Salut salut~
Comme vous le savez sûrement, j'adore souffrir
Et pour cette raison, et contre toute sagesse, j'ai décidé de retenter ma chance pour le Sicktember de cette année, tout en menant de front deux autres projets chronophages ! En reprenant la structure du NaNoWrimo bien qu'en le tordant un peu (1 667 mots minimum par thème), mais surtout sur un jeu et univers que je connais à peine xD Et oui, autant je suis encore sur Minish Cap, autant FSA dort encore dans sa boîte. Mais j'ai lu le manga !
J'appelle ainsi à votre indulgence, surtout que, contrairement à ma tentative précédente, je ne vais passer trente jours d'affilés dessus, à l'exclusion de tout autre chose, alors il y aura peut-être des incohérences et, surtout, des fautes.
J'utilise les noms anglais, au fait (Red, Vio, Blue, Green, Shadow).
D'ailleurs, le saviez-vous ? Si le titre en anglais du manga est "Four Swords", en français c'est "Four Swords Adventures" (deux jeux différents), ça va me faciliter la tâche pour le référencement, tiens xD (Dans le doute, j'ai fusionné tout ce petit monde avec Minish Cap, et ça nous fait un Four ! Applaudissez !)
Disclaimer : La légende de Zelda appartient à Nintendo
J'espère ne pas vous avoir fait peur, bonne lecture !
1- Désespérément mauvais pour prendre soin de soi
Le grattement de la plume s'élevait de manière quasi incessante, uniquement interrompu par la compulsation de livres, dans la petite étude de Vio. Celui-ci s'y était enfermé quelques heures auparavant en faisant passer le mot de ne le déranger sous aucun prétexte. Raison de vie et de mort incluse.
Malgré cette précaution, on toqua à plusieurs reprises à sa porte mais, comme il l'avait prévenu, il ne s'arrêta pas pour autant, ni n'y répondit, décourageant par la même occasion le perturbateur.
Que ne fallait-il pas faire pour obtenir un peu de temps pour soi, franchement !
En tant que personne « entière » Link n'était pas particulièrement réputé par son assiduité aux études ou à la lecture. Il était intelligent, on ne pouvait pas le nier, mais ça tenait plus de l'intuition et d'un bon instinct que de la culture. Il avait fini l'école avec des notes assez honorables, mais rien à voir avec celles de Zelda qui bénéficiait de cours supplémentaires inhérentes à sa fonction de princesse héritière.
En tant que petit-fils de forgeron et fils de chevalier, il avait acquis plus que les bases et c'était suffisant pour tout le monde. Il n'en ressentait aucune honte et passa les années suivantes sur les terrains d'entraînements avec les autres cadets, à soulever des armes et à renforcer sa discipline.
Puis Vaati se libéra de son sceau et Link se sépara en quatre personnes distinctes. Et parmi elles, Vio synthétisa toute la curiosité intellectuelle, le goût de la recherche, la compétitivité face à une bonne énigme, la soif d'en apprendre toujours plus…
Toute l'effervescence liée à cette quête démente les avait mis sur des charbons ardents, incapables de se pencher plus sur leur situation, avant que Vaati ne soit de nouveau scellé et que replacer l'épée se dévoile insuffisant pour fusionner de nouveau. Il leur avait fallu composer cette étrange nouvelle vie, apprendre à se connaître eux-mêmes, se présenter à des gens qu'ils avaient côtoyés toutes leurs vies alors qu'ils n'étaient « que » Link.
S'il y avait quelque chose de positif dedans, c'était sans doute que leur nouveau titre de héros leur évita d'être traité comme un… des monstres.
Vivre au-dehors de la capitale leur avait permis de se soustraire à l'éventualité d'être considéré comme des bêtes de foire, au moins, bien qu'ils passèrent les premiers mois à éviter de sortir ou le moindre contact en-dehors de leur famille. Et encore.
Si leur père, en tant que capitaine des chevaliers d'Hyrule, avait ses quartiers au château et pouvait ainsi rester là-bas, leur offrant plus de place, ça ne faisait qu'un lit vacant, et deux Link forcés de dormir par terre (il était évidemment hors de question de déloger leur grand-père, l'idée ne leur avait même pas effleuré l'esprit).
