Hello my dears ! Je vous avais promis un OS à Poudlard ? Et bien j'ai mentiiiii :D ... Bon, en fait il est fini, il fait presque 50 mille mots mais ça doit faire un mois que j'écris & ré écris la même scène qui me tracasse ...

Donnnnc, en attendant, il est 2heures du matin, je rentre d'un anniversaire mais je pense à vous ... Je me suis décidée à aller fouiller dans mon ordi et j'ai retrouvé cet OS, qui fait partie de ceux qui sont finis même s'ils ne sont pas mes préférés mais bon ... Vous aviez aimé le précédent, alors j'espère que celui là aussi fera l'affaire ! Bref, voilà de quoi vous faire patienter ;)

Sur une autre note, je vous confirme que j'ai commencé Business Woman 2 & qu'il sera du point de vue de Regina. Le prochain chapitre de Diabolique est mon Ange devrait pas trop tarder non plus ... ( croisez les doigts ! )

Bonne lecture xx ( as usual, aucune relecture n'a été faite depuis quelques mois, soyez indulgents ! )


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The Other Woman

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Résumé : Depuis quelques mois, Emma et Regina ont cédé au désir qu'elles ressentaient l'une pour l'autre. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et vivre dans le secret et l'interdit ne va pas pouvoir durer longtemps ... Surtout quand Neal s'en mêle et qu'Emma a de nouveau besoin de lutter contre sa manie de fuir.

( Pour les non anglophone « The other woman » est l'expression qu'on réserve à une femme qui entretient une relation avec quelqu'un déjà en couple … Donc oui, warning il y aura des mentions de Swanfire mais ça reste de simples mentions, vous me connaissez ^^ )

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Conduire pour s'empêcher de penser n'était pas une bonne idée finalement remarquait-elle. Enfin peut être que si ... Peut être que c'était mieux que de rester du côté passager les écouteurs dans les oreilles à regarder le paysage défiler en pensant à ce dont elle ne devait pas penser. Elle jeta un rapide regard sur son copilote. Au moins, endormi, Neal n'avait pas la fâcheuse habitude de laisser sa main courir sa cuisse. Toute à l'heure lorsqu'il l'avait fait elle avait manqué bondir. Le manque la rendait presque allergique à son contact.

Ajouté à tout cela qu'il était presque dix-sept heures un soir de vingt quatre décembre, elle n'allait pas pouvoir régler le problème de si tôt. Pire, à en croire le coup de téléphone qu'elle avait reçu deux jours plus tôt de la part de sa mère, il risquait même de s'aggraver si elle devait passer la soirée en pareille compagnie sans pouvoir y remédier ...

Le panneau qui signalait l'entrée dans la ville la fit sourire, grondant pourtant la seconde d'après lorsque sa magie reprit possession de son corps en un long frisson. Soudain elle était consciente de ce qui l'entourait avec une nouvelle force. A ses côtés le père d'Henry dut également le sentir, sortant de son sommeil en s'étirant et elle dut serrer les dents pour supporter les doigts qui coururent brièvement sur la main qu'elle avait gardée rivée au pommeau de vitesse.

- On y est ? demanda-t-il groggy.

- Ouais. Snow m'a dit que ton père serait là ce soir, on lui donnera là bas, non ? Je sais pas toi mais j'ai besoin d'une bonne douche et il faut emballer tous les cadeaux qu'on a acheté à Henry.

- Ça me va. Tu sais comment tu t'habilles ?

- Pas du tout.

Finalement elle avait décidé pour un simple jean noir qui collait à son corps comme une seconde peau et un haut rouge qu'elle avait acheté à Boston. Elle n'avait pas pris le temps de se coiffer, laissant ses longues mèches blondes onduler après la douche bouillante qu'elle avait prise. Ses yeux à peine maquillés trahissaient la fatigue accumulée ces derniers jours mais elle savait déjà qu'elle resterait jusqu'au dernier moment possible à la soirée.

Comme d'habitude elle était en retard lorsqu'elle sonna à la porte du manoir qui la faisait presque trembler d'anticipation. L'émotion la cloua purement et simplement au sol lorsque le battant en bois blanc révéla la silhouette de la propriétaire des lieux dans une robe de cocktail bleu roi.

- Miss Swan, en retard comme d'habitude ...

Et le ton avait beau dégouliner d'un sarcasme hautain, les yeux sombres la dévoraient littéralement. Attirée comme un aimant la blonde sentit ses jambes fourmiller lorsqu'elle fit le premier pas en avant.

- Salut.

Un sourcil parfaitement dessiné se haussa au souvenir de leur première rencontre mais aujourd'hui elle n'éprouvait plus la même gêne que ce soir là. Non, aujourd'hui ce qui tordait ses entrailles était tout à fait différent.

- Tout le monde est déjà là. Neal s'est perdu à Boston ?

- Non, il est en retard, il voulait à tout prix emballer lui même les cadeaux.

- Grand bien lui fasse.

Elle ne parvint pas à retenir un sourire, ni l'impertinence qui la fit frôler le corps de la brune lorsqu'elle la dépassa. Et à en croire la brutale inspiration qu'elle l'entendit prendre, elle n'était pas la seule qui avait souffert des deux semaines qu'elle avait du passer dans la grande ville.

- Emma !

Deux bras enthousiastes l'emprisonnèrent dans une embrasse qui lui fit momentanément oublier ses pensées inappropriées. Il n'y avait qu'Henry pour la distraire suffisamment dans ces moments là ... Le cri qu'il avait poussé ameuta le reste de sa famille et elle dut passer dans les bras de Snow et David quelques minutes plus tard avant de pouvoir s'échapper pour saluer Belle et Gold qui discutaient dans un canapé.

- Miss Swan, j'ai entendu que votre voyage a été fructueux.

Elle ne formalisa pas de son accueil ni de la sombre malice qui brillait dans ses yeux mais fut tout de même heureuse de voir la bibliothécaire le remettre à sa place.

- Rumple, ce ne sont pas des manières. Emma, je suis contente de te voir !

- Moi aussi Belle. Comment avancent les rénovations de la bibliothèque ?

- Très bien ! Regina m'a prêté plusieurs salles à la mairie pour entreposer les livres ...

Après leur retour de Neverland, tout le monde s'était évertué à rebâtir une vie convenable à Storybrook. Soutenue par Snow White et son époux, Regina était parvenue à garder son poste de Maire mais certainement parce qu'elle détestait leur devoir quoi que ce soit, elle s'était depuis évertuée à rentrer dans les bonnes grâces de beaucoup.

- Super, répondit-elle simplement mais avec sincérité.

- Où est mon fils ? ne put s'empêcher de demander le Ténébreux.

- Chez nous. Il emballe des cadeaux. C'est lui qui a ce que vous nous avez demandé, il vous le donnera quand il arrivera.

Elle ne prêta pas attention à sa moue agacée, préférant retourner son attention vers Snow qui était visiblement en train de raconter une de ses aventures à Henry dont le regard brillait d'émerveillement. Un peu plus loin David finissait d'apporter des boissons sur la table sous l'œil attentif de la maîtresse des lieux. Emma ne put s'empêcher d'admirer la fine silhouette appuyée contre une commode et les jambes dont le galbe était accentué par des talons aiguilles d'un noir brillant.

Le désir enfla à nouveau dans son ventre. Elle n'était pas sûre de pouvoir survivre à la soirée.

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... Surtout quand elle était assise à la droite de la brune qui se tenait en tête de table.

Ni Neal à sa droite ni Henry en face d'elle aurait pu la distraire de la pointe du talon qu'elle sentait aller et venir le long de sa jambe depuis une demie heure. Elle était en feu, incapable d'écouter ce que son petit ami était en train de raconter de leur séjour à Boston.

Ce n'était pas elle qui avait choisi d'y aller. Gold leur avait forcé la main pour se rendre dans un quartier malfamé où ils avaient mis des jours à trouver l'homme qui détenait l'artefact que le père de Neal voulait. Et si ça n'avait tenu qu'à elle, le jeune homme n'aurait pas été la personne avec qui elle aurait choisi de partir. Alors que quinze jours avec Regina en dehors de Storybrook … Elle en frissonnait.

- De l'eau Miss Swan ?

- Merci, répondit-elle seulement en refusant de reconnaître pour ce qu'il était le sourire en coin de la mère adoptive d'Henry.

Le verre d'eau qu'elle consomma d'un trait ne fit pourtant rien pour calmer le brasier qui brûlait dans le creux de son ventre et elle força son regard dans une autre direction que les lèvres pulpeuses laquées de brillant.

A l'autre bout de la table Belle lui adressa un grand sourire avant de replonger dans une conversation animée avec son compagnon et David. Snow quant à elle, si elle avait la main posée sur celle de son mari, accordait toute son attention à ce que Neal était en train de raconter.

- … année la mairie achète le plus grand sapin qu'ils ont et il est exposé en centre ville sur une place. Emma et moi sommes allés à la patinoire, c'était super.

- Tu sais faire du patin à glace ? s'étonna Henry en face d'elle.

- Très peu. Je suis plutôt luge.

- Elle s'est cassé la g…

- Henry, interrompit Regina avec un regard aussi froid que la glace sur laquelle elle était tombée à plusieurs reprises.

Alors pourquoi même ce genre de regards parvenait-il à la fendre d'un désir qui la fit à nouveau serrer les cuisses ?

- Est-ce qu'elle est tombée ? se reprit son fils.

- Plein de fois. Et tu sais quoi gamin ? J'ai des vidéos.

- Ne t'avise pas de montrer ça …

- Sinon quoi ?

Elle ne lui répondit pas à haute voix, se contentant de le toiser d'un regard meurtrier qu'il sembla tout de même comprendre à sa façon.

- Roh ça va je plaisante, lui assura-t-il en plaçant un baiser dans ses cheveux.

Sous la table le talon aiguille s'immobilisa et elle se força à ne pas montrer sa déception quand le contact disparut.

Il ne revint pas de toute la soirée. Même lorsque l'atmosphère se détendit encore et que, les nerfs noyés dans le fond d'un verre de vin rouge, elle tentait d'ignorer le tiraillement de jalousie que provoquait le rire du Maire que David avait apparemment réussi à amuser avec un souvenir de la forêt enchantée.

Qui était-elle pour avoir le droit d'éprouver de tels sentiments ? Et quels sentiments d'abord ? Ces derniers temps ce n'était même plus de l'affection, ça tournait à l'obsession … Ce qui avait commencé comme un simple jeu entre elles, n'avait pas mis bien longtemps avant de culminer à un point où la tension avait fini par éclater mais jamais elle ne se serait imaginée vivre au quotidien dans l'attente des écarts qu'elles se permettaient.

Elle n'aurait pas su dire exactement quand les regards qu'elles échangeaient s'étaient chargés de désir, peut-être même était-ce dès le premier jour … La frustration s'était accumulée et Emma se rappellerait toute sa vie le jour où elle lui avait sauté dessus quelques mois plus tôt. Elle le revivait encore dans certains de ses rêves … L'instant où tout avait basculé, où elle avait osé bondir sur celle qui était en train de la sermonner pour son manque de concentration sur la leçon de magie qu'elle tentait de lui donner.

Elles s'étaient envoyées en l'air, là, dans la forêt, contre un arbre avant que Regina ne l'emporte en un nuage de fumée violette dans son lit où elle l'avait fait jouir plusieurs fois. Plus rien ne comptait mis à part les doigts et la langue qui la possédaient comme personne d'autre n'avait su le faire jusque là et si elle avait cru que le temps s'était arrêté, la sonnerie de son téléphone les avait brusquement rappelées à la réalité.

Elle se rappelait encore des jours terribles qui avaient suivis. Lorsqu'elles avaient essayé d'ignorer ce qui s'était passé. Mais elles s'étaient retrouvées seules après un conseil municipal et tout avait recommencé.

« Ça ne change rien » lui avait menti la brune le regard brûlant avec une supériorité impressionnante pour quelqu'un qu'elle venait de prendre sur son bureau la jupe encore remontée sur ses hanches.

« Rien » avait-elle accepté.

Sauf que tout avait changé. Le désir ne s'était pas éteint, loin de là et pour la première fois de sa vie elle avait commencé à mentir à son entourage. À ses parents qui la voyaient déjà fonder une famille avec Neal, à Neal qui avait pris le temps de la ré apprivoiser avant de lui proposer d'essayer à nouveau avec elle … Mais qu'était-elle censée faire ?

Sa relation avec Regina n'était même pas basée sur de l'amitié, elle ne pouvait tout de même pas prendre la décision de décevoir tout le monde, d'horrifier tout le monde en leur révélant la vérité ? Et pour quoi ? Pour se rendre compte au bout de quelques mois qu'elles n'étaient pas capables d'être ensemble ? D'ailleurs Regina voulait-elle au moins être avec elle ?

La brune n'avait jamais exprimé le moindre regret, la moindre objection au fait qu'elle contribue à briser chaque jour un peu plus son couple. Pas plus qu'elle ne lui avait demandé de se séparer de Neal … Pourtant il arrivait parfois que les remarques acerbes qu'elle servait à tout le monde se tintent de quelque chose qui ressemblait à de la jalousie lorsqu'elle s'adressait au fils du Ténébreux …

- Je vais rentrer à pieds … Pour dessaouler.

Perdue dans ses pensées, la voix près de son oreille la fit presque sursauter.

- Oh, ok, pas de souci. Les cadeaux sont dans la coccinelle non ?

- Oui.

- Super, je m'occuperai de les mettre sous le sapin avec Regina.

- D'accord. À toute à l'heure ? eut-il l'air de vouloir s'assurer.

- Yep, confirma-t-elle en détournant la tête au dernier moment pour que ses lèvres atterrissent sur sa joue.

Gold et Belle ne tardèrent pas à l'imiter mais ses parents eux furent les derniers à quitter le manoir. Snow qui avait à peine bu un verre de vin n'arriva pas à contenir des larmes d'émotions lorsqu'elle voulut remercier leur hôte et Emma dut étouffer un rire lorsqu'elle la vit tenter de prendre son ex belle mère dans ses bras. A ses côtés un David qui avait consommé bien plus d'alcool que sa femme riait encore dans sa barbe de quelques jours lorsqu'elle les raccompagna jusqu'à la porte du numéro 108.

- À demain, lança-t-elle réellement enthousiaste pour la première fois depuis des années à l'idée de passer des fêtes en famille.

Le loquet doré avait à peine cliqué entre ses doigts lorsqu'elle fut sauvagement plaquée contre le bois blanc.

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Les mains qui avaient enserré ses épaules tombèrent le long de ses bras avant de filer sur ses flancs, semant sur leur chemin une traînée de feu qui menaçait de la faire suffoquer. Le moindre contact après plus deux semaines sans avoir pu la toucher était presque de trop. Le désir la consumait à une allure catastrophique qui lui fit brièvement se demander si elle n'allait pas jouir avant même que quoi que ce soit ait pu se passer.

Au moins était-elle rassurée par l'attitude de la brune qui avait l'air aussi affectée qu'elle à en croire la façon dont elle sentait frissonner le corps plaqué contre le sien. La profonde inspiration qu'elle l'entendit prendre quelque part près de sa nuque, le nez plongé dans ses cheveux la fit carrément gémir mais le bruit sembla faire sortir la sorcière de sa transe.

- On s'est bien amusée à Boston ?

- Tu m'as manquée, répondit-elle honnêtement faisant fi de la règle tacite qui édictait qu'elles ne devaient jamais parler de sentiments.

- Vraiment ? Pas un seul message ni appel, ce n'est pas l'impression que tu as donné.

- Pour quoi faire ? T'entendre me demander d'aller me toucher dans les premières toilettes que je trouvais ?

- Tu l'as fait ?

- Non, mentit-elle.

- Est-ce que tu l'as laissé lui, te toucher en pensant à moi ? reprit-elle immédiatement sans percevoir le mensonge ou juger bon de le relever.

- Non !

Son indignation fut de courte durée, retournée sans ménagement pour que son dos aille cogner la porte d'entrée. Elle ne chercha même pas à dissimuler son soulagement lorsque les lèvres pulpeuses s'emparèrent des siennes avec autorité. Et soudain elle était partout, sa langue caressant la sienne, ses mains déjà sous son pull pour étreindre ses seins sous la fine épaisseur du soutien gorge qui ne devait rien masquer de son excitation.

- Ta chambre, supplia-t-elle.

- Non, tu ne l'as pas mérité.

Un instant elle eut peur que l'autre s'éloigne d'elle. Elle n'était pas sûre de pouvoir survivre à un tel abandon quand son corps commençait à peine à se réhabituer au contact bien trop addictif. Mais la brune n'avait aucune intention de la priver de quoi que ce soit à en juger par la hâte avec laquelle elle était en train de la débarrasser de son haut. Sa tête se renversa contre la surface où elle était appuyée mais son grincement de douleur mourut en un gémissement de pure extase lorsque la pointe d'un de ses seins disparut dans la bouche brûlante de la sorcière.

Une main impatiente s'attaqua à son jean et elle retint son rire quand son amante eut visiblement du mal à l'en dégager.

- Taille enfant la prochaine fois Emma non ? gronda-t-elle près de la peau qu'elle avait trempée de sa salive.

- Ose me dire que ça te plait pas de me voir dedans.

Cette fois elle ne fit rien pour retenir un petit rire quand, exaspérée, la brune fit disparaître son pantalon en un rapide tour de magie. Son boxer subit un autre sort, écarté sans ménagement avant qu'elle ne soit pénétrée de deux doigts qui la firent se cambrer en un cri que Regina étouffa derrière sa main au dernier moment.

- Oh putain oui … Vas-y Gina.

Mais l'encouragement eut l'effet contraire, stoppant tout mouvement et elle geignit presque sous le regard qui la fusilla efficacement.

- Ton langage Emma, gronda la plus âgée après une éternité à lui faire passer le message silencieusement.

Question de principe devina-t-elle. Parce que son amante n'avait jamais été dérangée par le montant exorbitant d'insanités qui franchissaient la barrière de ses lèvres une fois qu'elle était en elle. Au pire, elles provoquaient des sourires sardoniques mais jamais aucune remontrance.

D'ailleurs l'intéressée reprenait déjà sans avoir exigé d'elle la moindre confirmation orale. Refusant de prendre le risque de se faire sermonner d'avantage la blonde s'empara des lèvres qui avaient frôlé les siennes, sa langue filant à la rencontre de l'autre. Il fallait qu'elle s'occupe à autre chose pour tenter de gérer le plaisir qui était en train de détruire ses entrailles. Chaque va-et-vient la transperçait tel une lame au point qu'elle en ait presque physiquement mal. Est-ce que c'était possible d'éprouver autant de désir pour une seule personne ?

Elle avait les larmes aux yeux lorsqu'elle se dégagea un tant soit peu pour reprendre son souffle que les doigts lui volaient un peu plus à chaque fois qu'ils s'enfonçaient en elle pour aller taper juste là où elle mourait d'envie de les voir s'attarder.

- Gina, je t'en supplie …

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Jouir. Je veux que tu me fasses jouir.

Incapable de faire autre chose que s'accrocher désespérément au corps qui la maintenait plaquée contre la porte d'entrée, Emma s'abandonna au plaisir. Elle dut étouffer ses cris derrière le poing qu'elle mordit avec force lorsque l'orgasme la transperça de part et d'autre avec une violence qui ne l'étonnait même plus. Dans ces moments là elle avait l'impression d'être possédée corps et âme par la brune qu'elle pouvait sentir envahir la moindre cellule de son corps avant que tout n'explose et qu'elle manque s'évanouir.

Entre ses jambes le rythme se fit moins exigeant, presque tendre, et elle dut se retenir une énième fois pour ne pas faire les louanges de ses talents. Pour autant elle n'avait pas besoin de s'exprimer à voix haute pour que la sorcière déborde d'une autosatisfaction clairement peinte sur son visage.

- Emma ! s'indigna l'intéressée lorsqu'elle eut reprit suffisamment de force pour la soulever dans ses bras et l'emmener en direction de la pièce où ils avaient tous passé la soirée.

- Chut, tu vas réveiller notre fils.

La brune lui obéit et elle sentit son ventre se réchauffer pour une toute autre raison lorsqu'elle répéta les mots dans sa tête. Notre fils. Le fait qu'elles partagent un fils en une relative bonne entente l'émerveillait toujours. Sans un mot de plus, elle déposa la sorcière sur la première surface plane disponible – la table à manger – où elle s'installa entre ses jambes.

Elle avait presque été surprise les premiers temps de découvrir que malgré les apparences Regina Mills aimait tout autant dominer qu'être dominée et si elle s'était souvent assurée de son approbation pour prendre le dessus, il n'y avait aucun doute sur la nature de ce qu'elle pouvait voir brûler au fond des yeux noirs de désir.

La jeune femme fit remonter ses mains le long des jambes galbées qui l'attiraient à elle, mêlant ses ongles au mélange lorsqu'ils atteignirent ses cuisses.

- Tu ne portais rien ? Pendant tout le repas ? gronda-t-elle lorsqu'elle eut atteint l'endroit où elle s'était attendue à trouver ses éternels dessous en satin.

- Non, lui répondit-elle simplement.

- Pourquoi ?

- Parce que je savais que tu resterais.

Un instant leurs regards s'affrontèrent, un souvenir de toutes ces fois où elles s'étaient dévisagées sans oser bondir l'une sur l'autre. Mais aujourd'hui tout était différent ... Emma n'hésita pas une seconde avant de l'attirer à elle, leurs lèvres se trouvant en un baiser beaucoup plus affamé encore que l'avaient été les précédents. Tremblante presque, la blonde s'écarta pourtant à bout de souffle pour repousser son amante et si un éclair d'incompréhension passa sur les traits de la plus âgée, l'instant d'après elle sourit lorsqu'elle l'entendit gémir d'anticipation quand elle se pencha sur elle pour remonter la robe qu'elle portait.

Sa langue fondit entre les jambes qui se nouèrent immédiatement dans son dos et cette fois ce fut elle qui gémit quand le goût explosa sur ses papilles. Deux semaines et elle avait l'impression qu'il lui avait manqué des mois durant … Et non, elle n'était décidément pas la seule affectée à en juger par la façon dont une main avait glissé dans ses cheveux pour la maintenir exactement là où elle était et l'inciter à aller plus vite lorsque ses caresses diminuaient en intensité. Le corps de la brune s'arquait de plus en plus au point qu'elle aurait aimé pouvoir l'observer sous un autre angle mais elle dut se contenter de passer un bras autour de ses hanches pour les empêcher de bondir lorsque ses lèvres se refermèrent sur son clitoris pour sucer avec juste assez de force pour mêler plaisir et douleur en un cocktail qui la fit jouir dans sa bouche.

Sous elle Regina avait du étouffer ses cris dans le creux de son bras et elle réalisa à peine à quel point elle avait envie de l'entendre crier son nom.

