Bonjour, bonjour ! Voici le nouveau chapitre de cette fanfiction ! Je dois dire que j'avais peur qu'il n'arrive pas à l'heure puisque j'ai décidé de le remanier au dernier moment. C'est aussi un peu le cas des autres chapitres à venir, et je risque de devoir espacer la publication à force de vouloir rajouter des passages. Enfin bon, pour le moment, ce n'est pas le cas, et le prochain chapitre sera publié lundi prochain, comme d'habitude !

En attendant, je remercie du fond du coeur les rewievers qui ont fait fort, cette semaine, en terme de messages touchants. J'espère que la suite vous plaira ! Sur ce, je vous souhaite une très bonne lecture.


Chapitre 21 - D'Une maison à l'autre


Les locations ne manquaient pas à East City, depuis la guerre d'Ishbal. Aussi, Edward et Roy emménagèrent-ils fin mai dans une maison pavillonnaire qui comportait un petit jardin, une véranda lumineuse, un grand salon/salle à manger, une cuisine équipée et une salle de bain au rez-de-chaussée ; à l'étage, il y avait deux grandes chambres dont une qui possédait sa propre salle de bain privée. Elle était, sans conteste, beaucoup plus attrayante que l'autre et l'orientation plein sud la mettait davantage en valeur, surtout lors de journées aussi ensoleillées que l'était celle de leur déménagement. En attendant le camion qui devait apporter tous leurs meubles, Edward et Roy se battirent pour savoir qui occuperait la suite et Roy finit par gagner à coup de shifumi.

- Je ne suis pas d'accord ! protesta Edward. Je trouverai plus juste que ce soit celui qui arrive le premier là-haut.

Aussitôt l'idée suggérée, Roy fonça dans les escaliers.

- Hey ! C'est pas du jeu ! hurla Edward qui le suivait de près.

Il attrapa sa chemise pour le ralentir et le bourra dans les escaliers. Les deux hommes avancèrent côte à côte en jouant de leurs coudes pour évincer l'autre. Finalement, Roy arriva en premier dans la chambre et Edward lui sauta dessus pour le mettre à terre, encore convaincu de pouvoir gagner. Ils roulèrent tous les deux sur le sol et se mirent à se chamailler pendant un long moment. Finalement, haletants et riants, ils se laissèrent retomber sur le dos, côte à côte, sur le parquet.

- Bon, j'admets, tu as gagné.

Roy leva le poing en l'air, victorieux. Edward tourna la tête vers lui et contempla son profil rayonnant. Roy le regarda également et leurs yeux s'accrochèrent. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Roy profitait de ces moments, espérant toujours qu'il se passe quelque chose entre eux, qu'Edward amorce un geste qui pourrait lui suggérer que, lui aussi, ressentait quelque chose. Roy lui sourit, ses yeux pétillant de joie. C'était la première fois qu'il cherchait une maison et qu'il emménageait avec une autre personne. Il n'y avait jamais vraiment pensé avant, et n'en avait jamais éprouvé le désir, mais avec ce jeune homme-là, rien ne pouvait le rendre plus heureux. Edward ne put s'empêcher de le trouver beau, avec ce sourire, ces yeux noirs et brillants, ces cheveux retombant avec désordre sur son front. Sans réfléchir, il tendit alors la main vers lui et, avec une douceur qui le surpris lui-même, replaça les mèches rebelles de Roy. Ce dernier avait cessé de respirer. Le temps s'était suspendu.

- Ed ? souffla Roy après un long moment de contemplation.

- Mm ?

Il allait lui dire qu'il l'aimait. Il allait amorcer un geste pour l'embrasser, pour profiter de ses lèvres dans la réalité. Il en avait rêvé plusieurs fois. Tout le temps, même. La lueur dans les yeux d'Edward changea. Il avait l'air de savoir ce qui allait arriver, mais, pour la première fois, il resta silencieux, lui laissant le temps de trouver ses mots.

Ce fut la sonnette de l'entrée qui interrompit ce moment et ils se redressèrent tous deux d'un même mouvement stupéfait.