Une fois de plus, ce fut Zelda qui leur offrit la solution, ordonnant la construction d'une dépendance à la maison familiale où ils purent loger tous les quatre et ainsi créer de nouvelles marques. Ils avaient proposé aux deux hommes de s'installer avec eux aussi, mais ils avaient décliné, conscient que les quadruplés avaient besoin d'espace mais aussi de se retrouver entre eux. Et puis, ils ne se sentaient pas très à l'aise dans ce neuf, habitués qu'ils étaient de leur demeure ancestrale !
Bref.
C'était une journée aussi calme que routinière et Vio s'était décidé de mettre à profit de cette paix pour se pencher sur ses dernières acquisitions, prenant des notes de ses lectures.
Il était concentré sur cette tâche à l'exclusion de toute autre, à peine troublé par les tentatives d'entrer de ses frères, ne s'arrêtant que pour plonger de nouveau sa plume dans l'encrier ou pour obtenir plus de parchemin.
Pensivement, il massa un à un les muscles qui commençaient à exprimer leur inconfort, sans quitter sa plume des yeux. De sa main libre, il appuya sur les nœuds, les chassant en appliquant une pression ferme sur eux, serrant les dents quand la douleur s'amplifia. Il s'y prenait sans doute très mal, mais il n'avait clairement pas le temps de ralentir !
Avec les heures qui s'écoulèrent, la luminosité déclina et Vio commença à plisser de plus en plus les yeux, cassant l'angle de sa nuque pour voir de plus près, usant de sa main droite pour assister sa lecture.
La dépendance était bien trop récente pour avoir absorbée assez de chaleur et il était nécessaire d'alimenter régulièrement les foyers afin d'accélérer le phénomène, mais le feu était mort depuis bien longtemps. Il restait encore moins que des cendres dans l'âtre, occasionnant des frissons chez le jeune hylien.
Mais celui-ci n'en avait cure. Il s'était fixé un objectif à atteindre avant l'heure du coucher, et il avait bien l'intention de s'y tenir !
Sans s'en rendre compte, il n'eut finalement plus à forcer autant sur sa vue, une flamme coiffant la mèche d'une bougie dans sa périphérie. Il se redressa avec un soupir de soulagement, mais la nouvelle position tira alors sur les tendons et les muscles, sensations de fourmillement et brûlures s'alliant pour le convaincre de se lever une bonne fois pour toute.
Il releva à peine la tête alors qu'une sensation presque fantomatique chassa ses doigts et entreprit de pétrir à leurs places toutes ces petites zones mises à mal, déliant avec brio les tensions.
Ce nouveau confort lui fit soudainement prendre conscience d'à quel point ses paupières étaient lourdes, sa tête semblant vouloir tomber lourdement sur la table et sa lutte contre la gravité était de plus en plus difficile à remporter.
Prenant - enfin - une pause, il plongea son visage dans les paumes de ses mains, lâchant un soupir paraissant le secouer des pieds à la tête.
Lorsqu'il les rouvrit au bout de plusieurs minutes, il se découvrit recouvert de la couverture épaisse que Red tentait de tricoter, dans le cadre de la gestion de ses émotions débordantes et un peu de rééducation musculaire. Il la frôla du bout des doigts, la remontant sur ses épaules et la croisa sur son cadre, la respirant légèrement, puis reprit sa rédaction.
S'il avait été un tantinet attentif - ce que, franchement, il n'était plus depuis facilement trois bonnes heures - il aurait sans doute pu percevoir le soupir exaspéré ainsi que le claquement d'une main contre un visage, le tout dans son dos, quelques centimètres au-dessus de lui. Mais à l'heure actuelle, Vaati pourrait rentrer afin de dépoussiérer les tapisseries à l'aide de ses pouvoirs qu'il se contenterait de lui demander de faire moins de bruit.
Sa tête dodelinait régulièrement maintenant, ses yeux se plissèrent à nouveau malgré la luminosité, sa nuque était de plus en plus raide, sa vue se troublait et il perdait régulièrement le fil de ses pensées, forcé à relire encore et encore les mêmes lignes alors que les lettres s'emmêlaient en une bouillie infâme et incompréhensible. Son cerveau lui paraissait couler de ses oreilles tellement il se découvrait incapable de la réflexion la plus simple.
