Mage fou
Chapitre 1 :
Perdre la raison
Aujourd'hui était un grand jour pour Harry Potter. Aujourd'hui était le jour de sa condamnation à mort après deux ans d'enfermement dans les tréfonds d'Azkaban. Et cela le faisait sourire largement. Les gardes de la prison disaient qu'il était devenu fou, lui pensait qu'il se laissait enfin la chance d'être lui même. Après tout ce qu'il s'était passé, il voyait la vie et le monde bien différemment.
Après le Tournois des Trois Sorciers et le retour de Voldemort, les choses avaient rapidement changé pour lui. Il avait voulu prévenir le monde magique et comment lui avait-on répondu ? En le traitant de menteur et de conspirateur contre le Ministère. L'année qui avait suivi avait été pénible entre insultes de la part de tous et accusations de rébellion contre le Ministère. Il y avait eu Ombrage qui ne s'était pas gênée pour le torturer ouvertement, l'entraînement secret éreintant auquel Dumbledore l'avait obligé à assister, la mise à l'écart flagrante dont-il avait été l'objet vis à vis de l'Ordre... C'était un peu à contre cœur qu'il avait formé l'AD, forcé par ses amis à qui il n'avait pas osé dire qu'il ne voulait pas. L'année avait été atroce jusqu'à cet épisode au Ministère où il avait voulu aller sauver Sirius et où Sirius était mort. Cet épisode où il avait laissé éclater sa colère pour torturer sa meurtrière. S'en était suivi un duel entre Voldemort et Dumbledore mais le Seigneur des Ténèbres était parti en riant avant que d'autres n'arrivent, s'amusant à lui dire qu'il allait bien s'amuser en le regardant tenter de se sortir de ce pétrin.
Et il avait eu raison. Le Ministre débarquant, il avait été arrêté sur le champs et envoyé à Azkaban. Son procès avait été instructif pour lui. Tout ceux qui l'avaient accompagné avait été arrêtés bien sûr même si étrangement, eux n'avaient pas eu droit à Azkaban sur le champs comme lui. Il avait mis cela sur le compte du fait que le Ministère avait une dent particulière contre lui. Seulement cela avait été du chacun pour soit pour s'en sortir. Ses sois-disant amis avaient dit qu'il les avait forcé à venir avec lui au Ministère, qu'eux avaient juste voulu tenter de l'en empêcher et de l'arrêter. Leurs témoignages mensongers avaient été de bonnes blagues pour lui. Enfin, sur le coup, il ne l'avait pas si bien pris.
Aujourd'hui, il ne se torturait plus avec ça. Dumbledore avait parlé dans le même style, expliquant qu'il avait tenté de l'arrêter dans sa folie. Et tout ce petit monde avait parlé après lui, lui qui avait été honnête et qui avait parlé des mangemorts et de Voldemort. Seulement, tout les autres avaient omis cette petite donnée et n'avaient pas admis leur présence au Ministère, disant simplement qu'ils avaient tenté de le retenir lui qui soit disant avait voulu infiltrer le Ministère pour voler des secrets d'état. Il se souvenait encore de Dumbledore, Ron et Hermione venant le voir en disant qu'ils avaient fait ça pour lui, avançant que personne n'aurait cru la version avec Voldemort et qu'en mentant, ils restaient libres et qu'ils feraient tout pour le sortir de là. Dumbledore avait dit qu'il le défendrait en avançant qu'il avait été manipulé par un tiers et qu'il avait fait ça sous imperium, qu'il s'agissait d'une manipulation étrangère pour déstabiliser le pays. Il s'en était voulu d'y avoir cru quelques instants.
Ce procès n'en n'avait jamais été un. Finalement, après plusieurs audiences et plusieurs mois passés à Azkaban, il avait été condamné. Il avait été reconnu coupable d'utilisation d'impardonnable, la chose découverte en analysant sa baguette, reconnu coupable de haute trahison, reconnu coupable de tentative de coup d'état, reconnu coupable d'être un Seigneur des Ténèbres en devenir, reconnu coupable du meurtre de Cédric Diggory et comme il avait parlé de Sirius, reconnu coupable d'alliance avec un criminel, complice de son évasion et de sa cavale. On l'avait complètement enfoncé de toute part et personne n'avait pris sa défense. Au final, il avait été condamné au baiser du détraqueur. Seulement, on n'avait pas appliqué la sentence tout de suite. On lui avait fait profité des plus bas niveaux d'Azkaban avant et de la charmante compagnie de ses gardiens dévoreurs d'âmes. Voldemort devait bien rire de lui maintenant.
Il avait été enfermé loin sous terre, loin de la lumière, dans le froid et l'humidité, au milieu des cris fous des autres prisonniers et de la torture des détraqueurs. Au début, déprimé et défait, il n'avait voulu que mourir, profondément meurtri par ce qu'il s'était passé. Mais avec le temps, il avait changé. Paradoxalement, les détraqueurs, faisant remonter ses plus grandes souffrances, lui avaient permis de voir certaines choses, de voir comment il avait été manipulé et de voir comment sa vie ne lui avait jamais appartenu. On disait que Azkaban rendait fou, lui avait accepté avec joie de devenir fou. Il ne se considérait pas comme tel mais c'était ainsi que le nommaient les gardes. Au début, ils venaient se moquer de lui et le dénigrer, le battre parfois. Mais maintenant, il leur faisait si peur qu'ils n'osaient plus venir. Lui se sentait juste lui même. Il avait lâché prise et accepté ses plus profondes tares lorsqu'il avait réalisé qu'il n'avait jamais été lui même, qu'il s'était toujours contraint à se restreindre pour entrer dans le moule qu'on avait fait pour lui, pour se faire accepter, aimer, pour trouver sa place après une enfance désastreuse. Il avait tout fait pour plaire quitte à être ce qu'il n'était pas. Quand il avait vu où cela l'avait mené, il avait décidé d'arrêter. Vu ce que ses amis lui avaient apporté, il se fichait bien d'en avoir maintenant.
