Mimimimimi (= miaulement d'émerveillement niais) : tu es merveilleuse Titou Douh, viens plonger avec moi dans une piscine de niaiserie pour mon plus grand plaisir, mille mercis de la part d'Aristote, d'Ambuela et de la mienne bien sûr. Tu vas les retrouver vite ce soir et demain !

J'espère que la suite te plaira, et que tu la trouveras toute aussi niaise hihi.

Bonne lecture !

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Chapitre 2, Morceaux d'envie - Mai décidé

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Ce n'était plus à la lettre de Melania qu'il pensait depuis trois jours. Non. Il n'avait même pas répondu à la lettre de son ancienne amante. Il n'avait plus envie. C'était exactement ça : il n'avait plus envie de faire le moindre pas vers Melania. Elle avait été son amie à Poudlard puis elle l'avait effacé de sa vie quatorze ans plus tôt en ne répondant pas à sa lettre. Qu'importe qu'ils se soient ensuite revus puis qu'ils aient été amants : il avait fait comme elle à l'époque, il ne lui avait pas répondu. Le message était bien plus clair finalement. Il l'avait retrouvée quatre ans plus tôt, et aujourd'hui, c'était lui qui ne lui répondait pas. Il avait finalement été bien plus patient qu'elle à la réflexion.

Alors non, ce n'était pas à la lettre de Melania qu'il pensait depuis trois jours. C'était à la lettre qu'il avait plus que tout envie d'écrire à Ambuela Fortescue.

Il voulait encore de cette spontanéité, de cette fraîcheur dans la discussion, de ce badinage un peu coquet et un peu spirituel. Il voulait encore l'entendre retourner ce qu'il pensait savoir et simplifier ses pensées tourmentées.

Il était intrigué par Ambuela Fortescue. Il avait envie, elle, de la connaître. De la revoir même.

« Mr Parkinson ? Puis-je entrer ? »

Il releva la tête du parchemin qu'il devait lire, mais qu'il se contentait de regarder depuis tout à l'heure, pour tomber sur la Cheffe des Aurors. Ça sentait mauvais.

« Maugrey, quel bon vent vous…

— Feuaupoudre-Maugrey, le reprit-elle en entrant dans le bureau.

— Feuaupoudre-Maugrey, oui, excusez-moi. Quel bon vent vous amène ? reprit-il. »

Il enroula le parchemin de l'Ambassadeur des Balkans contenant d'ultimes recommandations en vue de la future passation pendant que Feuaupoudre-Maugrey se plantait devant lui, bras croisés et inébranlable. Cette sorcière lui faisait légèrement froid dans le dos. D'abord, il était certain qu'elle pratiquait la Légilimantie sans baguette. Ensuite, elle avait ce quelque chose d'impassible et d'inflexible dans le regard, mais d'une façon toute autre que les Ambassadeurs et les politiques : elle montrait cette fermeté ouvertement, là où les relations habituelles d'Aristote essayaient de l'enrober d'un sucre de douceur et de bienveillance frauduleuses.

« J'ai besoin que vous me mettiez en contact avec mes confrères des Balkans.

— Mais encore ? insista-t-il. »

Il faisait tout, depuis qu'il avait commencé ses études, pour maintenir les relations de la Grande-Bretagne avec les royaumes sorciers réunis sous le nom de Balkans. S'il commençait à laisser carte libre aux Aurors britanniques, certes très compétents et sérieux mais bien trop téméraires et peu prompts à la politique, toutes les petites querelles de ces royaumes exploseraient. Les Balkans chasseraient les relations diplomatiques, se renfermeraient sur eux-mêmes, se feraient la guerre, puis, une fois plus ou moins apaisés, tenteraient de sortir de leur solitude en écoutant quelqu'un leur promettre monts et merveilles. Il suffisait d'un rien pour que la situation ne s'enflamme. La crise avec le gouvernement allemand avait déjà failli voir la moitié des royaumes basculer deux ans plus tôt… Alors non, il ne pouvait pas laisser le champ libre à Grindelwald pour entrer sur ces territoires en nourrissant ces petites rivalités de promesses grandioses mais destructrices. Il avait déjà constaté assez de massacres inexpliqués, de familles déchirées et de violences en tout genre pour permettre au chaos de s'infiltrer partout. Le Royaume-Uni avait besoin des Balkans comme alliés dans la lutte contre Grindelwald, pas comme ennemis. Nurmengard n'était pas un mythe, il en était certain, et l'horrible prison devait bien se trouver quelque part. Il y avait eu beaucoup trop de disparitions inexpliquées depuis dix ans et trop peu de corps retrouvés.

