Fadeï Serafim Vassili
Chapitre 5 :
Conséquences d'une vie
Lorsque Nikolaï pénétra de nouveau la chambre avec son fils dans les bras Kirsan, Gricha, Evania, Arenne et Dean étaient là et discutaient tranquillement. L'occupation principale des trois vampires semblait être de taquiner le loup à propos de Fadeï alors que l'elfe s'offensait du manque de respect pour ce lien qu'elle qualifiait d'exceptionnel. Kolia sourit à ce spectacle mais il perdit bien vite son expression alors qu'il n'avait fait qu'un pas dans la pièce.
À peine étaient-ils entrés que le nouveau vampire fut assaillis par différentes odeurs. Celle de son âme sœur bien sûr, délicieuse et envoûtante, puis celle de Oëlys qui, si elle était bien différente, l'attirait presque autant et enfin celle de Arenne, fruitée et sauvage. Il sentit immédiatement la soif qu'il avait réussi à ignorer jusque là revenir en force. Ses crocs s'allongèrent dans sa bouche et ses instincts menacèrent le submerger. Il avait soif, terriblement soif et il y avait autour de lui trois odeurs alléchantes. L'envie de sang lui brûlait la gorge, faisait battre ses tempes, lui tordait les entrailles et doucement son esprit était dominé par le prédateur en lui. Mais une chose s'imposait encore plus à ses pensées : il ne voulait blesser personne et surtout pas Dean. Alors il fit la seule chose capable de l'aider à reprendre le dessus : demander l'aide de son père.
- Papa, appela-t-il d'une voix presque douloureuse.
Kolia s'arrêta immédiatement en entendant son fils l'appeler avec d'un ton tendu et il baissa le regard vers lui. Il comprit instantanément en voyant ses yeux devenus d'un rouge sanguin luminescent et ses crocs fins dans sa bouche entrouverte. Dans la chambre tous avaient entendu l'appel du jeune vampire et s'étaient tournés vers lui. Dean voulut accourir instinctivement sans même savoir ce qu'il se passait mais il fut arrêté par un geste de Nikolaï qui les somma tous de rester où ils étaient. Le loup regarda alors son âme sœur et compris ce qui lui arrivait. Ce fut à contre cœur qu'il resta où il était en sachant qu'il n'aiderait pas Fadeï en approchant. Nikolaï s'accroupit et cala son fils contre lui, libérant ainsi sa main qui soutenait ses jambes. Il alla caresser la joue du jeune vampire et l'obligea à le regarder dans les yeux :
- Fadeï, tu vas écouter et faire tout ce que je te dis, d'accord ? commença-t-il d'une voix douce et calme.
Le nouveau vampire approuva, ses yeux de sang fixés dans ceux de son père.
- Ferme les yeux, commença Kolia qui continua alors que Faeï s'exécutait, arrête de respirer. Vide ton esprit, comme pendant les cours d'occlumencie. Je veux que tu ignores tout ce que tu perçois autour de toi, chaque bruit, chaque odeur, chaque présence. Je sais que c'est difficile mais tu peux le faire.
Le vampire parla ainsi à son fils pendant près d'une demi heure. Il le faisait d'une voix calme et mesurée, lente et chantante. Il lui donna tout d'abord des directives pour se calmer puis pour isoler son envie de sang et l'enfermer, la contrôler. L'opération prit un moment et tous attendaient patiemment, observant Fadeï se détendre petit à petit alors que les paroles de Kolia portaient leur fruits. Finalement, le jeune vampire rouvrit les yeux et ses iris avaient repris leur magnifique teinte vert d'eau, ses crocs rétractés. Nikolaï remit ses cheveux en place en le regardant tendrement. Il était fier, peu de nouveaux vampires arrivaient à se contrôler aussi bien. En général, ils cédaient à leurs pulsions dés qu'elles montaient alors que Fadeï avait eu la présence d'esprit de se tenir et de demander son aide. C'était impressionnant, surtout compte tenu de sa faiblesse, sa soif devaient encore être amplifiée. Il prit finalement la parole en voyant que le jeune vampire avait complètement reprit ses esprits :
- C'est bien. Ça va mieux ? demanda-t-il.
- Beaucoup mieux merci, répondit-il.
Le vampire se releva alors avec son fils dans les bras et avança de nouveau vers les autres qui attendaient. N'y tenant plus d'avoir attendu et regardé de loin, Dean s'avança, attiré comme un aimant vers l'adolescent qu'il ne quittait pas des yeux. Le jeune vampire avait lui aussi fixé son regard sur lui sans pouvoir s'en détacher. Tous sourirent en les observant. Alors qu'ils se regardaient on avait l'impression que plus rien n'existait autour d'eux. Ce fut sans aucune surprise que le loup le prit dans ses bras sans que Nikolaï ne s'y oppose, bien au contraire. Les sourires s'agrandirent en voyant Fadeï se blottir contre lui et Dean respirer son odeur en fermant les yeux.
- Alors, ça vous dirait que je vous parle de ma solution, intervint Arenne avec un sourire.
Tout le monde se tourna vers elle avec une expression sérieuse collée au visage. L'elfe leur proposa d'aller s'installer dans le salon de la chambre et ils approuvèrent. Tous allèrent prendre place dans les fauteuils de cuir. Dean installa son petit vampire sur ses genoux, le dos frêle collé à son torse alors qu'il l'entourait de ses bras. Nikolaï prit place à côté d'eux et Kirsan resta debout derrière son meilleur ami. Gricha et Evania prirent place en face et Arenne s'installa à son tour non loin du loup.
- Une solution pourquoi ? demanda Fadeï.
- Je t'ai expliqué que tu ne pouvais pas boire n'importe quel sang, commença Nikolaï, et Arenne à découvert que tu devrais te nourrir tout les jours alors il a fallu que l'on cherche une solution pour trouver du sang chargé en magie pour te nourrir.
- Comment on fait ? demanda le jeune vampire écoutant attentivement.
- Le seul endroit où l'on peut trouver du sang pour te nourrir c'est chez les créatures magiques puissantes, expliqua Arenne.
- Puissantes à quelle point ? demanda Fadeï.
- Le plus haut niveau, répondit-elle.
- Il y en n'a pas beaucoup, soupira le jeune en commençant à se demander comment il allait faire.
- On ne te laissera pas mourir de soif, c'est hors de question ne t'en fait pas, rassura Kolia qui avait suivi ses pensées. J'ai déjà demandé à quelques amis d'essayer de trouver les créatures qui nous intéressent et ils vont essayer de les persuader de te faire des dons de sang.
