Bonjour à tous !

Merci aux lecteurs pour vos reviews, ça fait très plaisir à lire ! Et j'aime bien voir que vous vous posez des questions sur la suite que pourraient prendre les évènements.

Tout de suite, le chapitre 7 ! Très bonne lecture à tous.


Chapitre 7 - Le Récit de Madeleine


Elle s'appelait Madeleine et elle avait fini par faire entrer Edward et Roy chez elle. Une fois qu'ils furent assis autour de la table de jardin entouré d'hortensias et qu'elle leur eut servi un café, elle écouta Edward raconter son histoire. Il lui expliqua le départ de son père, la perte de leur mère le 20 septembre 1909. Il lui raconta la manière dont il avait rencontré Roy, comment il s'était fait greffer deux automails et ensuite comment il était devenu alchimiste d'état. Il continua, sans entrer dans les détails, et finit par lui expliquer qu'il avait réussi à récupérer le corps de son frère en échange de ses talents d'alchimiste. Il lui narra ensuite ses voyages et son attrait pour l'elixirologie, et enfin, son bond dans le temps et ces deux mois qui s'étaient déjà écoulés depuis qu'il s'était retrouvé ici.

- Je ne sais pas si Allan Green a fait quelque chose de similaire, avoua Edward. Je sais simplement que, s'il a laissé ses recherches, s'il a légué des documents, ils me permettraient peut-être de rentrer chez moi. Tout ceci est une absurde erreur : je me suis vraiment retrouvé ici par hasard. Et je sais que mon histoire est dure à croire, Mustang ne m'a cru qu'en voyant mon autre moi ; celui qui, actuellement, est seulement âgé de onze ans.

Mustang hocha la tête, dubitatif. Il s'était laissé embarquer dans cette histoire, mais il ne pensait pas vraiment que raconter tout ceci à une étrangère était la chose la plus prudente à faire. Cette dernière n'avait pas bronché durant tout le récit d'Edward, et même si son expression avait imperceptiblement changé lorsqu'il avait commencé à donner des dates incohérentes, elle ne l'avait pas interrompu. Maintenant qu'Edward s'était tu, elle ne prenait toujours pas la parole. Elle finit d'ailleurs par se lever et rentra dans la maison, les laissant seuls.

- Tu penses vraiment que c'était une bonne idée de tout déballer comme ça ? lui reprocha aussitôt Mustang.

- Je n'avais pas d'autres solutions. Vous en aviez, vous, peut-être ?

- Tu aurais pu trouver quelqu'un d'autre.

- Oui, et prendre le risque de rester ici encore trente ans ? Non, merci.

Mustang allait répliquer, mais Madeleine revint avec une assiette de petits gâteaux et une cafetière remplie. Elle s'assit sous les yeux des deux hommes qui la remercièrent d'un hochement de tête. Edward attendit qu'elle les serve, la remerciant, mais il se tordait les doigts d'impatience et de nervosité. Peut-être qu'enfin, il pourrait espérer entrevoir une explication à ce qu'il lui était arrivé.

- Mon oncle était un voyageur, commença finalement Madeleine et soufflant sur son café fumant. Je ne l'ai pas beaucoup vu pendant mon enfance, car il n'était jamais là. Le peu de souvenirs que j'ai de lui ont été ceux de ses cadeaux qu'il me confectionnait lui-même grâce à l'alchimie. A l'époque, je pensais que c'était de la magie, et ça m'émerveillait. A un moment donné, je ne sais pas, je devais avoir dix ans, il est parti pendant plusieurs années. Lorsqu'il est revenu, il était accompagné d'une femme, Bian, qui était elixirologue. Il l'avait rencontré à Xing, et elle venait de là-bas. Je crois qu'elle était aussi curieuse que lui, et qu'elle avait une soif de connaissances au moins aussi intense que la sienne, voire plus grande encore. Ils se sont mariés et continuèrent de voyager. Je les voyais seulement de temps en temps. Puis, il y a eu Ishbal. Ma mère était militaire à cette époque et mon père, lui, était chirurgien. Il n'a pas voulu la laisser partir là-bas toute seule, alors il s'est engagé comme médecin de guerre. Mes parents ont demandé à mon oncle et à sa femme de venir veiller sur moi en attendant qu'ils ne reviennent. Ils ne sont jamais revenus.

