Crowley avait hâte. Aujourd'hui, Aziraphale et lui devaient passer la journée ensemble. Son ange avait voulu faire une exposition, puis dîner dans un tout nouveau restaurant huppé de Londres, spécialisé dans les fruits de mer et ensuite, ils iraient au théâtre pour terminer la journée.
Bref, de quoi, combler le démon, bien qu'il n'oserait jamais dire la vérité.
Depuis la non-apocalypse, ou peu importe comment on avait décidé de l'appeler, Crowley et Aziraphale étaient libres, plus de bénédiction, plus de tentation, juste ils vivaient tranquillement sur Terre. Crowley avait un an pour dégager de l'appartement, pour laisser son remplaçant, une certaine Shax prendre sa place. Il avait été très frustré au départ mais il avait encore sa voiture et ses plantes, c'est tout ce qu'il comptait. De plus, il craignait de demander à son ange de vivre chez lui, il ne voulait pas l'envahir, car après tout, ils n'étaient que de simples amis. Pour l'instant, il se contentait de voir plus souvent Aziraphale, ce dernier étant par contre un peu plus occupé que lui. Etant libraire, il devait gérer sa boutique, ses clients, des humains qu'il côtoyait et avait pris des habitudes terriennes qui auraient pu le faire passer pour un vieux libraire bientôt à la retraite.
Ainsi, Crowley avait conduit, sans respecter ne serait-ce une fois le code de la route, jusqu'à la libraire de son ange préféré. Après s'être garé juste à côté, il s'était précipité dans la boutique de livres, ouvrant la porte bruyamment, un peu impatient à l'idée de passer la journée avec Aziraphale.
L'ange ne l'accueillit pas comme à son habitude. En fait, il était en plein discussion avec un autre humain, aucun d'eux ne remarquait la venue du démon. Ils avaient l'air absorbé par un livre qu'ils étaient tous les deux en train de feuilleter sur le bureau de l'ange, où ils étaient penchés. Leur proximité irrita grandement le démon, mais il enfouit cela au fond de lui. C'était un humain banal, Aziraphale l'oubliera très vite.
Légèrement agacé, Crowley dut tousser pour faire remarquer sa présence. Les deux se retournèrent alors vers lui.
« Oh Crowley, bonjour ! s'écria Aziraphale.
- Salut. Je suis venu…te chercher, marmonna-t-il mettant les mains dans les poches.
- Ah oui, c'est vrai…gémit l'ange en portant un main à son front, je…écoute, je te présente Christopher Brighton, un antiquaire, qui m'a trouvé un vieil exemplaire d'une des premières encyclopédies anglaises. »
Crowley porta son attention sur l'humain, il était moyennement bâti, pas aussi grand que lui, brun, plutôt bien coiffé, avec des lunettes sur le nez. Ses vêtements rappelaient beaucoup trop le style de son ange, avec le nœud gris de papillon en tartan. On aurait pu croire que les deux hommes faisaient partis d'un même club privé londonien.
« Je suis enchanté de vous connaître, déclara Christopher en lui tendant la main, Monsieur… ?
- Anthony J. Crowley, se présenta le démon avec un rictus froid. Il s'était dit qu'il n'allait pas l'apprécier.
A son nom, Aziraphale releva les sourcils. Ce n'était pas étonnant, jamais Crowley ne se présentait ainsi devant lui, préférant lâcher en général un « Crowley » simple et efficace.
- Je suis désolé, mon ami, mais nous devrons reporter ce que nous avions prévu, annonça Aziraphale.
- Quoi ?
- Christopher m'a trouvé des livres que je pensais introuvables et il faut absolument que j'aille les étudier ! fit l'ange excité tout en tapotant l'épaule de l'humain.
Les deux échangèrent un regard entendu, sous les yeux de Crowley qui crut qu'il allait bruler sur place.