- Le problème c'est que l'on ne sait pas si elles accepteront. Si elles acceptent, on ne sait pas pour combien de temps ou en quelle quantité elles voudront bien donner leur sang et enfin, je suis déjà sûr que tu ne pourras pas te nourrir touts les jours grâce à leur sang. Par exemple, celui d'Oëlys, tu ne pourras le prendre qu'une fois tout les mois voir deux mois, parce que les sangs puissants pourraient faire du dégât à la longue. Tu ne le supporterais pas, trop de magie puissante à assimiler pour ton état. Même en excellente santé il faudrait des délais entre chaque prise. Alors j'ai réfléchis à d'autres solutions, expliqua-t-elle.
- Qu'est-ce que tu as trouvé ? demanda Kolia un peu impatient.
- Au début, j'ai pensé modifier les potions de substitut de sang en y injectant de la magie mais ça n'a pas fonctionné. Ensuite j'ai pensé que peut-être je pourrais endiguer les effets nocifs des sangs puissants mais ça leur enlève justement leur force qui est ce dont tu as besoin alors ça ne marche pas non plus. J'ai réfléchi et je me suis dit que peut-être je pouvais me tourner vers un autre type de sang, dit-elle.
- Quel autre type de sang ? demanda Kirsan intéressé.
- Un type que les vampire n'ont jamais expérimenté parce qu'il ne leur conviendrait pas mais je pense qu'il pourrait convenir à Fadeï, expliqua l'elfe.
- Et pourquoi irait-il à Fadeï s'il ne va pas aux autres vampires ? questionna Nikolaï.
- Parce qu'il a du sang d'elfe, répondit-elle. C'est là dessus que je me suis basé. Les elfes sont exclusivement végétariens, c'est inscrit dans nos gènes. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a jamais de sang dans notre alimentation. Juste un sang différent.
- Qu'est-ce que c'est comme sang ? demanda Gricha très curieux alors que tout le monde était pendu aux lèvres de la blonde.
L'elfe pointa l'extérieur et tous regardèrent alors la forêt dehors sans comprendre. Elle s'expliqua alors :
- Les plantes aussi ont du sang, du sang qui change simplement de nom et qu'on appelle de la sève.
- Vous voulez lui faire boire de la sève, s'étonna Evania avec une grimace.
Tout les vampires affichaient une moue dégoûtée et Dean semblaient très septique alors que Fadeï réclamait plus d'informations du regard. Arenne reprit alors la parole en le regardant :
- Je pense que ça peut marcher, dit-elle. Le sang d'elfe qui coule dans tes veines s'est allié à ta nature et à ton sang de vampire. Le sang elfique n'est pas, comment dire, il ne cherche pas la domination dans ton corps. Il est pacifique si on veut alors pendant que tout s'affrontait en toi, ce sang s'est équilibré avec tout ce qui se trouvait dans ton corps, fusionnant parfaitement même avec le vampire. J'en suis venu à me dire que peut-être le vampire pourrait se satisfaire d'un sang végétal. Sans compter le fait que l'on peut facilement trouver un « sang » puissant dans les végétaux. Il suffit de prendre la sève de plantes relativement anciennes et poussant sur des noyaux magiques comme ici. Les arbres du domaine par exemple feraient une excellente source.
- Ça tient la route, remarqua Nikolaï. Mais tu es sûr qu'il pourra boire ça tout les jours ?
- Oui parce que contrairement aux créatures, la puissance magique contenu dans la sève est douce et s'allie parfaitement au corps sans l'agresser. Elle se fond sans faire de dégât parce que le processus de fabrication de la sève est plus long que celui du sang et donc la magie s'y incorpore mieux. Par contre, je ne sais pas si ça satisfera le vampire en toi, dit-elle en regardant Fadeï. Je ne sais pas si ça étanchera ta soif. Il faut essayer pour savoir, annonça-t-elle en sortant une petite fiole emplie d'un liquide doré.
- Tu as dit que s'il buvait quelque chose qui ne lui convenait pas, ça l'empoissonnerait, rappela Kolia avec inquiétude. Tu es sûr qu'il ne risque rien en buvant cela ?
- Non, je n'en sais rien et je n'ai aucun moyen de vérifier, répondit-elle avec déception.
- On n'essaye pas si ça pourrait le tuer, décréta Dean en serrant son âme sœur contre lui.
Il y eut un moment de silence mais bientôt l'attention de Fadeï fut attirée par la voix sifflante de Glyf. Les deux cobras noirs ondulaient vers lui lentement. Ils grimpèrent le long de ses jambes et vinrent se dresser sur ses genoux. Leur voix sifflante s'éleva alors de nouveau :
« Petit maître, j'ai peut-être la solution à votre problème. » expliqua-t-il.
« Qu'est-ce que c'est ? » demanda le jeune vampire avec curiosité.
« La théorie de l'elfe est très bien trouvée, je pense que ça vaut la peine d'essayer. Grâce à mes pouvoirs, je pourrais déterminer si c'est dangereux pour vous de boire ça en y goûtant, expliqua-t-il en regardant la fiole. Je ne pourrais pas vous dire si ça marchera, mais je pourrais, grâce au lien que nous avons établi, vous dire si ça vous empoisonnerait de boire ce liquide d'or. »
« Tu veux bien le faire ? »
« Bien sûr petit maître, je suis là pour vous aider. »
« Ne m'appelle pas maître s'il te plaît, j'ai horreur de ça. »
« Puis-je alors utiliser un nom de mon choix ? »
« Si tu veux. Qu'est-ce que tu vas choisir ? »
« Sydness, répondit-il. C'était le nom du premier empereur des serpents, le premier boa astral. Je trouve qu'il vous va bien. »
« D'accord pour Sydness alors. » sourit Fadeï.
- Qu'est-ce qu'il dit ? demanda Dean qui semblait fasciné par la voix sifflante de l'adolescent installé contre lui.
- Il dit qu'il peut savoir si ça m'empoisonnera ou non en y goûtant, dit-il en regardant la fiole que Arenne tenait encore entre ses doigts. Il dit qu'il ne peut pas me dire si ça marchera mais il peut me certifier si je risque quelque chose en buvant la sève. Et il dit aussi que c'est une bonne idée.
Arenne regarda le serpent avec lequel elle était en froid depuis le premier jour, surprise, avant de lui sourire et de lui adresser un signe de tête en guise de remerciement. Glyf lui, la snoba totalement en regardant ailleurs ce qui ne manqua pas de faire rire tout le monde. Arenne vint donner la petite fiole à Nikolaï sachant que le cobra jumeau ne l'aimait pas vraiment depuis son impolitesse du premier jour, puis elle retourna s'asseoir.
Kolia retira le bouchon de cristal de la petite fiole de cristal stylisée et la tendit au serpent. L'un des cobras vint en humer l'odeur avant de glisser sa fine langue fourchue dans le petit contenant, goûtant le liquide ambré. Il ferma les yeux et la pierre sur son front s'illumina d'or. Il resta ainsi quelques secondes puis la pierre redevint aussi noire que la nuit et il se tourna vers son maître en ouvrant de nouveau les yeux :
« Vous ne risquez rien en buvant ça Sydness. Ça a un goût étrange et sucré mais ça ne vous fera aucun mal. » affirma-t-il avec conviction.
