Bonjour à tous ! Je suis ravie de voir que vous êtes à chaque fois plus nombreux à lire et à commenter ma modeste aventure. Nous entamons aujourd'hui le chapitre 19, en espérant qu'il vous plaise. Pour info, une petite illustration d'Isabelle et Gabin est disponible sur mon compte instagram, si cela vous intéresse.

Sur ce, je vous souhaite une excellente lecture et vous retrouve la semaine prochaine pour un nouveau chapitre !


Chapitre 19 - Coupable


Edward ne réfléchit pas une seule seconde et se précipita sur l'homonculus pour le plaquer au sol. Envy ne l'avait pas vu et fut donc pris par surprise. Il heurta rudement le sol et n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit qu'il se prenait déjà une rafale de poings en pleine figure. Vue la force qu'Edward mettait, n'importe quel homme aurait déjà sombré dans l'inconscience. Envy ne sembla pas réagir, mais Edward n'eut pas le temps de se demander pourquoi : sa seule pensée était à la haine terrible qu'il lui vouait.

Bien sûr que les choses ne pouvaient pas être si simples. Bien sûr que les homonculii avaient toujours une longueur d'avance sur lui. Bien sûr que le passé ne pouvait être changé. Il avait eu un fol espoir, et l'avait nourri pendant quelques jours. Ce soir-là, tout s'effondrait. Il continua de frapper sans trouver la moindre résistance. Ce n'est que lorsqu'on le prit par derrière et qu'on le souleva loin de sa victime qu'il comprit à quoi jouait Envy. Celui-ci se recroquevilla sur le sol, ensanglanté des coups que lui avait assené Edward. Vivianne se précipita vers lui pour constater les dommages, Isabelle à ses côtés. La scène se déroulait au ralenti. Il n'entendait même pas ce qu'ils se disaient entre eux, mais il lut sans mal sur les lèvres d'Envy : "C'est lui qui a fait ça".

Edward fut emporté plus loin par les bras forts d'Yves.

- NE LE CROYEZ PAS ! IL MENT ! ARRETEZ-LE ! IL VA VOUS TUER !

Il se mit à se débattre mais Yves était plus fort que lui. La grange, elle, s'effondra sur elle-même. Les flammes avaient diminué. Les enfants et Gabin se passaient des sceaux pour asperger la maison en espérant que les flammes ne grandiraient plus. L'eau continuait de couler des tuyaux qu'avait transmutés Edward. C'était elle qui avait permis à la maison de rester debout.

Il sentit alors une vive douleur lui prendre la tête. Yves venait de lui donner un coup au visage. Le souffle coupé, Edward revint à la réalité.

- Il faut arrêter Idamie, dit-il aussitôt.

- Tu l'as presque tué.

- Non, elle n'a rien, affirma Edward.

- Tu es un putain d'alchimiste d'Etat.

Yves n'était jamais grossier. Il n'était jamais en colère ou furieux. Il n'avait pas de haine en lui. Pourtant, c'était ce visage-là qu'Edward avait en face de lui.

- De quoi ? demanda-t-il, hébété.

- Elle nous a tout raconté.

Edward réalisa qu'il s'était sans doute passé du temps. Peut-être avait-il perdu connaissance ou avait-il eu un accès de folie. Il ne comprenait pas bien ce qu'il s'était passé. Les flammes avaient effectivement diminué trop vite pour que ce soit réel. En face de lui se tenait Yves et, derrière, on avait enveloppé Idamie d'une couverture. Isabelle se tenait proche d'elle pour la soutenir. Elle lui lançait un regard qui reflétait son sentiment de trahison.

- Dire que j'ai cru tout ce que tu m'as raconté.

- Non, je...

- Qui es-tu vraiment ?

Il en avait marre qu'on lui pose encore cette question.

- Ne la croyez pas ! Vous m'avez bien vu essayer d'éteindre l'incendie !

- Avec de l'alchimie. Depuis quand es-tu alchimiste ?

- Je ne suis pas alchimiste !

- J'ai vu sa montre d'alchimiste d'Etat, affirma Envy. Lorsque nous sommes allés à la réunion : elle dépassait de la poche de son veston lorsqu'il dormait.