Ça n'avait été qu'un instant suspendu. Déjà, ils oubliaient ce qui s'était joué l'espace d'un instant et descendaient pour ouvrir aux déménageurs. Ils aidèrent évidemment au déchargement et se retrouvèrent de nouveau que tous les deux quelques heures plus tard. L'ambiance n'était cependant plus aux aveux et chacun se mit à vider les cartons, à bricoler le mobilier livré en kit, demandant parfois l'avis de l'autre avant de trouver une place définitive à tel ou tel meuble. Ce ne fut que tard dans la soirée qu'ils finirent de ranger leurs affaires. Ils s'affalèrent sur le canapé et admirèrent leur nouvelle maison depuis leurs places.

- C'est plutôt pas mal, ici, conclut Edward.

- Et tu vas enfin pouvoir faire tes mélanges bizarres ailleurs que dans le salon.

- C'est pour ça qu'on a si vite déménagé ?

- J'en pouvais plus, rit Roy.

Bientôt, la chambre d'Edward se transforma réellement en laboratoire. Le lit - un lit simple qu'il avait choisi ainsi pour gagner un maximum de place sur la pièce - fut poussé dans un coin pour laisser s'épanouir un ensemble conséquent de produits et fioles laborantines. Des vapeurs se mirent à s'échapper par la fenêtre, nourrissant ainsi les commérages du voisinage. Les expériences d'Edward ne semblaient pourtant pas porter leurs fruits. Il arrivait à produire des réactions chimiques classiques, mais ne parvenait pas à faire de la réelle alchimie.

Un jour qu'il s'épuisait à refaire les mêmes expériences en vain, il se mit à chercher dans ses carnets de notes une idée neuve, n'importe quoi, pourvu que quelque chose, enfin, se produise. Il relut tout ce qu'il avait pu écrire depuis qu'il était arrivé dans cette temporalité. Son esprit surprit alors à un bout de phrase tout bête : "le sage venu de l'ouest". Hohenheim. Son père. Il n'y avait pas pensé. C'est lui qui avait développé l'elixirologie à Xing. Edward n'avait jamais utilisé son père comme une piste puisque tous ses travaux avaient été brûlés dans l'incendie de leur maison. Or, dans cette temporalité-ci, leur maison n'était pas encore partie en fumée.

Lorsque Roy rentra du travail ce soir-là, Edward lui sauta immédiatement dessus pour lui annoncer sa découverte et ce qu'il comptait faire : retourner à Resembool lui permettrait peut-être d'acquérir les clés de compréhension qui lui manquaient pour parvenir à ses fins.

- Ton père est vraiment un type étrange, répondit Roy. Il fallait au moins ça pour te créer.

- Ah, ah. Bref. Du coup, je pars demain.

- Tu ne veux pas m'attendre ?

Edward dévisagea avec surprise.

- Pardon ?

- Je suis en congés dans deux jours. Ça me ferait du bien de sortir prendre l'air et je pense que la campagne est une bonne alternative.

- Si tu veux.

Deux jours plus tard, les deux hommes étaient à bord du train. Comme souvent dans les transports en commun, Edward s'endormit vite, le laissant à la merci du regard de Roy. Ce dernier ne le réveilla que lorsqu'ils atteignirent à Resembool. De là, ils partirent à pied jusque chez Edward qui semblait devenir de plus en plus nerveux à chacun des pas qu'il faisait. Arrivés devant le pallier de la maison abandonnée, Edward sembla incapable de franchir la porte d'entrée. Roy comprenait. Il avait vu ce qu'il y avait à l'intérieur. Il lui laissa donc le temps qu'il lui fallait pour pousser la porte. La maison était plongée dans l'obscurité et Edward alla immédiatement ouvrir quelques volets qui grincèrent. La poussière s'était accumulée sur les marques sombres qui peignaient le plancher : les traces de son propre sang. Edward ne s'y attarda pas et alla directement jusqu'au bureau de son père qu'il se mit à fouiller. Curieux, Roy feuilleta lui aussi certains carnets de notes. Tous étaient codés.

- Tu as appris l'alchimie avec ça ? demanda-t-il.

