Bon, encore un texte où je me suis lancée à l'arrache en suivant un "et si". Comment ça, autrement ça ne me ressemblerait pas ? xD
J'ai l'impression que ce crossover est un pur délire. Peut-être que je le supprimerai. C'est une expérience... Pour le moment, c'est un OS, mais il est possible que ça aille plus loin. Il y a clairement matière, mais je ne sais pas dans quelle mesure je suis capable d'écrire un truc pareil, aha.
A Maya : j'espère que cet Augustus te plaira. J'ai essayé de lui donner un peu plus de background sans empiéter sur tes plate-bandes si jamais tu écrivais à nouveau sur Tora et lui (et Dieu sait à quel point on attend ça !). Tu as réussi à m'entraîner là-dedans. Je reprends donc ton univers, en espérant ne pas trop blasphémer...
Inspired by Sleep Well Beast by Maya_Ccie
Décembre 1981. Département des Mystères, niveau 9 du Ministère de la Magie.
Comme tous les matins, Augustus descend dans l'ascenseur. Il n'a aucune idée de ce qu'il va trouver dans les salles qu'il occupera. D'ailleurs, ça change toutes les semaines.
Il sent le goût et le poids du sortilège de Langue-de-plomb. Peu nombreux sont ceux à savoir que faire partie de ce corps de métier implique réellement de laisser la magie modifier une partie de son corps, la laisser le réduire au silence. Dans sa bouche, sa langue lui semble glacée. Magie et mystère ne font qu'un.
Au tout début, il se sentait presque chanceux, étourdi par la réussite que vient couronner le mérite. Pouvoir avoir accès à ces secrets ineffables... Il en rêvait, depuis toujours. Il en a le plein droit, aujourd'hui. Et il compte l'exploiter autant que possible...
L'ascenseur le laisse descendre à son palier. Sur le chemin - un long couloir qui serpente pour accéder à la première salle - les souvenirs de baisers laissés sur la joue d'une Tora endormie chaque jour avant de partir au travail reviennent le hanter quelques secondes. Comme pour se débarrasser d'une mauvaise habitude, son esprit se concentre sur l'environnement qui l'entoure. Enfin, il arrive au planning du jour, affiché sur la porte noire.
Funestar - Salle de la Mort/Salle des Planètes
Moroz - Salle de l'Amour/Salle des Prophéties
Rookwood - Salle du Temps/Salle des Cerveaux.
Bien.
Comme chaque matin, dans une routine qu'il a toujours eu du mal à supporter - mais que, depuis la mort annoncée du Maître, il s'efforce de respecter, sentant le poids des soupçons peser sur tous les employés du Ministère -, il se faufile par la porte, traverse la salle circulaire qui mène à toutes les salles jusqu'à son bureau.
De la paperasse, toujours de la paperasse à remplir. C'est désespérant, pour quelqu'un comme lui, d'avoir à noircir ces papiers stupides. Mais, encore une fois, il s'y astreint. Il ne faudrait pas que ses collègues remarquent le moindre changement dans son attitude.
Et pourtant, il brûle de l'intérieur. Il a toujours senti la magie lui chuchoter comme à son confident, pressenti l'envergure qui appelle son destin. Tout ce pouvoir, là, à portée de compréhension... ça lui donne des frissons, souvent. Ça lui ronge les veines.
Ce jour-là, les papiers à remplir ne cessent pas d'arriver sur son bureau et ça l'agace. Il sent l'irritation remonter le long de sa colonne vertébrale, saillir dans ses muscles.
Il est treize heures et il n'a fait le tour des salles qu'une fois ce matin pour s'assurer que tout était en ordre. Il a croisé Moroz et Funestar un peu avant midi, a mangé avec eux. Tout est redevenu d'une banalité placide, désormais. Un calme inquiétant est retombé sur le Ministère. C'est d'un ennui... et c'est là que les souvenirs l'attendent, au coin d'une habitude détournée. Une traque dont il se serait volontiers passée.
L'image de son Oubliator préférée se projette à nouveau dans son esprit. Au moins, jouer avec elle, en sa présence comme en son absence, avait été distrayant. Amusant, presque. Mais Tora Verpey est morte. Et la voix qui susurre dans son esprit, il ne veut pas l'entendre, l'enferme, l'enterre avec elle : as-tu bien fait de la sacrifier...?
