mais il avait terriblement de mal à quitter cette pièce et à laisser Arthur seul, tout ce temps. Juste une journée si tout se passait bien, mais c'était une journée de trop. Dans son dos, à travers la fenêtre, il entendit des hennissements étouffés venant de la cour intérieure. Preuve qu'on l'attendait sûrement pour partir. Il mit son sac sur son épaule et, le plus délicatement qu'il puisse, il se pencha sur Arthur endormi et embrassa son front. Merlin sortit de la chambre et la verrouilla. Il posa également un sort qui ferait se sentir terriblement nauséeux tous ceux qui oseraient emprunter ce couloir. Il ne pouvait pas partir sans le savoir au moins un minimum protégé. Il dévala les escaliers et longea les couloirs encore plongés dans la quiétude de la nuit. Dans deux heures à peine, la château fourmillerait de vie mais en attendant, les pas de Merlin étaient la seule chose qui résonnait en ces lieux. Il entra enfin dans le hall qui débouchait sur la cour intérieure. Il ne fut pas tellement surpris de voir que Gauvain l'attendait là. Assis sur les marches. Merlin détailla son dos inerte dans cette quasi pénombre et après avoir soupiré longuement, il s'assit à côté de lui.

-Tu es en retard.

-Je suis toujours en retard. Rétorqua Merlin comme une évidence.

-J'ai demandé à Perceval d'aller scellé ton cheval. ça nous laisse un peu de temps pour parler.

Merlin se dit que pour parler, en une journée complète de voyage, ils en auraient eu largement le temps. Mais il accepta son funeste destin, c'est-à-dire, répondre aux questions plus qu'indescente que son ami était sur le point de lui poser.

-Je t'écoute.

Il eut un petit silence avant que Gauvain ne trouve le courage de demander.

-Alors toi et Arthur ?

-Quoi moi et Arthur ?

-Hé bha...Vous avez une relation ?

Merlin n'avait pas pensé une seconde que Gwaine pourrait l'interroger frontalement sur le sujet. ô, il se doutait qu'il allait y avoir quelques allusions mais ... Rien d'aussi soudain. Et face à la surprise, la première réaction de Merlin serait de tout nier en bloc. Après tout, c'était le mieux à faire pour préserver l'honneur d'Arthur.

-Ne dis pas n'importe quoi ... Comme si je pouvais avoir un roi ... Tu me surestimes... Répondit-il, un brin moqueur et mal à l'aise. Mais le ton qu'employa Gauvain en réponse, n'était pas, quant à lui, à la rigolade.

-Pas à moi Merlin. Vraiment pas à moi et puis... Tu es un bien trop piètre menteur.

-Ne sois pas si sûr de ça, tu serais surpris de voir à quel point je sais tenir un secret. Répondit Merlin, piqué en son orgueil.

-Un secret hein... Comme le fait que tu sois un magicien ?

Le jeune sorcier resta inerte, incapable de même réspirer.

-Co...Comment ? Balbutia t'il difficilement.

-Lancelot. On s'est fréquenté un moment, lorsqu'il a compris que jamais il n'aurait Guenièvre. Et on riait de l'ironie du sort quand ça lui à échappé.

-L'ironie du sort?

-Oui, lui qui aimait Guenièvre, Guenièvre qui aime Arthur, moi qui te veux, toi qui aime Arthur ...Et Arthur qui semble tellement tenir à vous deux ... Un jour Lancelot à diT qu'il se demandait bien ce que cela donnerait le jour où il se rendrait compte que toi, celui dont il est le plus proche est tout ce qu'il a toujours appris à haïr. Foutu Arthur Pendragon. Si ce n'était pas un ami si loyal et un bon roi, il y a bien longtemps qu'il aurait eu mon poing dans la gueule... Alors même si tu l'as trouvé déplacé, ma question est légitime. Est ce que l'homme que je désire le plus dans ce monde à enfin trouvé une certaine réciprocité dans ses sentiments ?

Merlin baissa la tête. Serrant fort ses doigts entre eux, les triturants nerveusement. Des larmes menaçaient de déborder de ses yeux.

-Avec le sortilège d'Arthur j'ai eu.. Une ouverture. Mais même si je sais qu'il est attaché à moi, ça ne sera jamais à la hauteur de ce que je ressens pour lui, je le sais bien. C'est juste que... Je profite de cette ouverture avant qu'elle ne se referme. Et elle se refermera à la minute où il sera guéri.

-Mais tu cherches tout de même à le guérir.

Merlin haussa les épaules. Bien sûr qu'il allait le guérir. Comme si il pouvait en être autrement ? Plus que tout, il voulait qu'il se sente bien. Et jamais il n'aurait pû supporter de le voir toute sa vie enfermé dans cette chambre. Il l'aimait trop pour le garder aussi égoïstement. Gauvain avança une main timide jusqu'à la tignasse brune qu'il ébourriffa gentiment.

-C'est un roi Merlin, il ne peut pas laisser libre cour à ses passions comme cela lui chante, tu le sais bien. Profite du temps que tu as avec lui. Et le jour où ça devra finir ... Je serai ravi d'être l'épaule sur laquelle tu pourras pleurer.

Merlin eut un rapide petit sourire pendant que, du revers de la manche, il essuyait hâtivement ses joues trempées.