- J'ai envie de t'entendre crier, avoua-t-elle près du sexe toujours trempé qu'elle caressait du bout des lèvres.

- N…Non.

- Je sais. C'est pas vraiment le moment mais ça n'empêche pas que j'en ai envie.

À regret elle abandonna sa place pour remonter le long du corps qu'elle déshabilla avant de le reprendre dans ses bras. Une main s'enroula dans ses cheveux pour l'attirer un peu plus près et la brune fit courir sa langue le long de ses lèvres apparemment nullement dérangée par le goût qu'elle pouvait y trouver. Au contraire sembla-t-elle lui faire comprendre la seconde d'après lorsque le baiser s'approfondit en provoquant un gémissement.

Le simple fait répandit une traînée de feu le long de la colonne vertébrale de la blonde qui la souleva à nouveau pour aller la déposer quelques mètres plus loin sur le tapis en fourrure près de la cheminée en essayant d'oublier que la scène aurait pu être romantique dans d'autres circonstances. Les flammes avaient jeté leurs ombres sur les vallées du corps parfait et elle se perdit quelques instants dans la contemplation du spectacle.

- Désolée, s'excusa-t-elle lorsqu'elle remarqua le regard qui l'attendait curieusement.

Elle ne parvint pas pour autant à mettre un terme à sa fascination, préférant utiliser sa langue pour tracer les contours sombres projetés sur la peau dorée de la femme qui se cambra à nouveau lorsqu'elle fit glisser deux doigts en elle.

- Emma …

Bon sang qu'elle avait envie de l'entendre crier son nom … Le désir la fit oublier toute prudence, s'emparant d'une cuisse qu'elle remonta jusqu'à ce que la sorcière accepte de la caler sur son épaule. Elle savait d'expérience que la position avait toujours arraché des cris à la brune et elle observa fascinée la façon dont elle s'empressa d'aller en étouffer un derrière une main tremblante lorsqu'elle commença des va-et-vient exigeants. Malgré tout les hanches du Maire se soulevèrent pour aller à sa rencontre et ce fut elle qui gronda la seconde d'après en dévorant la vision qui s'offrait à elle.

- Emmaa

Son prénom étranglé entre deux gémissements la fit frémir. Ce n'était pas assez, elle voulait plus. Bien plus. Prenant appui sur ses genoux, la jeune femme se pencha sur l'autre, s'aidant de ses propres hanches pour donner plus de force à son rythme. Ses lèvres se refermèrent sur la pointe d'un sein qu'elle suça avec entrain et son nom ressemblait de plus en plus à une supplique dans la bouche de la plus âgée dont les ongles griffaient sans restreinte son cuir chevelu.

Si elle y avait le droit, Regina aurait certainement été du genre à la marquer et si c'était quelque chose qu'elle ne pouvait pas se permettre, rien ne l'avait jamais empêché de passer sa frustration là où personne ne pouvait le deviner. C'est ce qu'elle fit lorsque l'orgasme la déchira à nouveau et Emma fut attirée à elle pour étouffer ses cris en un baiser ravageur. Autour d'elles l'air claqua d'une magie comprimée et la blonde eut un sourire en entendant le feu rugir dans la cheminée.

Un instant encore elle resta penchée au dessus d'elle, ses caresses plus douces faisant encore frissonner son amante mais l'horloge du salon qui sonna trois coups la fit sursauter et s'éloigner d'elle.

- J'espère que le père Noël n'essayait pas de passer par là, plaisanta-t-elle avec un regard pour l'antre où les flammes étaient toujours si hautes qu'elle ne parvenait pas à en voir la cime.

- Très drôle Emma. Hilarant.

- Je peux faire pire, je t'assure.

- Je sais.

A ses côtés la brune le regard rivé au plafond tentait visiblement de reprendre son souffle et elle se força à en faire autant pour ne pas être submergée par une autre vague de désir.

- Regina … On devait mettre les cadeaux sous le sapin, se rappela-t-elle.

L'intéressée ne lui répondit que d'un petit mouvement du poignet et elle vit du coin de l'œil les paquets apparaître en un nuage de fumée violette sous l'arbre qu'elle avait certainement décoré avec leur fils.

- Il est trois heures Emma, demain tout le monde doit être là à neuf heures pour ouvrir ces cadeaux …

- Merci Regina, je sais très bien que je ne suis jamais invitée à passer la nuit.

Le Maire détourna la tête, son regard encore flou de plaisir la fixant avec une curiosité non dissimulée.

- J'ai des chambres d'amis si tu veux, proposa-t-elle sérieusement.

- Une amie ? C'est ce que je suis ? Tu fais ça avec toutes tes amies Regina ?

- Qu'est-ce que tu es alors ?

Et dans le ton même de la question, il y avait la certitude qu'Emma n'oserait pas dire à voix haute tout ce qu'elle pensait. D'ailleurs Regina détournait déjà les yeux en se relevant avec une lenteur qui laissait à penser qu'elle était loin d'être remise de ce qui venait de se passer malgré sa respiration à nouveau calme.

La Sauveuse n'osa pas rompre le silence qui s'était installé mais elle fut tout de même soulagée lorsque la brune l'attira à elle une dernière fois sur le seuil de sa porte. Rares étaient les fois où elles se disaient au revoir mais ce soir était apparemment une exception à de nombreuses règles se rendit-elle compte lorsque les bras se refermèrent derrière son cou, le baiser s'approfondissant une dernière fois, leurs corps collés l'un à l'autre.

Il y avait encore du désir dans le regard qu'elles échangèrent à quelques centimètres l'une de l'autre lorsqu'elles se séparèrent.

- Joyeux Noël Emma, entendit-elle murmuré contre ses lèvres avant que l'autre ne tourne les talons en lui ouvrant la porte d'un mouvement du poignet.

Un instant elle contempla l'idée de refuser de partir, courir après elle et la monter dans sa chambre pour lui faire l'amour jusqu'à l'aube mais il y avait quelque chose dans la démarche de la brune qui s'éloignait qui l'en empêcha.

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Heureusement lorsqu'elle était rentrée Neal ronflait étalé sur la totalité du lit et Emma n'eut pas à chercher plus loin une excuse pour s'enrouler dans un plaid et tomber dans le canapé où elle dormit jusqu'à ce qu'il la réveille vers huit heures. La douche qu'elle prit ce matin là était encore plus longue que toutes celles qu'elle prenait d'habitude, tentant d'ignorer les larmes qui coulèrent sous le jet d'eau brûlante.

Elle fit tout de même l'effort de choisir une robe, héritant d'un regard éberlué de la part de son petit ami lorsqu'elle le rejoignit en retard dans la coccinelle où il s'était mis au volant. Au manoir aussi elle eut le droit à un regard enveloppant de la part de la maîtresse des lieux dont les yeux sombres s'attardèrent quelques secondes de trop sur ses cuisses découvertes.

Dans le salon elle ne put s'empêcher de voir la table à manger couverte de victuailles d'une autre manière après y avoir fait jouir Regina la veille au soir. Idem pour le tapis en fourrure dont elle s'éloigna presque aussitôt malgré son amour des feux de cheminée. La jeune femme préféra s'asseoir en sécurité sur un des canapés en cuir depuis lequel elle observa Henry ouvrir avec empressement ses premiers cadeaux.

Elle était presque nerveuse lorsqu'il atteignit une longue boîte qu'elle avait elle même emballé. Ce cadeau là était spécial et à l'autre bout de la pièce Belle qui l'avait aidée dans ses recherches pour le confectionner lui adressa un clin d'œil.

- C'est de la part de qui ? l'entendit-elle demander.

- La mienne, répondit-elle immédiatement. Mais tu pourras remercier Belle sans elle je serais jamais arrivée à le faire.

La réponse lui valut un petit froncement de sourcil qu'il avait certainement hérité de sa mère adoptive mais elle n'en dit pas plus, avalant une nouvelle gorgée de son chocolat chaud tout en lui faisant signe de déballer la boite.

- Oh waw ... C'est ... C'est des vraies ?! s'émerveilla-t-il en découvrant les deux baguettes en bois qu'elle contenait.

- Oui, ne put-elle s'empêcher de répondre avec un enthousiasme enfantin.

- Des baguettes magiques ? releva une voix basse à ses côtés.

Elle frissonna à la présence si proche d'elle mais s'efforça de ne pas laisser paraître son trouble.

- Oui, elles réagissent à la voix et à certains sorts quand on les prononce.

- Et vous pensez sérieusement que je vais laisser mon fils jouer avec ça ?

C'était étrange de l'entendre la vouvoyer en public après ce qu'elles avaient fait la veille au soir.

- Oh ça va, il pourra s'en servir de lampe torche et les deux autres sorts qui marchent sont celui pour désarmer l'adversaire et le pétrifier. Je savais que vous n'accepteriez rien de violent.

- Et laissez-moi deviner... La deuxième baguette est pour vous ?

- Voui !

Son enthousiasme lui valut un hochement de tête incrédule et elle eut un hoquet de surprise la seconde d'après lorsque la brune leva une main pour les protéger du sort qui venait de fuser vers elle.

- Pas dans la maison, prévint l'intéressée.

- Ça marche ! s'extasia l'enfant qui n'y avait pas cru. Maman je peux les garder ? Promis on jouera qu'au parc ou dans le jardin !

- Oui chéri, tu peux ...

L'autorisation provoqua un cri de joie qui fit se pincer les lèvres pulpeuses laquées d'un rouge profond mais la seconde d'après Henry se précipitait déjà vers elles pour les prendre dans ses bras. Dans son dos les doigts de la brune se mêlèrent à ceux de leur fils pour caresser sa colonne vertébrale et son sourire n'avait jamais été plus sincère que lorsqu'elle émergea du câlin collectif auquel elle venait d'avoir le droit.

Pas qu'elle se soit attendue à autre chose, mais elle se surprit tout de même à être véritablement heureuse lors du petit déjeuner qu'ils prirent tous ensemble, incapable de garder son sérieux à chaque fois que son regard tombait sur Gold que sa compagne avait forcé à enfiler un bonnet de Père Noël. Les regards froids auxquels elle avait le droit à chaque fois qu'il le remarquait n'arrivaient même pas à ternir sa bonne humeur.

Mais quelque chose d'autre y parvint en l'espace d'une seconde où tout bascula.

- Em ?

- Yep ?

Son petit ami avait un regard timide qu'elle lui connaissait que trop bien et les mains croisées dans le dos qui ne laissaient rien présager de bon.

- Ah non Neal on avait dit pas de cadeau, j'ai rien pour toi ...

- C'est euh ... C'est pas un cadeau.

Elle crut qu'elle allait faire tomber son deuxième mug de chocolat chaud de la matinée lorsqu'il mit un genou à terre. Dans la pièce les bavardages se turent immédiatement et elle sentit ses joues s'empourprer sous l'attention soudaine de tous les invités.

- Neal ? demanda-t-elle incertaine.

Mais quel doute pouvait-elle encore avoir lorsqu'il sortit l'écrin de derrière lui pour lui présenter la bague. Le solitaire qui brillait à la lumière du lustre du salon était indéniablement beau et très coûteux à en juger par la taille du diamant soutenu par deux plus petits comparses sur un anneau en or blanc mais la vision serra sa gorge.

- Emma je ... Je sais que je n'ai pas toujours été là pour toi, ni quelqu'un de bien ... Quand on s'est rencontré j'étais surtout un jeune homme encore paumé et puis un gros lâche mais ... Te rencontrer a été ce qui m'est arrivé de plus beau de toute ma vie. Et crois moi je suis beaucoup plus âgé que tu ne le crois ...

Elle aurait du l'arrêter, arrêter ses aveux un peu trop poignants qui parvenaient à faire briller ses yeux de larmes retenues mais elle en fut incapable, écoutant, paralysée, ce qu'il avait encore à dire.

- On a tout fait dans le désordre mais aujourd'hui on a un enfant, une maison, une ville où on se sent bien et même si j'ai déjà l'impression qu'on forme une véritable famille j'aimerais ... Ce serait un honneur pour moi si tu acceptais d'être ma femme ... Est-ce que ... Est-ce que tu veux bien m'épouser ?

Non. Non, non non et non, elle ne voulait pas. Même toute petite elle n'avait jamais rêvé d'un mariage en robe de Princesse et maintenant ... Maintenant il lui demandait ?! Son regard perdu dériva vers ses parents dont le sourire n'avait jamais été plus énervant et Gold qui avait l'air d'attendre sa réponse avec intérêt. Toujours perché sur le bord du canapé où il avait été en train d'admirer un de ses cadeaux, Henry, lui, ne cachait pas son choc, la bouche entrouverte par la surprise. Et Regina ...

Appuyée contre une commode, Regina l'observait impassible, le regard froid. Comment pouvait-elle ?! Et comme son regard était resté perdu sur elle, un sourcil parfaitement dessiné se haussa à son intention. Presque comme si elle la mettait au défi de révéler à tout le monde ce qu'elle était en train de penser.

Les dents serrées elle adressa un sourire à son petit ami. C'était de la colère qu'elle ressentait à présent, la panique déjà oubliée, reléguée derrière une furie qu'elle avait du mal à contrôler. En fait elle n'était vraiment rien pour la mère adoptive de son fils. C'était elle qu'on venait de demander en mariage, elle qui se souciait des conséquences que cela pourrait avoir et la brune n'avait même pas l'air dérangée. Même pas l'air jalouse. Même pas l'air d'en avoir quelque chose à foutre ...

- Oui, s'entendit-elle répondre d'une voix qui ne lui appartenait pas.

Quelqu'un – sûrement Snow – poussa un cri de joie avant d'applaudir mais ses oreilles bourdonnaient trop pour qu'elle y fasse attention. Le regard vide elle observa le jeune homme enfiler la bague à son doigt avec un sourire sincère. La larme qu'il essuya sur sa joue après l'avoir embrassée n'était pas une larme de joie mais personne ne sembla s'en apercevoir.

##

À croire qu'elle était bonne actrice, il lui semblait que le village entier était venu la féliciter pour ses fiançailles. Au commissariat, dans la rue, en mission, au restaurant. Personne ne l'avait épargnée au point même que Neal et elle commencent à fuir l'effervescence que l'annonce avait provoquée. Dans son malheur elle avait noté avec soulagement que son fiancé n'avait pas changé, il se comportait toujours comme le meilleur ami qu'elle n'aie jamais eu et plusieurs fois elle avait failli lui avouer, se décharger du mensonge qui la rongeait.

Et puis il y avait Regina ... Depuis la scène qui s'était produite chez elle le jour de Noël elle ne l'avait revue qu'une seule fois et il était clair qu'elle n'avait aucune intention de se retrouver seule avec elle. Il n'était pas dur de deviner aux regards froids qu'elle lui lançait qu'elle lui en voulait. Mais de quel droit ? Elle qui n'avait jamais rien exigé d'elle, qui n'avait pas montré la moindre once de réaction lorsque Neal lui avait fait sa demande, se permettait à présent de se montrer distante ? Le comportement de la mère adoptive d'Henry l'avait mise dans une colère sourde, amplifiée de jour en jour par la bonne humeur de ceux qui l'entouraient. Étaient-ils tous aveugles ?

- Tout va bien ?

Pas tous non, se rappela-t-elle. Cela faisait déjà quelques jours que son père lui adressait des regards inquisiteurs quand ils n'étaient pas inquiets.

- Salut 'Pa. Bien sûr et toi ?

- Oui oui ... Tu ne devrais pas être au commissariat ?

- Les appels sont redirigés ici, répondit-elle simplement en désignant d'un doigt le téléphone portable qui trônait à côté de sa part de tarte aux pommes.

- Est-ce que ton travail à Boston te manque ?

- Non, pas vraiment ... Enfin yavait un peu plus d'activité je suppose ... Mais ça va ... Pourquoi ?

- J'essaie de comprendre ... Ce qui va pas en ce moment.

- Tout va bien, mentit-elle laconiquement.

- Tu n'es pas la seule à savoir reconnaître un mensonge Princesse.

Le surnom la fit sourire. Dans la bouche de n'importe quelle autre personne il avait tendance à la faire grincer des dents mais son père avait le don de le prononcer comme une réelle marque d'affection qui la faisait sourire.

- Qu'est-ce que je cache à ton avis ? changea-t-elle de tactique.

- Tu es enceinte ?

La gorgée de chocolat chaud qu'elle avait avalée manqua repartir en direction de son interlocuteur, sa quinte de toux lui valant un regard inquiet de la part de Ruby depuis le comptoir où elle surveillait la salle.

- C'était un non ? devina son père.

- Un gros non. Je vais être sœur dans peu de temps, c'est déjà bien non ?

- Tu as des problèmes avec Henry ? rebondit le Prince Charmant sans se laisser distraire.

- Non, tout va très bien aux dernières nouvelles.

- Regina ?

Evidemment ...

- Pas que je sache, mentit-elle avec plus d'application cette fois.

- Est-ce que c'est le mariage ? C'est le mariage c'est ça ?!

- Ecoute ... Ouais, un peu, capitula-t-elle pour l'empêcher d'aller plus loin. Ça me dépasse un peu, j'avais jamais imaginé ... Et puis tout ce monde qui se réjouit pour moi c'est un peu ... Déstabilisant.

- Moi aussi j'ai eu du mal à devenir quelqu'un dont tout le monde s'intéressait quand je me suis mis avec ta mère.

- C'est pas pareil ...

- Je sais, je sais, je tentais pas de faire une comparaison ... Ecoute ... Je vais voir ce que je peux faire ok ?

- N'en parle pas à maman s'il te plaît.

- Pourquoi ?

- Elle est ... Elle est tellement ... Enthousiaste à l'idée de ce mariage ... Et puis tu sais depuis qu'elle est enceinte elle panique pour un rien alors ...

- Ok, je comprends, je lui en parlerai pas, promis.

- Ni à Regina, rajouta-t-elle un peu trop rapidement.

- Euh ... Pourquoi ?

- On sait jamais ? Les mariages et elle ne font pas très bon ménage non ?

En face d'elle son interlocuteur prit quelques secondes de réflexion avant de lui adresser un bref signe de tête. Au moins ça dont elle n'aurait pas à se soucier ...

Et si son père tint sa promesse de ne pas en parler à son épouse ou encore Regina, Neal fut apparemment un des premiers au courant à en croire les discussions qu'il tenta d'avoir avec elle dès le lendemain. Incapable d'ignorer plus longtemps l'homme avec qui elle partageait la maison que Gold leur avait gracieusement offerte quelques mois plus tôt, la jeune femme avait fini par avouer une version édulcorée de la triste réalité.

Oui, elle avait peur du mariage.

Non, elle ne supportait plus les félicitations de gens qu'elle ne connaissait même pas.

Oui, elle avait marre des sourires fiers de sa mère.

Non, elle n'avait aucune intention d'inviter toute la ville à la cérémonie.

En fait elle n'avait qu'une seule envie : celle de fuir. Mais ce soir là ses pas la menèrent pourtant là où résidait tout ce qui la retenait ici. Un instant elle regarda hébétée le numéro 108 briller à la lueur du soleil couchant comme si son corps avait décidé avant elle d'aller frapper sur la porte qui s'ouvrit l'instant d'après.

Un étrange cocktail de soulagement et de déception l'assaillit lorsqu'elle fut accueillie par son fils. Henry haussa pourtant un sourcil en une imitation évidente de sa mère adoptive avant de la faire entrer en s'effaçant devant elle.

- Maman n'est pas encore rentrée. Elle reste tard à la Mairie en ce moment …

- C'est pas grave, c'est toi que je voulais voir, mentit-elle.

La nouvelle parut ravir l'enfant qui l'emmena d'office dans la cuisine où il avait apparemment été en train de plonger dans une jarre à biscuits dont elle aurait certainement du l'en dissuader. Au lieu de ça, la blonde se joignit à lui pour s'emparer d'un cookie sans aucun doute fait maison.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? fut-il le premier à briser leur silence complice.

- Je …

Un instant elle contempla l'éventualité de lui mentir mais malgré son jeune âge, il était peut être une des seules personnes qui sauraient se passer de jugement. Après tout c'était un étonnement sans limite qu'elle avait vu sur son visage le jour de la demande de Neal. Loin de la joie absolue de Snow ou de l'indifférence de Regina.

- Je ne me sens plus très bien à Storybrook depuis que Neal a demandé ma main, avoua-t-elle donc.

- Pourquoi ?

- Les gens me regardent comme une Princesse qui vit un comte de fée.

- C'est un peu le cas non ?

- Non, je … Tu sais que je n'aime pas ce titre Henry et je … Je suis loin d'éprouver ce qu'une Princesse doit éprouver lorsqu'elle rencontre son âme sœur.

- Parce que ça fait longtemps que tu as rencontré Papa ? tenta-t-il de s'expliquer en reprenant un biscuit chocolaté.

- Non je pense pas. J'ai … J'ai d'autres …

- Besoins ? La vie que tu mènes ici ne te convient pas ?

Il avait un air songeur qui lui fit brièvement penser que le gamin avait peut être passé trop de temps avec Archie.

- Non, avoua-t-elle. D'ailleurs, je … Je pensais à partir ces derniers temps.

- Partir … Partir d'ici ?

- Oui. Enfin … Pas définitivement, peut être que … Le temps de me ressourcer, tu vois ?

- Avec Neal ? fut la question immédiate.

Non, était la première réponse qui fusa dans sa tête mais pourtant … Pourtant Neal était peut être un des seuls à qui elle faisait suffisamment confiance pour se charger de lui faire oublier les problèmes. L'idée la rendait malade mais il était devenu le meilleur ami qu'elle avait ici et elle savait d'avance qu'il la suivrait n'importe où.

- Oui, s'entendit-elle donc répondre à la place.

- Et … Et moi ?

- Ta place est ici Henry. Storybrook est ta maison.

Une vieille rancœur obscurcit brièvement les yeux de son fils. Quelque chose qu'elle y avait déjà vu en présence de sa mère adoptive les premiers mois après son arrivée à Storybrook.

- Mais tu sais quoi ? reprit-elle rongée par la culpabilité. Tu … Tu pourrais venir non ? Après tout tu as été assez grand pour me trouver à Boston, quelques week-ends loin d'ici pourraient te faire du bien tu crois pas ?

- Absolument pas, fut la réponse qui les figea tous les deux.

Emma faillit tomber du haut de son tabouret lorsqu'elle se retourna pour faire face à la maîtresse de maison qui y était entrée sans qu'aucun d'eux ne l'entende. La brune se tenait droite comme un I dans l'embrasure de la porte de la cuisine, les bras croisés dans sa veste de tailleur qu'elle n'avait visiblement pas encore eu le temps d'ôter.

Il y avait une nouvelle furie dans les yeux d'ébène qui les observaient tous deux. Un changement presque agréable comparé à la froideur indifférente qu'elle lui avait servie ces dernières semaines. Et depuis combien de temps était-elle là ?

