Avec "un peu" de retard mais il est là, mon OS à Poudlard ! ;) Il est immmmmmense ( & j'aurais pu le poster en plusieurs chapitres pour avoir plus de commentaires mais c'est cadeau ! ) Les fans remarqueront que j'ai adapté plusieurs aspects de l'univers pour coïncider avec mon scénario mais j'espère que ce que j'en ai fait vous plaira ...

& pour celles/ceux qui ne sont pas fan de cet univers & ont peur que ce soit le cas, non, ce n'est pas parce que ça se passe dans une école que l'histoire est "nian-nian", elle est de la même trempe que toutes mes autres fics.

Prenez votre temps & enjoy ( je l'espère ! ) Bonne lecture my dears !

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The Brightest Witch of her Age

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Résumé : Septième et dernière année à Poudlard. Derniers matchs de Quidditch, dernière chance de gagner la coupe des quatre maisons et dernière chance d'avouer à Mills ce qu'elle ressent vraiment pour elle ... Mais pendant l'été, quelque chose semble avoir changé chez la jeune prodige des Serpentard et Emma est bien décidée à mener l'enquête.

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La fin des vacances d'été avait toujours apporté un étrange mélange d'excitation et de nostalgie chez la jeune sorcière qui regardait le paysage défiler au travers de la vitre du train. Avant de découvrir qu'elle était destinée à étudier à Poudlard, Emma avait détesté l'école, séchant les cours à la moindre occasion même si cela signifiait souvent être sévèrement punie par sa famille d'accueil. Aujourd'hui si Ruby et sa grand-mère ne lui avaient pas ouvert les portes du cottage qu'elles possédaient à dix minutes en balais de toute civilisation, la blonde aurait peut-être même demandé à la Directrice de Poudlard de bien vouloir la laisser y vivre pendant les vacances.

Le château lui manquait malgré les escaliers qui continuaient à n'en faire qu'à leur tête, les fantômes lui manquaient ( même Peeves ! ), les cours lui manquaient, les matchs de Quidditch et les soirées passées dans la salle commune près du feu à jouer aux échecs …

- T'es seule ? entendit-elle sa meilleure amie s'étonner en ouvrant la porte de son compartiment.

- J'ai l'air d'être accompagnée ?

- Je sais pas … Je suis allée te chercher dans le wagon des Préfets mais t'y étais pas et comme Mills n'y était pas non plus ...

- Mills n'y est pas ?

Elle avait bien remarqué l'absence de la brune lorsqu'elle était passée devant le wagon où elle aurait du voyager et c'était justement ce qui l'avait poussée à continuer son chemin mais qu'elle n'y soit toujours pas à la moitié du chemin était inquiétant …

- Le train est grand, elle doit traîner avec des Serpentards quelque part, chercha à la rassurer l'autre.

- Certainement, fit-elle semblant d'abandonner la conversation.

Regina et elle avaient une relation compliquée. Et c'était presque un euphémisme. Si elles avaient brièvement sympathisé durant le premier voyage en train qui les avaient menées à Poudlard, leur classement dans deux maisons radicalement opposées les avait tout de suite éloignées. Leurs compétences aussi. Alors qu'elle se découvrait un talent insoupçonné et qu'autour d'elle les Professeurs s'étaient mis à supposer que les parents qui l'avaient abandonnée ne pouvaient-être autre chose de grands sorciers, Regina n'avait jamais douté de ses propres capacités.

Le sang était pur chez les Mills avait-elle appris de ses camarades de classe. Une vieille famille que de savants mariages avaient ancrée un peu partout dans la haute société. Pourtant contrairement à d'autres, la brune ne s'était jamais permis de l'attaquer au sujet de ses origines incertaines, choisissant de critiquer ses manières de garçon manqué, sa fausse modestie et ses bourdes en cours. Malgré cela, elle avait tout de même réussi à lui arracher le titre de Major de promotion trois ans d'affilé avant que Regina ne le reprenne l'année dernière avec plus de trente points d'avance sur elle grâce à une potion qu'elle avait pour sa part magistralement ratée.

Quant au titre de Préfète en chef, il leur avait échappé à toutes les deux au profit d'une Serdaigle. Sûrement à cause de leur propension à causer des esclandres. Mais tant pis, elles conservaient tout de même celui de Préfète et c'était déjà ça ...

- Tu comptes faire quoi à propos d'elle ?

- D'elle qui ? fit-elle mine de pas saisir.

- Mills. C'est ta dernière chance tu sais … Avec elle.

La blonde balaya le sujet d'un haussement d'épaule faussement désintéressé. À Poudlard tout le monde savait depuis deux ans qu'elle préférait les femmes. La faute au Sorcière-Hebdo qui avait publié une photo d'elle accompagnée d'une amourette de vacances. Elle ne s'était pas attendue à ce que son succès au Quidditch fasse d'elle un sujet vendeur mais cela avait été le cas et pour la première fois depuis qu'elle avait fait son entrée à Poudlard, elle se rappelait encore de l'angoisse qui l'avait rongée lorsque les cours avaient repris à l'idée que l'annonce puisse changer quoi que ce soit à la façon dont elle était traitée. Mais ça n'avait pas été le cas.

Bien sûr elle avait eu le droit à quelques plaisanteries et des ragots qui ne lui avaient fait ni chaud ni froid pour la plupart … À l'exception de celui qui circulait à propos d'elle et Regina. Mais l'intéressée ne les avait jamais évoqués, préférant se moquer de toutes les autres conquêtes qu'on lui attribuait injustement. Pourtant elle aurait aimé pouvoir la confronter à ce sujet, lui demander d'expliquer les regards brûlants qu'elle sentait parfois posés sur elle et le fait qu'elle avait systématiquement fait avorter toutes les tentatives de son amie Malicia pour sortir avec elle.

C'était l'année dernière qu'elle avait pleinement pris conscience des sentiments qui l'animaient.

Lorsque la brune n'avait rien fait pour taire les rumeurs de l'annonce d'un prochain mariage. Daniel Colter, un jeune sorcier qu'elle se rappelait avoir croisé dans les couloirs ses deux premières années avant qu'il ne finisse son cursus scolaire. Emma en avait été malade tout un trimestre. C'était Regina qui l'avait étonnement remise dans le droit chemin en critiquant ses notes à la baisse qui ne risquaient plus de lui faire de l'ombre. La pique avait été suffisante à lui faire reprendre les études mais pas assez pour rafler le titre de Major que la brune avait emporté en lui adressant un clin d'œil par-dessus le chaudron de potion de flammes noires qu'elle avait concoctée en un temps record.

- On arrive, l'informa Ruby en la faisant sortir de sa transe.

Au loin, les lumières du château dans la nuit étaient rassurantes mais pas assez pour faire passer le malaise qui dura jusque dans la salle où les Préfets furent tous conviés pour s'entretenir brièvement avec la direction.

- Où est Miss Mills ? demanda d'ailleurs le Professeur McGonagall alors que personne n'avait osé remarquer l'absence à haute voix.

- Personne ne l'a vue dans le train ou à la gare Professeur, entendit-elle le Préfet de Serpentard répondre avec appréhension.

Pourtant la réponse ne suscita qu'une moue agacée chez la sorcière qui reprit place sur une petite estrade pour les dominer. Les yeux délavés se posèrent brièvement sur elle comme pour s'assurer de quelque chose qu'elle ne comprit pas mais Emma détournait déjà le regard pour chercher son camarade.

- Cent points en une semaine, annonça-t-elle le pari.

- Cent-cinquante, renchérit-il.

- Quelle maison ?

- Comment ça quelle maison ? Toutes.

- Ah non moi je parlais juste de Serpentard.

- Non, t'es folle, Mills et Spencer vont se venger !

- Pourquoi ? Je n'enlève jamais de points injustifiés … Deux-cent et si je gagne je viens dans ta chambre.

- Je croyais que tu préférais les femmes Swan ?

La voix basse les fit tous les deux sursauter et Emma dut retenir un petit cri de surprise en découvrant la brune derrière eux. Quand était-elle arrivée ? Les yeux sombres soutinrent quelques secondes les siens avant de se reporter vers l'estrade en faisant semblant d'écouter ce qui était en train d'être dit. Un instant elle resta hébétée, remarquant, subjuguée, que les longues mèches noires avaient disparu, remplacées par une coupe courte qui donnait à sa meilleure ennemie un air d'adulte sévère.

- Je parlais d'échanger sa chambre avec la mienne, il est plus près de la salle de bains des Préfets. Depuis quand t'as coupé tes cheveux ?

- C'est plus que quelques bains qu'il te faudra si tu veux te débarrasser de la crasse que tu traînes en permanence sur toi. Qu'est-ce que mes cheveux ont à voir là dedans ?

- Rien du tout, je trouve que ça te va bien, choisit-elle d'abandonner ce combat.

Sa décision lui valut un petit sourire en coin et elle fut surprise de découvrir une cicatrice sur les lèvres pulpeuses qu'elle avait souvent imaginées sur sa peau.

- Ton maudit chat a fini par tenter une attaque surprise ? ne put-elle s'empêcher de demander.

- Mêle toi de tes af…

- Mills ! Quand on arrive en retard, on a la décence de ne pas interrompre ceux qui étaient à l'heure.

- Sérieux Mills, à se demander pourquoi on s'acharne à te nommer Préfète, railla la blonde.

- Swan, un mot de plus et vous commencerez votre année en retenue.

La remontrance les calma toutes les deux, retombant dans un silence tendu où elles s'échangèrent de simples regards noirs avant de sortir de la salle pour rejoindre le banquet. Son entrée à la table des Gryffondor lui valut quelques signes de mains et regards admiratifs de la part de premières années à qui elle adressa des sourires bienveillants.

De son côté Regina s'était assise droite comme un I aux côtés de la blonde sans qui il était rare de la voir et d'un jeune homme qu'Emma n'avait jamais apprécié. La brune capta son regard, haussant un sourcil narquois à son intention avant qu'elle ne détourne précipitamment son regard. Une scène qui avait déjà du se produire des centaines de fois ces dernières années mais lui laissait toujours un gout amer ...

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Elle avait l'impression d'être de retour depuis des jours et des jours déjà le lendemain matin lorsqu'elle fut abordée en plein petit déjeuner par le Capitaine de l'équipe de Quiditch qui vint s'asseoir à ses côtés.

Kilian était un gardien hors pair même si son obsession pour le sport le rendait parfois insupportable. Cet été il avait décidé de les faire s'entraîner une fois par semaine, forçant l'équipe à tester de nouvelles tactiques de jeu. Même l'attrapeur y avait eu le droit pour améliorer ses esquives et sa rapidité à repérer le vif d'or. En dernière année à Poudlard comme elle, Jones avait décidé de faire de cette saison un modèle pour les générations futures avant son inévitable départ en juin.

- Entraînement ce soir ? proposa-t-il d'ailleurs.

- Sérieux ?

- Sérieux. Demain ça fera deux semaines qu'on a pas fait de match, je veux pas qu'on perdre tout ce qu'on a fait.

- Je sais pas Kilian, répondit-elle en se levant déjà pour tenter de le fuir.

Peine perdue réalisa-t-elle lorsqu'il la suivit dans les escaliers qui menaient au troisième étage où elle avait cours.

- T'as pris défense contre les forces du mal ? s'étonna-t-elle.

- Oui. Alors ? Ce soir ? J'ai réservé le terrain de toute manière.

- Comme si quelqu'un d'autre avait voulu l'avoir …

Il ne répondit pas tout de suite, brièvement distrait par le passage d'une Serpentard qui vint s'asseoir deux bureaux plus loin mais un coup de pied dans son tibia le ramena à la réalité.

- Jalouse Swan ? railla-t-il avec un sourire charmeur qui n'avait aucun effet sur elle.

- Yaura qui ce soir ? préféra-t-elle répondre à côté.

- Pratiquement tout le monde sauf notre attrapeur.

- Pourquoi ?

- Parce que j'ai pas pu me procurer de vif d'or donc ça sert à rien qu'il soit là.

- Et les souafles ? Les cognards ?

- Oui oui ça on en a de vieux, mais le vif d'or tu sais que c'est jamais une mince affaire …

- Cinq points de moins pour Gryffondor ! claqua la voix du Professeur Black lorsqu'elle les dépassa dans le bruissement de velours de sa robe de sorcier.

- Ah non Professeur, c'est totalement inj…

- Swan, le cours n'a même pas commencé, soyez gentille et laissez moi profiter de mes dernières secondes de vacances.

- S'il n'avait pas commencé je vois pas pourquoi parler nous aurait couté dix points ! osa-t-elle se défendre.

En face d'elles les yeux noirs se plissèrent et si elle avait appris à y reconnaître l'amusement plutôt que la colère, la malice qui y brillait n'était absolument pas bon signe.

- Cinq points pour votre insolence, rajouta-t-elle avec un sourire sous les chuchotements indignés de ses camarades de classe. Et levez-vous.

Elle s'exécuta immédiatement, connaissant assez l'ancien auror pour savoir qu'elle pouvait lui ôter des points supplémentaires pour ne pas l'avoir fait assez vite.

- Comme je ne suis pas d'humeur à commencer les cours et que vous êtes volontaire, voilà ce qu'on va faire ... On va faire un peu de place et vous allez nous montrer ce que vous avez fait cet été.

- Pas sûr que ce soit autorisé au moins de dix-huit ans, plaisanta Kilian à ses côtés.

Le regard noir qu'il reçut de sa part et du Professeur le réduisit au silence tandis que la blonde s'avançait vers le devant de la classe, insensible aux regards qui l'observaient. En septième année, les cours étaient mixtes aux quatre maisons mais la vingtaine d'élèves qui avaient choisi cette matière dans leur cursus n'était rien comparé à l'attention qu'elle était habituée à recevoir lors d'un match de Quidditch.

- Il me semble que je vous avais donné des devoirs. Qui a travaillé ses sortilèges informulés ?

La plus grande majorité des mains se leva. Emma avait brièvement lu le chapitre qui y était concerné dans son livre de sixième année, s'entraînant sur quelques sorts faciles avant de s'y désintéresser totalement.

- C'est mieux que ce à quoi je m'attendais, sembla avouer la femme qui désertait son bureau pour aller s'asseoir à celui qu'elle venait de quitter.

Il y eut quelques secondes de silence et des rires dans les rangs des Serpentards lorsqu'elle adressa un regard perdu au Professeur de défense contre les forces du mal.

- Oh … Vous avez besoin d'un adversaire peut-être ? Où avais-je la tête … Qui veut affronter Swan ? Trente points pour le gagnant.

Evidemment personne n'osa se porter volontaire et elle observa, agacée, la plupart des regards se tourner vers un coin de la classe où Regina Mills jouait négligemment avec sa baguette en bois noir. Le regard sombre accrocha le sien comme pour lui demander une permission silencieuse et Emma eut un haussement d'épaules désintéressé.

- Mills, quelle surprise, railla Black.

L'intéressée se leva avec un soupir résigné pour venir se poster en face d'elle au rythme lent du claquement de ses petits talons sur le sol en pierre.

- Allez, allez, je n'ai plus besoin de vous dire de vous saluer, en garde les enfants.

Elles obéirent d'un seul mouvement, habituées au rituel qu'elles avaient souvent accompli l'une contre l'autre. Elle sut qu'elle allait perdre le combat au premier sort d'un violet profond qui manqua percer le bouclier qu'elle avait érigé en catastrophe. Elle ne parvenait même pas à reconnaître les sortilèges qui étaient lancés contre elle, essuyant attaque après attaque de la part de la brune qui agitait sa baguette aussi négligemment que si elle s'en servait pour tourner la page d'un livre.

Le Stupefix qu'elle avait lancé sur sa cible lui fut retourné avec une force brute qui la fit reculer de quelques pas. Rien ne suivit de quelques secondes, Regina l'observant les yeux plissés.

- Le combat n'est pas terminé tant que quelqu'un n'a pas été désarmé, leur rappela Black depuis son poste d'observatrice.

- Bats-toi, ordonna la brune.

- Qu'est-ce que tu crois que je fais ?! J'ai pas passé mon été à réviser moi !

- Moi non plus, ça fait des années que je sais faire ça.

Il était vrai que son adversaire l'avait déjà surprise dans de précédents combats en utilisant des sortilèges informulés mais elle mentait en tentant de lui faire croire qu'elle n'y avait pas travaillé durant l'été. Emma pouvait sentir que sa magie avait changé, la force décuplée, l'intention plus destructrice que jamais. Et elle ne faisait pas le poids réalisa-t-elle avec horreur.

- Arrête de penser aux sorts qu'on t'apprend à l'école, l'entendit-elle lui conseiller à voix basse quand elles se furent rapprochées. Sers toi de la magie qui est en toi, les possibilités sont infinies.

Elle ne répondit pas mais l'Experliarmus qui fusa sur elle fut arrêté par une table qu'elle eut le réflexe de faire léviter sur son chemin. Il y eut plusieurs cris dans la salle lorsque le bois explosa sous la puissance du sortilège mais elle en profita pour commander tous les éclats de bois qui moururent pourtant en un nuage de sciure sur le bouclier de la brune vers qui ils s'étaient dirigés. L'attaque lui valut un petit sourire en coin, comme si son adversaire appréciait que ses conseils soient écoutés.

Et ce fut la dernière occasion qu'elle eut de briller, subissant une série d'attaques plus variées les unes que les autres. Il n'y avait rien de commun dans la magie qui éclatait au centre de la pièce lorsque leurs sorts avaient l'occasion de se croiser. Ce qu'on leur avait appris en cours avait fait place à une autre forme de magie. Instinctive. Et comme un félin sur le point d'attaquer, Emma aperçut les dents blanches de son adversaire avant qu'un jet de lumière rouge ne fracasse la barrière du Protego qu'elle n'eut pas le temps d'ériger à nouveau avant d'être frappée de plein fouet par le sortilège de désarmement.

Le silence qui avait duré durant leur combat plana encore le temps de quelques secondes où elles se dévisagèrent le souffle court avant que les élèves ne se mettent à applaudir. Autour d'elles, la salle était encore un véritable champ de bataille que leur Professeur réarrangeât d'un geste désinvolte.

- Et ça ferait trente points pour Serpentard si vous n'aviez pas utilisé ce dernier sortilège Mills. Pas de magie noire dans ma classe.

La remarque la fit gronder. Ça n'avait pas été qu'une impression ... Juste avant de la désarmer Regina avait utilisé un sortilège impardonnable pour la surprendre. L'intéressée ne parut pas se formaliser de sa brutalité lorsqu'elle s'approcha d'elle pour lui arracher des mains la baguette qu'elle tenait toujours.

- Ça va ? Pas blessée ? s'enquit son camarade lorsqu'elle eut à nouveau échangé les places avec le Professeur Black.

- Uniquement mon ego.

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Elle avait passé le reste de la leçon à faire semblant d'écouter le cours, notant à peine le nom des chapitres qu'ils devaient préparer pour le lendemain avant de s'enfuir de la classe pour rejoindre sa meilleure amie qui n'était pas parvenue à lui arracher la vérité sur son inquiétude durant toute la journée.

Depuis quand Regina pratiquait-elle la magie noire ? Etait-ce un choix ? Une obligation imposée par sa famille ? Devait-elle essayer de lui en parler ? De quel droit ? Et la prendrait-elle au moins au sérieux si elle le tentait ? Les pensées l'avait hantée jusque sur le nimbus 2001 où elle avait fait un piètre match, manquant trois points qu'elle aurait facilement pu prendre et se faisant percuter par un cognard lancé par leur propre batteur.

Elle n'avait même pas attendu que tout le monde sorte des vestiaires pour s'enfuir du terrain en direction du château. Sur le chemin elle avait étonnement croisé l'objet de ses pensées qui lui avait accordé un regard moqueur lorsque ses yeux avaient dérivé sur sa tenue tachée de boue. Elle n'avait même pas pris la peine d'être discrète lorsqu'elle s'était immobilisée pour l'observer continuer son chemin, surprise de la voir prendre la direction de la forêt interdite.

Elle avait attendu longtemps de la voir revenir, jusqu'à ce que ses coéquipiers la rattrapent et qu'elle soit obligée de les suivre dans la salle commune avant de rejoindre l'une des chambres privatives auxquelles les Préfets avaient le droit. Quelque part vers une heure du matin elle s'était endormie toujours postée derrière la fenêtre depuis laquelle elle épiait la lisière de la forêt dont elle n'avait vu sortir personne.

Deux semaines durant elle observa le manège, parvenant parfois à rester éveillée assez longtemps pour voir la brune se frayer un chemin jusqu'au château à la lueur de sa baguette magique. Pourtant le matin elle avait toujours l'air plus reposée qu'elle.

Seule Ruby avait été mise dans la confidence et c'était elle qui l'avait convaincue de suivre l'élève de Serpentard ce soir là. Utilisant un sortilège de désillusion pour se camoufler près de la sortie du château, la jeune femme se mit en marche quelques secondes après la silhouette qu'elle vit en sortir vers minuit.

La filature la mena sur un chemin qu'elle n'avait jamais pris, manquant trébucher à plusieurs reprises avant de s'immobiliser quelques mètres derrière l'autre à l'orée d'une clairière. Son cœur battait la chamade réalisa-t-elle, sa main crispée sur sa fidèle baguette en bois de houx tandis que la brune portait deux doigts à sa bouche pour siffler.

Quelque part dans la forêt un hennissement retentit et si elle pensa d'abord à des licornes, la peur fit place à de l'émerveillement lorsqu'un couple de chevaux ailés lancés au petit trot vint à la rencontre de la silhouette solitaire.

- Doucement, l'entendit-elle réclamer quand ils se furent ébroués à plusieurs reprises.

Leur robe dorée luisait à la pale lueur de la lune, l'écrin si blanc qu'il paraissait presque comme mouillé par endroit, les longues plumes de leurs ailes claquant à chacun de leurs tics nerveux.

- Hey, vous n'avez rien à craindre, fut-elle surprise de la voir les rassurer d'une voix qu'elle ne l'avait jamais entendue prendre.

Comme s'ils avaient pu la comprendre, les équidés émirent un hennissement bas.

- Oh je vois … Non, elle n'oserait pas vous faire de mal. Mais si vous insistez …

Elle avait bien eu l'impression que Regina était en train de parler d'elle mais il n'y eut plus aucun doute lorsque les yeux d'ébène se posèrent sur elle, transperçant apparemment l'illusion de son charme sans aucun mal. Elle n'était pas prête au sort qui l'atteignit en pleine poitrine, l'immobilisant avant de l'attirer, suspendue quelques centimètres au dessus du sol jusqu'au centre de la clairière où elle fut relâchée en une masse désarticulée.

- Comment est-ce qu…

- Parce que je suis plus douée que toi, c'est tout, fut-elle coupée. Satisfaite de tes découvertes ?

- Ce sont … Ce sont des Abraxans ?

Quelque chose comme de la surprise brilla dans le regard sombre qui la jaugea brièvement avant que la brune n'acquiesce d'un signe de tête.

- Comment est-ce qu'ils sont arrivés là ? Je croyais qu'on en trouvait qu'en Europe …

- C'est un couple dont la femelle est enceinte, mon … mon fiancé s'en occupe d'habitude.

- Ah, répondit-elle simplement en tentant de cacher une certaine amertume.

Si elle en avait fait un bien piètre exploit, l'autre ne le releva pas, se contentant de la délaisser pour s'approcher de l'étalon dont elle n'arrivait même pas au garrot. Et l'animal avait beau être extraordinaire, ce fut la brune qu'elle ne put s'empêcher d'admirer. Son profil fier et les cheveux courts qui caressaient la courbe de son visage. Ce soir elle avait abandonné l'uniforme de sa maison pour une tenue plus pratique : un simple pantalon noir qui aurait pu ressembler à celui d'une cavalière si on faisait attention aux bottes assorties et une veste en velours d'un vert profond. Seule l'écharpe bariolée aux couleurs de Serpentard rappelait vraiment qu'elle était encore en cours quelques heures plus tôt.