"Mon oncle s'est occupé de moi et est resté, même si j'étais déjà grande. Je m'entendais très bien avec Bian : c'était une femme cultivée, intéressée par tout. Même si elle passait la plupart de son temps dans les bouquins, elle prenait toujours le temps de s'intéresser à mes propres activités et à m'encourager dans la voie que j'ai choisie. Par la suite, je suis devenue ébéniste. Eux, ils ont ouvert un cabinet médical et recevaient les villageois qui en avaient besoin. Il y a eu des épidémies, après la guerre, et ils ont sauvé beaucoup de gens grâce à leurs dons pour l'alchimie et l'elixirologie.

"Un jour, Bian est tombée enceinte et a donné naissance à mon cousin, Arthur. C'était un bébé dont la santé était fragile et il n'a pas tenu un an avant de décéder. Ce fut une tragédie pour mon oncle et ma tante. Ils ne l'ont pas supporté et se sont refermés sur eux-mêmes. Ils m'ont également oublié car ils se sont mis à étudier tant et si bien que je ne les voyais presque plus. Ils ont emménagé notre grange en un immense laboratoire dans lequel ils faisaient de l'alchimie et de l'elixirologie.

"A cette époque, je travaillais comme apprentie chez un ébéniste en ville. Je ne rentrais que tard le soir, car j'y passais tout mon temps et que je n'avais pas envie de revenir chez moi pour me retrouver toute seule. Un soir, pourtant, j'ai entendu beaucoup d'agitation dans la grange. La plupart du temps, ils étaient plutôt calmes et ne se parlaient pas tellement. Ils étaient plongés dans une sorte de chagrin, et parler à l'autre ne faisait que les tirer encore plus vers le bas.

Madeleine prit une grande inspiration avant de reprendre son récit.

- Quand j'ai poussé la porte de la grange, je me suis retrouvée devant une vision d'horreur. Pour être honnête, je ne me souviens pas exactement de ce que j'ai vu. Et je n'ai jamais voulu y repenser jusqu'à la mort de mon oncle où j'ai vu le rapport du médecin légiste. Je...

Madeleine semblait troublée. Elle mit un petit instant pour remettre son récit en ordre.

- De ce dont je me rappelle, il y avait du sang partout. Mon oncle était inconscient et respirait difficilement. Ma tante, elle...

Elle jeta un regard furtif à Edward.

- Je me demande de plus en plus si ce dont je me souviens est réel, avoua-t-elle. Jusqu'à il y a quelques mois, j'ai cru que l'horreur de la scène m'avait fait halluciner. J'ai cru que je l'avais simplement rêvé. Mais je crois que je peux vous le dire, à vous, sans que vous ne me preniez pour une folle. Ma tante était là : mais elle était là en deux fois. Comme si elle s'était dédoublée. L'une était inconsciente, et l'autre était en train de... d'agoniser sur le sol, juste à côté de mon oncle. Elle respirait mal, elle crachait du sang, je crois.

Edward et Mustang la regardaient étrangement, frissonnants devant le spectacle terrible auquel la jeune femme avait dû assister.

- Je n'ai pas pu rester, dit-elle. J'ai voulu aller au village pour prévenir une personne qui aurait pu les aider. Si j'y étais parvenue, qui aurait bien pu me croire ? Je n'ai pas pu faire beaucoup de pas. Je me suis évanouie juste devant la grange et, le lendemain, quand je me suis réveillée, j'étais allongée sur le canapé, juste à l'entrée. Je pensais avoir rêvé tout ça. Mais mon oncle et ma tante avaient changé : mon oncle était faible, il avait du mal à respirer. Ma tante, elle, ne quittait pas son lit. Et je n'avais pas le droit d'entrer dans l'une des pièces de la maison : une chambre d'amis. J'avais tellement peur de ce que j'aurais pu y trouver, de toute manière, que je n'ai jamais tenté d'aller voir. Je n'ai pas posé de questions, et je ne voulais rien savoir. Cependant, mon oncle a voulu m'en parler. Il disait que j'étais suffisamment grande, maintenant, et qu'il fallait qu'il m'explique quelque chose.

Madeleine respira bruyamment :

- Bian avait perdu l'usage de ses jambes. Je ne sais pas exactement comment cela s'était produit. Mais elle... Elle n'avait plus d'os pour la supporter. Mon oncle... J'ai su plus tard qu'il avait perdu un poumon, lors de son autopsie. C'est pour ça qu'il était si faible. Il m'a expliqué que c'était la conséquence d'une expérience alchimique qui ne s'était pas bien passée et qui était interdite. Il m'a aussi dit qu'il ne fallait pas que j'en parle, auquel cas il risquait une peine très grave.

Elle secoua la tête.

