Bonjour ! Voici le nouveau chapitre ! Bonne lecture ^^
Chapitre 6 - Oysixayxe
Ils attendirent les jours de congés de Mustang pour se décider à se rendre à West City. Le voyage était plutôt long depuis East City, bien que direct. Ils virent défiler les plaines verdoyantes de l'est et les immeubles de Central avant que le paysage ne change : les champs de vaches se transformèrent en forêts et le train finit par s'arrêter à West City. C'était une ville plutôt petite comparée à East City, et les bâtiments, en-dehors du centre-ville fait en pierre, étaient principalement bâtis en bois. Plusieurs rivières coulaient et longeaient les rues, de telle sorte qu'il fallait traverser des ponts et passerelles pour se rendre d'un quartier à l'autre. C'était une jolie ville habitée de personnes dont l'esprit était celui de la campagne. Ni Edward, ni Roy n'avaient eu l'occasion de s'y rendre auparavant et ils en profitèrent pour jouer les touristes avant de prendre la direction de la bibliothèque.
Celle-ci était rudimentaire et ils mirent un certain temps avant de retrouver les bons registres dans les archives, d'autant qu'ils ne savaient rien de l'homme qu'ils recherchaient en-dehors de son nom et de son prénom. Ils durent éplucher les registres de chaque année avant de, finalement, tomber sur le bon document. Mais ce ne fut pas avec joie qu'ils le découvrirent.
- J'y crois pas, fit Edward, désespéré.
Il tenait dans sa main l'acte de décès de l'homme. Mustang lu par-dessus son épaule.
- Retour à la case départ.
Edward gémit et se laissa tomber sur une chaise, déçu. Mustang lui tapota l'épaule en guise de soutien et se mit à lire l'acte de décès.
- On peut toujours aller voir sur place, proposa-t-il. Il est mort il n'y a que quelques mois et des gens pourront peut-être nous renseigner sur place. Le village n'est pas si loin.
Edward soupira et finit par hocher la tête. Ils avaient encore la journée du lendemain pour trouver une piste. Ensuite, ils devraient retourner à East City à cause du travail de Mustang. Ce dernier prit l'acte de naissance et l'acte de décès d'Allan Green et s'en fut pour en imprimer des copies. Edward, démoralisé, l'attendit sur place. Quand il revint, Mustang tenait dans la main un journal.
- Je suis allé voir dans le journal de la région, indiqua-t-il. J'ai cherché celui dans lequel notre homme apparait dans la rubrique nécrologie : tu devrais y jeter un coup d'œil.
Il lui tendit le journal et Edward le prit, intrigué. Mustang avait déjà feuilleté le document et l'avait tendu en lui désignant la page des faits divers. Edward lut rapidement.
"A Oysixayxe, à l'ouest de West City, Allan Green, éminent alchimiste apprécié de tous pour les soins qu'il prodiguait à la population locale, a été retrouvé mort dans son cabinet médical. Même s'il aidait les habitants en leur offrant ses services, il avait lui-même une santé fragile : c'est du moins ce dont témoigne sa nièce, qui vivait avec lui. La cause de sa mort, accordée par le médecin légiste, serait celle de l'épuisement physique : "Lorsque j'ai procédé à l'autopsie, j'ai pu constater qu'à la différence de tous ses rapports médicaux précédents, M. Green ne possédait qu'un seul poumon dont la taille était atrophiée par rapport à la taille d'un poumon masculin normal. Ce poumon a dû fragiliser sa santé jusqu'à ce que son corps soit trop fatigué pour pouvoir le supporter."
Edward relut deux fois le document avant de lever les yeux vers Mustang :
- Colonel, je crois que nous tenons quelque chose.
Roy leva les yeux au ciel.
- Fullmetal, vous n'êtes pas encore mon subordonné.