- Tu vas t'abîmer les yeux Swan, l'entendit-elle se moquer.

- Oui, ce sont des créatures extraordinaires hein ? fit-elle mine de ne pas comprendre. J'ai entendu dire qu'ils se nourrissent uniquement de Whisky …

- Du pur malte. Où est-ce que tu as entendu dire ça ?

- C'était dans notre livre sur les créature magiques en troisième année il me semble ?

Sa réplique ne suscita aucune réponse, le silence retombant et les mains dans les poches de son jean elle mit longtemps avant d'oser le briser.

- C'est quoi ton animal préféré ?

La question lui valut un haussement de sourcil désabusé de la part de la brune qui délaissa momentanément le col de l'animal qu'elle avait été en train de caresser pour l'observer comme si elle venait de dire une absurdité.

- J'aime beaucoup les chevaux en général, finit-elle pourtant par répondre. Et toi ?

- M… Moi ? Euh … Les loups.

- D'où le patronus je suppose ? fut-elle surprise de l'entendre demander l'air intéressée.

- Je suppose oui.

- Tu me le montrerais ?

La question on ne peut plus banale la fit pourtant rougir.

- Pourquoi ? T'en as jamais vu ?

- Ne sois pas idiote … Je voulais juste savoir si la rumeur était vraie … Voir ça de mes propres yeux … On était pas en cours commun en quatrième année.

C'était un mensonge éhonté et elle la vit soudain sur ses gardes lorsqu'elle s'empara de sa baguette pour la pointer devant elle. Elle choisissait toujours le même souvenir. Un peu plus de six ans plus tôt lorsque, dans la boutique d'Olivanders, sa baguette l'avait choisie. La magie qui avait envahi la moindre fibre de son corps l'avait électrifiée de longues secondes et pour la première fois de sa vie elle s'était sentie vivante. À sa place.

- Spero Patronum.

Le canidé d'un blanc lumineux répondit immédiatement à son appel, propulsé du bout de sa baguette jusque dans la clairière où les chevaux l'observèrent avec détachement. La forme animale dessina un arc de cercle dans les airs où elle patrouilla brièvement avant de revenir vers elle, frôlant une de ses jambes avant d'aller s'intéresser à la brune.

Regina eut un hoquet de surprise lorsque l'apparition s'immobilisa près d'elle. La blonde sentit son ventre se tordre quand elle tendit une main vers le sortilège, augmentant sa luminosité tandis qu'Emma avait l'impression qu'on avait plongé une main dans sa propre poitrine pour étreindre son âme. La sensation était tellement poignante qu'elle se força à agiter sa baguette d'un coup sec pour mettre fin au sort.

- Voilà, conclut-elle en gardant les yeux rivés sur les Abraxans qui n'avaient pas bougé.

- Merci.

- Je t'en prie. Je … Je vais … Wow !

Les équidés s'étaient soudain agité, l'étalon cabrant pour dévoiler une stature encore plus imposante que lorsqu'il tenait sur ses quatre pattes. La terre trembla sous leurs pieds lorsqu'il retomba avec une force insoupçonnée, plus agité que de raison.

- Qu'est-ce que …

- Quelqu'un arrive.

Et en effet, à peine le cheval ailé eut-il tourné les sabots pour détaler en un galop qu'elle sentit se répercuter dans tout son être que l'immense silhouette du garde forestier les figea de culpabilité.

- Mills ! Swan ! Qu'est-ce que vous faites ici ?! Et est-ce que j'ai bien v…

- Oubliettes !

- Regina, non !

Mais le sort avait déjà fusé, frappant le demi géant tandis que l'intéressée s'emparait de sa main pour l'entraîner au couvert de la forêt.

- Hey ! se plaignit-elle quand elle fut plaquée sans ménagement contre un arbre.

À quelques centimètres d'elle, la brune ne lui accorda pas la moindre attention, les yeux rivés sur Hagrid qui sortait de la semi inconscience que le sort avait provoquée. Le souffle court elle l'observa parler dans sa barbe avant de brandir son immense torche à la recherche de quelque chose qui n'était plus là.

Un jappement les fit se tendre toutes les deux, Emma agrippant par réflexe la taille de l'autre pour la ramener à elle et aussi loin possible de l'immense chien qui les observait avec intérêt.

- Oub ….

- Non ! réussit-elle à la couper cette fois. Tu sais pas quel genre d'effet ce sort peut avoir sur les animaux !

- Mais je sais que je n'ai pas envie de passer le mois prochain en retenue avec toi !

- Laisse-moi faire ok ?

Elle n'attendit pas de réponse, faisant apparaître un simple morceau de viande au bout de sa baguette qu'elle agita pour le lancer quelques mètres plus loin. Sans surprise l'animal suivit la trajectoire au pas de course, leur permettant de détaler de la zone à risque.

Elles ne s'arrêtèrent pas avant d'avoir rejoint la porte secrète qui leur avait toutes deux permis de sortir du château en toute discrétion. Essoufflées, les mains sur les genoux pour tenter de regagner un semblant de respiration, leurs regards se trouvèrent avec une complicité toute nouvelle, le soulagement les faisant rire l'instant d'après.

Et comment avait-elle pu croire que la savoir pratiquer de la magie noire changerait quoi que ce soit à ce qu'elle éprouvait pour elle ? Quelques notes de son rire et elle savait déjà qu'elle mourrait d'envie de le provoquer à nouveau. Comme elle mourait d'envie de pouvoir sentir son corps contre le sien dans d'autres circonstances que celles qui s'étaient déroulées quelques minutes plus tôt …

Les pensées déplacées la firent vite déchanter, avalant sa salive pour calmer la soudaine sécheresse qui s'était installée dans sa bouche. En face d'elle Regina avait remarqué son changement d'humeur, les yeux d'ébène s'assombrissant de quelque chose qui fit éclater un millier de feu d'artifice dans son ventre.

- Bonne chance pour après demain Swan, finit-elle pourtant par lui dire.

- Après demain ?

- Le match. De Quidditch. Je ne pense pas que Serdaigle soit un vrai challenge pour vous, mais bonne chance tout de même.

Regina Mills réussissait presque à faire sonner les premiers encouragements qu'elle lui donnait comme une menace et la blonde adorait ça.

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Elles s'étaient séparées sur un signe de tête plus formel qu'autre chose et Emma ne l'avait pas revue le lendemain, à peine aperçue dans le grand hall à l'heure du repas de midi pendant lequel ils avaient tous commencé à parler du match à venir. L'adrénaline était montée et elle n'avait pas trouvé le sommeil, assise sur le rebord de la fenêtre où elle avait observé la silhouette de la brune disparaître dans la forêt avec l'envie de l'y rejoindre.

La veille elle avait eu l'impression que leur relation avait plus évoluée en moins d'une heure qu'au cours de ses dernières années. Un instant, elle avait eu le droit à un aperçu de la véritable Regina Mills et si elle n'en avait pas été déjà amoureuse, elle aurait succombé une deuxième fois. Vers deux heures du matin, un orage avait éclaté et elle eut un sourire en la voyant regagner au pas de course les remparts du château au couvert de la baguette magique qui projetait le fantôme d'un parapluie au dessus de sa tête.

À sept heures, elle renonça au confort de sa chambre pour descendre dans la grande salle où les elfes de maison dressaient encore les couverts. À la table des Serpentard elle fut surprise de voir la jeune femme dont la pensée l'avait hantée toute la nuit, accompagnée de Malicia. La blonde lui adressa un bref sourire avant de retourner à sa conversation. L'autre ne lui accorda pas la moindre attention, complètement absorbée dans la contemplation d'une fiole qu'elle tenait à la main. Elle aurait voulu pouvoir s'en approcher et lui demander ce qu'elle contenait mais Emma se força à s'asseoir à la table où son habituel petit déjeuner apparut dans une assiette en argent.

Le calme fut de courte durée, bientôt remplacé par le brouhaha des élèves qui descendaient des dortoirs en groupe. Elle fit l'effort de sourire à ceux qui lui adressaient des encouragements et la prévenaient qu'ils avaient misé sur la victoire des Gryffondors mais Killian fut le seul à qui elle accorda réellement son attention, se forçant à écouter les derniers conseils qu'il leur donna à voix basse.

- Prête ? s'assura une dernière fois son Capitaine à l'approche du terrain.

- Tu sais que oui ...

Il avait autre chose à rajouter à en croire la façon dont il resta à ses côtés jusque dans les vestiaires. Emma l'avait entendu inspirer à plusieurs reprises comme s'il se préparait à parler avant de se raviser.

- Killian ... Accouche, le pria-t-elle.

À l'extérieur elle pouvait entendre les cris des spectateurs dont les pieds frappaient à l'unisson les gradins pour des chants d'encouragements.

- J'ai ... J'ai été contacté par un recruteur cet été. Mon frère m'a envoyé un hibou pour me dire qu'il serait là aujourd'hui. C'est à propos de moi mais je veux que tu brilles aussi. T'es mon meilleur élément, ça ne peut être que bon pour nous deux.

- Je sais pas si une carrière pro m'int ...

- Oh arrête, tu adorerais et même si tu changes d'avis, leur attention est toujours flatteuse, non ?

Elle ne répondit pas tout de suite, tendant l'oreille pour distinguer la voix du commentateur annoncer leur entrée sur le terrain. Le panneau en tissu qui protégeait leur équipe postée dans une tour s'effondra pour révéler le stade en émoi et elle sentit l'adrénaline faire battre son cœur la chamade.

- Je veux que tu brilles, lui ordonna Killian avant de décoller sous les applaudissements du public.

Elle aurait préféré briller en présence de Regina mais aucune chance que la brune se soit déplacée. Déjà qu'il était rare de la voir pour un match des Serpentards, alors quand son équipe ne jouait même pas ... Tant pis, si elle n'était pas là pour le voir, Emma ferait en sorte que ses exploits lui soient racontés de gré ou de force.

Le sourire aux lèvres elle s'avança la dernière sur le rebord en bois. Killian voulait du spectacle ? Il en aurait.

La jeune femme jeta son balais en premier, saluant le public d'un petit signe de main avant de le suivre dans le vide. La baguette sécurisée dans sa manche ne lui permettait pas d'accomplir des miracles mais un simple accio suffit à inverser la gravité, précipitant le nimbus entre ses jambes où elle tira sur le manche avec juste assez de force pour éviter de s'écraser sur la pelouse.

- Swaaaaaaaan ! rugit le commentateurs bientôt imité par tout le gradin des Gryffondors tandis qu'elle donnait un coup de pied à terre pour être propulsée au niveau de ses coéquipiers.

- Brille pas trop fort non plus, c'est moi qu'ils doivent recruter, plaisanta Killian quand elle fut arrivée à son niveau.

- J'essaierai, promit-elle dans le vent.

Comme d'habitude lorsqu'elle était dans les airs, toute pensée s'évapora pour laisser place au jeu et portée par les acclamations de la foule, la jeune femme laissa libre court à sa combativité. Et briller, elle brilla.

Pour chaque point que le Capitaine arrêtait devant les trois cercles des buts, la jeune femme en marquait le double, allant jusqu'à s'emparer de la souaffle devant Killian pour lui voler le droit à un arrêt et profiter pour contr'attaquer. Et lorsque Ruby parvint à loger un de ses cognards sur la jambe d'un défenseur qui tomba sur la pelouse en contrebas, les bleus déjà en difficulté ne parvinrent plus à faire face.

Leur jeune attrapeur finit par refermer son poing victorieux sur le vif d'or et la blonde eut un rire en jetant un coup d'œil au tableau de score auquel elle n'avait quasiment pas fait attention durant le match. 275 à 41. Une victoire à la limite de l'humiliation. Un bras passé autour de ses épaules lui signala que Killian avait quitté son poste pour la rejoindre au centre du terrain.

- Imagine un peu le duo qu'on ferait en équipe nationale Swan …

La perspective la fit à nouveau rire, dégageant sa baguette de la lanière qui la clouait sur son avant bras pour la lever dans les airs. À ses côtés le brun l'imita et la foule se tut religieusement pour écouter le rugissement du lion qu'ils firent apparaître en un feu d'artifice rouge et or au dessus de leurs têtes. Le simple sort qu'ils avaient perfectionné depuis la deuxième année où ils avaient commencé à jouer ensemble explosa en un millier de confettis au dessus des gradins tandis qu'ils descendaient à leur tour sur la pelouse.

Elle ne se lasserait jamais de la façon dont on pouvait acclamer son nom devait-elle avouer lorsqu'elle fut soulevée dans les airs par un groupe de sixièmes années qui venaient de gagner un gros pari et portèrent ainsi plusieurs membres de l'équipe jusque dans le château. Pourtant l'ambiance festive y mourut presque aussitôt, sapée par un esclandre entre un groupe de Serpentards et de Gryffondors.

Poussant un soupir, la blonde ne prit pas la peine de refaire apparaître sa tenue de Préfète, tout le monde savait très bien qui elle était et à quel point elle était prompte à faire baisser le nombre de petites pierres précieuses dans les immenses sabliers du hall d'entrée.

- Cinq points en moins pour chacun des Serpentards qui ont provoqué ça ! rugit-elle au dessus des cris de ceux qui se disputaient.

L'annonce provoqua une nouvelle cohue avant que le silence se fasse lorsqu'elle fonça dans le tas pour écarter le peu d'entre eux qui s'empoignaient encore.

- Tiens, tiens, le tout jeune capitaine des verts, railla-t-elle lorsqu'elle reconnut le petit blond parmi eux. C'est la jalousie qui te fait agir comme ça ou bien la peur de la raclée qu'on va te donner dans quelques semaines ?

- Ni l'un ni l'autre Swan, ce sont eux qui ont commencé en venant hurler dans le hall alors qu'on était en train de réviser.

- De réviser ? répéta-t-elle avec un rire. Je pensais pas que ça t'arrivait vu les notes que tu as …

- Dix points en mois pour Gryffondor Swan, la méchanceté gratuite ne te mènera à rien.

Plus que la punition, la voix de Regina l'électrifia, semant un frisson sur sa colonne vertébrale tandis que tout le monde se taisait, habitué à les voir se provoquer en public. Impeccablement habillée de son uniforme, chemisier blanc, jupe noire et cravate aux couleurs des verts, elle n'avait visiblement pas assisté au match et la jeune femme dut ravaler sa déception pour répliquer.

- Ce n'était pas de la méchanceté mais un simple constat. En plus d'être un mauvais élève, c'est un perturbateur. La seule raison pour laquelle il est passé en troisième année c'est parce qu'il est bon au Quidditch !

- Et ça nous rappelle tous étrangement ton propre destin …

- Swan t'a botté le cul je sais pas combien de fois Mills, qu'est-ce que ça fait de toi si elle est mauvaise élève ? intervint Killian à ses côtés.

L'instinct protecteur du Capitaine sur les membres de son équipe était classique mais le bras qu'il passa autour de sa taille ne l'était pas. Pour autant, elle le laissa faire, observant avec un pincement au cœur les yeux d'ébène s'assombrir de colère avant que la brune ne fasse quelques pas en leur direction.

- Dix points encore pour Griffondor, injurier un Préfet ne t'apportera jamais rien Jones, railla-t-elle à voix basse apparemment nullement gênée d'avoir inventé un motif de retrait de points. Maintenant évacuez le hall avant que je n'enlève des points à tous les élèves présents ici et je suis certaine que les vôtres sont plus nombreux …

Il y eut quelques rires parmi les verts tandis que tout le monde se précipitait dans les escaliers qui menaient aux dortoirs où la fête allait certainement continuer pour le restant de la journée mais Emma resta immobile. En face d'elle les orbes sombres continuaient à la détailler avec une émotion sur laquelle elle ne parvenait pas à mettre le doigt.

- Laisse-nous, ordonna-t-elle à Kilian qui était resté à ses côtés.

- Sérieux ? Je te défends et tu me proposes même pas un plan à trois ? plaisanta-t-il.

- Dégage, gronda-t-elle cette fois en retenant un rire derrière ses dents serrées.

- Ça te fait rire ? sembla s'étonner la brune une fois qu'elles furent relativement seules. Ce genre de remarque misogyne te fait rire ?

- C'est pas une remarque misogyne, c'est juste de l'humour mal placé et je peux le comprendre ... Qui ne voudrait pas avoir sa chance avec nous ?

- Nous ?

- Ouais je veux dire … Rien. Laisse tomber. Tu avais quelque chose à me dire ?

- C'est toi qui a demandé à ce qu'on nous laisse seules …

- Parce que je pensais que tu voulais me parler en privé, rétorqua-t-elle facilement.

Les yeux maquillés d'un simple trait d'eye-liner se plissèrent agressivement et elle dut se mordre l'intérieur de la joue pour retenir un sourire.

- Tu te trompais, répondit l'autre.

- De toute évidence.

La tension palpable qui planait autour d'elles l'aurait presque mise mal à l'aise. Elle savait qu'elle devait se presser à agir si elle voulait avoir une chance d'être honnête. Une chance de lui avouer qu'à l'instant elle aurait échangé sa victoire contre n'importe quel signe d'affection qu'elle aurait pu lui donner.

- Est-ce que … Est-ce que tu le sens toi aussi ? demanda-t-elle maladroitement en désignant l'espace qui les séparaient.

- Oui, fut-elle surprise de l'entendre avouer.

Sa respiration se coupa quelque part dans sa poitrine encore comprimée par la tenue en cuir rouge lorsque la brune combla le peu d'espace qui restait entre elle pour murmurer dans son oreille.

- Presque autant que ta transpiration championne. Un bain ne serait pas de trop.

- C'est une proposition ? trouva-t-elle la force de plaisanter.

Quelque chose éclata en elle quand elle parvint à lui arracher plusieurs notes d'un rire grave mais Regina s'éloignait déjà.

- L'espoir fait vivre Swan, lança-t-elle par-dessus son épaule.

L'espoir alluma surtout un brasier entre ses reins à l'idée d'une telle éventualité et la douche qu'elle prit dans la salle de bain réservée aux préfets eut besoin d'être froide.

.

.

La tension qui planait entre les rouges et les verts avait duré une semaine encore, Regina et elle se livrant une véritable guerre froide au travers des points qu'elles ne cessaient d'enlever aux deux maisons. Étonnement, McGonagall n'avait pas pris la peine de les convoquer dans son bureau comme elle y avait déjà été forcée l'année précédente et les sabliers exposés dans le grand hall n'avaient cessé de perdre leurs précieuses cargaisons.

- Serdaigle est devant nous, remarqua-t-elle avec horreur ce matin là.

- Mais Serpentard est derrière.

- Double participation en classe, je veux qu'on ait gagné au moins quarante points dans la journée, fais passer le mot, ordonna-t-elle.

- Ecoutez-moi ça, on croirait entendre un discours d'avant match, railla la voix du Professeur Black derrière eux.

Accessoirement directrice de la maison Serpentard, elle ne se serait pas étonnée de son intervention si quelque chose d'autre ne brillait pas dans ses yeux. L'ex auror semblait en chasse.

- Tout va bien Professeur ?

En face d'elle la femme ne cacha pas sa surprise à être aussi facilement démasquée mais son audace lui valut tout de même un sourire.

- J'ai reçu une plainte de la part du Professeur Slughorn.

- A mon propos ? ne put-elle s'empêcher de s'inquiéter

- Non Swan, le vieux Slughorn n'est plus à un chaudron fondu près … Il n'a pas de nom, mais un ingrédient assez particulier a disparu de son armoire personnelle.

- Quel genre ?

- Le genre qui sert à se doper …

- Et alors ? Vous avez pensé à moi à cause de mon dernier match ? Il vous faut un peu de mon sang pour voir si je suis pas shootée ? s'emporta-t-elle trop facilement.

Elle n'aurait pas du. Après tout, Black aurait très bien pu se trouver dans les parages par hasard ... D'ailleurs, elle n'avait pas semblé vouloir la prendre à parti dès son arrivée, mais il était trop tard ... Et Emma connaissait trop bien le professeur pour ne serait-ce qu'espérer qu'elle laisse filer une telle opportunité.

- Par exemple, fut donc la réponse immédiate.

Les dents serrées la blonde fit apparaître une petite fiole, tranchant la paume de sa main gauche du bout de sa baguette pour y faire couler quelques gouttes de sang.

- Ça suffira ? grinça-t-elle en tendant le flacon empli de liquide foncé.

- Je pense oui. Tant que vous y êtes, dites à votre petit ami que je veux aussi un échantillon de sa part.

- Killian ? Killian n'est p…

- On s'en fiche Swan. Ce soir au plus tard.

- J'espère que vous allez aussi demander aux autres équipes ! lança-t-elle quand l'autre s'éloignait déjà. Si j'étais une Serpentard, moi aussi je prendrais de quoi me booster pour avoir une chance face à nous !

Sa pique fit se figer le Professeur principal qui tourna les talons pour l'observer avec le froid mépris que tous les élèves de sa maison étaient capables d'incarner.

- Nous ? releva-t-elle avec un rire. Oh oui, j'ai oublié, vous êtes tous les deux suspendus jusqu'aux résultats des analyses.

- Quoi ?! C'est totalement injuste ! s'écria Ruby qui était venue à ses côtés.

- Ruby a raison ! Qui va les mener ces analyses ? Vous ? Je suppose que vous serez trop débordée pour les avoir finies avant la semaine prochaine où on doit affronter les Jaunes hein ?

- Probable.

L'espace d'un instant la furie lui fit perdre le contrôle, débloquant d'un mouvement du poignet la sangle qui retenait sa baguette contre son avant bras. Mais avant qu'elle ait pu agir en conséquence, une force silencieuse lui arracha les vingt-six centimètres de bois de houx qui atterrirent directement entre les mains de Regina Mills.

- Dix points pour Serpentard et la vigilance constante de Mills, annonça Black avec un clin d'œil à l'encontre de l'intéressée.

À ses côtés, sa meilleure amie dut la retenir pour l'empêcher d'aggraver sa situation tandis que les élèves étaient chassés dans les couloirs par de grands gestes de la part de leur Professeur de Défense contre les Forces du Mal.

- Des élèves passe encore Swan, mais tu t'attaques aux Professeurs maintenant ? railla son éternelle ennemie qui s'était rapprochée à son tour.

- C'était un réflexe, tu le sais très bien. Rends-moi ma baguette.

- Pas avant de savoir ce qu'il se passe.

- Un élève vole des ingrédients chez Slughorn, Black croit que quelqu'un se drogue et je suis suspendue de Quidditch jusqu'à nouvel ordre. Je peux avoir ma baguette ?

Comme si la brutalité de sa réponse avait hébété la brune, l'objet réclamé lui fut tendu par automatisme. Emma eut le temps de voir de la surprise dans les yeux sombres juste avant qu'elle ne tourne les talons pour monter dans les étages. Rares étaient les fois où elle fuyait sa présence mais aujourd'hui rester ne ferait qu'aggraver sa colère.

D'ailleurs elle employa le plus clair des deux semaines qui suivirent à l'éviter. À éviter Killian aussi, dont la simple présence emplie de rage faisait enfler la sienne. Au lieu de cela, elle avait fait l'effort de se plonger dans les livres de cours, travaillant ses sortilèges informulés juste pour le plaisir d'avoir l'air innocente lorsque les notes du Professeur Black prenaient soudain feu sur son bureau en plein cours.

Pour la première fois depuis six ans elle avait assisté à un des match de son équipe depuis les gradins. La victoire de justesse avait tout de même été prétexte à la fête dans le dortoir des rouges qui étaient en train d'échafauder des plans pour la réintégration de leurs deux meilleurs joueurs lors du prochain match. Emma avait participé le sourire aux lèvres aux festivités dans la salle commune avant d'aller s'enfermer dans sa chambre où elle était en train de finir le commentaire d'un chapitre sur les animagus lorsque des coups furent frappés à sa porte.