- Non ! TU N'AS PAS LE DROIT !

Tout son travail était en train d'être foutu en l'air. Il avait tellement espéré. Il était tellement sûr que ça marcherait. Comment n'avait-il pas vu Envy en Idamie : cette violence, ces discours pour pousser à la révolte, ce sourire dont il ne voyait qu'aujourd'hui le sadisme, et ce regard. Maintenant, il comprenait d'où il venait. Ce n'était pas celui d'Idamie, cette femme qu'il n'avait sans doute jamais connue, mais bien celui d'Envy, celui qu'il arborait les nombreuses fois où il l'avait frappé de sa violence verbale et de ses poings, celui qu'il avait sans doute arboré, aussi, lorsqu'il avait abattu Hughes avec le visage de sa propre femme, et lorsqu'il avait tiré sur ce gamin, à Ishbal, pour déclencher le massacre qui avait ensuite suivi.

Maintenant, Envy était encore une fois parvenu à ses fins. Il avait fait de lui le coupable parfait. L'infiltré du gouvernement qui espionnait tout ce les membres de la Voix du Paysan faisaient. Et pour ne pas céder aux revendications des agriculteurs, pour que la guerre se déclenche enfin, les homonculii avaient littéralement mis le feu aux poudres. Il se sentit pris de vertiges. Et les autres fermes, alors ?

- Les autres fermes ! s'exclama-t-il. Il faut les prévenir ! Ils vont tout brûler !

Même Envy semblait surpris par son esprit de déduction. Isabelle revint - quand était-elle partie ? - en portant deux objets d'argent entre ses mains. Ses deux montres. L'une d'elle était la preuve irréfutable qu'Envy ne mentait pas. Edward aurait voulu tout leur expliquer. Mais leur expliquer quoi ? Qu'il venait du futur ? Qu'Idamie était en fait un être immortel nommé Envy qui voulait mettre tout le pays à feu et à sang ? Et ça devant Envy lui-même qui pourrait rapporter à son Père les aventures futures d'Edward Elric ? Qui pourrait lui livrer des informations capitales sur la possibilité des voyages temporels ?

Edward se dégagea brusquement de l'étreinte d'Yves et recula. Il avait les yeux fous, respirait fort, avait envie de s'époumoner contre cette injustice.

- Je ne suis pas alchimiste d'Etat ! Vous faites fausse route ! Je suis là pour vous aider ! Elle ne l'est pas ! Depuis le début, elle veut que la guerre éclate ! Ce serait terrible si elle éclatait ! Ne l'écoutez pas ! La guerre ne doit pas avoir lieu !

- Eric ! cria Yves pour le faire taire.

- ELLE NE DOIT PAS AVOIR LIEU !

Des larmes de rage se mirent à couler sur ses joues. Il devait sembler pitoyable, à présent, puisque les visages de colère qui lui faisaient face auparavant se transformèrent légèrement - peut-être à cause de la surprise de le voir pleurer. En caleçon, ses yeux dorés à découvert, le corps couvert de suif et de charbon : il n'avait pas l'allure d'un alchimiste d'Etat. Ce fut le regard d'Isabelle qui changea le plus : elle détaillait son corps aux multiples cicatrices, à sa jambe de métal dont elle ignorait l'existence. Que lui avait-il caché de plus ?

- Vous devez m'écouter, supplia-t-il presque. Idamie voulait déclencher la guerre ! Elle pensait que ça arriverait si elle tuait un militaire. Non. Elle pensait que ça arriverait si les militaires la tuaient. Elle a tout fait pour qu'ils le fassent. Je l'ai sauvé avant, sans savoir ses intentions ! A la première réunion, vous étiez prêts à vous battre. Certains ont même suggéré de prendre les armes qu'Aerugo vous proposait. Je ne suis peut-être pas la personne que vous croyiez, mais je veux juste éviter la guerre, éviter vos morts, éviter que pire encore ne se produise…

Envy le regardait avec intensité. Qui était donc ce type ? Il savait utiliser l'alchimie, possédait une montre d'alchimiste d'Etat sans en être un lui-même, l'accusait justement de tout ce qu'il avait fait et voyait clair dans ce qui allait se produire. La guerre aurait dû avoir lieu quatre mois plus tôt, selon les plans de Père. Ce type avait déjoué cela en convainquant les autres d'opter pour une stratégie pacifique - qui, d'ailleurs, était en train de porter ses fruits. Sauf s'il arrivait à lui faire porter le chapeau et que les paysans se révoltaient pour de bon.

