Salut !

J'ai une bonne nouvelle pour vous ^^ je bosse depuis un peu plus de trois semaines sur une nouvelle histoire et pour le moment, ça avance bien. J'ai rédigé 23 chapitres (ça s'annonce être une longue épopée). Bon, on ne change pas une équipe qui gagne, donc l'histoire est de nouveau centrée sur Akashi. Elle se passe de nouveau dans un Japon féodal, à peu près dans la même période historique (les années 1550), mais cette fois-ci dans un contexte géopolitique très différent.

J'ai eu l'idée de cette histoire alors que j'imaginais une scène où un héro prend la fuite. Je n'ai pas imaginé de raison particulière pour cette fuite. Juste une fuite. Cette scène m'est venue après un énième visionnage de princesse Mononoke et surtout le passage où Ashitaka est poursuivi par les samouraï vers la fin du film. C'est une scène d'une minute à peine mais je la trouve super.

Bref, en creusant les raisons pour lesquelles Akashi prendrait la fuite, une histoire m'est venue. J'ai vraiment hâte de vous la faire découvrir ! Surtout que je suis super contente car pour la toute première fois, j'arrive à écrire sur Murasakibara ! D'ordinaire je me débarrasse de ce personnage dans mes fanfictions car j'ai du mal à le cerner (Damnation Memoriae est déjà une exception mais c'est parce qu'il est très secondaire que j'ai pu le gérer et parce que je savais ce que je voulais faire de lui... je vous laisse lire ça...). Mais tel que je l'ai écris dans ma nouvelle histoire, j'ai enfin trouvé une façon chouette de le définir. Limite, je l'aime bien maintenant.

Et parlant de lui, je vous laisse apprécier ce chapitre...

Bee-gets : Tu aura la réponse dans ce chapitre ^^ Alors, pour rappel, Atsushi a refusé les arguments de Tetsuya quand celui-ci est venu tenter de le convaincre que Seijuro avait tué leurs frères. Ah... tu verra bien... Alors, non, ce n'est pas gentil. J'ai avant tout fait ces recherches pour la rédaction de ce chapitre et je vous ai ensuite fait part de ce que j'avais rassemblé pour vous donner des précisions. J'ai fait ces recherches pour moi avant tout. Bisous !

Shadow : Oui, quel chaos... et ça va pas s'arranger. Tu comprendra dans ce chapitre pourquoi Seijuro n'a pas été tué par ses frères durant le tremblement de terre. Oui, toujours trop court ! Mais bon, la reprise s'est bien passée. Et toi ? Biz !

Bonne lecture !


Mochis

« Tu penses qu'on pourra redevenir frères un jour ? »

Tout le monde semblait l'éviter depuis la mort de Tetsuya et Seijuro pouvait le comprendre. Shirogane ne lui adressait presque plus la parole et le regardait avec tristesse. Atsushi, égal à lui-même, ne parlait que s'il était obligé. Shintarô le dévisageait depuis son coin. L'empereur ne l'avait pas réinvité à jouer au shogi.

Et Shûzo… Seijuro sentait que quelque chose n'allait plus entre eux. Il avait l'impression que sa présence indisposait Shûzo, au point que celui-ci ne dormait plus toutes les nuits avec lui depuis une semaine. Il restait dehors, comme aux premiers jours.

Le monde se dérobait sous ses pieds. Il était plus seul que jamais. Il ne pensait pas mériter un tel traitement. Qu'avaient-ils tous à lui tourner le dos ? Cette solitude ravivait la perte de sa mère mais également la trahison d'Atsushi. Celui-ci ne le défendait plus, ne lui adressait plus la parole.

J'aurai dû épargner Tetsuya tant que je le pouvais encore. J'aurai dû laisser la variole tuer Daiki. J'aurai dû sauver Ryota. J'aurai du…

Pour la première fois il repensa avec nostalgie à l'époque où tous ses frères étaient en vie. Leur relation n'était pas parfaite, mais il y avait un équilibre supportable.