Croyant se retrouver face à Ruby, la blonde ne prit pas la peine d'enfiler quelque chose par-dessus le simple débardeur blanc qu'elle portait en plus d'un tanga rouge. Aussi faillit-elle claquer la porte au nez de sa visiteuse lorsqu'elle en rencontra le regard impatient. Elle se retint tout de même, à moitié cachée derrière le battant de la porte en bois.

- Tu as de la compagnie ? fut la question posée avant qu'elle ne soit parvenue à retrouver suffisamment ses esprits pour articuler la moindre salutation.

- N… Non ?

- Je peux entrer donc ?

- Je préférerais pas. Comment t'as fait pour venir jusqu'ici d'ailleurs ?

Elle ne fut pas gratifiée d'une quelconque réponse, la brune poussant sans ménagement sur la porte pour s'inviter à l'intérieur de la chambre que son regard balaya avec désintérêt avant de se fixer sur elle. Seulement alors parut-elle prendre conscience de l'état dans lequel elle était. Un instant le regard l'enveloppa avec quelque chose de dangereux avant que l'impression ne soit chassée d'un battement de cils.

- Habille-toi.

- Charmant, d'habitude les filles me disent plutôt le contraire.

Les yeux déjà plus sombres que d'habitude s'obscurcirent d'un dédain qui la fit sourire mais elle obéit tout de même, s'emparant d'un jean noir encore propre qui traînait sur la chaise de son bureau.

- Il y a une rumeur sur toi, commença doucement la brune.

- Il y en a beaucoup …

- Une rumeur qui dit que tu as retrouvé la salle sur demande.

- Il y a aussi une rumeur qui dit qu'elle a complètement été détruite par un Feudeymond …

- J'ai besoin de savoir la vérité.

- Pourquoi ?

- J'ai besoin d'y avoir accès, expliqua l'autre avec l'air de faire un effort pour garder son calme. Maintenant.

- Je suis désolée je ne p…

- Emma, s'il te plaît.

Elle ne se rappelait même plus de la dernière fois où Regina avait employé son prénom pour lui parler mais elle était certaine qu'elle ne l'avait jamais prié de quoi que ce soit. Le désespoir évident qui brillait dans les iris d'ébène ne mit même pas une seconde à la convaincre.

- Ok, un instant, concéda-t-elle en s'emparant de sa robe d'école pour cacher sa tenue.

Aucune parole ne fut échangée sur le chemin qu'elle fit au travers des étages et jusque dans le couloir étroit où elle s'immobilisa devant le mur nu.

- Voilà. Tu dois faire trois al…

- Je sais, fut-elle coupée.

À l'écart, elle l'observa aller et venir le pas pressé et les sourcils froncés, retenant la foule de questions qui se précipitaient. Elle n'attendit pas d'être invitée pour suivre la brune derrière la porte qu'elle avait poussée.

Emma avait découvert la salle sur demande après plus de deux ans de recherches et s'en était uniquement servie de refuge pour pratiquer des combats d'entraînement ou s'amuser avec Ruby lorsqu'elles étaient assez imbibées de bière au beurre pour trouver toutes sortes de demandes farfelues à faire à la pièce magique. Aussi fut-elle surprise quand elle pénétra dans une immense salle qui semblait avoir été ravagée par un incendie.

- Qu'est-ce que tu as demandé ? ne put-elle s'empêcher de demander tandis que l'autre sortait un petit cube d'une poche de sa robe.

Elle n'obtint aucune réponse, observant la brune taper l'objet d'un coup de baguette qui le fit enfler pour atteindre la taille d'une petite malle qu'elle s'en alla déposer dans une allée à l'abri des regards.

- Un endroit pour cacher quelque chose, lui répondit-elle finalement quand elle revint.

- Tu n'as pas été la première visiblement …

Les remerciements auxquels elle s'était attendus ne vinrent pas, la brune passant déjà devant elle pour sortir par la porte qui s'effaça peu après leur passage.

- Swan ! Mills !

La voix de la directrice les fit se figer avant d'avoir pu entamer une quelconque conversation.

- Professeur ? tenta-t-elle de répondre aussi innocemment qu'elle le put.

- Je peux savoir ce que vous faites seules dans ce couloir ?

- À votre avis ? fut-elle étonnée d'entendre Regina répondre avant elle.

Le culot eut le mérite de faire rougir la plus âgée dont la gêne l'obligea à s'éclaircir la gorge avant de reprendre.

- Faites-moi plaisir et retournez dans vos dortoirs s'il vous plaît mesdemoiselles.

- Tout de suite Professeur, répondit à nouveau la brune avant de s'emparer de sa main pour l'entraîner vers les escaliers qui menaient aux étages inférieurs.

- Qu'est-ce qui t'as pris ? chuchota-t-elle dès qu'elles furent hors de portée de son regard.

Les doigts qui s'étaient emmêlés aux siens la lâchèrent immédiatement comme si le contact avait été douloureux. Il y avait quelque chose qui ressemblait à de l'incompréhension dans les orbes sombres qui la fixèrent avec dureté.

- Elle ne le répétera pas, ne t'inquiète pas, ton honneur est sain et sauf.

- Le prend pas comme ça, tu sais très bien que j'ai jamais rien fait pour arrêter les rumeurs sur nous.

Son aveu ne fut pas relevé par la brune qui descendait les marches au pas de course alors même que les escaliers étaient encore en train de se mouvoir pour les mener vers une autre aile.

- Hey ! l'interpella-t-elle.

- Quoi ?

Elle faillit tomber sur la sorcière qui s'était soudain immobilisée pour lui faire face avec une haine palpable.

- Tu … Tu sais que je considérerais comme un honneur de … De sortir avec toi hein ?

Voilà, c'était sans doute ce qu'elle pouvait faire de plus proche d'une véritable déclaration sans lui avouer l'étendue des sentiments qui l'avaient progressivement envahie ces dernières années. En contrebas, la brune demeura silencieuse de longues secondes, les lèvres pulpeuses entrouvertes.

- Je n'en doute pas une seconde Swan, finit-elle par sembler se reprendre.

Elle ne s'était pas attendue à quoi que ce soit d'autre mais la moquerie avec laquelle elle avait lacé ses mots lui fit mal plus que de raison. L'escalier qui se remit en mouvement la fit sortir de sa torpeur, dépassant son interlocutrice pour sauter d'un bond agile sur le rebord de l'étage dont ils étaient en train de s'éloigner.

- Te fais pas prendre au troisième, prévint-elle comme si le commentaire ne l'avait pas atteint, Peeves a posé des bombes-beurk.

.

.

Elle avait très peu dormi du reste de la nuit, aussi était-elle d'autant plus de mauvaise humeur lorsque de nouveaux coups furent frappés à sa porte le lendemain matin. Et si elle s'était préparée à accueillir n'importe qui, y compris Regina, la blonde émit un grondement contrarié lorsque le visage faussement souriant du Professeur Black apparut dans l'entrebâillement.

- Bonne nuit Swan ? Sortez de la chambre.

- Quoi sérieux ? Laissez-moi mettre un pantalon non ?

Un coup de baguette l'habilla dans le même jean qu'elle avait enfilé la veille et elle n'eut pas son mot à dire quand l'ex auror entra de force dans sa chambre.

- Et qu'est-ce qu...

Elle ne parvint pas à rouvrir la porte qui venait de lui être claquée au nez, croisant d'autres élèves à l'air hagard dans les couloirs qu'elle prit avec inquiétude jusque dans la salle commune où l'autre Préfet était en train de rassurer les premières années.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? fut-elle contrainte de demander.

- Inspection dans toutes les chambres ce matin.

- Que Gryffondor je suppose ?

- Non, toutes. Les analyses de sang étaient négatives bien sûr. Killian était hors de lui toute à l'heure, McGonagall lui a mis deux jours de retenue.

Et s'il n'était pas étonnant que leur Capitaine ait réagi comme ça, la colère qui était en train d'envahir son organisme n'avait certainement rien à voir à ce qu'il avait pu ressentir. Non, Emma ressentait l'injustice d'une toute autre manière ... Sûrement parce qu'elle savait à cause de qui ils avaient du la subir.

- Je vais la tuer ...

Mais ses plans furent anéantis par le champ de force qui protégeait la sortie du dortoir, les cloîtrant tous dans la salle commune qu'elle n'avait jamais vue aussi emplie d'élèves de toutes années confondues. Sans surprise, les recherches n'avaient rien donné et le temps écoulé n'avait rien fait pour apaiser la colère qui grondait en elle comme un lion en cage. Au contraire.

La blonde n'était même pas parvenue à se réjouir de l'air déçu que portait Black lorsqu'elle revint dans la salle commune pour s'avouer vaincue et ce ne fut que lorsque les élèves furent libérés pour aller prendre leur repas dans le grand hall qu'elle brisa leur rangs pour descendre vers les anciens cachots où les Serpentards avaient leurs dortoirs.

- Hey Sw…

- Petrificus totalus.

Le sort atteignit le jeune homme qui s'était mis sur son chemin en plein torse, l'envoyant percuter un des canapés en cuir noir qui ornaient la salle commune aux couleurs de la maison des serpents. Emma ne prit même pas la peine de vérifier s'il avait pu être blessé, filant au pas de course vers la porte en bois noir laqué pour y tambouriner à deux mains.

- Pas maintenant Mal, entendit-elle la voix étouffée lui répondre.

Il avait beau ne pas être dirigé vers elle, le refus la fit grincer des dents, débloquant la serrure de la porte d'un rapide coup de baguette. À l'intérieur, la chambre était plongée dans une obscurité relative, uniquement perturbée par la boule de feu suspendue un mètre au dessus du lit où la brune était assise devant un grimoire qu'elle avait l'air d'annoter.

Il y eut quelques secondes de flottement durant lesquelles une surprise non dissimulée figea leurs mouvements mais elle fut la première à s'en remettre brandissant agressivement sa baguette pour soulever le corps de la brune et le plaquer contre un mur où le portrait de Severus Rogue protesta brièvement avant de s'éclipser.

- Ça te tente un séjour dans la salle sur demande ? Un mode cellule d'isolement pour quelques jours, hum ? Ou est-ce que ce serait plus juste de tout simplement te dénoncer ?

- Lâche-moi immédiatement Swan, tu me fais mal !

- C'est le but ! aboya-t-elle en tentant d'ignorer les jambes nues qui se débattaient sous la simple nuisette d'un vert profond que Regina portait. J'ai été privée de Quidditch à cause de toi ! Killian risque de passer à côté du rêve de sa vie parce qu'on croit qu'il se drogue et en fait c'était toi !

- Lâche moi !

- Et tu as le culot de venir me chercher, moi, pour t'aider à cacher ce que tu voles ? Comment est-ce que tu savais qu'il y aurait une inspection ce matin ? C'est ta mère qui te l'a dit ? Est-ce qu'elle est au courant que sa fille est une junkie ?!

Cora Mills devait être un sujet sensible devina-t-elle à la façon dont les yeux sombres s'emplirent d'une furie qu'elle n'avait jamais vue dirigée à son encontre malgré leurs nombreuses confrontations. Et elle avait beau ne pas avoir de baguette en main, la brune parvint tout de même à se dégager de l'emprise qu'elle avait sur elle, le bois d'ébène sautant dans sa main quand elle retomba à terre avec un air meurtrier.

- Pour quelqu'un qui a la prétention de devenir Auror, tu es une bien piètre enquêtrice Swan, cracha l'intéressée.

- Donc si je retourne dans la salle je ne trouverai pas les ingrédients que tout le monde cherche dans le coffre que t'y as déposé ? Tu te fous de ma gueule !

Sa colère fit partir le sort sans qu'elle s'en rende compte, l'éclair blanc illuminant brièvement la pièce avant d'aller percuter le protego que la brune avait érigé devant elle.

- Pathétique, commenta-t-elle d'ailleurs.

Ce fut à son tour d'essuyer les attaques envoyées avec hargne en des coups de baguette que Regina maniait presque comme une épée. Si elle parvenait à stopper les éclairs de différentes couleurs, chacun se faisaient plus violents, son bras droit accusant le coup à chaque fois qu'ils venaient percuter sa défense. Aussi ne fut-elle pas surprise lorsque la force de l'un d'eux fit plier son coude. L'instant d'après, elle était violemment enserrée par des lianes qui ressemblaient à s'y méprendre au corps d'un serpent.

- Tu forces la porte de ma chambre et tu m'attaques Swan ? Tout ça parce que tu penses savoir quoi ? Que je me drogue ? Oui j'ai caché quelque chose dans la salle sur demande, on le sait toutes les deux. Et peut-être que ce sont des ingrédients mais quelles preuves as-tu qu'ils servent à fabriquer ce dont tu parles ? Mis à part les élucubrations d'un Professeur qui cherche à faire perdre votre petite équipe de Quidditch ?

- Je …

- Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un qui a besoin de se droguer ?!

- Je ne sais pas ! se défendit-elle comme elle le put. Tu as changé cet été ! Tu utilises de la magie noire, t'as amené en douce des animaux illégaux dans la forêt interdite ! Pourquoi est-ce que tu te droguerais pas ?!

- Oh j'ai changé, railla l'autre. Ou peut-être que c'était toujours là mais que tu n'as jamais regardé ? Qu'est-ce que tu sais de moi exactement Swan ?

Sa question était purement rhétorique devina-t-elle à la façon qu'elle eut d'avancer vers elle sans lui laisser le temps de réfléchir à une réponse. Sa voix s'était faite plus douce lorsqu'elle reprit. Douce et froide. Destructrice.

- Est-ce que je me suis déjà permis de juger la petite orpheline qui a grandi sans amis, qui considère Poudlard comme le seul endroit où elle se sent chez elle et qui rêve d'entrer au ministère pour retrouver ses parents ? Est-ce que je me suis moquée de la première année terrifiée des hauteurs avant de découvrir les balais volants ? Est-ce que j'ai ri quand ton épouvantard a pris la forme de ce monstre qui t'a servi de père ?

Si elle n'avait pas été immobilisée par les liens qui l'emprisonnaient, ses genoux auraient sûrement tremblé sous la force des émotions qui faisaient rage en elle. Elle avait envie de pleurer tellement elle se sentait désemparée. Comment est-ce que Regina était au courant de tout ça ? L'avait-elle deviné ou s'était-elle renseignée ? Et pourquoi ?

La brune s'était encore rapprochée d'elle, sa furie muée en un froid dédain qui rendit encore plus insupportable le mouvement qu'elle fit pour combler l'espace qui restait entre elles.

- Eh oui, je sais tout ça de toi, Em-ma, mais toi ... Toi qu'est-ce que tu sais de moi ? Rien de ce qui me pousse à travailler, à te dépasser, à utiliser de la magie noire, à adorer ça. Tu t'en fais une idée comme tous les autres et aujourd'hui parce que tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez, tu oses rentrer dans ma chambre et m'attaquer … Vous autres, Gryffondor, avec votre fausse bravoure, vous méritez qu'on vous rappelle quelques notions de respect.

Les lèvres pulpeuses s'étaient dangereusement rapprochées des siennes à l'en effleurer lorsqu'elle murmura ses derniers mots et la blonde eut du mal à croire ce qu'il était en train de se passer. À quelques centimètres d'elle, Regina avait l'air d'avoir fini son monologue meurtrier et les yeux sombres guettaient sa réaction tandis qu'elle avait presque honte du désir qu'elle sentait battre dans ses veines, le corps dont elle avait tant rêvé si proche du sien.

- Fais-le, trouva-t-elle la force de murmurer.

Elle s'était attendue à ce que son culot lui vaille une remontrance de plus mais pas à ce que la brune prenne son invitation pour une toute autre autorisation. Les liens qui la retenaient s'évaporèrent et elle serait tombée si une main ne s'était pas refermée sur le col de son chemisier aux couleurs des rouges pour l'attirer à elle.

Il n'y avait aucune forme d'hésitation dans le baiser qu'elle lui arracha le temps qu'elle sorte de sa torpeur initiale pour le lui rendre avec ferveur. Et ce n'était certainement pas la première fois qu'elle embrassait une fille comprit-elle à la façon dont des ongles laqués de noir longèrent son flanc droit, les doigts agiles caressant la courbe de son sein avant d'aller s'enterrer dans ses boucles blondes.

Un désir brûlant coula le long de sa colonne vertébrale lorsque la barrière de ses lèvres fut franchie par une langue exigeante. Sa baguette tomba quelque part à terre quand elle trouva assez de force pour la soulever dans ses bras, deux cuisses fuselées se nouant immédiatement derrière elle.

Fantasme devenu réalité, elle aurait presque pu croire que c'était elle qui avait consommé de la drogue quand ses mains glissèrent sous le tissu de la nuisette pour rajuster leur prise à la naissance des cuisses tremblantes sans rencontrer la moindre barrière d'un sous vêtement. La réalisation la fit gémir, presque immédiatement imitée par la brune lorsqu'elle plaqua un peu plus son corps contre le sien.

Le son l'électrifia mais il sembla avoir un tout autre effet chez l'intéressée qui se raidit soudain.

- Lâche-moi, ordonna la voix rauque de désir.

- N… Quoi ? Sérieux ?

- Lâche-moi.

Elle obéit à contrecœur, léchant ses lèvres qui portaient encore le gout de celles qui avaient été sur elle une seconde plus tôt. En face d'elle Regina avait le souffle aussi court que le sien mais son ton était sans appel lorsqu'elle reprit la parole.

- Ramasse ta baguette et sors de ma chambre.

- Reg…

- Sors de ma chambre.

.

.

Colère et frustration avaient fait rage en elle durant tout le reste de la semaine qu'elle avait principalement passée à éviter la brune et à se faire réprimander pour sa mauvaise conduite.

Elle avait même rejoint Killian en retenue dans la bibliothèque après avoir réduit en poussière le bureau du Professeur de Défense contre les forces du mal d'un reducto un peu trop puissant.

En histoire de la magie elle s'était faite prendre la main dans le sac en train de changer les feuilles de son livre de classe en insectes miniatures qui s'acharnaient à tenter de se poser sur la silhouette fantomatique de leur professeur et puis dans les couloirs par la Directrice en personne quand elle avait tenté de soudoyer un première année pour obtenir le nouveau code des dortoirs des Serpentard.

- Qu'est-ce qu'il se passe en ce moment Swan ? lui demanda McGonagall ses sourcils froncés d'une inquiétude sincère. Est-ce que vous laissez vos histoires de cœur prendre le pas sur vos études ?

- Mes histoires de cœur ?

- Tout le monde a remarqué que vous et Regina Mills vous évitiez. Et l'autre soir …

- Il s'est jamais rien passé, avoua-t-elle sans savoir pourquoi. Elle a dit ça pour vous faire marcher.

- Je vois …

- Non, j'en doute … Professeur, est-ce que je peux vous poser une question ?

- Vous pouvez toujours la poser oui …

- Cet ingrédient qui disparaissait des placards du Professeur Slughorn ? Qu'est-ce que c'était ?

- Des larmes de licorne, pourquoi ?

- Pourquoi est-ce que Black a tout de suite pensé à de la drogue ? Je me souviens de plusieurs potions où on peut les utiliser.

- Quel intérêt les élèves auraient-ils à préparer en si grande quantité un philtre de paix ou un baume pour soigner les brûlures causées par un dragon ?

- Ou du Veritaserum non ? se rappela-t-elle de son cour de quatrième année.

- Oui Miss Swan, ou du Veritaserum. Assez pour interroger tous les élèves de l'école.

D'accord, c'était un peu trop mais la vérité était tout de même là. Il existait bel et bien d'autres potions qu'on aurait pu préparer avec l'ingrédient volé. Se pouvait-il que tout comme elle était passée à côté de ce détail, elle soit passée à côté d'une raison qui aurait justifié les actions de Regina ? La brune avait bien insisté pour lui faire comprendre qu'elle ne connaissait rien d'elle ou de ce qui pouvait la pousser à agir ainsi …

Elle eut une grimace en réalisant qu'elle devait s'expliquer avec la sorcière et peut être même lui présenter des excuses.

- Je suis sûre que vous trouverez le moyen de vous racheter, sembla comprendre la plus âgée qui avait veillé sur son raisonnement d'un œil sévère.

- Je … Je suppose oui ?

- Filez dans votre chambre et que je n'entende personne me dire que vous avez encore mis des savons sauteurs dans les douches de Serpentard !

- C'était pas moi ! mentit-elle effrontément en s'éloignant déjà en direction de sa salle commune.

Elle ne resta dans la tour des Gryffondor que le temps d'échanger sa robe de sorcière contre un simple jean gris et un pull en laine rouge assorti à l'écharpe qu'elle enroula plusieurs fois autour de son cou avant de se glisser dans le passage secret qui la mena à l'extérieur du château.

Il n'y avait personne lorsqu'elle arriva dans la clairière, appelant d'un sifflement les deux immenses équidés qui vinrent renifler ses mains à la recherche de nourriture qu'elle n'avait pas. La montre à mouvement perpétuel qu'elle avait acheté deux ans plus tôt sur le chemin de traverse affichait un peu moins de dix heures du soir et elle éprouva rapidement les effets de la solitude, invoquant son Patronus pour lui tenir compagnie. L'éternel gardien gambada quelques secondes dans les airs avant de venir jouer entre les pattes des Abraxans.

Quelque part vers onze heures, des bruits de pas la firent se figer, refusant de se tourner pour affronter le regard sans nul doute accusateur de la brune.

- Qu'est-ce que tu fais là Swan ? Ces animaux ne te connaissent pas et ils sont très imprévisibles, surtout en période de gestation.

- Ils ont pas l'air trop perturbés, répondit-elle seulement.

Il y eut quelques secondes de silence encore avant que l'autre ne la rejoigne à même le sol où elle l'imita pour s'asseoir en tailleur, les yeux rivés sur les animaux.

- Je te demande pardon, lâcha-t-elle au bout d'une éternité. J'étais hors de moi et j'ai pas pris le temps de réfléchir. La moindre des choses aurait été de chercher à te parler avant d'attaquer.

L'autre émit un petit bruit de gorge à mi chemin entre le rire et l'approbation mais aucun mot ne sortit de sa bouche d'un long moment au point qu'elle se sente mal à l'aise. Était-elle aussi censée s'excuser pour le comportement qu'elle avait eu après ? Non, ce n'était pas elle qui avait commencé après tout et elle avait arrêté à l'instant même où Regina l'avait réclamé …

- Apprends-moi à créer un Patronus, l'entendit-elle finalement réclamer au bout de longues minutes.

La demande la fit enfin lâcher du regard le couple d'équidés pour tourner la tête et rencontrer les orbes d'ébène qui l'observaient. Depuis combien de temps la fixait-elle ?

- Comment ça ?

- Apprends-moi à créer un Patronus et je te pardonnerai, répéta-t-elle avec la patience de ceux qui s'adressent à un enfant.

- Tu … Tu ne sais pas ?

- Sinon je te le demanderais pas Emma …

- J'aime bien quand tu m'appelles par mon prénom, lâcha-t-elle.

- Je sais.

Elle aurait voulu avoir le courage de combler l'espace qui restait entre elles pour l'embrasser à nouveau mais elle se retint, surprise lorsque l'autre lui présenta sa main en guise de signe de paix.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? Que tout redevient comme avant ?

- Mais pas un mot aux autres pour les cours que tu me donneras.

- Ruby le saura.

- Si Jones l'apprend je transforme ta chambre en nid à Scroutt à pétard.

- Hagrid te laisserait pas faire !

- J'ai jamais dit qu'il serait au courant.

Pour une fois l'air hautain la fit rire, luttant à nouveau pour ne pas se jeter sur elle et l'embrasser.

.

.