- Oui.

- Alors que tu n'avais même pas dix ans ?

- Alphonse était là aussi.

- C'est complètement dingue...

Edward se contenta de hausser les épaules et continua de chercher. Le code qui cryptait les différents ouvrages ne semblait plus avoir de secret pour lui car il lisait aussi rapidement que si les carnets étaient de simples romans. Roy le laissa tranquille et se mit à visiter le reste de la maison. Il trouva la chambre d'enfant d'Edward, les pièces dans lesquelles il avait probablement vécu les meilleures années de sa vie, ainsi que quelques photographies sur lesquelles Edward était jeune et blond. Il avait même oublié la vraie couleur de ses cheveux tant il lui semblait naturel de le voir brun. Il se souvint alors de la première fois qu'il l'avait vu, avec sa tenue de serveur, ses cheveux blonds et longs, ses yeux dorés dévoilés. Roy ne put s'empêcher de sourire : il avait un charme naturel évident. Comment n'avait-il pas pu le remarquer avant qu'il ne s'asseye en face de lui ?

Il retourna auprès d'Edward et le regarda étudier pendant un moment, s'amusant de son expression sérieuse et de ses sourcils froncés de concentration, puis, il sortit à l'extérieur pour s'allonger dans l'herbe et profiter des rayons du soleil qui lui caressaient le visage et de la douceur du printemps qui laisserait bientôt place à la chaleur de l'été. Ce fut à son tour de s'endormir.

Lorsqu'Edward émergea de sa lecture, il chercha Roy partout dans la maison et finit par le trouver, abandonné, à l'extérieur. Il sourit en le voyant et vint se poser à côté de lui. Le soleil était parti et la fraicheur de la nuit commençait à se faire sentir. Edward hésita, mais finit par caresser le visage de son colocataire avec douceur. Il ne savait pas pourquoi, mais il aimait ce contact.

- Roy, murmura-t-il doucement.

Le militaire fronça les sourcils et Edward lui remua l'épaule.

- Réveille-toi, tu vas attraper froid.

Roy se redressa, un peu grognon.

- Tu as dormi tout l'après-midi, on dirait.

- Tu as trouvé ce que tu voulais ? interrogea Roy d'une voix pâteuse.

- Pas encore, mais je suis sur la bonne voie. Aller, vient, on va manger quelque part.

Edward se releva et lui tendit la main pour l'aider à se redresser. Roy la prit mollement et se mit sur ses jambes un peu gauchement, encore un peu léthargique. A peine eurent-ils commencé à marcher qu'Edward se mettait à débiter un flot de paroles sur lequel Roy eut du mal à se concentrer.

- C'est assez impressionnant de voir toutes les connaissances que mon père a accumulé ici. Je me rends compte seulement maintenant à quel point j'étais loin de tout comprendre lorsque j'étais petit. L'alchimie, ça va, j'avais bien saisi le principe, mais la plupart des bouquins dans son bureau ne parlaient en fait pas du tout d'alchimie telle qu'on l'entend à Amestris. Je ne connaissais pas encore l'élixirologie à l'époque et j'ai dû confondre les choses : d'ailleurs, il y avait certains ouvrages qu'on a complètement laissé de côté, avec Al, parce qu'on ne les comprenait pas. A vrai dire, on était tellement préoccupés par notre transmutation humaine que tout ce qui n'avait pas de rapport avec ça était laissé de côté. Une fois qu'on a retrouvé nos corps, avec Al, on s'en est bien rendu compte et on a exploré pas mal d'autres pistes qui nous permettaient – enfin, qui lui permettent, à lui – d'utiliser l'alchimie autrement. Bref, en fait, la plupart des travaux de mon père se focalisent sur la différenciation entre l'alchimie d'Amestris et l'élixirologie de Xing, mais aussi sur la Porte de la Vérité. Il faut dire qu'il devait la contourner pour réussir à sauver les Amestrians de la transmutation massive du petit être dans la fiole. Mais c'est vraiment étrange, j'ai l'impression qu'il s'inquiète vraiment de l'état de cette Porte : il y a plusieurs mentions de son ouverture lors de la création de la pierre philosophale à Xerxès et il semblait intrigué par son fonctionnement. Après tout, elle a l'air d'exister aussi dans la pratique de l'élixirologie, mais sous une autre forme. Je l'ai sans doute moi-même ouverte sans le savoir : après tout, ouvrir un passage entre deux temporalités, c'est un peu comme ouvrir une porte, non ? Enfin, bref, je ne vais pas pouvoir tout lire avant la fin du weekend, alors il va falloir que je trie ce dont j'ai besoin, demain. Mais j'ai bon espoir de trouver une piste sérieuse ! Ah ! Regarde ! On est presque arrivé à l'auberge.

