Derek ouvrit la porte du loft dès qu'il perçut les bruits qu'il attendait depuis quelques minutes déjà : des pas, de légers frottements, ainsi que la voix de son oncle. S'il ne fut pas réellement surpris de se retrouver face à Peter, l'état de Lydia le cloua sur place. La jeune femme était pâle comme la mort et semblait… Dans un état second, proche du choc. Autour de son bras, un bandage de fortune, fait avec un bout de tissu dont la provenance lui était égale, mais dont la propreté lui paraissait douteuse. Il releva un regard terrifié mais sérieux en direction de Peter.

- Tu peux aller me chercher le nécessaire à la salle de bain ?

Il lui aurait bien fait la demande d'une façon un peu plus directe et moins civilisée, mais… Lydia était là et quoiqu'on en pense, sa présence changeait tout – son état, davantage encore. Elle avait les yeux fuyants, le souffle court et ses jambes flageolaient nettement. Que dire de son cœur ? Il battait d'une façon si forte et si irrégulière que l'ancien alpha eut peur, l'espace d'un instant, qu'il s'arrête. Ainsi, à peine Peter eut-il hoché la tête et lâché la jeune femme que Derek passa un bras autour d'elle et la guida jusqu'au canapé. Là où il voyait que ça n'allait réellement pas pour la banshee, c'était dans son attitude et cette façon qu'elle avait de le laisser prendre les rênes tout en restant crispée. Consciente et inconsciente. Soulagée et terrifiée. Bien sûr, Derek la percevait, cette odeur de sang. A vrai dire, elle lui donnait envie de grogner mais pour Lydia, il se retenait. Il n'avait pas la moindre intention de lui faire peur juste parce que savoir qu'on s'en était pris à elle le mettait en colère. Il n'avait d'ailleurs aucune idée de ce qu'il s'était passé tant Peter était resté vague au téléphone. En effet, l'oncle Hale était resté vague quant à la raison pour laquelle Lydia était dans cet état-là, axant la conversation sur la priorité de la mettre en sécurité, dans un endroit où l'on ne la laisserait pas seule. Constater la prévenance de Peter aurait pu être drôle dans un autre contexte tant c'était rarissime… Mais Derek était suffisamment tendu pour ne pas se laisser aller à la plaisanterie. L'état de Stiles et Isaac, à l'étage, continuait de le préoccuper et ce qui avait eu lieu au Nemeton refusait de quitter son esprit. Rien n'allait.

- Assieds-toi, fit-il aussi doucement qu'il le put en l'aidant à s'installer.

Mais sa voix, à elle seule, ressemblait en cet instant à un grognement. Qu'y pouvait-il ? L'inquiétude qui l'étouffait se battait en duel avec la colère de savoir qu'il lui était arrivé quelque chose… Et qu'on n'avait pas su la protéger. Lydia était une femme forte, indépendante et vive d'esprit : elle restait toutefois une banshee au milieu de loups-garous. Qu'importe la puissance de son don ou de son caractère, il y avait des limites face à ce qu'elle pouvait supporter – c'était d'autant plus vrai physiquement. Être une banshee ne lui procurait pas beaucoup d'avantages, si ce n'est l'immunité face à la morsure, ou les griffures profondes. Lorsqu'il retira précautionneusement cette espèce de bandage de fortune sans doute confectionné par Peter, Derek retint une grimace. La blessure n'était pas moche en elle-même… Disons que sa présence seule le dérangeait, d'autant plus que le tracé était net. Peu profond, mais net. Un coup de colère, quelque chose fait précipitamment. Derek releva les yeux vers la banshee, dont le regard vide fixait le vague.

- Lydia, l'appela-t-il.

Les épaules voutées de la jeune femme tressautèrent légèrement et elle cligna des yeux à plusieurs reprises, avant de finalement fixer son regard sapin dans le sien, vert d'eau. Derek ne chercha pas à le décrypter tant il débordait d'émotions… Avec la peur, qui prédominait. Cette même peur qui faisait légèrement trembler le bras blessé de Lydia.

C'est à ce moment précis que Peter débarqua dans le salon, la trousse de soin dans les mains. Il la tendit à Derek, qui s'empara de ce dont il avait besoin. En premier, il désinfecta les griffures et s'appliqua à faire un bandage propre et net. L'on ne le savait pas, mais l'ancien alpha était très doux pour ce genre de choses et c'était la raison pour laquelle Peter le laissait s'occuper de la banshee. L'oncle Hale était en effet un peu brusque et peu précautionneux et ce, même s'il essayait. Ainsi, Derek s'attela par la suite à essayer de savoir si Lydia avait autre chose, mais elle resta murée dans le silence.

- Elle n'a rien de plus, finit par lui indiquer Peter.