Ce n'est pas de ma faute. Ce sont leurs mères. Ce sont elles les coupables. Ils m'ont tous abandonné. Ils m'ont tous trahis. En qui puis-je avoir confiance désormais ? Je n'ai plus que des ennemis.

Ils n'ont que ce qu'ils méritent.

J'attends plus de toi, Seijuro.

La nuit, dans cette aile des princes à moitié reconstruite, il ne pouvait penser qu'à la trahison d'Atsushi. Il l'avait assommé. Il l'avait neutralisé. Il l'avait attaqué. Pourquoi ? Longtemps, trop longtemps, il avait cru qu'il redeviendrait son allié.

Il l'avait trahi. Comme Tetsuya. Devait-il lui réserver le même sort ?

Non, je ne veux pas le tuer. Je ne veux plus tuer qui que ce soit.

Pourtant, c'était ce que l'empereur lui avait conseillé de faire. Atsushi est devenu une menace, a-t-il dit. Tu dois régler le problème, Seijuro.

Ne me déçois pas, Seijuro.

C'était si douloureux ! Il avait l'impression que sa poitrine se faisait ronger de l'intérieur, qu'une créature s'était tapie dans son estomac, se nourrissait de sa haine, s'alourdissait et pesait désormais de tout son poids dans son thorax. Il en voulait à tout le monde. Il haïssait tout le monde.

Car tout le monde lui tournait le dos. Même Shûzo prenait ses distances.

Finalement… il ne lui restait que l'empereur.

oOo

Il avait préparé des mochis pour Atsushi. Le matin il était sorti discrètement du palais, sans l'aide de personne, passant par les passages secrets découverts lors de l'attaque, plusieurs mois auparavant. Au marché, il avait acheté de quoi confectionner ses mochis.

Seijuro entra dans la chambre d'Atsushi. Celui-ci, chose rare, était en train d'étudier. Ses yeux s'écarquillèrent quand il vit le plateau de mochis.

-Sei-chin ?

Le jeune homme s'avança, déposa le plateau sur la table basse, face à Atsushi.

-ça faisait longtemps que je ne t'avais pas amené de sucrerie.

Seijuro sentait ses mains moites. Il les essuya discrètement sur son hakama.

-C'est vrai… concéda Atsushi avec une petite moue.

Les deux princes se dévisagèrent un moment dans un silence inconfortable. Seijuro avait encore gravé en lui les paroles de son demi-frère : « J'ai pas envie de suivre les ordres de quelqu'un de plus faible que moi. »

-J'ai battu Tetsuya.

Atsushi baissa la tête.

-Tu… tu a perdu un œil.

Seijuro pris un mochi, celui qu'il avait marqué avec son ongle lors de la préparation.

-Mon œil va bien. Je n'ai pas perdu la vue.

-Ah…

Atsushi pris à son tour un mochi.

-Ils sont à la pâte de haricot rouge, expliqua Seijuro quand il vit son frère mordre dedans et observer le contenu.

-Très bon. Tu fais vraiment les meilleurs mochis… même si ta pâte est plus sèche que d'habitude.

Seijuro haussa les épaules. Atsushi mangea un second mochi.

-Tu as encore mal, Sei-chin ?

Le prince regarda son frère manger un troisième mochi.

-Oui. Ma peau me tire, mon œil me brûle parfois la nuit et je suis presque aveugle.

-Mais tu disais…

-J'ai menti. Je mens à tout le monde. S'il n'y avait que mon œil qui me faisait souffrir, ça irait… mais tout le monde s'éloigne de moi. Je me sens seul, isolé et… je revois sans cesse le visage de Tetsuya. Il me hante.

-Sei-chin…

-J'ai tué Tetsuya.

Atsushi déglutit et baissa la tête, incapable de regarder son frère dans les yeux.

-Je suis désolé, Sei-chin.

Seijuro cru avoir mal entendu.

-Je n'aurai jamais dû te dire ce que je t'ai dit ce jour-là.

-Tu as des regrets car tu as peur de moi ?

