Titre : Des raisons de douter
Fandom : Fullmetal Alchemist
Disclaimers : l'univers et les personnages ne m'appartiennent pas.
Mon petit blabla avant de commencer : Il s'avère que gérer un bébé et un changement de job n'est pas si aisé que ça... Désolée pour l'attente. J'espère que ça en vaudra le coup :)
Tatouage
La douleur vive lui fit l'effet d'un coup de poignard dans le dos. Pas que Riza ait déjà été blessée de cette façon.
La soldate serra les dents et se raidit d'autant plus. L'odeur de peau brûlée commençait à emplir la pièce, mais ce n'était rien en comparaison de à quoi ils avaient dû faire face à Ishbal.
"ça va ? Demanda Mustang d'une voix inquiète.
- ça va."
Riza était déterminée à ne laisser échapper aucun cri, aucun son, mais elle savait que Mustang arborait très probablement ce regard coupable et inquiet qui, ces derniers temps, lui donnait envie de hurler.
L'alchimiste était rentré dans son appartement le regard sombre, l'air de celui qui n'avait pas dormi de la nuit. Le connaissant, c'était probablement le cas. Il détestait sûrement l'idée de blesser la fille de son maître, alors même qu'elle avait émis l'idée. Et il lui avait demandé une dernière fois si elle était sûre d'elle, comme s'il s'attendait (espérait ?) qu'elle ne fasse machine arrière.
Elle pouvait encore. Si elle changeait d'avis, Mustang ne lui reprocherait probablement rien. Il lui promettrait sûrement de la protéger jusqu'à ce qu'ils emportent tous les deux les recherches de son père dans la tombe. Mais l'idée d'être traitée comme un trésor délicat à enfermer dans un coffre la révulsait. Ils avaient la possibilité de détruire le secret du Flame Alchemist tout de suite. Autant le faire. Après tout, la douleur qu'elle ressentait n'était rien en comparaison des crimes qu'ils avaient commis.
Riza lui avait désigné un coin de la pièce avant d'elle-même s'asseoir à califourchon sur une chaise, dos à lui, et retirer son tee-shirt.
"Finissons-en"
Lorsque Mustang eût terminé, une fine pellicule de sueur couvrait le front de la jeune femme.
Riza laissa échapper un soupir tremblant.
L'odeur lui donnait la nausée, la ramenait tout droit aux pires moments, au front. Mais elle devait tenir, encore un peu.
Mustang s'avança vers elle et la contourna pour mieux la surveiller.
"Est-ce que tu as des compresses ? De la glace ?"
Sa voix lui sembla anormalement forte et la pièce tanguait autour d'elle. Riza fronça les sourcils pour repousser le malaise qui se profilait. Encore quelques minutes et il s'en irait. Quelques minutes et elle pourrait s'effondrer en paix sur son lit.
"Dans la cuisine. Le frigo."
Elle se leva, mais la main de Mustang lui attrapa le coude et la força à se rasseoir.
"Ne bouge pas."
Elle lisait dans ses yeux qu'il ne servait à rien de persister et Riza avait d'autres choses à faire que lui tenir tête. Les brûlures étaient superficielles et limitées aux passages clés du tatouage. Pourtant, elle avait l'impression que son dos tout entier était en feu.
"Merde."
Elle avait sous-estimé à quel point les blessures allaient l'handicaper.
"Tu ne te sens pas bien ?"
Mustang était de retour, compresses stériles dans une main, bol de glace dans l'autre.
Son appartement n'était pas suffisamment grand pour qu'il ne puisse pas l'entendre depuis la cuisine et l'alchimiste fixait d'un air inquiet. Une partie d'elle-même avait envie de lui dire qu'elle n'était pas une petite chose fragile. Mais le reste était proche du malaise.
"On va t'allonger, conclut rapidement Mustang."
Avant même qu'elle ne comprenne comment, la jeune femme se retrouva sur le ventre, sur son propre lit, son bras gauche, pendant misérablement sur le côté. Et au-dessus d'elle, Mustang s'affairait sur ses blessures.
"Attention, ça va encore faire mal."
Et il avait raison. Riza put cette fois à peine retenir un gémissement, lorsque Mustang étala la glace sur ses brûlures. Elle était épuisée par la douleur, par ces dernières années.
"ça va passer", promit-il.
La douleur peut-être, mais la guerre ? La question était sur le bout de sa langue. Néanmoins, Riza ne pouvait pas se résoudre à la poser. Parce que lui ne ressemblait pas à un cadavre ambulant tous les jours depuis leur retour. Parce que lui n'avait probablement pas l'impression de s'effondrer de l'intérieur.
Comment pouvait-elle être aussi faible ?
"Respire"
C'était bien la seule chose qu'elle pouvait encore faire.
Ce moment sembla durer une éternité. Une éternité à retenir ses cris alors que la douleur occupait tout l'espace dans sa tête. Une éternité à essayer de repousser tous ses souvenirs du front. Mais malgré tout, la glace finit par anesthésier la peau et la douleur, reculer.