« Mr Parkinson, je suis cheffe des Aurors, je n'ai à répondre que de monsieur le Ministre, rappela sèchement Feuaupoudre-Maugrey.

— Moi de même, Mrs Feuaupoudre-Maugrey. Nous pouvons aller discuter de ce pour quoi vous êtes ici face à lui, si vous le préférez. »

Ils étaient tous là pour la même chose, par Merlin. Ce n'était pas la peine d'entamer immédiatement des rapports de force quand tout pouvait se jouer dans le dialogue. Heureusement que la cour balkanique était une bonne école pour garder son calme et se faufiler entre les mailles du filet avec adresse.

« Hector Fawley ne veut pas entendre parler de Grindelwald, répondit-elle avait exaspération. Pourtant, Bones-McFoy est bien détenue quelque part. Nous la cherchons depuis un an, et elle a disparu dans les alentours de Podgorica. Je veux relancer les recherches pour Nurmengard là-bas. »

Ça, c'était de la bonne diplomatie à la méthode Auror : pas de chichis, droit au but, et très clair.

« La brigade des Zora a déjà tourné et retourné la zone, Mrs Feuaupoudre-Maugrey, rappela-t-il avec crispation. De plus, les Balkans ne sont pas alliés à Grindelwald, ni à la politique allemande. Ils ne cachent pas Nurmengard sur leur territoire. Je ne peux pas vous laisser entrer là-bas avec ce motif, fit-il catégorique. »

Et pourtant, il n'était jamais bon de se mettre à dos la nouvelle cheffe des Aurors fraîchement nommée. Le visage déjà figé de Feuaupoudre-Maugrey perdit le peu de chaleur qu'il lui restait.

« Gabriella est la meilleure d'entre nous, elle est Legilimens, elle avait reçu des menaces lorsqu'elle était là-bas, mais vous ne voyez pas ce qui peut me pousser à vouloir reprendre les recherches là-bas ? demanda dangereusement l'Aurore.

— Les recherches menées par votre prédécesseur n'avaient rien donné. Ne faites-vous pas confiance à Mr Dragonneau ? reprit-il en cachant toute inquiétude et agacement. De plus, les Croates, les Serbes, les Slovaques et les Kosovares envoient des troupes à la recherche européenne de Nurmengard. Ils n'auraient aucun intérêt à…

— Ce n'est pas à vous que je vais apprendre ce qu'est une couverture, Mr Parkinson, non ? Et puis Podgorica est dans le Monténégro, je connais ma géographie des Balkans, contrairement à Mr Dragonneau. »

Dragonneau était un peu trop Poufsouffle pour le bien d'Aristote Parkinson, mais il avait fait un travail très sérieux. Il n'avait pas abandonné cette piste pour faire plaisir aux Monténégrins, seulement parce que rien ne laissait penser que Nurmengard se trouvait sur leur territoire. Territoire qu'ils avaient arpenté pendant des mois sans rien trouver de concluant.

« Et moi, je connais leurs habitants, et je vous assure qu'absolument rien n'indique que Nurmengard se trouve sur ce territoire. Maintenant, si vous voulez que nous voyions avec Fawley, proposez une réunion, mais vous n'irez pas dans le royaume du Monténégro pour cette raison.

— Cette raison ? On parle d'une Aurore britannique disparue depuis un an ! Qui sait dans quelles conditions elle est détenue !

— Je le sais bien, reprit-il plus calmement, et j'en suis tout autant inquiet que vous. Mais elle n'est pas dans le Monténégro. »

Feuaupoudre-Maugrey allait répliquer. Il préféra ajouter :

« Les Monténégrins cherchent une alliance avec les Croates qui sont de farouches opposants à Grindelwald, Feuaupoudre-Maugrey. Si les Croates ont le moindre doute, je vous en informerai personnellement. »

L'éclat métallique de l'œil de l'Aurore brilla un instant avant qu'elle n'hoche la tête d'une manière militaire. L'instant d'après, elle tourna les talons et s'échappa de son bureau.