- Henry monte dans ta chambre, je te préviendrai quand le repas sera prêt. Miss Swan … mon bureau, lui indiqua Regina avec un signe de tête avant de s'y diriger la première.

Elle prit le temps d'adresser un sourire encourageant à son fils qui monta docilement s'enfermer dans sa chambre avant de se rendre là où elle était sans doute attendue.

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? fut-elle d'ailleurs assaillie dès que la porte eut été fermée derrière elle.

- C'est pas une histoire Gina, je suis … Je suis fatiguée de Storybrook et de tous ces gens qui … Qui ne me voient que comme leur Princesse qui va bientôt se marier. Alors … Voilà.

- Alors voilà ? répéta-t-elle avec dédain en s'éloignant d'elle pour aller nerveusement remettre en place un objet posé sur le manteau de sa cheminée. Alors voilà ?! Tu fuis ?

- N… Oui ! Voilà, je fuis, contente ?!

- Absolument pas ! Et ne t'imagine pas une seconde que je vais vous laisser emporter mon fils et jouer les petites familles parfaites dans je ne sais quelle ville !

- Ah ! Et quoi ? Jalouse de ne pas avoir été invitée ? s'exclama-t-elle en tentant désespérément de garder son calme et sa voix à un volume raisonnable. Tu préférerais peut être venir ? Jouer les ménages à trois ?

- Je n…

- Pas une seule fois tu m'as demandé de le quitter, continua-t-elle en ignorant sa tentative de riposte. Pas une seule fois tu n'as osé me dire que tu voulais être avec moi ! Et quand il m'a demandé en mariage ? Tu sais de quoi t'avais l'air ? De me dire « Vas-y ose ! » Tu croyais que j'allais dire non ? Que j'allais repousser la seule personne qui se décarcasse pour que je me sente bien ?

- Miss…

Elle l'interrompit à nouveau, comblant la distance qu'elle avait creusée entre elles pour l'emprisonner entre l'antre de la cheminée et elle.

- Non, t'as pas le droit de parler. D'ailleurs tu voulais pas hein ? Ces derniers temps, à m'ignorer, tout le temps … À chaque fois que je rentrais quelque part tu trouvais le moyen d'en sortir ! De quel droit est-ce que t'es en colère ? Alors que moi tout ce dont j'ai l'impression c'est que tu t'es foutue de ma gueule ! Neal n'est peut être pas aussi … Il n'est peut-être pas aussi intense que toi mais lui au moins il s'est levé le cul pour me redonner le sourire quand il a vu que ça n'allait pas !

En face d'elle les yeux d'ébène brillaient d'une lueur dangereuse. Elle savait que Regina détestait être acculée dans ses retranchements, tout comme elle détestait qu'on lui coupe la parole … Ce soir elle avait fait les deux en la poussant dans une situation où ni l'une ni l'autre n'avait voulu mettre un pied jusque là. Elles n'avaient jamais parlé de ce qu'il y avait entre elles.

Et peut-être eut-il mieux fallu que cela continue ainsi comprit-elle lorsque quelque chose s'alluma au fond des iris sombres qui la couvait d'un regard plus glacial que jamais. Comme si elle avait soudain décidé qu'il était temps qu'elle reprenne les choses en main, la brune réajusta la droiture de ses épaules, sa mâchoire se serrant brièvement avant qu'elle ne fasse un pas vers elle pour coller leurs corps et délivrer son venin au plus près d'elle.

- Est-ce que tu t'entends mentir aussi fort que tu entends les autres ? Dis moi qui de nous deux tenait réellement à ce que son sale petit secret ne soit pas découvert ? Comment est-ce que tu as pu réussir à te mentir au point de croire que la Méchante Reine aurait honte d'avoir pu mettre la Sauveuse dans son lit ?

Il y avait plus. Elle pouvait presque sentir la somme d'insultes qui s'étaient accumulées sous la langue de la brune. Mais pour l'instant elle avait surtout envie de la sentir sur la sienne. Elle aurait pu pousser un soupir de soulagement lorsqu'elle ne fut pas repoussée mais ses lèvres furent immédiatement victime de la rage qu'elle avait senti dans les mots susurrés à voix basse.

Il y avait quelque chose d'inhabituel dans le goût qui explosa sur ses papilles. De l'alcool que Regina avait visiblement consommé. Emma ne parvenait pas pour autant à s'en soucier, heureuse plus que de raison de pouvoir sentir contre elle le corps qui lui avait manqué. Sa main presque timide qui s'était faufilée sous le blaser noir du Maire n'y fut que brièvement tolérée avant d'être éloignée, une poigne ferme la repoussant, quelques pas la forçant à reculer jusqu'au premier mur où elle fut plaquée.

Là, le rythme changea et elle s'abandonna au plaisir insensé que Regina était capable de lui faire ressentir. Sa langue avait beau être dans sa bouche, la chaleur étouffante qui était en train de se répandre en elle était digne d'un orgasme naissant. D'ailleurs elle gémit ouvertement lorsqu'une main trouva le derrière de sa cuisse pour l'inciter à aller entourer les hanches toujours moulées dans un pantalon de tailleur.

Dans cette position, le corps de la Reine alla un peu plus impeccablement s'écraser sur le sien et elle regretta de ne jamais avoir demandé à son professeur comment utiliser sa magie pour les débarrasser de leurs vêtements.

- Mais ce n'est même pas le véritable problème hein ? finit par reprendre l'autre en ignorant le gémissement qui lui échappa lorsque ses lèvres quittèrent les siennes pour tomber dans son cou.

Emma abandonna le combat au premier coup de langue, laissant sa tête retomber contre le mur mordoré pour offrir sa gorge.

- Parce que tu aimes quand je suis comme ça. Quand c'est …. Intense, sembla-t-elle se moquer en reprenant ses termes.

Elle aurait certainement approuvé si elle avait réussi à lâcher autre chose que le gémissement quasiment obscène que provoquèrent les dents qui se referment sur sa peau. Regina la marquait. Regina la marquait. La sensation inédite finit par la réveiller suffisamment pour qu'une de ses mains aille agripper les courtes mèches de soie qu'elle immobilisa au plus près d'elle.

- Tu aimes quand je viole nos petites règles bien établies, continua la brune. Ça t'excite probablement plus qu'un fidèle compagnon qui attend sagement à la maison ton retour. Alors non … Ce n'est pas ça le problème.

- Non, confirma-t-elle la voix rauque.

Le simple mot sembla pourtant figer la sorcière qui ne s'était pas apparemment attendue à ce qu'elle aille dans son sens. Pourtant le doute qui avait momentanément adoucit ses traits en disparut presque aussitôt.

- Non, répéta-t-elle dégoulinante d'un venin mortel.

Et ce n'était plus Regina qu'elle avait dans ses bras l'instant d'après. La femme qui avait fondu sur elle comme un prédateur fondrait sur sa proie tenait plus de la célèbre Méchante Reine. Les dents sans pitié s'enfoncèrent encore une fois dans sa chair pour la marquer juste en dessous de son oreille où le grondement animal qui suivit trempa le boxer qu'elle portait.

Les mains aux ongles manucurés étaient partout touchant, caressant, empoignant le moindre centimètre de peau avec une colère qu'elle ne lui connaissait pas. Emma avait à peine le temps d'apprécier le contact avant qu'il ne disparaisse, remplacé par une nouvelle sensation qui ne manquait jamais de la faire gémir. Malgré leurs débuts chaotiques, il y avait presque toujours eu une douceur latente dans leurs ébats, qu'ils aient lieu dans les toilettes du Granny's ou dans la salle d'interrogatoire du commissariat.

Mais le Shérif était incapable d'en trouver la moindre trace ce soir. Pourtant l'idée était loin de la révolter. Regina était en colère. Regina était jalouse. L'idée qu'elle puisse avoir été poussée dans ses derniers retranchements parce qu'elle éprouvait finalement quelque chose pour elle valait toutes les déclarations du monde.

- Alors c'était Hook qu'il aurait fallu choisir, fut l'accusation qui la glaça momentanément.

Le pirate qui lui avait couru après en avait vite été dissuadé. Pourquoi le remettait-elle sur le tapis ?

- Il a tout ce que j'ai et bien plus encore puisque lui c'est un homme.

Le dernier mot avait été craché comme une insulte et elle eut à peine le temps de comprendre ce que Regina avait sous entendu avant que des lèvres impardonnables ne fassent taire sa protestation. Elle était en feu, victime du manque qui s'était accumulé ces derniers temps au point d'avoir l'impression d'être au bord de la combustion. Elle avait tout de même préparé une réplique, une quelconque justification mais l'instant d'après elle avait violemment été arrachée aux lèvres pulpeuses pour être retournée, le buste plaqué contre le mur.

- Parce que c'est ça le problème au fond hein Swan ? continua l'autre tranchante au point qu'il lui semble sentir les mots écorcher sa peau. C'est un homme que tu veux ?

C'était faux et Regina le savait tout aussi bien qu'elle mais les mots étaient là pour lui faire mal et ils faisaient leur effet. Emma n'avait peut-être pas encore osé parler de ses aventures avec la gente féminine à ses parents par peur de leur réaction mais la seule et véritable peur qui la retenait était celle de perdre la femme pour qui étaient nés les sentiments qui l'étouffaient.

Mais ne l'avait-elle pas déjà perdue ? ne put-elle s'empêcher de se demander lorsqu'elle fut plus étroitement plaquée contre le mur. Une main parvint à griffer son dos malgré l'épaisseur de son pull avant d'atterrir à la naissance de son pantalon où les doigts se faufilèrent entre le tissu rugueux et sa peau nue.

- Tu préfères sans doute tous ces hommes et leur déplorable manière de te tourner autour ? La façon dont ils te regardent comme un morceau de viande qu'ils ont envie de mettre dans leur lit ?

Non aurait-elle répondu si elle avait eu la force de lutter contre la magie qui volait dans l'air tout autour d'elles. La force mystique était presque comme une troisième présence, chargeant l'atmosphère d'une noirceur qu'elle avait rarement assimilée avec la sorcière même si elle n'avait aucun doute sur sa provenance.

- C'est ce que tu veux ? Un homme à parader et derrière qui te cacher. Un homme pour rassurer tout ce petit monde et jouer les familles heureuses, normales.

Non. Non, non et non. C'était Regina qu'elle voulait. Mais les mots moururent avant même d'avoir pu les prononcer quand les ongles qui avaient joué dans le creux de ses reins firent le tour de ses hanches pour ouvrir son pantalon et l'abaisser sans ménagement. Cette fois quand la brune vint se plaquer contre elle, elle fut surprise de sentir sa peau nue contre elle pourtant elle pouvait encore voir son chemisier du coin de l'œil.

Mais ce n'était pas tout comprit-elle quand elle sentit la magie qui avait rodé autour d'elles comprimer l'air à en devenir irrespirable. Son souffle était court, presque apeuré lorsque la sorcière délivra sa dernière attaque.

- Ou bien est-ce que c'est juste un homme dont tu as besoin pour baiser ? Parce que ça aussi, je peux faire Em-ma.

La tension éclata quelque part derrière elle et cette fois elle parvint à crier.

- Non !

Malgré l'état dans lequel l'avais mise Regina, elle n'avait pas été prête à l'invasion qui la déchira de l'intérieur. La douleur pourtant fut brève et elle eut presque honte de la façon dont son corps se cambra presque aussitôt pour accueillir le membre que la sorcière s'était visiblement offert d'un simple tour de magie.

- Putain Gin…

Elle n'eut pas le temps d'avoir honte de la nature de ses gémissements, une main allant immédiatement bloquer son menton. Le plaisir était différent de celui que son amante avait l'habitude de lui offrir. Si tant est qu'elle ait voulu lui en offrir ... Les coups de hanches étaient impardonnables, le rythme digne d'une punition et pourtant, parce que c'était Regina, la blonde sentait déjà ses entrailles se tordre des signes avant coureurs d'un orgasme.

Réduite au silence, Emma enfonça ses dents dans la paume de la main qui l'empêchait de respirer convenablement, héritant d'un grondement désapprobateur. Derrière elle, la sorcière s'appuya un peu plus contre elle, un bras passé autour de sa taille pour la forcer à se cambrer d'avantage alors que sa bouche retournait effleurer son oreille.

- Je peux être tout ça et bien plus encore Emma …

La voix plus rauque que d'habitude avait quelque chose de grave qui ressemblait à une tristesse qui lui explosa en pleine poitrine. Si elle attendait une preuve qu'il y avait plus qu'une simple jalousie derrière ses agissements, la Sauveuse pensait presque la tenir. Là, dans la façon dont Regina avait enfoui son visage dans les boucles dorées qu'elle sentait commencer à coller à sa peau en feu. Rien à voir avec celle dont elle s'enfonçait inlassablement en elle pour aller frapper un point si profondément enfoui que le plaisir semblait se faire un chemin directement jusque derrière son nombril où il menaçait de la faire exploser.

- Mais visiblement tu préfères le brave petit Neal.

Le ton était à nouveau tombé dans le registre de celui qu'elle associait à la Méchante Reine, un grondement qui allait parfaitement avec la façon dont le bras resserra son emprise sur elle pour s'assurer qu'elle ne tombe pas lorsque les va-et-vient se firent cruels. Pourtant l'orgasme était presque là, broyant ses entrailles lorsque la main qui l'avait quasiment empêchée de respirer s'écarta pour tomber sur le mur qui scintilla brièvement d'un sort que la brune venait de lui lancer.

Elle n'avait pas besoin que Regina le lui dise pour savoir qu'elle voulait entendre son nom sortir de sa bouche au moment où elle jouirait. C'était quelque chose qui avait toujours allumé un brasier au fond des orbes d'ébène. Ce soir elle ne pourrait pas le voir mais par habitude, la jeune femme s'exécuta, ses hanches allant chaotiquement à la rencontre du membre qui lui semblait aussi dur que de l'acier lorsque le plaisir finit par éclater.

Et heureusement que l'intéressée avait insonorisé la pièce quand leur fils se trouvait à l'étage au dessus, attendant sans doute que leur dispute soit passée pour avoir le droit à un véritable repas. Pour l'instant sa mère adoptive semblait presque l'avoir oublié, grondant sa satisfaction lorsque son nom fut hurlé à plusieurs reprises. Sa colère aussi sembla momentanément avoir été oubliée quand ses va-et-vient s'adoucirent pour prolonger le plaisir qui la faisait trembler de la tête aux pieds et menaçait de la faire s'écrouler.

Elle mit quelques secondes à se rendre compte que derrière elle la brune avait fini par se figer, raidie. Elle n'eut aucun mal à l'imaginer dents serrées à en juger par la façon dont les ongles manucurés agrippaient encore sans vergogne une de ses hanches. Contrairement à elle, Regina n'avait pas joui, réalisa-t-elle.

Par réflexe plus qu'autre chose, la jeune femme resserra ses muscles autour du membre toujours profondément enfoui en elle et si le geste lui valut un grondement animal, elle fut surprise de la réaction qu'elle provoqua.

- Non.

Le mot avait été craché avec le même venin que ceux qui lui avaient été adressés quelques minutes plus tôt et elle sentit la magie de son amante faire disparaître ce qu'elle avait créé avant de la repousser sans ménagement. L'insulte qui suivit l'aurait certainement achevée si elle ne s'était pas tenue au mur contre lequel elle avait été plaquée quelques minutes plus tôt.

- Tu ne crois quand même pas que je prendrais le risque de te faire un enfant hein Emma ?

Elle se rappelait de cette fois où presque penaude elle avait interrogé Regina sur la possibilité pour deux femmes de créer la vie. Son professeur lui avait répondu avec un sourire en coin que le procédé était monnaie courante dans la forêt enchantée et il s'était passé quelque chose. Un instant leurs regards s'étaient soutenus avec une intensité sans équivoque.

À l'époque le visage de la brune avait fini par s'adoucir pour lui dire une des plus belles choses qu'elle ne l'ait jamais entendu dire. « Mais tu l'as déjà fait … Créé la vie. Henry est le plus beau cadeau que tu pouvais nous offrir ». Elle n'avait même pas su quoi répondre alors elle lui avait fait l'amour pour une troisième fois dans la soirée mais aujourd'hui leur complicité était un lointain souvenir.

Oui, c'était bien la Méchante Reine qu'elle voyait la toiser, le visage fermé à quelques centimètres du sien depuis qu'elle s'était retournée pour s'assurer qu'elle n'avait pas rêvé les mots qu'elle avait entendus. Mais non …

- Pars. Quitte cette maison, continua-t-elle d'ailleurs.

Et si une part d'elle aurait voulu la contredire, elle comprit qu'elle n'avait pas envie de rester une minute de plus en présence de cette Regina qui avait l'air de la haïr avec plus de ferveur encore que le Maire qui l'avait accueillie à Storybrook.

Pour une fois, sa magie répondit présente lorsqu'elle tenta de s'en servir, remerciant tous les dieux lorsqu'elle réapparut en un nuage de fumée blanche dans le hall de la maison qu'elle partageait avec Neal, de nouveau habillée.

- Em ?

Son diminutif raisonna en provenance du canapé où elle eut le temps d'apercevoir son fiancé allongé avec une bouteille de bière avant de fondre en larmes. Ses sanglots firent bondir le jeune homme qui se précipita à sa rencontre juste à temps pour lui éviter de tomber lorsque ses jambes se dérobèrent sous son poids.

- Emma qu'est ce qu'il se passe ? Tu es blessée ? Il est arrivé quelque chose à Henry ?

Son inquiétude sincère fit redoubler ses pleurs. Elle n'avait pas le droit de lui faire ça. Et pourtant elle était là, dans ses bras, à rêver du réconfort qu'une autre aurait pu lui apporter. D'une autre qu'elle ne serait certainement jamais capable d'avoir parce que .. Regina avait raison … Elle n'était même pas foutue de savoir ce qu'elle voulait pour dire non à Neal lorsqu'il lui avait demandé sa main …

- Fais nos valises, s'entendit-elle demander – supplier.

- Nos valises ?

- Oui. On part. J'ai besoin de respirer, ils n'auront qu'à préparer le mariage sans nous.

Et Neal … Ce brave Neal avait obéi sans chercher à la contredire.

##

Les premiers jours avaient été les plus terribles. Et elle avait beau être une experte en matière de fuite, elle avait plutôt l'impression de subir une cure de désintoxication à grande vitesse. Et les effets secondaires du manque étaient dévastateurs.

Son téléphone portable avait été éteint et c'était Neal qui s'était chargé, pour elle, de donner des nouvelles à sa famille. Y compris Regina comprit-elle un soir en l'entendant échanger quelques formalités avec la femme qu'il craignait toujours. La mère adoptive d'Henry avait eu raison. Elle se cachait derrière un homme.

La grande Emma Swan, Sauveuse de rien du tout, aurait du être rebaptisée « Peureuse », le huitième nain pour parfaire la collection de Snow White.

Neal avait du redoubler d'ingéniosité mais il avait fini par lui arracher son véritable premier rire à Central Parc lors d'une mémorable bataille de boules de neige en pleine nuit. Et la routine de leur jeunesse s'était bien vite réinstallée. Qu'ils aient accès à une carte bleue illimitée fournie par Gold ne les avaient pas empêchés de courir après le frisson du vol. De la nourriture, des objets et des vêtements y étaient passés ainsi qu'une voiture de luxe qu'ils avaient « empruntée » une nuit durant pour se faire flasher sur plusieurs radars, le visage masqué par de lourdes écharpes en laine.

Ensuite étaient venus les casinos et les hôtels de passe où Neal et elle avaient entre autre partagé une nuit avec une blonde aux yeux clairs, le complet antipode de la brune qui hantait encore ses rêves. Un soir, dans un bar, son fiancé lui avait tendu le téléphone dont elle s'était saisi par réflexe et juste comme ça, elle avait parlé à Henry.

L'enfant avait fini de lui redonner le sourire, s'extasiant sur les aventures que la blonde lui racontait avec plus de détail que ne le faisait Neal. À son tour, elle avait écouté les nouvelles de Storybrook avec l'impression qu'il lui parlait d'un lointain pays. Les préparatifs pour le mariage avaient apparemment avancé à grand pas et elle avait appris avec un certain degré de surprise que même Regina avait consenti à y participer. Comme s'il avait pu deviner ce qu'elle en pensait, Henry n'évoquait jamais sa mère adoptive avec elle mais la blonde n'avait pas encore réussi à trouver le courage nécessaire de le lui demander.

C'était en pensant à elle un soir allongée sur le canapé d'un toit terrasse qu'elle avait fouillé son sac pour en sortir le téléphone portable qu'elle n'avait pas allumé depuis plusieurs semaines. Ignorant les différentes notifications qui vibrèrent dans sa main pour aller dans sa galerie photo où elle ouvrit l'album qu'elle avait créé un jour de profond ennui au commissariat.

Le sourire de Snow White l'accueillit en premier. Sa mère était toujours en train de sourire sur toutes les photos qu'elle avait pu prendre d'elle. Au Rabbit Hole ou autour d'une table pour un repas familial, avec David ou Ruby, la petite brune était une constante. Mais Regina … Les clichés étaient des instants volés pour la plupart et la femme y avait bien l'air d'une Reine au port hautain.

Il n'y avait qu'une seule photo où elle avait pu capturer le sourire qu'elle offrait rarement en spectacle. Et évidemment il était dirigé vers leur fils. Henry et elle étaient en train de déballer un paquet cadeau lors de leur dernier Noël. Quelques instants avant que tout ne bascule ne put-elle s'empêcher de penser avec un pincement au cœur.

Dans sa main, le téléphone clignota, se remettant à vibrer, l'écran affichant à nouveau la photo qu'elle avait été en train d'admirer. La photo qu'elle avait choisie pour illustrer le contact dont le nom était à présent placardé sur la surface illuminée. Son regard fila brièvement sur l'intérieur de la chambre d'hôtel où Neal dévorait un pot de glace devant un match de boxe avant de se décider à décrocher.

- Oui ?

Elle aurait eu honte de sa voix si le simple mot n'avait pas provoqué un soupir soulagé à l'autre bout du fil.

- Emma …

Elle n'avait jamais entendu Regina prononcer son prénom de la sorte.

- Je … Ça va ? s'assura-t-elle par peur qu'il soit arrivé quelque chose de grave.

Mais non … Regina aurait appelé Neal si tel avait été le cas. C'était avec lui qu'elle conversait depuis quelques semaines et comme pour confirmer ses soupçons …

- J'ai … J'ai reçu un accusé réception d'un de mes messages alors je me suis doutée que tu avais rallumé ton téléphone.

- Ok.

- Emma …

- J'aurais pas du décrocher.

- Non, Emma.

C'était encore pire que toute à l'heure. Il y avait une toute nouvelle forme de supplique dans la façon dont était prononcé son prénom.

- Emma, je t'en supplie, ne raccroche pas.