Il ne savait pas si c'était cette histoire, Azkaban, tout ce qu'il avait vécu ou un peu de chaque qui l'avait fait basculer. Il avait repensé à toute sa vie et il avait admis pas mal de choses. La première étant qu'il avait été incroyablement stupide juste parce que le pauvre orphelin qu'il était avait voulu se faire aimer, trouver une place. Aujourd'hui, il savait que trouver sa place ne dépendait que de lui. Il n'était en réalité rien de ce qu'on avait voulu qu'il soit. Il détestait les moldus pour ce qu'ils lui avaient fait subir dans son enfance et il détestait les sorciers pour ce qu'ils lui avaient fait. Il admettait que torturer Bellatrix avait été jouissif, il admettait qu'il était capable du pire et qu'il avait souvent des idées très sanglantes en pensant aux traîtres qui avaient gâché sa vie. Il avait changé et peut-être que les détraqueurs, le noir, le froid et les cris fous des autres n'y étaient pas pour rien, comme la douleur et la vie brisée qu'il laissait derrière lui. Il n'avait pas vu grand monde pendant ces deux ans, mais il avait fait connaissance avec le seul être partageant ce niveau de la prison. Dans le noir, il ne l'avait jamais vu mais il l'entendait. Il avait découvert sa présence quelques semaines après son arrivée et aujourd'hui, il avait une relation particulière avec cet être enfermé ici depuis bien plus longtemps que lui. Ils étaient tout deux la seule distraction de l'autre dans cet endroit.
Ces deux ans à Azkaban avaient été un enfer, un enfer qui l'avait complètement changé ou plutôt, qui avait brisé l'image et les principes qu'il s'était imposé. L'heure de sa sentence était arrivée et il souriait largement, sachant parfaitement ce qui allait se passer. Ce qu'il y avait de bien à être enfermé ainsi loin de tout était qu'on avait tout le temps pour l'introspection, pour l'analyse de soi même, de son esprit, de son passé, de sa magie... et on pouvait découvrir beaucoup de choses. Les aurors étaient venus le chercher et son compagnon d'enfermement lui avait ironiquement souhaité bonne chance avant d'ajouter un « à tout à l'heure » tout à fait sérieux qui avait fait dire aux gardes qu'il était fou. Ce mot était d'ailleurs revenu plusieurs fois lorsqu'ils l'avaient vu sourire d'un air dément à l'approche de la salle d'exécution. La lumière lui avait brûlé les yeux bien qu'elle ne fut pas forte mais cela avait fait rire ceux qui le traînaient dans les couloirs alors qu'il était incapable de marcher.
Il avait finalement été jeté dans une pièce vide où un mur était percé d'une grande vitre, un observatoir. De l'autre côté se trouvaient le Ministre, Ombrage, Malfoy, Yaxley et d'autres qu'il aurait aimé pouvoir étriper pour effacer leurs sourires supérieurs. Il n'y avait pas trace de Dumbledore ou de ses anciens amis. Dommage, il aurait bien aimé qu'ils voient ça. On avait refermé derrière lui et il s'était péniblement agenouillé, souriant largement. Il lança un regard amusé au public, riant la voix rauque en les voyant frissonner devant son attitude dans sa situation. On rappela de quoi il était accusé mais il n'écouta pas, attendant simplement et puis enfin, on avait fait entrer le détraqueur. Visiblement, le public devait être isolé de son pouvoir puisqu'il fut le seul atteint. La salle gela mais il ne bougea pas, désormais habitué au pouvoir de la créature qu'il regardait bien en face sans perdre son sourire :
- Alors mon cher, tu crois vraiment pouvoir me tuer ? demanda-t-il en penchant la tête sur le côté et en riant doucement.
Il n'eut évidemment aucune réponse et le détraqueur commença son œuvre, ouvrant grand sa bouche à l'haleine fétide juste devant lui, ses mains pourries s'avançant. Une douleur fulgurante se répandit dans le corps du jeune homme qui se concentra pourtant pour se replier en lui même, bien à l'abri derrière cette foutue chose qui subirait à sa place. Cela ne lui épargna pourtant pas la douleur qui sembla durer des heures. Il aurait certainement hurlé à pleins poumons si le pouvoir de la créature ne le pétrifiait pas totalement. Tout s'arrêta pourtant finalement et il s'écroula sur le sol froid, inerte. Le silence régnait autour de lui, tous observant le corps étalé au sol sans plus donner de signe de vie. Le Ministre s'apprêta à ordonner qu'on se débarrasse du corps quand le détraqueur siffla soudain vers la silhouette au sol dans un cri qui semblait apeuré. Il s'enfuit ensuite rapidement alors qu'un rire s'élevait du corps au sol, figeant tout le monde. Sous leurs regards horrifiés, celui dont on venait d'aspirer l'âme, ils l'avaient tous vu, se redressa lentement sur ses genoux, dardant son regard vert sur eux alors qu'il riait bas. Il se calma soudain et reprit son sérieux en une fraction de seconde, si vite que tous frissonnèrent, reculant.
- Il a peur de moi on dirait, s'amusa-t-il. Fudge, Fudge, Fudge, dit-il en soupirant. Croyez vous qu'il soit si facile de me tuer ? demanda-t-il. Si Voldemort n'a pas réussi et a été détruit face à moi alors que je n'avais que un an, comment croyez vous pouvoir me tuer ? En prenant mon âme ? Visiblement, ce détraqueur vient de la prendre et ça n'a pas marché. Oh si vous saviez comme votre expression terrifiée est amusante à regarder, rit-il. Pauvre lâche. Voldemort ne s'est toujours pas montré ? Il m'avait prévenu qu'il s'amuserait du spectacle avant. Il ne devrait plus tarder maintenant que le jour de ma parfaite exécution, dit-il d'un air théâtral, est enfin là. Qu'est-ce que que vous allez faire maintenant ? demanda-t-il en éclatant de rire.