Quant à lui, ses pensées s'échappèrent à nouveau vers Sarajevo, où il reprendrait la place de Pelagius Slughorn dans trois mois. Où il serait à nouveau seul. Où il devrait tirer les ficelles et jouer au bel anglais avec tous ces rois et toutes ces reines qui essayaient sans cesse d'agrandir leurs territoires par des chicanes, des guerres, des procès et des mariages arrangés qui le mettaient tellement mal à l'aise. Il essayait de ne pas s'impliquer, de faire le minimum, de s'impliquer uniquement professionnellement. De jouer avec tout ça. Mais il n'était pas certain que ces royaumes tiendraient encore longtemps face à l'opposition populaire croissante qui voulait partir ouvertement en guerre contre Grindelwald et l'Allemagne. Hector Fawley, le Ministre de la Magie britannique, dans la lignée du Ministre moldu, décidait pour l'instant que les dynasties balkaniques étaient sûres. Mais Aristote en doutait de plus en plus.

Après tout, les choses avaient peut-être autant changé que Pelagius le disait : il était depuis deux ans au Bureau de la Coopération magiques internationale britannique, au Service de l'Europe de l'Est. C'était officiellement pour faciliter la communication avec l'Ambassade balkanique en Grande-Bretagne. Mais s'il avait avancé des arguments pour rentrer, c'était uniquement pour rompre avec la solitude. Pour s'apaiser plus longuement auprès de Melania.

Ces deux années n'avaient été qu'illusion bien sûr. Il avait espéré pour rien. Il avait espéré qu'ils seraient un jour heureux, ensemble, rien que tous les deux, qu'il la convaincrait de quitter son époux avec cette plus grande proximité et viendrait avec lui à Sarajevo. Il avait pris le risque de se brouiller avec son meilleur ami – cousin de l'époux de Melania – pour une illusion. Pollux n'était au courant de rien : Aristote lui avait toujours parlé de Melania comme sa maîtresse. Il avait précisé qu'elle était brune et mariée, mais c'était tout.

La solitude était revenue avec mille fois plus de force deux semaines plus tôt, lorsqu'il était parti de la chambre d'hôtel sans se retourner, épuisé et complètement désillusionné par leur dernière discussion. La prétendue sérénité que Melania lui apportait s'était envolée, comme la fumée d'une illusion.

Il n'avait eu personne à qui parler. Il avait bien dit à Pollux qu'il avait enfin mis un terme à la relation qu'il entretenait avec sa maîtresse mariée. Mais Pollux n'avait rien trouvé de mieux que de lui suggérer de demander un rendez-vous à sa cousine. La silencieuse et travailleuse Charis Black. Pollux ne pouvait pas comprendre. Il n'avait connu qu'Irma que ce soit à Poudlard ou maintenant qu'ils étaient mariés depuis quatorze ans. Il ne pouvait pas comprendre la solitude et le poids du silence.

Un silence qu'avait agréablement rompu Mademoiselle Ambuela Fortescue. Avec une conversation légère mais pleine d'esprit. Sans manipulation. Sans prise de tête. Simplement bienveillante.

Oh et puis zut, il pouvait bien lui envoyer une lettre, non ? Une personne lumineuse comme elle méritait largement qu'il prenne le risque de se faire ignorer. Une personne lumineuse comme elle méritait aussi qu'on lui témoigne son affection et son intérêt. Elle ne méritait pas qu'on la laisse partir sans la connaître.

Chère Mademoiselle Ambuela Fortescue, écrivit-il en toutes lettres avec amusement. Peut-être lui répondrait-elle en usant de ce Damoiseau vieilli ?

Je pense à vous envoyer cette lettre depuis trois jours, mais la pudeur et la timidité m'en ont empêché.

Non. Pas pudeur. C'était si ridicule. Simplement timidité.