-Est ce que c'est Lancelot qui t'a dit que j'aimais Arthur ?

Gauvain ne pût empêcher un petit rire rauque de sortir de sa gorge.

-Merlin enfin ... Comme s' il était utile que quelqu'un le dise pour le remarquer ... Je crois qu'il n'y a pas âme qui vivent dans ce château, même Guenièvre, qui ne se doute pas de tes sentiments ...

-Mais comment ?

-Je sais pas ... ça vient peut être de la manière dont tu le regardes, le fait que vos taquineries constantes ne sont rien d'autre que du flirte... Et aussi peut être, et je dis bien peut être que ça peut jouer ... Le nombre de fois ou tu as risqué ta vie pour la sienne.

-Il est mon roi ... C'est normal pour moi de le protéger ... C'est mon rôle...

-Non Merlin, le protéger c'est mon rôle à moi ainsi qu'à tous les autres chevaliers de ce royaume. Ton rôle et de l'aider à enfiler son armure. Et pourtant tu l'as sauvé tellement plus de fois que nous ne le ferons jamais. Et tout ce que je ne sais pas ...

Merlin ne savait que répondre face à toutes ses révélations, heureusement il n'eut jamais à le faire puisque Perceval entra, les informant que le départ était imminent. à l'aube naissante, ils passaient les frontières de la ville.

Ils avaient déjà fait quelques lieux. Merlin profitait du soleil, encore jeune, qui, découpé par la canopée, dessinait des motifs merveilleux sur tout ce qu'il touchait. Il n'y avait pas à dire, pour l'instant tout se passait bien. Ils étaient encore proches de Camelot et, depuis qu'Arthur était roi, c'était un paysage non seulement passifié mais également sympathique aux représentants de l'ordre tel que Perceval et Gauvain. Pas des guerriers répressifs. Des gens simples et honnêtes, ici pour protéger et pour servir la population du royaume. Une bienveillance sans égale. Arthur était le meilleur des rois surtout grâce à ses chevaliers. Il savait que plus tard dans la journée, Arthur lui manquerait. Mais pour l'instant Merlin profitait amplement de sa balade. Respirant l'air frais à pleins poumons. Appréciant la senteur des fleurs en éclosion. La chaleur dégagée par son cheval. Il montait un peu en retrait de ses deux acolytes qu'il voyait discuter un peu devant lui. Et Merlin rit un peu face à l'évidence du spectacle.

Au bout d'un moment, Perceval pris la tête et Gauvain ralentit jusqu'à être à sa hauteur.

-Alors princesse ? Pas trop mal aux fesses ?

Merlin le détailla de bas en haut, avec exaspération et une lassitude anticipée à peine feinte.

-Pourquoi j'aurais mal aux fesses ? Ce n'est pas la première fois que je fais du cheval je te remercie.

-Oui certe... Mais avec tes récentes activités dans la suite royale ... ça pourrait ne pas faciliter la chose.

Merlin fronça les sourcils avant de comprendre ce que sous-entendait, très peu subtilement, Gauvain. Et face à ça il ne pût qu'afficher un sourire béat avant de retorquer d'un ton si naturel.

-Ho ! Parce que tu crois que c'est moi qui suis en dessous ? Ha nan, c'est pas ce que je préfère.

Merlin se délecta de la mine d'abord choquée, puis déconfite de messire Gauvain.

-Tu.. Tu baises notre roi ?

-Tu as intérêt à tenir ta langue... Parce que puisque tu sais que je suis magicien, je n'hésiterai pas à utiliser les pires sortilèges si jamais tu l'ouvres...

Gauvain se contenta d'hocher la tête. Bien plus choqué par la révélation précédente que par la menace.

-Tu es si surpris que ça que je sois au dessus ? Finit par demander Merlin face au trouble de Gauvain qui ne désépaississant pas. - Non... C'est pas ça... reprit-il, -Le problème c'est que ducoup, tu me veux nettement moins sachant cela. Sourit-il sadiquement. Gauvain ne répondit rien, mais son silence valait confirmation.

-Ho mais tu sais ... Continua le jeune sorcier, toujours ce petit sourire carnassier au bout des lèvres. Si tu veux quelqu'un de passif tu n'as qu'à demander à Perceval...

Le bourreau des cœurs de ces dames regarda devant lui la montagne de muscle qu'était son coéquipier. Puis il regarda Merlin perplexe. Il n'était plus capable d'aucun mots pour le moment. Trop de révélations avaient été faites. Et il ne les encaisse que mal.

-P.. Perceval ? Il n'est pas comme nous.

Merlin dû s'empêcher d'exploser de rire.

-Peut-être pas comme toi. Mais si tu voyais la façon dont il te regarde. à cet instant Gauvain reporta son regard en loin et remarqua que Perceval s'était à demi retourner pour zieuté dans sa direction. Et plus étrange encore, lorsqu'il l'avait vu, il avait immédiatement détourné les yeux, se reconcentrant sur la route.

-Crois moi Gwaine; il dira oui à tout ce que tu veux. Mais c'est un gentil garçon alors, n'en profite pas. Après avoir dit cela, il éperonna légèrement son cheval pour se caler à la hauteur de Perceval, laissant Gauvain réfléchir.