Une grimace étire ses lèvres. Mieux vaut ne pas s'attarder sur ces considérations. Il a fait ce qu'il devait. C'est tout.
Quatorze heures. Après avoir rejoint la Salle aux douze portes, il s'élance dans la Salle des Cerveaux. Un Cinq est gravé en lettres dorées sur la porte laquée. Tirant sur la longue chaîne d'or qui relie toutes les lampes, Augustus dissipe l'obscurité qui a envahi la pièce. Rangée par rangée, tout s'éclaire.
Le réservoir trône au centre de la salle, toujours aussi immense. Et les cerveaux baignent dans le liquide, qui n'est plus vert, mais translucide. Vidange mensuelle oblige.
Ces choses aux secrets inestimables qu'Augustus a appris à manipuler précautionneusement... ça le fascinera toujours. Il repense à ses premiers jours de formation, à la Langue-de-Plomb qui lui a tout appris. Il repense à son rêve ultime : parcourir les allées claires et sombres de l'esprit humain comme les sillons et les scissures de cet organe qui le gouverne, lui et le corps. En révéler les liens, les correspondances. Définir une théorie reliant le cerveau humain, siège de l'esprit, de la conscience, et flux magiques liés aux magies mentales.
Il y a tant de choses à comprendre, à découvrir. Les impasses sont nombreuses, les ruelles souvent étroites, sinueuses, dénuées de sens.
Le savoir, c'est le pouvoir. Et ce savoir-là, pour ce qu'il lui permettra de faire, n'a pas de prix. L'image narquoise de Tora agite son esprit, encore. Elle n'était pas la première, et elle ne sera certainement pas la dernière. Elle n'était qu'une expérience parmi d'autres. Distrayante, certes. Mais une simple expérience.
Sortant de sa rêverie, il se met aussitôt au travail.
Augustus Rookwood ne sort pas de la Salle des Cerveaux avant dix-huit heures. Lavant méticuleusement ses mains tachées de solution translucide, il repasse par la Salle Centrale. Il est habitué aux secousses qui la verrouillent ; aussi, cela ne le surprend pas. Moroz le voit du coin de l'œil ; il se rendent tous deux dans leur dernière salle de la journée.
Il n'est pas au bout de ses peines. Ni de ses surprises.
La Salle du Temps lui paraît d'abord inchangée, comme à l'accoutumée. Heureusement qu'il s'est muni d'un sortilège Bouche-Oreille. Sur les tables, tous les objets qui servent à quantifier le temps cliquettent ou grésillent de manière extrêmement inconfortable. Au fond de la pièce, la cloche de cristal donne aux murs blancs des lueurs prismatiques. L'oiseau s'y trouve à l'intérieur, figé à l'infini dans la boucle de son développement puis de sa régression. Comme le cycle de vie des méduses, comme le problème philosophique de l'œuf et de la poule - qui arrive en premier, personne n'a jamais su répondre à cette question - dont le colibri piégé sous cloche est une reproduction métaphorique produite par la magie en réponse au concept du Temps.
Mais il y a quelque chose d'étrange, cette fois. Une porte, qui apparaît à droite de la cloche, à peine visible - blanc sur fond blanc, sans serrure ni poignée.
Les sourcils d'Augustus se froncent. Il se presse d'aller inspecter de plus près cet étrange phénomène, notant l'anomalie sur le parchemin dédié à son travail qui flotte à côté de lui. A peine a-t-il le temps d'effleurer la paroi découpée dans le mur que celle-ci tremble et s'ouvre par le bas pour révéler une nouvelle pièce blanche.
Il grimace - les lueurs trop vives lui donnent mal aux yeux. Ce n'est pas le moment d'attraper une migraine. Il a bien d'autres choses à accomplir.
Dans cette salle annexe est entreposée une sorte de cage métallique complètement hermétique. Un immense panneau de verre épais orne le devant une porte à gouvernail sert d'ouverture sur un côté. La cage doit mesurer trois mètres de large pour deux de haut, selon ses estimations. C'est le seul objet qui se trouve ici. Avec une sorte de panneau de commandes comportant différents boutons - différentes interactions ? - et une date, gravée sur une interface bien plus moderne que ce à quoi il est habitué. Une date qui l'interpelle.
2015.
Augustus le sent, ce n'est pas un objet magique. Qu'est-ce que cela fait ici ?