… timidité m'en a empêché. Peut-être aussi la crainte de ne pas recevoir de réponse. Notre brève conversation tourne en boucle dans ma tête, tant vos réflexions et votre voix…

Non, pas de compliment. Le tout deviendrait beaucoup trop intime. Oui mais… non mais ce serait trop rapide.

… tant vos réflexions m'ont diverti et m'ont donné envie d'en entendre d'autres. Il y a toute une lumière dans vos gestes et vos mots qui m'ont permis d'oublier cette fameuse lettre dans le fond d'un tiroir. Je la garde non comme un souvenir, mais comme une preuve discrète à sortir si mon ancienne maîtresse tentait de me faire du chantage. Son époux est le cousin de mon meilleur ami – le seul véritable à vrai dire – et elle le sait parfaitement. Et puis tant que je ne serai pas certain qu'elle ait compris que je n'ai plus envie, je préfère garder une trace.

Non, mais il ne pouvait pas lui dire cela. Pour qui passerait-il, à vouloir garder de quoi faire à son tour du chantage à Melania ? Et puis d'où avait-il besoin de se justifier ? Il effaça d'un coup de baguette les trois dernières phrases.

… fond d'un tiroir, comme une paire de gants anciens, trop étroits et oubliés.

Oui, c'était mieux ainsi. La lettre était comme son histoire avec Melania : définitivement ancienne, étouffante par le peu d'avenir qu'elle lui avait proposé, et oubliée.

J'avais une question pour vous. À présent que vous savez que je n'ai pas d'alcool préféré, puis-je vous retourner la question ? Quel est votre alcool préféré ?

Le sourire idiot qui s'empara de ses lèvres l'étonna lui-même. D'autant plus lorsqu'il ajouta un encore entre je n'ai pas et d'alcool préféré.

Il recopia prestement la lettre sans perdre le sourire idiot qui lui aurait fait honte si quelqu'un l'avait vu. Il usa de son écriture la plus régulière et signa Damoiseau Aristote Parkinson avec une euphorie d'adolescent. Il retira son sceau, plia la lettre proprement, appliqua de la cire rouge et enfonça le blason symétrique des Parkinson sur la tache de cire. Lorsqu'il le retira, la balance s'anima mollement dans la cire au-dessus de la devise séculaire : Nec spe, nec metu.

« Au Diable ce pas d'espoir, pas de crainte. J'ai de l'espoir et j'ai de la crainte, et alors ? marmonna-t-il en agitant le pli pour faire sécher le tout. Merlin, où habite-t-elle ? Fortescue, Fortescue, j'ai lu ce nom ce matin dans…

La Gazette sur son bureau lui rappela ce qu'il devait savoir. Fortescue. Propriétaires du domaine de Fortarôme au pays de Galles. Il est vrai que son accent avait été gallois. Et sur l'image… oui, l'homme lui ressemblait un peu. La suite de l'article annoncé en première page était page 4. Peut-être y aurait-il une autre photographie de…

Oh Morgane, c'était bien elle.

Willem et Falbala Fortescue, et leur fille.

Comment n'avait-il pas pu le voir ? Il lisait beaucoup trop la presse balkanique. Il fallait vraiment qu'il lise également la presse anglaise avec attention.

Miss Ambuela Fortescue,

Château de Fortarôme,

Pays-de-Galles

« Alors, Lazlo, décidé à faire un voyage au Pays-de-Galles ? » demanda-t-il à son hibou.

Il se leva de son bureau et vint lui chatouiller le cou, entre ses plumes brunes, comme le hibou l'aimait. L'oiseau hulula joyeusement et le laissa placer la lettre dans le petit tube sous ses pattes.

« Elle s'appelle Ambuela Fortescue, au Château de Fortarôme, tu t'en souviendras ? » s'assura Aristote Parkinson.

Lazlo ne demanda pas son reste et partit dans les couloirs du Ministère. Aristote crut entendre un cri dégoûté, et pensa une nouvelle fois qu'il faudrait trouver une meilleure façon de communiquer que celle nécessitant des hiboux au sein du sous-terrain qu'était le Ministère de la Magie.

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Je vais essayer de mettre la suite demain, je vais prendre un rythme de publication tous les mercredis et je vais le tenir, vous allez voir !

Bonne nuit, et à la semaine prochaine peut-être (coeur)