Hello ! Petit chapitre de discussion avant un retour en 1998 et un peu d'action :D Bonne lecture !
Chapitre 14 : Faire table rase du passé
Violet broyait du noir, à demi-allongée contre Freddy. L'ours avait placé une main protectrice autour de son épaule et montait la garde. Cela faisait plus de six heures que Golden Freddy avait quitté la pizzéria, et il n'était toujours pas revenu. L'ambiance déjà tendue ne faisait que s'alourdir à chaque nouvelle heure écoulée. La nuit était sur le point de tomber, et tous patientaient dans la salle de Springtrap, prêts à partir en cas de feu vert.
Les jambes de Freddy avaient été mieux réparées dans ce court laps de temps, ce qui lui permettait de se déplacer de nouveau normalement. Violet avait participé à la réparation et était plutôt fière de son travail. Les cours de mécanique de Springtrap avaient fini par porter leur fruits. Pour autant… Elle s'inquiétait de suivre la même voie que lui, pour des raisons évidentes. Tous les Afton avaient mal tournés à un moment ou un autre de leur vie. Elle ne voulait pas croire à la thèse d'une malédiction familiale, mais… Il allait falloir se rendre à l'évidence. William coincé dans son costume de métal, puni pour l'éternité. George et Elizabeth assassinés par un robot. Michael condamné à souffrir une partie de sa vie. Son père qui avait manqué de se faire tuer. Elle qui s'apprêtait à se jeter dans la gueule du loup. Pourquoi leur famille avait-elle si mal tourné ?
Elle soupira.
— Il va revenir, dit Freddy d'une voix rassurante. Il revient toujours. Il a peut-être découvert quelque chose d'intéressant.
— Je ne sais pas. Je ne sais plus à quoi m'attendre maintenant que l'on sait que Henry est de retour. Je ne pensais pas… Avoir à le rencontrer un jour. Ce que j'ai lu sur lui dans les journaux de Springtrap m'a suffit à me faire une idée du personnage.
— Tu as lu mes journaux ?
Elle releva la tête vers le lapin, assis contre le mur en face d'eux, à côté de Michael.
— Je les lui ai donné il y a quelques années, répondit son grand-père. Pour qu'elle se fasse une idée de qui tu es vraiment, et de pourquoi ce n'est pas une bonne idée de sympathiser pour le pauvre tueur en série.
— Et ça a marché ? lui demanda le lapin.
Violet ne répondit pas immédiatement, ce qui fit froncer des sourcils Michael. Elle soupira.
— Ce n'est pas aussi simple que ça, pas vrai ? dit-elle. Il a fait des choses horribles, mais il n'est pas le seul. Henry a torturé des enfants. Les robots ont tué des gardes de nuit. Même toi, papy, tu as fait des choses dont tu n'es pas fier. Je ne cautionne pas ses actes, mais je peux les comprendre en partie. Comme je peux comprendre pourquoi tu as fait ce que tu as fait à George, ou pourquoi les enfants ne pourront jamais pardonner à William. Tout n'est pas noir ou blanc. Et puis… C'était il y a plus de cent ans maintenant. Je pense qu'il est temps qu'on tourne tous la page pour de bon. Et faire arrêter Henry pourrait être ce dont on a besoin pour le faire. Tous ensemble.
Son intervention ne fut suivie que par un long silence. Michael la dévisageait, troublé, mais surtout inquiet. Elle savait ce dont elle avait l'air. Il pensait qu'elle avait perdu l'esprit, ou que William lui avait retourné le cerveau pour la convaincre de le défendre. Mais ce n'était pas ça.
— Papy, j'ai passé toute mon enfance sous les projecteurs, soit en tant que victime de la tuerie du musée, soit en tant qu'héritière de l'empire Afton et de ses histoires de fantômes. J'en ai marre d'être ce que que les gens attendent de moi. Je ne veux pas reproduire les erreurs du passé, mais je veux aussi que ces erreurs restent là où est leur place : dans le passé, oubliées. Je ne comprends pas pourquoi toi et papa avaient absolument tenu à ouvrir un musée, ou une pizzéria, si comme vous me dites depuis que je suis toute petite vous voulez en finir avec les démons d'antan. Il est temps d'en terminer pour de bon. Avec Henry, tout du moins, et ensuite on verra ce que l'on peut faire pour William. Ce n'est plus une histoire de vengeance, c'est l'histoire de comment est-ce que l'on trouve un moyen de libérer toutes ces âmes une bonne fois pour tous et les laisser partir. Pas juste celles qui nous arrangent. William a assez été puni, les enfants aussi. Il est temps d'arrêter cette guerre stupide et d'avancer ensemble avant qu'Henry ne recommence un nouveau cycle de la violence.