Roy avait lui aussi remarqué l'auberge aux fenêtres desquelles une lumière chaude s'échappait. Elle se trouvait excentrée de Resembool et il n'était pas tellement surpris de voir qu'Edward faisait tout pour s'éloigner du village mais aussi de son ancienne maison : il ne lui en avait pas clairement énoncé les raisons, mais il était hors de question qu'il ne rencontre une personne qui aurait pu le reconnaitre et l'idée même de dormir dans son ancienne demeure encore truffée de cauchemars ancrés dans la réalité n'était pas envisageable. L'endroit était de toute manière très glauque et Roy lui-même n'aurait pas vraiment été à l'aise de s'endormir dans ce lieu encore tapissé du sang d'Edward.

- J'espère que tu as faim, compléta Edward avec entrain.

- Tu penses à autre chose qu'à la bouffe, des fois ? s'amusa Roy avec un petit sourire en coin.

- J'ai passé la journée à réfléchir, contrairement à certains ! fit remarquer Edward en lui frappant chaleureusement le dos du plat de la main.

- Je réfléchis toute la semaine, déjà, contrairement à certains qui glandouillent à la maison, se défendit Roy en lui ébouriffant les cheveux.

- Hey ! Je fais des recherches ! Je suis peut-être pas payé pour ça, mais je travaille ! se révolta Edward en ouvrant la porte de l'auberge dans laquelle il s'engouffra après Roy.

L'odeur qui les accueilli clôtura leur chicane et leurs estomacs grondèrent à l'unisson. Sans un mot, ils suivirent docilement le maître des lieux à une table et acceptèrent le plat unique que le cuisinier proposait ce soir-là : un duo de tomate et de courgette farcis sur un lit de riz fondant. Subjugué par cette nourriture si peu accessible d'habitude, ils passèrent le repas sans décrocher un mot, écoutant à peine l'aubergiste leur expliquer avec une certaine fierté qu'il produisait ses propres légumes et que la viande qu'il utilisait provenait des différents élevages autour de Resembool. Sa gaieté communicative aurait pu leur faire oublier la situation de crise dans laquelle se trouvait tout le pays si leur palais n'avait pas été en plein orgasme culinaire tant il avait oublié le goût de la bonne nourriture. Le lendemain, ils ne furent pas surpris de constater que leur séjour avait été aussi coûteux que goûteux. Mais qu'importe : ce n'était plus tous les jours qu'ils avaient la possibilité de consommer de pareils produits.

Après un petit déjeuner où, dans un autre instant de félicité, ils dégustèrent un parfait croissant au beurre, ils retournèrent à la demeure des Elric et continuèrent leurs recherches. Un peu plus en forme que la veille, Roy se mit à fouiller dans la maison et, avec l'accord d'Edward, récupéra une valise et entreprit de la remplir de photos et d'autres souvenirs qui auraient brûlé dans quelques mois s'il ne les sauvait pas. Edward fut un peu distrait par ses agissements, mais finit pas lui laisser le champ libre, soucieux de mettre de côtés les ouvrages importants qui pourraient l'aider dans ses recherches une fois de retour à East City. Quand Roy le rejoignit pour lui indiquer que l'heure du train approchait, Edward râla, mais il lui fit justement remarquer qu'il avait encore jusqu'au 3 octobre pour revenir s'il se rendait compte que certains documents lui manquaient. C'est donc chargés de trois valises supplémentaires, pleines à craquer de souvenirs, de notes, de parchemins, de carnets et d'ouvrages alchimiques qu'ils quittèrent la maison.