Regina la suppliait. Regina ne l'avait jamais suppliée. Pas en dehors de leurs ébats tout du moins et les mots faillirent lui faire lâcher son téléphone, suspendant son souffle dans l'attente de ce qui allait suivre. La brune dut le comprendre, faisant apparemment l'effort de continuer lorsqu'elle ne répondit pas.

- J'avais bu Emma. J'ai … Je n'aurais jamais du faire ce que j'ai fait. Dis ce que j'ai dit.

- Ok, répondit-elle après un silence.

- Non. Emma, rien de tout ça n'était ok. Je … Tu as le droit de me haïr mais je … Tout ça est impardonnable mais je voulais que tu saches au moins que je …

Elle n'avait jamais entendu la Reine aussi décousue dans ses propos, aussi peu sûre d'elle, mais ce qui suivit fut prononcé avec une assurance qui recolla quelques morceaux du cœur qu'elle avait senti se briser ce soir là à Storybrook.

- Tu es ce que je pouvais rêver de mieux pour élever Henry à mes côtés.

La déclaration resta suspendue de longues secondes dans le silence qui suivit. Malgré elle, elle pouvait imaginer la brune les dents serrées d'appréhension, les lèvres pincées dans l'attente d'une quelconque réaction.

- Je pourrais jamais te haïr finit-elle par avouer, avant de raccrocher précipitamment par peur d'en dévoiler d'avantage.

Elle était retournée dans la chambre pour se blottir auprès de Neal qui n'avait pas posé de question à propos de ses larmes, abandonnant son pot de glace pour passer des doigts un peu maladroits dans ses cheveux jusqu'à ce qu'elle s'endorme.

Le téléphone était resté allumé bien que personne ne l'y contacte plus mis à part Ruby que ses silences ne semblaient pas déranger. Elle avait beau ne jamais lui répondre, la serveuse continuait à lui envoyer régulièrement des anecdotes croustillantes dont elle avait été témoin au Granny's.

Non, le coup de téléphone avait été adressé à Neal. Alors qu'ils étaient tous les deux en train de flâner au beau milieu d'un marché totalement illégal où son fiancé avait les yeux rivés sur un serpent qu'il tenait à acheter.

- Emma, il m'appelle …

- Il t'appelle ?

- Je te jure, ya quelque chose … Quelque chose dans son regard.

- Arrête je vais être jalouse, railla-t-elle sachant l'occurrence impossible.

- Non, je t'assure, je vais l'ach…

Mais la sonnerie du smartphone interrompit leur petite joute verbale et comme à l'habitude, elle s'éloigna de quelques pas, peu désireuse d'entendre la voix des personnes qu'elle avait passé presque deux mois à éviter. Elle faisait semblant de s'intéresser à une cage emplie de petits écureuils noirs lorsque son regard croisa celui du fils du Ténébeux.

Neal s'était immobilisé et quelque chose au fond des yeux bruns la fit frissonner. De la peur. Non, de la panique. De l'horreur ?

- Qu'est-ce qu'il se passe ? voulut-elle immédiatement savoir en se rapprochant de lui.

- Il … Il y a eu un accident.

- Qui ça ? Qui a eu un accident Neal ?

- T… Ta mère. Ils ont du forcer l'accouchement et … Regina fait tout ce qu'elle peut mais …

- Mais ?

- Mais ils ne savent pas si elles vont tenir bien longtemps.

- Elles qui ? poussa-t-elle irritée par la lenteur dont il semblait faire preuve.

- Ta mère et Regina. C'est un garçon. L'enfant, c'est un garçon …

Il aurait bien pu lui annoncer que l'enfant était une licorne qu'elle n'aurait pas attendu une seconde de plus pour rejoindre en courant la coccinelle. Si elle avait eu ses pouvoirs, elle s'y serait peut être téléportée mais pour l'instant une course effrénée dut faire l'affaire.

Ils étaient à plus de dix heures de route de Storybrook. Dix heures durant lesquelles, la jeune femme regretta pour la première fois de sa vie la vieille Volkswagen dont le moteur ne lui permettait pas des folies. Sur le trajet, elle avait réussi à obtenir quelques informations supplémentaires de la part de David qu'elle avait appelé.

Sa voix déformée par le haut parleur et une anxiété palpable lui avait appris qu'une mauvaise chute avait scellé le destin de sa mère. Whale s'était occupé de sauver l'enfant parce que c'était la seule chose que Snow avait pu lui demander avant de tomber dans le coma mais il était resté incompétent pour faire plus. A ce stade, seule de la magie blanche aurait pu l'aider mais les fées étaient tombées à court de poussière quelques mois plus tôt et quant au Ténébreux … Sa nature même l'empêchait de la pratiquer.

Alors c'était Regina qu'on était allée chercher. Parce que c'était toujours elle qui finissait par être la Sauveuse à la place de la Sauveuse. Parce qu'Emma Swan était une incapable, se répéta-t-elle le pied tremblant sur la pédale d'accélérateur. Sauf que cette fois, si la sorcière avait bien voulu aider, c'était au péril même de sa vie quand on savait combien avoir recourt à de la magie blanche lui était difficile.

Surtout pour aider Snow White.

Quelle motivation parvenait-elle à trouver, Emma l'ignorait mais David lui avait assuré que pour l'instant Regina était tout de même parvenue à maintenir sa mère en vie. Mais pour combien de temps et à quels risques ?

Le frisson qui la glaça lorsqu'elle passa le panneau indiquant l'entrée de la ville ne sembla pas déranger Neal qui dormait tête appuyée contre la vitre de la petite citadine malgré sa conduite plus que dangereuse. Atteindre l'hôpital lui sembla encore plus long que la dernière centaine de kilomètre qu'elle avait faite mais elle s'y gara finalement en un crissement de pneus, le frein à main parvenant à réveiller en sursaut son passager.

- On … On est arrivés ? l'entendit-elle vaguement demander.

Mais elle était déjà dehors, s'arrachant à sa ceinture de sécurité pour rentrer dans le hall en courant.

- Où est-elle ? demanda-t-elle déjà essoufflée quand elle remarqua Henry assis sur un fauteuil.

Et par elle, elle avait voulu dire Regina, réalisa-t-elle avec un pincement au cœur. Elle n'était même pas capable de se réjouir de voir leur fils pour la première fois depuis presque deux mois. Il lui fallait une réponse immédiate.

- Où est-elle ? répéta-t-elle d'ailleurs avec une hargne inattendue lorsque l'enfant adressa un regard interloqué à un homme qui se tenait à ses côtés et qu'elle ne connaissait pas.

Elle n'accorda qu'un vague coup d'œil à l'intéressé qui tenait sur ses genoux un enfant bien plus jeune qu'Henry mais finit par lui répondre.

- Deuxième étage. Chambre vingt-six.

Elle ne prit pas la peine de le remercier pour sa concision, ses jambes reprenant leur course folle dans les escaliers qu'elle monta deux à deux. Elle avait le souffle court lorsqu'elle tourna dans le couloir où elle croisa le regard de David. Son père tenait un amas de couvertures dans ses bras qu'elle identifia comme l'enfant qui avait fait d'elle une grande sœur.

Le Prince qui semblait murmurer des paroles rassurantes à son fils avait l'air d'être prêt à s'effondrer à tout moment mais elle n'eut pas le temps de l'aborder. Ses jambes se solidifièrent, pieds fermement glués au sol laminé lorsque la porte de la chambre qu'il avait gardé s'ouvrit pour dévoiler une silhouette familière. Quelques mots furent échangés entre les deux et Emma observa bouche bée, la femme se raidir lorsque l'autre l'étreignit brièvement avant d'entrer dans la pièce qu'elle venait de quitter.

Seule dans le couloir la brune dont elle avait souvent rêvé sembla abandonner le masque qu'elle avait porté, laissant ses épaules se vouter et une main tombant sur le mur le plus proche pour la soutenir. Emma n'avait pas besoin d'être plus près pour voir à quel point elle semblait épuisée et pourtant elle ne parvint pas à faire un pas vers elle. Pas même lorsque la sorcière fut parcourue d'un long frisson qui la secoua à en faire flancher ses genoux.

Le mouvement alerta suffisamment la mère adoptive d'Henry pour qu'elle se rappelle apparemment où elle était, son regard parcourant l'étage à la recherche d'un éventuel témoin de sa faiblesse passagère. Inévitablement, les orbes d'ébène trouvèrent la Sauveuse, suspendant le temps quelques instants. La blonde eut le temps de voir ses sourcils se froncer avant qu'elle ne s'écroule.

Et si elle avait été clouée au sol une seconde plus tôt, la jeune femme sentit sa magie agir contre toute attente quand elle se transporta en un nuage de fumée blanche aux côtés de celle qu'elle avait pourtant tenté de fuir ces derniers temps. Regina ne pesait quasiment rien dans ses bras lorsqu'elle la sauva in extremis de la chute pour l'accompagner en douceur à terre où elle la suivit à genoux.

- Em… Emma ?

- Oui.

C'était le seul mot qui était parvenu à sortir de sa bouche. D'aussi près, elle pouvait distinguer les cernes qui avaient noirci la peau sous les yeux déjà sombres et presque vitreux qui la regardaient avec l'air de ne pas croire qu'elle était là. Des doigts tremblant effleurèrent la courbe de sa mâchoire comme pour s'assurer qu'elle n'était pas en train d'halluciner.

- Je suis là, confirma-t-elle.

- Je … Je croyais …

- Je suis là. Qu'est-ce que je peux faire ? Tu l'as fait n'est-ce pas ? Sauvé ma mère ?

- Oui, elle l'est … Sauvée.

- C'est toi qu'on aurait du appeler la Sauveuse … Qu'est-ce que je peux faire ? Prends ma magie, soigne-toi.

Mais la proposition lui valut une grimace qui laissait à penser que l'idée même lui était douloureuse.

- Non ? devina-t-elle. Dis moi … Gina, je ferai tout ce que tu me diras, promis.

- Concentre-toi, lui répondit-elle au bout d'une éternité comme si les mots lui coutait une fortune. Je t'ai déjà dit … La magie répond à tes émotions.

- Ça va pas le faire, paniqua-t-elle immédiatement.

Ses émotions étaient un tourbillon chaotique depuis le coup de téléphone que Neal avait reçu. Aucune chance qu'elle parvienne à se concentrer assez pour faire quoi que ce soit. Elle avait espéré que Regina puisse siphonner ses pouvoirs comme elle l'avait fait plusieurs fois, guidé sa magie pour s'en servir lorsqu'elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire … Mais aujourd'hui la Reine n'était pas en état de le faire réalisa-t-elle en sentant sa tête basculer sur son épaule.

- Regina, supplia-t-elle pourtant en passant une main dans son cou pour redresser son visage et la forcer à la regarder.

Il y avait une lassitude qui ne lui plaisait pas du tout au fond des yeux qui d'habitude savaient briller de tant d'émotions. Elle avait vu la colère, l'indifférence, la jalousie, la haine, la luxure, la peur, l'orgueil et l'amour s'y refléter mais jamais, jamais cette profonde lassitude qui lui faisait froid dans le dos.

- Pense à nous, lui conseilla-t-elle finalement.

- Nous ?

Un signe de tête pour lui confirmer mais elle dut forcer la brune à ne pas se réfugier au couvert de son épaule une nouvelle fois. Le regard ancré dans celui de son amante, la jeune femme tenta d'obéir tant bien que mal à la direction qui lui avait été donnée.

C'était dur de se forcer à penser à elle lorsqu'elle s'était appliquée à ne pas le faire ces derniers temps. Pourtant ce n'était pas les souvenirs qui manquaient. Ni les sentiments. Quelques secondes s'écoulèrent encore en silence avant qu'elle ne sente le barrage craquer en elle. Celui qu'elle avait difficilement érigé dans sa fuite. Mais elle s'était menti en tentant de se convaincre que quelques temps en dehors de Storybrook guérirait son addiction.

Regina Mills lui collait à la peau. Depuis la première fois où elle l'avait découverte en mère éplorée sur le porche du 108 Mifflin Street et même quand elle se montrait odieuse avec elle. L'important c'était qu'elle soit là. En vie. Même si elles ne se méritaient pas. Même si elles se déchiraient, se recousaient en secret … Quelque part dans leur histoire, les fils s'étaient emmêlés de sorte qu'il n'était plus envisageable que l'une vive sans l'autre. Qu'importe les nœuds et la douleur que leurs rencontres pourraient provoquer.

Elle qui avait l'habitude de sentir la magie de Regina lorsqu'elle s'en servait, manifestation de la puissance qu'elle n'utilisait pas toujours mais rodait en permanence à la surface, fut surprise de sentir l'air se charger de quelque chose de différent. Sa magie, comprit-elle en admirant la façon dont les doigts qui tenaient encore le visage de son amante baignaient à présent dans un halo d'or. Si la brune ne l'avait pas regardée avec une admiration non dissimulée, elle aurait peut-être eut honte de la façon dont elle sentit l'air crépiter autour d'elle et ses longues mèches claires s'agiter sous la pression d'une brise brûlante.

Mais le Maire l'observait comme si l'élève avait enfin dépassé le maître, subjuguée, stupéfaite … Le visage où elle avait vu la vie refaire surface se détendit en une tentative de sourire sur les lèvres qui avaient reprit leur courbe parfaite.

- À ce point Emma ?

Il n'y avait aucune moquerie dans la question posée précautionneusement comme si la brune n'avait pas voulu croire en la réponse qu'elle attendait et ce fut à son tour de se contenter d'un simple hochement de tête pour s'exprimer.

- Je … Je croyais … Après ce que j'avais fait …

- Pardonné. C'est pardonné.

- Ça ne devrait pas l'être.

- C'était de la colère. De la jalousie. Je comprends ça. Je peux tout comprendre, tout accepter tant que ce n'est pas de l'indifférence.

Un instant Regina l'observa comme si elle doutait de son état mental. La magie avait fait son effet mais elle ne semblait pas vouloir abandonner la position dans laquelle elle était. Dans ses bras. Et pratiquement sur ses genoux.

- Je ne pourrais jamais être indifférente Emma, finit-elle par lui répondre avec un sourire qui lui signifia qu'elle avait tout à fait conscience de lui renvoyer ce qu'elle lui avait dit lors de leur dernière conversation.

Le soulagement qu'elle éprouva brûla un chemin jusque dans ses poumons et elle eut l'impression de sourire pour la première fois depuis une éternité. En face d'elle, les perles d'ébène se posèrent sur ses lèvres sans chercher à être discrètes, observant sa langue les humecter avec une sombre envie.

- Maman ?!

L'appel les figea toutes les deux. Une seconde de plus et Emma savait qu'elle aurait bondi sans égard pour l'endroit où elles étaient. Mais Henry arrivait déjà en courant vers elles et elle se força à se redresser, aidant la brune à se relever.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Rien gamin, en courant j'ai percuté ta mère et j'étais en train de me faire engueuler, mentit-elle facilement.

- Et Snow ? Comment va grand-mère ?

- Ta maman l'a sauvée, rajouta-t-elle heureuse qu'il ne relève pas son mensonge.

Il y eut un soupir de soulagement collectif et ses yeux dérivèrent quelques mètres plus loin où l'homme qui lui avait indiqué la chambre où trouver sa mère et Regina les regardait avec une politesse qui ne lui plut pas.

- Et vous êtes ? demanda-t-elle d'ailleurs.

Sa question fut accueillie d'un nouveau sourire trop gentil qui lui rappela ceux que Mary-Margarett servait à tout le monde avant que la malédiction ne soit brisée.

- Robin. Robin des bois, se présenta-t-il en avançant vers elle pour lui tendre une main qu'elle accepta sans ferveur. Je suis l'âme sœur de Regina.

Je suis l'âme sœur de Regina. Je suis l'âme sœur de Regina. L'âme sœur. De Regina.

Qui se présentait comme ça ?

- Rolland ! s'exclama l'enfant qu'elle avait vu à ses côtés et qui tentait apparemment de se présenter, une main fièrement tendue devant lui.

- En… Enchantée Rolland, répondit-elle platement en tentant de ne pas vomir les morceaux du cœur qui venait de se briser dans sa poitrine.

##

Rolland était adorable devait-elle avouer. Elle l'aurait presque échangé contre le petit Léopold qui semblait s'employer à pleurer nuit et jour. Mis à part lorsqu'il était dans les bras de sa marraine. Regina avait accepté le titre avec une émotion qu'elle s'était empressée de cacher et si Emma avait trouvé l'idée touchante, elle s'était vite ravisée en constant que sa présence dans la famille avait multiplié les occasions de la voir en compagnie de Robin.

L'ancien voleur ne la quittait plus. Où avait-il été tout ce temps ? Elle ne partait même pas deux mois et revenait pour apprendre que la femme qu'elle aimait avait une âme sœur ? Dont Ruby n'avait même pas été fichue de l'informer ? C'était la fée clochette, la fée clochette, qui l'avait apparemment trouvé pour le compte de Regina.

Pourtant ça ne l'empêchait pas de surprendre la brune en train de lui jeter des regards incandescents qui faisaient fondre ses entrailles. Le genre de regards qu'une femme qui avait trouvé son âme sœur n'aurait définitivement pas du lui jeter. Alors même si elles vivaient dans la même ville, même si elles se croisaient régulièrement, Emma s'efforçait de reconstruire les barrages qu'elle avait mit du temps à ériger et que quelques secondes avec la Reine avait détruit.

Aussi la jeune femme fuyait-elle le moindre moment qu'elle aurait pu passer en privé avec la mère adoptive d'Henry, préférant encore s'apitoyer sur son sort qu'accepter les dîners plusieurs fois proposés ou les cafés au Granny's pour lui rendre ses rapports de police au lieu du bureau du maire qu'elle prenait toujours le soin de laisser ouvert quand elle ne pouvait faire autrement que d'y rentrer.

- Tu es sûre que tu as pu régler le problème dont tu m'avais parlé avant de partir ?

- Hum ?

La voix de son fils l'avait faite sortir de ses rêveries mais pas assez pour qu'elle puisse se rappeler de ce dont il était en train de parler.

- Quand tu es partie en janvier ...

- Oh.

C'était un mensonge qu'elle n'avait pas vraiment pris le temps de perfectionner.

- Je … Tu sais le mariage c'est pas vraiment mon truc. Ça me stresse toutes ces histoires et toute la ville … Toute la ville derrière nous …

- Pourquoi est-ce que tu as accepté alors ? La cérémonie est dans deux semaines !

- Neal ... Neal est quelqu'un de bien.

- Qu'il soit quelqu'un de bien ne veut pas forcément dire qu'il soit ton âme sœur !

- Henry je préférerais qu'on en discute pas.

Mais elle avait beau avoir essayé d'employer le ton que Regina utilisait d'habitude pour lui faire comprendre que ses décisions étaient sans appel, elle n'était apparemment pas aussi convaincante qu'elle.

- Et bien moi je veux en parler !

- Henry tu obéis à ta mère, ordonna David qui était jusque là resté muet le nez plongé dans son gobelet de café.

Le Prince Charmant réussi à faire preuve de l'autorité qu'elle avait tenté d'incarner, l'enfant bondissant de sa chaise pour sortir en courant du restaurant où ils avaient été installés. Par moment elle avait l'impression qu'il était toujours le même gamin qui était venu frapper à sa porte presque deux ans plus tôt.

- Ça lui passera, tenta de la rassurer David.

- Ouais.

- Mais il a raison.

- J'ai pas envie d'en parler Papa.

- Je ne permettrai pas que tu te marries avec quelqu'un juste parce que tu penses que c'est quelqu'un de bien.

- Tu n'as rien à permettre. Personne t'a demandé ma main.

- Regarde moi.

L'ordre la surprit. C'était peut être la première fois qu'elle l'entendait prendre le ton de quelqu'un habitué à être obéi. Dans la bouche de Regina elle s'y était faite, mais aujourd'hui elle redécouvrait presque qu'il était lui aussi un Roi.

- Quoi ?

- Est-ce que tu aimes Neal ? Est-ce que c'est ton âme sœur ? Et ne t'avise pas de me mentir.

- Je ... J'aime Neal oui. Il a ses défauts mais depuis qu'il est re rentré dans ma vie il a tout fait pour me prouver qu'il a changé et je le crois.

- Mais ?

- Mais rien. Je ne crois pas en l'amour véritable et toutes ces histoires d'âmes sœurs ...

- Ta mère et moi en sommes l'exemple vivant Emma ... Toi, tu en es l'exemple vivant. Tu n'aurais pas de magie sans notre Amour Véritable.

- Ah ouais ? Beh faut croire que le destin a choisi de sauter une génération, répondit-elle sans parvenir à supprimer toute l'amertume de sa voix.

- Tu n'es pas heureuse avec lui ?

- Si. Si, c'est cool. Laisse tomber tu veux ?

- Non, le bonheur de ma fille n'est pas une question que je laisse tomber Emma. Je ne suis pas un gamin qui partira en claquant la porte parce que tu refuses de lui donner des réponses mais s'il le faut j'hésiterai pas à te menacer d'en parler à ta mère.

- T'avise pas, prévint-elle en sentant sa magie se réveiller malgré elle.

- Alors parle-moi...

- Je peux pas. J'ai ... J'ai rien à dire.

- Au contraire, je pense que tu as beaucoup à dire ... Est-ce que tu veux ... Est-ce qu'en parler à Archie t'aiderait ?

- Nan, oh mon dieu non ! Hors de question.

- Alors trouve quelqu'un à qui en parler Emma ...

Quelque chose dans le regard clair qui la dévisageait lui fit ravaler un sanglot. La sollicitude qu'elle voyait dans les yeux de son père était d'une sincérité qui la bouleversait plus que de mesure.

- Oh chérie ...

Les bras qui se refermèrent autour d'elle eurent raison des apparences et elle dut enfouir sa tête dans le creux de son cou pour cacher les larmes qui s'étaient mises à couler. Depuis quand Emma Swan pleurait-elle dans les bras de son père pour une histoire de cœur ? Non, évidemment elle ne l'avait jamais fait ... Elle n'avait jamais eu de père avant lui.

- Je suis là, l'entendit-elle tenter de la rassurer en resserrant son entrave autour d'elle.

- Je suis amoureuse, avoua-t-elle d'une petite voix qu'elle ne reconnaissait pas.

- J'espère bien ...

- Pas de Neal Papa ...

L'intéressé eut un hoquet de surprise mais elle dut lui reconnaître le sang froid dont il fit preuve en se contentant de continuer à l'étreindre.

- Je vais annuler le mariage, affirma-t-il au bout d'un moment. Je m'occupe de ta mère, je m'occupe de tout.

- Non, non Papa, s'il te plaît, je peux pas ...

- Bien sûr que si Em...

- Papa ! le coupa-t-elle en se dégageant. Ça servirait à rien ...

- Emma, il faut se battre pour les gens qu'on aime ... Si ta mère et moi avions laissé Regina nous séparer, nous ...