« D'accord, merci Glyth. » sourit l'adolescent.
« De rien. J'espère que ça marchera. » répondit le reptile.
- Il dit que je risque rien en buvant ça, traduisit-il pour tout le monde.
Arenne, qui avait retenu son souffle, respira de nouveau et sourit de toutes ses dents.
- Il est sûr ? demanda Dean en regardant le cobra.
Celui-ci siffla vers le loup l'air vexé avant de hocher de la tête positivement.
- Il est sûr, confirma Fadeï en s'amusant de la susceptibilité du serpent.
- On essaye alors ? demanda Arenne.
- Oui, approuva le jeune vampire.
- Bon d'accord mais si tu sens que quelque chose ne va pas tu nous le dis tout de suite, imposa Kolia.
- Ok, sourit l'adolescent.
Nikolaï donna la petite fiole à Dean qui aida Fadeï à la boire, celui-ci n'ayant toujours pas la force de tenir quoi que se soit. Le jeune vampire ferma les yeux alors que le liquide doré glissait dans sa bouche puis dans sa gorge encore brûlante à cause de la soif qui le tiraillait malgré le contrôle qu'il y avait posé. C'était étrangement tiède, sucré et un peu épais. Mais c'était doux et ça avait un goût vraiment spécial et unique, aux multiples nuances. Il rouvrit les yeux et tous purent alors constater que ses iris avaient changé de couleurs comme lorsqu'il buvait du sang. Seulement, elle n'avait pas pris la couleur du sang, elles avaient pris la couleur de l'or.
Fadeï semblait être concentré sur le goût qu'il avait dans la bouche et bientôt il referma les yeux pour analyser ce qu'il ressentait. Il sentit le liquide descendre dans sa gorge et adoucir la brûlure qui le tenaillait. Il sentit sa soif s'apaiser, elle ne disparut pas entièrement mais elle était désormais largement contrôlable et Fadeï sut qu'il pourrait l'ignorer sans aucun problème. Finalement, il se sentit un peu mieux. Ça n'avait pas autant d'effet que lorsqu'il avait bu le sang de Nikolaï mais ça marchait et il pourrait s'en contenter. Et puis il trouvait ça particulièrement bon.
- Alors ? demanda Arenne qui comme tout le monde le fixait avec appréhension.
- Ça marche, déclara-t-il avec un sourire.
- Ta soif s'est apaisée ? questionna Kolia avec intérêt alors que les yeux de son fils reprenaient leur couleur d'origine.
- Pas complètement mais presque et ça ne fait pas autant d'effet que ton sang mais ça fait du bien. Ça sera suffisant et je trouve ça très bon. C'est sucré et fruité, décrivit-il.
- Ça te comble jusqu'à quel point ? demanda Arenne.
- Et bien, ça n'efface pas complètement la soif mais elle est retombée à un niveau minime et tout à fait contrôlable. Je crois que je peux même l'oublier. Ça ne me donne pas autant de force non plus mais encore une fois, c'est suffisant. Et puis je trouve ça bon, ça me satisfait. Pas autant que le sang mais ça ira. J'imagine que ça doit-être à peu près le même effet que vous avec le sang animal ou les potions, dit-il en observant les vampires. Merci Arenne.
- De rien, je suis vraiment ravie que ça marche, dit-elle avec un grand sourire. Si on arrive à récolter du sang de créature j'essaierais de faire quelque chose de meilleur et qui te donnera plus de force mais au moins on a une solution pour le moment. Et tu ne ressens rien de négatif ? Douleur, tournis ou autre ? demanda-t-elle.
- Non rien, ça va, répondit-il.
- C'est une réussite alors, annonça-t-elle avec un immense sourire. Donc qui trouve encore ça stupide ? demanda-t-elle en regardant les vampires.
- Plus personne ne trouve ça stupide, répondit Kolia avec un sourire doux, excuse notre scepticisme s'il te plaît et merci beaucoup Arenne.
- De rien Nikolaï, répondit-elle en lui rendant son sourire.
Fadeï se cala un peu plus contre Dean, souriant au long regard qu'échangeaient l'elfe et son père. Il n'était pas stupide et visiblement les autres ne l'étaient pas non plus au vu des sourires en coin que tous arboraient. Il sentit son loup déposer un baiser dans son cou et il frissonna de plaisir. C'était une sensation totalement nouvelle pour lui, ressentir du plaisir au contact d'une autre personne. Ce frisson qui le secouait bien plus agréablement que celui de la peur qu'il avait toujours connu. Il ferma les yeux et posa ses mains froides sur celles ci chaudes du loup nouées sur son ventre. Dean serra son petit vampire contre lui, soulagé que l'elfe ait trouvé une solution pour ne pas qu'il meurt de soif.
Après un moment, Arenne reposa son regard sur l'adolescent qui rouvrit les yeux en se sentant observé et elle prit la parole :
- En tout cas, dit-elle avec un sourire moqueur, l'expression de « vampire végétarien » a finalement trouvé son meilleur représentant.
Tout le monde se laissa aller à rire après cette remarque, puis ils retrouvèrent leur sérieux dans une ambiance qui resta cependant légère. Arenne continua, se faisant précautionneuse :
- Est-ce que je peux t'examiner maintenant ? demanda-t-elle au nouveau vampire. J'aimerais savoir dans quel état tu es exactement comme ça on saura à quoi s'en tenir et on pourra te remettre sur pieds plus vite, dit-elle avec douceur.
L'adolescent se tendit. Il savait déjà que sa vie ne serait plus jamais la même qu'auparavant et ce même en mettant de côté sa transformation en vampire. Il le sentait en lui, sa magie était sans dessus dessous, son corps était plus faible que jamais et il avait comme l'impression que ça durerait. Il accepta la proposition de l'elfe et remercia intérieurement Dean lorsque celui-ci déposa un nouveau baiser dans son cou et resserra son étreinte autour de lui. Il se détendit alors. Arenne se leva et vint s'asseoir à côté du loup, Kolia toujours présent de l'autre côté. Le vampire prit discrètement l'une des mains de son fils pour le soutenir et le rassurer.
Dean vit la manœuvre. Il sentit son petit vampire se tendre de nouveau à l'approche de l'elfe et il se rappela de ce que Nikolaï lui avait dit à propos de sa crainte du contact avec les autres. Ce fut seulement lorsque Arenne prit délicatement la main libre de l'adolescent qu'il en comprit l'ampleur. Fadeï était tendu comme un arc et il tremblait d'angoisse. Arenne eut un regard rassurant et compréhensif qui ne rassura nullement l'adolescent. Celui-ci ferma les yeux et eut un mouvement de recul lorsqu'elle posa sa main sur son front. Le loup embrassa une fois de plus son cou avant de caler sa tête sur l'épaule du jeune vampire et d'enrouler fermement ses bras autour de sa taille. Seulement alors, Fadeï se relaxa un peu.