Edward voyait bien qu'il pouvait dire ce qu'il voulait, les autres ne le croiraient pas. Il avait trop menti, et il avait trop prouvé qu'il était quelqu'un d'autre.

- Croyez ce que vous voulez. Je ne peux pas faire en sorte que vous ayez encore confiance en moi. Mais je ne suis pas un militaire. Je suis contre eux. Contre tout ce qu'il se passe dans ce pays. La guerre ne doit pas avoir lieu. Je vous en prie...

Il fut enfermé dans la cave d'où il ne pensa même pas à s'enfuir. On lui apporta ses vêtements et la montre que lui avait offert le Roy de sa temporalité. Mais sa montre d'alchimiste d'Etat resta avec les autres. Le lendemain matin, Gabin fut celui qui descendit le voir en premier, lui apportant de l'eau.

- C'était trop cool, ce que tu as fait pour sauver la maison. Tu sais, moi, je te crois. Tu n'aurais pas mis le feu.

Edward sourit tristement.

- Merci, Gabin.

- Dis, les aventures d'Alphonse, c'étaient les tiennes, pas vrai ?

Le gamin était intelligent. Edward l'aimait bien et son sourire se fit plus sincère en entendant sa déduction.

- Ne le dit à personne, mais oui, toutes ces aventures sont les miennes.

- C'est génial ! Moi aussi, je veux devenir un alchimiste !

- Ce n'est pas aussi simple que ça, s'amusa Edward en voyant l'enthousiasme de l'enfant.

Gabin continua à parler un peu, s'imaginant une vie où il serait alchimiste, lui aussi. Mais il n'était plus si enfant que cela. Il avait perdu ses parents, avait vécu des choses qui l'avaient fait grandir et Edward fut surpris par la proposition qui franchit soudain ses lèvres.

- Je peux laisser la porte ouverte.

Il pourrait ainsi s'enfuir aisément. Edward considéra un instant cette option avant de secouer la tête en un geste négatif.

- Non, je dois encore les convaincre.

Par la suite, ceux qui descendirent pour le voir furent beaucoup moins amicaux. Heureusement, Gabin le tint informé de la situation.

- La plupart des autres granges - les plus grosses - ont brûlé. Souvent avec les maisons lorsqu'elles étaient attenantes. On pense qu'il y a eu des morts. On va à une réunion dans deux jours.

On l'emmena à ladite réunion. Le compte-rendu était catastrophique : une soixantaine de granges avaient été brûlées durant la même nuit. Il y avait une dizaine de morts et une vingtaine de blessés. Sans parler de la nourriture qui était partie en fumée. Le gouvernement avait fait savoir publiquement qu'il s'agissait d'un acte terroriste de la part des agriculteurs qui cherchaient un prétexte valable pour prendre les armes contre lui après l'avoir désigné comme coupable. C'est exactement ce qu'ils firent, d'ailleurs : Edward fut désigné coupable avec les preuves accablantes de son alchimie et de la montre d'alchimiste d'Etat. Il eut beau se défendre, Envy avait tous les arguments contre lui. A la fin, il vit les hommes devenir fous : on voulait le condamner à mort, envoyer son cadavre au QG de Central City, déclarer la guerre, accepter les armes d'Aerugo. Dans son coin, Envy et son joli minois jubilaient, victorieux. Edward ne faisait que le fixer, en proie à une terrible envie de l'assassiner.