« Mais ce n'était pas…
- Ecoute, nous trouverons bien un autre jour pour rattraper tout ça, le coupa le libraire, nous avons l'éternité après tout…Il faut que j'aille à la boutique de Christopher, si tu veux, reste à la librairie, surveille là, amuse toi…je reviendrai en fin d'après-midi. »
Il fit un signe à Christopher qui le suivit, sortant tous les deux de la librairie, laissant seul le démon, qui nageait entre la colère, la tristesse et la jalousie. A travers les vitres, il suivit du regard Aziraphale qui était en train de parler à l'humain, paraissant passionné par la conversation, l'expression heureux et enchanté. Une boule se forma dans son ventre, si bien qu'il en avait la nausée. La colère se transforma en contrariété, puis en fatalité. Son ange appréciait les livres plus que tout au monde, il était normal que cela soit sa priorité.
Non sans une certaine déception, Crowley se jeta dans un des fauteuils et lâcha un soupir affligé. Il avait attendu trois semaines pour cette journée et voilà que tout tombait à l'eau. A cause d'un humain. Mais son ange avait promis qu'ils trouveront un autre jour. Il fallait juste qu'il soit patient. Encore.
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« Oh tu as dormi, Crowley ? »
Le démon cligna des yeux, les ouvrant devant un Aziraphale amusé qui s'était penché vers lui. Il se redressa subitement frottant son visage pour se réveiller. Il jeta un coup d'œil dehors et il remarqua qu'il faisait nuit.
« J'ai dormi tout le reste de la journée ? s'étonna-t-il.
- Il me semble bien, sourit l'ange tendrement, souhaiterais tu un bon verre de vin ? »
Crowley n'allait pas refuser et il accepta avec plaisir l'offre. Ils s'installèrent ensemble à l'arrière-boutique. Malgré le fait que sa journée ait été gâchée, il était ravi que son ange soit avec lui pour la soirée.
« Comment ça s'est passé avec…l'humain ? questionna le démon un peu curieux.
- C'était incroyable, Christopher a de véritables trésors chez lui, sa famille fait partie d'une des plus anciennes familles anglaises, raison pour laquelle il détient autant de reliques anciennes. »
Sa voix partait dans les aigus, preuves que Aziraphale appréciait énormément l'humain et ce qu'il avait à offrir pour lui. Cela en était écœurant pour Crowley, qui serra inconsciemment du poing. Son ange n'avait jamais été aussi enthousiasme qu'avec lui, comment un humain banal pouvait faire cela ?
« J'ai vraiment hâte d'en savoir plus, continua Aziraphale, nous avons prévu de nous revoir et je lui ai même proposé de dîner demain soir, te rends-tu compte, nous avons énormément de points communs, il adore le tartan ! Ses plats préférés sont les pâtisseries françaises… »
Peut-être aurait-il dû ne jamais poser de question sur lui, car l'ange en face de lui ne cessait de louer l'humain, insistant lourdement et inconsciemment sur leurs points communs, sur leurs passions communes. Crowley avait alors une subite nausée, qui lui donnait un vertige, se rappelant vivement que lui et Aziraphale n'avaient en réalité aucun point commun. Ils étaient à l'opposé. Ce n'était pas étonnant si son ange s'extasiait devant un être avec qui il partageait tout.
Alors que la journée aurait plutôt bien se terminer, Crowley avait fini dans un chagrin si grand qu'il en était épuisé. Quand il quitta la librairie, il avait l'impression d'avoir perdu son ange et lorsqu'il démarra sa Bentley, pour une fois, il respecta le code de la route.
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Les jours qui suivirent étaient pires. Chaque jour, Aziraphale lui brisait le cœur sans le savoir. Christopher était plus souvent à la libraire et parfois, c'était Aziraphale qui était absent, laissant sa boutique vide. Chaque soir, Crowley l'attendait, espérant que son ange lui accorderait ne serait-ce qu'une attention et il l'avait, mais à quel prix. Il devait subir les louanges et l'admiration qu'Aziraphale éprouvait pour Christopher et à chaque fois, il avait l'impression d'entendre son âme se brisait en morceau.
Christopher était douloureusement comme ce qu'avait décrit Aziraphale. Un humain respectueux, doux et très gentil, qui adorait lire et manger. Comme son ange, il s'habillait avec un style démodé, souvent avec des motifs en tartan. Il avait même offert une écharpe au libraire qui l'avait accroché à son porte manteau et mis en avant dans sa boutique. Par jalousie, Crowley avait tenté de faire pareil, mais Aziraphale avait été dubitatif.