Autour d'eux, Kirsan, Gricha et Evania observaient avec attention la crainte de l'adolescent qu'ils n'avaient jamais vu. Et ils devinèrent alors sans mal que lorsque Kolia leur disait qu'il avait beaucoup souffert, il ne parlait que de la face visible de l'iceberg. Une telle peur alors qu'il n'y avait aucun danger, aucune menace cachait des choses qu'ils savaient terribles. Une part d'eux s'en attrista, une autre, curieuse, brûlait de poser des questions et une dernière maudissaient ceux qui avaient pu faire du mal à l'adolescent au point de le traumatiser ainsi.
Les mains d'Arenne s'auréolèrent de leur lumière verte habituelle et elle ferma les yeux, concentrée. L'examen dura presque une demi heure durant laquelle Kolia ne lâcha jamais la main de son fils pas plus que Dean ne desserra son étreinte. Fadeï se détendit progressivement grâce à son âme sœur et à son père mais en mettant sa peur de côté après s'être calmé, il découvrit aussi que l'aura calme et douce de l'elfe était apaisante. Il sentait sa magie chaude et sereine, bienveillante. Il finit par trouver un certain confort à sa main fine posée sur son front. Celle-ci le quitta finalement sa place et Arenne rouvrit les yeux. Voyant que le jeune vampire s'était apaisé, elle décida de garder la main qu'elle tenait entre ses doigts.
- Alors ? demanda Fadeï avec un peu d'appréhension.
- D'abord, ton sommeil, commença-t-elle après avoir jeté un regard à Kolia. Je me demandais pourquoi tu dormais tant. En faites, les vampires normaux ne dorment pas mais les vampires sorciers ont besoin du sommeil pour équilibrer leur magie. Si tu dors tant c'est parce que la tienne n'a pas encore trouvé son équilibre définitif. Je pense que ça prendra encore une petite semaine. Une fois ce délai passé, tu trouveras un rythme plus régulier mais tu vas quand même dormir beaucoup plus que Kolia. Tu auras besoin d'environ deux heures de sommeil par jour.
- Comment ça se fait ? demanda l'adolescent.
- Et bien, dit-elle en hésitant un peu, ta magie a été complètement déchirée par tout ce qui t'es arrivé dans ta vie. Elle l'a été petit à petit et elle a reçu le coup de grâce avec le combat contre Voldemort. Pour un être magique, avoir sa magie réduite en lambeau ainsi c'est plus de quatre vingt dix neuf pour cent de chance d'y laisser la vie. Tu as eu énormément de chance de t'en sortir, dit-elle doucement. Cependant, les dégâts sont très importants, avoua-t-elle en serrant doucement sa main.
Kolia serra également celle qu'il tenait et Dean se colla un peu plus à lui, lui communiquant sa chaleur.
- Je peux tout entendre, annonça Fadeï avec un calme désarmant étonnant tout le monde si ce n'était Kolia connaissant parfaitement sa force intérieure.
- Je disais donc, reprit Arenne, qu'il est quasiment impossible de survivre à une telle détérioration de la magie parce que lorsqu'elle est dans cet état, elle ne circule plus correctement dans le corps, elle est comme déréglée et folle. Sa puissance fluctue tout le temps alors qu'elle devrait être constante. Sa circulation dans le corps est altérée et au final, elle se retourne contre toi. Elle s'attaque à ton propre corps et s'échappe de toi au lieu de rester dans ton organisme et de le renforcer.
Elle marqua une petite pause, semblant chercher une façon de s'expliquer puis elle reprit :
- Ta transformation en vampire t'a permis d'acquérir la capacité de guérir instantanément. Au début j'ai cru que tu ne l'avais pas obtenu étant donné que tes blessures physiques guérissaient à la même vitesse que celle des humains. Je sais maintenant pourquoi : cette capacité est entièrement concentrée sur les dégâts que ta magie provoque dans ton corps. Elle régénère constamment ce que ta magie détruit et donc elle ne guérit pas les autres dommages que tu pourrais subir comme les blessures, elle n'est pas assez puissante pour faire les deux. Tu comprends ?
- Oui, répondit simplement en l'incitant à poursuivre.
- À cause de ça, tu seras toujours beaucoup plus faible que n'importe qui parce que tout ça te pompe toute ton énergie et le peu de magie que tu arrives à conserver en plus de faire du dégâts. Tu vas devoir faire attention. Tu ne pourras pas faire beaucoup d'efforts et une simple journée normale risque déjà d'être difficile à terminer. Tu vas te sentir fatigué et faible tout le temps. Il y aura peut-être des jours meilleurs que d'autres et certains pires que d'autres. Peut-être que tu auras des douleurs de temps en temps. Ça peut arriver si ta magie fluctue à de hauts niveaux. Il n'y a pas de facteurs pouvant provoquer ça ou nous permettre de le prévoir. C'est totalement aléatoire et ça peut arriver n'importe quand. C'est aussi à cause de ça que tu as besoin de te nourrir quotidiennement parce que si on devait faire le calcul, tu brûles plus d'énergie et de magie en une journée que Kolia en cinq mois lorsqu'il n'utilise pas de magie de façon extraordinaire.
- Je comprends. Je ne peux plus faire de magie n'est ce pas ? demanda Fadeï d'une voix neutre.
- Tu pourras toujours commander les installations magiques domestiques comme celles du manoir par exemple et tu peux toujours faire de la magie, annonça-t-elle. Seulement, il vaudrait mieux que tu t'en abstiennes. Que tu ne t'en serves qu'en dernier recours si tu n'as pas le choix. Ça t'épuisera considérablement de faire de la magie. Et si tu dois le faire, fais le sans baguette. Tu sais le faire je crois ? demanda-t-elle avant de continuer lorsqu'il approuva. La baguette conduit la magie et la conditionne mais comme la tienne ne fonctionne plus correctement ça dégénérerait à coup sûr. Il vaut mieux la lâcher à l'état brut. Mais je te le redis : ne le fais que si c'est indispensable. Par contre, rien ne t'empêche d'utiliser les objets magiques comme les balais, les portoloins, les cheminées... puisque ces objets ne puissent pas dans ta magie.
- D'accord, répondit l'adolescent qui ne semblait pas plus touché que ça. Autre chose ?
- Oui, il faut absolument éviter de te retrouver sous l'effet d'un sort. Même le plus simple comme un sort de lévitation. Rien. À la limite ma magie elfique correctement dosée, des magie de nature douces et pacifique, et quelques potions de bas niveau mais sinon aucune magie directe sur ton corps, expliqua l'elfe.
- Si ça devait arriver, que ce passerait-il ? questionna l'adolescent.
- Tu passeras un très très mauvais moment et ça pourrait occasionner encore plus de dégâts sur ta magie, répondit Arenne. Ça pourrait même te tuer, lâcha-t-elle lourdement, mais je ne suis pas sûr de ça. Une magie déchirée est trop imprévisible pour savoir vraiment ce que ça pourrait engendrer.