On ne le tua pas ce jour-là, mais tout le monde resta dans la maison et dans le jardin afin que les discussions reprennent le lendemain matin. Il faudrait en effet s'organiser pour aller à la guerre. Edward fut enfermé dans une nouvelle cave et attendit que les choses se tassent. Il songea sérieusement à s'enfuir car la situation devenait de plus en plus dangereuse pour lui, mais il n'avait pas envie d'abandonner : peut-être que la nuit porterait conseil aux agriculteurs, peut-être pourrait-il tenter de les convaincre une fois de plus le lendemain. Il avait toute la nuit pour potasser de nouveaux discours, pour faire éclore la vérité et empêcher un conflit meurtrier.

Au milieu de la nuit, il entendit du bruit. Quelqu'un descendait vers lui et il eut un regard de dégoût en voyant apparaître le visage d'Idamie. Envy allait parler, mais comme souvent, Edward parla plus vite.

- Qu'est devenue Idamie ?

Envy eut l'air perplexe.

- Allons, je sais bien que tu n'es pas elle. C'est évident. Nous ne sommes que tous les deux, alors fini les faux semblants.

Envy fit un peu la moue.

- Je ne sais pas qui tu es, mais ce n'est vraiment pas drôle de discuter avec toi.

- Je suis heureux de voir que mon déplaisir est partagé.

- En tout cas, avant que tu ne meures, je voulais te dire que tu m'épates. Tu as contrecarré mes plans et réussi à déjouer cette guerre en la déplaçant de plusieurs mois. Ton utilisation de l'alchimie t'aura été fatale - même si elle a finalement sauvé une partie de la bâtisse.

Edward devint blanc comme un linge. "Tu as contrecarré mes plans et réussi à déjouer cette guerre en la déplaçant de plusieurs mois".

- Vous l'aviez prévu en janvier, bredouilla-t-il.

- Qu'entends-tu par "vous" ?

Mais Edward n'écoutait plus. Il avait réussi à faire changer les choses, finalement. Il les avait changés pour qu'elles collent avec ce dont il se souvenait de son passé. Il n'avait probablement rien fait d'autre que de suivre la trace de ce qu'il devait faire en venant dans cette temporalité. Il se souvint alors de Barry le Boucher. Personne n'était au courant. La police n'était pas près de l'arrêter. Pourtant, Barry n'avait pas fait plus de vingt-trois victimes. Edward l'avait donc fait arrêter au bon moment. Parce qu'il savait qui il était et qu'il se souvenait du nombre de ses morts, il était intervenu. Dans les deux cas de figure, c'était son intervention qui avait modifié les choses. Ce qui semblait avoir été un hasard n'en était peut-être pas.

Il se mit à rire lorsqu'il comprit que son monde, son histoire passée, avait probablement été influencée par ses actions, celle qu'il aurait effectuées dans le passé. Aujourd'hui, il avait onze ans et son Histoire serait gravée d'après une influence d'un lui-même plus vieux, mais vivant ici en même temps que lui. Quoi qu'il fasse aujourd'hui, il parviendrait toujours aux résultats qu'il connaissait déjà puisqu'il était déjà passé par là.

Envy eut beau l'appeler et le frapper plusieurs fois, rien n'y fit. Edward l'ignorait, trop occupé à rire, nerveux, en découvrant qu'il n'avait rien fait si ce n'est suivre un chemin préétabli. L'homonculus, voyant que toute discussion était devenue vaine, disparut à l'étage supérieur. Edward se laissa tomber sur le sol et prit ses genoux dans ses bras, écrasé par le poids énorme de ce qu'il avait envie de nommer "destin". Ce qu'il avait fait avait été inutile. La guerre se préparait finalement. Ceux qui l'avaient accueilli et qu'il aimait mourraient bientôt.

- Éric ?

Il sursauta et releva la tête. Il n'avait même pas entendu Isabelle descendre et ne l'avait pas vu approcher dans la pénombre de la cave.

- J'ai entendu Idamie.

Edward resta silencieux.

- Qui es-tu ?

- Je ne peux pas te dire.

Elle le toisa un instant avant de soupirer. Elle vint s'accroupir près de lui et décadenassa les menottes improvisées en bois qui liaient ses mains et l'empêchaient théoriquement d'utiliser son élixirologie.

- Tu es libre maintenant.

Voyant qu'Edward ne bougeait pas, elle lui prit délicatement la main pour le tirer vers le haut.

