Remus n'avait aucune idée d'où ils allaient comme ça ; la seule chose qu'il savait c'était que Sirius voulait à tout prix se faire pardonner. La curiosité du loup se faisait sentir, il captait toutes les odeurs environnantes, essayant de deviner le plus possible s'il allait passer devant cette maison aux effluves d'Hortensia carnivores ou cette échoppe miteuse et pleine de poussières qui n'étaient pas encore visibles d'ici.

Sur le chemin, Sirius eut soudain l'envie de papoter ; il donna un petit coup d'épaule amical à Remus pour attirer son attention. Ce ton nonchalant ne trompait pas son auditoire, le jeune homme aux cheveux noir de jais avait sans doute compris qu'il ne s'était pas bien comporté, en faisant des promesses à Peeves, mais Sirius n'arrivait jamais vraiment à s'excuser ; que par des détours ou avec une attitude trop légère, ou bien carrément de la manipulation affective.

"Au bal de Slughorn, je veux juste qu'on se fasse de bons souvenirs, d'accord ? Après tout, c'est notre dernière année. C'est pour ça que je me suis fait inviter par Bookard."

...et aussi parce que j'étais jaloux, voulait compléter Sirius mais son ami était visiblement encore en colère. La soirée de Slughorn serait gâchée par Peeves après tout, et tout cela à cause de lui…Sirius ne comprenait pourtant toujours pas comment son ami pouvait apprécier autant Lily ; pour lui les vrais amis comme les Maraudeurs devaient se serrer les coudes et avancer ensemble coûte que coûte, quitte à laisser d'autres personnes, moins méritantes, derrière eux.

"Je n'aime pas ça, avoua Remus en serrant les points. Enfin je veux dire, même si c'est Bookard, tu ne devrais pas faire ça.

-Et je n'aime pas que tu ailles au bal avec Lily, d'accord ? répondit doucement Sirius. Je me suis comporté comme un chien affamé, l'autre soir...tu sais, quand on a dormi ensemble…Enfin, je ne veux pas que ça gâche notre amitié, mais je ne suis pas un saint ; je ne peux pas laisser passer ça. Lily et toi."

Remus s'arrêta. Il se souvenait très bien de la lueur dans les yeux de son ami ce soir-là. Avec le manque de sommeil cela s'était transformé en mirage flottant, en fantasme qui venait l'obséder de temps en temps, en scène d'un univers parallèle très loin du sien ; mais est ce que Sirius confirmait ce qu'il avait dit à ce moment, en ce moment ?

"Par « l'autre soir », tu veux dire précisément, quand tu as dit...
-Quand j'ai insinué que je voulais te sauter dessus, continua Sirius avec une pointe de culpabilité ; pourtant il n'essayait pas de détacher ses yeux de l'autre.
-Que tu voulais me sauter tout court."

Horreur. Remus regretta tout de suite. Il avait pu balancer tout cela avec un ton si détaché, en automatique, car il ne savait plus comment réagir du tout. Saleté de cerveau qui ne pouvait pas s'empêcher d'essayer de faire un trait d'esprit, même au pire moment. Le lycanthrope ne se trouvait pas très spirituel, maintenant...

"Ahem...je veux dire sauter sur l'occasion pour...me faire un câlin...en toute amitié…"