- Est-ce que..., hésita le jeune vampire, est-ce que ça peut se réparer ? Avec le temps ? Ma magie ?
- Malheureusement, non. Une magie détruite au point où tu en es ne peut-être réparée ou guérie. Au mieux on peut la maintenir en l'état mais pas l'améliorer et elle peut se dégrader si tu subis un choc. Je suis désolé.
- Vous n'avez pas a être désolé. Ce n'est pas de votre faute, rassura-t-il avec un sourire doux. Il y a autre chose ?
- La seule chose que je ne sais pas encore c'est comment tu réagiras à la pleine lune. Je suis sûre que tu ne te transformeras pas mais je ne sais pas si tu ressentiras quelque chose à cause de la malédictions des loups garous qui est en toi même si elle est à demi inactive, expliqua-t-elle. La prochaine est dans six jours, on avisera à ce moment là.
- D'accord et est-ce je vais bientôt pouvoir bouger normalement de nouveau ? demanda-t-il légèrement.
- Oui, c'est le long mois de coma et tes blessures qui font que tu es endoloris et engourdis. Ça devrait passer en quelques jours maintenant. Prendre des bains chauds et faire un peu de gymnastique légère devrait t'aider à remettre tous ça en route. Il va juste falloir un peu de temps pour que tu retrouves, ou plutôt, trouves ta force. Puisque tu vas quand même gagner la force des vampires, leur vitesse, les sens développés..., enfin tout ce qui va avec et ton sang elfique te permettra de sentir les courants magiques naturels. Tu pourras sentir, par exemple, le noyau sous le manoir.
- À quoi ça sert ? demanda Fadeï.
- Les êtres magiques aiment se retrouver dans ce genre de lieu. Ça aide à se détendre. En général c'est aussi une source de pouvoir supplémentaire pour faire de la magie. Pour toi, ça pourrait être des endroits agréables, des endroits où tu pourrais trouver des créatures magiques ou des êtres magiques si tu en cherches, c'est aussi dans ces endroits que tu pourras trouver des plantes ou des arbres susceptibles de te fournir une sève pour te nourrir si jamais un jour tu en as besoin. En attendant c'est moi qui m'occupe de ça. Je veillerai à ce que tu aies ce qu'il te faut pour boire alors tu n'as pas à t'inquiéter.
- Merci, répondit Fadeï avec un sourire.
- De rien. Je te propose de prendre trois ou quatre fioles, comme celles que tu as bu tout à l'heure, dans une journée. Comme ça, tu pourras reprendre régulièrement des forces et ça t'aidera à maîtriser ta soif si elle devait remonter, expliqua l'elfe. Nous verrons au fur et à mesure comment tu réagis pour adapter la quantité. J'essaierai aussi de trouver de nouvelles choses pour t'aider le plus possible.
- Merci beaucoup, c'est gentil.
- De rien, ça me fait plaisir. Au fait, Nikolaï t'a déjà parlé des particularités des vampires sorciers ? demanda-t-elle.
- Pas encore mais, je peux le faire maintenant, intervint celui-ci. Les vampires sorciers sont un peu différents des vampires ordinaires puisque la magie a mis son petit grain de sel dans l'équation. On t'a déjà parlé du rythme d'alimentation et du sommeil. Les vampires normaux ont soit les yeux vermeilles s'ils se nourrissent de sang humain, soit les yeux ambrés s'ils se nourrissent de sang animal ou de produits magiques comme les potions de substitut de sang. Nous, nous gardons notre couleur naturelle sauf dans le cas où l'on se nourrit ou quand on libère la magie de notre côté vampirique.
- Le vampire a sa magie aussi ? s'étonna l'adolescent.
- Oui, les vampires sorciers ont une magie un peu spéciale, je t'en parlerai plus tard. Ensuite, tu auras remarqué que contrairement à Gricha, Kirsan et Evania, tu respires et ton cœur bat. Ça aussi c'est à cause de la magie. Je t'explique : dans l'air, il y a des particules de magie et les êtres faisant de la magie sont capables de capter cette magie dans l'air pour refaire leurs forces. C'est une très petite quantité mais ça peut aider, surtout dans ton cas. Alors si tu n'as plus besoin d'air pour vivre, tu peux continuer à capter la magie dans l'air. C'est pour ça que tu respires même si tu peux t'en passer. Quand à ton cœur, il ne bat pas vraiment. Dans ton sang, il y a de la magie aussi et cette magie circule dans ton corps. En étant vampire, normalement, le cœur s'arrête et la circulation sanguine aussi. Ça vaut aussi pour nous mais la magie elle, continue à circuler. Elle entraîne le sang avec elle et donc elle active le cœur. Maintenant, ton cœur donne plus une indication sur ta circulation magique.
- D'ailleurs, je ne t'ai pas parlé de ça, reprit l'elfe lorsqu'il s'arrêta, comme la circulation magique dans ton corps est altérée ton cœur bat plus faiblement qu'une personne normale et ça sera toujours comme ça. Si tu fais de la magie, il va accélérer. Et si ta magie s'affole d'un coup, soit il accélérera soit le rythme deviendra irrégulier. Surtout ne t'affoles pas ce n'est rien dans la mesure où ton cœur n'est plus vraiment indispensable mais ça peut-être une bonne indication. Si tu arrives à concentrer ton ouïe sur ton cœur ou à sentir son rythme, tu pourras peut-être prévenir tout sursaut et mieux te gérer.
- D'accord, j'essaierai, répondit l'adolescent.
Il y eut un moment de silence alors que Arenne et Nikolaï avaient fini de parler. Fadeï baissa le regard alors qu'il réalisait doucement. Maintenant, il allait être plus faible qu'un bébé et en plus il allait avoir du mal à se défendre si nécessaire. Mais ça irait, il pouvait gérer ça puisque maintenant, il n'avait plus à se battre, à faire la guerre, à subir des entraînements tournant à la séance de torture, à subir tout court. Il n'avait plus besoin d'être fort. Son père lui avait dit d'être lui même et en vérité, il était loin d'être fort. Il aimait se cacher derrière Kolia lorsqu'il avait peur. Il aimait qu'on s'occupe un peu de lui et qu'on l'écoute. Et puis ça irait puisque maintenant, pour la première fois, il avait...
- Fadeï, ça va ? demanda Nikolaï avec inquiétude.
- Oui ne t'en fais pas, je peux gérer ça, répondit-il.
- Je n'en doute pas mais tu es sûr que tu vas bien ? demanda-t-il en le fixant dans les yeux.
- Oui, ça va et ça ira parce que je ne suis pas tout seul, dit-il en regardant son père avec affection. J'ai une famille maintenant.
- C'est vrai, remarqua Nikolaï en souriant de toutes ses dents.
