Albert Spencer continua de gentiment sourire en direction de la caméra avant que le machiniste ne vienne se poster dans le champ de vision, le clap la tête en bas, pour signifier la fin de la prise. Laissant s'échapper un discret soupir de soulagement, il devint soudainement plus détendu et but plusieurs gorgées d'eau pendant qu'un technicien s'occupait de lui retirer son micro.
Plutôt que d'être au tribunal, il se trouvait sur un plateau de télévision pour enregistrer le prochain épisode de son émission qui se trouvait être énormément regardé dans tout le pays. La rubrique qu'il coanimait était simple : il expliquait les tenants et les aboutissants des procès du moment, il expliquait les enjeux qui se cachait derrière certaines affaires dont tout le monde parlait. Diffusé à une heure de grande antenne, il vulgarisait le travail des juges et des avocats afin d'offrir une meilleure compréhension à tous.
En un rien de temps, sa chronique s'était fait une place sur le podium des émissions les plus commentées alors il comptait bien y rester. Du jour au lendemain, il était passé d'un juge en chef inconnu du grand publique à l'homme que tous les téléspectateurs appréciaient et respectaient. Il avait dû s'habituer à la reconnaissance, à voir des inconnus l'arrêter en pleine rue pour lui parler de son intervention sur tel ou tel sujet, pour le remercier de rendre la justice aussi compréhensible à leurs yeux. Où qu'il aille, il était accueilli et traité comme le Messie, sa côte de popularité n'avait jamais été aussi bonne alors il n'était certainement pas prêt à s'arrêter.
« Merci beaucoup, c'était très bien. »
« Très beau travail. »
« C'était un plaisir. » Sourit-il en direction des deux journalistes chargés de lui poser des questions avant de reprendre en voyant le monteur en scène approcher : « Le tournage de la semaine prochaine a été repoussé à la semaine suivante, c'est bien ça ? »
« Oui mais ne vous inquiétez pas, les séquences d'aujourd'hui suffiront pour deux semaines. » Assura l'homme.
« L'un des juges associés a décidé de démissionner à l'improviste. On croule sous les nouveaux dossiers, on n'a pas assez de personnel… Ça me rend dingue. » Marmonna Albert.
« Oui, je me doute. Vous passez à la télévision, présidez des audiences et faites même du volontariat. Je vous admire Juge Spencer. » Répondit le jeune homme en déposant une feuille devant lui.
Il attrapa le document pour y jeter un coup d'œil expert. En tant que juge en chef, il avait accepté de participer à cette nouvelle émission à condition d'avoir un droit de regard sur tous les articles mentionnant son nom. Bien que sa présence à la télévision lui ait apporté une réputation qu'il n'avait encore jamais eu, il ne devait pas oublier l'institution pour qui il avait consacré sa vie.
Albert Spencer, le juge bénévole
Rien que la lecture du titre fut suffisante pour lui arracher un sourire. Le document faisait littéralement l'éloge de sa bonté en listant toutes les œuvres de charités qu'il parrainait, toutes les heures qu'il passait au refuge animalier ou encore le nombre de cadeau qu'il offrait chaque année aux enfants hospitalisés. N'importe qui lisant cet article comprendrait très vite à quel point il avait le cœur sur la main.
« Voyez-vous ça. Bravo, ça, c'est du très bon travail. » Sourit-il en donnant une tape amicale dans l'épaule de l'homme.
Grâce à ces quelques mots posés sur le papier, sa réputation allait être encore meilleure. Faire connaitre de tous ses actes de bienfaisances étaient une excellente idée, il allait devoir personnellement remercier l'auteur de cet article pour son formidable travail.
« Monsieur ! Le tribunal vient de nous appeler, ils ont dit que vous deviez y retourner de toute urgence. » Annonça la chargée de communication, la mine grave.