Il était cramoisi et ses organes semblaient s'être tout d'un coup mis dans le désordre puisqu'il avait l'impression que rien n'était à sa place. Cette tentative de rattrapage était si ridicule qu'il sentait qu'il allait encore se fustiger des dizaines voire des centaines d'années sur celle-là. Sirius, de son côté, était déjà conquis depuis longtemps et il savait pourquoi, surtout en ce moment ; il le trouvait si adorable avec son cardigan mal ajusté et ce cerveau si intelligent et facétieux qui déraillait de gêne….De plus, il ne détestait définitivement pas quand l'autre Gryffondor utilisait un langage bien plus vulgaire que d'habitude ; au contraire. Le côté aristocratique de Black l'empêchait d'apprécier la vulgarité ailleurs que dans sa propre bouche, cependant Remus était une exception à cette règle imposée par des années d'étiquette. L'entendre utiliser ses lèvres si savantes se souiller au contact de ce genre de mots pourraient bien devenir un fétichisme, s'il n'en était pas déjà un. Il avait soudainement envie de le mettre plus mal à l'aise encore, paradoxalement avec ce qu'il s'était promis de faire...la perche était si gentiment tendue que le jeune homme ne pouvait que la prendre, le contraire aurait été plus qu'impoli.

"Tu as raison...finit par dire Sirius après un éclat de rire sonore. Je veux dire ce que tu as dit avant ça. Et je doute que ce soit juste l'amitié qui me motive."

Autre clin d'œil complice, cette fois coquin. Remus ne savait pas comment prendre cette discussion. Sirius insinuait-il qu'il était attiré par l'exotisme de sa lycanthropie ? Le jeune homme fatigué et incrédule ne pouvait vraiment pas croire qu'il lui ferait une chose pareille seulement pour « essayer » un produit rare ; l'ancien Sirius, celui qu'il était avant d'être ami avec lui, (une graine de Serpentard) probablement n'aurait pas dit non, mais pas l'ami fidèle, le protecteur.

"Ok Moony, je t'entends encore réfléchir, bougeons vite d'ici...Allez, en avant !"

Il reprit la marche et au passage, lui prit la main pour l'entrainer dans son mouvement.

Ils couraient maintenant.

Était-ce si mal de vouloir lui pardonner toutes ses bêtises ? Remus était très mitigé sur la réponse ; il ne savait pas encore ce que pensait vraiment l'autre, ni ce qu'il ressentait, à part_cela le faisait frissonner_ du désir, apparemment...pour ce corps frêle, mutilé et las ? Le sorcier n'y croyait toujours pas. Alors que Sirius savait très bien ce qui se cachait, terré, camouflé sous cette apparence inoffensive ? C'était un peu trop beau pour être vrai. Black était, de plus, un coureur de jupons invétéré. Il fallait dire qu'il ne cachait pas vraiment non plus son attirance pour les hommes…mais pour cela, Remus ignorait si elle allait plus loin qu'une simple théorie. Et là, ils se baladaient pour peut-être leur dernière sortie ensemble ; un loup-garou entrainé par cette main qui elle-même s'était baladée milles fois ailleurs qu'au creux de cette paume couverte de fourrure une fois par mois. C'était un délire de l'ordre intersidéral qu'il vivait en ce moment : est-ce que la gravité existait encore, autour d'eux ? Est-ce que les primevères écloraient bien ce printemps là ou, tout était fini pour de bon ? L'aspect et l'ordre du monde venait d'être fracturé par ce foutu Black et il ne tenait que par le miracle apporté par cette main dans la sienne.

Quand il la lâcherait ce serait peut-être le chaos : ce monde tel que l'aimait le Black qui se terrait sous cette couche si parfaite de Sirius, le populaire Gryffondor.

Est-ce que c'était horrible de penser que vivre dans un tel lieu, avec lui à ses côtés, ne serait pas si mal ?

Ils étaient arrivés devant une maison isolée avec une porte en bois, peinte en rouge. Elle avait un trou en plein milieu, en bas, à peine recouvert par du lierre. Très certainement une chatière de fortune...pour un très très gros chat.
L'aspect abandonné et la proximité du site faisait un peu penser à la cabane hurlante. Remus n'avait pas encore compris si c'était un rendez-vous ou pas mais déjà Sirius perdait quelques points. Son maquillage avait néanmoins coulé, lui donnant l'allure d'une drôle de créature, ce que Remus trouvait TRES divertissant ; le garçon lui donna mentalement plus de points qu'il ne lui en avait enlevé.