Lorsqu'il contourne la porte et s'approche du panneau de verre, la vision qu'il reçoit de l'objet le fait sursauter. Premièrement, il y a environ dix centimètres d'eau dans cette cabine étrange. Deuxièmement, une sorte de lit de métal. Troisièmement, quelqu'un se trouve à l'intérieur.
C'est un homme. Il l'a vu - il tape en criant contre la vitre, mais celle-ci n'émet aucun bruit.
Sans voix, Augustus le détaille prudemment. Il ne sait pas jusqu'à quel point il peut se permettre d'agir dans ces circonstances. Et encore moins quelle peut être la réaction de cette cage à la magie.
Le prisonnier est un peu comme lui. Grand, à l'ossature fine, mais il semble un peu plus jeune. Il est habillé de manière élégante, en costume, bien qu'il n'en ait plus que la chemise et le pantalon. Ses yeux bruns l'interpellent par leur vivacité et leur capacité observatrice - il scrute les moindres mouvements, les moindres expressions du visage d'Augustus. Il y a une sorte de beauté et sauvage qui annonce de suite la couleur chez le mystérieux homme prisonnier de la boîte de fer. En plus sophistiqué, cependant, il semble posséder les traits de quelqu'un qu'il a déjà croisé plusieurs fois. Un autre Mangemort. Comment est-ce possible ?
Ce dernier, d'impatience, détrousse l'avant-bras de sa chemise et trouve le moyen de se couper, puis étale son sang sur la vitre, formant un message. Augustus le regarde faire. Tout ceci le dépasse.
Il y a deux mots écrits en lettres de sang sur le verre. Un nom, et une demande d'aide.
KILGRAVE. HELP.
-Rookwood. Qu'est-ce que tu fais ici ?
Le visage grêlé de Funestar se tourne vers lui alors qu'Augustus se sert au distributeur de boissons. Il sent les yeux chafouins suivre le moindre de ses mouvements. Ce n'est pas son habitude de se réserver une collation sur son lieu de travail. Personne n'a jamais vu Augustus manger autre part qu'au restaurant, seul ou accompagné. C'est ce que son collègue de longue date, d'humeur affable, lui fait remarquer.
Un rire grave éclate dans le long couloir aux bureaux.
-Quels fins observateurs vous faites, persifle-t-il alors que Saul Funestar se sert à son tour.
-Que veux-tu, vieux merle, les habitudes sont faciles à apprendre mais difficiles à ignorer.
La bourrade qui se veut sûrement amicale, Augustus la déteste secrètement. Il rêve de voir brûler ces gens en qui il n'a aucune confiance, ces obstacles auxquels il doit se confronter jour après jour, sans relâche. Mais cela ne fait rien. Les autres comptent sur lui pour retrouver le Maître. Si le Département des Mystères ne lui donne pas la réponse qu'il vient chercher, alors rien d'autre ne le pourra.
Le sourire qui étire ses lèvres n'est rien qu'une nouvelle grimace à ses yeux acérés. Un jour, ils sauront à qui ils ont affaire. Ses pas le mènent loin de toute présence humaine. Jusqu'à ce qu'une apostrophe retentisse trop fort dans la pièce pour pouvoir l'ignorer.
-Augustus !
Il se retourne. Les orbes glacées de Funestar croisent un instant les siennes.
-Je voulais te présenter toutes mes condoléances. Pour…
L'expression du Langue-de-plomb lui fait perdre ses mots. Seul signe qu'il adressera à Saul, un léger mouvement de tête, avant de retourner à ses mystères. L'ombre de Tora flotte partout, comme un parfum égaré. Il doit se reprendre. Ça ne lui ressemble pas. Augustus trouve qu'il y a bien peu de choses qui lui ressemblent, en ce moment.
Il doit se reprendre. Son Mystère attend.
A l'aide de gestes, Kilgrave lui montre comment faire fonctionner le micro afin de pouvoir communiquer avec l'extérieur. La vue de la nourriture qu'Augustus a apportée semble être un agent de motivation efficace.
En fouillant un petit peu dans la base de données numérique, quelques informations supplémentaires parviennent à sa connaissance.
Nom : Kevin Thompson, alias Kilgrave. Naissance : 19 novembre 1977.
Ancien patient atteint de maladie neurodégénérative incurable. Sujet dangereux. Évalué sociopathe.