- Qu'on remette ce monstre dans sa cellule, ordonna finalement le Ministre la voix blanche.
Deux aurors entrèrent avec hésitation, déglutissant alors que le condamné riait follement en fixant les spectateurs plus pâles que des morts, choqués. Le jeune homme fut finalement traîné sans ménagement et bientôt de nouveau jeté dans sa cellule obscure, son compagnon lui souhaitant bon retour en faisant fuir les gardes à toute jambes. Le silence retomba bientôt, la voix murmurante redevenue sérieuse de son comparse s'élevant dans le noir :
- La partie d'âme de Voldemort ? demanda-t-il.
- Partie, croassa-t-il en grinçant des dents.
- Et toi ?
- Ça fait mal, répondit-il en serrant les dents.
- Ta main, demanda-t-il alors.
Difficilement, Harry se cala contre ses barreaux gelés. S'il se positionnait bien, lorsqu'il tendait le bras à travers la grille dans le bon angle et que son compagnon en faisait de même, ils pouvaient se toucher la main. Rapidement, il sentit bientôt des ongles froids et tranchants contre sa paume, soupirant de bien être à ce contact et il serra les doigts à la porté des siens.
- Il faudra des jours pour que la douleur de ton âme s'apaise. Dors. Ils devraient te laisser tranquille pour un moment.
Et c'était ce qu'il avait fait. Après cette exécution ratée, plus personne n'était descendu à leur niveau de la prison et mieux encore, les détraqueurs s'étaient tenus à l'écart. Ils avaient donc eu un moment tranquille sans pouvoir en mesurer exactement le temps. S'il savait que cela faisait deux ans qu'il était là, c'était uniquement grâce au fait qu'il connaissait sa date d'exécution mais après cela, il n'y avait plus de repère. Il avait fallu bien longtemps pour que la douleur de la tentative du détraqueur s'en aille, comme la douleur qui avait pris ses yeux suite à cette brutale exposition à la lumière. Après cela, ils avaient tout deux repris leur quotidien ensemble dans le noir. Ils écoutaient les cris des autres détenus, discutaient à voix basse, mangeaient quand leur infâme bouilli gelée apparaissaient dans leurs cellules, se reposaient. La vie ici était épuisante. Et ils attendaient que le temps passe, ne pouvant rien faire d'autre.
Leur routine fut cassée lorsqu'un jour, ou une nuit peut-être, ils n'en savaient rien, des gardes se risquèrent de nouveau à leur niveau loin sous celui de la mer. Si Harry les entendit, il eut bien du mal à se concentrer, épuisé, gelé, affamé, assoiffé. Il sentit pourtant bien vite qu'il y avait quelque chose de différent cette fois. L'ambiance était différente. Les gardes avançant dans le noir ne se moquèrent pas, ne firent pas de remarques dégradantes et ne dirent rien, comme tendus. Ils gagnèrent sa cellule, annonçant qu'ils venaient le chercher. Contrairement aux fois précédentes, sa grille fut ouverte doucement et on ne l'empoigna pas violemment. Non. On lui expliqua qu'on allait couvrir ses yeux d'un bandeau ensorcelé pour les protéger de la lumière et qu'on l'aiderait à marcher. Surpris, Harry se mit pourtant à sourire largement, son comparse riant ouvertement alors que tout deux avaient une petite idée du pourquoi de cette soudaine gentillesse à son égard. Il se laissa faire lorsqu'on le remit debout avec délicatesse, lui faisant passer ses bras sur les épaules de deux hommes qui l'encadrèrent et le soutinrent, l'emmenant ensuite.
Bien qu'il n'y voyait rien, Harry avait appris à sentir son environnement sans ses yeux depuis le temps. Ils remontèrent lentement sans qu'une seule parole ne soit prononcée et ils arrivèrent finalement dans une pièce dont la douce chaleur n'avait rien à voir avec les glaces de sa cellule. Il fut assis dans un confortable fauteuil et il attendit simplement, souriant largement en se doutant de ce qu'il se passait. Il n'y avait qu'une chose qui pouvait faire qu'on le sorte de sa cellule avec tant d'égard pour l'amener à un salon confortable. Il sentait une présence tendue en face de lui mais il n'était pas pressé.
- Monsieur Potter, salua une voix qu'il ne reconnut pas.
- Tiens tiens, rit-il. On me donne du monsieur Potter maintenant ? Ce n'est plus monstre, traître, menteur, meurtrier, tortionnaire, seigneur des ténèbres ou que sais-je encore ? demanda-t-il avec moquerie. Laissez moi deviner, Voldemort s'est décidé à se montrer et vous avez réalisé que je n'avais pas menti ?
- C'est... c'est cela en effet, acquiesça l'homme comme à contre cœur en le faisant rire.
- Et vous êtes mon cher ? demanda-t-il l'air amusé.
- Rufus Scrimgeour.
- Oh ! Monsieur le chef des aurors ! s'exclama-t-il en toussant un peu à sa voix enraillée. Vous avez pourtant été parmi ceux à m'enfoncer.
- Je suis Ministre désormais, posa-t-il en le faisant pouffer de rire.
- Excusez mon ignorance, mais les détraqueurs oublient toujours de m'apporter la Gazette avec le petit déjeuner dans ma suite. J'imagine que Fudge a fini par devoir prendre une retraite forcée ?
- Vous-savez-qui l'a abattu et accroché son cadavre sur une enseigne du Chemin de Traverse.
- Pas très original, soupira-t-il. Et donc, qu'est-ce que je viens faire là dedans ? demanda-t-il innocemment. Est-ce que l'on va enfin admettre que je suis innocent et me laisser sortir ?
- Votre innocence a été reconnue officieusement mais tout le monde redoute votre réaction.
- Allons, pourquoi ça ? demanda-t-il avant d'éclater de rire.