Le sourire qu'il arborait jusqu'à présent se volatilisa pour laisser place à une grimace d'agacement. Qui diable avait l'audace d'aller à l'encontre de ces ordres ? Quel que soit l'urgence du moment, elle ne valait évidemment pas ce dérangement.
Son planning de la journée était pourtant complet, calculé à la minute près. A présent que le tournage était terminé, il allait inviter tout le monde à partager une boisson chaude pendant laquelle ils reviendraient sur le tournage. Il aurait très attentivement écouté les conseils de ses congénères avant de leur proposer d'aller déjeuner, de nouveaux membres avaient été ajoutés à l'équipe alors – autour d'un bon repas – il n'y avait pas de moment plus propice pour leur montrer sa meilleure facette.
Arrivé au moment du dessert, il aurait précipitamment quitté la table, prétextant avoir reçu un dossier important au tribunal. Il serait parti, non sans payer l'addition pour tout le monde, et ils auraient terminé de manger en évoquant sa générosité et son savoir-faire.
En quittant de lui-même le restaurant pour se rendre sur son lieu de travail, il leur montrait que – à ses yeux – rien n'avait plus d'importance que la justice ce qui les conforterait dans leur idée qu'il était un bon juge. Actuellement, son départ n'était plus décidé mais imposé ce qui avait le don de l'enrager.
Effectivement, il avait fourni le numéro du plateau au tribunal pour rester joignable à tout moment mais il avait spécifié ne vouloir être appelé sous aucun prétexte. Un attentat pouvait avoir lieu, le tribunal pouvait être en feu ou l'un d'entre eux venait de mourir, il ne voulait absolument rien savoir tant qu'il était sur le lieu de tournage.
Pour quoi allait-il passer maintenant ? Le juge qui s'amusait sur un plateau de télévision au détriment du tribunal ? Pour ne pas laisser cette mauvaise idée se frayer un chemin dans l'esprit de toutes les personnes présentes, il s'empressa de réagir de la manière la plus naturelle possible.
Il reposa alors le document sur la table, empoigna son manteau et s'excusa avant de précipitamment s'en aller. Il ne prit le temps de saluer personne, il s'empressa de rejoindre sa voiture sur le parking où il dû reprendre son souffle avant de commencer à conduire.
Une fois sur son lieu de travail, il ne se fit pas prier et grommela contre les manifestants qui lui barrèrent le passage. Il s'engouffra ensuite dans le bâtiment et grimpa les marches à toute allure jusqu'à l'étage réservé à son département pour traverser le couloir à la recherche de la coupable.
« Hé ! » Cria-t-il soudainement ne la voyant.
« Bon sang… Vous m'avez fait peur ! » Marmonna Belle qui plaqua sa main sur sa poitrine.
« Est-ce que je peux savoir ce qui ne tourne pas rond dans ta tête ? Qu'est-ce qui t'a pris ? Je t'avais pourtant dit de ne pas appeler la chaine de télévision ! Je ne t'avais pas dit de ne jamais m'appeler du tribunal, quel que soit la raison ? Je te l'avais dit ! C'est l'enfer en ce moment, on marche déjà sur des œufs alors je ne peux pas me permettre ce genre d'erreur. C'est stupide ! Si je me fais virer, c'est toi qui assumeras ? » Grogna-t-il après avoir donné un coup de pied dans le charriot que transportait Scarlett.
« Monsieur Spencer… Je suis désolé, c'est moi qui lui ai dit d'appeler. Nous avons une affaire urgente. » S'exclama la jeune femme.
« De quoi il s'agit ? » Fit le juge qui, face à son regard perturbé, cessa de hurler.
« On vient de nous assigner l'affaire du meurtre de l'enfant de Concord. Je vais demander à la juge Emma et à la nouvelle juge de vous rejoindre très vite dans votre bureau pour une réunion d'urgence. »
La colère disparu d'absolument chaque cellule du corps de l'homme qui ne savait plus ce qu'il devait dire. L'affaire qui faisait pleurer l'Etat, qui bouleversait le pays et qui faisait polémique dans le monde. Ils allaient devoir s'occuper de cette affaire dont le simple nom lui provoquait des sueurs froides.