L'envie l'avait assaillie des dizaines de fois dans les semaines qui avaient suivi lors des cours particuliers qu'elle lui donnait dans la salle sur demande. Si Regina était certainement l'élève la plus douée qu'elle connaisse, elle avait apparemment beaucoup de mal à trouver en elle la force d'invoquer un Patronus. Elle n'avait pas été surprise de l'entêtement dont elle faisait preuve, la retrouvant toujours sur place avant elle en train de s'exercer devant la réplique d'un détraqueur.

- Tu dois te concentrer sur le souvenir le plus joyeux que tu aies. Celui qui te vient à l'esprit quand tu penses à la définition du mot bonheur.

- Et si je n'en ai pas ? avait-elle été choquée de l'entendre demander sérieusement.

La question l'avait prise au dépourvue, remettant une nouvelle fois en cause ce qu'elle connaissait réellement de la brune.

- Alors imagine quelque chose. Ton souhait le plus cher. Imagine qu'il se réalise. Visualise-le, laisse le t'envahir et réussi moi ce Patronus !

Il y avait eu une crise de larmes qui l'avait totalement déstabilisée avant qu'elle ne se transforme en rage monstre causée par la frustration de l'échec. Emma était restée en retrait, un puissant protego déployé autour d'elle tandis que la brune manquait détruire toute la pièce à coup de magie d'une noirceur à l'en faire frémir.

Mais malgré tous ses efforts, la brume blanche refusait de prendre forme au point que pour la première fois de sa vie, elle voit la brune baisser les bras.

- On arrête. Ce sera suffisant, je n'y arriverai jamais.

- Quoi ?! Non !

- Non je t'assure, c'est une perte de temps.

- Ou alors c'est moi qui suis vraiment un très mauvais professeur ...

- Non crois moi, ça n'a rien à voir avec toi.

La phrase avait été prononcée avec une finalité agacée et il était clair que sa meilleure ennemie s'en voulait. C'était peut être la première fois qu'elle la voyait échouer quelque chose mais aujourd'hui aucun désir de compétition. Si elle avait osé, Emma aurait certainement cédé à son envie de la prendre dans ses bras.

Mais elle avait du mal à imaginer l'autre se laisser consoler et pas une seule fois elles n'avaient reparlé de ce qui s'était passé dans le dortoir des Serpentards. Pas plus qu'elles ne parlaient du semblant d'amitié qui semblait parfois exister entre elles avant d'exploser en une guerre froide sous n'importe quel prétexte.

L'avoir côtoyée de si près pendant quelques semaines avait donné de mauvaises habitudes à la blonde qui dut faire face à un manque auquel elle ne s'était pas attendue lorsque les rendez-vous nocturnes durent cesser du jour au lendemain.

Et pas même les vacances de Noël passées chez la grand-mère de Ruby dans la maison de campagne où elles s'exerçaient au Quidditch dans la neige avait pu la distraire suffisamment. Comme prévu, elle n'avait pas réussi à garder le secret auprès de sa meilleure amie qui se moquait régulièrement des airs rêveurs qu'elle pouvait adopter.

Cet après-midi là, elles s'étaient rendues en feu de cheminée au chemin de traverse pour racheter des fournitures scolaires et aller boire une bière au beurre avec d'autres joueurs de l'équipe des rouges. Quelques heures durant Emma oublia les sentiments qui la rongeaient implacablement et elle était en train de se lever pour aller commander une autre tournée lorsque son regard traversa la vieille vitre du bar où ils avaient trouvé abri de la neige.

Bravant les intempéries sous un parapluie en cuir et dentelle noir Regina Mills traçait un chemin au milieu de la grande allée. Par réflexe, la jeune femme enfila son blouson et bondit à l'extérieur du magasin, pressant le pas pour rattraper la brune.

Elle allait le faire lorsqu'elle réalisa que celle qu'elle était en train de suivre avait l'air de ne pas vouloir l'être et surtout qu'elle se dirigeait droit vers l'allée des embrumes. Cette fois elle mit plus d'application à lancer son sortilège de désillusion, rasant les murs sur le chemin qu'elles firent jusque dans un bar beaucoup moins accueillant que celui qu'elle avait quitté quelques minutes plus tôt.

Elle resta en retrait pour ne pas être repérée tandis que Regina s'entretenait avec deux hommes en noir qui n'avaient pas l'air recommandables. Peut-être aurait-elle du faire un peu plus attention à Ruby lorsqu'elle avait tenté de lui apprendre à lire sur les lèvres regretta-t-elle lorsque le seul mot qu'elle put saisir de leur entière conversation fut « Azkaban ».

La célèbre prison n'accueillait plus autant de dangereux criminels qu'avant … Mais c'était un endroit dont tout sorcier qui se respecte parlait avec crainte. Pourquoi Regina s'y intéressait-elle ? Elle n'envisageait tout de même pas d'aller y travailler ?!

A quelques mètres de là, la brune jeta un coup d'œil à la montre qu'elle portait avant de se lever avec précipitation, jetant quelques galions d'or sur la table dont les deux autres s'emparèrent prestement. Une jalousie qu'elle n'expliquait pas embrasa son estomac quand ils profitèrent de son départ pour la dévorer du regard. Il fallait avouer que dans ses habits de la haute, si différents de ceux qu'elle portait au quotidien à Poudlard, Regina transpirait une toute autre assurance.

Le long manteau noir en velours brodé avait beau se vouloir austère, il semblait taillé sur mesure pour mettre en valeur les formes que la brune avait développé ces dernières années. Les cheveux courts avaient été remontés en un chignon orné de deux plumes bleues assorties à la robe qu'on pouvait lui apercevoir et Emma s'abîma brièvement les yeux sur toute la longueur du vêtement moulé à sa peau plus claire qu'au sortir de l'été. Elle était sublime, devait-elle reconnaître mais ce n'était pas une raison pour que qui que ce soit d'autre pose ce genre de regard sur la brune.

Aussi, ne quitta-t-elle pas le bar avant de s'être assurée que les deux hommes soient pris de violents vomissements d'un coup de baguette magique. Sa petite vengeance la força à courir dans la neige pour rattraper le retard qu'elle avait pris. Dans sa hâte elle manqua trébucher, la maladresse lui coûtant sa discrétion, aussitôt ligotée par une force magique qui anéantit son sortilège de désillusion, la laissant flotter quelques centimètres au dessus du sol au milieu de la rue.

Les iris d'ébène qui avaient contenu de la panique l'instant d'avant roulèrent au ciel en une moue exaspérée avant qu'elle ne soit relâchée, manquant tomber à même la neige.

- S… Salut, bafouilla-t-elle.

- Tu me suivais ?

- Pas du tout.

Le mensonge lui valut un froncement de sourcils et elle eut un haut le cœur la seconde d'après quand elle sentit son esprit déchiré par une présence étrangère dont elle eut du mal à se débarrasser.

- T'as encore du chemin à faire pour utiliser la légimencie avec discrétion hein, se plaignit-elle en massant sa tempe soudain douloureuse.

- Qui te dis que j'ai essayé d'être discrète ?

Le ton était toujours hautain mais elle avait l'air soulagée par les informations qu'elle avait obtenues. Certainement parce qu'Emma n'avait aucune idée de ce dont elle venait d'être témoin.

- Ok, désolée. Oui, je te …

- Regina chérie, où … Où étais-tu passée et qui est cette jeune femme ?

Il y avait un mensonge dans la question de celle qui venait de les rejoindre, flanquée de deux gardes du corps en robe noire et Regina n'eut pas besoin d'utiliser une quelconque légimencie pour lui faire comprendre de ne pas faire de vague. Cora Mills, Présidente du Magenmagot imposait à tous ceux qui la rencontraient une forme de respect dérangeant.

- Emma Swan, se présenta-t-elle promptement avec une révérence à peine prononcée que l'on réservait encore aux membres des familles au sang pur. C'est un honneur de vous rencontrer Madame.

- Depuis quand êtes-vous amie avec ma fille ?

- Oh, nous ne le sommes pas, répondit-elle d'instinct, j'étais simplement venue lui proposer un pari sur l'issue du match de Quidditch qui aura lieu la semaine prochaine.

- Un pari ? répéta l'autre avec un dédain qu'elle avait déjà entendu dans la bouche de sa fille. Regina ne joue pas avec l'argent, vous pouvez disposer Miss Swan.

- Je comprends, c'est tout à son honneur. Bonne fin de journée Madame. Regina, bonne fin de vacances.

Elle était en train de réfléchir à l'éventualité de s'emparer de la main de l'intéressée pour y déposer un baiser mais la brune l'en dissuada d'un signe de tête discret qui la déçut, préférant tourner les talons après un bref salut d'un sourire pincé.

.

.

Et si elle avait continué à penser à Regina, continué à se réveiller tremblante de désir après l'avoir rêvée dans son lit, la fin des vacances et l'ambiance quasiment électrique qui existait à Poudlard à la veille des grands matchs de Quidditch l'avaient quelque peu distraite. Mais pas assez pour ne pas remarquer les sourires en coin que la brune lui accordait quand elle laissait trop longtemps son regard errer sur elle ou qu'elle parvenait à réussir mieux qu'elle une potion ou un sort en plein milieu d'un cours.

En bref, tout était redevenu comme avant à peu de chose près. Si elle ne s'attardait pas au vide sidéral qu'elle ressentait à chaque instant de la journée lorsqu'elle pensait à elle ou à l'envie qui la brûlait d'être à ses côtés, de lui parler ... La veille elle avait observé sa silhouette s'enfuir vers la forêt enchantée en se rendant compte qu'elle avait une foule de questions à lui poser. Était-elle revenue pendant les vacances pour s'occuper d'eux ? Où se procurait-elle le Whisky qu'ils buvaient en si grande quantité ? Allait-elle devoir être présente quand la femelle mettrait bas ?

Mais encore aurait-il fallu qu'elles soient amies pour parvenir à l'approcher d'assez près pour lui parler de mondanités de ce genre.

- Prête pour notre grand retour ?

Debout dans la tour depuis laquelle ils devaient prendre leur envol, Emma avait les doigts fermement crispés sur le Nimbus qui vibrait d'impatience comme tous les élèves dehors.

- Bien sûr Kilian, mentit-elle.

Quelque chose comme une mauvaise intuition rongeait son estomac mais quand elle en avait parlé à sa meilleure amie, la batteuse qu'elle entendait plaisanter quelque part derrière elle, lui avait ri au nez en hasardant que c'était certainement du à la présence de Regina dans le stade. Elles avaient vu la brune se faire embrigader dans un groupe de dernières années avec un air tristement résolu ...

Et c'était peut-être ça tenta-t-elle de se convaincre.

- C'est au tour des rouges de rentrer sur le terrain. L'équipe qui avait du jouer le dernier match sans ses deux meilleurs joueurs va nous en mettre plein les yeux aujourd'hui !

Elle eut un sourire en coin. Le commentateur était un Gryffondor dont l'impartialité laissait toujours à désirer.

- Swan et Jones, nos deux stars du jour. Gardez bien les yeux sur eux, je pense qu'ils vont vouloir se faire pardonner leur absence !

- Swan et Jones hein ? Ça sonne bien tu trouves pas ? railla l'intéressé à ses côtés.

- Swan surtout, confirma-t-elle avec un sourire en coin.

- Regardez-moi ces deux là ! La dernière fois qu'ils étaient sur le terrain les bleus ne savaient même plus où donner de la tête. Est-ce qu'on va avoir le droit à un remake aujourd'hui ? Je ne sais pas chez vous mais à Gryffondor on a vu des paris qui s'élevaient encore plus haut que pour un duel entre Swan et Mills !

Cette fois elle rit de bon cœur, elle n'avait jamais fait attention aux paris qui portaient sur elle et Regina mais elle savait que depuis trois ans Ruby rajoutait régulièrement plusieurs galions à la cagnotte qui misait sur leur éventuelle relation secrète. Dans les gradins, ses yeux cherchèrent ceux de la brune à qui elle adressa un clin d'œil qui ne passa pas inaperçu auprès des spectateurs.

- Mon premier but est pour toi Mills ! cria-t-elle dans sa direction pour couvrir le chaos des élèves.

Elle n'eut le droit qu'à un haussement de sourcil condescendant sous les sifflets des verts mais les lèvres pulpeuses avaient tressailli en un sourire contenu qui la grisa presque autant le coup d'envoi du match.

Elle mit un point d'honneur à ouvrir le score, surprenant le gardien adverse en un retourné qui fit hurler la foule lorsque dans sa lancée elle fut forcée à traverser à la suite de la souafle un des trois cercles d'or. Et elle était la cible à abattre comprit-elle lorsqu'elle dut éviter une dizaine de cognards lancés sur elle dès les premières minutes. De sorte que Ruby qui n'était pas la plus forte mais la plus agile des deux batteurs de l'équipe soit forcée de roder à ses côtés pour la protéger en permanence.

- Tu me gènes, râla-t-elle quand elle manqua percuter sa meilleure amie pour s'emparer d'une balle perdue.

- Plus ou moins qu'un cognard en pleine poire ?! rétorqua l'intéressée en repoussant un autre projectile qui lui avait été destiné.

Moins, dut-elle avouer quelques minutes plus tard après qu'elle ait été forcée de s'échapper pour marquer dix points, violemment percutée la seconde d'après par un cognard qui manqua lui déboîter l'épaule. Comme d'habitude les Serpentards jouaient avec une intelligence vicieuse qui leur permettait de coller au score. Ils ne furent d'ailleurs pas longs à comprendre que le match ne se gagnerait qu'au moment où l'attrapeur mettrait enfin la main sur le précieux vif d'or.

- Protège le petit, ordonna-t-elle à Ruby tandis que les attaques se redirigeaient à présent vers le deuxième année qui surveillait le terrain quelques mètres plus haut à la recherche de l'objet qui mettrait fin au match.

L'intéressée lui obéit à contrecœur, la laissant slalomer au milieu des autres joueurs pour éviter les attaques sporadiquement dirigées à son encontre. Il y eut des rires dans la foule de spectateurs lorsqu'elle effectua une embardée, trompant la balle folle qui alla s'écraser sur un poursuiveur vert dont elle récupéra la souafle qu'elle envoya dans les buts sans aucun remord.

- Soixante points d'avance pour Gryffondor ! Les verts devraient revoir leur stratégie ! C'est un florilège pour Swan depuis qu'elle a le champ libre !

Et peut être le commentateur aurait-il du se passer de cette pique, les deux batteurs abandonnant aussitôt leur poursuite de l'attrapeur pour se concentrer à nouveau sur elle.

- Attrape-moi ce putain de vif d'or ou c'est moi qui t'envoie les prochains cognards ! ordonna-t-elle au plus jeune de l'équipe avant d'entamer une descente vertigineuse pour éviter un des projectiles lancé à son encontre.

Son manque évident de patience et de diplomatie avait été la raison principale pour laquelle elle n'avait jamais été nommée Capitaine, mais son ton sans appel lui valut d'être immédiatement obéie, le jeune homme redoublant d'effort dans sa chasse. Avec succès visiblement nota-t-elle un sourire aux lèvres quelques minutes plus tard lorsqu'elle le vit quasiment couché sur son éclair de feu pour rattraper la petite boule en or qui virevoltait à quelques mètres de lui.

Le coup d'œil qu'elle jeta au tableau de score lui fut fatal et si Ruby renvoya le premier cognard qui avait filé dans sa direction le deuxième vint s'écraser sur son Nimbus avec une précision imparable. Le choc disloqua le manche du balai dont une immense écharde traversa la main qui l'avait tenu juste avant que les lois de la physique ne la rattrapent.

Sa chute suspendit le temps, une éternité semblant s'écouler avant que sa main gauche ne parvienne à se refermer sur la pédale de frein d'un vieux Brossdur monté par un des batteurs de l'équipe adverse.

- Mauvais étage, entendit-elle l'intéressé se moquer avant d'écraser le talon de sa botte sur son poignet.

Elle eut à peine le temps de penser à protéger son bras droit où sa baguette magique était sanglée avant que le choc avec la pelouse ne lui arrache un hurlement de douleur et ses dernières bribes de conscience.

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Le réveil à l'infirmerie fut plus douloureux qu'elle ne l'aurait pensé, son corps accusant encore le coup de la potion qui avait réparé les nombreux os que la chute avait brisés. Kilian avait été le premier sur place, encore en tenue de Quidditch malgré l'heure avancée de la journée. Le Capitaine n'avait pas quitté son chevet pour pouvoir lui annoncer la victoire de l'équipe et l'exclusion du batteur qui avait provoqué sa chute.

Dans la soirée elle avait pu échapper à la surveillance de l'infirmière en chef et des elfes qui ne cessaient de venir lui demander si elle avait besoin de quelque chose pour rejoindre le dortoir des rouges et ors où elle avait rasé les murs pour aller s'enfermer dans la salle de bain des Préfets. Les bandages qu'elle avait retirés avaient révélé une profonde cicatrice qui défigurait sa main. L'essence de dictame mettrait encore quelques jours avant de redonner un aspect net à sa peau.

Enfoncée jusqu'au menton dans l'eau bouillante d'un des immenses bassins, elle consentit tout de même à accepter un plateau de nourriture et une peinte de bière au beurre de la part d'une jeune elfe dont la persévérance avait abouti. À l'extérieur, elle pouvait vaguement entendre l'écho d'une fête donnée dans la salle commune sans la moindre envie d'y participer.

Le Nimbus dans lequel elle avait investi des années d'économies avait été détruit sous le choc et elle ne savait même pas si elle pourrait jouer le prochain match. La blonde était en train de passer sa frustration sur les bulles de savon qu'elle faisait léviter et éclater d'un mouvement de baguette lorsque la porte de la salle de bains s'ouvrit à nouveau derrière elle.

- Ça suffit Nora, j'ai dit que je voulais être seule maintenant, gronda-t-elle en entendant les plateaux en argent être bougés à ses côtés.

- Qui est Nora ?

La voix la fit sursauter, rouvrant brusquement les yeux pour en trouver une paire qui la fixait avec un amusement à peine dissimulé.

- Qu… Qu'est-ce que tu fais ici ? bafouilla-t-elle en s'assurant que la mousse recouvrait bien tout son corps sous l'eau brûlante.

- Qui est Nora ? répéta celle qui s'était agenouillée près du rebord du bassin.

- Une elfe de maison ! Qu'est-ce que tu fous ici ?

Son emportement lui valut une moue désapprobatrice et la blonde sentit ses entrailles fondre sous l'assaut d'une vague de culpabilité. Comment Regina parvenait-elle à la manipuler sans même essayer ?

- Callagan va être exclu de l'équipe pour le reste de la saison, finit par lui annoncer l'autre après un temps de pause. J'ai aussi enlevé cinquante points à Serpentard pour le comportement inadmissible qu'il a eu sur le terrain aujourd'hui.

- Merci ?

- Hum, je suppose que nous sommes quittes.

- Quittes ?

- L'autre jour … Pour ne pas avoir dit à ma mère que tu m'avais vue dans l'allée des embrumes.

- Je ne vois pas en quoi ça la regardait …

- Tout la regarde, fut la réponse immédiate.

Peu habituée à la moindre confidence de sa part, la blonde ne trouva aucune réponse, se contentant de garder un silence presque gêné avant que ses yeux ne tombent sur les lèvres pulpeuses maquillées de corail.

- Emma ?

La voix avait un accent plus rauque que d'habitude qui la fit frémir, s'empressant d'ajuster son regard.

- Ferme les yeux, lui ordonna pourtant la brune.

Elle obéit, avalant précautionneusement sa salive, son attention focalisée sur ses autres sens pour deviner ce que Regina avait en tête. L'écho d'un sort frôla l'épiderme de son épaule et elle fronça les sourcils quand l'eau autour d'elle prit quelques degrés. L'instant d'après un léger clapotis fit battre son cœur la chamade, incapable de garder les yeux fermés quand un corps vint se lover contre le sien.

- Wow, Mills !

- Hum ?

Elle tremblait littéralement, trop consciente du moindre contact avec la sorcière qui s'était installée dos à elle.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je prends un bain, c'est pas toi qui me l'avait proposé ?

- Je ... Mais je plais ...

- Donne moi ta main.

- Quoi ?!

- Ta main Swan.

Elle obéit, tendant sa main valide dont Regina s'empara sans la moindre hésitation pour guider son bras autour de sa taille. Elle crut qu'elle allait imploser quand la brune s'adossa totalement à elle en laissant échapper un gémissement satisfait.

- Reg …

Des doigts trempés scellèrent ses lèvres. Immobilisés là un moment de trop qui la fit céder à la tentation de les effleurer d'un baiser puis du bout de sa langue. Elle fut presque surprise qu'ils ne lui soient pas retirés et resserra son étreinte sur elle quand elle réalisa que Regina n'en avait pas l'intention. Sa caresse s'enhardit en descendant le long de son poignet et sur la côte d'une épaule avant de se fixer dans le cou qui lui fut abandonné sans le moindre combat.

Un instant elle y resta immobile, savourant la permission qui lui était donnée mais la tentation d'avoir plus finit par l'emporter. Ignorant la douleur vive de sa main droite, la blonde en fit courir les doigts le long du corps qui se cambra lorsqu'elle atteignit une cuisse qu'elle tira un tant soit peu à elle.

- Emma

Son prénom gémit explosa en elle comme un véritable sortilège, perdue entre l'envie de prendre la brune et d'enfin être prise pour atténuer le désir qui vrillait ses reins.

- Tu as envie de moi Emma ?

- Tu as déjà fait ça ? répondit-elle à côté.

- Ça quoi ?

- Couché avec … Avec une fille ?

Sa question provoqua un petit rire amer qui la fit frissonner.

- Oui Emma, j'ai déjà fait ça.

- Des filles de l'école ? ne put-elle s'empêcher de demander.

- Jamais. Toujours des moldues.

- Des ? Il y en a eu beaucoup ?

- Quelques unes.

- Belles ?

- Blondes, fut la réponse qui la choqua alors qu'elle s'était apprêtée à enchaîner par un « plus que moi ? ».

- B… Blondes comme m…

- Stop. On arrête l'interrogatoire, intima Regina d'un ton tranchant.

- Non ! s'écria-t-elle presque lorsqu'elle la sentit s'écarter. Promis, je me tais !

Elle n'avait même plus la force d'avoir honte du désespoir palpable qui avait imprégné sa supplique mais il eut l'effet escompté, poussant la brune à retomber sur elle. D'abord tendu, le corps finit par se relaxer dans son embrasse. Mais comment était-elle censée se contenter de ça ? Sa bouche d'abord tomba dans le creux du cou qu'il lui fut à nouveau offert sans résistance et si l'eau avait pris quelques degrés lorsque la brune y était entrée, il lui semblait à présent qu'elle était littéralement en feu.

Sous l'eau des doigts vinrent caresser la main qu'elle s'était efforcée de maintenir immobile sur le ventre de l'autre et ses lèvres se plissèrent brièvement de douleur lorsqu'ils la forcèrent à remonter. Interdite, elle arrêta ce qu'elle était en train de faire et ensemble elles examinèrent la cicatrice rougeoyante qui courait pratiquement de son auriculaire jusqu'à son poignet.

- Qu'est-ce …

Son exclamation mourut en un gémissement de douleur lorsque le scintillement qui était apparu sur sa blessure redoubla mais une poigne ferme l'empêcha de se dégager du sort qui était en train de lui être lancé. L'inconfort ne dura pas, la fendant brièvement avant de disparaître en même temps que tout trace de son accident.

- C… Comment ? Madame Pompresh m'a dit que c'était impossible pour le moment.

- Magie, eut l'air de se moquer l'élève de Serpentard.

La plaisanterie eut l'art de lui faire retrouver une humeur plus taquine, plantant brièvement ses dents dans l'épaule qui était à sa portée avant de profiter de sa miraculeuse guérison pour faire glisser ses mains le long des flancs de sa victime jusqu'aux cuisses dont elle s'empara avec un grondement. Elle n'aurait pas du être en train de faire ça mais la brune s'était cambrée contre elle lorsqu'elle l'avait forcée à écarter les jambes.