- Je n'ai jamais voulu savoir ce qu'il s'était passé exactement. Je sais juste que mon oncle a tenu à peine plus d'un an avant de mourir. Ma tante, elle, était handicapée. Elle pouvait se déplacer en fauteuil roulant, mais la mort de son mari a eu raison d'elle et elle a fini par mettre fin à ses jours.

Un silence plana durant lequel Edward réfléchissait. Ils avaient dû faire une transmutation humaine pour faire revenir leur fils, et ils en avaient payé le prix : l'un avait perdu un poumon, l'une avait vu une partie de ses os disparaitre. Mais quelque chose n'allait pas, dans cette histoire.

- Le rapport de l'autopsie, fit-il. Pourquoi est-ce que ça a attiré l'armée ?

- Ce n'était pas normal qu'il n'ait qu'un seul poumon. Il n'avait eu aucun problème de santé jusque-là. Et celui qu'il avait était... Il n'aurait pas dû être comme ça. Ils en ont pris des échantillons, je crois. Et quand ma tante est morte... J'ai dû insister auprès du médecin pour avoir les informations. Elles étaient pourtant confidentielles. Mais il fait partie du village et a fini par me le dire : le poumon que mon oncle avait n'était pas le sien. C'était celui de ma tante. Et ma tante, elle... Elle avait pourtant ses deux poumons. En-dehors de ses os, elle n'avait rien perdu.

Un frisson glacé parcourut l'échine d'Edward. Dans sa tête, tout se bousculait. Il ne comprenait rien à cette histoire, les informations étaient trop vagues.

- Ils ont laissé leur laboratoire ?

- Non, ils l'ont démantelé depuis.

Edward eut l'impression de tomber de très haut.

- Ils n'ont rien laissé ?

Elle hésita.

- Des ouvrages. Un tas. Je les ai cachés pour que l'armée ne les trouve pas. Ma tante, avant de mettre fin à ses jours, m'avait demandé de les faire disparaitre. Je crois que c'est aussi pour ça qu'elle s'est tuée : elle voulait emporter ce secret dans sa tombe. Je pense qu'ils n'ont jamais su que je les avais vu, et que j'avais vu...

- Tu sais ce qu'elle est devenue ?

Elle secoua la tête, négative.

- Je pensais que tout ceci était le fruit de mon imagination.

Un silence de mort tomba. Mustang était abasourdi, Edward réfléchissait à mille à l'heure et Madeleine revivait en boucle le pire moment de sa vie. Edward finit par lui poser la question qui le démangeait.

- Et, d'après toi, que s'est-il passé ?

Elle secoua la tête.

- Je ne sais pas. Mais ton histoire me donne peut-être certaines clés.

Edward demanda à voir les documents qu'avaient laissés son oncle et sa tante. Il lui fallut la convaincre mais elle finit par accepter. Elle les mena à la salle à manger avant de soulever l'épais tapis qui recouvrait le parquet de bois brut et révéla ainsi une trappe par laquelle ils descendirent. Il s'agissait d'une espèce de cave très sombre et humide, remplie d'étagères et d'une centaine de dossiers, de carnets de notes, de livres, de fioles, d'herbes et de mixtures enfermées dans des pots en verre. L'endroit était étroit et encombré. Edward se rendit vite compte que tout avait été mis là à la va-vite, sans qu'on ait pris grand soin de classer logiquement les différents documents.

- Tout est là, dit Madeleine.

- Merci de m'avoir fait confiance pour me montrer ça, répondit sincèrement Edward.

Ils ne restèrent pas longtemps dans cette cave, car déjà Edward voulait visiter un autre endroit : la chambre d'amis. Madeleine les mena alors à travers la maison et finit par leur indiquer une porte, visiblement située non loin de l'accès intérieur à la grange.

- C'est ici, indiqua la jeune femme. Je n'y suis jamais retournée. Mais l'armée n'a rien trouvé.

Edward hocha la tête et entra dans la pièce. Il s'agissait d'une toute petite chambre avec un lit simple. Les tiroirs étaient retournés, les couvertures défaites et des objets encombraient le sol.

- Je suis désolée, dit Madeleine. Ils ont foutu un sacré bazard quand ils sont venus.

- Les militaires ?

- Oui.

Mustang tiqua.

- Ils ont retourné toute la maison ?

Madeleine hocha la tête depuis le couloir.

- Ils ressemblaient à quoi, ces militaires ? demanda lentement Edward.

- Il y avait un homme blond, en uniforme, avec une femme brune, elle aussi en uniforme.

- Vous savez dessiner ?

- Un peu, oui.

- Vous pourriez faire leur portrait ?

- Je peux essayer, si vous voulez.

Elle s'en alla et les laissa seuls.

- A quoi tu penses ? demanda Mustang.

