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5. Vacances
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Cela faisait à présent deux mois qu'ils avaient fui comme des lâches.
Dabi n'aimait pas ce terme, mais Keigo n'arrivait pas à le concevoir autrement. Ce qu'ils avaient fait n'était que de la fuite pure et simple. Se carapatant ensemble sans un mot en laissant tout le merdier aux autres. À Mirko, à Best Jeanist, à Endeavor.
Évidemment, Dabi se complaisait dans l'idée de faire galérer cette dernière personne précisément.
Et sincèrement, même si la culpabilité le rongeait chaque nouveau jour de tranquillité qu'il passait, Keigo se sentait également plus libre qu'il ne l'avait jamais été pour la première fois de sa vie. Suivre Dabi au fin-fond des États-Unis pour recommencer leur vie loin de la Commission et de la Ligue des vilains semblait être la pire des idées sur le papier, mais il l'avait tout de même fait. Le blond avait sauté le pas malgré sa longue liste de réticences. Par amour pour lui.
Parce qu'il n'imaginait plus sa vie sans lui et que dans leur situation désastreuse, il s'agissait là de la seule solution pour ne pas se retrouver séparés à un moment ou un autre.
C'était ainsi qu'ils avaient amorcé leur road-trip imprévu. Il aurait préféré rester du côté des magnifiques plages touristiques de la Californie qu'ils avaient choisi à l'origine et de loin. Mais en réalisant que Dabi crevait de chaud sous ses fringues couvertes qu'il s'obligeait à garder pour ne pas qu'on s'intéresse trop à lui et ses énorme cicatrices et que lui-même avait été reconnu par un gamin fan des héros japonais à peine une semaine plus tard, ils s'étaient décidés à acheter un camping-car et à se mettre à rouler au hasard des routes.
Ils n'avaient aucun souci à vivre décemment puisqu'il avait dilapidé son compte en banque avant de partir et même Dabi avait ramené une petite somme en cash dans une valise digne du faux mafieux qu'il était. Il soupçonnait que cet argent n'était pas le plus propre qui soit, mais Keigo n'avait pas eu envie de s'en préoccuper, sur le coup.
Comme il avait de plus en plus envie d'oublier sa culpabilité avec le temps qui passait.
Ce voyage avait des airs de vacances à durée indéterminée et il adorait cela. Il adorait qu'ils ne se donnent pas d'attache, pas de destination, pas de limite. Ils allaient où ils avaient envie d'aller, prenant des sorties au hasard, empruntant des autoroutes américaines monstrueuses à vingt-six voies jusqu'aux routes désertiques où ils ne croisaient pas un chat. Il n'y avait qu'eux et leur loyal camping-car. Que le vent chaud dans les cheveux de Dabi alors que Keigo n'avait jamais trouvé ce dernier aussi sexy que lorsqu'il conduisait, clope au bec et un bras accoudé nonchalamment sur sa vitre ouverte.
À cet instant, il le vit justement baisser les yeux sur son bras quelques secondes.
- Qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogea-t-il alors qu'il bataillait lui-même avec la radio pour capter autre chose que des grésillements.
- ... Tu le crois si j'te dis que je commence à choper un coup de soleil sur le bras ?
Les yeux de Keigo s'illuminèrent d'amusement, même si ce n'était pas forcément drôle.
Un peu quand même.
- C'est dangereux non... ? tenta-t-il alors qu'il se retenait de rire.
- Bof. Ma peau est déjà bousillée, alors un peu plus un peu moins...
- Tu crois que quand le coup se sera estompé, ton bras virera au noir puisque c'est déjà violet... ?
Il se mangea un coup de poing dans l'épaule et explosa finalement de rire.
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