Avant de retourner à la gare, et malgré le poids des nouveaux bagages qu'ils trainaient désormais derrière eux, Edward voulut faire un crochet par le cimetière afin de pouvoir se recueillir sur la tombe de sa mère. Roy souhaita le laisser faire et l'attendre à la grille de l'entrée, mais Edward lui demanda de le suivre. Il lui tendit alors une lettre qu'il avait sorti de son manteau noir.

- Est-ce que tu pourrais cacher ça dans la pierre de la tombe ?

Roy prit la lettre.

- Qu'est-ce que c'est ?

- On ne sait jamais, si mon père la trouve. Il est mort avant que je ne puisse vraiment le remercier.

- Tu veux que je laisse un signe distinctif ?

- Non. Je le remarquerai.

Roy hocha la tête et posa la lettre sur la tombe. Il dessina un cercle alchimique et la pierre l'absorba. Elle redevint identique à ce qu'elle avait été seulement quelques secondes plus tôt.

- Il ne la trouvera jamais, remarqua Roy.

- Je peux te demander une faveur ?

- Vas-y toujours.

- Quand tu rencontreras mon père, est-ce que tu pourras lui dire que j'ai laissé quelque chose pour lui ici ?

Roy ne put s'empêcher de sourire et il posa sa main sur sa tête pour lui ébouriffer affectueusement les cheveux.

- Bien sûr.

Enfin, ils repartirent pour la gare et rentrèrent chez eux. Dans les jours qui suivirent, les deux hommes furent terriblement occupés : Edward tentait de nouvelles expériences qui semblaient porter leurs fruits et Roy se mit à préparer l'enterrement de vie de garçon d'Hughes qui aurait lieu le weekend qui suivait. Il voulait que ce soit une surprise, mais, bien sûr, Hughes finit par le découvrir.

- J'espère qu'Edmund sera de la partie.

- Non, il ne viendra pas.

- S'il ne vient pas, je viendrais le chercher par la peau du cul.

- Tu ne sais même pas où nous habitons.

- Que tu crois. Vraiment, Roy, tu penses encore que je ne t'espionne pas ? Je suis ton ange gardien, il faut bien que je sache où tu vis.

Ce n'était pas une surprise pour Roy, et lorsqu'il en parla à Edward, celui-ci râla.

- Il est pas possible ce mec ! Il ne peut pas me laisser tranquille ?

- Tu sais qu'il va vraiment venir te chercher, si tu ne viens pas ? Où que tu sois, il te trouvera.

- Je sais bien, et c'est ce qui m'embête.

Edward fut donc forcé d'accepter l'invitation et il fit en sorte de ressembler le moins possible à Edward Elric lorsqu'il se mit sous couverture le jour venu. Il acheta même du maquillage pour tenter de changer ses traits mais les moqueries de Roy et son reflet peu convainquant dans le miroir le forcèrent à se laver de son déguisement. Enfin, ils rejoignirent tout le monde avant d'aller kidnapper Hughes - qui savait pertinemment qu'il allait être enlevé.

L'après-midi fut constitué d'une série d'épreuves toutes plus stupides les unes que les autres et qui avaient toutes pour but de tourner Hughes au ridicule et de le faire boire. Celui-ci se prêta fort bien au jeu et ils cheminèrent jusqu'au bar sous les éclats de rire de toute la troupe.

- Tu as dépensé combien pour cet enterrement de vie de garçon ? demanda Edward à Roy tandis que l'alcool coulait à flot.

- Peu importe, il fallait faire quelque chose de mémorable. Et puis je n'ai pas tellement prévu qu'on aille manger quoi que ce soit.

- Quoi ?! Mais c'est quoi cette organisation ?! T'es qu'un vieux radin. Il va mourir, tu le sais, ça ?

- On finira chez nous, s'il faut éponger. Et je ne suis pas radin : on est juste en situation de crise et il faut bien que je puisse payer le loyer à la fin du mois puisqu'un certain colocataire ne paye pas sa part du loyer.