Cette fois elle n'hésita pas avant d'agripper la nuque de la jeune femme pour la forcer à rencontrer ses lèvres. Le baiser était différent de celui qu'elles avaient échangé dans le dortoir des Serpentard, teinté d'une nouvelle assurance. Parce qu'il n'y avait plus aucun doute. Elles savaient toutes les deux à quel point elles se désiraient.

La brune émit un hoquet de surprise lorsqu'elle la souleva aisément pour la forcer à lui faire face. Les yeux clairs eurent le temps de rebondir sur la peau halée couverte de mousse, traquant la forme d'un téton avant d'être arrachée à sa contemplation par un gémissement lorsque Regina retomba sur une de ses cuisses. Et malgré l'eau brûlante dans laquelle elles baignaient, il était impossible de rater le brasier liquide entre les jambes de son amante.

Un instant leurs regards s'affrontèrent en une dernière confirmation avant de fondre pour un nouveau baiser plus urgent encore que les précédents. Les deux mains qu'elle avait accrochées de chaque côté du visage de la brune n'y restèrent pas bien longtemps avant de descendre sur les seins dont elle s'empara avec un entrain qui fit de nouveau gémir l'autre. Le corps parfait se cambra un peu plus contre elle, les hanches cherchant un contact qu'elle n'allait pas tarder à lui donner.

Le souffle coupé, Emma s'arracha aux lèvres pulpeuses pour descendre le long de la gorge qui lui fut offerte sans hésitation. Contre elle, Regina bondit quand sa bouche se referma sur la pointe d'un sein et ses mains contournaient son buste avec l'intention d'aller agripper ses fesses quand elle se figea.

- Non, prévint l'autre avant qu'elle ait pu dire quoi que ce soit.

En silence, elle releva des yeux confus vers ceux de son amante. Sous ses doigts, elle pouvait distinctement sentir quelque chose qu'elle n'avait pas eu le temps de voir toute à l'heure dans le dos de la brune. De longues cicatrices qui n'avaient rien de naturel.

- Emma …

Regina n'avait pas besoin de le dire à haute voix pour qu'elle comprenne qu'elle souhaitait qu'elle ignore sa découverte mais comment était-elle censée ne rien dire ? Avec une précaution infinie, la jeune femme fit courir le revers de sa main le long de la colonne vertébrale de l'élève de Serpentard. Des dizaines. Son dos était couvert de longues cicatrices et Emma avait beau ne pas y connaître grand chose en matière de magie noire, il ne fallait pas être un expert pour en reconnaître les ravages.

- Regina …

- Non.

Mais c'était impossible. Etait-ce pour ça qu'elle avait volé les ingrédients à Slughorn ? Elle qui semblait s'y connaître si bien lorsqu'il s'agissait de soigner les autres avait-elle cherché à se débarrasser de ces marques ?

- Non, je peux pas … Je … Qui te … Qui t'a f…

- Stop.

Des membres de sa famille ? Son fiancé ? Sa mère ? Le lion qui gronda en elle était en rage, un sentiment qu'elle ne tenta pas de cacher au regard encore sombre de désir qui l'observa quelques secondes avant de la repousser.

- Bravo Swan. On peut dire que tu as l'art de gâcher un moment.

- Comment tu peux me dire ça ?! contra-t-elle alors que l'autre s'éloignait déjà. Putain Regina, qui t'a fait ça ?!

- M...

La réponse qui avait failli sortir se bloqua quelque part dans sa gorge. En face d'elle, les poings serrés la brune semblait lutter pour ne pas passer aux aveux.

- Ça ne te regarde pas, finit-elle par reprendre plus calmement. Oublie ça, c'était une erreur.

- Oublier quoi ? Qu'on allait coucher ensemble ? Tu sais quoi ? Ok !

Ce fut elle qui se leva la première, surprenant visiblement la brune qui eut un mouvement de recul dans l'immense baignoire où l'eau déborda sur le sol en marbre de la salle de bains des Préfets.

- … Mais oublier ça ? continua-t-elle après quelques secondes à n'entendre que son souffle court et le battement de son cœur. Tu peux toujours rêver !

Sa déclaration raisonna un instant de plus dans le silence de la pièce. Elle tremblait. De froid. De frustration. De colère. De désir. Et en face d'elle les perles d'ébène détaillaient le moindre centimètre de peau comme si Regina avait su que c'était la dernière fois qu'elle pourrait la voir ainsi.

- Très bien.

- T… Très bien ? répéta-t-elle confuse tandis que l'autre se levait à son tour.

Le regard clair ne put s'empêcher de cascader le long du corps parfait avant de remonter avec précipitation soutenir celui de sa meilleure ennemie. Les cheveux courts avaient commencé à boucler et Emma la trouva désespérément belle. Au point d'en avoir envie de pleurer.

- Fais comme tu veux.

Bouche bée, elle l'observa se hisser à l'extérieur de ce qui était presque une petite piscine, horrifiée à la vue des traces qu'elle n'avait fait que sentir et put brièvement voir briller d'une blancheur spectrale sur la peau dorée. Mais le spectacle ne dura qu'une fraction de seconde, le corps se couvrant de vêtements d'un coup de baguette.

- Bonne soirée Emma. Ménage ta main.

Comme un pantin désarticulé, la blonde sentit ses jambes céder sous son poids, retombant lourdement dans le bassin d'eau chaude. Venait-elle de se disputer avec Regina ? Qu'entendait-elle par ses dernières paroles ? Était-ce une invitation à chercher ce qui lui était arrivé ? Sa façon de lui dire qu'elle acceptait son aide ? Emma en doutait …

Qu'allait-il se passer maintenant ? Allaient-elles recommencer à s'ignorer ? Étaient-elles amies ? Toujours ennemies ? Et que penser de ce qui avait faillit se produire ? Regina était fiancée bon sang, à quoi jouait-elle ? La jeune femme eut un frisson malgré la température de l'eau dans laquelle elle était encore enfoncée, ramenant ses jambes près de son corps pour poser son menton sur ses genoux. Elle était perdue.

.

.

Apparemment Regina et elle n'étaient pas plus en guerre que d'habitude constata-t-elle la semaine qui suivit. Elle avait même eut le droit à un sourire en cours de Potions. Bon, d'accord, c'était parce qu'elle venait de faire fondre son chaudron pour la deuxième fois du mois à cause d'une erreur de dosage mais c'était quand même un sourire.

- Je t'ai trouvé un bon vieux Nimbus 2000, lui annonça ce matin là Killian au petit déjeuner en déposant le balais en bois laqué sur sa table.

- Pompresh a dit que je ne pourrais pas jouer avant un mois.

- Elle avait aussi dit que ta main ne guérirait pas avant une bonne semaine, mais crois pas que j'ai pas remarqué qu'elle était toute neuve.

- Ça veut rien dire, j'arrive pas à écrire, tenta-t-elle de lui rappeler.

- Ça c'est une excuse pour ne pas prendre les cours, contra le Capitaine qui n'avait pas tort. Je t'ai vue l'autre jour faire des pompes ça avait pas l'air de te déranger.

Elle allait répliquer lorsqu'un élève de troisième année s'arrêta devant eux avec un appareil photo. Emma connaissait bien le petit Lewis qui en plus de servir de photographe officiel à la gazette de l'école vendait ses meilleurs clichés à diverses gazettes.

- Emma Swan, est-ce que c'est vrai que l'équipe va devoir trouver un remplaçant pour le dernier match de l'année ?

- Je ne crois pas non, répondit pour elle Jones en posant une main bienveillante sur son épaule.

- C'est ton nouveau balai ?

- Pas vraiment, répondit-elle sans enthousiasme avec un coup d'œil pour ce qui lui semblait être une antiquité par rapport à son ancien balai.

- Allez, fais pas la tête, tu mettrais une raclée à tout le monde sur un bon vieux Brossdur !

Le compliment la fit ricaner, glapissant l'instant d'après quand le brun pinça sa joue.

- Vous posez pour une petite photo ? leur demanda tout de suite l'autre.

- N… REPOSE MOI TOUT DE SUITE !

À la table des Gryffondors, il y eut des rires lorsque le flash se déclencha à plusieurs reprises tandis que Killian la soulevait dans les airs avec un sourire triomphant mais la blonde n'eut d'yeux que pour l'autre bout de la grande salle. Là où assise avec sa meilleure amie, Regina lui lançait un regard désapprobateur empli d'une exaspération jalouse.

- Tu pourras prendre la même dans deux mois quand on gagnera la coupe, annonça le Capitaine des rouges qui la reposait déjà.

- Refais ça et je t…

- Mange, fut-elle interrompue par le brun qui lui fourra une tartine de confiture dans la bouche.

Le grondement qu'elle émit fit à nouveau rire leur tablée dont la bonne humeur finit par la contaminer. Elle avait encore le sourire même après deux heures de cours d'Histoire de la magie et un contrôle en Métamorphoses. Seule l'absence de Mills au cours de Défense contres les forces du mal la fit froncer les sourcils.

Le soir aucun signe d'elle dans le grand hall à l'heure du souper quand elle rentra de son entraînement alors que le ciel se chargeait de nuages. Elle s'était résolue à ne pas voir la brune de la journée quand on tapa à la porte de sa chambre à presque dix heures du soir.

- Qu…

- J'ai besoin de toi.

Elle aurait tenté un trait d'humour si en face d'elle la Préfète des Serpentards n'avait pas eu l'air en proie à une réelle panique. Les yeux clairs tombèrent le long de la robe d'écolière tachée de boue et d'herbe écrasée. Regina avait l'air de s'être roulée dans la forêt interdite, le souffle encore court d'une cavalcade qui l'aurait menée jusqu'à elle.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Habille-toi, je t'expliquerai en chemin.

Les sourcils froncés, elle ne mit pourtant qu'un instant à se décider, attrapant sa baguette pour s'habiller d'un pull chaud par dessus son simple débardeur et d'un pantalon noir avec des bottes en cuir. Elle n'avait pas fini de les attacher que l'autre tournait déjà les talons, la forçant à courir après elle dans les couloirs déserts.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? répéta-t-elle quand elles furent sorties de l'enceinte du château.

- Je ne vais pas m'en sortir toute seule.

- De quoi ? couina-t-elle toutes sortes d'idées en tête.

Ces derniers temps elle avait ruminé des soirées entières dans sa chambre à propos de ce qu'il s'était passé la dernière fois qu'elle s'étaient retrouvées seules. Bon sang, elle avait même emprunté des livres à la bibliothèque pour se renseigner à propos de certains sorts. Alors forcément, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser au pire …

- Rocinante …

- Rociquoi ?

- Ça fait des heures qu'elle essaie de mettre bas mais je crois qu'il y a un problème … Je pense que tu vas devoir l'aider.

- Pardon ?!

Elle avait manqué trébucher pendant les explications et dut courir sur quelques pas pour rattraper celle qui s'enfonçait déjà dans la forêt interdite sur un chemin désormais familier. Elle aurait pu rire si Regina n'avait pas eu l'air aussi inquiète.

- J'y connais rien en chevaux, trouva-t-elle à dire comme si la brune n'était pas déjà au courant.

- Je te dirai quoi faire Swan.

- Mais quoi exact…

Sa question mourut en un bredouillement stupéfait. Un immense tas de paille fraîche avait été déposé au centre de la clairière où les deux Abraxans les attendaient. La femelle, devina-t-elle avait du mal à tenir debout, à moitié appuyée sur son compagnon dont les ailes déployées semblaient vouloir la protéger. Le spectacle lui coupa momentanément le souffle. Il y avait du sang sur la robe dorée de la jument et le museau de l'étalon qui avait sans doute cherché à la rassurer.

- C'est là que tu étais cet après midi ? devina-t-elle à voix basse tandis qu'elles s'approchaient à petits pas pour ne pas effrayer les équidés.

- Oui.

- Regina je … Je sais pas si je peux faire ça. J'ai … Elle devrait pas être allongée ? Je ne sais même pas comment ça se passe !

- Non, l'accouchement se passe debout.

L'assurance avec laquelle la réponse lui avait été délivrée parlait d'expérience et elle dut ravaler le désir de lui demander où était son fiancé dans un moment pareil. Après tout c'était à lui qu'appartenaient les bêtes. Pourquoi laisser Regina sans aide dans un moment pareil ?

- Ok … Et donc … Qu'est-ce que je dois faire ? se décida-t-elle finalement avec un hochement de tête résolu.

Elle avait toujours entendu que l'amour rendait aveugle et faisait faire des folies mais jusque là Emma n'avait jamais eu à vivre l'exemple même du dicton. Ce jour marquerait donc la fin d'une vie d'ignorance …

Manches relevées jusqu'aux coudes, la blonde aurait du mal à oublier ce qu'elle avait du faire pour aider l'équidé à mettre bas, bondissant d'un bon mètre en arrière lorsqu'elle avait finalement réussi à tirer sur les pattes du poulain pour le libérer plus d'une demie heure plus tard.

La masse liquide qui s'était écrasée dans la paille en un mélange de sang et de matière visqueuse avait failli la faire vomir, horrifiée quand l'étalon l'avait écartée pour venir en aide à sa progéniture.

- Oh mon dieu, ne put-elle s'empêcher de gémir à la vue de l'immense bête qui léchait le mélange immonde pour en débarrasser le jeune Abraxan.

Sa réaction lui valut un rire de la part de la brune dont la joue avait été souillée du même mélange de boue et de sang qui recouvrait leurs mains. Même comme ça Emma la trouvait magnifique et elle se força à regarder ailleurs, son regard parcourant la clairière à la recherche d'autre chose. Les yeux clairs tombèrent sur un réservoir d'eau sur lequel elle se précipita pour laver ses mains et ses avants bras.

En silence, elle s'acharna sur les traces brunes qui collaient à sa peau et elle allait se plaindre à haute voix du sang qui restait coincé sous ses ongles quand la scène qui se déroulait à quelques pas la fit pincer les lèvres. Assise en tailleur dans l'herbe, Regina se tenait au centre de la petite famille, soutenant une bouteille de Pur Malt que le plus jeune avait l'air de téter avec entrain. Dans sa poitrine, son cœur fit une embardée quand la brune leva un regard émerveillé vers elle, souriant avec une innocence parfaite avant de lui faire signe d'approcher.

Ses jambes mirent quelques secondes à lui obéir, peu désireuse de troubler la perfection du moment. Mais les deux adultes n'eurent pas l'air de se soucier de sa présence quand la brune agita sa baguette pour faire apparaître une autre bouteille dans ses mains.

- Vas-y, l'entendit-elle murmurer.

Emma ne répondit que d'un simple hochement de tête, la remplaçant tandis qu'elle allait à son tour se débarrasser de ce qui la souillait. Un instant encore elle observa son manège avant de rediriger son attention vers l'animal qui vidait à une vitesse alarmante la bouteille d'alcool fort.

- T'étouffe pas, souffla-t-elle à voix basse surprise par l'instinct maternel qu'elle sentait gonfler sa poitrine.

Comme s'il avait pu la comprendre, le poulain s'ébroua, immédiatement approché par les parents et la blonde observa en silence sa mère lécher les petites plumes à peine naissantes sur les ailes qui ne ressemblaient pas à grand chose. Les yeux brillants, elle sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres malgré elle quand sur ses jambes frêles le nouveau né tenta à plusieurs reprises de se relever avant de réussir à sa plus grande surprise.

- Oh ! s'étonna-t-elle avec émerveillement en cherchant du regard celle avec qui elle aurait voulu partager ce moment.

Son ventre se tordit quand elle la repéra finalement assise sur un tas de paille. Regina inclina la tête en un salut familier, levant une bouteille de Whisky en sa direction avant d'en avaler une rasade. Acceptant l'invitation silencieuse, la blonde quitta sa position pour aller s'effondrer quelques mètres plus loin aux côtés de celle qui lui tendit immédiatement la boisson plus forte que ce à quoi elle était habituée.

- Je raconterai ça à mes petits enfants, finit-elle par déclarer les yeux au ciel.

Le petit rire rauque qu'elle provoqua lui fit tourner la tête, manquant rougir sous le regard de la brune dont elle semblait avoir toute l'attention.

- Merci.

- Je t'en prie, c'était un plaisir, mentit-elle à moitié.

- C'était vraiment important pour moi. Je ne sais pas si j'aurais pu le faire sans toi.

Cette fois elle ne répondit pas, laissant le silence s'éterniser jusqu'à ce qu'une main se referme autour de son poignet pour attirer son attention sur ce qu'il se passait au centre de la clairière. Et si elle se redressa pour pouvoir observer le jeune équidé étendre maladroitement ses ailes, elle garda ses doigts fermement arrimés à ceux qui avaient trouvé le moyen de les enlacer.

.

.

Elle avait toujours les yeux rivés sur les équidés pour s'empêcher d'admirer la jeune femme à ses côtés quand quelque chose de froid s'écrasa sur sa joue. Elle eut à peine le temps de froncer les sourcils avant que la pluie ne s'abatte à torrents. Comme elle l'avait déjà vue faire, Regina leva sa baguette au dessus d'elles, les trombes d'eau ricochant sur la silhouette translucide d'un parapluie.

- Tu veux rester ? lui demanda-t-elle tout de même.

À quelques mètres de là, les Abraxans s'ébrouèrent, la mère soulevant une aile pour y accueillir la frêle stature de son poulain.

- Non, rentrons.

Il y avait quelque chose qui ressemblait à de la tristesse dans les deux mots qui avaient été prononcés et pourtant elle eut le droit à un rare sourire lorsqu'elle se tourna vers elle pour s'en assurer. Elle n'hésita pas une seconde avant de s'emparer de la main qui lui fut tendue mais à peine fut-elle debout que Regina choisit de détaler, la laissant seule face à l'orage qui la trempa immédiatement.

Elle mit un instant avant de réagir pour la suivre, sautant au dessus des racines qui auraient pu ralentir sa progression jusqu'à la brune qu'elle finit par rattraper juste après la sortie de la forêt.

- On a du mal avec les escaliers ? se moqua-t-elle quand elle passa devant elle sur les marches en pierre qui remontaient dans la mousse glissante vers le parvis du château.

La moquerie fut suffisante pour que Regina abandonne le sort qui la protégeait et elle eut un hoquet de surprise indignée lorsqu'elle la vit pointer sa baguette au sol et être propulsée en un bond qui lui refit prendre de l'avance.

- Tu as triché, se plaignit-elle à bout de souffle quand elles eurent atteint le passage secret qui les menait directement à l'intérieur de l'aile ouest où elles pouvaient regagner leurs tours respectives.

- J'ignorais que nous avions établi des règles ? lui répondit l'autre ses doigts caressant la statue qui pivota pour les faire entrer.

- On devrait peut-être.

- Trop tard Swan, j'ai gagné ce duel.

- Je parlais pas d'un duel.

- De quoi alors ?

- De nous.

- Un peu trop tard pour ça aussi, tu ne crois pas ?

- Donc il n'y a aucune règle qui m'interdit d'essayer de t'embrasser ?

- Maintenant ? sembla vouloir préciser la brune qui s'était arrêtée à un angle d'un couloir où elle avait apparemment repéré quelqu'un.

Elle ne répondit pas tout de suite, admirant son profil tandis qu'elle guettait visiblement les pas qui s'éloignaient. Deux paires. Des Préfets en patrouille devina-t-elle. Pas de quoi vraiment les inquiéter. Les perles d'ébène finirent par retomber sur elle, un sourcil narquois se haussant à son encontre.

- Eh bien ? Il ne me semble pas avoir dit non Emma …

Elle ne le lui fit pas répéter, passant un bras autour de sa taille pour l'attirer à elle, ravie de la surprise qu'elle sentit tendre le corps de la brune quand elle s'empara de sa bouche avec autorité. Une main glissa le long de sa mâchoire en une caresse délicate avant de s'enfoncer dans les boucles d'or où elle fit pression pour l'inviter à approfondir leur échange.

- Tu as envie de moi Emma ?

- C'est la deuxième fois que tu poses cette question.

- Tu n'y as jamais répondu.

- Je crève d'envie de toi.

Et elle n'avait pas besoin d'avoir honte de son aveu comprit-elle à la façon dont les pupilles qui mangeaient déjà les iris sombres éclatèrent sous l'effet de ses paroles. Il y avait une nouvelle urgence lorsque Regina retrouva le chemin de ses lèvres. Ses mains tombèrent le long de la robe d'écolière encore trempée pour passer derrière les cuisses qu'elle hissa à hauteur de ses hanches, le mouvement lui valant un gémissement qui l'embrasa.

Ses lèvres descendirent dans le cou qui la narguait à quelques centimètres d'elle et il y eut des murmures indignés parmi les occupants des tableaux du couloir lorsqu'elle la plaqua contre le mur le plus proche. Leur réaction provoqua un petit rire indifférent chez la brune qui bascula sa tête en avant pour étouffer ses prochains gémissements dans leur baiser.

- Pas ici, la prévint-elle pourtant un instant plus tard quand elle eut dégagé une main pour commencer à détacher la robe qui l'empêchait de toucher autant de peau qu'elle le souhaitait.

- Où ?

- Le bureau de la directrice ? proposa une voix qui les fit se tendre.

Dans ses bras Regina émit un grondement animal et elle n'eut pas le temps de la stopper avant qu'elle ne tende sa baguette comme on sort un fouet avec l'intention de blesser.

- Oubliettes !

- Non Reg…

- Oubliettes ? fut l'écho outré de leur Professeur de défense contre les forces du mal qui avait dévié le sort sur un mur adjacent.

Le désir qui avait échauffé son corps était rapidement en train de muer en une angoisse glaciale tandis que Regina se laissait tomber, toujours contre elle. Et si ses traits affichaient encore une fausse confiance en elle, Emma la connaissait assez pour savoir qu'elle était aussi terrifiée qu'elle.

- C'est une chose de fricoter dans les couloirs Mills, mais attaquer son professeur Principal ?

- Excusez-moi professeur Black, c'était un réflexe.

- Qu'est-ce que vous faisiez à cette heure dehors ?

- Une patrouille, fut la réponse assez naturelle.

Mais pas pour Black. L'ex auror les fusillait toujours d'un regard aussi noir que son nom.

- Et depuis quand les patrouilles englobent-elles l'extérieur du château ? renchérit-elle en désignant leurs robes détrempées.

- J'ai cru voir un première année sortir, on a fait un tour pour voir si c…

- Mensonge !

- J'ai dit que j'étais désolée, insista la brune comme si elle tentait de lui rappeler un accord tacite.

- J'ai entendu mais je n'ai aucune envie d'enlever des points à ma maison.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? s'indigna la Gryffondor.

- Ça veut dire qu'on va dans le bureau de la Directrice, lui répondit l'autre avec un petit coup de baguette qui attira les leur directement dans sa main tendue.

Elles n'échangèrent pas un mot sur le chemin qu'elles firent vers la tour où le bureau était situé mais les yeux sombres finirent par accrocher les siens juste avant qu'elles n'entrent dans l'escalier en colimaçon. Il y avait une excuse qu'elle ne comprit pas tout de suite dans les orbes d'ébène, momentanément rassurée par les doigts qui effleurèrent les siens.

- Professeur Black ? Que s'est-il passé ?

McGonagall avait beau avoir posé la question, son expression plus fermée que d'habitude laissait penser qu'elle en connaissait l'exacte réponse. Son regard fila aux murs où de nombreux anciens directeurs les jaugeaient avec un certain niveau de gravité. Ou d'amusement, nota-t-elle lorsqu'elle eut le droit à un sourire indulgent de la part d'Albus Dumbledore.

- Ces deux là allaient s'envoyer en l'air dans l'aile ouest et Mills a tenté d'effacer ma mémoire quand je les ai surprises.

La Directrice eut un pincement de lèvres, visiblement agacée par le choix des mots du Professeur et il y eut quelques secondes de silence durant lesquelles elle sembla considérer sa réponse.