- Maman et toi ça n'a rien à voir ! Moi c'est différent. Cette ... Cette personne ? Elle a déjà quelqu'un, comme moi. Non, c'est pire, elle, elle a une vraie âme sœur !

- Elle ? releva-t-il simplement.

- Oui, elle, cracha-t-elle en se relevant à son tour incapable de contrôler le sang qui empourprait ses joues.

- Emma attends !

Elle n'avait pas attendu, claquant la porte du restaurant comme son fils l'avait fait avant elle. Voilà, elle l'avait dit, elle en avait parlé et est-ce que ça changeait quelque chose ? Rien du tout !

- Putain de bordel de merde ! ragea-t-elle après la portière de la berline du commissariat qui refusa de s'ouvrir à sa première tentative.

- Café ? entendit-elle proposé derrière elle.

Les yeux toujours brouillés de larmes elle se retourna sur la serveuse qui avait apparemment osé la suivre à l'extérieur du bar. La brune n'en avait peut être jamais fait la remarque à haute voix mais elle était la seule habitante de Storybrook à savoir ce qu'il s'était passé entre Regina et elle. Emma se rappelait encore de la panique qui l'avait paralysée le jour où elle était entrée dans les toilettes où la sorcière et elle avaient été en train de s'embrasser. La louve n'avait rien dit, se contentant de les saluer avec un petit sourire et de se laver les mains avant de ressortir de la pièce le pas pressé.

- Merci, tu le mettras sur ma note s'il te plaît ?

- Il est pour moi. Et Emma ?

- Je veux pas en parler.

- Oh je sais … Tu sais ce que tu veux en revanche ?

- Qu'on me laisse tranquille.

- Une bonne cuite à la téquila, la corrigea l'autre comme si de rien n'était. Ce soir. Toi et moi. Je finis le service à vingt-deux heures.

Elle n'eut pas le temps de dire non, la serveuse lui confiant son gobelet brûlant avant de faire demi-tour.

##

Elle n'avait pratiquement aucun souvenir de sa soirée lorsqu'elle se réveilla le lendemain matin la tête prise dans un étau. La veille, elle avait apparemment été assez prévenante pour se laisser une bouteille d'eau et des cachets sur la table de nuit mais rien n'aurait pu camoufler les petits yeux que son miroir lui révéla.

Rien mis à part les Rayban qu'elle sortit de la boîte à gants de la vieille coccinelle et qui lui valurent un petit rire de la part de Ruby lorsqu'elle manqua s'écrouler sur le tabouret de bar où elle commanda son troisième café de la journée.

- Emma, qu'est-ce que tu as encore fait hier soir ? s'affola celle qu'elle n'avait pas vue.

Léopold perché sur sa hanche, Snow s'inquiétait à tort et elle se contenta de lui répondre d'un grondement sourd.

- Emma et moi avons bu trois bouteilles de téquila, l'informa pour elle Ruby.

- Trois bouteilles ?!

La jeune mère qui recommençait à peine à boire de l'alcool après son accouchement supportait difficilement plus de deux verres ces derniers temps.

- Des bouteilles d'un litre, précisa la louve avec l'air d'en être fière.

- Un litre et demi par personne, se désola-t-elle de son côté en faisant le calcul. Je me rappelle même plus comment je suis rentrée …

- C'est moi qui t'ai mise au lit, plaisanta la brune avec un clin d'œil exagéré.

- Je suis sûre qu'on est tous ravis de l'apprendre mais j'aimerai un café, railla une voix qui la fit se tendre.

Évidemment Regina serait là pour entendre ce genre de commentaires à son propos. Un coup d'œil dans sa direction lui confirma qu'elle n'en avait pas l'air ravi mais quelque chose d'autre brillait au fond des yeux d'ébène. Une colère latente qui ne semblait pas lui être dirigée fut-elle soulagée de constater lorsque Robin des bois entra dans le restaurant en lui soutirant un soupir.

- Je prendrai mon café à table, lâcha-t-elle en un grondement qui la fit froncer les sourcils.

La bonde ne put s'empêcher d'épier leur interaction. Cachée derrière ses Rayban, elle observa l'homme qu'elle ne pourrait jamais apprécier aller s'asseoir à la table où Regina s'était installée. Quelques mots furent échangés mais il était clair que la sorcière se retenait de perdre son calme. Inhabituel pour quelqu'un qui avait l'art de cacher tout ce qu'elle ressentait derrière des masques impénétrables. Et elle n'était pas la seule à s'en soucier à en juger par les regards d'autres clients qui étaient sans aucun doute en train de se souvenir qu'à une autre époque la Reine avait le meurtre facile et un surnom bien mérité.

Même à l'abris de ses lunettes de soleil, son attention lui attira celle de la brune et un instant le regard noir d'exaspération se transforma en autre chose. Un désir nu et cru peint sur son visage qui ne portait aucun masque avant que les cils ne papillonnent pour chasser l'émotion et se reporter avec agacement sur celui qui lui faisait conversation à voix basse.

- Grrr, se moqua la louve dans son oreille.

Si elle ne se souvenait pas de leur soirée, certaines bribes lui revenaient et elle savait que Regina avait été leur sujet phare une fois les langues déliées par l'alcool.

- Tais-toi, gronda-t-elle en l'éloignant d'un mouvement du poignet comme on aurait chassé un insecte gênant.

- Si tu veux mon avis, elle se retient de ne pas lui tordre le cou.

- Si elle ne veut pas se salir les mains, je l'aiderais volontiers …

- Hum … Tu sais que c'est dur avec ces gens là … Regarde le, on dirait Snow dans ses pires jours, on a du mal à lui dire non mais on a envie de l'étrangler.

- Regina n'a jamais eu de mal à dire non ou tenter d'étrangler Snow.

- Mais c'était pas sa prétendue âme sœur.

La brune s'était écartée avant qu'elle ait pu répliquer pour aller servir un client d'une généreuse portion de tarte aux fruits et elle s'était résolue à s'occuper de ses affaires lorsqu'un bruit de chaise la fit relever le nez de son café. Le Maire quittait le restaurant le pas raide et un Robin des bois sur les talons. Cette fois, elle ne fut pas la seule à ouvertement les regarder lorsque l'échange s'échauffa sur la terrasse.

- Tu devrais peut être … entendit-elle Snow lui conseiller à moitié.

- Ouais, confirma-t-elle quand l'homme se saisit du bras de la mère adoptive d'Henry.

Mais elle n'était pas la seule à qui l'action n'avait pas plu à en croire l'éclat dangereux qu'elle vit briller dans les yeux d'ébène avant que la sorcière ne l'entraîne à l'écart dans la rue. Là où elle pourrait peut être se charger de lui, espéra-t-elle en pressant le pas pour sortir à son tour.

- … genre à qui on peut facilement forcer la main Robin.

- Regina, je …

- Va t'occuper de ton fils. Il doit sans doute se demander où tu es passé.

Figée, elle observa les épaules du voleur se voûter de déception mais le regard de chien battu qu'il adressa à la brune ne parvint pas à faire fondre la glace qui avait raidit ses traits.

- O... Ok. Je … Je te vois ce soir.

Le rendez-vous ne fut pas confirmé par celle qui se contenta de croiser les bras et l'observer tourner les talons en silence. Emma dut se retenir d'adresser un sourire moqueur à l'homme qu'elle croisa quand il fit volte face et préféra laisser traîner son regard dans la ruelle où Regina se tenait encore tendue comme la corde d'un arc.

Leurs regards se trouvèrent presque immédiatement et il suffit d'un instant pour qu'elle sente sa magie crépiter autour d'elle. En face, le masque de la brune se fissura. Les yeux sombres la jaugèrent des pieds à la tête et la fausse indifférence mua en quelque chose qui la fit avancer jusqu'à elle.

Jusqu'à la toucher.

- Tu veux que je me charge de lui ? murmura-t-elle près de ses lèvres.

- Je n'ai pas besoin d'être sauvée, Princesse.

- Je le sais ma Reine.

Le titre précipita le regard encore agacé à la rencontre du sien et elle frissonna lorsqu'une main épousa une de ses hanches avant de remonter se loger sur son flanc juste en dessous d'un sein où elle aurait préféré la sentir.

- Emma …

Le prénom qui l'avait effleurée acheva de la convaincre et elle ne rencontra aucune résistance lorsque ses lèvres emprisonnèrent celles de la brune. Le contact dont elle se força à s'arracher n'avait duré qu'un instant mais lui valut un gémissement qui la fit sourire. Les perles d'ébène la surveillèrent de longues secondes avant qu'elle ne retrouve l'usage de la parole.

- Embrasse-moi.

L'ordre fut obéit sans hésitation, les lèvres pulpeuses fondant sur elle avec l'application de quelqu'un qui savourait quelque chose qui ne durerait pas. Pourtant rien ne vint interrompre le baiser, une langue caressant lascivement ses lèvres avant de plonger en elle. L'intimité la fit gémir, rapprochant un peu plus d'elle la brune qu'elle avait emprisonnée d'un bras passé autour de sa taille.

- Qu'est-ce que tu as fait hier soir avec Ruby ?

- Bu. Un peu trop.

- C'est tout ?

Le petit rire qui lui échappa ne fut pas du goût de la sorcière dont les dents agrippèrent brièvement sa lèvre en guise d'avertissement.

- Je rêve ou ma … ma maîtresse, veut savoir si je ne vais pas voir ailleurs ?

- Ta maîtresse ? releva l'autre. C'est ce que je suis ?

C'est tout ce que je suis ? entendit-elle parce que Regina n'avait pas besoin d'ajouter le petit mot pour qu'elle comprenne ce qu'elle voulait dire. Et qu'était-elle censée lui répondre. Qu'elle était tout ce dont elle rêvait ? Tout ce dont elle avait besoin ? Tout ce à quoi elle pensait ?

- Tu es la seule femme de ma vie, répondit-elle à la place.

Enlevez le « seule » et la déclaration aurait été un véritable aveu auquel Emma n'était pas encore prête. Mais peut être la brune l'avait-elle entendu espéra-t-elle tout de même quand elle fut attirée pour un baiser ravageur qu'une petite toux interrompit. Quelque chose explosa en elle lorsqu'au lieu de s'écarter, la mère adoptive d'Henry rapprocha un peu plus leurs corps d'un bras passé autour de sa taille avant de s'intéresser à celle qui les avait surprises.

Encore une fois …

- Franchement, j'aurais pu être n'importe qui … fit semblant de râler la serveuse.

- Qu'est-ce qu'il se passe Miss Lucas ? demanda pour elles deux celle qui refusait toujours de la lâcher.

- Snow t'attends Emma … Je te rappelle que vous devez aller essayer ta robe une dernière fois avant samedi …

Les mots eurent l'effet d'une bombe sur le Maire qui s'écarta immédiatement tandis qu'elle fusillait du regard son amie qui eut la décence de paraître gênée avant de faire volte face.

- Regina … tenta-t-elle une fois qu'elles furent seules.

- Non. Je t'en prie, rejoins ta mère. Va essayer la robe que tu porteras pour ton mariage avec le seul homme de ta vie.

Le coup bas la fit grimacer mais en face d'elle le visage de la brune était à nouveau figé en un masque froid. Je t'aime eut-elle envie de lui dire. Mais qu'est-ce que les mots auraient changé à leur situation ? Des dizaines de fois déjà ils avaient failli lui échapper après avoir vu Regina jouir dans ses bras parce que c'était souvent les seuls moments où elle avait l'impression que son amante se laissait aller à être complètement elle même. Mais jamais ils n'avaient franchi la barrière de ses lèvres, retenus derrière des dents serrées ou écrasés dans un baiser.

- Je …

Sa tentative lui valut un haussement de sourcil auquel elle répondit d'un soupir las. Non, les mots ne changeraient rien. C'était un acte que Regina attendait. Quelque chose qu'elle était trop lâche pour faire.

- Rien, capitula-t-elle. T'as raison je devrais y aller, je vais être en retard.

C'était elle qui avait tourné les talons la première, incapable d'affronter n'importe quelle réplique la brune aurait pu lui jeter en pleine face. Et les larmes qu'elle avait versées en s'observant dans le miroir de l'atelier de couture n'avait rien à voir avec le bonheur d'une future mariée. Elles ressemblaient plus à celles qu'elle avait du retenir lorsque le soir même elle avait vu Robin et Regina rire par dessus leurs assiettes au Granny's.

##

Elle avait beau eu insister pour ne pas avoir le droit à un enterrement de vie de jeune fille, Snow avait refusé d'entendre ses suppliques. Sous le couvert de fêter la naissance de Léopold, son sauvetage inespéré par Regina, le futur mariage de sa fille et une nouvelle « surprise », la petite brune était parvenue à organiser un événement où toute la ville était invitée.

C'était Ruby qui s'était chargée de l'habiller pour l'occasion. Elle refusa les robes trop courtes et le rouge sang qui composait la majeure partie de la garde robe de la louve pour finir par jeter son dévolu sur une petite robe noire qu'elle avait du porter sans soutien-gorge à cause du dos nu dégagé par le chignon qu'elle avait mis une éternité à faire malgré l'aide de son amie.

- Belle comme un cœur, se moqua la brune en ajustant le nœud papillon qui maintenait le tissu en haut de son dos.

- Si je me casse pas la gueule dans tes talons hauts ouais ...

Les escarpins aux talons dorés que lui avait prêté la serveuse étaient les plus fins qu'elle n'ait jamais enfilés et elle dut faire un effort considérable pour ne pas tomber sur les pavés de la mairie où la fête avait lieu.

Evidemment et malgré son retard notable, une place lui avait été gardée auprès de Regina dont les yeux glissèrent brièvement sur toute sa longueur avant qu'elle ne lui adresse un signe de tête pour la presser de s'asseoir.

Elle avait appris à apprécier les discours donnés à Storybrook mais sûrement parce qu'ils l'étaient généralement par le Maire et lui laissaient l'occasion de l'observer plus que poliment sans devoir se forcer à détourner son regard mais donnés par Snow White … Donnés par Snow White les discours de remerciements étaient d'un atroce ennui. Surtout lorsque la mère adoptive de son fils se tenait à moins d'une vingtaine de centimètres d'elle, un petit sourire hautain plaqué sur ses lèvres maquillées d'un rouge presque violet. Emma l'imaginait bien en train de se moquer intérieurement de son ex belle fille …

Elle était encore en train de réfléchir à un moyen d'entamer une conversation avec la brune lorsque Neal, encore plus en retard qu'elle, se glissa sur un fauteuil que Snow avait libéré quelques minutes plus tôt à ses côtés.

- T'étais où ? ne put-elle s'empêcher de demander.

- Avec Hook. On a un peu bu, avoua-t-il avec un petit rire.

- Je savais pas que vous vous parliez encore …

- J'avais quelques … questions.

Quel genre de questions ? Mais elle ne posa pas celle là, se contenant d'un signe de tête faussement compréhensif avant de retourner son attention sur la femme qui continuait son discours. Elle ne pouvait pas se permettre de presser Neal quand il avait le tact de ne pas lui poser les questions qui auraient pu les déranger tous les deux. Ce n'était pas comme ça que marchait un couple mais elle n'avait plus besoin de se faire la remarque qu'ils n'avaient jamais fonctionné comme un véritable couple …

- … voudrais aussi profiter de l'occasion pour vous annoncer que Regina et moi sommes tombées d'accord sur un moyen de permettre à ceux qui le désireraient d'effectuer des voyages entre Storybrook et la forêt enchantée …

La salle se mit à applaudir comme un seul homme mais la Sauveuse sentit ses entrailles se tordre. C'était ça la surprise dont elle avait eu vent. Pas une seule fois elle n'avait entendu parler de ce projet … D'accord elle s'était absentée quelques temps mais pas assez pour que sa mère devienne la meilleure amie de Regina non ?

Depuis quand travaillaient-elles ensemble ? Ou l'avait on délibérément laissée en dehors de tout ça ? Était-ce un moyen de s'assurer qu'elle ne contrecarrerait pas certains plans ? Elle ne comptait plus les fois où elle avait entendu Snow et David parler d'un retour sur les terres où ils avaient autrefois régné … Quant à Henry, il ne demandait que ça…

La tige en plastique qu'elle avait volée au décor de la table pour occuper ses doigts se fendit en deux sous leur pression et elle eut le temps d'y voir un éclat de magie argentée avant qu'une main ferme ne les emprisonne.

- Personne ne va nulle part, entendit-elle la voix basse murmurer dans son oreille. Henry ne part nulle part, moi non plus et si cela doit se faire ce ne sera jamais sans t'avoir consultée avant.

Si les paroles n'avaient pas réussi à calmer la magie qui avait brièvement failli échapper à son contrôle, les lèvres qui effleuraient le lobe de son oreille en étaient une distraction parfaitement suffisante.

- Compris ? tint apparemment à s'assurer l'autre.

- Oui.

- Bien.

Elle dut mordre sa lèvre pour retourner son attention à celle qui finissait de s'adresser aux invités.

- … pour faire place à des temps plus heureux en commençant par se réjouir pour notre Princesse.

Snow leva son verre, ses yeux pétillant d'une éternelle bonne humeur se fixant sur sa fille.

- Que ton mariage soit aussi heureux que le notre ma chérie.

L'intéressée se força à lui adresser un sourire. Dans la salle le tonnerre d'applaudissements reprit de plus belle et à ses côtés la sorcière refusa de lever son verre lorsque des « Longue vie à la Reine » retentirent à certaines tables. Cette fois elle ne força pas le rire qui lui échappa.

- Longue vie à vous ma Reine, lui glissa-t-elle juste assez fort pour qu'elle seule l'entende avant de porter sa coupe de champagne à ses lèvres.

L'incrédulité de la brune l'avait maintenue d'une relative bonne humeur pendant le début de la soirée où elle avait observé d'un œil désintéressé ses parents ouvrir des cadeaux destinés au jeune Léopold qui luttait contre le sommeil dans une poussette à côté de leur table.

Emma s'était dévouée pour le surveiller, espérant qu'en se forçant à rester auprès de son visage d'ange, la jalousie mal placée qu'elle éprouvait à son égard finirait par s'éteindre. Et c'était toujours mieux que de rester aux côtés de Regina et supporter de l'entendre parler avec le petit Rolland qui était venu se percher sur ses genoux une demi-heure plus tôt et n'en avait pas bougé.

- Est-ce que tu voudras d'un enfant Em ?

Elle avait vu du coin de l'œil Neal s'accroupir a ses côtés quelques minutes plus tôt mais c'était les premiers mots qu'il prononçait.

- Non, répondit-elle honnêtement les yeux rivés sur le nouveau né.

- Est-ce que tu veux vraiment te marier avec moi ?

Cette fois la question la fit se retourner. Pourquoi lui demandait-il ça ? David lui avait-il parlé ? Se doutait-il de quelque chose ?

- Pourquoi est-ce que tu me poses cette question Neal ?

L'alcool qui faisait briller les yeux de son fiancé avait toujours eu le mérite de le rendre honnête et si autrefois elle avait apprécié ce trait de caractère, aujourd'hui elle ne pouvait s'empêcher de le redouter.

- Parce que … parce que j'ai pas l'impression de réussir à te rendre aussi heureuse que ta mère le voudrait.

L'aveu brûla ses yeux de larmes qu'elle refusa de verser. Son regard dériva vers le reste de la salle. Tout sauf cet homme qu'elle avait tant aimé, tant haï… Oui, c'était quelqu'un de bien se rendait-elle compte. Quelqu'un qu'elle avait trompé sans regret et qu'elle tromperait à nouveau en un claquement de doigt si elle avait l'occasion de retrouver le chemin du lit de Regina. Par réflexe, elle chercha les perles d'ébène qui se fixèrent aussitôt sur elle comme si elle avait pu entendre ses pensées.

L'intéressée n'avait pas bougé, ses longs doigts coiffant les cheveux en bataille de l'enfant assis sur ses genoux tandis qu'ils écoutaient tous deux Henry leur raconter quelque chose qui avait l'air de le passionner. Un sourcil parfaitement dessiné se haussa à son intention et elle sentit ses entrailles se tordre à nouveau.

- C'est moi qui m'y prends mal pour te rendre heureux Neal, répondit-elle en mettant fin au contact visuel.

- Oh je suis pas un homme difficile Em tu sais… Toi en revanche, tu es une Princesse …

Dans sa bouche le qualificatif la fit rire aux éclats.

- Une Princesse Neal ? Hier soir j'ai mangé de la pizza avec les doigts en regardant un match de foot dans un jogging troué et tu crois que je suis une Princesse ?

Son rire contamina son fiancé et elle eut un frisson en apercevant certains sourires que leur complicité leur valait mais elle ne fut pas la seule à se refroidir presque aussi tôt.

- Alors c'est pas moi hein ?

Et sa question en contenait une autre qu'elle eut du mal à cerner.

- Pas toi quoi ?

- Le bon.

Les deux mots la figèrent. Pourtant en face d'elle le jeune homme continuait à la regarder avec son habituel mélange de malice et d'intérêt.

- Tu es celui à qui j'ai dit oui Neal. Celui qui se lève le cul pour me rendre heureuse et je … Honnêtement malgré tout ce que tu m'as fait … C'est moi qui te mérite pas alors si tu veux … Si tu veux tout arrêter, je comprendrais…

Le temps s'arrêta un instant. Elle n'avait jamais été aussi proche de lui avouer la vérité mais quelque chose la retenait encore.

- Non, pourquoi je ferais ça ? Tu es tout ce que j'ai avec Henry, Em …

- Est-ce que tu m'aimes Neal ?

- Assez.

- Assez ? répéta-t-elle.

- Assez pour vivre le restant de mes jours avec toi comme ça. Moi, ça me suffit.

Et elle n'avait pas pu retenir toutes les larmes à en croire le pouce qui arrêta la course d'une goutte saline qu'elle n'avait même pas senti couler le long de sa joue.

- Tu es mon meilleur ami Neal, s'entendit-elle avouer d'une voix cassée.

Ce fut son tour de rire aux éclats, réveillant l'enfant qui s'était endormi à leurs côtés. Les pleurs stridents qu'il poussa attirèrent ses parents qui les chassèrent gentiment vers le buffet où ils se firent servir de nombreux verres.

Et apparemment la vodka même coupée avec des jus de fruits ne faisait pas bon ménage avec le rhum que le fils du Ténébreux avait consommé à bord du navire du Capitaine Crochet… Au point qu'elle doive elle-même l'escorter jusqu'à leur table une heure plus tard, lui empêchant de tomber à plusieurs reprises sur la piste de danse bondée qu'ils traversèrent.

Rolland et Henry avaient disparu, laissant une Regina qui avait l'air de s'amuser à parler avec Ruby et Belle et la blonde s'étonna de cette amitié dont elle ne se serait pas doutée. D'accord, la sorcière avait aidé la bibliothécaire à rénover son lieu de travail mais elle n'aurait pas imaginé qu'elle puisse apprécier sa présence en soirée. Elle avait tort de toute évidence nota-t-elle en tentant d'ignorer la jalousie qui refaisait surface.

