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8. Donner

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Keigo regardait les cassettes audio qui s'étalaient devant lui avec des yeux brillants et un sourire jusqu'aux oreilles. Il adorait les vieux trucs, c'était plus fort que lui. Et ces vieilles cassettes dataient d'une autre époque à ses yeux de jeunot. Une époque lointaine où les CD n'existaient pas et que les gens devaient parfois rembobiner les bandes audio avec un crayon à papier pour pouvoir réécouter leurs cassettes depuis le début.

Et puis, il fallait bien qu'ils rentabilisent le lecteur cassette qui était installé dans leur vieux camping-car, après tout.

Dabi vint le rejoindre alors qu'il réglait joyeusement le vendeur de cette brocante organisée vraisemblablement à l'arrache et à laquelle Keigo avait fait une comédie à sa moitié pour qu'ils s'y arrêtent.

- T'as trouvé ton bonheur, on peut se casser ? Parce que c'est pas que, mais ça me gave que personne ne comprenne ce que je raconte quand je veux demander un truc.

- Je t'ai dit que ton accent était encore plus désastreux que ton manque de vocabulaire, commenta Keigo sans le regarder alors qu'il récupérait ses trouvailles.

- Je t'emmerde Birdy. Montre-moi plutôt les conneries que tu as achetées.

Le blond ouvrit le sac pour montrer ses cassettes en vrac et Dabi loucha dessus quelques secondes avant de lui envoyer un regard blasé.

- Ces merdes doivent être plus vieilles que nous. Pourquoi t'as acheté ça ?

- Pour qu'on ait quelque chose à écouter quand la radio ne passe pas !

- Mais tu connais les artistes, au moins ? insista-t-il en prenant une cassette pour en déchiffrer le titre.

- Non ! Mais c'est ça qui va être drôle, justement !

Le vilain le fusilla du regard, sentant déjà que ses oreilles allaient saigner durant les prochaines heures.

Et effectivement, ce fut immonde. Surtout que la moitié des cassettes ne fonctionnait pas, ce qui blasa un peu plus le brun vu comme Keigo ne se laissa pas démonter par un si petit détail et leur mit du coup trois cassettes merdiques en boucle. Et merdique était un adjectif bien léger pour définir ces musiques qui dataient d'une autre époque aussi has-been que révolue. Surtout que deux des artistes n'étaient même pas américains, mais vraisemblablement respectivement colombien et français.

Il lui hurla dessus plusieurs fois pour qu'il arrête ce supplice auditif, menaçant même de cramer l'autoradio, mais Keigo n'en démordait pas, s'amusant comme un petit fou à chanter en yaourt sur une langue qu'il ne maîtrisait absolument pas.

Et puis finalement, près de cinq-cents kilomètres plus loin...

- DONNE ! UN SENS À TA VIE ! OUBLIE TOUT CE QU'ON T'A APPRIS !

- DONNE ! TES PLEURS ET TES CRIS ! À TOUS CEUX QUI RÊVENT EN SURSIS !*

Keigo rit entre deux paroles françaises en yaourt et regarda Dabi qui s'enjaillait presque autant que lui sur de la vieille pop dégueulasse.

Ça n'avait aucun sens, mais il adorait ça.

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« Donne » des 2be3. J'avais donné cette idée de merde à LunaQueen et finalement, j'ai décidé de le faire aussi.

On est cons, qu'est-ce que vous voulez...