- Peut-être avons-nous été trop indulgents toutes ces dernières années ? finit-elle par se demander à haute voix. Deux brillantes élèves qui se défient sans cesse, nous pensions que les écarts en valaient la peine quand ils vous poussaient à vous dépasser … Mais attaquer un Professeur ?

- Je suis profondément désolée, s'excusa immédiatement la brune. Swan et moi étions en ronde, nous nous sommes … laissées emportées et j'ai eu honte, j'ai réagi par réflexe et c'était un très mauvais réflexe.

Le mot honte fit frémir la blonde. Ce n'était pas de la honte qui avait poussé Regina à lancer le sortilège dans un grondement agacé. Elle l'avait fait parce qu'elle n'était pas habituée à ne pas obtenir ce qu'elle voulait et l'interruption de Black avait contrecarré ses plans. Une deuxième fois en l'espace de peu de temps qui avait du la pousser à bout.

- Elle ment, intervint d'ailleurs Black. Elles ont une histoire d'élève qui se serait aventuré à l'extérieur du château mais elles venaient de rentrer par un des passages secrets de l'aile ouest.

- Est-ce vrai ?

Il n'y avait aucune forme de legimencie dans les yeux las qui se posèrent sur la blonde mais elle sentit tout de même son âme frémir.

- Je …

- Bien sûr que non ! répondit Regina avant elle. Je dis la vérité. C'est ridicule.

- Elles ont bu, rajouta le Professeur de Défense contre les forces du mal comme si elle choisissait le moment pour enfoncer un clou supplémentaire dans le cercueil où elle comptait les enterrer.

- Pardon ? s'indigna McGonagall.

- Du Whisky, si je ne m'abuse. Et on sait tous que ce genre de boisson ne peut pas se trouver à Poudlard, il y a un sort qui l'en empêche.

La brune allait à nouveau ouvrir la bouche et Emma s'était apprêtée à écouter religieusement l'excuse qu'elle aurait trouvée quand des volutes de fumée d'un violet profond apparurent quelque part derrière le bureau de la Directrice.

A ses côtés Mills se tendit, redressant presque imperceptiblement sa posture mais suffisamment pour lui donner l'identité de la personne qui allait transplaner dans l'espace libre. Et comment faisait-elle ?! ne put-elle s'empêcher de se demander. Poudlard était censé être à l'abri de ce genre de magie pour éviter toute intrusion …

- Cora, salua McGonagall en premier.

- Minerva. Professeur Black, merci de m'avoir prévenue.

Quand l'avait-elle fait ? Black n'avait pas quitté leurs côtés depuis qu'elle les avait surprises dans le couloir de l'aile ouest …

- J'aimerais que vous ne fassiez pas une habitude de violer les sortilèges qui protègent mon école pour un simple problème de discipline.

- Il n'y a pas de simple problème de discipline Minerva. S'en prendre à une figure de l'autorité est un problème que nous prenons très au sérieux au Magenmagot.

- Et que vous ne me jugez visiblement pas assez compétente pour régler seule ?

Il y avait une tension entre les deux femmes qui la fit sourire. McGonagall n'avait pas été choisie en son temps pour succéder à Dumbledore pour n'importe quelles raisons. Emma aurait misé sur elle dans un combat contre n'importe qui dans cette pièce. Surtout quand il était question de ses élèves.

- Pas du tout Madame la Directrice, je suis simplement là pour assister.

Les yeux sombres glissèrent enfin sur les deux plus jeunes qui étaient restées immobiles et la blonde dut retenir un frisson lorsqu'ils se plissèrent à son encontre.

- Miss Swan, je croyais que vous ne faisiez pas partie des fréquentations de ma fille …

- Nous sommes toutes les deux Prefètes, Madame. C'est pour ça que nous étions ensemble ce soir.

Son ton obséquieux lui valut une moue hautaine qui lui arracha un sourire.

- Trempées de la tête aux pieds ?

- Il pleut, répondit simplement l'autre à sa mère.

C'était typiquement le genre de réplique qui l'aurait fait rire si elle n'avait pas vu Regina se tendre d'avantage, ses épaules poussées vers l'arrière et les lèvres pulpeuses se pincer avec une inspiration brutale.

La vérité la frappa de plein fouet, l'accoudoir du fauteuil où elle avait été invitée à s'asseoir se brisant sous la force avec laquelle elle l'agrippa. Avant même d'avoir su qu'elle était une sorcière, c'était toujours la colère qui avait forcé ses pouvoirs à se manifester et aujourd'hui ne faisait pas exception. À sa gauche la brune ne lui accorda pas le moindre regard, mais le mouvement lui valut un froncement de sourcil de la part de McGonagall.

Les cicatrices. Les cicatrices qu'elle avait senties, vues dans le dos de sa camarade de classe … Les cicatrices qui ne pouvaient avoir été causées par autre chose qu'une magie noire répétée à maintes et maintes reprises …

Rien de ce qu'elle aurait pu lui dire aurait calmé le lion qu'elle sentait rugir en elle. Les sangs purs étaient connus pour leur éducation stricte mais Cora Mills torturait littéralement sa fille pour la punir de ses écarts de comportement. Pour la première fois de sa vie, elle avait envie de tuer quelqu'un, voir toute trace de supériorité s'éteindre dans les yeux sombres qui s'étaient mis à l'épier avec mépris.

- Swan ce fauteuil ne vous a rien fait, finit par lui faire remarquer la Directrice.

- Excusez-moi, parvint-elle à grincer.

- Dites-moi plutôt ce que vous faisiez vraiment dehors.

- Comme je l'ai dit au Professeur Black, j'ai cru voir quelq…

- Ce sont Kavanah et Abbott qui sont en ronde ce soir dans l'aile ouest, fut-elle coupée.

- Ce n'est pas là que nous étions quand j'ai repéré le gamin. Mais il s'est mis à pleuvoir et plutôt que de refaire tout le chemin jusqu'à l'entrée principale j'ai proposé à Regina de prendre le passage de l'aile ouest.

- Et l'alcool ?

- Un pari, fut la réponse emplie de dédain de Regina. Je ne sais pas comment elle a mis la main dessus mais Swan avait un fond de bouteille de Pur Malt et quand j'ai refusé d'en boire, elle a eu l'air de croire que je me défilais …

- Donc vous faites une ronde, vous croisez un gamin qui sort du château, vous le suivez et Swan trouve que c'est le moment idéal pour boire du Whisky ? résuma Black. Non, je n'y crois pas une minute.

- Donnez-nous votre version dans ce cas Professeur, l'invita la Présidente du Magenmagot.

Emma eut du mal à avaler sa salive dans le silence qui suivit quelques secondes avant que l'autre ne reprenne.

- Ma version ? Les deux tourterelles se sont payée une soirée romantique quelque part dans les environs. Pas à Pé-au-Llard sinon elles n'auraient pas eu besoin de revenir au château. Elles devaient être pas trop loin quand elles se sont fait surprendre par la pluie, elles sont rentrées et l'alcool aidant Mills a cru pouvoir se débarrasser de moi comme de n'importe quel élève qui serait passé par là.

Elle avait presque tout juste ne put-elle s'empêcher de penser. Black n'avait pas volé son titre de meilleur auror des années durant et faisait toujours une enquêtrice hors-pair.

- Comment osez-vous ?!

Le grondement animal était de retour dans la voix de Regina qui s'était levée, poings serrés. Elle n'avait pas l'air d'une sorcière privée de sa baguette. Droite et fière, défiant clairement son Professeur.

- Regardez-moi dans les yeux et osez répéter ce que vous venez de dire, Black, continua la brune. Sept ans que je suis élève ici et vous ne m'avez pas suffisamment cernée pour pouvoir insinuer que … Que quoi ? J'aurais une relation amoureuse avec Swan ? Une soirée romantique, vraiment ? Je suis promise à un homme pour qui j'ai énormément de respect et vous croyez que j'irai bafouer sa confiance en en aimant un … Une autre ?!

- Oh ne me faites pas votre numéro Mills ! Vous n'aviez même pas l'air de vous soucier de votre propre respect quand Swan avait ses mains sous votre robe !

Il y eut un craquement sinistre dans le bureau et malgré la nouvelle rage qui bouillonnait en elle, Emma émit un couinement lorsque le sol en marbre se fissura sous son fauteuil.

- Rejouez vous la scène Professeur, Swan n'avait absolument pas les mains sous ma robe. Oui, j'ai eu la bêtise de boire quelques gorgées de Whisky et oui, j'ai tenté de vous écarter de notre chemin parce que j'avais l'intention de « m'envoyer en l'air ». Ma réaction était stupide et mérite une punition dont le Professeur McGonagall décidera mais vous n'avez aucun droit … Aucun droit d'insinuer ce genre de mensonge pour essayer de me rabaisser en présence de ma mère. Arrêtez d'essayer de briller devant elle et rappelez-vous qu'en un claquement de doigt elle peut vous envoyer dans la prison où tous les vôtres ont leur place.

C'était bien joué dut-elle reconnaître. En quelques phrases, elle avait rappelé à Black que sa famille n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait été avant les scandales qui l'avaient frappée et avait réussi à flatter sa mère. L'intéressée avait épié l'échange d'un air impassible mais les dernières phrases lui avaient arraché un sourire en coin.

Et même si l'entendre dire qu'elle était promise à un homme qu'elle respectait énormément l'avait blessée plus que de raison, elle n'arrivait même pas à en vouloir à Regina pour l'avoir si facilement dénigrée. Elle en comprenait la nécessité.

- Mills, je cr…

- Ça suffit, intervint Cora d'une voix glaciale. Ma fille a raison, si vous n'êtes pas en mesure d'en apporter la preuve, je vous conseille de retirer ces accusations.

- Sauf votre respect …

- Mon respect n'a rien à voir là dedans Professeur, nous parlons de celui de ma fille.

Il y avait quelque chose de quasiment rassurant dans la puissance tranquille qui émanait de la mère qui semblait prête à tout pour défendre les intérêts de sa fille. Et peut-être était-ce sa manière de le faire, crut-elle comprendre.

- Professeur McGonagall il est tard. Demain mon cours de Potions commence dans moins de huit heures. Permission de regagner mes dortoirs ?

Tous restèrent un instant muet devant le culot dont Regina venait de faire preuve sans attendre les excuses de Black qui seraient certainement venues.

- Mills vous ne pouvez quand même pas imaginer que je vais vous laisser partir comme ça n'est-ce pas ?

- Bien sûr que non Professeur McGonagall. Ma baguette est entre les mains du Professeur Black qui nous a désarmées toutes les deux et je ne doute pas que vous trouverez une punition mais j'aimerais pouvoir continuer à suivre les cours à peu près normalement.

Le discours implacable était sans appel, Regina dévoilant un tant soit peu les manières que sa mère lui avaient sans doute inculquées dès le plus jeune âge. Emma la voyait bien gravir les échelons du Ministère jusqu'au sommet où Cora n'était jamais parvenue à se hisser …

- Je comprends, fut-elle d'ailleurs peu surprise d'entendre McGonagall approuver avec un signe de tête.

- Euh … Est-ce que … Est-ce que je peux ? demanda-t-elle à sa suite avec beaucoup moins d'habileté.

Elle eut tout de même le droit à un sourire indulgent et un signe de la main qui l'invita à suivre Regina dans les escaliers en colimaçons qu'elle prit au pas de course après s'être excusée d'un signe de tête.

- Regina ! fut-elle forcée d'appeler celle qui avait presque atteint le bout du couloir. Mills !

Le nom de famille la fit se retourner et Emma n'attendit pas plus d'une seconde après être arrivée à sa hauteur pour l'attirer à elle et forcer un baiser qui, s'il mit un instant à lui être retourné, le fut avec une angoisse urgente. Des ongles griffèrent son cuir chevelu avant que les doigts ne fassent glisser les mèches d'or dans un poing serré pour contrôler l'échange auquel Regina ne semblait pas prête à mettre fin, revenant plusieurs fois à la charge avant de l'écarter du plat de la main.

- Tu dois t'éloigner de moi.

- Non. Non, je comprends. Je comprends pour ta mère, ce que tu as du di…

- Tu ne comprends rien Swan. Ma mère n'a pas cru un mot de ce que j'ai dit, elle a juste apprécié l'arrogance dont j'ai fait preuve pour rabattre le caquet d'un autre Sang-Pur. Elle n'a peut-être pas pu passer la barrière de mon occlumentie mais elle sait que j'ai menti !

- Et bien je m'en fiche, je n'ai pas peur d'elle !

- Mais ce n'est pas à toi qu'elle s'en prendra idiote !

La rebuffade l'étonna assez pour lui clouer le bec quelques secondes durant lesquelles les yeux sombres la dévisagèrent.

- Parle-moi, demanda-t-elle au bout de quelques secondes. Je suis assez forte, je t'en prie, laisse-moi t'aider.

- Je ne sais pas ce que tu t'imagines mais je n'ai pas besoin ton aide Swan.

- Ah oui ? Et combien de temps tu vas tenir avec ce qu'elle te fait subir ? Ou est-ce que tu comptes fuir dans les bras d'un homme que tu respectes pour échapper aux griffes de ta mère ?

- Daniel est un homme bien ! aboya la brune. Bien mieux que toi et moi réunies. Une seule autre insinuation à son égard et je te montrerai que je n'ai pas besoin d'une baguette pour te battre à plates coutures !

Daniel est un homme bien. Daniel est un homme bien. Daniel est un homme bien. Les cinq mots se firent écho quelques secondes dans sa tête et elle eut un frisson en réalisant que qu'importe ce que Regina pouvait éprouver à son égard, amitié, attirance, c'était lui qu'elle choisissait.

- Je suis désolée, s'entendit-elle répondre d'une voix cassée. J'espère qu'il est à la hauteur de tes louanges.

- Il l'est.

Les perles d'ébène baignaient dans des larmes qui ne couleraient pas remarqua-t-elle et elle eut un pincement au cœur en s'empêchant de combler la distance pour la prendre dans ses bras. Regina ne voulait pas de son réconfort.

- Super. Je te souhaite tout le bonheur du monde avec lui. Bonne continuation Regina.

En face d'elle, la mâchoire serrée, la brune ne lui répondit que d'un signe de tête avant de tourner les talons et Emma ne parvint pas à rejoindre sa chambre avant de fondre en larmes.

.

.

Parce que ce n'était pas elle qui avait tenté d'attaquer un Professeur, elle avait retrouvé sa baguette sur sa table de nuit le lendemain mais à en croire la façon dont Regina refusait de participer au moindre exercice pratique en Métamorphose ou en Défense contre les forces du Mal, elle était presque certaine que Black retenait encore la sienne.

Malgré cela, elle avait tout de même hérité d'une retenue d'une semaine entière à récurer la bibliothèque et l'infirmerie où une idée toute nouvelle était née. Pour la première fois de sa vie, elle avait été heureuse d'écoper d'une telle punition, en profitant pour travailler sur le projet insensé que ses amis l'observaient ressasser avec incrédulité.

Accessoirement, elle avait aussi été interdite de toute sortie à Pré-au-Llard et ce jour là elle avait failli renverser Regina dans la bibliothèque où elle peaufinait le travail qui l'avait occupée ces derniers temps. Elle n'était même pas sûre que l'intéressée ait remarqué que c'était elle qu'elle venait de remercier quand elle lui tendit le livre qu'elle avait fait tomber.

Manuel de Métamorphose à l'usage des débutants eut-elle le temps de lire avec un froncement de sourcils. Que faisait Regina avec un tel livre ? Toute idée d'étudier s'évapora, préférant observer la brune assise à une table en faisant visiblement semblant de travailler.

Attentive, elle finit par démasquer le véritable sujet d'étude de l'élève de Serpentard dont les yeux se perdaient parfois en direction de l'autre bout de la salle où se trouvait la réserve de livres interdits aux élèves. Et si elle crut brièvement que c'était parce qu'elle envisageait d'y dérober quelque chose, un poids tomba dans son estomac quand elle se rendit compte que la brune traquait surtout le Professeur qui y faisait des allers-retours.

Black.

La directrice de la maison des verts semblait avoir trouvé son bonheur, revenant s'asseoir à une table où personne n'osait lui tenir compagnie et Emma tenta tant bien que mal de lire le titre des livres poussiéreux dont elle s'était emparés. Effort inutile, la jeune femme retourna son attention sur l'autre table et son cœur fit un bond en remarquant que la brune avait disparu.

- Merde, réalisa-t-elle à haute voix.

Elle ignora les regards des autres élèves quand elle se précipita vers la sortie, s'excusant d'un sourire penaud au près de la bibliothécaire qui lui adressa un regard désapprobateur. À l'extérieur, elle eut à peine le temps de voir le coin d'une robe noire disparaître à l'angle d'un escalier dans lequel elle se lança à la poursuite de l'autre sorcière.

Trop tard, réalisa-t-elle quand la structure en pierre se mit en branle pour la rediriger vers un autre étage. Mais elle n'avait pas besoin de la suivre pas à pas … Emma était prête à parier tout le reste de ses économies que Mills n'avait qu'une seule idée en tête. Retrouver sa baguette.

Et quoiqu'elle prépare, cela ne laissait rien présager de bon …

- Mills ! cria-t-elle presque dans le couloir des donjons où elle la retrouva devant une porte qu'elle était visiblement en train d'enchanter.

L'avertissement fut largement ignoré et elle faillit marquer un temps d'arrêt en remarquant la baguette que la brune avait en main. Pas la sienne, nota-t-elle seulement. Le bois beaucoup plus clair et moins ouvragé que l'ébène qu'elle avait l'habitude de la voir manier.

- Experliamus !

Mais elle aurait du savoir que sa tentative serait vaine. Même sans sa baguette fétiche, la brune repoussa son sortilège d'un mouvement désinvolte. Pour la première fois depuis une éternité, elle eut l'impression que la sorcière acceptait de la regarder dans les yeux et la détermination qu'elle y lut la fit frissonner.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? voulut-elle savoir.

- Ça ne te regarde pas Swan.

Elle avait vu ce regard trop de fois pour ne pas savoir ce qui allait suivre mais elle refusait de perdre. Le premier sort fusa vers elle à une vitesse alarmante, l'éclair violet s'écrasant sur le bouclier qu'elle avait érigé. Cette fois aucun endroit pour se cacher, rien pour l'abriter alors il était hors de question de ne faire que se défendre.

Elle avait sa propre baguette. Elle avait le dessus, décida-t-elle.

- DUEL DANS LES COULOIRS ! s'écria Peeves qui passait au dessus d'elles au moment où leurs prochaines attaques se rencontrèrent en un tonnerre assourdissant.

Quelque chose comme de la surprise passa dans les yeux sombres lorsqu'elle parvint à anéantir les prochaines tentatives de son adversaire. Une pierre du mur explosa à côté de son oreille quand elle esquiva une attaque, contrant avec un sort qui parvint à entailler la joue de la brune. Un instant, elle faillit s'excuser mais elle préféra profiter de sa stupeur pour agiter une nouvelle fois sa baguette en silence.

À quelques mètres de là, le morceau de bois clair bondit en dehors de la main qui le tenait pour atterrir dans la sienne.

- Regina …

- Rends-moi cette baguette Swan.

- Non, refusa-t-elle en s'approchant prudemment jusqu'à pouvoir effleurer la blessure qu'elle venait de faire du bout de sa propre baguette sous le regard accusateur de sa meilleure ennemie.

En silence, elle regarda la peau se reformer mais Regina avait toujours l'air faible nota-t-elle.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? répéta-t-elle à voix basse avec la promesse que la réponse resterait un secret.

- Je ne … Je n'ai plus de nouvelles depuis un mois et mon … Mon père m'a …

Elle ne s'était pas attendue à un quelconque indice mais celui qui lui était donné ne ressemblait à rien.

- De qui ? Qu'est-ce que ton père a fait ?

Le patriarche de la famille n'était pas connu pour autre chose qu'un important commerce international et Emma n'avait jamais entendu Mills le mentionner.

- Tu devrais retourner dans tes dortoirs. Si Black te voit ici …

- Et toi ? Tu as une idée de ce qu'elle ferait si elle te voyait avec la baguette de quelqu'un d'autre à essayer de rentrer dans son bureau ?

- Ça n'a aucune importance.

- Bien sûr que ça en a ! Tu es la sorcière la plus brillante que je connaisse, ne te gâche pas …

Il y avait des larmes dans les yeux qui se levèrent vers elle comme s'ils cherchaient la preuve de son honnêteté. Elle avait toujours su qu'elle ne parviendrait pas à se tenir éloignée d'elle comme Regina l'avait exigé la dernière fois qu'elles s'étaient parlé mais aujourd'hui, plus que jamais, elle était sûre que personne ne la convaincrait.

- Parle moi … S'il te plaît.

Elle ne s'attendait pas à être écoutée mais le regard qui soutenait le sien ne contenait aucune interdiction et elle allait se rapprocher lorsqu'elle fut attirée vers le mur opposé par une force silencieuse. Trahie, elle allait protester quand un bruit de talons la fit se figer. Ce n'était pas Mills qui l'avait repoussée comprit-elle quand le Professeur Black les dépassa avec un regard exaspéré.

- Mesdemoiselles, j'aimerais qu'on arrête de se croiser dans de telles circonstances …

Sa voix froide était presque taquine mais l'instant d'après l'ex auror sur le point d'ouvrir la porte de ses quartiers se figea. Elle n'était pourtant pas ouverte constata-t-elle le cœur battant. Regina n'avait pas eu le temps de le faire avant qu'elle l'interrompe. Le regard noir sauta sur elles deux tour à tour avant de ricocher sur la pierre qui avait été délogée du mur durant leur combat.

- Peeves, mentit-elle avec application.

- Bien sûr, lui répondit la plus âgée confirmant qu'elle ne la croyait pas le moins du monde. Allez, débarrassez-moi le couloir ! Vous avez la chance d'avoir des chambres particulières, la prochaine fois que je tombe sur vous c'est une semaine de retenue.

Elle allait s'excuser quand la brune se rapprocha pour s'emparer de sa main et la traîner presque jusque dans sa chambre. Et l'empressement n'avait rien à voir avec ce qui avait été interrompu réalisa-t-elle quand elle fut violemment poussée contre la porte qui avait claqué.

- Tu es contente ?

Elle n'avait jamais vu la jeune femme aussi enragée. Non, définitivement aucune trace de désir dans les yeux presque noirs qui la dévoraient avec hargne. Uniquement de la colère.

- Hey, tu devrais me remercier !

- Pourquoi ? Si tu n'avais pas été là j'aurais eu le temps de récupérer ma baguette et je serai déjà en route p…

- Pour ?

Mais Regina ne semblait toujours pas encline à partager quoi que ce soit et elle fut lâchée avec dédain. Visiblement elle n'avait pas besoin de sa baguette pour que sa magie se manifeste et un instant Emma admira la façon dont toute la pièce sembla frissonner d'appréhension quand elle tourna les talons pour aller frapper un bureau empli de parchemins de ses deux poings. Échine courbée, inutile de l'approcher pour deviner la colère qui s'échappait d'elle en vagues.

Mais pas que, réalisa-t-elle avec horreur lorsque les épaules voûtées se mirent à trembler. La vision anéantit toute rébellion en elle. Une larme et elle était prête à tomber à genoux pour exécuter les quatre volontés de la brune. D'ailleurs, elle sentait déjà ses jambes la sommer d'avancer.

- Je suis désolée, souffla-t-elle quand elle fut arrivée à sa hauteur.

Aucune réponse mais elle ne fut pas repoussée lorsqu'elle osa passer un bras autour de sa taille, allant jusqu'à plonger son nez dans les mèches courtes où elle inspira le parfum qu'elle avait l'habitude de traquer dans les couloirs de l'école.

- Tu veux ma baguette ? trouva-t-elle à proposer. Je sais que ce n'est pas la tienne mais tu t'en es déjà servie en duel et tu av...