- Sans parler de votre survie au baiser du détraqueur, continua-t-il clairement mal à l'aise.
- Je suis le Survivant non ? s'amusa-t-il. Quand vais-je sortir ?
- Vous sortirez à certaines conditions, posa l'homme.
- Parce que vous pensez pouvoir me poser des conditions ? demanda-t-il d'un air soudain glacial.
Il éclata de nouveau de rire en sentant l'homme frisonner devant lui.
- Si vous n'aviez pas besoin de moi, vous m'auriez laissé croupir ici jusqu'à ma mort. Quoi que Voldemort aurait pu décider de venir libérer ses partisans et j'aurais pu décider de le rejoindre pour me venger, s'amusa-t-il en entendant Scrimgeour déglutir devant lui. On a peur de cette possibilité Rufus ? demanda-t-il la voix doucereuse. Voyons, pourquoi ferai-je une telle chose ? Face de Serpent est tout aussi responsable que vous de ma situation.
- Alors vous voudriez vous venger de lui ? demanda-t-il avec intérêt.
- Donc vous voulez me faire sortir pour me battre contre lui, posa-t-il franchement. Ne suis-je pas l'Élu après tout ? rit-il. C'est mon devoir n'est-ce pas ?
- Oui, répondit l'homme.
- Non merci. Je suis très bien ici. Débrouillez vous sans moi, j'ai donné. J'ai pris mes petites habitudes ici. Qu'on me ramène à mes appartements s'il vous plaît ! demanda-t-il d'un air pompeux comme s'il appelait un valet.
- Monsieur Potter...
- M'occuper de Voldemort est ma condition pour sortir n'est-ce pas ? questionna-t-il durement. Non, j'ai eu ma dose et je ne vous dois rien.
- Sachez que le Seigneur des Ténèbres veut toujours votre tête. Votre survie au baiser n'a fait qu'attiser son obsession. Il nous a demandé de vous livrer.
- Et vous ne l'avez pas fait ? s'étonna-t-il. Surprenant.
- Vous êtes l'Élu.
- Vous devez vraiment en prendre plein la figure pour venir me chercher.
- Il y a eu des centaines de morts déjà et il viendra ici vous tuer s'il le faut.
- Et ce cher Dumbledore n'arrive pas à le vaincre avec son si merveilleux Ordre ? Bien sûr que non suis-je bête. Après tout, il n'y a pas vraiment de gens ayant le cran de se mesurer à Face de Serpent chez eux, comme chez vous. C'est tellement facile de se cacher derrière moi n'est-ce pas ? Donnez moi une raison de le faire.
- Pour sauver votre vie et nous sommes prêt à vous donner certaines choses en compensation.
- J'écoute, poussa-t-il.
- Vous serez blanchi entièrement et une compensation financière de cinquante mille gallions vous sera offerte, dit-il alors que le jeune homme éclatait à nouveau de rire.
- Cinquante mille ? Une miette comparé à la fortune dont j'ai hérité et qui a dû être gelée depuis mon enfermement. Vous vous moquez de moi. Je préfère encore rester tranquillement ici et si Voldy vient me chercher et bien j'aviserai.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Quelles seraient vos conditions d'abord ? Vaincre Voldemort, j'ai bien compris.
- Nous aider dans la chasse au mangemort également, vous engagez à ne pas aller contre le Ministère et ses membres, respecter la loi et nous aider à gagner la guerre.
- Vous êtes un imbécile. Je n'accepterais pas ça, jamais, pas après l'injustice que j'ai subi, claqua-t-il froidement. Voldemort, c'est une chose, j'ai moi même des comptes à régler avec lui comme tout le monde le sait. La chasse aux mangemorts ? Débrouillez vous. Ces rats retournerons se cacher si je tue leur maître vous n'aurez qu'à les débusquer avec vos petits aurors. Ne pas aller contre le Ministère et ses membres ? Êtes vous complètement abruti ? J'ai peut-être été enfermé sans nouvelles mais je n'ai aucun doute sur le fait que le Ministère doit être infiltré de partout par tout le monde. J'aurais forcément des ennemis dans vos rangs alors évidemment, je ne me priverai pas du droit de me défendre d'eux. Respecter la loi ? Qui respecte la loi dans une guerre ? Même le Ministère et les aurors ne le font pas. Quand à la gagner, tuer Voldemort ME fera gagner cette guerre. Donc, la seule condition acceptable pour moi serait de m'occuper de Voldemort.
Il y eut un moment de silence lourd avant que l'homme ne réponde :
- Très bien, je peux accepter ça, dit-il en le faisant sourire de victoire. Vos conditions ?
- Aucune ne sera discutable ou je reste ici et vous vous débrouillez sans moi.
- Dîtes.
- Je veux cent millions de gallions, dit-il en le faisant hoqueter. Ce n'est pas grand chose pour un gouvernement mais vous le sentirez assez passer pour que cela m'amuse un peu, surtout en temps de guerre. Ensuite, je veux évidemment être blanchi de tout. Je veux une immunité complète à vie sinon, vous, ou vos successeurs, allez me retomber dessus dés que la guerre sera terminée, je connais la chanson maintenant. Je ferai les choses à ma manière sans ingérence de votre part. Je veux aussi une impossibilité complète de me mettre sous une quelconque tutelle ou autre contrôle de toute sorte et de quiconque. Je sais déjà que certains essaierons, un petit directeur en tête. Je veux ma complète liberté garantie à vie. Je veux tout cela pour moi et pour mon voisin de cellule qui sortira avec moi. Et je veux que vos erreurs sur le jugement erroné dont j'ai été victime soient reconnues publiquement. Et bien sûr tout cela sous sceau magique avec engagement magique du Ministère pour que cela ne soit pas remis en cause lorsque vous sauterez. Cela prendra effet dés acceptation de cet accord.
- C'est impossible.