« Pourquoi me donnes-tu cela, Crowley ? Je n'en ai pas besoin, tu le sais bien. »
Avait-il répondu alors, rejetant le cadeau du démon. En réalité, il n'avait pas dit que c'était un cadeau, il avait prétendu qu'il l'avait trouvé et que cela lui irait bien. Il n'avait pas insisté, mais l'écharpe en tartan bleu et blanc s'était perdu dans sa Bentley.
Un jour, il avait proposé d'aller à une exposition d'art moderne non loin de Soho et Aziraphale avait exprimé sa surprise.
« Mais tu n'aimes pas les expositions !
- C'est vrai, mais toi tu aimes, non ?
- Oui…mais j'y suis déjà avec Christopher, ce n'était pas aussi intéressant que cela en avait l'air, nous avons été un peu déçu. »
Crowley avait ressenti une violente douleur dans la poitrine, si forte qu'il aurait aimé plutôt se faire frapper par Aziraphale. Non seulement, il sortait avec Christopher mais en plus, il réalisait des activités qu'il faisait avant avec Crowley. Depuis ce jour, il n'avait pas osé proposer quoique ce soit à son ange.
Il se contenta des soirées avec lui.
De simples soirées. Où Crowley pouvait avoir un semblant de bonheur avec lui.
Si sa relation avec Aziraphale semblait précaire et problématique pour le démon, il était loin de se douter qu'il y avait d'autres problèmes qui se sont ajoutés pour lui, sans qu'il ne soit conscience que tout cela l'impactait psychologiquement et physiologiquement.
En effet, son anxiété augmentait et son sommeil désastreux en fut le résultat. Il dormait moins bien, voire moins longtemps, voire pas du tout. Si avant, il pouvait dormir plusieurs jours, maintenant, ça se résumait à plusieurs minutes. Puis, son corps avait besoin de nutriments humains, de nourritures. Si autrefois, il n'avait pas à s'en soucier car à chaque fois qu'il voyait Aziraphale il mangeait. Etant un démon, il n'avait pas forcément besoin de manger comme un humain, mais au moins le minimum pour garder son corps en plein forme.
Crowley s'affaiblissait de jour en jour, mais l'ignorait involontairement, car son ange était ce qui comptait le plus actuellement. Son envie d'être auprès de lui et la peur de le perdre l'empêchaient de se rendre compte qu'il mettait sa santé en danger. Certes, il ne mourra pas mais il en ressentait parfois les symptômes : fatigue extrême, étourdissement, frissons, vertiges, troubles visuelles, perte de concentration.
Et évidemment, tout ça pour un démon, cela faisait mauvais ménage. Il n'aimait pas du tout ce que son corps lui faisait ressentir. Il avait cette sensation de perdre le contrôle. Et c'était le cas, jusqu'à un soir où il finit par s'emporter.
« Pourquoi me parles-tu encore de lui ! s'énerva-t-il ne tenant plus.
- Crowley…nous discutons, protesta Aziraphale, je te parle de ma journée et tu me parles de la tienne.
- La mienne, c'est de la merde.
- Crowley !
- Tu préfères la compagnie de cet humain de pacotille, claqua-t-il glacialement.
- Cet humain est quelqu'un de très appréciable, rétorqua l'autre, je ne comprends pas pourquoi tu ne l'aimes pas.
- A cause de lui, nous pouvons pas nous voir !
- Nous nous voyons tous les jours, Crowley, tu exagères, tous les soirs, tu viens te saouler chez moi et tu aimes ça ! »
A ce moment-là, Crowley déglutit, avalant difficilement son vin, qui lui brula subitement la gorge. Il y avait une part de vérité dans les dires de l'ange, mais il aurait aimé tellement plus. C'était trop peu par rapport à ses attentes. Peut-être était-ce trop ?
« Et en plus, c'est parfois appréciable d'avoir une vie où tu n'es pas forcément là, ajouta Aziraphale avec un sourire innocent.
- Quoi ? souffla Crowley qui crut mal entendre.
- Je veux dire, tu sais, on se connait depuis 6000 ans, quand je suis avec lui, je peux plus amplement apprécier ces moments-là et…
- Sans moi donc ?