- Deux cent sur Mulan, entendit-elle le Maire annoncer.

- Deux cent ? Vous êtes sûre ?! Ça en fait de l'argent !

- Qu'est ce que vous sous-entendez Miss Lucas ? Que je ne peux pas me le permettre ?

- Sur quoi est-ce que vous pariez ? ne put-elle s'empêcher de demander.

- Qui va mettre le grappin sur la petite Lisa ! l'informa Belle.

- Lisa ?

Le nom ne lui disait absolument rien et un regard à son fiancé qui s'était également approché pour suivre la conversation lui confirma qu'elle n'était pas la seule à ignorer de qui il s'agissait. Elle suivit du regard le doigt que tendit la louve vers une jeune femme qui devait à peine être majeure. Blonde, aux yeux clairs, personne n'aurait pu dénigrer la beauté fragile qu'il émanait d'elle. Non loin d'elle Emma remarqua avec un sourire Mulan et un homme qu'elle avait déjà aperçu en ville la couver tous deux d'un regard appréciateur.

- Elle ressemble à Ashley tu trouves pas Em ? se moqua son petit ami.

- Ashley qui ?!

- Neal … tenta-t-elle de prévenir.

- Une jolie blonde avec qui Em a tenu à ce qu'on ait un plan à trois à Los Angeles.

- Putain Neal…

À ses côtés Ruby éclata de rire, immédiatement suivie de Belle dont l'hilarité attira le regard de Gold. Elle n'osa pas la regarder mais quelque chose de glacial émanait de son amante qui n'avait pas besoin de prononcer le moindre mot pour qu'elle devine sa colère.

Mais de quel droit était-elle jalouse ? Il n'y avait rien d'exclusif dans leur relation mais Emma devait avouer que si elle avait eu du mal à admettre qu'elle puisse fréquenter Robin, elle aurait encore plus mal vécu l'occurrence si la brune s'était intéressée à une autre femme. L'idée même que Regina puisse en regarder une autre avec le désir qu'elle était habituée à voir dirigé à son intention la faisait serrer les dents.

L'autre jour, elle lui avait dit qu'elle était la seule femme de sa vie et c'était vrai, la petite blonde n'avait été qu'une piètre distraction dont elle gardait de vagues souvenirs.

- Ça s'amuse bien par ici ?

La voix de sa mère la tira brusquement de ses pensées, jetant un regard suppliant autour d'elle dans l'espoir que personne ne révèle à la nouvelle arrivante le contenu de leur conversation.

- Tout est parfait, répondit Regina la première avec le ton qu'elle réservait d'habitude à l'exercice de sa profession.

Son ex belle fille ne sembla pourtant pas le remarquer, s'effondrant sur un fauteuil libre et Emma l'entendit plus qu'elle ne l'écouta se plaindre de la douleur qui vrillait ses pieds après l'heure qu'elle venait de passer à danser.

- Blonde aux yeux bleus … On pourrait presque croire que tu l'as choisie à mon exact opposé, gronda la voix basse dans son oreille.

- Qu'est-ce que t'en sais que c'est pas exactement mon style de femme ?

Elle dut étouffer un petit cri lorsque la pointe d'un talon aiguille s'enfonça dans son mollet. La sorcière ne s'était pas départie de son sourire diplomate lorsqu'elle se pencha à nouveau vers elle et si aux yeux de tous elle devait certainement avoir l'air de lui servir une remarque hautaine, les mots que les lèvres pulpeuses déposèrent dans le creux de l'oreille qu'elles effleuraient la firent croiser les jambes d'un désir dont elle eut presque honte.

- Combien de fois est-ce que tu as pensé à moi quand elle te touchait ? Est-ce que ça t'a aidé d'imaginer que ses doigts étaient les miens ? C'était plus facile comme ça ou est-ce ce que ça t'a frustré de pas pouvoir crier mon nom ?

- Et toi combien de fois est-ce que t'as du t'empêcher de crier le mien quand l'homme des bois te la mett…

- Ne finis pas cette phrase, fut-elle coupée.

Il y avait une lueur dangereuse au fond des yeux sombres qui la mettaient pourtant clairement au défi. Son regard tomba brièvement sur les lèvres pulpeuses qui l'appelaient avec une force magnétique avant de remonter accrocher celui de la brune. Elle reconnut le mélange de désir et de colère qu'elle y vit, le fantôme des premiers mois passés à Storybrook …

- D'ailleurs pourquoi est-ce qu'il est pas à cette table ? J'ai vu son fils mais apparemment tu ne l'as pas laissé approcher de la soirée, y'a de l'eau dans le gaz ?

- Il travaille. Certains ont un sens du devoir que vous n'avez jamais acquis en dépit de vos fonctions Shérif.

La réponse la déçut mais elle refusa de se départir de sa volonté d'agacer le Maire.

- Je serais presque jalouse si je savais pas que tu as envie de moi en ce moment même, se moqua-t-elle. Qu'est-ce que le pauvre Robin en penserait ?

- Peut être qu'à lui aussi ça lui donnerait des idées pour un plan à trois, rétorqua l'autre avec un sourire mauvais.

Ça, c'était du bluff, elle connaissait assez Regina pour le reconnaître mais l'éventualité la fit tout de même grimacer, cachant sa réaction derrière une moue désapprobatrice.

- Vraiment ? Et risquer qu'il se rende compte à quoi est-ce que tu ressembles quand tu ne simules pas ?

- Je n'ai jamais dit que je te laisserais me toucher.

- Oh ? Qu'est-ce que tu comptes faire alors ? Le laisser te regarder me faire l'amour ?

Bien qu'ils leur ait échappé à plusieurs reprises, c'était un terme qu'elles n'employaient pas. C'était bien ce qu'elles faisaient pourtant, à littéralement vénérer le corps l'une de l'autre dès qu'elles en avaient le temps.

- Ou bien peut être que tu serais celle qui regarde.

- Ça, je n'y crois pas une seconde Gina, on sait toutes les deux que c'est moi que tu préfères.

C'était osé mais en face d'elle son amante laissa échapper un petit rire désabusé qui réchauffa un point au centre de son ventre. Plus loin à la table, elle pouvait encore entendre Snow plaisanter avec Ruby et Neal et elle se demanda brièvement si quelqu'un avait remarqué leur manège, si la louve s'y était suffisamment intéressée pour tendre l'oreille et entendre ce qui se disait ... Qu'importe, comprit-elle, elle avait dépassé le stade où elle se souciait de ce qu'ils pourraient penser.

- Un peu présomptueux, tu ne crois pas ? finit par répondre l'autre les yeux pourtant rivés sur ses lèvres.

- Non. Je te connais ...

L'affirmation fit se hausser un sourcil narquois mais le regard pétillait d'un défi qui lui donna le courage de continuer.

- ... Je sais que tu es en colère depuis toute à l'heure et que tu aurais voulu pouvoir le montrer. Je sais que tu as du réfléchir à une façon de me le faire payer mais la seule chose dont tu aies envie c'est de me traîner dans la première salle disponible pour me baiser. Mais tu peux pas hein ? Ce serait un peu trop susp...

Et elle n'aurait pas du être aussi sûre d'elle comprit-elle l'instant d'après. La magie qu'elle avait senti appesantir l'air autour d'elles explosa quelque part dans son ventre et elle eut un hoquet de surprise lorsqu'elle sentit distinctement quelque chose s'introduire sans avertissement en elle. La force y resta immobile quelques secondes, attendant un accord que la brune sembla trouver dans son regard à en croire les va-et-vient qui vinrent et firent immédiatement monter des larmes à ses yeux. En face d'elle la sorcière ne s'était pas départie de son calme mais le regard incandescent qui la couvait suffisait amplement à lui faire comprendre tout ce qu'elle ne pouvait pas lui dire.

- Gina, n...

- Non ? la coupa-t-elle un sourcil hautain haussé à son encontre.

Et elle n'avait pas besoin de réponse à en croire le petit sourire qu'elle lui adressa avant de reculer pour aller s'adosser au siège de son fauteuil en sirotant son verre de champagne. Emma dut serrer les dents à s'en faire mal pour ne pas gémir, les assauts continuant tandis que l'autre l'observait avec un faux détachement.

- Tout va bien ? entendit-elle Neal lui demander lorsqu'elle avança une main tremblante vers une carafe d'eau.

- Ça tourne un peu, mentit-elle. On a un peu abusé sur l'alcool je crois.

- Tu veux aller prendre l'air ?

- Nan.

Elle n'était même pas sûre que ses jambes parviendraient à la porter et elle préféra se taire, avalant une gorgée d'eau qui ne fit rien pour apaiser la sècheresse de sa bouche. Et elle ne tiendrait pas bien longtemps au rythme où Regina s'amusait à faire aller sa magie.

Ce n'était pas quelque chose qu'elles avaient déjà fait ... La brune lui avait prouvé qu'elle pouvait se servir de ses pouvoirs de bien d'autres façon durant les intermèdes qu'elles trouvaient ensemble mais sans jamais pousser le vice aussi loin. En public qui plus est. Elle n'avait pas l'air d'y réfléchir à deux fois ce soir et elle se demanda si vraiment personne ne remarquait l'aura qui émanait d'elle. Elle était partagée entre l'envie de fuir et celle d'aller se blottir contre le corps que le sien réclamait.

- Oh ! s'exclama sa mère quelque part à sa droite. David, c'est notre slow ! Tu te rappelles ?! Quand Kat...

Elle aurait pu rire si elle n'avait pas les dents si serrées par le plaisir qui vrillait son ventre à lui en faire presque mal. Snow s'était soudain tue et c'était certainement parce qu'elle avait croisé le regard désapprobateur de Regina. Mais déjà son ex belle fille s'empressait de tirer son mari sur la piste de dance.

- Danse avec moi ? proposa-t-elle à Neal pour le plaisir de provoquer son amante.

- Non chérie, je suis pas capable de marcher droit, tourner en rond est loin d'être une bonne idée.

Qu'importe, elle avait changé d'idée à la seconde même où ses yeux s'étaient posés sur la brune pour jauger sa réaction. Les orbes d'ébène avaient trahi l'espace d'un instant une jalousie meurtrière qui la fit faire un pas de plus vers le précipice qui menaçait de la faire crier devant tout le monde.

- Majesté ? Me feriez-vous l'honneur ? demanda-t-elle en tentant d'infuser assez de moquerie dans son ton pour que l'autre se sente obligée d'y répondre.

- D'une danse ? sembla-t-elle vouloir clarifier.

Elle ne répondit pas, se contentant d'un bref hochement de tête parce qu'elle n'était pas sûre que le "Oui" qui aurait pu sortir de sa bouche sonne très juste dans cette conversation.

- C'est que vous êtes bien plus saoule que vous n'en avez l'air Miss Swan, se moqua-t-elle en provoquant d'autres rires autour de leur table.

En silence toujours, Emma trouva la force de se lever, serrant ses cuisses tremblantes pour lui tendre une main en guise d'invitation. Le regard sombre glissa sur toute sa longueur en un examen minutieux et elle avala avec difficulté sa salive lorsqu'entre ses jambes le rythme changea, adoptant un mouvement plus lent et plus puissant.

Elle frissonna visiblement quand les lèvres pulpeuses se tendirent en un sourire en coin, mal à l'aise dans sa robe soudain trop étroite et son string complètement trempé. Au final, elle fut presque aussi étonnée que les autres lorsque le Maire posa sa coupe de champagne pour se lever avec une lenteur délibérée.

- Vous venez ? osa la relancer l'autre quand, trop stupéfaite, elle ne la suivit pas immédiatement.

Elle obtempéra à la seconde même, manquant tomber dans sa précipitation pour rejoindre la piste où la brune l'attendait. Sa maladresse lui valut quelques rires mais elle avait déjà oublié les regards qui pesaient sur elle lorsqu'elle atteignit son amante. Il y eut un instant durant lequel elle hésita, pas sûre d'être capable d'accomplir ce qu'elle désirait vraiment mais le plaisir qui l'embuait terrassa ses dernières inhibitions en la poussant dans les bras de la femme qui se raidit brièvement lorsque son corps alla épouser le sien.

- Vraiment Emma ?

- C'est un slow et je suis saoule, trouva-t-elle.

- Non, je veux connaître la véritable raison, exigea la brune qui prit l'initiative de lancer leur danse.

Elle ne répondit pas tout de suite, savourant le moindre contact auquel elle avait le droit. Entre ses jambes la magie avait inlassablement continué à la mener vers l'orgasme qu'elle aurait aimé vivre dans un lit mais ce n'était pas le but … Regina tentait de la punir.

- La véritable raison, répéta l'intéressée.

La blonde ne retint pas le gémissement que provoquèrent les lèvres qui effleurèrent sa tempe.

- … Sinon j'arrête tout. Tout de suite.

- Non !

La supplique qui lui avait échappée lui valut un petit rire et elle dut réajuster son bras autour de sa taille pour s'assurer de ne pas tomber.

- J'avais envie de jouir dans tes bras, avoua-t-elle dans les mèches presque noires que Regina n'avait coiffées que d'un simple brushing.

La réponse lui valut un grondement sourd, son corps s'embrasant un peu plus lorsqu'une main brûlante alla se caler dans le creux de ses reins nus.

- Mais cette chanson s'achève dans moins d'une minute et ton père nous regarde déjà comme si j'étais en train de …

- Il sait, coupa-t-elle sans avoir besoin de le voir pour savoir qu'il avait compris. Il sait pour nous.

- N…Nous ?

Elle faillit gémir lorsque la brune s'écarta un tant soit peu d'elle pour plonger son regard dans le sien. Il n'y avait aucune colère dans les orbes sombres mais une invitation à lui en dire plus.

- Je … Je lui ai dit, répondit-elle en tentant de rester cohérente malgré le plaisir qui continuait à la déchirer.

- Dit quoi ?

- Que j'étais tombée amoureuse de quelqu'un d'autre que Neal.

Elle aurait voulu retirer les mots à la seconde même où ils étaient sortis mais en face d'elle son amante ne s'écarta pas comme elle s'y était attendue, les yeux d'ébène fouillant les siens à la recherche d'elle ne savait quoi. Et puis comme si elle s'était soudain décidée, le regard se fit plus brûlant encore que le feu qui avait élu domicile dans son ventre et ne la quitta pas lorsque son corps s'embrasa d'un plaisir qui n'avait rien de naturel.

La blonde eut vaguement conscience des dernières notes du slow quand l'orgasme la fit gémir le prénom de la femme qu'elle aimait. Ses genoux cédèrent sous son poids, les talons aiguilles manquant l'emporter à terre si la sorcière ne l'avait pas retenue de justesse.

- Emmène-nous ailleurs, supplia-t-elle sans égard pour son amour propre.

- Pourquoi ?

- J'ai besoin de toi, s'empressa-t-elle de rajouter à voix basse tant qu'elles pouvaient encore être vues si près l'une de l'autre sans que cela paraisse suspect. Ça fait une éternité … Je veux te sentir sous moi, dans un lit. Je veux t'entendre jouir.

En face d'elle, le regard s'était encore assombri, signe que ses mots n'étaient pas dépourvus d'effet sur son amante mais son souhait ne fut pas exaucé. La chanson s'était achevée sur quelques notes de musique solitaires et Regina raffermit l'emprise de son bras autour de sa taille pour la conduire à l'extérieur de la piste de danse. Et s'il était surtout destiné à faire croire qu'elle était en état total d'ébriété, le geste était le plus intime qu'elle ne lui ai jamais accordé en public. Presque possessif remarqua-t-elle lorsque les doigts massèrent doucement sa hanche quand elles se rapprochèrent de la table qu'elles avaient quitté peu de temps auparavant. Neal s'y était endormi mais Ruby et Belle étaient toujours en grande conversation.

- Miss Lucas, auriez-vous l'obligeance de ramener notre future mariée chez elle ? entendit-elle son amante demander comme pour parfaire la comédie.

- Oh … Bien sûr, pas de problème. Tu veux partir maintenait Em ?

Non. Elle avait envie de rester. Rester dans les bras de celle avec qui elle aurait voulu passer la soirée et toutes les suivantes. Toute sa vie.

- Tu as raison ma chérie, il est déjà deux heures, ce serait bête d'avoir des cernes après demain sur les photos.

Merci Maman faillit-elle gronder lorsque Regina la lâcha discrètement.

- Ouais, répondit-elle à la place sans conviction.

- Pourquoi est-ce que Regina ne te raccompagnerait pas ? proposa à son tour son père.

Et oui, il savait, comprit-elle avec un petit rire amer. Et mon dieu, était-ce sa façon à lui de tenter de les rapprocher ?

- Non, c'est bon, prit-elle les devants. Je me ramène toute seule.

##

Elle n'avait pas tenu compte de la protestation de Ruby qui avait été en train de récupérer sa veste, agitant une main pour invoquer sa magie. Et heureusement, le tourbillon de fumée blanche répondit à son appel pour la transporter.

Au milieu du salon du manoir des Mills.

Pas exactement là où elle avait prévu d'atterrir. Mais là où elle s'était attendue à trouver le silence et le noir d'une maison vide, ses yeux tombèrent sur la silhouette de son fils une main dans un bol de pop-corn, le dernier Star Wars projeté sur l'immense écran plat de la télévision.

- Ma ?

Il aurait du être en train de dormir. La blonde n'avait pas très bien suivi le manège, mais elle savait que dans le courant de la soirée et bien avant minuit, quelqu'un s'était chargé de ramener les enfants chez eux. Pour dormir, certainement, pas profiter de l'absence de leurs parents pour veiller tard en mangeant n'importe quoi.

Pourtant, s'il avait brièvement semblé inquiet pour son propre sort, Henry ne mit pas plus de quelques instants à détecter que quelque chose n'allait pas.

- Ma ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Il est arrivé quelque chose à la fête ?

Son inquiétude la fit frissonner, les larmes ne mettant pas plus de quelques secondes avant de couler. Tant pis si elle montrait à son fils cette facette d'elle. Il était bien assez intelligent pour comprendre que même la Sauveuse ne pouvait pas être la plus forte au quotidien …

- C'est le mariage, c'est ça ? comprit-il d'ailleurs assez vite.

Les petits bras qui l'étreignaient n'étaient plus si petits que ça, remarqua-t-elle. Son fils avait déjà grandi. Et elle, elle avait vieilli, débarqué dans une ville où elle était tombée folle amoureuse mais s'apprêtait à sceller le reste de sa vie à quelqu'un qui n'était définitivement pas son âme sœur.

- Je ne suis plus amoureuse de ton père, avoua-t-elle la voix brisée.

Je suis amoureuse de ta mère raisonnait dans sa tête et elle eut un petit rire en se rendant compte du ridicule de la situation. En face d'elle, Henry avait les sourcils froncés comme s'il tentait de comprendre ce qui était en train de se passer.

- Mais tu l'aimes encore, non ?

- Oui. Oui, je l'aime. Mais pas comme ça, gamin.

- Alors c'est pas grave, répliqua-t-il immédiatement comme si tout était réglé. Papa et toi pourrez rester amis !

- Si. Si c'est grave, s'entendit-elle continuer même si tout en elle lui criait de se taire. C'est grave parce que je ne serais jamais heureuse.

- P… Pourquoi ? Qui ne voudrait pas être avec la Sauveuse ? Tu es une Princesse, des gens se seraient battus pour toi dans la forêt enchantée ! Oh ! Peut être que c'est ça ! Peut être que ton âme sœur vit encore dans la forêt enchantée et q…

- Non Henry, coupa-t-elle un peu plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu. Je n'ai pas d'âme sœur.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Parce que … Parce que j'aime déjà quelqu'un comme ça. Pour de bon. Pour la vie.

- Qui ? voulut-il immédiatement savoir, ses grands yeux bien plus éveillés qu'ils auraient du l'être.

Et elle aurait vraiment du serrer les dents.

- Ta mère. Regina …

Quelque chose de sombre passa sur les traits de l'enfant et elle comprit qu'elle avait eu tort d'en parler.

- Quoi ? finit-il par lâcher les sourcils froncés d'une colère latente.

- Non …. Tu sais quoi ? Oublie ce que j'ai dit.

- Non ! Non, tu peux pas dire des choses comme ça et partir ! protesta-t-il violemment alors qu'elle se relevait, fermant les yeux à la recherche de sa magie.

- Si, je peux et je vais.

- NON ! cria-t-il cette fois.

- Henry …

- Non ! Tu peux pas dire ça … Tu peux pas faire ça à maman !

- Comment ça gamin ?

- Tout le monde était heureux sauf elle ! Quand tu es partie elle était misérable ! Et maintenant, maintenant que la fée clochette trouve son âme sœur, tu penses que tu es amoureuse d'elle ?

Il y avait une colère qu'elle n'avait jamais vue sur les traits de l'enfant qui incendia ses entrailles. Il savait comprit-elle. A sa manière, il avait du décrypter leurs petits manèges depuis longtemps. Elle avait envie de lui rire au nez. S'il avait été n'importe qui d'autre, elle lui aurait certainement avoué que Regina et elle, s'envoyaient en l'air bien avant que la fée clochette ne décide d'agiter sa baguette et qu'elle avait été au courant de ses sentiments bien avant encore …

Mais c'était Henry …

- T'as raison, lâcha-t-elle avec hargne. Je ne suis qu'une égoïste. Je mérite de finir ma vie seule et aigrie et ta mère n'a qu'à se marier avec Robin des Bois … Vous ferez une belle famille tous les quatre !

- Emma ! sembla-t-il vouloir la rappeler à l'ordre.

Et il avait beau être son fils et celui de Neal, il ressemblait à Regina à cet instant. Raison de plus pour s'éloigner au plus vite mais sa magie refusa évidemment de répondre à son appel et elle se résolut à ôter ses talons pour prendre le chemin de la porte.

Le battant en bois claqua derrière elle et elle aurait fait demi tour si elle le pouvait quand elle aperçut les deux silhouettes dans l'allée. La propriétaire des lieux marchait vers l'entrée bras croisés sur elle comme si elle avait en vain tenté de se réchauffer malgré la présence de sa supposée âme sœur à quelques centimètres d'elle. Ils avaient été en pleine conversation quand les orbes d'ébène se posèrent sur elle.

- Emma ?

- Non, prévint-elle en les dépassant au pas de course.

- Emma !

Elle ne s'arrêta pas avant d'être de retour chez elle où un Neal à peine conscient de ce qu'il faisait la berça jusqu'au sommeil malgré les larmes qui coulaient.

##

Snow avait privatisé le couvent pour la cérémonie. Elle avait bien tenté de s'approprier la mairie mais ses nombreuses tentatives avaient systématiquement essuyé un refus catégorique.

