Bonsoir.
A partir de ce chapitre, le ton léger disparait petit à petit. Après, tout dépend de la sensibilité de chacun mais mieux vaut prévenir pour rien (la classification et les genres choisis dans le résumé sont en grande partie due à cette deuxième moitié de l'histoire). J'espère toutefois que ça vous plaira.
Merci également pour les retours, ça me permet de voir que l'histoire est lue et de m'améliorer petit à petit pour de potentielles futures histoires.
Bonne lecture à vous !
Chapitre 18
Ce fut dans un Marineford en ruine que Navy revint. Les lieux étaient à peine reconnaissables, les débris avaient été rassemblés dans un coin et une ambiance de mort était encore présente. La contre-amirale entra dans ce qu'il restait de la base et se dirigea par automatisme vers le seul lieu où elle se sentait en sécurité : le bureau de Sengoku. A l'intérieur, elle y vit le bouddha, semblant plus fatigué que jamais. A cette vision, un pincement au cœur se fit sentir. Sengoku avait souvent eu l'air fatigué mais il ne lui avait jamais paru si vulnérable et abattu qu'à ce moment-là. Ne sachant pas comment gérer ce type de situation, Navy se contenta de rester sur place et de signaler sa présence.
« Sengoku… Je suis rentrée. »
A l'entente de cette phrase, Sengoku leva brusquement la tête, les yeux écarquillés. Sans y penser plus longtemps, il se leva immédiatement et, avant de comprendre ce qu'il se passait, Navy se retrouva entourée de deux bras protecteurs. Alors, rendant son étreinte au bouddha, la jeune femme se permit enfin de pleurer. Elle ne savait pas si ces larmes étaient causées par la colère, la frustration ou encore le soulagement mais les faits étaient là : en présence de Sengoku, elle avait l'impression de rester une enfant.
Elle ne sut combien de temps s'écoula mais Sengoku ne la lâcha que lorsqu'il fut certain qu'elle était en état. Alors, il se recula et voulut prendre un air sévère mais il n'en eut ni la force, ni la volonté. Il se contenta donc de soupirer et de caresser la tête de la Monkey D.
« Tu es revenue.
- C'était l'ordre de mon supérieur. Je ne pouvais qu'obéir.
- Hm… Je sais ce qu'ils voulaient te faire faire. J'assumerai les conséquences de cet… ''échec''. »
Pour toute réponse, Navy se contenta de hausser les épaules, tentant de paraitre détachée.
« Navy… Beaucoup de choses se sont passées pendant ton absence… et beaucoup de choses vont changer. J'espère que tu me pardonneras cette décision. »
Cette réplique lui fit froncer les sourcils. Cela n'annonçait rien de bon.
« … Sengoku. Que se passe-t-il ?
- … Repose-toi d'abord. Nous aurons tout le temps de discuter une fois que la situation s'améliorera.
- Va-t-elle s'améliorer ?
- Je l'espère. » Ne put que répondre Sengoku
Navy fut mise à l'écart de toute l'agitation et se trouva dans son appartement à Marineford. Le quartier avait étonnamment été épargné. De nouveau seule avec le silence, elle s'assit et se permit enfin de souffler. Elle était enfin de retour mais ce retour s'était avéré beaucoup moins serein qu'elle ne l'avait imaginé.
Il était toutefois hors de question de rester sans rien faire : elle avait eu beaucoup d'informations en peu de temps et il fallait qu'elle sépare le vrai du faux, à commencer par le coquillage remis par Dragon. A peine y eut-elle penser qu'elle le sortit de sa poche pour l'examiner. Elle reconnut le coquillage comme étant un Dial et, plus précisément, un audio Dial. Après avoir vérifié qu'il n'y avait aucun piège apparent, la brune se décida à l'activer afin de connaître son contenu. Elle choisit un enregistrement au hasard. Une voix en sortit alors, voix qu'elle reconnut comme étant celle de Dragon bien que semblant moins sûre et surtout, plus jeune :
« Journal de bord, année 1494… Il m'a été donné l'ordre de réprimer une guerre civile… ou plutôt la révolte d'un peuple opprimé. Je ne peux plus fermer les yeux sur les agissements du Gouvernement, je ne me suis pas engagé pour ça. »
Navy fronça les sourcils. Engagé ? Dans quoi ? Elle passa rapidement les enregistrements, s'arrêtant quand sa curiosité était piquée.