"Tu m'attends, d'accord ?

-Tu me laisses une occasion de m'enfuir, alors ?

-Tu vas rester, promis Sirius avant de se transformer brutalement en chien."

Remus, après avoir ordonner à ce foutu clébard de se remétamorphoser en un imbécile fini, regardait de tout côté, le cœur en délire ; et s'il y avait quelqu'un dans la rue ? Sirius et les autres ne s'étaient jamais déclarés au ministère en tant qu'animagi…il aurait tellement de problème si cela se savait ainsi que Peter, James.

L'endroit était bel et bien désert, pas un chat, et l'anxiété put enfin déserter le corps de Remus quand il réalisa qu'il n'y avait pas de danger. Sirius, ce chien, était encore en train de se faufiler difficilement dans ce trou qu'il venait de dégager avec ces crocs ; cet accès VIP était cependant encore trop petit pour sa taille de bête, qui n'avait (heureusement) pas atteint sa pleine croissance. Il arriva néanmoins de l'autre côté et finit par ouvrir la porte, tout propre et sans maquillage.

"Tu connais un sort pour enlever le maquillage ?

-Bellatrix, lâcha-t-il seulement. Tu ne veux vraiment pas savoir."

Je veux savoir. Malgré ses pensées, le jeune homme aux mèches grises s'empressa d'entrer, en refermant la porte derrière lui, très doucement. Au touché, il se rendit compte que la porte n'était bourrée d'aucun sort puis il vit qu'aucune clé ou cadenas n'empêchaient quiconque de rentrer de l'extérieur. Sirius le savait et haussa les épaules devant son regard interrogateur.

"Est-ce que ce n'est pas plus excitant de prétendre que c'est interdit ? »

Inutile de lui dire qu'il avait pris beaucoup de risques pour rien ; "risque" était probablement un de ses nombreux prénoms, ou bien le nom d'un de ses ancêtres pas trop éloignés.

"Tu as eu l'air ridicule, tout à l'heure, en te tortillant dans ce trou de souris, répondit finalement Remus pour se venger."

Sirius sourit ; il se disait certainement que sa blague exceptionnelle pouvait permettre tout, même d'y laisser un peu de dignité. Il fit passer Remus devant lui et sous sa demande, s'empressa de lui raconter comment sa cousine le forçait à jouer le rôle de poupée pendant les fêtes de famille. Avec tous ces traumatismes que Remus découvrait chaque jour par bribes, il se disait qu'il n'était pas étonnant que Sirius soit aussi instable dans ses émotions.

Malgré tout le détachement dont il faisait preuve dans sa voix, ce souvenir devait probablement lui rappeler des idées bien plus tordues de sa cousine. Brûlure de cigarettes, œil de crapaud dans son verre, dissection de son animal de compagnie… Remus n'attendait qu'une chose ; sortir de ce couloir exigu, arriver vers la source de cette magnifique lumière qui se profilait non loin et enfin, enfin ; regarder quelle expression se cachait dans le regard de Sirius, le seul endroit où on pouvait éventuellement voir un aperçu de ce qui se tramait réellement dans sa tête.

Ils étaient arrivés ; Remus ne vit que des vagues contours de ce qui ressemblait à un jardin car il s'était retourné beaucoup trop vite pour faire face à son ami.

"Tu n'es pas juste un Black, tu le sais ? Tu as le droit de montrer de la vulnérabilité sans transformer cela en histoires drôles. Tu es Sirius, et tu es un Potter. Un Potter, mais aussi un Pettigrow et tu es également...

-Un Lupin, compléta Sirius dont les yeux brillaient mais n'exprimaient toujours qu'une façade d'amusement.

-Exactement...et moi, tu sais ce que je fais, quand j'ai mal ?

-Tu te caches dans la salle de bain du dortoir ?