— Tu ne peux pas comprendre tout ce qu'il a fait. Tout ce qu'ils ont fait. Des meurtriers ne devraient pas avoir à vivre impunément.
Violet soupira, puis marcha en direction de son grand-père.
— Regarde-le, dit-elle en pointant William. Regarde-le dans les yeux, puis regarde-moi et dis moi s'il vit impunément. Tu sais ce que les enfants vivent dans leurs costumes, en quoi la situation est différente pour lui ? Il est coincé, comme eux. Et tant qu'il sera coincé, cette folie continuera. Ce n'est plus le temps de déterminer à qui est la faute. On a passé ce stade depuis longtemps. C'est une opération de sauvetage, pour eux tous. Tu m'as dit une fois que personne ne devrait avoir un droit de vie ou de mort sur une autre personne. Explique-moi en quoi est-ce que c'est différent ? Décider si oui ou non un tueur en série doit continuer à souffrir pour ses actes, c'est avoir un pouvoir sur lui qu'aucun de nous ne devrait avoir.
— Tu serais prête à le laisser partir en sachant que justice ne sera jamais rendue aux enfants à qui il a volé la vie ?
— Ce n'est pas la question ! On pourra toujours le faire. Ce n'est pas les preuves qui manquent maintenant que l'on a ses carnets. Mais ce n'est pas à nous de le décider. En le retenant ici, on fait exactement la même chose qu'il a fait toutes ces années dans cette fichue pizzéria des années 1990. On perpétue le cycle de la violence. Ça doit s'arrêter. Pour de bon.
Springtrap agita une oreille, légèrement mal à l'aise. Bien que l'intention était louable, il savait depuis longtemps que ni Michael, ni Freddy n'étaient d'accord avec elle. Il avait fini par s'y habituer. On ne change pas le diable, même s'il prend un nouveau déguisement. Il n'était pas certain lui-même de mériter autant d'ouverture d'esprit. Il était un criminel, il avait été puni. Il n'y avait rien de plus à tirer de sa carcasse et certainement pas de l'empathie. Tout ce qui le rendait humain avait été abandonné lorsqu'il avait été emprisonné dans ce costume.
Le fantôme de Golden Freddy choisit ce moment pour traverser le mur. Violet ne retint pas le soupir de soulagement qui s'échappa de ses lèvres.
— Je n'ai pas de bonnes nouvelles, annonça-t-il dans leurs têtes. Je sais où se trouve le manoir d'Henry. Il ne m'a pas repéré, mais ce que j'ai vu à l'intérieur… C'est comme un laboratoire gigantesque. Il a une pièce remplie de jeunes enfants kidnappés et il s'amuse avec leurs âmes. Je n'ai pas réussi à trouver la Marionnette et les autres. Ils doivent être dans une pièce protégée. Je n'ai pas non plus réussi à voir Henry. Quelque chose m'a bloqué quand j'ai suivi Luc dans le manoir. Il a recommencé, et c'est cent fois pire qu'avant.
Ses mots pesèrent sur le moral de tout le monde. Freddy baissa la tête, déçu de ne pas avoir plus de nouvelles de sa famille.
— J'espère qu'ils vont bien… l'entendit-elle murmurer.
— Je suis sûre qu'ils vont bien, répondit Violet. La Marionnette est puissante, et je ne vois pas Chica, Foxy ou Bonnie se laisser faire sans rien dire. Ils savent se défendre, ça va aller. Où est Luc ?
— Il quittait le bâtiment au moment où je suis sorti, répondit George. Je pense qu'il s'apprêtait à revenir par ici avec la décision d'Henry.
— On sera vite fixés dans ce cas. On devrait l'attendre en haut et se préparer à partir.
— Il reste un détail à voir, la stoppa Michael.
Son fauteuil roula jusqu'à elle.
— Le transport, dit-il. Même si ce n'est pas très loin, tu réalises que sortir avec l'ours star de la pizzéria et un lapin robot d'un autre siècle risque d'attirer l'attention ?
— On pourra toujours envoyer Freddy distraire la foule s'ils nous collent trop aux basques. Une petite séance photo improvisée, on fait passer ça pour une opération marketing et ta-da ! Freddy adore les photos de toute façon. Dans le pire des cas, Golden Freddy se rend visible et ils détaleront tous. Ce n'est pas comme s'ils pouvaient prouver qu'il existe vraiment.
— Je suis moyennement convaincu par ce plan, avoua Freddy. Mais je ferai au mieux, je suppose.
