-Qu'est ce que tu as dit à Gauvain ? ça fait des heures qu'il à ce regard vide. Demanda timidement Perceval.
Merlin s'apprêtait à insulter l'intelligence de son ami avec une bonne blague satyrique lorsqu'une voix lui vrilla la tempe. Et pour cause, cette voix résonnait directement dans sa tête.
-" Quelle raison à ta présence en ces lieux ? Emrys ?" Merlin ferma les yeux et souffla un grand coup pour accepter cette terrible intrusion en son esprit et pour pouvoir y répondre.
- " Arthur" pensa t'il si fort que le prénom résonna dans l'esprit des druides sur des kilomètres à la ronde.
- " Ta destinée. Confirma le druide qui avait installé le dialogue. - Nous pouvons t'aider, mais viens seul, alors je te guiderai." Merlin sentit la connexion se rompre. Il porta la main à son sac en bandoulière pour constater à travers le tissu de la présence du grimoire qu'il n'arrivait pas à déchiffrer. Cette formule qui était le seul moyen d'extraire son roi de sa situation, ne serait-ce qu'un moment.
- Merlin ? Tu fais une drôle de tête... S'inquiéta Perceval face au mutisme de celui qu'il devait protéger au péril de sa vie. Comme l'avait dit Arthur cent fois, lorsqu'il s'agissait de Merlin.
- Hein ? Ho heu... Commença Merlin un peu décontenancé avant de se reprendre. - J'ai réfléchi et je pense savoir ce qui contrarie Gauvain... Laisse moi lui parler seul à seul, je vais essayer d'arranger les choses.
Perceval se contenta d'hocher la tête et de prendre la tête de la troupe. Quand le jeune sorcier arriva à la hauteur de Gauvain il lui mit un coup de coude dans les côtes.
- Oui les gens ne sont pas toujours la représentation émotionnelle de leur physique. Maintenant il faut que tu arrêtes de paraître aussi choqué de cette réalité pourtant évidente. On a de plus gros problèmes.
- Quel genre de problèmes ? S'enquit Gauvain.
- Hé bien tu vois quand je te disais qu'on était ici pour cueillir une fleur qui devait servir à la concoction du remède pour Arthur ?
- Ce n'est pas pour ça qu'on est là ?
- Non, pas tout à fait. En fait, on est là pour que j'aille voir les druides afin qu'il traduisent une ancienne formule pour débarrasser Arthur du sortilège qui l'accable durant la visite du roi Calogrenant après-demain. Pour ne pas heu... Le contaminer ?
- D'accord je vois... Mais comment on va trouver les druides ? Ils se cachent si bien qu'Uther à passé sa vie à les traquer en vain !
- Ha mais je les ai déjà trouvés, ils viennent de me dire de les suivre, mais seul.
Gauvain se retourna sur son cheval, essayant de voir qui pourrait se trouver là.
-Non mais ils ne sont pas juste là, ils sont un peu plus loin, ils m'ont parlé dans ma tête à l'instant.
-Attends... Tu veux dire qu'ils peuvent lire dans l'esprit ? Commença furieusement à rougir Gauvain avant qu'une autre réalité ne le frappe. - Et si toi tu les a entendu ça veut dire que toi aussi tu peux ?
-Quoi ? Non, c'est pas vraiment ça. Je ne peux pas lire dans ton esprit... Enfin je pense que je le pourrais si je le voulais vraiment et avec un peu d'entrainement mais... J'aurai trop peur de découvrir à quoi tu penses... Ce n'est pas de la télépathie, c'est plus un langage non verbal ...
Gauvain essaya d'assimiler toutes ces informations mais préféra se concentrer sur l'important.
-Ils veulent que tu viennes seul ? C'est sûrement un piège.
-Ce n'en ai pas un. Ce n'est pas la première fois que je vais les voir. Ils sont pacifistes. Et on est pareil eux et moi. En plus ils me voue une sorte de semi culte... Je suis dans leurs légendes depuis des siècles.
-Toi. Merlin. Une légende ?
-Le plus grand de tous les grands magiciens que cette terre n'est jamais connu et ne connaîtra jamais ! D'après eux. Rajouta il, le plus modestement possible.
-C'est à peine croyable...
-Fait moi un peu confiance. Je ne suis pas sans défense. Mais j'ai besoin de ton aide. Fais en sorte que Perceval n'insiste pas pour m'accompagner.
-Comment est-ce que je pourrai faire ça ? Il est l'un des chevaliers les plus consciencieux de la cour et il n'est pas sans savoir que si il t'arrivait quelque chose, on perdrait la tête et l'un et l'autre. Et pas dans un sens figuratif Merlin! Arthur nous l'arracherai de lui-même sous le coup de la colère.
Merlin soupira. Autant d'habitude il adorait l'attachement surprotecteur que montrait Arthur à son égard, autant à cet instant c'était plus que contraignant.
-Je vais faire en sorte de l'occuper. Mais s'il revient avant moi, couvre mon départ c'est tout.
Gauvain hocha la tête alors que Merlin allait rejoindre Perceval.
-Alors ? Qu'est ce qu'il ne va pas avec Gwaine ?
-Il est épuisé. Je crois qu'une pause ne serait pas de trop. Le soleil est à son zénith et même les chevaux ont l'air assoiffé.
Convaincu par ces arguments, leur petite troupe s'arrêta aux prochains ruisseaux. Et alors que Perceval était descendu de sa monture pour remplir sa gourde, les yeux de Merlin brillèrent. Et son cheval détala comme s' il avait le diable au trousse.
Perceval jura. Et c'est tout en s'éloignant déjà à sa poursuite qu'il lança à Gauvain.
-Ne quitte pas Merlin des yeux !
Les deux complices de cette fourberie odieuse restèrent un moment là, sur la berge, la bride de leur cheval en main à regarder l'instant où Perceval ne serait plus qu'un point parmis la végétation dense de la forêt. À l'instant même où se fût le cas, Merlin se hissa sur son cheval et déguerpit en sens opposé.
-Attends mais je fais quoi moi si il revient ?!
-Invente ! cria Merlin qui commençait déjà à être loin.
Gauvain resta là. Inerte. La bride de son cheval toujours en main. à attendre.