- T'aurais pu me le dire avant ! Il y a les traces de mes expériences absolument partout ! Et arrête de me le rappeler tout le temps : comme tu dis, nous sommes en situation de crise. Tu crois vraiment que c'est facile de se trouver un job ?

- C'est pas grave, rit Roy en lui dépeignant la figure. Tu me payeras en nature.

- Je vais t'empoisonner, grommela Edward en agitant les bras pour se débarrasser de lui. Tu verras, la nature, comme elle est belle.

Peu à peu, Edward se détendit et profita de retrouver tous les membres de l'équipe. Il y avait également des personnes qu'il ne connaissait pas avec qui il ne tarda pas à sympathiser. Cela lui permit de s'éloigner de Mustang et de s'amuser à voir tous ses anciens collègues si jeunes et si insouciants, de discuter avec eux et de s'attendrir de leurs rêves. Le fait qu'ils ne le voient plus comme un gamin ou comme un collègue changea un peu la donne et il apprit à les connaître comme jamais il ne l'avait fait auparavant.

- Donc, toi, t'es le cousin du patron ? tenta de récapituler Havoc lorsqu'il s'assit à côté de lui.

- Yep.

- Ok, Ed, fit-il. C'pas trop dur de vivre sous le toit d'un chaud lapin com' ça ?

- Oh, ça va.

- Dis voir, il a pas une p'tite copine, en c'moment ? Nan, parc'qu'i m'les pique toutes, d'habitude, mais en c'moment, il l'fait moins.

- Je l'ai jamais rencontré, en tout cas.

Havoc eut l'air déçu. Il lorgnait une jolie rousse du coin de l'œil depuis le début de la soirée.

- T'crois que j'peux tenter l'coup quand même ?

Edward rit.

- T'as qu'à essayer !

La démarche maladroite de Jean Havoc jusque ladite rousse en disait long sur son niveau d'alcoolémie et Edward ne put s'empêcher d'éclater de rire.

- Il a aucuuuune chance, assura Roy qui venait de prendre sa place.

- Tu vas quand même pas la lui piquer ?!

- J'vais me gêner.

Edward se sentit bizarre. Roy lui tourna le dos et voulut prendre un verre à Breda qui venait d'arriver avec un mètre de shots.

- Non, c'est pas pour vous, c'pour l'homme de la soirée !

- Wow, j'peux pas avaler tout ça ! protesta Hughes qui venait pourtant de prendre un verre pour se l'enfiler cul sec.

- Aller Maes !

- Hughes, Hughes, Hughes, Hughes, Hughes !

Sous les encouragements de toute la troupe, le militaire enfila un à un tous ses verres. Tous l'applaudirent, ainsi que l'ensemble de la salle. Roy se sentit alors d'humeur généreuse et clama :

- Tournée générale !

- Ca, c'est mon témoin ! s'exclama fièrement Hughes en prenant son ami dans ses bras.

Edward enfila les verres les uns après les autres. Il n'arrivait même plus à faire le compte de ce qu'il avait bu. Tout autour de lui était flou, joyeux et lumineux. Les conversations allaient bon train, mais il aurait été incapable de savoir de quoi il avait parlé. Il resta un long moment avec Fuery que la jeunesse rendait encore plus adorable qu'avant. Il se souvint également d'avoir fait un beer pong et d'avoir perdu partie sur partie. A un moment, ils se retrouvèrent dans un endroit plus tamisé, plus intime, assourdissant de musique que les lumières colorées accompagnaient. Havoc et sa compagne avaient disparu. Edward ne comprit pas comment les événements se produisirent, d'autant que tout, en-dehors de cet évènement précis, se confondait dans un brouillard enchanté. Tout se passa très vite. Alors qu'il rigolait futilement avec Maes Hughes, il vit Roy embrasser une femme à moitié nue et la prendre dans ses bras. Au même moment, il se sentit prit de vertiges, son teint passa au blanc, son estomac se retourna et, avant même qu'il n'ait le temps de faire quoi que ce soit, il se pencha vers le sol et vomit tout le liquide qui lui remplissait le ventre.