- Tu sais ce que je veux dire, Crowley…
- Absolument pas ! s'exclama-t-il en haussant le ton provoquant un tressaillement de la part de l'ange, tu veux dire que tu n'apprécies pas quand je suis là ?
- Non, bien sûr que non…Ce que je veux dire, c'est que tu n'apprécies pas forcément mes activités et donc tu ne peux pas comprendre les subtilités de…
- Je suis donc de mauvaise compagnie ? Quand est-ce que tu comptais me le dire, mon ange ?
- Crowley, ce n'est pas ce que je voulais dire…
- Oh, c'est exactement ce que tu voulais dire ! éclata Crowley en colère, tu as toujours exprimé nos différents et maintenant, je comprends désormais. Tu as trouvé quelqu'un qui te ressemble et moi, je ne suis donc plus rien. Après tout, tu n'es qu'un putain d'ange qui n'a cessé de lécher les pieds de ses supérieurs ! »
Les derniers insultes étaient de trop, mais le démon était beaucoup trop en colère pour réfléchir à ce qu'il disait et son côté « mauvais » avait pris le dessus, le fait qu'il soit épuisé en tout et qu'il ne puisse contrôler sa propre langue avait engendré un tel résultat dramatique. Lorsqu'il s'en rendit compte, c'était trop tard, Aziraphale s'était levé, les yeux froids et l'expression indéchiffrable qui le fit trembler.
« Sors d'ici, lâcha-t-il d'un ton si froid et si autoritaire que Crowley en frissonna.
Cependant, il ignora les avertissements que le langage verbale de l'ange montrait, quand il se leva pour partir, son côté provocateur lui fit lâcher ses mots en ricanant.
- Très bien et ensuite, tu iras baiser ton cher Christopher. »
Une violente gifle s'abattit sur sa joue gauche, si brutale qu'il percuta une bibliothèque. Sous le choc, il porta sa main à sa joue qui lui brulait étonnement. Son esprit, malgré sa faible constitution actuelle, eut le temps de rapidement comprendre ce qu'il venait de se passer. Il prit conscience de son propre comportement défaillant. Son ange l'avait frappé. Par sa faute. Parce qu'il n'avait pas pu contrôler sa langue. Parce qu'il était trop fatigué pour maitriser son penchant diabolique. Parce qu'il avait perdu le contrôle de sa nature mauvaise.
La colère qui avait envahi son cœur pendant ces quelques minutes, disparut alors, laissant place à la culpabilité. Il méritait de se faire frapper, il avait été horrible avec son ange. Jamais il n'aurait cru qu'une dispute puisse lui faire dire des mots aussi cruels.
« Je suis désolé. » lâcha-t-il misérablement sans même regarder l'ange dans les yeux, la honte le traversant.
Bouleversé, Il trébucha pour sortir, fuyant la librairie, retenant ses larmes qui menaçaient de couler.
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Arrivé chez lui, il se précipita dans sa salle de bain. Sa joue gauche avait continué à lui brûler, comme s'il avait reçu de l'acide sur sa face. Les larmes qu'il avait versé n'arrangeaient en rien sa douleur. Lorsqu'il découvrit son visage dans son miroir, il ne se reconnaissait même pas. Sur toute sa joue, sa peau s'était effrité, laissant apparaître des pustules qui s'étaient entendus jusqu'à son sourcils gauche. On aurait dit qu'il avait deux visages différents.
Ne sachant quoi faire, il passa un coup d'eau sur son visage puis gémit de douleur. L'eau avait intensifié la douleur. Haletant face à cette sensation inattendue, il s'arrêta et passa un coup de serviette sur son étrange blessure. Il essaya de faire un miracle sur lui-même, mais rien y fait. C'était une attaque angélique, seule un ange pourrait guérir ça. Il était conscient que Aziraphale l'avait frappé en utilisant un soupçon de son pouvoir, ce qui était néfaste pour les démons.
Fixant son reflet, il toucha légèrement sa peau monstrueuse mais la retira immédiatement quand il sentit que ses propres doigts brulaient aussi à son contact. Il y avait de la bénédiction sur sa joue. Aziraphale lui avait jeté de la bénédiction sur lui. Pour qu'il souffre constamment. Et il le méritait.