Ils prirent le prochain train pour Oysixayxe. Il s'agissait d'un petit village situé en basse montagne entouré de forêts et la plupart des maisons étaient, là encore, en bois. Malgré la petitesse du lieu, le village vivait joyeusement et toutes les personnes qu'ils croisèrent les saluèrent. Lorsqu'ils demandèrent la direction de la maison d'Allan Green, on la leur indiqua en agrémentant la localisation d'histoires qui mettaient en valeur la bonté de l'homme et les quelques faits qu'il avait accomplis pour telle ou telle personne du village avant de décéder. La maison se trouvait excentrée du village, et Edward jeta un œil sur sa montre à gousset lorsque son ventre se mit à grogner.
- Il est tard. On devrait peut-être attendre demain pour rendre visite à cette femme.
- C'est juste que tu es un ventre, rit Mustang.
Mais il approuva et ils trouvèrent une auberge, un chalet, assez facilement. On leur servit à boire et à manger, dont une tarte aux myrtilles qui satisfirent leurs papilles. Edward en redemanda et Roy leva les yeux au ciel.
- C'est mon argent que tu dilapides comme ça, signala-t-il.
- Vous êtes vraiment un radin.
Mustang fit une mine outrée.
- Moi, un radin ? La personne qui t'héberge et te nourrit depuis trois semaines ?
- Trois semaines ? demanda Edward, surpris.
Il n'avait pas vu le temps passer.
- Le temps passe vite en ma compagnie.
- Je dirais plutôt que je suis absorbé par mes recherches, le contredit Edward.
A ce moment, le tenancier de l'auberge qui les avait accueillis et servis leur apporta deux verres à shot.
- Cadeau de la maison, dit-il sur un ton joyeux. Vous m'en direz des nouvelles : de la liqueur de sapin faite maison !
Edward et Roy le remercièrent chaleureusement et burent. Ce fut le début d'une longue série : ils se mirent à faire la dégustation de toutes les liqueurs et eaux de vie maisons que le tenancier pouvait bien leur proposer. Ils commencèrent à rire : de tout, de choses bêtes dont ils ne se rappelleraient pas le lendemain matin. Au bout d'un moment, Edward regarda sa montre et vit qu'il était presque deux heures du matin. Mustang, lui, avait le teint fatigué, quoiqu'il fût joyeux.
- Bordel, il est déjà tard. On devrait aller au lit.
- Tu ne te sépares jamais de cette montre, dis-moi. Pourtant elle est au moins aussi laide que les premières lunettes que tu t'étais choisies.
Mustang s'esclaffa et Edward se mit pitoyablement en colère, levant le doigt d'un air qu'il aurait voulu autoritaire.
- Je ne vous permet pas. Elle est très belle cette montre ! Exactement comme j'aurais pu la designer si j'avais pu le faire avec mon alchimie.
- Tu as dû mettre bien longtemps pour trouver une horreur pareille, rit Roy. Au moins, elle ne devait pas être chère.
- J'en sais rien, c'était un cadeau. J'en avais une autre avant : celle des alchimistes d'État. Mais quand j'ai dû la rendre, mon supérieur m'en a offert une autre en signe d'amitié, j'imagine.
- Ton supérieur ?
- Oui. Vous. Vous me l'avez offerte. C'est la preuve que vos goûts artistiques s'amélioreront dans un futur lointain.
Roy pouffa et s'empara de la montre sans en demander l'autorisation à Edward.
- C'est pas possible que j'ai pu t'offrir quelque chose comme ça !
- Hey ! Rendez-la moi !
Après l'avoir inspectée, Roy lui rendit sa montre et s'étira.
- Je crois que nous devrions aller dormir.
Edward approuva et ils se levèrent pour monter dans leur chambre. Roy avait loué une chambre avec deux petits lits sur lesquels ils s'effondrèrent pour s'endormir presque immédiatement, les paupières lourdes de l'alcool que leur organisme avait absorbé.