-Oui, répondit Remus, et je pleure tellement fort que vous êtes obligés de lancer des sorts pour que la porte s'ouvre. Pour me réconforter.

Cela arrivait après la violence et la culpabilité énorme de la pleine lune, Remus devait se retenir avant d'exploser parce que son visage n'était que bienveillance et sérénité lorsqu'on le soignait à l'infirmerie.

"Oui...tu fais ça.

-J'ai vraiment besoin d'un câlin, juste là, maintenant. Ici."

C'était plutôt Sirius qui en avait incroyablement besoin mais bon, tant qu'il ne le dirait pas, Remus parlerait à sa place.

"Tu en as définitivement besoin, acquiesça Sirius dont la voix se faisait moins joyeuse et plus pensive."

Avant que Sirius n'ait pu faire un geste, Remus l'entoura de ses bras et colla sa tête contre sa poitrine. Cela faisait beaucoup trop longtemps que le corps de Sirius était en manque de ce contact qu'il n'avait plus trop osé initier ces derniers temps, par peur d'être inapproprié...ou par peur d'avoir une réaction gênante. Et c'était lui qui avait proposé ce rapprochement ; ce même Remus qui n'était pas vraiment tactile ; il autorisait juste que Sirius, et les autres, s'invitent dans sa zone de confort de temps en temps, quand LUI le décidait...enfin, Sirius, lui, avait officieusement un accès gratuit et illimité à ses bras, son épaule...toutes ces zones qu'un ami pouvait toucher sans s'excuser. Ce dernier avait réussi parfaitement la mithridatisation car Remus s'apercevait qu'il adorait être si près de Sirius, le toucher et se laisser envahir par cette chaleur réconfortante. Ses sens semblaient plus développés maintenant qu'avant le contact et il se sentait étrange, habité par une présence familière. Dans son ventre, dans sa tête.

« J'ai très envie de te mordre, murmura-t-il dans un souffle, plus inspiré par son esprit loup que par celui d'élève et d'ami modèle. »

La phrase n'atteignit pas la conscience de Sirius ; il était vite passé de mélancolique à un stade différent ; un stade d'excitation tout animal qu'il essayait de dominer. Maintenant qu'il avait son Moony tout contre lui les images salaces dépassaient de loin toute la tendresse mimi-mignonne qu'il pouvait éprouver parfois, quand son esprit pervers daignait le laisser tranquille. Il faut dire que depuis le début de la septième année il était totalement au "régime" ce qui le poussait à ce genre de crise…et à part une fille qui s'était jetée sur lui pour l'embrasser sans son consentement, il n'avait eu de rapprochement « carnivore » avec personne depuis des mois.

Sirius ne savait pas quoi faire de ses bras qui menaçaient dangereusement de partir en exploration et imaginer une limace géante en bikini ne lui laissait que peu de temps avant que son excitation ne soit palpable, si l'image était sans cesse repoussée par une autre, plus vivide, de Remus qui...

Ce dernier sentait de son côté ce souffle un peu hiératique, rauque, ainsi qu'un changement d'odeur, des phéromones dans l'air, et il décida que c'était le bon moment pour se détacher de l'autre. Il ne savait avant pas à quel point cela pourrait lui faire plaisir que Sirius se mette dans cet état-là, à cause de lui. L'ambiance dans l'air le rendait tout aussi hésitant que pendant la bataille d'oreiller où il s'était mis à califourchon sur lui ; c'était plutôt bien de confirmer que tout cela n'était pas une simple projection de son esprit malade.

« Tout va bien ? demanda quand même Remus.

-Rappelle-moi s'il te plait les propriétés de l'Abracornus globuleux, suggéra Sirius qui avait une main sur son visage, comme s'il souffrait d'un mal de tête. »

Le loup garou voulut en rire ; à la place, il s'exécuta ; il en profita pour se tourner vers le jardin tout en récitant son texte par cœur, avec une voix très neutre. Ses yeux curieux se posaient sur chaque plante ; à sa grande surprise le jardin était plutôt grand, il y avait aussi milles odeurs que son nez pourtant entrainé ne reconnaissait pas et tout autant de créatures ; animaux ou insectes qui se baladaient ou faisaient la sieste sous ces plantes inconnues.