- Alors bonne chance avec Voldemort, s'amusa-t-il simplement. Je lui demanderai de me raconter quand il viendra ici et je mourrai avec la satisfaction de savoir que vous l'avez là où je pense monsieur le Ministre. Je n'ai plus rien à perdre. Vous ne devriez pas survivre longtemps à ce poste alors profitez en.
Une nouvelle fois, un silence lourd et tendu tomba, longtemps, avant qu'il ne réponde après un soupir lourd :
- Je vais y réfléchir.
- Tic tac mon cher Rufus. Voldemort a dû épuiser son cota de patience en se retenant le temps que l'on m'exécute ou qu'on essaye tout du moins. Vous savez où me trouver, s'amusa-t-il. Lorsque vous vous serez décidé à accepter, parce que vous le ferez, faîte en sorte que moi et mon comparse puissions quitter décemment cet endroit. Gardes s'il vous plaît !
L'homme les fit appeler et on le ramenait bientôt à sa cellule où il raconta son entrevue à son compagnon amusé. Il savait qu'un jour, Voldemort se montrerait et le monde magique étant ce qu'il était, on reviendrait le chercher pour qu'il accomplisse la Prophétie. Il avait prévu ce jour. Il ne restait plus qu'à attendre et cela ne fut pas si long comparé au temps déjà passé ici. On revint finalement le chercher, bandant ses yeux. Et il eut sa réponse lorsqu'il constata que l'on faisait aussi sortir son voisin. Après une longue remontée, ils se retrouvèrent assis dans un canapé confortable dans probablement le même salon que la première fois. Harry sentit qu'il y avait deux personnes en face de lui et de son compagnon assis juste à côté. Les gardes sortirent et la porte claqua.
- Bonjour, salua le Ministre.
- Nous sommes le jour ? s'étonna-t-il faussement. Je ne m'en rendais pas compte, dit-il en faisant doucement rire son voisin. Je suppose que vous avez réfléchi à mes conditions. C'est un oui si je comprend bien ?
- Vous n'accepterez aucune négociation ? soupira Rufus.
- Aucune, rétorqua-t-il d'un ton glacial.
- Alors soit.
- Vous vous montrez raisonnable ! fit-il mine de s'étonner en amusant une fois de plus son comparse. Persévérez mon cher Rufus c'est une grande première dans votre fonction.
- Cessez de vous moquer de la sorte, grogna le deuxième homme.
- On ne vous a pas sonné vous. Et qui êtes vous d'abord ? Un petit auror ou un petit magistrat j'imagine, s'amusa-t-il.
Le grognement qu'il entendit fut une réponse claire et il rit un peu.
- Vous avez mis l'accord sur papier ? demanda-t-il au Ministre.
- Oui. Nous allons vous lancer un sort de caecorum lumen pour que vous puissiez lire.
- Tu connais ce sort ? demanda-t-il à son voisin.
- Oui, il placera un voile sur tes yeux qui les protégera de la lumière sans te rendre aveugle. Tu verras un peu étrangement mais tu verras.
- Bien, allons-y alors, dit-il l'air enthousiaste.
L'homme accompagnant le Ministre lui lança le sort après que Harry eut vérifié avec son compagnon que l'incantation était la bonne et pas autre chose. Son comparse refusa, assurant qu'il n'en n'avait pas besoin. Peu après, son bandeau glissa et il put voir un peu comme en infrarouge, tout prenant une teinte violette sombre ou noire autour de lui. Son premier geste fut de se tourner vers son voisin qu'il découvrit enfin pour la première fois. Il était grand, mince sans être maigre malgré Azkaban. La prison ne semblait pas avoir eu de réelle emprise sur lui bien que cela faisait longtemps qu'il y était mais Harry savait bien pourquoi. Il était exceptionnellement beau avec de très longs cheveux noirs lisses, le teint certainement très pâle bien qu'il n'en soit pas certain avec le sort sur ses yeux comme il ne pouvait discerner la teinte de ses iris. Il lui sourit légèrement et le jeune homme reporta son attention sur le Ministre.
- J'ai vos lunettes si vous voulez, dit-il en lui tendant l'objet.
- Inutile, j'avais fait corriger ma vue il y a quelques années, je ne les portais que pour faire croire que je voyais mal. J'en ai fini de ces bêtises maintenant. L'accord, exigea-t-il avec autorité.
Un rouleau de parchemin lui fut amené et il se mit à le lire avec minutie, son comparse se rapprochant de lui pour en faire autant. Loin de s'y opposer, Harry savoura son contact qu'il avait mainte fois voulu, pouvant enfin le découvrir. Il se força pourtant à se concentrer pour lire l'accord. Il prit tout son temps, s'amusant de voir les deux hommes s'agacer devant lui. Il en termina finalement, décidant de les enquiquiner un peu en faisant rectifier plusieurs choses. Ce n'était pas vraiment important mais cela l'amusait, son compagnon riant de son attitude. Lorsqu'il fut satisfait, il réclama sa baguette qui lui fut enfin rendue. La prenant, il se rendit immédiatement compte qu'elle ne lui convenait plus comme par le passé. Il s'y attendait après les changements qu'il avait vu. Mais elle suffirait pour l'instant. Il vérifia soigneusement le sceau magique du Ministère que le Ministre apposa, cela prenant un moment et un puissant sort. Cela fait, il signa lui même magiquement. Il exigea ensuite qu'on fasse une copie et il prit d'autorité l'original pour lui, le faisant disparaître sous l'œil énervé des deux autres :
- Bien excellent ! remarqua-t-il finalement. Avez-vous préparé notre sortie comme je l'avais demandé ?