Autour d'eux tous en faisaient de même, soulagés que l'adolescent prenne avec tant de sérénité la vie qui l'attendait. Et tous savaient qu'ils seraient là pour l'aider et veiller sur lui.
- Oui, tu as une famille maintenant, répéta Kolia en allant déposer un baiser sur son front. Et si tu as besoin de nous tu peux nous appeler, n'importe quand et nous serons toujours là.
Fadeï offrit un ravissant sourire à tout le monde et on lui rendit avec joie. Oui, il pourrait rapidement se faire à l'ambiance calme et sereine qu'il sentait autour de lui. C'était assurément la première fois qu'il se retrouvait dans un endroit comme celui-ci. Un endroit où les gens souriaient sincèrement, un endroit où l'on attendait rien de lui, un endroit où il sentait que l'on veillait sur lui, un endroit où il y avait des gens en qui il pouvait avoir confiance, un endroit où il se sentait en sécurité.
Finalement, voyant que le jeune vampire fatiguait, Arenne, Gricha et Evania quittèrent la pièce. Dean se leva avec son petit vampire dans les bras et il alla l'allonger dans son lit avec la plus grande des délicatesse. Il s'assit à côté de lui, son dos appuyé contre la tête de lit. Bien que cela fut inutile, il prit soin de le couvrir soigneusement, l'entourant dans un cocon de soie douce. Il se mit ensuite à jouer distraitement avec ses cheveux, faisant rouler la tresse faite par Kolia entre ses doigts. Il ne fallut pas dix secondes à Fadeï pour s'endormir avec un léger sourire, le visage posé près de la hanche du loup.
- C'est trop mignon, ricana tout bas Kirsan pour taquiner son ami.
- Il va falloir s'y habituer, lui murmura Nikolaï amusé. En plus regarder des âmes sœurs à quelque chose d'envoûtant n'est-ce pas ?
- Tout à fait envoûtant, rigola-t-il doucement en lançant des regards en coin à son ami qui le regardait d'un œil noir. Sans compter que notre louveteau ne sait plus où donner de la tête lorsqu'il n'a plus Fadeï avec lui. Vous l'auriez vu tout à l'heure, il tournait en rond.
- Oh ça va maintenant, râla Dean.
- C'est normal, répondit Nikolaï avec un peu plus de sérieux, le lien est jeune et lorsque deux âmes sœurs se séparent l'une de l'autre, surtout au début, c'est comme ci...
- On perdait une part de nous même, termina Dean en caressant le visage du jeune vampire. Alors ne te moque pas, ça n'a rien d'agréable.
Kirsan lui sourit simplement avant de demander précautionneusement :
- Excuses moi Dean mais j'ai vraiment du mal à comprendre alors, ça te dérange si je te pose une question en toute innocence ?
- Non, vas-y, répondit le loup en tournant son attention sur son ami.
- Ça ne te fait pas bizarre ? Enfin, je veux dire, tu ne le connais pas, dit-il tout bas en désignant Fadeï, et d'un coup tu ne peux plus te passer de lui. Je ne comprend pas.
Dean réfléchit un moment, semblant chercher une façon d'expliquer :
- Je ne sais pas trop comment décrire ça. C'est comme si j'avais trouvé une part de moi même. Quand je suis avec lui, que je le touche, dit-il en reportant un regard tendre sur l'adolescent, c'est comme si j'avais trouvé ma place dans l'univers. Je ne me suis jamais senti aussi bien que lorsque que je l'ai pris dans mes bras et même le loup en moi ronronne à son contact. J'ai du mal à décrire ça. En un regard, il est devenu mon univers, ma raison d'être, mon soleil, ma lune, mon oxygène. Il me réchauffe et m'apaise comme jamais rien ne l'a fait. C'est juste une évidence, c'est lui et puis c'est tout. Une évidence que je ne peux pas ignorer parce que tout mon être clame déjà que cette évidence est la seule vérité qui compte vraiment pour moi.
Le silence retomba alors que Kirsan observait son ami avec un sourire doux. Il avait un peu de mal à se faire à cette relation soudaine mais la flamme vive qui brûlait dans les yeux du loup était tellement forte et sincère qu'il ne pouvait l'ignorer. Il avait du mal à comprendre mais il l'acceptait totalement. Kolia avait raison, ils étaient envoûtant à regarder et leurs sentiments même soudain, sautaient largement aux yeux. Après encore un moment à observer le jeune vampire, Kirsan et Kolia s'en allèrent à leur tour, laissant le couple se reposer.
Ce ne fut qu'en début de soirée que Fadeï releva les paupières. Dean n'avait pas bougé et il caressait lentement son front du pouce, sa main posée dans ses cheveux. Le jeune vampire soupira de plaisir en souriant, levant le regard vers le loup qui le regardait avec tendresse :
- Tu as bien dormis ? demanda celui-ci.
- Très bien oui, répondit-il d'une voix un peu somnolente.
Lentement et avec lourdeur, il parvint à lever une main qu'il alla déposer sur la jambe du loup. Celui ci prit doucement ses doigts entre les siens, il porta sa main vers son visage et embrassa sa peau froide avec déférence. Fadeï sourit de plus belle. Il n'avait jamais expérimenté ces gestes tendres et il adorait ça. C'était tellement doux et enchanteur, chaleureux.
- Ça ne te gêne pas que je sois si froid ? demanda le jeune vampire alors que le loup gardait sa main dans la sienne en entremêlant leurs doigts.
- Pas du tout, répondit celui-ci avec un sourire. Moi je suis bouillant, ça équilibre et puis ça me fait du bien. Ça me calme intérieurement. J'aime beaucoup ta fraîcheur.
Fadeï sourit, profitant pleinement de la chaleur du loup. L'un réchauffait l'autre et l'autre rafraîchissait le premier, c'était un bon échange. Une autre question vint alors à l'esprit du jeune vampire et il perdit son sourire en même temps qu'il baissa les yeux, ce qui ne manqua pas d'alerter le Quileute. Il se laissa glisser dans le lit pour venir s'allonger à côté de lui et il le prit dans ses bras avec douceur. Il accola leurs fronts et plongea ses yeux noirs dans ceux vert d'eau qui lui faisaient face et qui étaient emplis d'une certaine angoisse :
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il tout bas.
- Je... Je ne veux pas être un poids pour toi, bredouilla Fadeï.
- Un poids !? s'étonna le loup. Pourquoi tu dis ça ?
- Tu as entendu ce que Arenne a dit tout à l'heure, remarqua le nouveau vampire, je vais être faible toute ma vie et je risque d'être une charge. Je ne vais peut-être pas pouvoir faire autant de choses que quelqu'un d'autre et...
- Chut, le coupa Dean. Tu ne seras pas une charge et je me fiche des choses que tu ne pourras pas faire, c'est toi qui m'intéresse.
- C'est vrai, ça ne te gênes pas ? questionna l'adolescent avec une certaine tension.