Mais Edward était trop occupé à ranger la chambre et à la fouiller en même temps. Mustang soupira et décida de rejoindre Madeleine qui s'était installée dans la salle à manger pour dessiner. Elle semblait s'appliquer et Roy fut épaté de la précision de ses traits.

- Vous avez un vrai talent, constata-t-il.

Edward les rejoignit une dizaine de minutes plus tard. Madeleine lui tendit son dessin et il l'inspecta. Le militaire blond avait tout ce qu'il y avait de plus banal et il ne lui rappela rien. La jeune femme, en revanche, arborait une tignasse noire et un corps qui aurait fait tourner la tête de n'importe quel homme. Son cœur se mit à battre très fort contre sa cage thoracique et son sang ne fit qu'un tour : il l'avait senti venir.

- Madeleine, dit-il. Est-ce que vous m'autoriseriez à jeter un œil aux travaux de votre oncle et de votre tante.

- Ils m'ont demandé de les détruire.

- Et vous ne l'avez pas fait.

- Je ne pense pas que vous devriez les consulter.

- Au contraire. Vous êtes sûre que ces policiers n'ont rien trouvé ?

- Oui, je suis sûre.

- Mustang ?

- Oui ?

- Vous devriez partir.

Mustang parut choqué, et il s'énerva.

- Tu vas nous expliquer, à la fin ?

- Ces gens. L'homme, c'est probablement celui qui tuera Hugues. La femme... elle l'a aidé, et vous allez la tuer.

Mustang ouvrit des yeux grands comme des soucoupes.

- Qu'est-ce que... ?

- Il ne vaut mieux pas qu'ils vous voient ici. Quant à moi, ils ne se doutent pas de qui je suis. Madeleine, est-ce que je pourrais abuser de votre hospitalité ?

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda la jeune femme.

- J'aimerais rester pour déceler le secret des documents de vos parents. Ensuite, je vous aiderais à tout brûler, et personne ne vous embêtera plus.

- Vous allez tuer ces gens ?

- Je ne vous ai pas tout dit à propos de ce qu'il se passera dans le futur, annonça Edward. Il vaut mieux qu'un minimum de gens soient au courant. Mais je peux vous en parler d'avantage si vous m'autorisez à rester.

Elle le regarda droit dans les yeux, mais sa volonté faiblit soudainement.

- Je ne préfère rien savoir. Mais vous pourrez rester si vous voulez. Seulement, pas question de glander : vous m'aiderez à jardiner.

Mustang, lui, n'avait pas décidé d'écouter les ordres d'Edward.

- Je peux te parler en privé ? s'impatienta-t-il.

Edward accepta et Madeleine les laissa, retournant à son jardin qu'elle avait abandonné lorsque les deux hommes étaient arrivés.

- Il va falloir que tu m'expliques, exigea Roy.

- C'est simple : l'armée, ceux qui sont venus ici, ce sont des homonculii. Je pense qu'ils savent ce qu'il s'est passé ici, et comme ils créent des choses de manière on ne peut moins éthique, j'aimerais éviter qu'ils ne vous voient faire des recherches ici. Un alchimiste d'État venant rendre une visite loin de chez lui à une personne qu'ils ont eux-mêmes visité quelques semaines auparavant ? C'est louche. Et j'aimerais éviter que nous les affrontions. Plus que ça, j'aimerais éviter qu'ils ne tombent sur les documents de ces deux alchimistes, auquel cas ils pourraient tomber sur quelque chose en rapport avec l'alchimie du temps et je n'ose imaginer ce qu'ils pourraient faire s'ils arrivaient à maîtriser un tel pouvoir.

Mustang le regarda intensément, pesant le pour et le contre. Le fait qu'Edward reste un peu plus longtemps chez Madeleine était on ne peut plus logique s'il voulait mener à bien ses recherches. Mais il n'avait pas envie de le laisser seul et de repartir sans lui. Pourtant, il fallait bien qu'il retourne travailler, et le point qu'Edward avait soulevé quant à sa présence sur ses lieux était on ne peut plus juste. D'un soupir, il finit par céder et prit le train de 18h30 tandis qu'Edward restait.


Si vous avez aimé, ou si vous n'avez pas aimé, vous pouvez me laisser une petite review que je lirai toujours avec plaisir ! C'est toujours très encourageant d'en recevoir. Même si toute cette histoire est déjà écrite à l'avance, je la remanie régulièrement pour l'améliorer, et ça m'encourage à le faire et à écrire les deux histoires que je suis en train d'écrire en parallèle ;-)

La suite, comme d'habitude, lundi prochain !