- Vous avez une suite réservée sans limite de temps dans le palace sorcier derrière Gringotts. Les gardes robes sont garnies et le nécessaire indispensable s'y trouve. Le Ministère le prend en charge et vous pourrez ainsi aller à la banque et sur le Chemin si vous en avez besoin. Vos affaires saisies vous y attendent ainsi que des comptes rendus sur ce qu'il s'est passé depuis votre arrestation afin que vous puissiez vous mettre à jour. Jusqu'ici, j'étais le seul et unique au courant de cette négociation pour éviter les problèmes, je ne l'ai dit à personne. Demain, un communiqué officiel sera fait pour rétablir votre innocence, votre statu et annoncer votre libération sans donner le moindre détails.
- Très gentil de votre part, mais attendez plutôt deux semaines avant de faire l'annonce, exigea-t-il avec autorité. J'aimerais être capable de me tenir debout avant que les mangemorts et tout ceux qui voudraient me voir ne débarquent.
- Très bien, approuva le Ministre.
- Peut-on y aller ? Ce n'est pas que cet endroit n'est pas tout à fait charmant mais comme je n'aurais jamais dû être ici.
- N'oubliez pas que la magie vous forcera à respecter cet accord, rappela l'homme.
- Elle n'en n'aura pas besoin. Contrairement à vous et à tout les autres que j'ai connu autrefois, je n'ai jamais failli à ma parole et j'ai toujours respecté mes engagements. Portoloin j'imagine ?
Serrant les dents, l'homme lui tendit un petit dés ensorcelé qu'il saisit.
- Vous apparaîtrez directement dans votre suite.
- Parfait. Ce fut un plaisir monsieur le Ministre, dit-il pompeusement en se levant difficilement.
Aussitôt, son compagnon en fit de même avec bien plus d'aisance, enroulant un bras autour de lui pour le soutenir. Il offrit un large sourire froid aux deux hommes avant de disparaître avec son comparse leur faisant coucou de la main, moqueur.
- Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée monsieur le Ministre, grimaça son accompagnant.
- Nous ne pouvons plus faire marche arrière et nous n'avons pas le choix, la guerre prend trop d'ampleur et rien ne semble pouvoir arrêter Vous-savez-qui. Il n'y a jamais eu que monsieur Potter pour lui tenir tête et le vaincre. Sans parler de la Prophétie.
- Et s'il se retourne contre nous ?
- Il va certainement nous en vouloir très longtemps mais c'est Harry Potter. Tout le monde sait qu'il est trop gentil et naïf pour son propre bien. Je pense que si on lui fiche la paix une fois cette guerre terminée, tout ira bien.
- Vous avez vu son regard et son expression ? Il a l'air fou.
- Comme tout ceux exposés aux détraqueurs si longtemps. Ça passera lorsqu'il sera remi et loin des détraqueurs. C'est tout à fait normal dans sa situation.
- Et cet homme avec lui. Sait-on de qui il s'agit ?
- Non. Il est là depuis longtemps et personne ne sait plus qui il est et pourquoi il est là. Je n'ai pu trouver aucun document sur lui, ils ont été détruit dans un incendie il y a une trentaine d'années dans la première guerre. Un vampire peut-être vu la manière dont-il semble avoir été insensible à cette prison. S'il avait été vraiment dangereux, il y aurait des traces de lui au Ministère dans les dossiers sensibles d'Azkaban et je n'en n'ai pas trouvé.
- J'espère que l'on n'a pas fait une bêtise.
- C'était ça ou laisser Vous-savez-qui prendre le pouvoir. Je préfère tenter Potter. Lui, il n'a jamais fait de mal à personne.
- En espérant que ça continuera, soupira l'homme.
Comme annoncé, ce fut dans une très belle suite luxueuse que le duo réapparut. Faible, Harry manqua de s'effondrer à l'arrivée, pris d'un violent vertige. Il se sentit pourtant retenu par deux bras forts et ramené contre un torse ferme. Il sourit et ferma les yeux en posant ses mains sur la poitrine devant lui, s'y blottissant en respirant doucement pour faire passer le malaise. Il fallut un moment et il en profita pour savourer le contact avec son compagnon, une chose dont-il avait rêvé depuis la première fois où ils s'étaient pris la main entre les grilles d'Azkaban. Parce que ce jour là, une magie puissante s'était manifestée pour leur révéler qu'ils étaient compagnons d'âmes. Cela avait été la pire torture d'Azkaban : savoir que son âme sœur était juste là, sentir sa magie et son âme le tirer de toutes ses forces vers lui sans jamais pouvoir faire autre chose que de lui toucher les doigts. Cela avait été le pire pour eux depuis qu'ils avaient découvert leur lien. Harry avait trouvé ironique qu'il ait fallu se retrouver à Azkaban pour que la plus belle chose de la magie lui arrive mais il ne s'en plaignait pas. Il put finalement relever le visage vers le sien et il vit que sa moitié le scrutait avec attention. Ils se regardèrent une seconde avant de sourire largement de la victoire du jour. Harry passa ses bras autour de son cou alors que son vis à vis fondait littéralement sur ses lèvres, engageant un baiser passionné auquel il se fit une joie de participer. Leur premier baiser, enfin après tant d'attente insupportable. Harry sentit un bras s'enrouler plus fermement autour de lui alors qu'une main se logeait dans sa nuque, accentuant leur échange. Ce fut le manque d'air qui les força à se séparer, Harry souriant largement, un peu étourdi en regardant l'homme plus grand que lui :
- Tu m'avais promis le meilleur des baisers lorsque cet instant arriverait, se rappela-t-il.
- Et ? demanda l'autre.
- Encore, exigea-t-il pour obtenir immédiatement ce qu'il voulait sans aucune discussion.
Longuement ils savourèrent ce premier instant l'un avec l'autre, leurs premiers baisers dans lesquels Harry se perdit complètement, se serrant contre lui. Il savourait alors qu'il avait enfin retrouvé sa liberté avec sa moitié d'âme. Il sentit bientôt des mains baladeuses se promener sur son corps devenu extrêmement maigre pendant son enfermement. Il cassa le baiser sans s'éloigner de plus d'un centimètre de ses lèvres, riant un peu alors que des doigts délicats chatouillaient ses côtes.