Ayant assisté à ce qu'il s'était passé, l'oncle Hale pouvait l'affirmer sans émettre aucun doute. De son côté, Derek hocha la tête, quelque peu rassuré. Une chose était certaine : même si la banshee était un atout considérable pour garder la meute soudée… Il était hors de question qu'on la laisse revenir au manoir si elle risquait quoi que ce soit. Aujourd'hui, c'était une griffure. Qu'en serait-il de demain ? Qu'est-ce qui lui serait fait ? Derek préféra ne pas l'imaginer… Et se promit de remercier son oncle qui, pour une fois, avait fait une bonne action en choisissant de l'emmener ici. Dans son état, Lydia ne devait effectivement pas rester seule chez elle… Et il fallait qu'elle soit au calme. Ici, c'était parfait. Derek se demandait simplement comment il allait gérer tout ce petit monde chez lui… Avant de se dire que ça irait. Stiles et Isaac dormaient et Lydia… Elle était calme par nature. Derek essaya toutefois de capter l'attention de la jeune femme en lui prenant maladroitement la main, pour lui demander si elle voulait se reposer. A la manière dont elle le regarda et hocha la tête, Derek comprit qu'elle l'entendait… Elle n'avait simplement pas la force de réagir en tant que tel. Et ce fut à cet instant précis, alors qu'il l'aidait à se lever, qu'il s'en voulut. Elle avait essayé d'échapper à sa mission au manoir et lui-même lui avait dit que sa présence était nécessaire, qu'elle faisait du bien à la meute, qu'elle les canalisait… Qu'en avait-elle retiré, au final ? Derek se mordit la lèvre inférieure et l'aida à monter les escaliers. Arrivé dans le couloir, il jeta un coup d'œil rapide à la porte de la chambre de Peter : toujours fermée. Au moins, Stiles et Isaac se reposaient… Enfin pour l'hyperactif, il n'était pas sûr. Si Isaac s'était réveillé et allait relativement « bien », le sort de l'humain restait incertain. S'efforçant de penser à autre chose, Derek conduisit Lydia dans sa propre chambre – la seule disponible – et l'aida à s'installer convenablement. Si la banshee ne pipa mot, elle lui lança un regard reconnaissant et s'enfouit sous les draps dès lors qu'il fut parti, trouvant là une protection illusoire dont elle avait terriblement besoin.

De son côté, Derek retourna voir Peter sans se douter une seule seconde du réveil de Stiles. Avec les récents évènements… Il ne laissait pas ses propres sens agir aussi librement que d'habitude, pour la simple et bonne raison qu'il était fatigué… Dépassé, aussi. Jackson aussi, et c'était d'ailleurs pour cette raison qu'il était parti se reposer dans la bibliothèque. A l'intérieur, pas de canapé, mais un fauteuil large et confortable, de quoi lui permettre de se poser un peu, de fermer les yeux. Derek prendrait sa place une fois son « tour de garde » réalisé.

D'ailleurs, à peine Derek s'installa-t-il face à son oncle que celui-ci commença à lui narrer ce qui avait conduit Lydia à se retrouver dans cet état de tétanie et d'angoisse effarant. Il lui relata la perfidie de Scott, la façon dont il avait manipulé le jeune Dunbar sans que personne ne s'en aperçoive pour qu'il desserre ses liens de manière à agresser Lydia un fois qu'il l'aurait poussée sur lui… Et tout ce qui s'était mis en branle ensuite.

- Je ne vais pas rester longtemps, ajouta l'oncle Hale d'un air sérieux… Qui lui allait plutôt bien. Pour l'instant, Parrish surveille tout ce petit monde, mais je pense que ma présence ne sera pas de trop.

Si Peter n'était pas un exemple en soi, l'on devait reconnaître que sa force d'ancien alpha serait peut-être nécessaire en cas de problème. Lydia n'étant plus là pour souder le groupe, il faudrait tenir celui-ci d'une autre manière et si ça devait passer par là… Eh bien, soit. Dans cette situation, les deux Hale savait que le pacifisme avait ses limites et que le moral… N'était plus réellement une priorité. D'autant plus que Derek avait comprit ce que Scott avait cherché à faire et c'était malin. Pour autant, il ne le laisserait pas agir davantage.

- Vas-y, articula-t-il.

Mais l'expression qui se peignit sur le visage de Peter l'interrogea aussitôt. Ses sourcils s'étaient drastiquement froncés et son visage affichait une certaine perplexité.

- Qu'est-ce qu'il y a ? S'enquit aussitôt son neveu, appréhensif.

Disons qu'il espérait ne pas avoir à affronter un énième problème : ceux qu'il avait déjà étaient suffisamment nombreux comme cela. S'ils continuaient de s'amonceler de la sorte… Les choses risquaient de se compliquer.

- Tu devrais aller voir ce qui se trame en haut, Derek… Je crois que ça vaut le détour.