-Non. Tu ne m'as jamais fait peur. J'ai confiance en toi, Sei-chin. Quand Tetsuya est venu me convaincre que tu avais tué Dai-chin et Ryo-chin, je n'ai pas voulu le croire. Je sais que tu n'aurais jamais fait ça.

Seijuro accusa le coup, dévisagea les mochis et les larmes essayèrent d'envahir ses yeux. Il les repoussa. Ses poings se serrèrent. Sa tête commença à tourner. Il chercha la sincérité dans les yeux d'Atsushi et la trouva.

Son corps était soudain glacé, il ne parvenait plus à bouger et penser.

-Mais… tu m'as assommé lors du séisme. Tu m'as attaqué.

-J'ai eu peur que vous vous entretuiez devant moi. Je voulais pas voir ça. Tu étais le plus proche de moi, alors je t'ai frappé. Mais ensuite, je t'ai protégé de Shintarô quand tu étais par terre.

Ce n'était pas possible… pensât Seijuro, horrifié.

-Tu penses qu'on pourra redevenir frères un jour ? demandât Atsushi, redevenant un instant l'enfant qu'il était avant.

-Je…

Atsushi fronça les sourcils. Il mit sa main sur sa bouche, déglutit plusieurs fois. Il sentait sa langue qui gonflait, des picotements dans ses membres, il avait envie de vomir. Est-ce qu'il faisait une allergie aux mochis ?

-Je ne me sens pas bien, parvint-il à articuler.

Atsushi chercha de l'air alors que sa gorge gonflait petit à petit. Quand il voulut se lever, ses jambes ne répondirent pas et il tomba lourdement sur le tatami de sa chambre. Seijuro restait assis, face à lui, glacé jusqu'aux os devant le spectacle. Atsushi tendit la main vers lui.

-Sei-chin… aide-moi…

Et quand il croisa les yeux de son frère, Atsushi compris.

-Sei-chin… sanglotât-il.

Seijuro voulait s'en aller, il voulait fuir, mais son corps ne répondait pas et une voix lui soufflait qu'il devait rester jusqu'à la fin, comme il l'avait fait pour les autres. Il entendit les râles d'Atsushi qui étouffait sur le sol.

Il se mit à pleurer, regardant son grand frère agoniser sous ses yeux. Atsushi ne l'avait jamais trahi. Seijuro avait envie de hurler. Ses joues étaient douloureuses, ses poumons lui faisait mal alors qu'il hoquetait, le corps secoué de violents sanglots.

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Quand le silence fut total, Seijuro se leva difficilement. Il découvrit le visage de son demi-frère. Sa bouche était ouverte, pleine de salive, ses lèvres se teintaient de bleu, ses pupilles dilatés, sa peau pâle.

Seijuro pris le mochi qu'Atsushi avait entamé et le coinça dans la gorge de son frère pour faire croire à un étouffement.

-Je suis désolé, Atsushi, murmurât-il. Je suis sincèrement désolé.

Il s'en alla, prenant le plateau et laissant le corps de son frère. Il referma doucement la porte coulissante et s'en alla en direction de sa chambre. Il ne croisa personne sur le trajet, le palais était silencieux, de même que les oiseaux.

Le prince alla s'asseoir sur son balcon et attendit.

Il se sentait vidé, épuisé, brisé. Avait-il perdu toute son humanité en tuant son frère ? En réalisant qu'il l'avait fait inutilement souffrir ? Atsushi aurait pu rester à ses côtés, tel un allié fidèle, au même titre que Shûzo. Seijuro pensait se venger, pensait éliminer un traitre…

C'était lui qui avait trahit la confiance d'Atsushi.

Plus tard dans la soirée, Shûzo entra dans la chambre et vint rejoindre Seijuro sur le balcon. Le prince avait entendu l'agitation dans les couloirs.

-Seijuro, soufflât Shûzo. Atsushi est mort.

Shûzo ne vit aucune émotion traverser le visage du prince.

-Seijuro ?

Il sentit son cœur commencer à battre à toute allure dans sa poitrine alors que l'impossible traversait son esprit.