Abattu, il tomba à genoux sur le carrelage de sa salle de bain, pleurant doucement. S'il devait vivre ainsi, défiguré, dans la douleur, si c'était ce que voulait Aziraphale, alors il ferait pénitence.
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Trois mois plus tard
Aziraphale s'inquiétait sérieusement. Cela faisait plusieurs mois qu'il n'avait pas eu de nouvelles de Crowley suite à leur altercation malheureuse. Le démon avait été cruel envers lui et il n'avait pas compris. Il avait repassé ce terrible instant dans sa tête pendant des jours et des semaines, mais rien n'aurait pu expliquer son étrange comportement. L'ange avait aussi regretté de l'avoir frappé, mais il avait été tellement en colère contre Crowley, qu'il avait réagi sans réfléchir. Il avait été blessé par les mots de son partenaire de toujours.
Ainsi, ils ne s'étaient plus parlé depuis. Aziraphale ne l'avait pas appelé, étant toujours fâché contre lui, mais le fait que Crowley ne revienne pas le voir, était désormais inquiétant. Lorsqu'ils se disputaient, cela prenait au moins un mois ou deux le temps que le démon réapparaisse pour soit s'excuser, soit exiger des excuses. C'était toujours lui qui faisait le premier pas pour amorcer la paix entre eux.
L'ange s'était finalement confié auprès de Christopher à propos de Crowley, alors qu'ils étaient en train de prendre le thé, un après midi. L'humain était d'une agréable compagnie, il s'entendait vraiment bien avec lui, il était très heureux d'avoir un ami humain aussi doux et gentil. Il ne parlait jamais d'autres choses que de livres, d'arts ou bien de théâtres. Aujourd'hui, il se décida à faire une exception, espérant que Christopher puisse l'aider.
« Vous avez rompu ? s'enquit l'antiquaire en remontant ses fines lunettes lorsqu'il lui expliqua rapidement son problème.
- Quoi ? Non ! Enfin…on a jamais…été…c'est un ami ! protesta l'ange sous le choc.
- Ah bon ? Je pensais que c'était votre petit copain ou votre mari, fit Christopher confus, je suis navré, j'ai toujours pensé que…
- Non, non, non, Crowley est un ami de très longue date et nous nous sommes disputés…enfin du moins, il a dit quelque chose qui ne m'a pas plu et je l'ai frappé…Je n'ai plus de nouvelles de lui depuis quatre mois.
- L'avez-vous appelé ?
- Il ne répond pas.
- Et vous êtes allés chez lui ?
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée.
- Vous êtes inquiet non ?
- Oui !
- Alors, allez-y.
- Crowley n'aime pas quand je viens chez lui par surprise, il…
- Vous savez, mon mari m'a toujours dit qu'il n'aimait pas les pâtisseries et pourtant, j'en achète toujours pour lui. »
Aziraphale resta bouche bée. Son mari ? Christopher était marié ? Il ne lui avait jamais parlé de sa vie privée et il se rendit compte à quel point, il avait été terriblement ignorant concernant l'humain qui avait été un bon ami de culture.
« Vous êtes mariés ? souffla Aziraphale.
- Oui. Depuis Sept ans.
- Vous n'en avez jamais parlé.
- Oh, eh bien, ce n'était pas le sujet principal de nos rencontres, sourit Christopher, et vous, non plus, vous ne parlez jamais de Mr Crowley.
- C'est un ami, grimaça Aziraphale.
- Vraiment ? »
Le « vraiment » irrita un peu l'ange mais le regard que lui lançait Christopher avait de quoi le rendre perplexe. Il était terriblement inquiet pour Crowley, il n'y avait pas un seul jour où son esprit ne pensait pas à Crowley. Ces visites lui manquaient, sa voix lui manquait, son sourire lui manquait, sa façon de marcher lui manquait, ses plaintes, son rire, sa nonchalance…tous lui manquaient.
Il avait envie de le voir. De vérifier si tout allait bien. Un serpent pour dormir pendant deux mois sans problème, mais Aziraphale n'avait pas la conscience tranquille. Il devait aller le voir. Son ami humain avait raison, il fallait qu'il aille chez Crowley.
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