« … Army a rejoint la Marine malgré mon interdiction. Elle souhaite m'aider. Son fruit de l'information pourra certes être plus qu'utile… mais je ne veux pas la mêler à ces histoires… Je ne veux pas qu'elle se mette en danger ou qu'elle doive un jour choisir entre notre père et moi. »
« … De plus en plus de personnes se rallient à notre cause. Le Gouvernement commence à avoir des soupçons me concernant. Je ne sais pas combien de temps je pourrai rester dans la Marine… »
« … Je ne sais comment, le Gouvernement a découvert le pouvoir d'Army et il compte l'utiliser pour recueillir et stocker des informations jugées sensibles. Elle me dit que c'est une chance d'en apprendre plus mais il est hors de question de lui faire courir ce risque. Son esprit ne tiendra pas avec toutes ces données. »
« Je viens d'échapper à une tentative d'assassinat. Le CP9… A défaut de preuve, ils ont donc décidé de me réduire discrètement au silence. Je ne suis plus en sécurité, il faut que je parte… mais avant, je vais me faire un plaisir de donner un coup de pied dans la fourmilière. »
Navy regarda la date du dernier enregistrement écouté. 1502 : l'année où l'Armée Révolutionnaire a officiellement existé, à la suite d'un soulèvement dans un pays… et également l'année de sa naissance.
« Je pensais qu'elle aurait été en sécurité loin de la base. Elle était avec un homme respecté au sein de la Marine et elle-même était irréprochable, ils n'auraient pas pu lui faire quoi que ce soit dans des circonstances normales… mais le rapport qu'on m'a transmis était clair : ils ont volontairement éloigné Sakazuki et ont divulgué la position d'Army à ses détracteurs. Le Gouvernement savait que nous allions agir et en a profité. »
Un fort coup se fit retentir avant qu'un long silence suive. La contre-amirale attendit un peu et, pensant l'enregistrement terminé, elle avança sa main pour passer au suivant mais elle fut arrêtée par la voix de Dragon retentissant de nouveau :
« Quelque chose ne va pas dans ce rapport. »
Puis l'enregistrement se coupa net, faisant hausser les sourcils de la jeune femme. Dragon avait visiblement l'art du cliffhanger.
Sachant qu'elle arrivait à la partie qui l'intéressait, Navy lança l'enregistrement suivant.
« L'enfant d'Army est en vie… par je ne sais quel miracle, elle est bien en vie… et je l'ai. »
Dragon, 33 ans
En relisant plus attentivement le rapport, Dragon tiqua. Comment de simples pirates auraient-ils pu connaître la localisation exacte d'un vice-amiral et d'une contre-amirale ? Quelles étaient les probabilités pour qu'ils attaquent durant l'absence de Sakazuki ? Puis, surtout : à quoi était dû ce détour qu'il voyait dans le transport des corps ?
Le navire les transportant semblait avoir fait un arrêt sur une petite île de Grand Line mais, n'étant pas une île permettant le ravitaillement, il ne comprenait pas l'intérêt de cet arrêt… sauf s'il y avait quelque chose à y déposer.
Un seul moyen d'en être certain : s'y rendre.
Sans prévenir personne, au grand dam de ses compagnons, Dragon prit la mer en direction de cette île perdue. Officiellement, il ne s'agissait que d'une île sauvage : ni civilisation, ni trésor ne s'y trouvait. Il ne fut donc pas surpris quand, arrivé au petit jour, il trouva une dense forêt d'où provenaient les cris de différents animaux. Sans pour autant baisser sa garde, Dragon tira son embarcation jusque dans une grotte et entreprit de faire le tour de l'île. Quelle ne fut pas sa surprise de voir, amarré sur une plage plus loin, un navire de la Marine. Quelques temps plus tard, des soldats semblant faire des rondes passèrent non loin de lui. Restant caché, le Monkey D observa les alentours.
