Chapitre 2

Carlos n'était pas sûr de ce qu'il avait imaginé lorsque John avait parlé de suivre le bateau, mais certainement pas de prendre un bateau et de s'arrêter relever le numéro de chaque caméra de surveillance pour l'envoyer aux collègues de Steve à Hawaï. Ce dernier avait insisté pour que son équipe soit celle qui analyse les bandes et avait justifié cette demande par la performance de leur matériel et de ses collègues. Le militaire avait appelé McClane depuis l'aéroport avant de prendre l'avion.

Steve avait réveillé toute son équipe pour qu'ils se mettent en contact avec McClane et que l'enquête pour retrouver son partenaire progresse durant son vol.

Cette prise en main du commandant avait amusé Carlos qui s'était dit qu'il avait trouvé un plus grand maniaque du contrôle que lui. McClane lui, semblait à leur opposé : spontané et incontrôlable. Carlos avait vite compris, de ce qu'il avait trouvé sur l'homme sur internet, qu'il n'hésitait pas à enfreindre les règles pour faire avancer son enquête. Il avait presque été rassuré par ce fait, mais restait inquiet par le nombre de fois où sa vie avait failli se jouer.

Ils s'étaient rendus dans plusieurs propriétés privées pour leur demander l'accès à leur caméra avant d'envoyer les images à Kono. La jeune femme avait fini par avoir des visuels suffisamment bons pour identifier Danny et un jeune homme -TK- allongés sur le pont d'un bateau, ainsi que le numéro d'immatriculation du bateau. Elle avait alors appelé McClane pour l'informer que le vedette appartenait à une agence de location et leur avait envoyé l'adresse.

Dès leur arrivée Carlos repéra un employé qui avait un comportement étrange, il fut un discret signe à son partenaire du jour qui lui répondit d'un sourire entendu. McClane se dirigea vers l'homme alors que Carlos alla jusqu'au comptoir.

"Bonjour, vous ne sauriez pas qui a loué un bateau immatriculé STD35768 ?

- Non, répondit le réceptionniste en tapant sur son clavier. Matt sait peut-être, c'est lui qui a noté la sortie du bateau, mais sans en préciser la raison, ajouta-t-il en désignant son collègue du bras.

- Merci, je risque de revenir avec d'autres questions."

Le Matt en question, un homme blanc, blond, d'environ un mètre soixante-dix, très mince, avait tenté de s'enfuir lorsque McClane s'était dirigé vers lui, mais le policier expérimenté l'avait plaqué au sol.

"Alors mon pote, tu n'as pas de bol parce que je ne suis pas un bon flic et j'ai une patience très limitée. Dis-moi, qui a loué ce bateau ?

- J'en sais rien.

- Le gars de la réception a dit de demander à Matt, informa Carlos en s'approchant.

- C'est toi Matt ? Alors, qu'est-ce que tu as à nous dire.

- Rien.

- Bon, allons faire un tour."

McClane embarqua la gars et l'emmena jusqu'au poste de police. Là, ils prirent ses empreintes et ses photos et le laissèrent patienter en salle d'interrogatoire pendant qu'ils cherchaient des informations sur lui avec l'aide de Kono.

Ils étaient revenus depuis moins d'une heure qu'un homme grand, brun, en treillis militaire entra dans le commissariat et se dirigea directement sur McClane.

"Steve McGarrett, se présenta-t-il en tendant sa main.

- John McClane.

- Carlos Reyes."

Une fois les poignées de mains échangées, Steve attarda son regard sur le dernier à s'être présenté et l'évalua sans scrupules.

"De la maison ? demanda Steve qui avait entendu parlé du plus âgé, mais pas du plus jeune.

- Oui, à Austin, mais surtout le fiancé du jeune homme qui a été enlevé avec votre partenaire."

Steve posa un regard indescriptible sur le plus jeune qui se sentit gêné, impressionné par cet homme charismatique.

"Si vous suivez l'enquête, je suppose que vous n'êtes pas trop à cheval sur les règles non plus… ?

- Ma priorité est de récupérer TK.

- C'est ce que j'aime entendre, dit-il avec un sourire avant de redevenir sérieux. Les ravisseurs m'ont contacté, ils veulent que je les retrouve à "Lucy the elephant" dans trois heures et dix minutes exactement, il précisa en regardant sa montre.

- Ca ne nous laisse pas vraiment de temps pour interroger notre copain, on est à 2h de route de Lucy quand tout va bien. Pourquoi là-bas ? demanda McClane.

- Qu'est-ce que vous pouvez me dire sur le lieu ?

- Un éléphant touristique en bord de mer, répondit John perplexe. Ils veulent quoi ?

- Moi, contre eux deux, pas de flics, pas de micro.