- Non.

Le refus était sorti en un sanglot étranglé qui la fit resserrer son étreinte sur elle. Voir la jeune femme d'habitude si forte dans un tel état de détresse la faisait perdre ses propres moyens. Incapable de deviner comment la réconforter, la blonde se contenta de ce qui lui était accordé de faire, laissant ses lèvres courir sur le carré de peau auquel elle avait accès. Elle fut surprise du soupir presque soulagé qu'elle finit par lui soutirer, Regina lui offrant un peu plus son cou pour qu'elle puisse y appuyer ses caresses.

- Qu'est-ce que je peux faire ? s'efforça-t-elle pourtant de demander de longs instants plus tard, la voix rauque et le ventre serré d'un désir qu'elle tentait de contrôler.

- Ne t'arrête pas.

L'ordre la fit frissonner et ses mains ne perdirent pas une seconde pour enserrer un peu plus étroitement le corps de la brune contre le sien. La tête aux mèches courtes se renversa sur son épaule et elle en profita pour effacer de ses lèvres la moindre larme qu'elle put trouver à sa portée.

Ses gestes étaient emplis de révérence lorsqu'ils s'attaquèrent à défaire les attaches de l'uniforme qu'elle portait encore. Le tissu noir tomba à leurs pieds pour révéler une petite robe de la même couleur qui lui soutira un sourire. Elle se rappelait de certains jours où elle était tellement en retard qu'elle avait du se résoudre à aller en cours avec son pyjama. Ce n'était certainement pas le genre de la brune ...

Le compliment qu'elle aurait voulu lui faire resta coincé dans sa gorge avec le sanglot qu'elle étouffa en défaisant la fermeture éclair qui révéla le dos de la jeune femme. Les cicatrices étaient moins impressionnantes dans la pénombre de la chambre mais elle ne pouvait nier leur présence.

- Em ...

Quoi qu'elle se soit apprêtée à dire, l'autre s'interrompit lorsque ses lèvres glissèrent de la nuque où elles avaient stationné jusqu'à la naissance de la première fissure. Son cœur battait la chamade, luttant pour ne pas laisser échapper l'aveu qui brûlait la langue qu'elle préféra faire courir le long de sa colonne vertébrale. Le gémissement auquel elle eut le droit la fit sourire, passant un bras autour de la taille qu'elle attira un peu plus à elle.

Un instant plus tard, la robe noire avait rejoint la tenue d'écolière à terre et son cœur eut une ratée lorsque la brune se tourna pour lui faire face. Les yeux d'ébène rivalisaient avec la couleur de ses sous-vêtements, les pupilles éclatant littéralement d'envie quand elle se laissa tomber à genoux.

Rien ne l'arrêterait décida-t-elle lorsque ses lèvres caressèrent la peau du ventre plat, aussitôt encouragée par la main qui se faufila dans ses cheveux pour la guider plus bas. Son nom raisonna dans la pièce quand elle finit par atteindre le morceau de tissu qui la séparait de ce qu'elle voulait, sa langue y goûtant le fantôme du désir qu'elle pouvait voir briller dans les yeux rivés sur elle.

- Le lit.

Elle obéit à la demande, réussissant pourtant à surprendre celle qui l'avait faite quand elle la souleva d'un bras pour se déplacer vers le centre de la pièce. Les cuisses fuselées avaient bondi autour de sa taille et elle fut presque déçue de devoir la déposer sur la couverture verte et argentée. Mais non, Regina y faisait une bien trop belle vision dans ses sous-vêtements noirs.

- Déshabille-toi.

Elle ne chercha pas à disputer la consigne, se débarrassant de l'uniforme avec urgence, le regard glué au corps sur lequel elle se précipita dès qu'elle fut en simple chemisier et jean. Deux bras retrouvèrent immédiatement leur place au dessus de ses épaules, une main enterrée dans ses cheveux pour encourager le nouveau baiser.

Ses mains tremblaient presque lorsqu'elles retombèrent le long du corps qui se cambrait sous elle et elle eut un petit sourire quand les hanches se soulevèrent avec impatience. Ses doigts étaient encore en train de se recourber sous le tissus noir mais un miroitement le fit disparaître avant qu'elle n'ait pu s'en charger.

Elle aurait pu protester mais l'instant d'après Regina s'était débarrassée de son soutien-gorge et la vision lui ôta toute pensée cohérente. Ce n'était pas la première fois pourtant. Le souvenir de leur moment passé dans la salle de bains des préfets était fermement ancré dans sa mémoire. Mais cette fois quelque chose était différent ...

Prudemment, pourtant, elle écarta une jambe pour se faire une place au plus près d'elle. Malgré son jean, elle pouvait sentir le brasier liquide, subjuguée par le pouvoir qu'elle avait l'impression de détenir sur la brune. Les yeux sombres qui la fixaient avec attention lui confirmèrent que Regina était suspendue au moindre de ses gestes et la réalisation la fit gronder.

Les lèvres pulpeuses l'accueillirent docilement en un baiser brûlant. Sous elle, la brune s'arqua et sa main quitta la jambe qu'elle avait écartée pour migrer plus haut et là où elle provoqua un nouveau gémissement. Regina était trempée, deux doigts glissant facilement sur la petite boule de nerf qui fit violemment trembler son amante.

- Emma ...

Aucun ordre. La supplique était claire mais malgré l'élan de satisfaction qu'elle provoquait, l'intéressée n'avait aucune intention d'y obéir.

- N... Non, Em ! râla d'ailleurs l'autre quand elle se dégagea.

- Non ?

Quitte à perdre les lèvres dont elle ne se lassait pas, la blonde s'était écartée pour soutenir le regard désapprobateur qui s'assombrit d'avantage lorsqu'elle porta ses doigts à sa bouche.

- Je peux ? demanda-t-elle lorsqu'elle eut finit de savourer le goût qu'elle avait tant attendu.

Elle n'avait pas besoin de préciser sa demande à en croire la façon dont l'autre hocha la tête avec un entrain qui la fit sourire. Mais elle aussi avait hâte. Tant et si bien qu'elle ne s'arrêta que brièvement sur la pointe des seins tendus vers elle. Sa cible était plus bas, entre les jambes qu'elle écarta pour admirer la vision qu'offrait la brune.

- Tu comptes regarder longtemps ?

Le sarcasme était de retour et avec lui, la jeune femme à laquelle elle était habituée. Aussi se fit-elle un plaisir de soutenir son regard lorsqu'elle fit glisser sa langue sur toute la longueur de son sexe. Les yeux noirs de désir ne flanchèrent pas avant qu'elle se décide à refermer ses lèvres sur son clitoris.

Une main fila dans ses cheveux pour l'immobiliser là où elle était et malgré la morsure des ongles dans son cuir chevelu, elle avait du mal à croire ce qu'il était en train de se passer. Pourtant c'était bien son nom que gémissait la brune, nourrissant le mélange de désir de fierté qui comprimait ses entrailles.

- Emma, s'il te plaît ...

Cette fois, la supplique la fit gronder. Autant que le gémissement qu'elle lui soutira en acceptant de la pénétrer d'un doigt. Sous elle, le corps avait bondit, demandant clairement plus mais la blonde tint bon, se contentant de l'explorer en de doux va-et-vient trempés.

- Là, lui indiqua son amante lorsqu'elle toucha visiblement un point où elle avait envie de la voir s'attarder.

L'information la fit sourire, fière du cri qu'elle provoqua quand elle se retira complètement pour revenir à la charge avec un doigt supplémentaire exactement là où elle avait été. Les hanches de la brune avaient sauté vers elle, son amante apparemment bien décidée à l'empêcher d'éterniser sa torture et le corps qui venait à elle ne mit pas plus de quelques secondes à lui faire oublier ce qu'elle avait eu l'intention de faire.

Elle ne voulait plus attendre. Elle avait besoin de cet orgasme tout autant que celle qui le lui réclamait. Elle souriait lorsque la brune se tendit sous elle, lui refusant le plaisir de l'entendre en allant étouffer un gémissement dans un coussin. Le grondement désapprobateur qui lui échappa fit trembler le ventre plat d'un petit rire qu'elle tenta d'ignorer en remontant le long du corps parfait.

- Tu triches.

- Rarement, lui répondit l'autre en la débarrassant des vêtements qui lui restaient en se saisissant brièvement de la baguette magique qui traînait dans les draps.

Les lèvres qui avaient retrouvé les siennes s'appliquèrent à effacer toute trace du plaisir qui avait souillé son visage et Emma eut un sourire fier lorsqu'elle parvint à lui arracher un véritable gémissement en recommençant à se mouvoir en elle.

- Emma ...

Son prénom la fit frémir et un instant le temps sembla se suspendre. Ses mouvements étaient beaucoup plus lents que tous ceux qu'elle s'était imaginés dans les fantasmes vécus au fond de son lit et Regina bien plus tendre quand une main alla se caler sur la courbe de sa mâchoire.

- Comme tu es belle ...

Le compliment inattendu la fit bafouiller quelque chose d'inintelligible, sa confusion mise à profit par son amante qui parvint à les faire rouler sur le côté avant d'inverser leur position d'un coup de hanche qui les fit gémir toutes les deux. Ça, ça ressemblait plus à ses rêves. Une Regina Mills à genoux au dessus d'elle.

- T'es pas mal non plus comme ça, finit-elle par répondre avec un sourire contagieux.

- Je me doute.

La brune avait écarté ses jambes et Emma garda les yeux rivés au siens tandis qu'une main s'enroulait autour de son poignet. Un instant, la Préfète des Serpentard y accompagna ses mouvements avant de migrer plus bas et atteindre le seul sous vêtements qu'elle lui avait laissé. Ce fut à son tour de bondir lorsque plusieurs doigts retracèrent les contours de son sexe, glissant sur le tissu trempé avant d'atteindre la petite boule de nerfs où ils s'arrêtèrent.

Elle était prête à supplier lorsque la brune se pencha sur elle, en appui sur un bras pour la faire gémir quand les lèvres pulpeuses se refermèrent sur la pointe d'un sein. La sensation couplée à celle des doigts qui la caressaient aurait pu la rendre folle, Regina lui laissant à peine le temps de respirer pour passer d'un sein à l'autre.

- Mills, s'il te plaît ...

Elle ne s'était pas attendue à être obéie, surprise quand les doigts se faufilèrent sous son tanga et jusque là où elle les avait attendus depuis une éternité. Le plaisir qu'elle n'avait pas anticipé fissura son ventre, bloquant sa respiration dans ses poumons tandis que les va-et-vient se succédaient pour attiser ce qui la dévorait de l'intérieur. La blonde n'avait même plus la force de rendre la pareille à son amante, se contentant d'arrimer sa main libre à une des hanches qui ondulaient au dessus d'elle.

- C'est à la hauteur de tes fantasmes ? soufflèrent les lèvres qui ne cessaient d'emprisonner ses gémissements.

- Oui ... Non ! Non, c'est ... Mieux.

Ses aveux furent scellés d'un long baiser qu'elle déchira en se cambrant lorsqu'un pouce trouva son clitoris. La sensation fit exploser quelque chose derrière ses yeux, dans sa poitrine et jusqu'entre ses jambes qui se tendirent en une vaine tentative pour lutter contre l'orgasme qui arrivait. La blonde perdit le combat l'instant d'après en un juron crié au plafond blanc. Victime consentante, elle laissa le plaisir brûler chaque centimètre carré de peau, l'accueillant partout où il retournait ses entrailles pour la transformer un amas de chair tremblante, à peine capable de recourber ses doigts pour sentir la brune se tendre au dessus d'elle.

- C'est agréable de t'entendre me dire oui, pour changer Swan ...

La voix rauque qu'elle avait à peine entendu par dessus le vacarme du coeur qui battait la chamade dans sa poitrine la fit sourire. Quelques secondes, les deux sorcières restèrent complètement immobiles avant que la brune ne se redresse un tant sois peu, se chargeant de retirer les doigts qui avaient encore été en elle pour les porter à sa bouche. Fascinée, Emma l'observa faire en silence jusqu'à ce que son amante ne les lâche pour s'emparer de la baguette en bois de houx qui leur tenait toujours compagnie dans les draps verts et blancs.

Les longs cils noirs papillonnèrent quelques secondes comme pour gagner du temps et le regard qui finit par trouver le sien s'était assombri de quelque chose qui fit tomber un poids dans son estomac.

- Je suis désolée, l'entendit-elle s'excuser comme rarement et elle n'eut pas le temps de chercher à se protéger de la magie qui tomba sur elle en une véritable chape de plomb quand elle agita sa propre baguette au dessus d'elle.

.

.

Elle se réveilla en sursaut lorsque le sort prit fin, bondissant dans le lit encore défait le souffle aussi court que si elles s'étaient simplement arrêté un instant plus tôt. La chambre était déserte, son regard sautant de meuble en meuble avant de finir sa course sur la penderie encore entr'ouverte. Regina était partie ... Sans sa baguette nota-t-elle avec une pointe au coeur lorsqu'elle remarqua le morceau de bois posé en évidence sur la table de nuit.

- Putain ! ragea-t-elle toute seule.

Où était-elle partie ? La brune ne lui avait donné aucun indice ... Tremblante, elle s'empara des vêtements qui avaient fini à terre pour s'habiller et lutter contre la fraîcheur de la pièce où elles n'avaient pas pris le temps d'allumer un feu.

- Allez Swan, tu veux devenir auror, t'es dans la chambre du suspect, trouve quelque chose ! tenta-t-elle de se motiver à voix haute.

Le regard clair fila sur le bureau où étaient encore posés un ensemble de grimoire dont certains traitaient sans nul doute d'une magie noire avancée à laquelle elle ne voulait pas toucher. Sur une commode, la brune avait laissé un ensemble de flacons vides qu'elle renifla sans parvenir à en déterminer l'odeur mais rien, absolument rien n'aurait pu lui donner une quelconque information.

- Elle n'est déjà plus à Poudlard à l'heure qu'il est Miss Swan.

La voix grave la fit sursauter, tendant une main pour y attirer sa baguette mais l'homme qui lui avait parlé n'était pas vraiment là comprit-elle au dernier moment.

- Monsieur le Directeur, salua-t-elle avec un respect précautionneux celui qui habitait le tableau accroché au mur adjacent.

Rares étaient ceux à qui Severus Rogue daignait s'adresser. L'illustre agent double n'avait rien perdu de son caractère dans la mort et de longues secondes passèrent en un silence tendu avant qu'elle n'ose reprendre.

- Est-ce que ... Est-ce que vous savez où est Regina ?

- Je sais qu'elle n'aurait pas voulu que vous le sachiez.

- Est-ce que vous n'êtes pas censé prévenir la directrice ? Quelqu'un qui pourrait l'aider ?

- Prévenir qui que ce soit serait mettre en danger son plan.

- Quel plan ? Est-ce qu'il est dangereux ? Professeur, je vous en prie ... Est-ce que je peux faire quoi que ce soit ?

Mais cette fois ses questions restèrent sans réponse, l'homme continuant de l'observer avec l'air de la jauger froidement. Malgré son histoire désormais connue, Emma n'était pas sûre de l'apprécier.

- Répondez-moi ! perdit-elle patience au bout de quelques secondes.

Dans le creux de sa main, le bois de houx avait craché des étincelles dorées sur lesquelles le regard noir se porta avec dérision. Le juron qui lui échappa ne fit rien pour arranger son cas et tournant les talons, elle était décidée à réveiller même la directrice s'il le fallait pour retrouver celle qui avait disparu. Et peut être l'autre le devina-t-il ...

- Azkaban.

- Pardon ?! fit-elle volte face sur le seuil de la porte qu'elle s'était apprêtée à claquer.

Mais son haut le cœur n'obtint qu'un nouveau silence, l'homme conscient qu'elle avait très bien entendu ce qu'il venait de lui dire. Pourquoi Regina était-elle partie là bas ? Emma se souvenait l'avoir entendue prononcer le mot le jour où elle l'avait suivie dans l'allée des embrumes, cela faisait donc longtemps qu'elle en avait le projet ... Des mois. Mais pourquoi ? Et comment ? Comment la brune s'y était-elle rendue ?

- À cheval, gronda-t-elle en détalant cette fois.

Hors de question qu'elle l'imite. La seule chose sur laquelle elle acceptait de voler avait un manche et une toute autre sort de crin ... Un instant elle envisagea de réveiller Ruby pour lui demander de lui prêter le Nimbus qu'elle gardait sous son lit mais sa meilleure amie insisterait pour la suivre et elle refusait de prendre cette responsabilité. Non, il lui faudrait improviser ...

Dans les couloirs elle évita de justesse des Préfets de garde pour se faufiler jusqu'à la sortie, ignorant la morsure du froid dans ses poumons quand elle courut jusqu'au terrain de Quidditch et aux vestiaires dont elle força l'entrée d'un coup de baguette. En silence, elle dépassa les casiers des rouges pour aller forcer celui de l'attrapeur des verts, souriant à l'éclair de feu dont elle s'empara sans remord. Le balai de compétition décolla avec énergie lorsqu'elle donna un coup de pied à terre, s'envolant en un instant au dessus du brouillard dans lequel était plongé le stade.

La poursuiveuse ne mit que quelques minutes à passer la barrière magique qui donnait à leur école l'aspect d'un vieux château en ruine lorsqu'on l'observait de l'extérieur.

- Ok ... s'encouragea-t-elle à voix basse en tirant sur le manche en frêne pour faire halte.

Suspendue dans les airs à une centaine de mètres de hauteur, la jeune femme prit le temps de lancer un sort pour se réchauffer avant de se concentrer sur la magie à laquelle elle ne faisait que rarement appel. Le moyen de transport n'était pas l'un de ses préférés. " Destination, détermination, décision " se rappela-t-elle brièvement leur professeur répéter avant d'inspirer profondément en pensant à la prison qu'elle n'avait vue qu'en photo.

Le monde entier sembla soudain fondre sur elle, le ciel et ses étoiles s'effondrant sur ses épaules en une sensation qui la fit fermer les yeux, absorbée par un trou noir qui se dissipa pourtant l'instant d'après. Elle avait le souffle court et les articulations blanchies sur le manche de son balai lorsqu'elle rouvrit les yeux avec un soupir de soulagement. A une vingtaine de mètres se dressait la haute silhouette de la tour prisonnière des vagues en plein milieu de l'océan.

Elle dut tout de même faire le tour complet de la structure avant d'apercevoir l'éclat doré de la robe de l'Abraxan qui avait été abandonné dans une petite cour qui donnait sur une simple porte en fer.

- Hey toi, salua-t-elle l'immense équidé qui l'observa impassiblement sauter à terre et en direction de la porte qui avait déjà été forcée.

Dans ses tympans, son cœur battait aussi fort que l'eau en contrebas contre les pieds du bâtiment, la cavalcade de son sang se transformant en une vraie cacophonie lorsqu'elle fut entrée dans un long couloir faiblement éclairé. Ils avaient beau être déserts, les lieux la firent frissonner.

- Spero Patronum, murmura-t-elle par réflexe en observant la silhouette du loup apparaître quelques mètres devant elle pour illuminer le chemin.

Le sortilège lui rappela les cours qu'elle avait tenté de donner à l'élève de Serpentard. Regina savait déjà qu'elle finirait par se rendre à Azkaban comprit-elle avec une grimace. Et cette idiote l'avait fait alors qu'elle ne parvenait toujours pas à invoquer un gardien digne de ce nom.

Si elle se rappelait bien de l'article qu'elle avait lu quelques années plus tôt dans le Daily Prophet, le ministère avait cantonné les Détraqueurs aux ailes les plus sécurisées du bâtiment. Mais fâcheuse conséquence, les créatures privées de nourriture avaient développé des pouvoirs encore plus ravageurs que le reporter avait exposé mais dont elle ne se souvenait plus. À l'époque, au ministère, personne ne voulait plus en assumer la responsabilité …

- Trouve Regina, demanda-t-elle à l'animal qui l'accompagnait lorsqu'ils arrivèrent devant un embranchement.

Elle n'hésita pas un instant à suivre la silhouette fantomatique qui tourna à gauche, levant sa baguette lorsqu'elle aperçut un corps étendu à terre devant une porte que le loup traversa tel un écran de fumée. Le gardien respirait encore mais à en croire la surprise figée sur ses traits, Regina ne lui avait pas laissé le temps de se battre.

- Merde qu'est-ce que tu fais Mills ...

Deux fois encore, elle tomba nez à nez avec les corps inconscients de gardes dont un avait visiblement tenté de se défendre si on se fiait aux ecchymoses qui avaient violacé son visage. Le silence oppressant ne fut interrompu qu'au bout de longues minutes par le bruit d'un duel qui la fit presser le pas jusqu'à courir lorsqu'elle déboula dans la cour intérieure.

Le spectacle la laissa totalement bouche bée.

Elle avait déjà vu Regina se battre. Contre elle. Contre d'autres élèves et contre des mannequins en bois lors de leurs séances d'entraînement mais jamais comme ça. Peut être parce qu'elle n'avait pas à se retenir de faire peur à ses professeurs ou peut être parce que sa vie était en danger ... Et si bien des fois elle s'était targuée de pouvoir rivaliser avec sa meilleure ennemie, elle réalisait à présent qu'il n'en était rien.

Sous ses yeux, la brune se battait contre cinq autres sorciers en une pluie de sortilèges où elle eut l'horreur de reconnaître les rayons verts destinés à ôter la vie de leur cible. Où avait-elle appris à apparaître et disparaître en un tourbillon de fumée qui la transportait derrière ses adversaires ? Le manège lui permettait d'éviter certains sorts et d'en asséner d'autres par surprise. Deux hommes tombèrent ainsi avant que le regard d'ébène ne croise le sien.

Un instant la froide furie fit place à une panique qui la contamina mais ce fut elle qui eut la présence d'esprit de dévier le sortilège qui s'était dirigé sur Regina. Son intervention ne lui valut même pas un remerciement, aussitôt la cible de ceux qui s'étaient jusque là battus contre l'élève de Serpentard.

- Non mais je rêve ! hurla-t-elle à l'encontre de l'intéressée qui en profita pour détaler en direction d'une porte pour la laisser face aux autres.

Evidemment le simple stupefix qu'elle lança par réflexe ne fut pas suffisant à se débarrasser de la concurrence et elle hurla à nouveau lorsque le sortilège cuisant toucha son bras gauche. L'adrénaline avait fait trembler ses jambes mais la colère lui assura une prise ferme sur les vingt-six centimètres de houx qui crachèrent les prochains sortilèges. Les trois hommes finirent par s'effondrer sous le regard attentif de son patronus qui attendait fidèlement qu'elle en ait fini aux côtés de la porte que Regina avait empruntée.

Les couloirs nus avaient fait place à une suite de barreaux en fer rouillé et elle eut un frisson en croisant le regard vide d'un prisonnier. Qu'était-elle en train de faire ? S'introduire dans une prison, attaquer des gardes … C'était quoi la prochaine étape ? Aider un meurtrier à s'échapper ? C'étaient elles qui allaient finir leur année dans cet endroit qui lui donnait la chair de poule ...

Son bras lui faisait mal, le tissu de son pull collant à la peau cloquée jusqu'au sang et elle manqua glapir de douleur lorsqu'elle fut violemment plaquée contre un mur glacé.

- Qu'est-ce ...

Sa question fut étouffée par une main sans pitié dont elle mordit la paume lorsqu'elle en reconnut la propriétaire. Mais ses dents ne semblèrent pas avoir d'effet sur la brune qui se contenta d'observer impassiblement deux hommes les dépasser en courant.

- Incarcerem !

Les lianes noires qui jaillirent de la baguette que tenait Regina rattrapèrent leurs cibles pour les immobiliser, ligotées et pendues à quelques centimètres au dessus du sol en un épais cocon où elle doutait même qu'elles puissent respirer.