Il n'eut qu'un bref gémissement avant que son visage ne rejoigne le panneau de la table, soufflé au même titre que la bougie qu'il aperçut s'étiolant dans une minuscule flaque de cire fondue. Étrangement, il ne ressentit aucun choc à la rencontre du bois, mais il était à peine apte à ciller, alors formuler un raisonnement, peu importe sa complexité, était hors de sa portée actuelle.
Ce sera sans doute un problème pour Vio du futur, pauvre de lui.
Pour le moment, Vio de l'instant présent perdait de plus en plus sa dure lutte contre le sommeil qui embrumait ses neurones, gagnant du terrain sur sa lucidité en la grignotant petit bout par petit bout.
La flamme se noya finalement, plongeant la pièce dans les ombres, pratiquement au même moment où Vio perdit son combat, sombrant une bonne fois pour toute.
— J'en ai rien à foutre ! Il me gueule dessus si ça lui chante, mais moi, j'enfonce cette putain de porte !
— Non Blue, arrête !
Red n'en menait pas large, tentant de raisonner son frère tout en le suppliant de baisser la voix. Vio avait sommé de ne pas être dérangé et il tenait à respecter son vœu malgré l'inquiétude croissante qui l'étouffait et le rendait fébrile.
Derrière eux, Green les observait, clairement indécis. Il partageait l'avis des deux et attendait donc de voir, soutenant celui qui ira jusqu'au bout de sa décision.
Eh bien quoi ? Leader ne voulait pas forcément dire prendre parti. Parfois, c'était juste laisser les autres faire le sale boulot et donner le dernier coup une fois les projecteurs tournés vers vous !
Malgré tous ses bons arguments - il tenta même de le soudoyer avec ses plats préférés - Red ne remporta pas cette manche et dut bientôt se résigner à laisser Blue faire, ce qui était souvent la ligne de conduite la plus facile avec lui.
Ce gars avait la tête si dure qu'il pourrait bien l'utiliser pour enfoncer les portes, tel un bélier humain !
Malheureusement pour le plaisir du spectacle de Green, ce fut à coup de pied qu'il enfonça la porte, vociférant toute sa bonne humeur habituelle, avant de se figer, à la surprise de ses frères qui s'empressèrent de le rejoindre, leurs mains planant là où devaient se trouver leurs épées en temps normal, inquiets.
Mais rien d'affreux ne les attendait, en tout cas, rien ne nécessitant de brandir la moindre lame.
Juste leur dernier frère affalé dans son fauteuil, blotti dans l'horreur tricotée par Red (à son insu, ils avaient tous les trois jurés de ne jamais lui avouer ce qu'ils pensaient réellement de son talent tout relatif dans cette discipline, ne voulant pas le bouleverser), dormant profondément s'ils devaient en croire l'absence de réaction à leur arrivée des plus… virulentes.
— Oh, il est adorable ! gazouilla Red en tapant dans ses mains et sautillant presque sur place.
— J'parie que ça va encore être à moi de le porter jusqu'au lit, grogna Blue.
Green ne prit pas le temps d'objecter, au fait maintenant que ce n'était qu'une façade de la part de son frère, et se contenta de l'aider à le placer dans ses bras le plus confortablement possible.
Il fut le dernier à quitter la pièce, son regard vert pomme s'y promenant lentement, comme s'il cherchait à en graver le moindre centimètre carré dans sa mémoire. Ou pour débusquer la raison pour laquelle l'encrier était refermé, la plume soigneusement nettoyée et rangée, les livres proprement refermés et empilés à un coin du bureau ou encore les parchemins enroulés dans un tas bien propre.
Soit leur frère avait pressenti la venue du sommeil et avait rangé tout correctement avant de se laisser glisser dans les bras de Morphée, soit il s'était fait happer comme à chaque fois et quelqu'un s'était assuré qu'il était confortablement installé puis avait tout organisé pour son retour.
Sauf que tous les trois avaient vaqué à leurs occupations personnelles, de l'autre côté de la porte verrouillée.
Il la referma derrière lui, coupant accès à la lumière du couloir, les sourcils froncés, plongé dans ses pensées.
Laissée seule, une ombre s'extirpa du mur derrière la porte, soupirant de soulagement avant de flotter jusqu'au fauteuil abandonné et de s'y installer, les bras croisés derrière la tête et les pieds croisés sur le bureau, un rire de dérision passant ses lèvres alors qu'il s'esclaffait le plus silencieusement possible.
Shadow était dans la place !
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