- Bien sûr que non, je veux juste être avec toi. Et comme ça je pourrais te chouchouter, te sur protéger et m'occuper de toi tout le temps, même si de toute façon c'est ce que je comptais faire. Ne t'inquiètes pas, peu importe ce qui arrivera, je resterai avec toi. Toujours. Et le je vais faire tout ce qu'il faut pour que tu sois heureux, dit-il en déposant un baiser sur son nez.
Fadeï sourit légèrement, l'air profondément touché et Dean embrassa de nouveau le bout de son nez, le faisant sourire un peu plus. Le loup fit alors pleuvoir une pluie de baisers sur ses joues, ses paupières son front et l'adolescent se mit à rire doucement. Le loup glissa alors vers son cou qu'il se mit à grignoter en souriant. Le jeune vampire éclata de rire et le loup se gorgea de ce son comme si c'était le chant des anges.
- Ça chatouille, protesta-t-il entre deux rires.
Il posa ses deux mains sur le torse fort du Quileute sans pour autant essayer de le repousser. Bien au contraire, il tenta plutôt de s'en approcher davantage. Dean continua à déposer ses lèvres dans le cou de son âme sœur avec délice, le faisant rire un peu plus. Ce fut à ce moment que Nikolaï entra dans la chambre et il se figea en entendant les rires: depuis combien de temps n'avait-il pas entendu ce son ? En vérité, il ne l'avait connu qu'une ou deux fois, au tout début. Puis il n'avait plus vu de joie dans les yeux de son fils hormis lorsqu'il venait le voir et il n'avait plus jamais ri. Et aujourd'hui, il riait de nouveau avec sincérité. L'entendre lui réchauffait le cœur tant de fois glacé par les larmes qu'il avait vu sur ses joues. Il sourit et resta à l'écart, laissant son fils profiter de son moment de tendresse avec son âme sœur. Il espérait qu'il aurait souvent l'occasion d'entendre de nouveau ce son et de voir ces petites scènes tendres dans lesquelles Fadeï semblait plus heureux qu'il ne l'avait jamais été.
Il n'eut pas à attendre longtemps avant que le jeune vampire ne sente sa présence qu'il reconnut aisément :
- Papa ? appela-t-il.
Dean se redressa un peu pour constater la présence du vampire près de la porte, lui n'avait même pas perçu son entrée. Kolia s'approcha alors que le loup s'asseyait et qu'il aidait Fadeï à se redresser, le calant contre lui. Nikolaï embrassa le front de son fils comme il le faisait à chaque fois qu'il venait le voir avant de s'asseoir sur le matelas non loin du couple.
- C'est bientôt l'heure du repas, commença l'adulte. Je me demandais si ça te dirait de venir « manger », entre guillemets, avec tout le monde ? On a l'habitude de prendre les repas tous ensemble le soir. Ça te donnerait l'occasion de voir un peu le manoir et de rencontrer les autres habitants. Eux aimeraient bien te voir enfin. Mais si tu n'as pas envie, on peut faire ça une autre fois, tu n'es pas obligé.
L'adolescent réfléchit un moment. Il n'était jamais très à l'aise en présence d'inconnus mais il allait vivre avec eux alors il finirait forcément par les voir. Et puis, il s'agissait de gens qui étaient sous la protection de son père et celui-ci lui avait dit qu'il les appréciait tous alors ils ne pouvaient pas être méchants ou dangereux pour lui. Dans un sens, il était aussi vraiment curieux de les découvrir et il savait que Dean et son père resteraient avec lui alors pourquoi pas ? Ça lui changerait les idées.
- Je veux bien, répondit-il avec un sourire, mais je ne peux toujours pas marcher, remarqua-t-il en baissant les yeux.
- Je vais te porter, évidemment, lança Dean en déposant un baiser sur sa joue, et je ne compte pas te lâcher, compléta-t-il en connaissant les craintes de son petit vampire. Ne t'en fait pas pour ça.
- Merci, répondit le jeune vampire en se calant contre lui.
- Tu veux t'habiller ou tu préfères rester comme ça pour être à l'aise ? demanda Kolia. Ça ne gênera personne, ajouta-t-il, c'est comme toi tu préfères.
- J'aimerais m'habiller quand même, répondit le jeune vampire. Tu veux bien m'aider ? demanda-t-il à son père avec une petite gêne.
- Bien sûr, sourit celui-ci, vient là, dit-il en tendant les bras pour le prendre.
Kolia le souleva dans ses bras, s'amusant du soupir que les âmes sœurs poussèrent de concert en se retrouvant séparées. Dean décida de les attendre là pour les laisser avoir un moment entre père et fils. Il savait que Nikolaï avait une place énorme dans le cœur du jeune vampire et même s'il ressentait une certaine jalousie à le voir blottit dans les bras de son père, il savait que le vampire était indispensable à Fadeï. Et il ne comptait certainement pas le priver de ça même s'il était déjà pressé de le reprendre dans ses bras.
Kolia avança vers le mur à droite de la porte mais se décala encore un peu par rapport au matin lorsqu'il avait voulu entrer dans la salle de bain. L'eau s'écarta une fois de plus comme un rideau et une entrée ronde perça le mur. Il entra débouchant cette fois-ci directement dans le dressing dont l'entrée se referma derrière lui. Comme au matin, il alla l'asseoir dans le grand fauteuil de style ancien modernisé par le velours noir qui le couvrait. Il s'accroupit devant lui et demanda :
- Comment veux-tu t'habiller ?
L'adolescent regarda les étagères pleines de vêtements autour de lui, l'air complètement perdu. Nikolaï rigola devant son visage confus.
- Tu veux que je choisisse ? proposa-t-il.
- Oui, moi je n'y connais rien en mode, se lamenta le jeune vampire.
Après tout, il n'avait jamais vraiment eu de vêtement à lui. Il avait toujours portés les tenues difformes héritées de son cousin ou les robes de Poudlard. Alors il ne savait absolument pas où donner de la tête dans cette pièce.
- Tu apprendras ne t'en fait pas et tu sais, si tu veux, j'en connais deux qui seront ravies de t'aider.
- Qui ça ? demanda-t-il curieux.
- Elles s'appellent Ipiski et Tarania, une démone et une nymphe. Elles sont très amies et dingues de mode de toute sorte, sorcière, moldu... Elles m'ont beaucoup aidé pour choisir tout ça. Je crois qu'elles seront ravies de t'aider à t'y retrouver si tu leur demandes.
- Je le ferai peut-être, répondit le jeune homme qui reçu un sourire de son père.
Celui-ci se releva et se dirigea vers les armoires. Il en sortit un jean noir et une chemise de soie de la même couleur que les yeux de son fils. Il l'aida à retirer son pyjama et à passer les vêtements. Il prit ensuite sa main droite encore bandée entre ses doigts.
- Arenne a dit que l'on pouvait retirer les bandes maintenant. C'est guéri, expliqua-t-il.