- Sheitan, murmura-t-il. On est crasseux et on put, s'amusa-t-il. Alors on pourrait peut-être commencer par une bonne douche ? J'en rêve depuis des mois.
- À tes ordres, répondit-il la voix chaude. Prête moi ta baguette d'abord, je vais changer le sort sur tes yeux pour que tu puisses y voir plus clair. Tu verras normalement sans être brûlé par la lumière et il s'effacera progressivement jusqu'à disparaître pour réhabituer tes yeux en douceur.
Harry n'hésita pas une seconde, lui donnant sa baguette. Quelques instants plus tard il pouvait de nouveau y voir clair tout à fait normalement. Il se plut alors à observer Sheitan, sa beauté extraordinaire, ses longs cheveux noirs et lisses, sa peau pâle, son corps parfait agréablement musclé ne portant pas une trace du passage à Azkaban, ses belles lèvres fines, son visage princier imberbe et ses yeux, ses incroyables yeux d'or.
- Tu es si beau, dit-il en caressant sa joue. J'en ai de la chance.
Il prit ensuite de nouveau ses lèvres avec passion, s'accrochant à son cou de toute ses maigres forces. Sheitan lui rendit sa baguette sans rompre le baiser, saisissant ensuite ses cuisses pour le porter et lui faire enrouler ses jambes autour de sa taille. Harry ne se fit pas prier, se collant contre lui en se promettant de passer les prochains jours ainsi. Depuis le temps qu'il en rêvait. Sheitan l'emmena vers la salle de bain de marbre de la suite et ce fut bientôt à la meilleure douche de sa vie que le jeune homme eut droit. Il ne savait pas si c'était à cause du fait qu'il prenait cette douche avec son âme sœur dont-il convoitait le contact depuis des années, si c'était parce qu'il en rêvait depuis son enfermement ou parce qu'ils avaient enfin leur liberté mais ce fut la meilleure douche de toute. Sheitan se fit devoir de le laver lui même, plusieurs savonnages nécessaires pour effacer la crasse d'Azkaban. Ce fut l'occasion d'échanger maint baisers et de découvrir le corps de l'autre alors qu'ils rêvaient de pouvoir se toucher depuis longtemps. Harry resta appuyé contre son compagnon, trop faible pour tenir debout seul mais cela n'avait pas d'importance. Il savoura plutôt, sachant qu'il passerait les prochains jour à se reposer avec lui.
Lorsqu'ils sortirent et qu'il se retrouva nu face au miroir, il fut un peu surpris. Comme attendu, il était dramatiquement maigre et pâle, la vie d'Azkaban ayant fait son œuvre. Il avait une petite barbe hirsute et de profondes cernes sur son visage creusé. On ne trouvait plus trace de son éclair légendaire si ce n'était une très claire et fine ligne quasiment invisible si on ne savait pas qu'elle était là. En revanche, sept nouvelles cicatrices un peu boursouflées traversaient son visage. Sept, parce que ça « portait bonheur » avaient ris les gardes d'Azkaban qui lui avaient infligé ça. S'il avait eu un minimum de beauté un jour, il ne l'avait plus mais ça n'avait plus vraiment d'importance. Des cicatrices, il n'en manquait pas entre les coups de ceintures de Vernon dans son dos, les blessures accumulés au fils des ans ou les charmants cadeaux de ses geôliers. Il gardait encore des mots tels que « monstre », « démon » ou « maudit » gravé dans la chaire de son dos, cadeau de son oncle. Ces marques n'étaient plus qu'une liste de vengeances à accomplir maintenant. Autre changement: ses cheveux. Ils avaient poussé, tombant un peu sur ses épaules et entre ses omoplates et ils avaient grisonné comme lorsque l'on vieillissait. Le brun ébène avait presque entièrement disparu, remplacé par le gris tirant vers l'argent et le blanc.
- L'effet du baiser du détraqueur, signala Sheitan qui l'enlaçait par derrière.
Il se retourna pour l'embrasser avidement et son compagnon lui fit de nouveau enrouler ses jambes autour de lui, le ramenant vers la chambre en le portant aisément. Tout deux toujours nus, il se dirigea lentement vers le lit, profitant des baisers si attendus de son compagnon qui finit cependant par reculer un peu :
- Je veux voir ta véritable apparence, exigea-t-il.
Sheitan sourit largement, acquiesçant et s'immobilisant, croisant ses mains sur ses reins pour le soutenir. Il se mit alors à changer doucement, admiré par son âme sœur dont le regard d'émeraude l'électrisait. Sa peau prit un teint grisâtre clair, le blanc de ses yeux virant au noir alors que ses lèvres prenaient une teinte doré. Ses oreilles s'allongèrent un peu pour former de longues pointes. Ses canines poussèrent, se faisant acérées et se teintant de noir comme toutes ses dents. Un tatouage de dragon doré se dessina sur lui, couvrant sa cuisse droite, son torse, ses hanches, passant sur son épaule gauche pour se terminer entre ses omoplates. Harry sentit ses ongles se faire griffes contre sa peau alors qu'il regardait avec fascination deux cornes d'or épaisses émerger de ses cheveux aux coins de son front et partir vers l'arrière de sa tête jusqu'à mesurer une cinquantaine de centimètres. Une queue noire poussa au bas de son dos, couverte de petite plumes et se terminant par un dard d'or tranchant. Et enfin, deux immenses ailes ébènes se déployèrent dans son dos. Elles semblaient couvertes de plumes mais lorsqu'Harry alla les caresser, il se rendit compte qu'elles étaient plutôt des écailles en forme de plume et qu'elles étaient tranchantes. Sous ses doigts cependant, elles s'adoucirent pour se faire plumes véritables, soyeuses et douces.
- Elles ne te feront jamais de mal, remarqua Sheitan en venant nicher son nez dans son cou et en lui tirant ainsi un soupir de plaisir. Tu aimes ?