Alors c'était un peu à l'écart de la ville que le mariage aurait lieu. Pour l'occasion la vieille bâtisse avait été ornée de plus de fleurs qu'elle n'en avait jamais vues, le père de Belle ayant certainement du faire un chiffre d'affaire historique. Emma y était arrivée aux aurores. Pas parce qu'elle avait hâte, non … Parce qu'elle n'avait pratiquement pas trouvé le sommeil la nuit dernière, se réveillant en sueur de plusieurs cauchemars où Henry refusait de lui parler et sa mère de lui confier le petit Léo après avoir découvert la vérité. C'était absurde mais les rêves lui avaient arraché des frissons.

Mais pas autant que celui où Regina s'était levée dans l'assemblée pour interrompre son mariage avec Neal … Elle avait beau savoir que celui-là était encore moins plausible que les autres, il la hantait encore.

La veille elle n'était pas sortie, acceptant à peine la visite de Ruby qui n'avait pu s'empêcher de l'informer du passage de son fils et sa mère adoptive dans la journée au Granny's. Elle avait tout de même été étonnée d'entendre que la sorcière avait eu l'air en colère non seulement après tout le monde mais également après son fils. L'occurrence était assez rare pour être notée. Henry lui avait-il parlé de ses révélations ?

Quoiqu'il se soit passé au 108 Mifflin Street, la Sauveuse n'en avait eu aucun écho. C'était ainsi qu'elle s'était retrouvée le lendemain, postée derrière une grande fenêtre, coincée dans une robe de mariée qu'elle ne voulait pas devenir à observer les voitures se garer et les villageois investir au fur et à mesure les lieux. Vers dix heures sa respiration s'était arrêtée lorsqu'elle avait aperçu la Mercedes se garer sur les places réservées à la famille.

La famille …

Henry en était sorti en premier, bondissant comme si les sièges en cuir avaient été en feu et sans un regard pour sa mère adoptive. Emma aurait voulu être deux étages plus bas pour pouvoir le sermonner mais à la place, elle avait observé l'indifférence résolue avec laquelle Regina avait coupé le moteur. Son cœur eut une ratée lorsque les talons aiguilles firent leur apparition mais aussi beaux soient-ils, son regard n'y resta qu'une fraction de seconde avant de dévorer les jambes dégagées par la robe de cocktail moulante qu'elle portait.

Noire.

Et moulante.

Les cheveux courts avaient été coiffés de leur habituel brushing et le rouge à lèvres fut la seule tâche de couleur qu'elle put apercevoir dans la tenue. C'était certainement ça l'élégance de Regina Mills. Parvenir à faire passer pour acceptable une tenue qui ne l'était pas ... Ajoutez à ça la façon dont elle se tenait déjà comme si la cour du couvent avait été celle de son château, il était inconcevable que qui que ce soit ose lui faire la moindre remarque.

Les yeux clairs s'abimèrent encore quelques secondes sur la fine silhouette qui avait été rejointe par Belle et Gold avant que les trois ne disparaissent en entrant dans la bâtisse.

Des coups frappés sur le battant de la porte que Ruby avait laissée entrouverte en partant quelques minutes tôt la firent faire volte face.

- Hey, souffla-t-elle rassurée de voir son père entrer dans la pièce.

Pour l'occasion, il avait revêtu un costume qu'Emma le soupçonnait d'avoir emprunté à sa garde robe de la forêt enchantée. Bleu et blanc, il ne lui manquait plus qu'une épée à la ceinture pour parfaire l'image du Prince Charmant que Disney lui avait inculquée.

- Hey, répondit-il avec l'air d'être aussi nerveux qu'elle.

- Ça va ? ne put-elle s'empêcher de demander.

- Je … Moi, oui, à peu près. Et toi ?

- A peu près ? releva-t-elle uniquement.

- Tu sais, c'est pas … C'est pas n'importe quoi d'abandonner sa fille aux mains d'un autre …

Un instant quelque chose de mauvais gronda en elle, le fantôme de l'enfant jeté dans un univers inconnu au travers d'une armoire magique … Mais la jeune femme serra les dents pour ne pas répliquer, se contentant d'un sourire crispé. Ses yeux tombèrent sur sa bague de fiançailles dont le plus gros diamant brillait faiblement dans la lumière ambiante. C'était vraiment une belle bague …

Lorsqu'elle reporta son attention sur son père, le Prince Charmant était en train de jouer nerveusement avec son téléphone et elle eut un petit rire.

- Quoi ?

- Ton téléphone. Toi, ton costume … Ça fait un drôle d'effet …

L'étrange culpabilité qu'elle avait vu passer sur ses traits mua en quelque chose de plus léger alors qu'il lui adressait un sourire dont elle avait hérité.

- Emma ? A propos de …

- Non.

- Tu ne sais pas de quoi j'allais parler.

- Si ce n'est pas ce à quoi je pensais, ça peut certainement attendre quelques heures.

- Et si c'est ce à quoi tu penses ?

- Alors ça ne vaut pas la peine d'en discuter.

- Est-ce que tu … Est-ce que tu en as discuté avec quelqu'un d'autre ?

Et par quelqu'un d'autre il voulait certainement parler de Regina mais ce ne fut pas son nom qui sortit de sa bouche.

- Henry, avoua-t-elle d'une voix éteinte.

En face d'elle, David fronça les sourcils et avec un peu plus d'application, elle était sûre qu'elle aurait pu apercevoir les rouages tourner derrière ses yeux clairs.

- Tu sais Henry est un garçon intelligent mais les enfants ne comprennent pas toujours tout ce qu'on leur explique.

Elle n'avait même pas eu le temps de lui expliquer raisonna-t-elle. En revanche son père n'avait pas eu besoin de plus de quelques mots pour la comprendre et à nouveau elle sentit ses entrailles se tordre d'un besoin d'être prise dans ses bras pour quelques secondes de réconfort.

Au lieu de ça, la jeune femme préféra lui tourner le dos pour reporter son attention sur le manège des voitures qui ne cessaient d'arriver. Tout Storybrook serait là pour la voir mentir. Elle ne l'avait pas entendu approcher aussi sursauta-t-elle lorsque David essuya une larme solitaire sur sa joue.

- Si on m'avait dit un jour que j'essaierai d'aider ma fille à trouver sa fin heureuse avec la Méchante Reine …

L'aveu la figea. C'était une chose que son père le sache, mais l'entendre le dire à haute voix brisa quelque chose de supplémentaire en elle pourtant elle n'eut pas le temps de répliquer. La porte de la pièce venait de s'ouvrir et elle sentit son cœur avoir une ratée quand la voix lui parvint.

- David, qu'est-ce que c'est que cette hist…

Irritation et appréhension avait lacé les mots mais une surprise claire avait arrêté la remontrance qui avait été sur le point d'être délivrée. À ses côtés, David étreignit brièvement son avant bras et elle faillit le retenir lorsqu'il s'éloigna pour sortir de la pièce après s'être brièvement arrêté pour murmurer quelque chose à l'oreille de son ancienne ennemie.

Le temps ne reprit pas sa course tout de suite. Regina l'observait en un examen ouvertement admiratif, les yeux sombres glissant à plusieurs reprises le long de sa robe avant de remonter accrocher les siens.

- Non, l'entendit-elle déclarer avec une finalité qui la fit frémir.

- N… Non quoi ?

- Tu … Tu es …

Elle ne la poussa pas à avouer le fond de sa pensée, suivant le mouvement de la langue qui eut le privilège de caresser les lèvres laquées de rouge avant que des dents blanches ne s'y plantent comme pour retenir quelque chose.

- Bien trop belle pour être vraie.

Le compliment la fit rougir. C'était un des nombreux talents que Regina avait.

- La robe te plait ? répondit-elle à côté complètement perturbée par les mots qui l'avait faite sortir de sa zone de confort.

En face d'elle, la brune eut un petit rire comme si elle avait pu deviner l'exacte cause de sa maladresse. Et c'était certainement le cas comprit-elle lorsque le peu d'insécurité qui avait tendu les traits de la sorcière disparut et qu'elle avança pour combler les mètres qui les séparaient.

- Regina … tenta-t-elle de la prévenir lorsqu'une main aux ongles peints de noir s'avança vers elle.

Mais son avertissement fut ignoré et alors qu'elle s'attendait à être attirée à elle, la blonde fut surprise de se sentir pivotée pour faire face au miroir en pied devant lequel elle s'était préparée toute à l'heure.

Neal n'était pas bien plus grand qu'elle, aussi avait-il été décidé qu'elle ne porterait pas de talons trop hauts et les petits escarpins dissimulés sous les jupes de sa robe n'auraient pas pu rivaliser avec ceux qui juchaient encore Regina quelques centimètres au dessus d'elle.

- J'aurais dégagé les épaules, l'entendit-elle déclarer en un murmure comme une couturière.

Sauf qu'une couturière ne se serait pas tenue aussi près qu'elle.

Emma eut un hoquet lorsqu'un ongle courut de la courbe de son cou jusqu'à son épaule, une magie brûlante faisant disparaître le tissu pour remplacer le haut de sa robe par un bustier.

- Hey, je …

- Et mis en valeur cette taille, continua l'autre comme si elle n'avait pas tenté de protester.

Cette fois, si sa respiration fut coupée, ce fut autant à cause des mains qui cascadèrent le long de ses flancs qu'à cause de la force invisible avec laquelle le tissu se resserra autour d'elle pour épouser ses formes à la perfection.

Mais la sorcière ne s'arrêta pas là, des doigts jouant avec le tissu de sa robe à mesure qu'ils remontaient pour finir par aller s'enterrer dans le chignon que Ruby lui avait fait. Les mèches blondes furent immédiatement libérées par une magie bien familière avant d'être soigneusement déposées sur l'une de ses épaules.

Un instant elle croisa le regard sombre dans le miroir avant qu'il ne dérive sur sa silhouette en une admiration non dissimulée. L'examen minutieux parvint même à arracher un grondement à la brune qui finit dans son cou où Emma la sentit faire courir ses lèvres.

- Gina ...

Le diminutif lui avait échappé en un quasi gémissement et ses genoux flanchèrent lorsqu'une langue brûlante caressa un point juste en dessous de son oreille. Le bras passé autour de sa taille resserra son étreinte et le regard qu'elle retrouva au travers de la surface glacée finit de lui couper le souffle. Les iris d'ébène lui donnaient l'impression d'être plus clairs que d'habitude malgré le désir évident qui y brillait mais il y avait autre chose ... Autre chose d'incertain au fond des pupilles dilatées qui avaient l'air d'attendre une réponse à la question qu'elle posa tout haut l'instant d'après.

- Ce que tu m'as dit l'autre jour ... Ce que tu as dit à ton père, est-ce que c'est vrai ?

- Henry ne ...

- Je me fiche d'Henry, Emma, réponds-moi.

Les mots si inhabituels la firent froncer les sourcils. Était-ce le fantôme d'une vie passée en tant que Méchante Reine qui venait de parler ou le désir de faire fi du caprice de leurs fils ?

- Em-ma ...

- Oui, finit-elle par répondre tout même. Oui, c'était vrai mais Henry ...

- Henry a peur, fut-elle à nouveau coupée. Il a vu ce que j'étais devenue après ton départ ... Ce n'est qu'un enfant, comment veux-tu qu'il comprenne ce que nous avons mis des mois à accepter ?

- A accepter ? répéta-t-elle seulement.

Son cœur venait de s'emballer et le sourire auquel elle eut le droit fit éclater une bulle de bonheur dans sa poitrine.

- Et Robin ? se rappela-t-elle soudain avec horreur.

- Je … Il ne t'arrivera jamais à la cheville et je ne remplacerai jamais la mère de Rolland.

- Mais c'est ton âme soeur ...

- Parce qu'une fée sans ailes l'a décrété ? J'étais perdue et elle a jugé bon d'apporter une aide dont je ne voulais pas. Je sais ce que je ressens Emma ... Et si ce que tu as dit est vrai alors je n'ai pas le droit de te laisser devenir la femme de quelqu'un d'autre.

La femme de quelqu'un d'autre ... Qu'est-ce que ça voulait dire ? Qu'elle préférait qu'elle devienne sa femme ?

- Qu'est-ce qui a changé ? voulut-elle tout de même savoir. L'autre jour ... L'autre jour à la fête tu n'avais pas l'air de vouloir de moi et ... Est-ce que tu ... Est-ce que tu comptais interrompre le mariage ?

L'idée dévoila des dents blanches en un sourire qui serra son estomac.

- Je ne sais pas, lui répondit-elle pourtant sans assurance. Je croyais que tu ne voudrais jamais que ça se sache et puis il y a eut Ruby, ton père, Henry ... Et maintenant je te vois dans cette robe et je réalise qu'il est hors de question que cet incapable te voit rejoindre l'autel.

L'insulte dirigée à l'encontre de Neal la fit sourire mais Regina n'avait pas l'air d'y voir la moindre plaisanterie réalisa-t-elle lorsqu'elle enchaîna.

- Tout ce temps qu'il m'a volé Emma ... Tout ce temps où tu aurais pu être avec moi ... À moi. Je le hais tellement ... Plus que Snow maintenant. Je pourrais le tuer mon amour ...

- Je sais, répondit-elle simplement, ébahie par le surnom.

Parce qu'au fond d'elle, elle savait que la Méchante Reine n'avait jamais disparu et qu'aujourd'hui encore, rien ne l'arrêterait si elle décidait que quelque chose devait se passer comme elle l'entendait.

- Emma, tu dois réaliser que ça ne fait pas de moi quelqu'un de bien ... Je ne suis pas quelqu'un de bien.

- Non, l'arrêta-t-elle.

Il y avait une surprise paniquée dans les orbes sombres qu'elle se retourna pour pouvoir observer sans l'intermédiaire du miroir. D'aussi près, elle pouvait voir son cœur battre dans les pupilles encore dilatées.

- Si tu ... Si tu éprouves la même chose que moi alors j'appelle pas ça ne pas être quelqu'un de bien ... J'appelle ça être prête à tout pour avoir ce qu'on désire et c'est un courage que jusque là je n'ai pas eu, mais ...

- Mais ? la poussa l'autre après quelques secondes de silence.

- Mais si tu n'éprouves pas la même chose ... Je ... Je préfère encore me marier à un homme que je n'aime pas que me rendre compte que tu ne veux pas de moi comme je veux de t...

Ses explications timides furent coupées par les lèvres qui vinrent sceller les siennes. Et elle n'avait pas besoin d'aveu comprit-elle. Pas quand la brune se lovait contre elle avec un soupir de soulagement. Pas quand leur baiser ressemblait à une réunion après des années de séparation. Des ongles soigneusement manucurés allèrent caresser la base de sa nuque et le gémissement qui lui échappa sembla réveiller la brune.

- Emma ...

Mais la sorcière avait beau eut essayer de mettre un tant soit peu de distance entre elles, la blonde la combla immédiatement. Et cette fois, aucune douceur dans le baiser qu'elle imposa mais lui fut rendu presque aussitôt. Regina ne pouvait pas s'attendre à venir dans cette pièce, jouer ainsi avec elle, la regarder, lui parler et la toucher comme ça sans qu'elle réagisse ...

Elle ne contrôlait plus son corps lorsque ses jambes se mirent en marche pour forcer son amante à reculer à la recherche d'une surface où la plaquer. Il fallait qu'elle la sente entièrement contre elle, sous elle, en elle et le désir que la sorcière n'avait jamais réellement satisfait l'autre soir revenait au galop, palpitant sous sa langue et entre ses jambes.

Elle ne prit pas gare aux avertissements que l'autre tentait de lui donner et son enthousiasme finit par faire capituler la brune dont seules les deux mains qui s'accrochaient désespérément à elle semblaient encore l'arrimer sur terre.

- Emma ?

Cette fois ce n'était pas Regina qui venait de prononcer son nom et elles se raidirent toutes les deux sur le coup de la surprise.

- C'est ... C'est Regina ?

L'intéressée émit un grondement qui ne laissait rien présager de bon, certainement incapable de lire toutes les insinuations qui s'étaient cachées dans la façon dont Neal avait lâché son prénom.

- Oui, répondit-elle donc prudemment pour interrompre le duel de regards qui avait lieu.

L'affirmation ne provoqua pas la réaction escomptée, le jeune homme émettant un rire désabusé auquel elle ne s'était strictement pas attendue. A ses côtés elle pouvait sentir la magie de la sorcière crépiter furieusement et les yeux d'ébène se reportèrent sur elle avec surprise lorsqu'elle glissa une main dans la sienne.

- Qu'est-ce qui te fais rire ? voulut-elle tout de même savoir.

- Toi. Moi ... Quand je pense ... Quand je pense que l'autre jour, je suis allé voir Hook pour savoir si c'était lui ...

À la mention du pirate, la Reine ne parvint manifestement pas à retenir un reniflement moqueur.

- Je me suis foutu de sa gueule quand il m'a dit que c'était certainement elle.

- Elle, a un nom, Cassidy, intervint la brune qui était restée silencieuse.

Emma la connaissait assez bien pour savoir qu'elle s'empêchait d'en dire plus et que son fiancé n'aurait pas tenu une minute face au courroux qu'elle était capable d'abattre sur lui.

- Regina, sembla-t-il pourtant confirmer avec un hochement de tête. Et est-ce que ... Est-ce que ça sera toujours comme ça ? J'aurais le droit à la bague et vous à ma femme ?

- Non.

- Non ?

- Oubliez-ça, Emma ne deviendra jamais votre femme.

- Ah bon ? Et qu'est-ce que vous allez faire pour l'en empêcher ?

Il y avait quelque chose qu'elle n'avait jamais vu au fond des yeux du jeune homme. Une arrogance qu'il tenait sans nul doute de son père et qui fit se resserrer les doigts de la sorcière autour de sa paume. C'était sûrement le moment où elle aurait du intervenir, lui expliquer que Regina n'avait rien à faire pour lui ôter l'envie de devenir sa femme. Il suffisait qu'elle existe pour lui servir de rappel quotidien que rien ni personne ne pourrait jamais l'égaler.

- Vous seriez étonné de ce que je suis capable de faire Cassidy.

- Étonné ? Nan, rien ne m'étonne de la part de la Méchante Reine. Ce que j'aimerais bien savoir en revanche c'est si elle compte se foutre de ma gueule encore longtemps ?

- N...

- Pardon ?! fut-elle coupée par celle qui s'était soudain écartée d'elle et avait fait un pas en direction de l'autre.

La main qui l'avait lâchée s'était crispée pour y faire naître une boule de feu et il était clair que la sorcière se retenait de la lancer. Pourtant Neal n'avait toujours pas l'air de la prendre au sérieux, un petit sourire sur ses lèvres.

- Ah pour faire des menaces vous êtes toujours présente hein ? Où est-ce que vous étiez quand elle rentrait chez nous en pleurs ? Elle était tellement misérable ici qu'elle a du fuir à l'autre bout du pays !

La pointe de honte qui avait embrasé ses joues fut presque aussitôt remplacée par un sentiment beaucoup plus diffus qui irradiait dans son ventre. Neal n'était pas en colère à tort et ses mots bien que risqués étaient la preuve que quoi qu'il ait éprouvé pour elle était bien réel. D'ailleurs, ils avaient momentanément rendue Regina muette.

- Ça n'arrivera plus, finit-elle pourtant par reconnaître.

Et si la boule de feu avait soudain été soufflée dans le creux du poing qu'elle avait fermé avec résignation, Emma aurait juré la sentir réapparaître dans sa poitrine. Qu'est-ce que ça voulait dire exactement ? Qu'elle comptait s'employer à s'assurer de son bonheur ou que tout ça n'aurait plus l'occasion de se reproduire parce que tout était fini ?

- J'y crois pas, répondit son fiancé.

- Et malheureusement pour vous, vous n'êtes pas la personne que j'ai besoin de convaincre. Vous pouvez sortir Monsieur Cassidy.

Mais le congé qu'elle venait de lui donner ne fut accueilli que d'un rire amer.

- Et quoi ? Vous laissez vous envoyer en l'air avec ma femme avant de la lâcher pour qu'elle vienne me dire oui par défaut ?

- Regina non !

Elle avait su que Neal flirtait avec le point de non retour depuis quelques secondes encore mais elle fut soulagée de ne pas voir réapparaître la moindre trace de magie lorsque son avertissement fut ignoré. Cela n'empêcha pas la brune de se précipiter sur le fils du Ténébreux pour empoigner le col de la veste de son costard. Un instant son cœur battit un peu plus fort et elle eut honte de comprendre que la vision avait ravivé un peu du désir qu'elle avait senti naître en elle plus tôt.

- Regina, stop, se sentit-elle obligée d'intervenir. On aurait pas du être en train de faire ça, c'était ma faute, c'est m...

- Non, fut-elle interrompue d'une voix sans appel.

Pourtant la brune n'avait même pas daigné lui accorder un regard, le sien résolument fixé sur Neal avec un feu dévorant qui menaçait de tout embraser sur son passage.

- Je n'aime pas me répéter Neal et je vous ai demandé de sortir de cette pièce. Je vous demanderai bien de sortir de la vie d'Emma mais je préfère encore que vous y restiez assez longtemps pour réaliser à quoi ressemble votre ex-fiancée lorsque quelqu'un la rend véritablement heureuse ...

C'était du Regina tout craché mais par dessous les mots acerbes, la déclaration aurait pu faire fondre ses entrailles sur lesquelles elle resserra un bras tremblant. Elle avait beau être leur sujet de conversation, elle avait du mal à se sentir à sa place au milieu de la pièce où elle était encore drapée dans sa robe de mariée.

- Vous ? Vous avez l'intention de la rendre heureuse ? se moquait l'autre. Vous n'êtes même pas cap...

- Ça suffit ! explosa-t-elle à son tour.

À son éclat s'était rajouté la force d'une magie que la brune encaissa avec une simple grimace sans rien faire pour empêcher Neal d'aller s'écraser contre une armoire en bois. La Sauveuse qu'elle était dut faire l'effort de rester clouée sur place pour s'empêcher d'aller vérifier que son fiancé n'était pas blessé mais l'intéressé se relevait déjà avec un air froissé.

- Emma ...

Il avait prononcé son nom comme on prononcerait celui d'un enfant dont on est déçu, parvenant à insuffler assez de culpabilité en elle pour qu'elle fasse un pas en arrière.

- Désolée, s'excusa-t-elle par réflexe.

- Em, je ... Est-ce que c'est ... Est-ce que c'est elle ? Vraiment ... Elle ?

Dans son coin, la brune eut l'air de se tendre, tournant la tête comme si elle refusait de les voir interagir et Emma en profita pour répondre d'un simple hochement de tête. Bien sûr que c'était Elle ... En face, le fils du Ténébreux pinça ses lèvres comme pour se retenir d'exprimer son désaccord et elle fut reconnaissante du simple sourire qu'il parvint finalement à lui adresser.

- Ce que je t'ai dit l'autre jour, reprit-il pourtant. Ça tient toujours, ok ? Si tu veux ...