Après avoir fini son laïus, Remus s'éloigna de Sirius pour s'aventurer plus loin, poussé par une curiosité grandissante ; il y avait tellement d'espèces qu'il n'avait vu que dans des livres ; c'était vraiment impressionnant de voir toutes ces couleurs, toute cette diversité dans les formes. L'élève modèle était totalement sous le choc, subjugué, alors qu'un animal inconnu à fourrure venait se frotter contre lui en émettant des bruits qui ressemblaient curieusement à une bouilloire fumante. Quand il le caressa, il remarqua que les poils étaient recouverts d'une sorte de poudre ; elle brillait comme des paillettes et sentait un mélange de lilas et de sésame grillé.

« Un des jardiniers m'a expliqué qu'il se servait de cette poudre pour faire du maquillage, expliqua un Sirius, visiblement calmé qui s'était rapproché de lui. Il parait aussi qu'il apaise les brûlures de feu de dragons, je ne sais plus lequel.»

Remus hocha la tête sans se dépêtrer du sourire qui lui était venu soudainement aux lèvres.

« C'est un jardin partagé ; continua d'expliquer Sirius. Toutes les plantes attirent des espèces particulières…les sorciers qui sèment ici étudient plantes, animaux et insectes et permettent aux passants de prélever des fleurs ou de les regarder. C'est avec des ciseaux magiques que seuls les gardiens possèdent qu'on peut en couper, sinon il y a des sortilèges pour empêcher que quelqu'un ne saccage le jardin.
-Tu es venu plusieurs fois ?

-Assez de fois pour jouer les guides touristiques…mais bon, je risque d'inventer beaucoup d'informations pour t'impressionner. »

Remus fronça les sourcils.

« Je plaisante, je plaisante. Commençons par ici. »

Il devait s'être passer deux heures en un claquement de doigts et Remus se demandait si Sirius n'inventait pas plusieurs détails tant la description de ce qui les entourait était incroyable. Profitant de l'ombre d'un arbre qui abritait plusieurs oiseaux à trompe friands de moustiques, ils se posèrent tout deux sur un banc en pierre.

« Verdict ? Pardonné ou pas ? demanda Sirius, sûr de la réponse.
-Hmm…Je pense que j'ai besoin d'un pot-de-vin, d'abord. »

L'héritier des Blacks s'empressa de sortir le fameux « pot de vin » du fin fond du sac, qu'il portait depuis le début, et de réchauffer les gâteaux avec un sortilège que M. Potter lui avait appris en cuisinant. Remus était facilement corruptible.

« Est-ce que tu promets de ne rien dire à Peeves, de l'emplacement du bal de Slughorn ? demanda Remus, sans se servir de gâteau et de Biéraubeurre.
-Je n'allais pas le faire de toute façon… »

Sirius haussa les épaules, de très mauvaise foi, mais Remus était persuadé qu'il avait décidé à l'instant, effectivement, de ne pas le faire. Le garçon au teint pâle prit vite un gâteau, jugeant qu'il pouvait maintenant accepter cette offrande, maintenant qu'il avait mis les choses au clair.

« Comment tu connais ce jardin ? demanda Remus dont la question trottait dans

la tête depuis un petit moment.

-Il a été mentionné dans un livre sur Préaulard, répondit Sirius. »

Woouah. Son interlocuteur était impressionné. Sirius et les livres formaient un binôme plutôt étrange ; lui, ne lisait que des Bds à Poudlard, à part quand la lecture était essentielle pour les cours et qu'il avait envie de remonter sa moyenne. Sirius et les livres : c'était bizarrement très attirant pour un loup de bibliothèque. Remus ne savait pas en fait pas que son ami était un lecteur acharné dès qu'il s'agissait de trouver une information sur quelque chose de très spécifique. Il était assez obsessionnel d'ailleurs….

