2- Ear cleaning - Merder
"Il en est hors de question!"
"Meredith, si je ne fais rien je pense que bientôt tu seras parfaitement sourde, est-ce que c'est vraiment ce que tu veux?" dit Derek assis sur leur lit, les bras croisés sur sa poitrine comme il l'aurait fait si l'un de leurs trois enfants lui avait fait un caprice.
"Non, je refuse."
Meredith avait un énorme bouchon d'oreille et elle refusait catégoriquement que Derek l'aide à se laver l'oreille. Ils avaient beau être mariés depuis une éternité, c'était l'étape qu'elle n'était pas prête à dépasser, après ça où en seraient-ils en terme de romantisme? Au niveau du plancher des vaches, exactement! Ils étaient proches, très proches. Quand elle prenait sa douche, Derek allait sans problème aux toilettes, il lui avait déjà tenu les cheveux alors qu'elle vomissait et inversement, il lavait ses sous vêtements en même temps que les siens, bref ils connaissaient tout l'un de l'autre, mais ça c'était trop. C'était dégoûtant, et elle ne voulait sous aucun prétexte qu'il s'approche de son conduit auditif. Ceci dit, il avait raison sur un point, elle n'entendait presque plus rien de cette oreille et elle devait y remédier. Et puisqu'elle ne pouvait pas le faire toute seule, et que lui était hors jeu - fin de la discussion - elle allait devoir prendre un rendez-vous avec un orl.
"Mer… c'est ridicule, allons. Je suis médecin je te rappelle, je vois des cerveaux visqueux tous les jours, ce n'est vraiment pas un peu de cérumen qui va me dégoûter."
"Oui, mais c'est mon cérumen," dit-elle en s'asseyant près de lui sur le bord du lit en lui lançant un regard qui clairement le menaçait de mort s'il osait s'approcher d'un peu trop près de son oreille gauche. "Si tu fais ça pour moi, il n'y aura plus de secret entre nous, et on deviendra comme ces vieux couples dont on se moquait quand on était jeunes."
"Meredith Grey, il y aura toujours du secret en ce qui te concerne. C'est ce que j'aime le plus en toi, tu es complexe, tu es changeante comme un ciel d'automne, et tu n'es jamais une énigme simple à résoudre."
"Ne pense que tu vas m'avoir avec du romantisme à deux balles," rit-elle en le frappant doucement sur son biceps.
"Dommage, je vais devoir t'attacher…"
"Tu n'oserais pas?"
"Ah oui, tu crois…?"
Elle ne chercha pas à essayer de le deviner et se releva d'un bond du matelas en mettant toute la distance qu'elle pouvait entre elle et son mari.
"Est-ce qu'il y a quelque chose qui pourrait te faire changer d'avis? Est-ce que tu veux aussi me laver les oreilles pour qu'on soit sur un pied d'égalité?"
Elle roula des yeux, mais elle se rendait bien compte qu'elle était ridicule avec toute cette histoire, alors elle marmonna entre ses dents: "Ok, faisons-le, mais on ne n'en reparlera plus jamais et c'est une chose qui n'aura lieu qu'aujourd'hui, pas de récidives."
"D'accord," dit Derek, son regard bleu brillant d'amusement.
Les épaules s'abaissant en défaite, Meredith vint s'asseoir sur le rebord de la baignoire pendant que Derek fouillait la pharmacie. Il en sortit une poire à lavement et une pince à épiler, ainsi qu'une paire de gants chirurgicaux. Il prit aussi une serviette de bain propre sur l'étagère et la passa autour du coup de Meredith. Elle le regardait faire, toujours un peu honteuse, mais elle devait bien l'admettre, un peu amusée par la préparation de son mari qui ressemblait à la mise en place d'un champ stérile en salle d'opération.
Il apporta un tabouret devant le lavabo et invita Meredith à s'y installer en l'embrassant sur le front.
"Je te promets que je serai doux," sourit-il. "C'est aussi ma première fois."
Elle eut envie de lui envoyer son coude dans les côtes mais se contenta de le fusiller du regard au travers du miroir devant lequel ils se tenaient.
Derek fit couler de l'eau jusqu'à ce qu'elle soit tiède et puis il remplit la poire. Il inclina la tête de Meredith et introduisit l'embout de l'instrument dans le conduit externe de son oreille sans trop l'enfoncer et appuya très lentement sur la poire pour que l'eau vienne faire fondre le cérumen et le décoller.
Deux lavements plus tard, et grâce à l'aide précieuse de la pince à épiler il en était venu à bout du bouchon d'oreille de sa femme et il lui essuyait maintenant le visage avec toute la douceur du monde.
"Et voilà, c'est fini."
"C'en est fini aussi de notre vie au lit," dit sombrement Meredith, "Après ça, j'ai du mal à croire que tu puisses encore me trouver sexy."
"Non Meredith, tu te trompes… ce n'était certes pas le moment le plus glamour de toute notre relation, mais le fait que tu me fasses confiance pour ce genre de choses… c'est… comment dire? Cela me touche à chaque fois que nous faisons quelque chose d'aussi domestique, parce que c'est le rappel quotidien du fait que tu es ma femme, que tu n'es pas juste une brève relation, mais l'amour de ma vie. Tu connais ce qu'il y a de pire chez moi, et moi en toi. On a passé tous les stades d'une relation solide et on est encore ensemble. Et ça… ça c'est un cadeau pour moi."
Elle avait envie de le croire, il était si sincère et puis surtout, il ne la regardait pas différemment qu'avant qu'il n'ait à retirer cette monstruosité du fin fond de son oreille. Elle hocha la tête. Elle n'était pas prête à l'avouer à voix haute, mais c'était un début.
"Bon et si nous allions nous coucher maintenant? Tout ce remue ménage ça m'a épuisé…" dit Derek en l'embrassant délicatement.
Elle le suivit dans leur chambre et comme tous les soirs, elle se blottit dans ses bras puissants en écoutant son cœur battre doucement - elle pouvait enfin l'entendre à nouveau avec son oreille débouchée - et sa respiration qui se calmait petit à petit qu'il s'endormait. Il avait raison… Malgré ses craintes ce n'était pas un peu de cire d'oreille qui allait les séparer. Elle nicha son visage dans le creux de son cou, respira son odeur si reconnaissable, si réconfortante, et elle s'endormit.