Sans un mot, il dépassa les deux jeunes femmes pour se rendre à son bureau où il retrouva les piles de document relatif à cette affaire. Jetant son manteau sur l'un des fauteuils, il laissa sa mallette tomber au sol avant de s'asseoir pour commencer sa lecture.
Il était sur le point de découvrir tous les détails sordides de cette affaire, toutes les informations qui étaient cachées du grand public pour éviter les débordements. Il prit en main les premiers documents et constata, avec stupeur, que celles-ci étaient en train de trembler.
Les pouces enfoncés dans des protèges doigts, il se lança alors dans la découverte d'horreurs qu'il n'aurait jamais imaginé. Ses yeux glissaient sur les mots sans pouvoir s'arrêter, il avait pratiquement l'impression de lire une fiction mal écrite si bien qu'il ne voulait pas revenir à la réalité pour constater que le crime avait bel et bien était commit.
« Monsieur ? Vous avec un rendez-vous avec le comité d'arbitrage sur la presse après votre réunion, qu'est-ce que je fais pour votre déjeuné ? » Questionna Ashley en passant la tête dans la pièce.
Sa voix tira le juge de sa concentration et il prit une profonde inspiration comme quelqu'un qui était resté sous l'eau trop longtemps. Il venait tout juste de commencer et pourtant, son estomac était déjà bien trop retourné pour y accueillir quoi que ce soit mais, au vu de ce qu'il était en train de lire, sa journée allait être terriblement longue.
Croquant à pleine dent dans un sandwich triangulaire acheté à la superette de la rue, il se retint de vomir plusieurs fois en voyant les photos jointes aux documents. Il était habituellement imperturbable mais cette affaire était bien trop spéciale pour qu'il puisse garder sa si précieuse neutralité intacte.
Tant bien que mal, il termina de zieuter les diverses feuilles mises à sa disposition avant d'accueillir les deux jeunes juges associées. En temps normal, il aurait pris quelques minutes pour souhaiter la bienvenue à leur nouvelle recrue, il lui aurait fait tout un discours sur l'importance de leur travail et sur le devoir qui incombait à un juge pour mineur mais cette fois-ci, il resta silencieux. Le moment n'était pas aux salutations alors il les fit simplement asseoir autour de la table qui occupait une grande partie de la pièce.
« Vous avez sans doute entendu parler de l'affaire du meurtre de cet enfant de Concord. » Lança-t-il en optant pour directement entrer dans le vif du sujet.
Il marqua un léger temps de pause mais sa phrase ne se transforma pas en question pour autant, tout le monde dans la pièce savait qu'il s'agissait d'une affirmation. Cette affaire bouleversait le monde entier, toutes les chaînes ne cessaient d'en parler, personne ne pouvait prétendre ne rien savoir.
D'après les informations, la jeune victime répondant au nom de Devin aurait demandé son téléphone à un adolescent en lui expliquant qu'il avait besoin de joindre sa mère. L'accusé, n'ayant plus de batterie, l'aurait attiré jusqu'à son appartement où il l'aurait abattu avant de détruire son corps.
« Le coupable est un jeune délinquant âgé de 13 ans qui habite dans la même citée que la victime. Il est petit, mesurant un mètre soixante. Il a étranglé à mort le petit garçon de 9 ans, a mutilé le corps à coup de hache, il l'a démembré et il a ensuite jeté une partie des organes internes et du corps dans une poubelle à déchets alimentaires. Les funérailles ont donc eu lieu sans le corps de l'enfant. »
Dans un silence pesant, les deux juges associées feuilletèrent les documents que leur avait apporté la secrétaire. Emma arriva au schéma du corps humain – de face mais aussi de dos – sur lequel était représenté, par des traits de couleur différente, toutes les séquelles qui lui avaient été infligées. Avec horreur, elle découvrit qu'il n'y avait pas une seule partie de peau qui avait été épargnée.