"C'est presque fini."
Riza s'était dit plusieurs fois qu'aucune personne saine d'esprit ne penserait à tatouer ses recherches sur le dos de sa fille, mais aucune personne saine d'esprit ne demanderait non plus à ce qu'on lui retire le tatouage de cette manière. C'était risible et bizarrement ironique : qu'elle le veuille ou non, elle était la fille de son père.
Et une nouvelle fois, elle était à moitié nue, allongée sur son lit, Mustang penché au dessus d'elle. Merde.
"ça va ? demanda l'alchimiste en fronçant les sourcils."
Elle avait parlé à haute voix.
"ça va, marmonna-t-elle. Tu n'es pas obligé de rester.
- Tu veux que je parte ? traduisit Mustang en haussant un sourcil. Tu as besoin d'aide pour tes blessures.
- Je peux m'en occuper seule."
L'alchimiste sembla encore plus interloqué.
"Les brûlures sont dans ton dos. Il est physiquement impossible que tu les panses toi-même."
Et pourtant, elle y avait cru. La jeune femme n'avait tout du moins jamais réfléchi au fait que son choix conduirait à cette situation : se retrouver encore une fois à moitié nue devant Mustang. Parfait. Si elle pouvait, elle insulterait la Riza du passé qui avait visiblement laissé passer un détail de taille.
Mustang semblait la jauger du regard, comme s'il essayait de savoir si elle avait encore toutes ses facultés mentales, et la soldate grimaça. Elle ne gagnerait rien à essayer de débattre avec lui dans cette situation.
"Merci, marmonna-t-elle encore une fois.
- C'est normal."
Normal ? L'envie de rire la prit, mais Riza se retint. Elle n'avait pas besoin que Mustang la considère en état de choc.
Celui-ci dégaina sa montre avant de la refermer d'un geste sec.
"ça fait 20 min, ça devrait être bon, déclare-t-il en relevant ses manches. Je vais retirer la glace et mettre un pansement. Dis-moi si je te fais mal."
Mais ses mains étaient rapides et méthodiques et sa peau, complètement anesthésiée.
Combien de fois l'alchimiste de flamme avait-il du soigner des blessures de ce type au lieu de les infliger ?
La jeune femme resta immobile sans même essayer. Elle avait l'impression d'avoir été passée sous un rouleau compresseur. La fatigue, la douleur s'étaient accumulées jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus faire le moindre geste.
"Riza, tu es toujours là ?"
Mustang était inquiet. Elle l'entendait dans sa voix, le lisait dans ses yeux tandis qu'il se penchait à sa hauteur. Il avait peur d'un malaise.
"Je suis toujours là. Un peu fatiguée.
- Je comprends."
D'un geste qu'elle crut rêver, Mustang dégagea une des mèches qui tombait sur ses yeux, pour la glisser derrière son oreille, puis s'assit à nouveau à son chevet.
"Tu as mal ?
- ça va. Ce n'est rien en comparaison de…"
Elle n'avait pas besoin de finir sa phrase. Le regard de Mustang s'assombrit et il hocha la tête.
"Je ne voulais pas dire ça."
Mais elle l'avait fait ou presque alors que l'alchimiste était la dernière personne à qui elle pouvait en parler. Ishbal était encore trop frais dans leurs mémoires, les atrocités commises trop récentes pour qu'ils puissent en parler. Sans compter que si elle avait été témoin, lui avait perpétré ces crimes de guerre. Et pourtant, Mustang n'était pas celui qui s'était effondré dans un lit, au bord des larmes.
Riza se sentait tellement faible.
"Ce n'est pas grave.
- Je… suis juste soulagée... Je.
- Dors. Je vais rester"
D'un geste délicat, Mustang prit sa main gauche et replia son bras sur le lit, avant de s'asseoir à côté.
Il était si proche d'elle, que Riza pouvait discerner les plis d'inquiétude entre ses sourcils, la façon dont son regard fouillait le côté visible de son visage. Beaucoup trop proche. Alors elle ferma les yeux.
Il y avait tant de non-dits dans l'air. Des questions en suspens. Pourquoi rester ? pourquoi s'occuper d'elle ainsi ? Mustang avait été clair mais son comportement ne l'était pas tellement. Et en même temps, Riza ne voulait pas savoir.
Pour un instant au moins, elle voulait faire semblant. Croire qu'il était là pour elle et que si elle le lui demandait, il resterait et la prendrait dans ses bras. Croire que même sans ce tatouage sur son dos, elle était plus qu'une relique encombrante de son passé.
Elle repoussa les larmes qui menaçaient de déborder et s'efforça de se concentrer sur le pouce de Mustang qui caressait doucement le dos de sa main. Sur la chaleur de sa paume. Et son parfum qu'elle arrivait à sentir.
Se concentrer, pour un instant au moins, faire semblant d'y croire.
Une petite review ? :)