Une simple forêt ne serait pas autant surveillée.
Le plus discrètement possible, Dragon suivit les soldats. Ces derniers, après un tour, le conduisirent jusqu'à un bâtiment non visible depuis la côte. Ce bâtiment avait l'air, à première vue, abandonné mais les bruits de machines qu'il entendait laissait peu de place au doute : il y avait de l'agitation à l'intérieur et ce n'était pas que depuis récemment.
Le brun attendit patiemment non loin et profita d'un changement de gardes pour s'infiltrer à l'intérieur. Le tout était dorénavant d'amasser un maximum d'informations. En faisant le tour, Dragon comprit qu'il devait s'agir de laboratoires. De temps à autres, il voyait passer des personnes en blouse blanche mais aucune personne capable de sentir sa présence.
Circuler à l'intérieur s'était avéré plus simple que de s'y introduire, tous les soldats devant certainement se trouver à l'extérieur. Ce lieu ne le rassura pas pour autant. Il avait déjà eu vent des expérimentations que le Gouvernement était capable de faire et ce lieu semblait être l'endroit idéal pour cacher aux yeux du monde ce type d'expériences. Il attendit la nuit pour investiguer plus en profondeur, profitant qu'il y ait moins de déplacements. Alors, doucement, Dragon entra dans une pièce dans laquelle plusieurs scientifiques avaient fait des allers-retours et ce qu'il y vit lui sembla hors de la réalité : un fœtus dans une cuve. Le Gouvernement était-il fou au point de mener des expériences sur des nourrissons ?
Ledit nourrisson semblait en vie, comme l'indiquaient les machines reliées à la cuve. Prudemment, le jeune homme s'en approcha et observa le fœtus. Ce dernier, semblant conscient d'une présence, ouvrit les yeux et le fixa intensément. Ce n'était pas le regard d'un bébé normal.
Faisant fi de son mauvais pressentiment, Dragon attrapa les dossiers devant la cuve, les feuilleta et pâlit à mesure de sa lecture. Il leva rapidement les yeux pour croiser de nouveau le regard du fœtus.
« … C'est impossible… »
Une arme. Il avait devant lui une arme vivante créée sur-mesure par le Gouvernement, pour le Gouvernement. Et pour cela, les scientifiques de ce lieu avaient utilisé un bébé qu'ils avaient jugé avoir un patrimoine génétique assez prometteur pour supporter une liste interminable d'expériences. Le brun se replongea dans le rapport afin d'être certain d'avoir lu correctement. Tout y était détaillé : le miracle de sa survie, montrant des capacités déjà hors normes, aux expériences pour exacerber lesdites capacités et modifier ses pensées et ses réflexes pour en faire le soldat parfait.
Il fallait à tout prix arrêter ça. Les pertes seraient immenses si un tel être restait sur Terre.