« Le coupable et la victime ne se connaissaient pas. Le crime a été commis en plein jour dans l'appartement d'un immeuble situé à proximité d'un commissariat et d'une école élémentaire. Voilà, ça, c'est la réalité des crimes de mineur aujourd'hui. »
Soupirant, Albert se passa la main sur le visage. Depuis le début de sa carrière, il n'avait jamais eu à faire à une telle affaire. Certains dossiers lui avaient provoqués des nuits blanches, d'autres lui avaient tirés les larmes et parfois, il en était venu à s'arracher les cheveux mais il n'avait jamais rien vu de tel. La cruauté dont avait fait preuve l'accusé lui faisait froid dans le dos, il en perdrait presque foi en l'humanité.
Pour leur laisser le temps d'encaisser toutes ces informations, il se leva de sa chaise et fit quelques pas dans la pièce pour se dégourdir les jambes. Il contourna la table autour de laquelle les deux jeunes femmes étudiaient attentivement les documents et attrapa les trois bouteilles de boisson énergisante que lui avait apportée Ashley.
« Enlèvement, meurtre, mutilation et élimination du corps : voilà les chefs d'accusation qui sont retenus mais le coupable est un jeune délinquant. La peine maximale prévue par la Loi des mineurs est de 20 ans ce qui va provoquer un véritable tollé mais dans cette affaire, on ne peut le condamner qu'à 2 ans dans un centre pour adolescent et ça parce qu'il n'est pas encore âgé de 14 ans. Les critiques vont pleuvoir, autant vous dire qu'on nous envoie directement dans la fournaise. »
Il avait beau y réfléchir, il ne voyait pas comment traiter cette affaire sans entacher sa réputation. Le tribunal allait être au cœur de toutes les polémiques ce qui n'arrangeait absolument pas ses affaires.
« On m'a dit que vous aviez eu un parcours excellent. Vous étiez déjà douée en tant que stagiaire, vous avez facilement dépassé vos camarades de classe masculins et vous êtes entrée au tribunal de district central. Vous êtes même allé parfaire votre formation à l'étranger. Vous semblez faire partie de l'élite. Je vous souhaite bonne chance dans cette affaire puisque c'est vous qui en serez la juge. » Annonça l'homme en scrutant la brune du regard
« Bien. » Répondit-elle simplement.
« C'est une affaire qui est extrêmement délicate à gérer, notre département de justice sera le centre de toute l'attention. La prudence est de mise. » Ajouta-t-il avec sérieux.
De retour dans leur bureau, Regina se mit immédiatement à travailler. Elle venait tout juste d'arriver et pourtant, elle devait tirer un trait sur son temps d'adaptation parce qu'elle n'avait pas une seule seconde à perdre. Cet horrible crime, elle comptait bien s'en occuper et ne rien laisser au hasard.
« Comme vous l'avez certainement remarqué, ici, les choses sont un peu différentes du tribunal de justice pour mineur dans lequel vous avez travaillez avant. Vous n'étiez en charge que des affaires de protection des mineurs, n'est-ce pas ? Ici, dans le cas de notre chambre, on traite en même temps les cas de protection de l'enfance et les affaires pénales des mineurs. Le juge associé doit lire environ 80 dossiers par semaine, ça fait 300 affaires par mois alors j'espère que vous aimez la lecture. Ces affaires criminelles de mineur passent par un tribunal collégial et les condamnations sont ensuite confiées à Monsieur Spencer. Les dossiers de protection de mineur sont traités en fonction des jours de la semaine. » Annonça Emma qui avez reçu l'ordre de lui fournir toutes les informations importantes sur le tribunal.
S'approchant du bureau où la brune scannait avec attention son ordinateur, elle se laissa aller à l'observer. De profil, elle tenait son menton entre son index et son pouce alors que ses yeux allaient et venaient sur l'écran, la petite veine qui ressortait sur son front était sans doute garante de sa concentration.