- Viens. Il va bientôt faire jour. Il faut que tu partes d'ici.

Edward se leva lentement, rompu.

- Il va y avoir un massacre, dit-il à Isabelle. Il faut que tu partes d'ici.

- Nous n'avons nulle part où aller. C'est notre maison.

- Vous allez mourir. Tu dois protéger ton frère. Il n'y a plus rien qui vous attend ici. Je ne peux plus rien faire, maintenant qu'Idamie m'a fait passer pour un gars du gouvernement. Maintenant que vous n'avez plus de moyens de pression pour obtenir des droits, et que vos récoltes sont parties en fumée. On va vous rouler dessus. Ce sera comme Ishbal. Je t'en prie, ne reste pas là. Partez avec moi.

- On ne peut pas laisser Yves, Vivianne, Adrien et les enfants.

- Vite ! fit la voix de Gabin depuis le haut de l'escalier.

- Il fait le guet, expliqua Isabelle.

Edward eut un regain d'énergie. Ça ne servait à rien qu'il reste ici. Il ne convaincrait personne.

- Si vous décidez de rester et que vous arrivez à les convaincre que je suis leur allié, appelle-moi. Je vais te laisser un numéro de téléphone, si tu as un stylo.

Ils sortirent de la cave. On lui trouva une feuille et un stylo. Il commença à écrire le numéro de téléphone de chez Roy, mais se ravisa. C'était imprudent de laisser ce numéro trainer n'importe où. Il écrivit l'adresse postale de Madeleine à la place.

- Si vous changez d'avis, je vous donne une adresse où on vous accueillera. Vous lui direz qu'Edward vous envoie et elle pourra vous donner le moyen de me contacter.

- Edward ?

- C'est mon véritable prénom.

Il se tourna vers Gabin.

- Toi aussi, tu veux rester ?

Le gamin hocha la tête, déterminé. L'image d'Alphonse le frappa avec force. Il avait la même expression lorsqu'il était décidé à faire quelque chose ; il avait eu la même confiance lorsqu'il l'avait vu pour la dernière fois, enfant, hocher la tête pour lui confirmer qu'il était prêt à procéder à la transmutation humaine de leur mère. C'était peut-être la dernière fois qu'il voyait Gabin hocher la tête de cette manière. Sa décision, peut-être, le mènerait à sa perte. Il était si jeune… mais avait-il son mot à dire alors que lui-même, plus jeune encore, s'était embarqué dans une folie aussi désespérée.

- Vous deux, vous ressemblez à mon frère, souffla-t-il avec un timbre de voix empreint d'une certaine tristesse. Physiquement. C'est assez fou. Il n'y a rien à faire pour que je vous convainque de partir avec moi ?

- Tu as un frère ? demanda Isabelle.

Edward hocha la tête et Isabelle se tourna vers Gabin en soupirant, fatiguée de s'être fait bernée par cet homme, de lui avoir fait confiance alors qu'elle ne connaissait rien de lui.

- Tu devrais t'en aller avec lui, l'incita-t-elle pourtant, avec lassitude.

- Je reste avec toi, répondit aussitôt Gabin.

Elle sembla hésiter mais, finalement, elle prit le papier qu'Edward lui tendait et lui donna une clé en échange. Celle de la voiture. Elle lui rendit également sa montre d'alchimiste d'Etat.

Après avoir rangé le tout dans ses poches, Edward prit Isabelle et Gabin dans ses bras et les serra fort. On lui rendit son étreinte. Il avait l'impression qu'il s'agissait d'un adieu, et qu'il allait perdre un frère et une sœur. Il ne pouvait pourtant pas s'opposer à leurs choix. Finalement, il les relâcha et les regarda longuement avant de passer la porte d'entrée. Le soleil n'était pas encore levé et des ronflements dissonants s'élevaient des tentes qui avaient été plantées partout autour de la bâtisse. Il grimpa dans le véhicule, démarra le moteur. Il était très mauvais conducteur et n'avait d'ailleurs jamais passé le permis. Dans raffut infernal, il finit par disparaître, laissant derrière lui une trainée de poussière.