-Ah. Je vois que cette salope de Jessica a même intégré mon dossier… quelle infortune, vraiment.
Augustus reporte son regard sur l'homme qui monologue depuis sa prison de métal en marchant sans but dans l'eau, écoutant ce qu'il a a dire.
-J'aimerais manger un peu, si c'est possible. Trop aimable à vous de m'avoir apporté de quoi survivre, je vous remercie…
-A votre place, je n'y compterais pas trop, rétorque le sorcier.
Ce Kevin, ou Kilgrave, l'intrigue, et en même temps il ne peut pas s'empêcher de se sentir irrité par ses mots.
-Oh, je vous en prie, soyez sympathique.
-Vous devez vous tromper de personne. Sympathique n'est pas mon prénom, répond Augustus d'une voix aux intonations inflexibles malgré l'accent affable. Comment avez-vous atterri ici ?
-Je ne sais pas, par magie, peut-être ?
Les paroles railleuses glissent sur le Langue-de-Plomb comme la pluie sur un imperméable. Augustus agite le paquet qu'il a rapporté pour l'inconnu, qui grimace.
-Avare en informations, n'est-ce pas ? En même temps, j'admets que je ne suis qu'un inconnu pour vous. Je veux pouvoir manger avant. Et pouvoir sortir d'ici.
-Il faudrait établir que vous ne présentez aucun danger, tout d'abord.
-Vous n'avez pas prévenu vos supérieurs de mon arrivée ?
-Pourquoi le ferais-je ? rétorque Augustus.
-Peut-être qu'il ne s'agit pas d'une situation normale. Après tout, vous ne savez pas si j'étais là hier, badine-t-il comme un enfant, cependant tout sourire.
Il hausse les épaules.
-Je ne suis qu'un simple quidam New-Yorkais, un homme innocent qui s'est fait piéger par Jessica Jones et son nouvel acolyte. Un certain Docteur… vous les connaissez ? Non. Non, ça se voit à votre expression. En quelle année sommes nous, euh… je ne connais même pas votre nom.
-Appelez-moi Rookwood. Nous sommes en 1981. Le neuf décembre, pour être exact. Ce qui veut dire, au vu des informations que j'ai recueillies, que vous venez du futur.
-Fascinant. Vous voulez dire que la magie existe ? Du moins, dans votre monde ?
-Il est mentionné que vous avez des pouvoirs. Quel genre, exactement ?
-Je vous mets au défi de deviner.
-Qui est Jessica Jones ?
-Ah, Jessica, fait-il rêveusement, regardant subitement le plafond. C'est la femme de ma vie. C'est à cause d'elle que je me suis retrouvé enfermé ici, elle et ses amis… Kevin soupire. Vous voyez, Jessica est le genre de femme un peu féroce, qui essaie de sauver la veuve et l'orphelin. Elle est… elle est la seule qui puisse rivaliser avec moi. La seule qui persiste à m'échapper, encore et encore. Et pourtant, je sais qu'elle m'aime. Si seulement j'avais eu plus de temps…
Son ton se durcit.
-Je l'adore et je la déteste en même temps. Elle a ce don pour faire ressortir le caractère des gens.
Augustus retient un sourire. Cette description n'est pas sans lui rappeler de vieux souvenirs.
-...elle m'a empêché d'être un héros, ce qu'elle voulait pourtant, et comme elle sait pertinemment qu'elle ne peut pas m'échapper, elle a préféré s'enfuir en m'emprisonnant dans cette... cage qui me coupe de tout. Et, cerise sur le gâteau, elle a fait appel à un Docteur spécialiste du voyage temporel - de ce que j'ai compris. Non mais vous vous rendez compte ? Il avait la même apparence que moi, à quelques détails près. C'est grotesque.
Il s'arrête un instant, puis reprend.
-Écoutez, tout ce que je veux, c'est retourner dans mon monde et retrouver la femme que j'aime. J'apprécierais que vous me laissiez sortir d'ici afin que je puisse commencer à trouver des solutions.
L'homme en chemise fait ses premiers pas en dehors de la prison de métal, sous la bonne garde d'Augustus qui le surveille depuis la porte. Il se tient prêt à dégainer sa baguette au moindre problème. Quelque chose lui dit de ne pas lui faire confiance. Même si l'avertissement de son esprit est un peu vain - a-t-il déjà réellement accordé sa confiance à quelqu'un, hormis son Maître…?