« Tu m'as demandé en début d'année ce que je voulais faire plus tard…voilà ta réponse.
-Tu veux donc faire guide touristique ? plaisanta Remus dont le contour des lèvres était déjà recouvert de chocolat.

-Très drôle ! [Sirius rit vraiment, à pleine dent et nettoya avec application le visage de Remus avec une serviette] Non, j'aimerai écrire, des choses objectives sur les espèces qui nous entourent. Les vampires, vélanes…les loups garous, les géants, leprechaun et tout un tas d'animaux, d'humains…avec des interviews, des images du quotidien ; éduquer les sorciers en gros, sur le sujet. »

Remus demeura interdit ; il s'était encore mis du chocolat sur le visage mais il ne s'en était pas rendu compte.

« Tu ne penses pas que je pourrai le faire ? s'inquiéta Sirius.
-Non, non…ce n'est pas ça, répliqua son partenaire de banc. Je pense que c'est vraiment, vraiment super ; avec ta fascination pour ces espèces et en plus, avec ta plume, tu te débrouillerais plus que très bien….. Je voulais juste m'assurer que tu ne faisais pas ça juste pour embêter ta famille ? Ou pour…[Remus toussota], de mauvaises raisons ?

-Peut-être aussi…[Sirius sourit et se remit à enlever soigneusement le chocolat qui maquillait les lèvres de Remus] Il n'empêche qu'il y a plus de bonnes raisons que de mauvaises. Et tu ne voulais pas étudier les animaux et les plantes ? Un jour, on pourra peut-être travailler ensemble ? »

En vrai, Remus aurait bien voulu partager l'enthousiasme de son ami ; il était vraiment content pour lui mais à cette question, il ne pouvait pas répondre honnêtement sans admettre une terrible vérité. Il n'y avait pas d'avenir pour lui en milieu professionnel. Poudlard avait eu la générosité d'accepter un loup-garou au sein de ses murs et de faire en sorte d'aménager les lieux, rien que pour son confort. Cependant, l'univers des sorciers n'avait pas une telle ouverture d'esprit et les emplois pour les loups-garous ne concernaient qu'un monde violent ; le monde de la nuit et de la magie noire, les combats clandestins et les meurtres…Autre part, personne ne l'accepterait et il ne pourrait pas cacher sa nature ; un simple sort, très utilisé pour les entretiens d'embauche, pouvait vite le dénoncer et les loups-garous n'avaient pas le droit de travailler dans le monde moldu, pour des simples questions de sécurité.

Sirius le savait bien, mais il était bien plus optimiste que Remus ; des loups-garous avaient déjà réussi à écrire des best-sellers ; il n'y avait aucune raison pour que son ami ne puisse pas se trouver une place au sein de cette société, lui qui était si brillant.

« Je suppose qu'on pourrait, murmura Remus, avec un petit sourire forcé. »

Une cloche se fit entendre pendant cette phrase et le loup-garou ne put s'empêcher de penser que cela donnait au tout une ambiance assez dramatique. L'univers avait toujours des moyens détournés pour mettre à nu la vérité.

Sirius profita de cet air songeur pour lui poser une biéraubeurre fraîche sur les genous.

« Dans une demi-heure, ce sera le moment de dire à James et Peter qu'on va au bal de Slughorn…souffla le charmant Gryffondor, et surtout, avec qui. »

Remus souffla aussi et ouvrit sa biéraubeurre.

« Alors, buvons. »

Le tintement des bouteilles fit fuir plusieurs créatures curieuses, qui s'étaient rapprochées discrètement, et en attira d'autres, affamées ; ces dernières pensaient certainement que venait le moment du repas.