Michael fit la moue, pas plus convaincu que le robot. Elle n'avait pas exactement mieux à proposer pour le moment. La jeune femme se dirigea vers les escaliers, suivi par son grand-père et les robots. Golden Freddy l'attendait déjà dans la salle principale quand elle atteignit le haut des escaliers. L'ours doré dégageait une aura de grande nervosité, mais restait toujours très calme à l'extérieur en toutes circonstances. Violet regrettait parfois de ne pouvoir lui prendre la main pour l'aider à se calmer. Une des problèmes de son incorporalité.
La porte de la pizzéria s'ouvrit. La jeune femme se tourna vers le bruit, tendue. Elle vit du coin de l'oeil Springtrap se placer juste derrière elle, sur ses gardes. Il alla même jusqu'à poser une main sur son épaule, qui lui fit lever un sourcil, mais s'attira aussi un regard inquiet des autres personnes de la pièce.
Ils n'eurent pas le temps d'en discuter plus. Luc entra dans la pièce, accompagné de cet hideux clone miniature de Springtrap, toujours aussi excité. Plushtrap s'éloigna pour s'aventurer dans la pièce, nez à terre. Freddy s'éloigna d'un pas de son chemin.
Luc posa les yeux sur Golden Freddy, qui flottait paisiblement à quelques centimètres du sol, puis sur Springtrap derrière elle. La poigne du lapin se serra sur l'épaule de la jeune femme qui fit légèrement la grimace. Il était beaucoup plus fort qu'elle, même s'il tendait à l'oublier.
— Henry veut bien vous rencontrer en lieu neutre, annonça-t-il. Il vous propose le musée Fazbear.
Ce fut au tour de Violet de se tendre. Elle n'avait aucune envie de retourner dans ce lieu.
— Non, répondit Springtrap pour elle. Ce n'est pas un lieu neutre. S'il surveille cette pizzéria, il surveille aussi les autres installations actives de Fazbear Entertainment.
— C'est à prendre ou à laisser, s'agaça le jeune homme.
— J'ai un autre lieu à proposer. Il ne refusera pas. Vingt kilomètres plus au sud. Un vieux bâtiment désaffecté depuis 1984. Les ruines du premier Circus Baby's World. Lui qui aime le drame et la nostalgie, ça lui fera plaisir d'y retourner.
— C'est une proposition raisonnable, concéda Luc.
— Lui tout seul, avec toi et le chien si tu veux, rappela Springtrap. Si tu viens avec d'autres robots, on ne se pointera pas. On le saura. Demain soir.
— Combien serez-vous ?
— Moi, la gamine, le vieux, et les deux ours. Tu veux qu'il y ait qui d'autre ?
— On ne sait jamais, nous avons des rapports qui disent que vous pouvez poser des problèmes. Mais soit. Nous vous faisons confiance. À demain.
Il tourna les talons. Plushtrap lâcha un vieux carton de pizza qu'il mâchouillait pour se précipiter à sa suite.
Violet garda le silence un long moment après son départ.
— Est-ce qu'on a une chance de pouvoir raisonner Henry ?
— Non, répondit Springtrap. La meilleure chose à faire est de le tuer par surprise pendant qu'il pense encore que l'on est là pour discuter. Une fois qu'il aura compris que ce n'est pas le cas, il n'y aura pas de retour en arrière possible.
— Des meurtres, toujours des meurtres ! cracha Michael. Tu n'as toujours pas compris que ça ne résolvait rien ?
— Je suis d'accord pour les enfants. Pas pour lui. Tant qu'il ne sera pas mort, ça continuera. Il faut l'abattre pendant qu'on le peut encore. Il ne jouera pas propre de toute manière. Préparez-vous à vous battre. Il va se ramener avec ses jouets des enfers. Ne le sous-estimez pas. Je vais bosser sur le réceptacle de l'autre Chica ce soir. Si on le bute, il faudra s'assurer que son âme soit coincée quelque part. Trouvez des armes.
Le lapin tourna le talon et se dirigea d'un pas lent vers le sous-sol. Violet le regarda partir, puis se tourna vers les deux Freddy.
— Et vous ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
— Que Springtrap a raison, avoua Golden Freddy. C'est notre seule chance de pouvoir le tuer pour de bon. Ne la gâchons pas.
— Je ne sais pas, répondit Freddy. Je ne sais plus. Quelque chose me dit que ce ne sera pas aussi simple et que l'on fonce droit dans un piège.
— Je suis d'accord avec toi, répondit Violet. Je pense qu'il est mieux préparé que nous. Il est trop tard pour reculer maintenant. Je vais trouver un camion pour ce soir. Faites attention à vous.
Les deux ours hochèrent la tête. Elle enlaça son grand-père, puis se dirigea vers la sortie avec la désagréable impression de vivre son dernier jour sur Terre.