« Il y a beaucoup d'affaires non résolues. » Lâcha-t-elle avec un ton de reproche.
« Voici les documents que vous m'avez demandé. » Se contenta de répondre la blonde avant de reprendre gênée : « Je suis désolé pour tout à l'heure. C'est bête mais quand j'ai entendu votre nom – je ne sais pas pourquoi – je me suis imaginé que c'était un homme. »
« Est-ce que vous êtes déçue que je ne sois pas un homme ? » Fit la jeune femme, tranchante.
« Pardon ? Oh, non, bien sûr que non ! »
Avant qu'elle n'ait le temps d'ajouter quoi que ce soit, des coups furent donnés contre la porte et elle remercia silencieusement la personne qui venait la sauver de cette situation plus que gênante. Scarlett entra alors en poussant, à bout de bras, un charriot débordant de dossier.
« Ravie de vous rencontrer. Je suis Belle French, médiatrice de justice. » Lança poliment la petite brune.
« Et moi je suis, Scarlett, son assistante. » Ajouta-t-elle en montrant la carte qui pendouillait autour de son cou.
« Ok. » Lança simplement Regina qui ne prit même pas la peine de relever le visage.
Les deux brunes froncèrent des sourcils et tournèrent le regard en direction d'Emma, à la recherche d'une explication. Venaient-elles de les couper en pleine dispute ? Avaient-elles fait quelque chose de déplacer ? La juge, qui n'en savait pas plus, se contenta de leur adresser un sourire désolé en haussant des épaules.
« Tout ça concerne le meurtre de l'enfant de Concord ? » Fit la brune qui lâcha enfin son document des yeux.
« Oui, ça fait un paquet de dossier. »
« Le nom du coupable est bien Nicholas Zimmer ? »
« C'est ça. » Acquiesça Belle en aidant son amie à décharger le charriot.
« Fixons une date pour ce procès le plus tôt possible. Ce n'est pas une affaire ordinaire, contactez la famille de la victime. »
Au même moment, la porte s'ouvrit une nouvelle fois sur Ashley qui arborait un grand sourire.
« C'est l'heure du rendez-vous avec les jeunes. Monsieur Spencer ne nous rejoindra pas, il avait des choses à faire. » Annonça-t-elle.
« Ah, oui… Euh… C'est une tradition au sein de notre département de justice. Un petit repas avec les juges mais aussi avec les enfants qui ont été libérés. A leurs sorties, les enfants, le juge en chef et les équipes, se retrouvent tous autour d'un repas. » Expliqua la médiatrice devant le regard étonné de la brune.
« On mange avec eux, on écoute leurs problèmes, leurs projets. Ça a un effet positif sur eux. » Ajouta Scarlett qui commençait, justement, à avoir faim.
« C'est bien, vous pouvez y aller. » Marmonna-t-elle sans leur prêter plus d'intérêt.
« Il faut que vous veniez aussi ! Si le juge associé ne vient pas lorsque Monsieur Spencer est absent alors cette réunion n'a aucun sens. » Assura Belle.
« Là, c'est différent. Ce n'est pas moi qui ai condamné ces enfants. »
« S'occuper des enfants à leur libération fait partie des devoirs d'un juge au tribunal des mineurs. Vous ne les avez peut-être pas jugés mais ils restent sous votre responsabilité. Votre présence est importante pour eux. » Intervint Emma en s'appuyant légèrement sur son bureau.
Face à face, les deux juges associées se défièrent du regard. Regina n'avait pas la moindre envie de participer à ce repas qu'elle jugeait comme une perte de temps mais sa collègue n'était pas prête à la laisser se défiler aussi facilement. Soupirant, elle se laissa aller contre le dossier de sa chaise et capitula la première.
« Je suis vraiment obligée de venir ? »