Seijuro, assis sur son balcon, les jambes pendant dans le vide, se laissa tomber en arrière, le visage toujours inexpressif. Est-il sous le choc ? songeât Shûzo. Mais l'attitude du prince n'était pas cohérente.

Il préférerait que Seijuro soit effondré. Mais pour la première fois, Shûzo se rendit compte qu'il ne jouait pas la comédie.

-Sei… s'il te plaît, dit quelque chose…

-Laisses-moi.

-Tu ne souhaite même pas savoir ce qui s'est passé ?

Seijuro regarda son amant. Enfin, il ressentit quelque chose. Un pincement au cœur.

-Atsushi est mort. J'ai entendu. J'ai… perdu un autre frère.

-Il se serait étouffé, expliqua Shûzo d'une voix plus douce. En mangeant un mochi.

-Ce sont des choses qui arrivent.

Shûzo ne pouvait pas lui donner tort. Les étouffements avec la pâte de riz gluante était courante. Néanmoins cela ne justifiait pas le manque de réaction de Seijuro. D'autant plus qu'il était proche d'Atsushi. Ce dernier l'avait longtemps défendu face à Daiki et Shintarô.

-Laisses-moi, Shûzo. S'il te plaît.

Le mercenaire acquiesça et retourna dans le couloir. Il poussa un soupir, le cœur lourd. La réaction de Seijuro, ou plutôt son absence, était inexplicable. Sauf si… Non, Shûzo ne voulait même pas y penser.

Shirogane vint vers lui, souhaitant parler à Seijuro. Shûzo le lui interdit.

-Comment va-t-il ? s'enquit le précepteur.

-Mal.

Il soupira.

-Le médecin ne pense pas qu'il se soit étouffé.

Shûzo resta de marbre alors que ses pires craintes semblaient se réaliser.

-Je dois voir Seijuro.

-Non.

-Si vous chercher à le protéger de…

-C'est mon rôle. Laissez Seijuro tranquille.

Shirogane renonça et fit demi-tour. Il ne fut pas le seul à chercher à voir Seijuro ce soir-là. Le chef de la garde, sur ordre du médecin, souhaitait savoir si le prince avait quelque chose à voir avec ces mochis. Il était connu qu'il allait en apporter à son frère régulièrement. Shûzo resta intransigeant.

Plus tard dans la nuit, la porte de la chambre de Seijuro s'ouvrit. Shûzo vit le prince faire un petit pas dans le couloir, regarder le jardin. Cela rappela au mercenaire ce soir où ils s'étaient embrassés. Il s'attendit à entendre le jeune homme lui demander de venir dormir avec lui.

Plus que jamais, Shûzo s'interrogea sur ses sentiments. Une part de lui continuait à aimer Seijuro. Ainsi, de profil, il restait le plus bel homme qu'il ait vu. Et tant qu'il le voyait ainsi, triste, Shûzo continuait à l'aimer. Mais il savait que s'il venait à tourner la tête vers lui et montrer cet œil jaunâtre et cette cicatrice, alors Shûzo ne verrait plus que sa vraie nature.

-Dors avec moi, soufflât le prince.

Shûzo hésita.

-Je pense que tu as besoin d'être seul.

-Je sais mieux que toi ce dont j'ai besoin, Shûzo, dit Seijuro avec une voix coupante comme une lame.

Un silence.

-J'ai besoin de toi, avoua le prince.

Shûzo se sentit fondre. Il suivit Seijuro dans la chambre. Celle-ci était plongée dans le noir et il ne vit qu'à peine la cicatrice du prince. Ils s'allongèrent dans le futon, à une certaine distance l'un de l'autre.

Au bout de plusieurs minutes à écouter la respiration de l'autre, Seijuro se rapprocha de Shûzo. Ils restèrent ainsi toute la nuit, incapable, l'un comme l'autre, de trouver le sommeil.


Ce chapitre, avec le duel contre Tetsuya, fait sûrement parti des chapitres les plus tristes.

Habituellement, vous l'aurez remarqué, je termine toutes mes parties par la mort d'un frère. Mais, tiens donc... ce n'est pas le cas ici ;)