Dragon rangea les documents sous sa cape et attrapa le premier objet qu'il trouva dans le but de détruire la cuve et l'abomination qu'elle contenait. L'hésitation se fit cependant sentir alors qu'il croisa une nouvelle fois le regard de l'être face à lui. En agissant, il condamnerait l'enfant de sa sœur, enfant qu'il avait déjà indirectement condamné une fois. Il ne put se permettre de tergiverser plus longtemps car un des scientifiques entra, certainement pour vérifier le fœtus. En voyant l'intrus, il eut le temps de sonner l'alarme malgré les excellents réflexes de Dragon pour l'assommer. Ne pouvant plus se permettre d'hésiter, Dragon attrapa quelques tubes à essai et brisa la cuve. Le liquide se déversa laissant tomber le nourrisson au sol. Il s'apprêta ensuite à partir lorsqu'il remarqua que le nourrisson respirait toujours. Il se devait de l'achever où ils trouveraient le moyen de le maintenir en vie et de l'utiliser. Il attrapa donc un bistouri qui trainait mais il ne put se résoudre à faire le dernier pas. Il pesta alors et envoya le bistouri sur le premier soldat qui venait d'entrer dans la salle. Il profita ensuite de l'agitation créée par cette attaque pour attraper le bébé au sol et partir avec. L'enfant ne pourrait peut-être pas survivre hors de la cuve mais il ne pouvait ni se résoudre à l'achever de lui-même, ni le laisser aux mains du Gouvernement. De plus, les soldats ne pourraient pas lui tirer dessus sans risquer d'abîmer leur expérience. Ayant beaucoup plus l'habitude que ses poursuivants de se déplacer la nuit en forêt, il n'eut aucun mal à les semer et à retourner sur son embarcation avant de partir, tenant toujours le nourrisson qui n'avait pas émis le moindre bruit depuis leur départ.
« Malgré tout cela, cet enfant a survécu. Ça doit être pour cela que le Gouvernement a jugé utile de le maintenir en vie… Cependant, je ne sais pas jusqu'à quel point cet enfant a été transformé. Je ne peux décemment pas le rendre à son père, ni l'abandonner dans un quelconque orphelinat… mais il m'est impossible de lui faire le moindre mal… pas après tout ça. Je vais demander de l'aide à Ivankov. Son pouvoir, les documents et les échantillons récupérés pourront potentiellement nous aider. »
Navy ne sut pas quoi faire de ces informations. Automatiquement, elle enclencha l'enregistrement suivant.
« … C'est une fille… Ce n'était pas le cas quand je l'ai récupéré mais Ivankov m'a assuré qu'il s'agit d'une fille… Soit. J'ai pris le temps de lire les autres documents récupérés… Ironique qu'ils aient mis le jour de sa présumée mort comme date de naissance… Je digresse. »
Toussotement
« Ivankov a fait du mieux qu'elle pouvait et l'enfant semble être redevenue une simple enfant. Il y a encore quelques anomalies mais tout devrait bien se passer à présent. On lui trouvera un foyer et elle pourra vivre normalement. »
Enregistrement suivant
« Sakazuki a retrouvé une de nos bases. Il nous traque… »
Enregistrement suivant
« Notre position devient plus stable. De plus en plus de pays remettent en question… »
Navy continua à passer les enregistrements. En temps normal, elle aurait été curieuse d'avoir des informations du passé provenant d'une autre source que la Marine, ayant déjà lu les rapports en long en large et en travers, mais, dans l'immédiat, il lui fallait une confirmation de la disparition des anomalies dont parlait Dragon.
« … J'ai eu une discussion avec Ronan. L'enfant que je lui ai confié se nomme Armencia. Je ne suis pas certain que ce nom aurait plu à Army. Trop proche du sien et trop… noble. Enfin… D'après les dires de Ronan, elle grandit plus vite, a plus de force et est plus vive que les enfants de son âge. J'aimerais me rassurer en me disant que ça doit être dû au patrimoine génétique qu'elle possède mais je crains que ce ne soit aussi en partie dû à ce qu'elle a subi dans ce laboratoire six ans auparavant. Il va falloir surveiller et, s'il le faut… agir en conséquence. »
Le reste des enregistrements ne l'aidaient pas plus à comprendre sa situation. Une seule question tournait en boucle dans sa tête : qu'était-elle ?
Elle regarda le Dial, espérant secrètement qu'il ait la réponse mais aucun son ne sortit hormis les enregistrements. Elle se résigna donc à le ranger avant de se lever : la pause était terminée. Au diable le repos, il était hors de question de rester à l'écart après tout ce qu'il s'était passé. Ce fut donc dans l'idée de ne pas se laisser submerger par ses pensées que Navy se dirigea vers les tentes de fortune construites afin d'aider au mieux de ses capacités.