Le lendemain matin, Edward se leva en premier et laissa Mustang dormir aussi longtemps qu'il le souhaitait. Il s'habilla et descendit prendre un petit déjeuner avec l'un de ses livres d'alchimie. Ce ne fut que deux heures plus tard que Mustang le rejoignit, visiblement un peu paniqué.
- Tu aurais dû me réveiller, dit-il, tout de même rassuré de le voir dans la salle de restauration.
- Vous étiez fatigué, et c'est votre jour de congé.
- N'empêche qu'il faut qu'on reparte ce soir, et si nous voulons discuter aussi longtemps que possible avec la nièce de Green, il va falloir se bouger un peu les fesses. Le train est à quelle heure ?
- 18h30, je crois. On a le temps.
Mustang s'assit en ronchonnant et demanda un café à leur hôte.
- Ca fait longtemps que tu es levé ?
- Pas trop, se surpris à mentir Edward.
Cela sembla rassurer le jeune militaire qui se détendit contre le dossier de sa chaise. Parfois, Edward se laissait aller à le regarder, surpris par son physique si jeune, ses actions expressives, ses vêtements civils. Roy, gêné au début, en avait pris l'habitude et le laissait faire sans ajouter de commentaires. Il en profitait généralement pour le détailler à son tour, avec ses cheveux teints et ses yeux tantôt dorés, tantôt argentés.
- Tu n'as pas mis tes lentilles, remarqua-t-il. Ni tes lunettes.
- Je ne voulais pas allumer la lumière. Vous dormiez bien.
Roy ne râla pas. Ils étaient dans un si petit village qu'il aurait été étonnant que cela leur porte préjudice. Et il aimait bien la couleur si atypique de ses yeux. Edward redemanda un café et les deux hommes restèrent silencieux jusqu'à ce qu'ils décident finalement de récupérer leurs bagages et de quitter l'auberge.
Edward avait parfait son déguisement et c'est donc en tant qu'Edmund Ford qu'il se présenta à la porte de la maison Green. C'était une propriété assez vaste, un corps de ferme ancien équipé d'une grange en bois sombre. C'est Roy qui toqua à la porte et l'aboiement d'un chien lui répondit. Quelques minutes après, une jeune femme brune en salopette, les mains pleines de terre, leur ouvrit.
- Bonjour, fit-elle en les détaillant d'un regard sévère.
- Bonjour, répondit Edward. Je suis Edmund Ford, et voici mon cousin, Roy. Excusez-nous de vous déranger, mais nous aurions voulu prendre un peu de votre temps pour discuter de votre oncle.
- Nous avons appris ce qu'il lui était arrivé, ajouta Mustang. Et nous vous présentons nos sincères condoléances.
La jeune femme les jaugea de son regard vert avant de répondre durement.
- Vous êtes qui, au juste ?
- Des alchimistes, répondit prudemment Mustang. Nous avons entendu parler de son travail.
- Des alchimistes d'État ?
- Non, répondit Edward.
Elle les jaugea, un à un.
- L'armée est déjà venue ici, fit-elle, suspicieuse. Elle n'a rien trouvé : vous n'en trouverez pas plus.
Edward et Roy échangèrent un rapide regard.
- Que voulait-elle ? demanda Edward.
- La même chose que vous. Mais je ne suis pas obligée de vous ouvrir ma porte, à vous.
Elle voulut refermer la porte, mais Edward l'en empêcha en la bloquant avec son pied de métal.
- Attendez !
Elle le fusilla du regard. Son chien se mit à grogner derrière la porte.
- J'ai besoin de votre aide, expliqua Edward le plus calmement possible. Seules les recherches de votre oncle peuvent me sortir de ma situation.
- Mon oncle n'a rien fait, il n'a rien légué. Je ne veux pas avoir à faire avec des gens comme vous et risquer encore que les militaires ne débarquent !
Elle écrasa soudainement le pied d'Edward et celui-ci le retira par instinct. La porte claqua et les deux hommes se retrouvèrent bêtement devant la maison fermée.
- Tu sais te montrer convainquant, fit remarquer Mustang.