" Moi, ça me suffit " avait-il dit. Il était son échappatoire, son plan de secours et acceptait de le rester sans contrepartie. Avait-il compris qu'elle le trompait depuis des mois ? L'avait-il toujours su ? L'éventualité la fit frissonner, resserrant ses bras autour de son torse. Elle se sentait frêle malgré les muscles tendus sous sa peau et la soudaine impression de vulnérabilité la fit tourner les talons, son regard traversant la seule fenêtre de la pièce pour tomber sur le parking empli de voitures.

- Laisse-nous, s'entendit-elle demander d'une voix qu'elle ne reconnut pas.

Il y eut un moment d'hésitation derrière elle. Elle n'avait pas précisé à qui elle s'adressait mais elle savait que Regina refuserait de partir. Elle ne fut donc pas surprise d'entendre les pas de Neal se rapprocher de la porte.

- Em ?

L'intéressée fit l'effort de lui adresser un regard par dessus l'épaule. Il y avait quelque chose qui ressemblait à de la résignation dans les yeux de son fiancé mais son sourire était honnête lorsqu'il parla.

- La robe est très belle ... Tu es très belle.

Les remerciements restèrent bloqués dans sa gorge quelque part entre un sanglot et un éclat de rire qu'elle étrangla derrière ses dents en un sourire maladroit avant de retourner son regard sur le patch-work des voitures bariolées. Il lui sembla qu'une éternité complète s'était écoulée avant qu'elle n'entende le bruit des talons aiguilles sur le sol en bois. Un soupir s'échappa malgré elle lorsque le corps de la brune vint épouser le sien, un bras enroulé autour de sa taille et par dessus ceux qu'elle serrait étroitement sur elle.

- Merci, finit-elle par murmurer.

Dans son dos la sorcière ne répondit pas tout de suite, préférant apparemment enterrer son nez dans les mèches blondes près de sa tempe.

- De ne pas lui avoir fait de mal, rajouta-t-elle donc.

- J'allais Emma. J'allais le faire ...

Ensemble elles observèrent en silence une énième berline se garer au fond du parking et le couple qui en sortit en se pressant aurait pu la faire rire. La femme avait l'air d'être en train de sermonner celui qui la suivait de près en tenant maladroitement de nouer sa cravate et la Sauveuse eut un frisson.

- Tu as froid ? s'inquiéta son amante en passant déjà une main sur le haut de ses bras où sa magie sema une traînée de feu.

- Non, je ... Tout ces gens ... Comment ...

- Apparemment David est prêt à transformer tout ça en un renouvellement de ses vœux de mariage avec Snow si tu me dis oui ...

- Oui à quoi ?

Son cœur battait la chamade dans sa poitrine et elle était sûre que d'aussi près Regina pouvait le sentir elle aussi mais la brune ne fit rien pour le calmer. Heureusement pour elle, elle était prisonnière entre la grande fenêtre et le corps de son amante lorsque les lèvres pulpeuses se posèrent sous son oreille en un long baiser qui manqua la faire s'écrouler aussi chaste soit-il.

- Est-ce que je peux te rendre heureuse Emma ?

C'était ça la question ? se demanda-t-elle incrédule au point qu'elle fasse volte face pour affronter le regard de l'autre. Il fallait qu'elle puisse voir Regina, plonger sans regard dans le sien pour ce qui allait suivre.

- Est-ce que je peux te rendre heureuse ? lui renvoya-t-elle donc la question.

- Bien sûr ! fut la réponse aussi rapide que sincère.

Les perles sombres brillaient d'une vérité que la sorcière semblait décidée à ne plus cacher et elle ne mit qu'un instant à se décider avant de fondre sur les lèvres qui lui souriaient. Le baiser avait une force désespérée que Regina parvint à apaiser doucement mais sûrement les mains arrimées de chaque côté de son visage.

- Qu'est-ce que tu veux Emma ? murmura-t-elle contre elle d'une voix rauque d'émotions.

Et comme si elle avait su que la question risquait de la ramener à une dure réalité, la brune n'attendit pas sa réponse pour réinvestir sa bouche. La langue qui caressa la sienne la fit gémir, dépliant enfin ses bras pour aller entourer le corps qui profita du nouvel espace pour se lover contre le sien.

- Toi ... Nous.

Les deux mots qu'elle avait réussi à murmurer firent gronder la brune. Une vibration qu'elle sentit jusqu'en elle réchauffer la matière presque tangible de son âme. Une chose au moins était sûre, Regina et elle n'auraient jamais à s'inquiéter de l'effet qu'elles avaient l'une sur l'autre ... Non, le problème était tout autre ...

- Henry, se souvint-elle à voix haute.

Cette fois le prénom de leur fils fit gronder la brune pour une toute autre raison avant qu'elle ne s'arrache à elle avec un soupir résigné.

- Emma, il a tant à perdre ... C'est normal qu'il ait réagi comme ça ... Je sais que tu n'as pas l'habitude que sa colère soit dirigée contre toi mais je t'assure que ça passera.

- Et si ça ne marche pas ? Nous ? paniqua-t-elle à nouveau.

- Emma ... Emma, je t'aime.

- Je ...

- Je ne sais pas quand c'est arrivé, comment c'est arrivé mais je t'aime ... Il n'y a qu'une seule autre personne sur terre qui a le droit d'entendre ces mots et tout ce que je suis prête à faire pour lui ? Je le ferais pour toi aussi ... Alors ce n'est pas possible ... Ça ne peut pas ne pas marcher mon amour ...

Elle pleurait, réalisa-t-elle lorsqu'un pouce alla essuyer une larme qui avait coulé sur sa joue.

- J'aime bien quand tu m'appelles comme ça ...

- Et je déteste te voir pleurer.

- C'est ... C'est des larmes de bonheur.

- Hum hum ...

- Regina qu'est-ce qu'on va faire ? Je ne peux pas ... Je sais pas si je peux ... Si je ...

- Tu as envie de fuir ? sembla deviner l'autre.

- Oui ...

- Qui ?

- Tout le monde ...

- Moi ?

- Non ! s'insurgea-t-elle presque heureuse de pouvoir chasser l'ombre qui s'était déjà emparé des traits de la femme qu'elle aimait.

Par réflexe, ses lèvres allèrent trouver une des mains qui soutenaient son visage mais le baiser qu'elle y déposa ne suffit pas à distraire la brune. Elle pouvait presque voir les rouages tourner derrière les yeux dont l'intelligence ne cesserait jamais de l'émerveiller.

- Tu te rappelles de ce que ta mère a annoncé l'autre soir ? A propos de la forêt enchantée ?

- O... Oui ?

- Ce devait être ton père mais quelqu'un doit s'y rendre pour tout finaliser là bas ... S'assurer que la forêt est sans danger, ré-instaurer le pouvoir au Palais et reconstruire des villes, des infrastructures ... C'est un travail de longue haleine mais après tout je suppose que c'est aussi ton héritage ...

- Tu veux m'envoyer dans la forêt enchantée ? chercha-t-elle à comprendre.

- Ne sois pas ridicule Emma, tu ne survivrais pas une semaine toute seule là bas ...

- Hey, je s...

- Est-ce que j'aurais le droit de venir ?

La voix les fit sursauter toutes les deux mais là où elle s'était apprêtée à bondir en dehors des bras de son amante, Regina se contenta de passer un des siens autour de sa taille pour sécuriser son embrasse. Leur fils avait l'air si jeune et si grand à la fois constata-t-elle en observant sa silhouette adossée au mur à côté de la porte qu'elle n'avait pas entendu s'ouvrir. Depuis combien de temps était-il là ? Qu'avait-il entendu ? Vu ?

- Henry, nous ...

- Vous voulez former une famille ? coupa-t-il sa mère adoptive. Vous voulez que je croies que vous deux c'est possible ? Alors arrêtez de me mentir, montrez-moi quelle famille vous êtes sans moi !

- Henry ! Il n'y pas de famille sans toi, se défendit la blonde malgré tout le mal que cela lui faisait de l'avouer.

- Ah bon ? Alors pourquoi est-ce que je n'étais pas au courant ? Si vous vous aimez vraiment, si vous avez pas l'intention de tout détruire, pourquoi est-ce que vous faisiez croire à tout le monde que c'était papa que tu allais épouser ?!

- Parce que j'ai peur ! éclata-t-elle pour la deuxième fois en si peu de temps.

Mais cette fois la magie qui échappa à son contrôle fut maîtrisée par la sorcière à ses côtés, la force mystique annihilée d'un mouvement du poignet désinvolte avant qu'elle ne puisse causer le moindre dégât. La blonde mit quelques secondes encore avant de s'autoriser à se dégager de l'emprise de son amante pour faire quelques pas et aller s'agenouiller en un froufrou de soie blanche devant son fils. D'aussi près, elle pouvait discerner des larmes qui n'avaient pas coulées dans les yeux d'Henry, la preuve qu'il avait certainement dut en entendre plus que ce qu'il aurait du ...

- J'avais peur, reprit-elle plus bas. Ta mère et toi ... Vous êtes tellement importants et je ... Parfois même quand on aime quelqu'un de toutes nos forces ça ne suffit pas pour que tout aille bien et ... euh ... Avec ta mère on peut pas dire que ce soit aussi facile qu'entre tes grands parents, tu vois ?

- Mais Maman a dit qu'elle t'aimait autant que moi ! Et elle m'aime pour la vie !

Donc il était là pour entendre ça ... L'innocence la fit sourire mais un regard en arrière où Regina était restée postée, les bras croisés et une expression illisible sur le visage la fit avaler nerveusement sa salive.

- Tu dois y croire si je tu veux que j'y croies 'Ma ... Si tu fais du mal à Maman c'est moi qui t'aimerai plus.

La menace brisa quelque chose dans sa poitrine mais l'instant d'après une main rassurante se posait déjà sur son épaule.

- Henry ... Tu te rappelles de ce qu'il s'est passé quand tu as découvert la malédiction ? Tu te rappelles de tout ce mal que je t'ai fait, qu'on s'est fait ? Je t'aimais Henry ... Plus que tout. Et pourtant je t'ai fait plus de mal que quiconque avant, n'est-ce pas ?

L'intéressé avait les yeux à nouveau emplis de larmes mais Emma se retint de le prendre dans ses bras. Ces moments avaient été aussi terribles pour lui que pour Regina et si aujourd'hui elle les lui rappelait, elle devait certainement avoir ses raisons.

- ... Aimer quelqu'un c'est lui donner le pouvoir de nous faire très mal Henry. Alors bien sûr qu'Emma me fera mal ... Et ne t'inquiète pas, je lui ferai aussi mal qu'elle ... Elle est tout aussi douée en amour que moi alors oui, on fera des erreurs ...

- Hey ! s'insurgea-t-elle avec un regard accusateur levé vers celle qui lui accorda un bref sourire en coin.

- ... Mais le principal Henry c'est de dépasser nos erreurs, n'est-ce pas ? Comme nous avons dépassé les nôtres ...

- Et si Emma et toi n'êtes pas assez fortes pour les dépasser ?

- Et bien gamin, il te restera plus qu'à trouver le nom d'une nouvelle Opération Cobra pour qu'on se réconcilie, intervint la blonde.

Le souvenir de leurs premières complicités arracha un sourire à leur fils. Ils pouvaient faire ça. Elles pouvaient faire ça, se répéta-t-elle alors qu'il lui adressait un signe de tête positif.

- Mais du coup vous ne pouvez pas partir dans la forêt enchantée sans moi !

L'exclamation provoqua un petit rire chez la brune. Le genre qu'elle accordait uniquement à Henry en un mélange d'exaspération et de fierté.

- Tu nous laisses en discuter une minute ? Et puis quelqu'un devrait certainement prévenir ton grand-père gamin, tu te sens faire ça ?

Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il se jette sur elle l'instant d'après et elle serait certainement tombée à la renverse si Regina ne l'avait pas retenue d'une main toujours posée sur son épaule. Pourtant à peine un bras passé autour d'elle, Henry se dégageait déjà pour bondir en dehors de la pièce en proie à une excitation enfantine. La porte qui claqua derrière lui la fit sursauter mais elle resta un long moment immobile.

- Emma ... Ça va ?

- Je ... Oui ?

La main qui était restée sur son épaule descendit de quelques centimètres, juste assez pour l'inciter à se relever et affronter le regard inquisiteur de la brune.

- Alors ? Est-ce qu'il va venir avec nous ? demanda-t-elle pour se distraire des perles hypnotisantes.

- Évidemment qu'il vient, à qui je vais le laisser, ta mère ?

Le vieux dédain qui avait été infusé dans le dernier mot la fit rire ouvertement, ôtant un poids qu'elle avait porté sur ses épaules les dernières heures.

- Non, bien sûr, elle sera sûrement très occupée à revivre ses noces ...

Sa remarque tendit les traits de la brune en une brève grimace avant qu'elle ne se rapproche d'elle à l'en effleurer. Mais le baiser qu'elle attendait ne vint jamais.

- Je t'ai dit quelque chose toute à l'heure, commença la sorcière à la place, d'une voix basse qui n'avait plus rien à voir avec celle qu'elle avait employée un peu plus tôt.

- Ah oui ?

- Tu ne m'as pas répondu ...

Elle n'eut pas le temps de froncer les sourcils, son esprit lui rejouant presque aussitôt les trois mots que Regina lui avait avoué à deux reprises ... Je t'aime. Et elle ne lui avait pas répondu ... Mais ce n'était pas comme si la mère adoptive de son fils n'était pas déjà au courant, non ?

- Ça te fait rire ? continua l'intéressée en une menace qui n'en était pas une.

- Un peu, avoua-t-elle.

Son sourire en coin ne survécu pas plus longtemps, attaqué par les lèvres pulpeuses pour un baiser qui la fit un peu plus fondre contre celle qu'elle aimait. La main impatiente qui se faufila entre elles la fit frissonner lorsqu'elle coupa un sein et la protestation qu'elle allait émettre se transforma en hoquet indigné.

- Hey ! Qu'est-ce que ... Je croyais que tu aimais la robe, se plaignit-elle avec un regard pour le tissu qui venait d'être éventré.

- J'ai changé d'avis, lui répondit la brune le regard fixé sur le décolleté qu'elle creusait pour découvrir la guêpière blanche qu'elle portait avec un porte jarretelles.

- C'est parce que Neal a dit que j'étais belle dedans ?

- Ne sois pas déçue, je te promets que celle que tu porteras pour moi sera encore plus belle ...

Son coeur aurait pu exploser dans sa poitrine mais la sorcière ne sembla pas se rendre compte de ce qu'elle venait de dire, continuant à déchirer le tissu jusqu'à ce qu'il tombe à ses pieds où il se dispersa comme du sable blanc chassé par le vent. Mais la seconde d'après une brume violette l'avait enveloppée et elle eut un petit rire en remarquant le blouson en cuir rouge qui venait d'apparaître sur elle.

- Tu as oublié le débardeur et le jean qui vont avec, se moqua-t-elle.

- Non.

Les perles d'ébène remontèrent enfin vers elle et le désir qu'elle y vit assécha sa bouche. Regina avait la respiration rapide et la mâchoire serrée qu'elle lui avait souvent vue lorsqu'elle se retenait de lui sauter dessus et si d'habitude l'occurence arrivait surtout en public, elles étaient seules pour l'instant.

- Henry ? devina-t-elle en haussant un sourcil.

- Il sera là dans quelques minutes.

Elle n'en doutait pas. Le gamin ne leur faisait certainement pas assez confiance pour les laisser seules trop longtemps par peur qu'elles s'en aillent sans lui mais en face d'elle la sorcière avait un regard plus brûlant que d'habitude.

- J'ai pas besoin de plus, décida-t-elle.

Ce fut au tour de Regina d'émettre un hoquet de surprise lorsqu'elle se laissa tomber à genou, ignorant la morsure du parquet sur ses bas fragiles. Ses mains remontèrent avec révérence le long des jambes nues et jusque sous le tissu moulant de la robe noire que portait son amante dont la respiration eut une ratée quand elle atteignit le satin de son sous-vêtement. Les yeux rivés dans ceux qui l'observaient avec un mélange de méfiance et de désir, la jeune femme recourba ses doigts pour entraîner avec eux le string jusqu'aux talons aiguilles que portaient encore l'autre.

Un instant leurs regards s'affrontèrent en silence avant que quelque chose ne semble fondre dans celui de la brune qui leva un pieds après l'autre pour lui permettre de retirer complètement le morceau de tissu qu'elle glissa dans la poche de son blouson en cuir.

- Ça fait combien de temps ? murmura-t-elle par peur de briser le moment.

- Trop, lui répondit simplement la sorcière d'une voix plus basse encore que la sienne.

Ses mains remontèrent le chemin qu'elles avaient parcourues en sens inverse et à l'aveugle, un pouce retraça la fente du sexe de son amante avant de s'immobiliser sur la petite boule de nerf qui lui arracha un premier gémissement. Elle avait commencé à y dessiner des petits cercles lorsqu'un bruit de pas dans le couloir derrière elles les firent se tendre toutes les deux en attendant que la cavalcade ait visiblement dépassé la porte.

- Tu devrais t'occuper de ça, conseilla-t-elle.

- M'occuper de q...

La question s'acheva en un gémissement qui la fit sourire dans le sexe où elle avait plongé. Les yeux fermés, elle sentit tout de même la magie de la brune insonoriser la pièce tandis que sa langue descendait plus bas pour recueillir le désir brûlant qu'elle prit une dernière fois le temps d'apprécier.

- Emma !

Le nom avait échappé à la sorcière dont elle entendit vaguement une main aller percuter le mur pour y prendre appui lorsqu'elle la pénétra de deux doigts. Elle n'avait pas le loisir de profiter de son amante comme elle l'aurait voulu. Allongée dans un lit, entièrement nue et à sa merci. Mais elle se contenterait de ça. Des gémissements étouffés et de la respiration qui se coupait en des cris silencieux lorsque ses doigts allaient toucher un point sensible. De la façon dont les doigts enfoncés dans ses cheveux l'encourageaient et la repoussaient sans cesse comme si Regina avait eu peur que le moment se termine.

Mais elle connaissait trop bien la brune pour ne pas gagner ce combat. Il y eut un cri quand ses doigts se recourbèrent pour atteindre l'endroit qui fit trembler son amante dont les parois se resserrent autour d'elle.

- Em ... Mon dieu, Emma, je vais ...

Ce fut elle qui gémit en premier lorsqu'une cuisse alla se caler sur son épaule, les muscles tendus l'étreignant un peu plus pour la maintenir en place. L'instant d'après son nom avait franchi la barrière des lèvres pulpeuses, un plaisir liquide inondant sa bouche, signe que Regina avait du souffrir de leur abstinence bien plus qu'elle ne l'avait laissé présager. La réalisation la fit gronder, ses doigts redoublant leurs efforts alors même que la brune n'avait pas fini son premier orgasme pour la faire basculer dans un deuxième.

Dans ses cheveux, la main l'arracha à son poste pour la forcer à se relever mais elle refusa de s'immobiliser quand elle fut happée dans un baiser où son amante étouffa un cri. Les ongles peints de noir avaient certainement du la griffer jusqu'au sang dans sa nuque, là où ils s'accrochaient comme pour aider leur propriétaire à ne pas s'écrouler.

- Emma s...stop, réclama la voix brisée contre ses lèvres.

- Je t'aime, répondit-elle à côté.

L'aveu fit gémir celle à qui il avait été fait, le corps encore tremblant s'affalant presque contre le sien avec un soulagement évident. Ce n'était pas vraiment comme ça qu'elle avait prévu de le faire mais avec Regina plus rien ne l'étonnait.

- Je t'aime, répéta-t-elle donc avec plus de conviction tandis que l'autre enfouissait son visage dans son cou où elle sentit des lèvres l'effleurer.

- Je vais avoir besoin de l'entendre plus souvent, finit par lui répondre la brune.

- Autant de fois qu'il le faudra Majesté.

Le titre fit frissonner la femme qu'elle tenait encore étroitement dans ses bras et elle eut une moue quand elle fut forcée à la laisser s'écarter d'elle un tant soit peu. Combien de temps s'était-il écoulé depuis qu'Henry était parti prévenir David ? En face d'elle, les perles d'ébène n'avaient pas l'air de s'en soucier, la dévorant comme une proie sur laquelle on s'apprête à fondre.

Et elle se sentait bien victime de la main qui quitta sa nuque pour tomber dans son décolleté où les ongles re-dessinèrent la courbe de sa guêpière avant de continuer leur course sur son ventre et entre ses jambes.

- Regina ...

Mais l'avertissement fut ignoré, deux doigts écartant le tissu pour caresser ses lèvres trempées avant de plonger profondément en elle. Emma avait déjà décidé qu'elle se laisserait faire quand ils lui furent retirés, la laissant tremblante alors que la brune s'éloignait d'un pas. Le souffle court et le ventre tendu de désir, la jeune femme l'observa porter ses doigts à sa bouche pour savourer un goût qui la fit gémir, le regard ancré dans le sien.

Elle était sur le point de protester quand plusieurs coups furent frappés à la porte et si elle avait violemment sursauté, Regina ne fit que lui adresser un sourire en coin.

- 'Man ? Vous êtes toujours là ?

- Oui chéri, une minute, répondit pour elles la plus âgée.

Pour une fois, la présence de leur fils n'était même pas suffisante à faire taire l'envie qu'elle avait de son amante et l'intéressée ne fit rien pour la calmer, se rapprochant encore pour murmurer près de ses lèvres.

- On rentre à la maison Princesse, j'ai un château à te faire découvrir et des dizaines de chambres dans lesquelles je veux t'entendre crier mon nom.

Ce n'était pas Regina qui avait parlé. Les yeux encore aussi brillants de plaisir qu'ils étaient noirs de désir. La sorcière qui se tenait face à elle avait déjà retrouvé les facettes hypnotiques de la femme qu'elle avait été en quittant la forêt enchantée. Le sourire complice qui lui fut adressé avait quelque chose de carnassier qui la fit frissonner mais la brune se détournait déjà pour aller ouvrir la porte à leur fils tandis qu'un nuage de fumée violette l'habillait de nouveaux vêtements.

- Alors ? On y va ? entendit-elle Henry s'assurer.

- Dès que ta mère sera remise de ses émotions.

La pique la fit sourire. C'était la première fois qu'elle se sentait aussi légère à l'idée de fuir. Peut être parce que pour la première fois, elle avait trouvé des gens avec qui fuir ... La Méchante Reine et leur fils ... C'était loin de ressembler à la famille dont elle avait rêvé plus jeune mais elle réalisait à présent qu'elle ne les aurait échangés pour rien au monde.

Ils étaient à elle.

Ils étaient parfaits.

- Je suis là !


Bon ça va, pas trop déçus ?! ;) Promis, promis, promis, si celui là vous plait je me dépêche de réécrire la dernière scène de celui qui se passe à Poudlard !