- Ne le sens-tu pas, s'amusa-t-il en se collant un peu plus contre lui.
Son compagnon sentit immédiatement quel effet il lui faisait, revenant lui prendre ses lèvres avec fougue et envie.
- Reste comme ça, ordonna Harry alors qu'il grimpait sur le lit avec lui dans les bras.
Il le déposa précautionneusement au milieu du matelas, s'installant entre ses jambes et se collant contre lui pour ensuite plonger dans son cou et en grignoter la peau. Harry soupira de bien-être, passant ses mains dans le dos de son âme sœur pour aller caresser ses ailes.
- Depuis le temps que je veux te réclamer, murmura Sheitan en grignotant son oreille.
- Depuis le temps que je veux que tu me marques à jamais, répondit-il en le faisant grogner d'envie.
- Je dois bien être le premier démon depuis des millénaires à trouver mon compagnon encore pur.
- Plus pour longtemps j'espère, s'amusa-t-il en tirant légèrement sur ses cheveux pour réclamer un baiser qui lui fut donné.
- Oh non, plus pour longtemps, confirma le démon. Sais-tu seulement quelle valeur a ta pureté en matière de magie ? dit-il en baladant ses mains sur lui.
- Aucune idée mon cher mais elle t'appartient alors savoure là.
- Tu es plus parfait que je n'aurais pu l'imaginer dans mes rêves les plus fous, remarqua le démon. Je vais te marquer et nous allons forger notre lien éternel. Je ne te quitterai plus jamais.
Harry l'attira davantage contre lui pour un autre baiser possessif, mordillant un peu sa lèvre dorée lorsqu'il s'éloigna.
- Jamais je ne t'aurais laissé partir de toute façon, assura-t-il très sérieusement. Maintenant, j'attends de t'avoir depuis trop longtemps alors ne parle plus.
Le démon sourit largement, venant lui murmurer à l'oreille :
- Tu vas tellement aimer ça que tu ne sauras plus comment tu t'appelles.
- Bien sûr puisqu'il n'y a que toi.
Une fraction de seconde plus tard, ses lèvres étaient reprises dans un baiser brûlant et bientôt, il fut tellement perdu dans le plaisir qu'il n'y avait en effet plus que Sheitan qui occupait ses pensées et envahissait son être sans qu'il ne cherche à y résister une seconde, en réclamant plutôt davantage. Vraiment, tout était parfait aujourd'hui.
Lorsqu'il se réveilla le lendemain, ce fut pour se retrouver blotti contre le torse de son âme sœur à demi assis dans les oreillers. Sheitan l'avait soigneusement couvert et l'entourait de ses bras en caressant ses cheveux mais surtout, il l'avait entouré de ses ailes. Elles le plongeaient dans le noir et l'entourait de la présence protectrice et forte du démon. Elles diffusaient aussi son pouvoir qui s'infiltrait en lui pour lentement l'aider à refaire ses forces épuisées par la prison sorcière. Il aurait pu ronronner de plaisir à se réveiller là au chaud dans un lit confortable au creux des bras de Sheitan. Ils avaient leur liberté maintenant et une éternité devant eux pour faire ce qu'il leur plairait. Il se redressa un peu pour se diriger vers son visage et les ailes s'écartèrent doucement pour le laisser aller prendre son premier baiser du jour. Les ailes noires se posèrent sur lui en une couverture supplémentaire. Il alla finalement nicher son visage dans le cou de son démon qui l'étreignit plus fort.
- Le pouvoir de mes ailes va t'aider à te remettre plus vite, expliqua-t-il doucement. Moi, je peux de nouveau absorber la magie naturelle maintenant que je ne suis plus dans cette cellule inhibitrice. Il ne me faudra pas plus de quelques jours pour refaire mes forces. En mangeant de nouveau correctement et en dormant, tu devrais pouvoir te lever d'ici une petite semaine. En attendant, je m'occupe de toi. Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ?
- Manger d'abord, je meurt de faim. Ensuite, on pourrait prendre un bain et tu pourrais me faire un petit massage, dit-il en se mettant à grignoter son oreille.
- Ce programme me plaît, ronronna le démon.
Ce jour là ainsi que les quatre jours suivant, ils ne se préoccupèrent de rien d'autre que de se reposer, de manger, de prendre de longs bains et de faire l'amour jusqu'à plus soif. Harry avait fait disparaître sa barbe atroce et commençait à reprendre lentement des forces, largement aidé par le pouvoirs des ailes de son démon. Sheitan avait laissé sa marque sur lui maintenant, les liant à jamais. Elle était dans la gauche de son cou. C'était un dragon emmêlé dans un pentacle entouré d'anneaux de runes. Ils commencèrent à s'intéresser aux rapports du Ministère laissé pour eux, découvrant ce qu'il s'était passé. Après sa pseudo exécution qui avait fait la une des journaux et qui avait terrifié tout le monde par sa capacité à survivre au baiser du détraqueur, il n'avait pas fallu très longtemps avant que Voldemort ne se décide à réapparaître enfin au grand jour, exterminant une ville moldue. On l'avait un peu oublié alors que ordre avait été donné de le laisser enfermé au fin fond d'Azkaban. Les combats avaient commencé discrètement, la population vivant encore presque normalement bien que la peur grandissait et récemment, Fudge avait été tué, Scrimgeour nommé à sa place. Sans demander l'avis de personne, il avait décidé de négocier avec lui pour avoir de l'aide. Voldemort devait vraiment le terrifier pour qu'il le fasse mais il terrifiait tout le monde. Constater comment il avait joué avec tout le monde n'avait pas dû le rassurer. Était-ce la peur, le regret, le désespoir ou autre chose qui l'avait poussé à le faire sortir d'Azkaban ? Harry n'aurait su le dire mais pour lui, c'était la folie. Car seul la folie pouvait pousser quelqu'un à libérer celui qui voulait vous détruire.