Il retira alors le pansement et découvrit la main de son fils. Pâle, elle portait désormais les cicatrices des brûlures provoquées par l'explosion de sa baguette. Les marques étaient lourdes et fortement visibles, couvrant le dos, la paume et chaque doigt. Fadeï remua un peu ces derniers et fut rassuré de constater qu'ils bougeaient correctement. Cependant, il n'était pas à l'aise avec l'aspect peu esthétique de son membre. Il déglutit et regarda son père :
- Est-ce que je pourrais avoir une paire de gants ? demanda-t-il avec hésitation. Je n'ai pas envie que tout le monde voit ça. Je ne veux pas qu'on me fixe comme on fixait ma cicatrice, bredouilla-t-il gêné.
- Bien sûr, répondit Nikolaï avec douceur. Tu n'as pas besoin d'être gêné ainsi, je comprend, dit-il en posant sa main sur sa joue.
L'adolescent lui sourit et il alla chercher ce qu'il demandait. Il revint avec une paire de gants noirs fait dans un cuir fin qui couvriraient la main et le poignet. Fadeï les passa avec son aide et eu un sourire satisfait : c'était mieux comme ça. Nikolaï lui mit ensuite une paire de chaussette et une paire de bottine en cuir.
- Je voulais t'offrir quel que chose, fit ensuite Kolia en s'agenouillant devant lui.
Il lui présenta un écrin carré, fait pour un collier et l'ouvrit devant lui. À l'intérieur se trouvait un splendide médaillon d'or blanc reluisant et poli, posé sur du velours gris. C'était un « V » de trois centimètres de haut. Sur sa branche gauche s'accrochait un griffon finement ciselé comme le dragon qui se trouvait sur la branche droite. De fines lianes de lierres finement taillées entouraient la lettre et les créatures, s'épanouissant autour d'eux. La sculpture de métal était parsemée de minuscules diamant noirs et blancs, soigneusement disposés. Entre les deux branches du « V » se trouvait un disque de nacre dont les reflets allaient du blanc au noir en passant par l'argenté suivant le jeu de la lumière. Le tout était attaché à une chaîne assez épaisse d'or blanc grâce à un large anneaux perçant le nacre.
- C'est mon emblème, expliqua Nikolaï avec révérence. C'est le symbole du nom Vassili. Tu es mon fils maintenant, il est légitime que tu le portes et je serai ravi de te voir avec, dit-il. Il est la marque de notre famille, jusqu'à présent j'étais le seul à le porter, nous serons deux maintenant.
Fadeï le regarda avec une joie évidente. Avec ce geste, Kolia montrait au monde entier qu'il était de sa famille, son fils.
- Merci, il est magnifique, dit-il avec émotion.
Nikolaï passa derrière lui et lui attacha autour du cou. Sa chemise dont les premiers boutons étaient ouverts laissait voir le bijou.
- Ceux qui sont sous ma protection peuvent le porter brodé sur leurs vêtements mais pas sous forme de bijou et je t'ai fait faire une chevalière aussi avec l'emblème dessus. Il est enchanté. Grâce à lui, tu es relié au manoir qui te reconnaîtra comme l'un de ses maîtres. Tu es aussi relié aux protections alors tu sentiras si un intrus essaye d'entrer sur le domaine ou attaque les barrières. Il y a également un charme qui me permettra de te trouver peu importe où tu es. Si tu as besoin de moi, tiens le dans ta main et appelles moi, je serais prévenu, expliqua le vampire en revenant devant lui.
- Je ne l'enlèverai jamais, répondit le jeune vampire avec émotion. Merci papa, dit-il alors qu'il souriait et que ses yeux s'emplissaient de larmes.
Kolia le serra dans ses bras et deux perles d'eau coulèrent sur ses joues, se changeant rapidement en petits diamants. Fadeï regarda les deux pierres précieuses tomber sur ses genoux avec une grande surprise. Il regarda ensuite son père à la recherche d'une explication :
- Les mystères de la magie, répondit celui-ci. Tu es le seul vampire au monde à pouvoir pleurer et voilà ce que ça donne, expliqua-t-il en récoltant les deux gemmes. J'en ai parlé à Arenne elle a dit que c'était à cause du dérèglement de ta magie. Les plus belles larmes du monde, sourit-il.
Fadeï sourit à son tour et laissa son père refaire sa tresse. L'adulte reprit ensuite le jeune dans ses bras et ils regagnèrent la chambre où le loup les attendait. Celui-ci regarda le jeune vampire l'air émerveillé :
- Tu es très beau comme ça, dit-il avec un sourire.
- Merci, répondit l'adolescent qui aurait rougi à coup sûr s'il avait pu.
Le Quileute vint de nouveau le prendre dans ses bras et les deux âmes sœurs se gorgèrent un instant en silence de la présence de l'autre. S'l remarqua ses gants Dean ne fit aucune remarque. Alors qu'ils allaient quitter la pièce, ils furent arrêtés par des sifflements insistants. Ils se retournèrent vers Glyf qui s'était posté à leurs pieds :
« Puis-je venir aussi Sydness ? J'aimerais veiller sur vous et voir aussi un peu le manoir. »
- Glyf aimerait venir avec nous, expliqua le jeune vampire. Il peut ?
- Bien sûr, répondit Kolia.
« Tu peux venir Glyf, grimpe. » lui dit Fadeï avec un sourire.
Le serpent ne se le fit pas dire deux fois. Les deux cobras s'enroulèrent autour des jambes de Dean qui ne semblait pas très à l'aise. Ils montèrent jusqu'à atteindre le jeune vampire et allèrent s'installer autour de ses bras. Leurs queues se posèrent sur les deux épaules, puis ils s'enroulaient chacun autour d'un bras et posèrent leurs têtes sur ses poignets, le bout de leur nez arrivant sur le dessus de ses mains. Ils s'immobilisèrent et devinrent inertes. Étrangement, Fadeï ne sentait pas de poids supplémentaire et il savait que les fins serpents ne gêneraient pas ses mouvements. Ils restaient souples et s'étaient enroulés de façon à ne pas bloquer ses articulations. Ainsi figés, ils ressemblaient à d'extraordinaires et splendides ornements.
- C'est très étonnant et élégant, remarqua Nikolaï.
« Je pourrais me cacher sous vos vêtements et vous accompagner partout ainsi. Enfin si vous êtes d'accord Sydness. Comme ça je pourrais toujours veiller sur vous où que vous soyez. »
« Avec plaisir. » répondit celui-ci.
Ils furent interrompus par le cri d'Hedwige qui vint d'autorité se percher sur l'épaule de Dean, visiblement bien décidée à venir avec eux et finalement, Oëlys vint se poster à leurs côtés, imposant sa présence sous le rire de Nikolaï.
- Bon, tout le monde vient, remarqua-t-il alors. Allons-y, dit-il en se dirigeant vers la porte.