-Qu'est-ce que ça fait du bien de respirer à nouveau à l'air libre… au sec, s'exclame Kevin Thompson. Maintenant, vous allez me laisser sortir de cet endroit sans encombre, où vous vous arracherez un bras vous-même.
Les paroles ont un effet immédiat. Contre sa volonté, qui lui intime de continuer à garder la porte, il assiste, impuissant, au spectacle de son obéissance forcée. Son corps, sans qu'il le lui ait commandé, bouge selon le désir de Kilgrave, se déplace de la seule issue de cette annexe de la Salle du Temps. Il est comme guidé par un désir impérieux d'agir selon l'ordre qui lui a été donné.
Il y a un goût familier à cette trahison. Ce pouvoir qui est exercé sur lui, cette pression, la menace qui pousse son mental, le brise pour s'insinuer dans le moindre de ses muscles. Quelle ironie. Ce n'est pas un professionnel de l'Imperium, contrairement à plusieurs de ses camarades.
Ce qu'il préfère, son domaine absolu, c'est l'étude des esprits. Des cerveaux. De leurs moindres recoins, des moindres pensées des gens.
Pour la première fois, Augustus Rookwood affiche un air surpris - déstabilisé. Kilgrave sourit.
-Donc ça fonctionne aussi sur les sorciers. Comme c'est intéressant…
L'homme au pouvoir de contrôle mental s'en va d'un pas tranquille vers la sortie de l'annexe.
-Merci… Rookwood, c'est ça ?
Il le tapote sur la joue. Mais son corps ne peut rien faire, pas même se rebeller contre cet outrage.
Kilgrave s'enfuit. La pression diminue alors que la distance entre eux grandit. Il doit être en train de traverser la Salle du Temps lorsqu'Augustus peut bouger à nouveau. Quelque chose de grave est en train de se produire. Il ne pense qu'à une chose : l'arrêter.
Il se précipite dans la salle principale.
-Pas si vite.
Kilgrave entend une voix dans son dos et cela l'arrête net. C'est censé être impossible. Puis l'instinct prend le dessus. Fuir, fuir, fuir. Se mettre en sécurité. Trouver des gens sur le passage à influencer pour gagner du temps.
Mais quelque chose l'attire en arrière et il effectue un vol plané qui le laisse atterrir durement par terre, au milieu des tables. Des horloges volent, elles aussi. Mais d'un sort, leur chute est stabilisée.
Augustus Rookwood se retrouve maintenant devant Kevin Thompson, baguette en main. Ce dernier, au sol, se relève péniblement, main sur la nuque. Mais avant qu'il n'ait pu lui aboyer un ordre, le sorcier murmure une formule.
Une formule qui ferait trembler n'importe qui, dans ce monde.
-Impero.
Kilgrave se fige, semblant attendre ses ordres. Très bien. Cela fonctionne. Augustus reconnaît qu'il a de la chance.
-Kevin Thompson, vous allez retourner dans la cage d'où vous êtes sorti tout à l'heure et je vous y enfermerai.
Il voit la terreur et la haine se mélanger dans l'éclat du regard brun, mais l'impuissance l'emporte. Battu à son propre jeu. Il aurait dû se méfier. Il ne peut qu'obéir, maintenant.
-Ce n'est pas juste. Je vous ai dit tout ce que je savais ! fulmine Kilgrave.
-C'est faux.
-Vous ne m'avez pas demandé de spécifier mon type de capacité. Ou plutôt, vous n'avez pas répondu…
Augustus roule des yeux. Cette discussion n'a ni queue ni tête et cela commence à l'agacer, bien plus que les discussions inutiles entre employés au sein du Ministère. Et encore. Même dans ce genre d'affaires, des intérêts sont toujours présents. Après tout, le monde n'est qu'un vaste espace rempli d'homme, construit de rumeurs.
-Vous n'avez toujours pas appelé vos supérieurs, alors que vous savez que je constitue un danger pour votre monde. Pourquoi ?
Il ne répondra pas.
-Vous ne les appréciez pas ?
Il faut qu'Augustus trouve le moyen de lui faire retraverser le temps, le plus rapidement possible. D'eux deux, il n'y a de place que pour un seul sociopathe. Et ce ne sera certainement pas un étranger arriviste, quand bien même il aurait des pouvoirs... attrayants.