- Vous suggérez quoi ?" demanda Carlos qui n'aimait pas ça.

Il eut la confirmation que Steve était tout à fait cinglé lorsqu'il proposa son plan avec un air détaché.

"On y va, vous les récupérez, je me débrouille pour leur fausser compagnie dès que Danny et TK sont en sécurité.

- Ca me semble foireux, contredit tout de suite Carlos qui voyait la catastrophe arriver.

- C'est souvent là que ça marche le mieux, déclara McClane au plus grand désespoir du plus jeune. Vous savez conduire une moto ?"

Les deux hommes confirmèrent et John demanda à un de ses collègues de leur trouver trois motos civiles puis mena leur petit groupe vers la salle d'interrogatoire. Juste avant de rentrer, il tendit un dossier à Steve en lui disant qu'ils partaient dans quinze minutes. Le militaire feuilleta les documents et entra dans la salle, suivi de ses coéquipiers du jour.

Carlos s'adossa au mur à côté de la porte, pas décidé à se retrouver coincé entre les deux agents plus âgés qui semblaient déjà tarés chacun de leur côté, mais en plus il redoutait qu'ensemble ils détruisent la moitié de l'État. Il n'était pas certain de vouloir y contribuer.

Alors que McClane s'asseyait face au suspect et McGarrett sur le bord de la table entre eux, son portable sonna.

"Oui Kono, mmm, mmm, ah je vois, merci."

Il raccrocha et tourna son regard vers leur suspect.

"Alors Matt, depuis quand ont-ils ta femme et ta fille ?"

Le regard de l'homme se fit horrifié, Kono avait tapé juste avec son info.

"Si je vous dis quoique ce soit, elles sont mortes.

- Alors ne parle pas, contra John. Si je comprends bien ces gars ont kidnappé ta famille pour que tu leur fournisse un bateau…

- Tu peux tout de même nous interrompre si on se trompe, précisa Steve.

- Donc la nuit dernière tu as sorti un vedette après la nuit tombée, je suppose que tu as laissé les clés sur le moteur et que tu n'as vu personne."

L'homme continua de garder le silence, mais il transpirait à grosses gouttes.

"Bon alors, toute la question est de savoir ce qu'ils t'ont envoyé pour te prouver qu'elles étaient en vie." reprit Steve en se levant.

Il se plaça derrière le suspect et lui fit les poches alors que Matt gardait le silence, ses yeux devenant de plus en plus noir. Steve sortit un téléphone qu'il déverrouilla en se servant du pouce de Matt, avant de s'installer aux côtés de John pour fouiller dans l'appareil.

Il laissa échapper un "Ah !" sonore quand il trouva les messages d'un expéditeur inconnu avec la photo d'une femme blonde et une petite fille d'environ cinq ans aussi blonde que sa mère.

"De ce que je vois, tu avais déjà rempli ta part, tu devais les récupérer à "Lucy the elephant", résuma John.

- Bon, bah on le prend avec nous ! déclara Steve.

- Sur la moto ? ne put s'empêcher d'intervenir Carlos, dubitatif.

- Ouais, je vais le prendre derrière moi, affirma Steve. Et toi tu fais pas le con, compris ?"

Matt acquiesça et les quatre hommes montèrent sur les motos. Les policiers étaient équipés d'oreillettes pour rester en contact. La police locale avait été prévenue et se préparait à intervenir de manière discrète tout en surveillant sans se faire voir les véhicules qui entraient sur la presqu'île.


Le bateau naviguait à grande vitesse depuis plusieurs heures à présent, le soleil était levé et tapait fort sur les deux prisonniers contraints de rester allongés sur le pont. Les vagues étaient de plus en plus grandes et la houle secouait la petite embarcation, rendant Danny nauséeux, mais surtout soucieux. Il avait peur d'une tempête et le temps lui donna raison. De gros nuages noirs remplirent le ciel en quelques minutes, un premier craquement retentit et emplit Danny d'effroi. En quelques minutes, les prisonniers furent ballottés de bâbord à tribord et trempés par les vagues de plus en plus hautes qui inondaient le bateau. Les deux hommes cherchaient à s'agripper à quelque chose, sans succès et étaient de plus en plus terrifiés. Leur peur de mourir augmenta jusqu'au moment où un crac ne venant pas du ciel retentit et elle se transforma en une rage de survivre. Danny retira le scotch qui lui fermait la bouche et voulut crier au jeune homme qui se trouvait bien malgré lui dans cette situation de faire de même, mais l'eau l'en empêcha. Tourné en tous sens, roulé sur lui-même, il ne savait plus où était le haut et le bas, il se battait contre son instinct de respirer et ressentit vite la brûlure liée au manque d'air.