- Vous étiez obligé de dire que nous sommes des alchimistes ? La plupart des gens ne nous aiment pas : vous devriez le savoir si vous comptez diriger le pays un jour !
- Ca va être de ma faute, maintenant ?
- Je ne suis plus alchimiste ! J'aurais pu entrer !
- Tu es un alchimiste dans l'âme, même si tu ne peux plus l'utiliser. Et ce n'est pas la peine de nous disputer comme ça, ça ne fera pas avancer les choses.
- Vous me faites chier !
Edward s'éloigna à grands pas. Mustang le suivit.
- Et si tu veux que cette histoire de cousins fonctionne, il va falloir que tu me tutoies.
- Comme si c'était le problème dans cette situation... !
- Bon, ça suffit, tu vas pas tout me mettre sur le dos !
- Fermez-là !
Edward accéléra le pas et Mustang laissa tomber. C'était peine perdue que d'essayer de raisonner une tête de mule pareille. Il se contenta donc de le suivre de loin jusqu'au village. Là, Edward interpela un villageois qui lui indiqua une route. Il la suivit et Mustang avança pour arriver à sa hauteur.
- Eh bien ?
- On va sur sa tombe.
Ils arrivèrent vite au cimetière. Il n'était pas bien grand et ils ne mirent pas longtemps à trouver la sépulture très fleurie de leur alchimiste. En plus de son nom étaient écrites les dates : "12 octobre 1869 - 2 juillet 1910". En-dessous, un autre nom : "Bian Green, 27 janvier 1872 - 10 juillet 1910". Au milieu des nombreuses plantes qui décoraient le tombeau se trouvaient deux plaques : "A mon oncle" et "La mort, jamais, ne nous séparera". Le sang d'Edward se glaça et il regarda de nouveau les deux dates de morts, comprenant soudain le destin funeste qui avait emporté ces deux noms.
Mustang tapota l'épaule d'Edward et lui montra la tombe d'à-côté : "Arthur Green, 3 mai 1907 - 7 avril 1908". Elle était accompagnée d'une seule et unique plaque : "Notre enfant, notre amour, nous t'aimerons toujours".
Edward et Mustang restèrent muets devant ces trois tombes qui révélaient soudain l'histoire tragique de cette famille. Edward serrait les poings, les rouages de son cerveau s'actionnant plus vite que jamais. Mustang, lui, laissa le temps s'écouler avant de proposer à Edward :
- On s'en va ?
- On retourne voir la nièce.
Mustang parut surpris.
- Qu'est-ce que tu veux lui dire pour qu'elle nous laisse entrer ?
Edward ne prit pas la peine de répondre et repartit dans le sens inverse. Mustang râla mais le suivit finalement jusqu'à ce qu'ils parviennent à la ferme. Edward s'empressa de frapper à la porte. Lorsque la jeune femme brune ouvrit de nouveau, elle leur jeta un œil sévère.
- Je vous ai dit de ficher le camp.
- J'ai tenté de ressusciter ma mère quand j'avais onze ans, dit Edward de but en blanc. Votre oncle a voulu faire la même chose pour son fils, n'est-ce pas ?
La jeune femme en resta coite. Edward en profita pour se baisser et releva son pantalon pour lui montrer sa jambe de métal.
- Ca m'a pris ma jambe, ainsi que le corps de mon frère. Je n'ai aucune envie que le gouvernement le sache, alors je me cache sous le nom d'Edmund Ford. En réalité, je m'appelle Edward Elric. J'ai fait bien plus qu'une transmutation humaine et j'ai l'impression que votre oncle également a expérimenté bien plus. S'il vous plait, laissez-moi entrer et vous raconter mon histoire. Je vous laisserai ensuite juger par vous-même si vous pouvez me confier celle de la famille Green.
Si vous avez aimé, ou si vous n'avez pas aimé, vous pouvez lâcher une review que je me ferais toujours un plaisir de lire. Prochain chapitre lundi prochain !