- Qu'est-ce que tu fous ?!

- Toi, qu'est-ce que tu fais là Swan ?

- Je t'ai suivie.

- Non sans blague ? reprit l'autre pince sans rire en se remettant à marcher au pas de course dans les couloirs où elle ignorait apparemment sans problème les cris des prisonniers.

- Est-ce que tu sais ce qu'il va nous arriver quand on va nous arrêter ?

- Personne ne m'arrêtera !

Regina avait fait volte face pour lui répliquer ces quelques mots, tendant sa baguette par dessus son épaule où elle devina l'éclat d'un sortilège qui atteignit en un fracas quelqu'un derrière elles. Un instant leurs regards s'affrontèrent en silence avant que l'autre ne reprenne plus doucement :

- Tu n'aurais jamais du venir Emma ...

Elle allait s'expliquer lorsqu'une alarme se déclencha quelque part dans la structure, couvrant le bruit de course des hommes qui déboulèrent dans le couloir l'instant d'après. Les éclairs de toutes les couleurs s'écrasèrent en un tonnerre retentissant sur le bouclier qu'elles érigèrent d'un même geste.

- Cours !

Elle ne chercha pas à rechigner, bondissant à la suite de celle qui s'enfuyait déjà comme si elle connaissait par coeur le dédale dans lequel elles s'étaient enfoncées. Dans son dos, elle entendit les sortilèges fuser juste à temps pour en dévier un et s'interposer entre Regina et celui qui avait failli l'atteindre. La douleur explosa quelque part dans son bras déjà abîmé avant qu'elle ne se sente voler sur quelques mètres, dépassant sa comparse pour aller finir sa course contre les barreaux d'une cellule.

- Emma !

Le cri lui perça les tympans aussi impeccablement que si la brune avait été à quelques centimètres d'elle. La seconde d'après, l'espace se brouilla en un tourbillon de fumée noire qui les emporta ailleurs. Quelque part, loin de leurs poursuivants.

- Emma ... Emma, tu m'entends ?

- J ... Oui, répondit-elle en un grimace.

Son bras lui faisait encore plus mal que la fois où elle se l'était cassé en percutant l'un des poteaux de but lors de la finale de Quidditch de troisième année. Mais Regina semblait déterminée à examiner ce qu'elle avait et le cri qu'elle lui arracha en remontant sa manche mourut en un silencio dont la brune s'excusa immédiatement.

- Ils ne doivent pas nous entendre Emma, je suis désolée.

Les mots prononcés à voix basse contre ses lèvres la firent hocher la tête, détournant le regard du bras ensanglanté qu'elle avait eu le temps de voir.

- Tu as de la chance qu'il ne soit pas tombé.

Très rassurant. Emma refusa de l'observer réparer la chair fendue jusqu'à l'os, serrant les dents lorsque la douleur manqua la faire s'évanouir mais quelque chose était en train de la distraire. Le froid qu'elle ressentait n'avait rien à voir avec la cellule à l'abandon dans laquelle elles étaient. Dans le couloir, des pas précipités les firent toutes les deux se tendre, Regina arrêtant de la soigner pour la plaquer un peu plus contre le mur en pierre nues. Elle l'entendit vaguement prononcer la formule du sortilège de désillusion qui les cacha des hommes mais l'alarme qui retentissait toujours était en train de lui donner mal à la tête.

- Gina ...

- Gina ? C'est nouveau ...

- Froid.

- Hum ?

- Il fait beaucoup trop froid, tenta-t-elle de s'exprimer tandis que l'autre passait une main autour de sa taille.

- Je sais. Reste là Emma, ne me suis pas je t'en prie.

- Tu vas te faire tuer.

- Tu me sous-estimes toujours Swan ...

- Non. Non, tu es ... Tu es la sorcière la plus brillante que je connaisse. Mais même t...

Le reste de sa phrase resta bloqué quelque part dans sa gorge lorsqu'une main décharnée se referma sur l'un des barreaux de leur cellule. À moins d'un mètre d'elles, un détraqueur humait l'air dans leur direction. Les leçons du professeur Black n'étaient rien comparées à la dure réalité comprit-elle lorsque son corps fut parcourut d'un long frisson. Malgré la présence du patronus qui veillait devant elles, elle avait l'impression que ses os s'étaient changés en glace, prêts à se briser au moindre mouvement.

La créature ne les voyait pas et pourtant, elle sentait à nouveau le regard de celui qui lui avait longtemps ôté toute foi en l'humanité, réduite au silence honteux et apeuré de la jeune victime qu'elle avait été. Dans son corps, la glace s'était transformée en feu, brûlant en un écho de vieux souvenirs enterrés depuis longtemps.

- Emma ...

Irrationnellement, les mains qui avaient pris son visage en coupe la firent se raidir, tentant d'échapper au contact du corps contre le sien.

- Emma, c'est moi ...

Mais elle avait beau reconnaître la voix ce n'était pas Regina qu'elle sentait contre elle.

- Emma, ne pense pas à lui, il ne peut plus rien te faire.

Quoi ? Elle devait être en train d'halluciner, impossible que la brune ait conscience de ce qu'il était en train de se passer.

- N... Non ! grinça-t-elle ajoutant la parole au geste lorsqu'elle tenta à nouveau de se soustraire à l'étreinte implacable.

- Emma, il est mort. Je ... Je l'ai tué.

Cette fois les mots réussirent à l'arracher à sa transe. Elle n'avait pas eu conscience d'avoir été en train de pleurer mais ses yeux étaient emplis de larmes lorsqu'elle plongea son regard dans celui qui l'observait de près. A la lueur du patronus qui tenait l'autre en dehors de la cellule, Regina avait l'air plus fatiguée encore que ces derniers temps mais les perles sombres étaient rivées sur elle avec une gravité qui la fit frissonner pour d'autres raisons que le froid.

- Tu ... Tu quoi ? Qui ?

- Je voulais savoir qui c'était. L'homme qui était apparu quand on s'exerçait sur les épouvantards ... Je l'ai forcé à me dire pourquoi et je ...

La brune n'avait pas fini sa phrase mais elle lui avait déjà fait l'aveu se rappela-t-elle. Elle avait tué pour elle. C'était pour ça qu'elle avait su qui il était lorsqu'elle l'avait mentionné un peu plus tôt cette année …

- Pourquoi ?

- Parce qu'il ne méritait pas de vivre Swan.

La réponse avait été tranchante, Regina s'éloignant soudain d'elle. La distance mit fin au moment hors du temps qui venait de s'écouler et elle réalisa avec un soulagement dont elle n'était pas fière que le détraqueur avait quitté son poste.

- Reste là.

Elle allait répliquer mais l'autre disparaissait déjà en un tourbillon de fumée noire. Le loup resté fidèlement à son poste l'observa impassiblement s'effondrer le long du mur. Son bras ne saignait plus mais une longue cicatrice témoignait encore des dommages qu'elle avait subis. A quoi bon finir major de promotion tant d'années si elle n'était pas capable de se défendre sur le terrain ? Elle pouvait oublier ses rêves d'auror ...

À l'exception de l'alarme qu'elle s'était presque habituée à entendre en fond sonore, la prison semblait figée en un silence fantomatique et son gardien lui jeta un regard désapprobateur lorsqu'elle se releva. Les couloirs qu'elle apercevait étaient déserts mais le loup avait quitté son immobilité, tournant en rond comme anxieux à l'idée d'être en cage.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle comme s'il avait pu la comprendre. C'est elle ?

Evidemment sa question tomba dans l'oreille d'un sourd. Malgré ses grands yeux intelligents, le Patronus n'était que le reflet d'une partie de sa conscience et incapable de lui donner la réponse qu'elle attendait. Mais rester immobile ici tandis que Regina était sans nul doute en danger était hors de question.

- Eh merde ! ragea-t-elle en envoyant son pied contre un des barreaux en fer.

Elle regretta l'action à l'instant même, la pointe de ses bottes percutant le métal avec un bruit sinistre qui sembla se répercuter de cellule en cellule. Quelques secondes elle resta figée, l'oreille tendue à l'affut de la moindre réaction et ce qu'elle avait craint se produisit un instant plus tard lorsque le bruit d'une course se rapprocha dangereusement de sa cachette.

- On dégage ! ordonna-t-elle à son comparse qui la suivit fidèlement lorsqu'elle bondit en dehors de la cellule et dans le dédale de couloirs qu'elle ne connaissait pas.

Heureusement, le loup translucide prit rapidement les devants et d'instinct, la jeune femme continua à le suivre, dévalant les escaliers à sa suite pour s'enfoncer inlassablement dans des sous sols où il faisait de plus en plus froid. Aucune trace de détraqueurs sur le chemin où elle dut seulement se débarrasser de deux hommes.

- Tu es sûre qu'elle est par là ? demanda-t-elle au canidé qui continuait un chemin plus précautionneux dans les lieux déserts.

Ici, la nature semblait avoir repris ses droits. Les pierres glacées étaient recouvertes d'une couche de mousse humide, les cellules de plus en plus petites, réduites à de simples carrés dans lesquels des lits n'auraient même pas tenus. Aucune fenêtre. À s'en demander s'ils ne s'étaient pas enfoncés au dessous du niveau de la mer.

Un grondement animal la fit sursauter, pointant sa baguette sur l'une des cellules où elle croisa un regard rouge qui la fit frémir. Le prisonnier n'avait plus rien d'humain, le rayon blanc de son lumos éclairant un corps décharné et des ongles aussi longs que des griffes qui avaient entaillé les trois murs qui l'enfermaient.

- Qu'est-ce que ...

Le cri inhumain qui l'interrompit la fit agiter sa baguette d'un coup sec pour paralyser l'autre. Elle n'était pas sûre qu'il ait pu s'échapper de la cellule mais les barreaux en fer usé avaient tremblé sous ses assauts et seulement alors osa-t-elle s'approcher un peu plus. Paralysé par le sort qui l'avait percuté en pleine poitrine, l'homme continuait tout de même à l'observer avec un regard fou où brillait une soif de sang qui la fit à nouveau frissonner. Les yeux clairs descendirent le long du corps amaigri, s'arrêtant sur le torse où une plaie béante semblait avoir été recousue avec peu de soin au dessus du cœur.

Que se passait-il exactement dans les tréfonds d'Azkaban ? Le Ministère était-il au courant de l'état dans lequel certains y finissaient leur vie ? Qui avaient-ils été ? Et avaient-ils mérité un tel traitement ?

Ses réflexions furent interrompues par un autre hurlement. Bien plus familier celui-là.

- REGINA !

Son appel raisonna en vain dans le long couloir où à son horreur de nombreuses cellules se mirent à trembler, des mains aux ongles noirs jaillissant d'entre les barreaux pour tenter de s'emparer d'elle dans sa course. Le loup avait abandonné toute prudence pour s'enfoncer à vive allure dans les escaliers où elle manqua tomber pour atteindre l'étage suivant. L'adrénaline qui avait chauffé ses muscles ne fut d'aucun secours face à la peur glaçante qui la saisit lorsqu'elle déboula dans la prochaine coursive.

Regina y avait été acculée contre les barreaux d'une cellule, soulevée dans les airs à quelques centimètres du sol par la force brute d'un homme qui tentait visiblement de l'étrangler d'une poigne impressionnante. Celui là avait l'air moins abîmé que l'autre prisonnier qu'elle avait croisé plus haut mais impossible de manquer la lueur rouge qui brillait au fond de ses yeux ou la plaie béante dans sa poitrine.

- Stup...

- Non !

Le sort qu'elle s'était apprêtée à lancer fut arrêté d'un bras levé dans sa direction. Regina n'avait même pas eu besoin de sa baguette pour la contrer. Alors pourquoi n'était-elle pas en train de se défendre ?!

- Dan, s'il te plaît ...

Elle mit un instant pour comprendre que la petite voix enrouée qu'elle venait d'entendre était celle de la brune. Et un autre pour saisir le sens des quelques mots et des larmes qui brillaient sur les joues de la jeune femme.

- Dan, c'est moi, je t'en supplie ...

Dan ... Daniel. Daniel Colter. C'était pour lui que Regina avait pris tous les risques du monde. Que faisait-il là ? Était-ce lui qui avait entraîné sa fiancée dans les ténèbres de la magie noire ? La peur était en train de se muer en colère, l'émotion si puissante qu'elle en balaya son patronus dont la silhouette translucide s'évapora comme une brume chassée par le vent.

En face d'elle, la brune agitait en vain les pieds dans le vide, ses deux mains appuyées sur le bras qui la soutenait toujours en l'air. Elle n'avait pas l'air d'être consciente du danger auquel elle faisait face. C'était sans doute ça l'amour ... "Daniel est un homme bien. Mieux que toi et moi réunies" se rappelait-elle l'avoir entendue dire. Ce jour là elle avait cru que son monde s'écroulait mais elle se rendait compte que les mots n'étaient rien comparé à la douleur d'être témoin de ce que Regina était prête à faire pour un autre.

La jalousie l'aveugla suffisamment pour relever sa baguette et cette fois rien n'arrêta le sort qui jaillit du morceau de bois de houx. Le jet de lumière violette atteignit l'homme en pleine tête, l'envoyant percuter un mur adjacent tandis que Regina tombait le long de la cellule où elle avait été tenue en joug.

- Petrificus totalus ! cria-t-elle en passant devant la petite pièce qui avait abrité un autre homme dont les mains avaient jailli pour s'en prendre à la brune.

Elle ne prit pas la peine de vérifier que son sort avait eut l'effet escompté, fondant sur l'autre qui peinait à se relever.

- Endoloris !

Et elle était assez en colère pour que le sortilège impardonnable fonctionne du premier coup, arrachant un hurlement de douleur quasi inhumain à celui qui convulsa à terre de longues secondes. Emma l'observa les poings serrés. L'impression de puissance était grisante mais quelque chose se brisa en elle lorsque le regard meurtri se fixa sur elle. Des iris d'un bleu presque gris. Plus aucune trace de rouge.

Les convulsions s'arrêtèrent avant même qu'elle ait eu conscience de les faire cesser mais sa baguette était toujours tendue vers lui lorsqu'il tenta tant bien que mal de se redresser. Le souffle court, il sembla adresser un regard incertain derrière elle avant de reporter son attention sur elle.

- Emma Swan, finit-il par murmurer d'une voix cassée par la douleur.

- Comment est-ce que vous savez qui je suis ?

- Regina n'arrête pas de parler de toi.

Le tutoiement la fit grincer mais la révélation réussit presque à la distraire.

- ... Elle a une photo de toi dans sa chambre, continua l'autre. Celle qui est parue dans la gazette du sorcier il y a deux ans.

Sa main tremblait à présent, le bout de sa baguette incapable de demeurer immobile. De plus près, elle pouvait constater que le jeune homme commençait à se décharner. Il n'avait jamais du être aussi large qu'un grand sportif mais les épaules étaient en train de se creuser. Les joues aussi. Et dans sa poitrine, Emma aperçut un éclat brillant au milieu de la plaie béante qui n'avait pas été refermée.

Quelque part derrière eux, un gémissement lui signala que Regina était en train de revenir à elle et elle avala précautionneusement sa salive. Elle allait se décider à lui poser une question quand un éclair rouge zébra ses iris clairs. Le jeune homme porta une main à sa poitrine, les ongles sales y creusant un peu plus le trou qu'elle y voyait. Son emprise sur sa baguette s'était raffermie, prête à frapper lorsqu'il releva les yeux vers elle.

- Vous n'auriez jamais du venir. Je ... C'est fini ... Fini pour moi.

- Qu'est-ce qu ...

- Dan !

L'exclamation désespérée pinça son cœur mais l'instant d'après, elle était déjà écartée, forcée à observer celle qu'elle aimait se jeter dans les bras d'un autre. Les dents serrées, elle détourna le regard lorsque les lèvres pulpeuses se posèrent longuement sur le front sale du prisonnier.

- Oh mon dieu Dan, je suis désolée ... J'ai mis tellement ... Tellement de temps mais je ... Il y avait tellement de choses à faire ... Et hier … Hier Papa m'a dit qu'elle allait venir pour toi …

- C'est pas grave.

- Rocinante a mis bas. Je l'ai amenée à Poudlard avec moi le jour de la rentrée. Zephir est resté avec elle jusqu'au bout.

- C'est ... C'est bien.

- Est-ce que tu peux marcher ? Il est là. Zephir est là. Là haut, il nous amènera où tu veux. Le cauchemar est fini mon ange.

- Gina ...

Était-elle la seule à voir le brasier se rallumer au fond des yeux clairs ? Regina ne semblait pas en tenir compte aussi ce fut son regard que l'homme chercha quelques instants avec un message qui lui fit froid dans le dos.

- C'est ... C'est Emma, entendit-elle l'autre la présenter en remarquant leur échange.

- Je sais. Elle est très belle Gina. Très courageuse aussi pour t'avoir suivie jusqu'ici.

- Essaie têtue.

Les mots avaient beau être légers le regard qui n'avait pas quitté le sien était loin de l'être. Un poids terrible qui s'enfonçait dans sa gorge et menaçait de faire tomber son cœur dans son estomac. Emma se surprit à devoir chasser quelques larmes d'un battement de cils.

- Tu veux bien ... Tu veux bien essayer de te lever Dan ? S'il te plaît ?

Elle fut surprise de le voir obéir, s'exécutant en s'appuyant lourdement contre le mur en pierres glacées.

- Tiens, continuait la brune. Je t'ai pris une baguette. On sera pas trop de trois si les autres gardes ont été alertés.

Le prisonnier accepta mollement l'offrande. Dans ses doigts décharnés, elle n'avait pas l'air d'autre chose de plus qu'un simple morceau de bois et malgré sa force surhumaine, Emma doutait qu'il soit capable de lancer le moindre sort. Quelque chose était mort en lui. Sans aucun doute en lien avec le trou béant dans sa poitrine que Regina semblait décidée à ignorer.

Leur progression était terriblement lente dans les escaliers en colimaçon où ils ne croisèrent qu'un simple garde que la brune crucifia d'un coup de baguette contre un mur. La violence dont elle faisait preuve l'aurait certainement plus inquiétée si elle ne s'était pas montrée d'une douceur sans égale avec le rescapé qui semblait avoir de plus en plus de mal à respirer au fur et à mesure qu'ils montaient les étages.

Emma en avait compté huit quand ils arrivèrent dans la petite cour intérieure où un puis de lumière laissait entrevoir le ciel gris à une trentaine de mètres au dessus d'eux. Le visuel lui donnait presque le vertige mais à leurs côtés le jeune homme semblait stupéfait de revoir la lumière du jour. Le dos voûté, il ressemblait presque à un vieillard avec sa main appuyée sur son cœur.

Les yeux plissés, la blonde eut un froncement de sourcils. Comme si la pierre s'était imprégnée des pouvoirs malfaisants de ceux qui avaient vécu ici, il lui semblait qu'une magie noire tentait de communier avec la sienne. Par réflexe, la jeune femme resserra son emprise sur le morceau de bois de houx qu'elle tenait. Ils s'étaient arrêtés tous les trois lorsque Daniel se plia en deux. Un instant le regard clair s'accrocha encore au sien avant d'être submergé par une lueur rouge qui la fit relever sa baguette.

- Non !

Cette fois, elle était prête à passer outre l'interdiction mais Regina l'étonna en se chargeant elle même d'immobiliser son fiancé dans des lianes noires sur lesquelles il s'empressa de tirer à mains nues.

- Dan, je t'en prie, bats-toi. Je sais que tu peux le faire.

Sa supplique tomba dans l'oreille d'un sourd, l'intéressé lui répondant d'un grondement inhumain qui la fit frémir. Mais la brune ne semblait pas prête à se laisser faire, indifférente à la menace tandis qu'elle se rapprochait pour pointer le bout de sa baguette dans le cou de l'autre.

- J'ai dit bats-toi !

Elle s'était attendue à ce que l'ordre soit complètement ignoré et elle eut un froncement de sourcil quand la lueur rouge sembla vaciller, révélant les iris clairs emplis de panique.

- Je ... Regina, c'est trop tard, sembla-t-il vouloir s'excuser.

Mais la brune refusait de l'entendre, tentant de l'entraîner vers une porte en fer qui menait elle ne savait où. La mauvaise volonté dont il avait fait preuve se transforma en quelque chose d'autre, la posture de l'homme se raidissant d'avantage pour courber l'échine.

- Attention ! eut-elle le temps de crier avant qu'il ne bondisse.

L'avertissement eut le mérite de permettre à la brune de faire volte face, la baguette brandie pour immobiliser son attaquant. Le sort parvint à plaquer ses bras le long de son corps mais les pieds se débattaient encore librement à quelques centimètres au dessus du sol. Le grondement qu'il émit n'avait plus rien d'humain, les dents blanches claquant comme celles d'un animal sur le point d'attaquer.

Les lèvres pulpeuses tremblaient mais Emma refusa d'essayer d'y lire ce que Regina murmura à l'intention de son fiancé. Soudain, elle avait l'impression de ne plus rien avoir à faire ici. Risquer sa vie pour quoi exactement ? Voir la femme qu'elle aimait lui échapper ? Si elle était honnête avec elle même, elle n'avait qu'une envie : le voir succomber à ce qui le rongeait de l'intérieur.

Par réflexe, son regard dériva vers le puis de lumière où elle fut surprise de voir le plafond de nuages plus bas que quelques instants auparavant.

- Pas des nuages, comprit-elle à voix haute.

Lentement mais sûrement, le tourbillon gris qui envahissait le triangle d'une trentaine de mètres menaçait de les faire se retrouver nez à nez avec plus de détraqueurs qu'elle n'en avait jamais vus. Sa baguette tremblait dans sa main lorsqu'elle leva son bras au dessus d'elle et elle dut faire un effort surhumain pour parvenir à invoquer les souvenirs nécessaires mais le loup répondit à son appel.

- On dégage ! ordonna-t-elle à sa camarade tandis que le canidé fonçait crocs dehors sur ses ennemis jurés.

Ils étaient trop nombreux pour qu'il ait la moindre chance de tous les éloigner mais Regina refusa de se laisser entraîner vers la porte qui les aurait abritées.

- Je le laisse pas là !

- Ouvre les yeux Regina ! rugit-elle, apeurée et à bout de nerfs. Je sais pas ce qu'il lui est arrivé mais l'homme que tu aimes est mort !

- Tais-toi !

Elle méritait peut être le sortilège qui taillada sa joue mais la brune n'était plus son seul problème lorsque l'instant d'après la silhouette de son fiancé se jeta sur elle. À mains nues, l'homme avait abandonné la baguette que la brune lui avait confiée et il avait l'air d'un animal lorsqu'il la plaqua à terre. À quel instinct répondait-il ?

Elle ne fut pas celle qui parvint à l'écarter, un jet de lumière rouge l'arrachant à elle avant d'être propulsé à quelques mètres contre la porte qu'elle avait espéré atteindre un peu plus tôt. Regina avait l'air tout autant enragée que l'autre mais elle tremblait de la tête aux pieds lorsque la voix se fit entendre.

- Gina ...

Comme toute à l'heure, le choc semblait avoir réussi à sortir Daniel de sa transe mais il leva une main pour stopper le geste que la brune avait fait pour se rapprocher de lui. Un instant le regard clair se perdit sur la masse des détraqueurs qui s'approchaient avant qu'il ne reporte son attention sur sa fiancée.

- Partez Regina, sembla-t-il vouloir lui ordonner d'une voix douce et basse qui contrastait tellement avec ce qu'il avait été quelques instants plus tôt.

- Non, Dan, je peux ...

- Peux quoi ? M'arracher le cœur et me commander d'aller mieux ? Ce n'est pas comme ça que ça marche. Il est à ta mère désormais et bientôt je serais comme eux !

Il ne parlait pas des hommes qu'ils avaient croisés dans les couloirs de la prison comprit-elle en suivant le doigt tendu vers les créatures qui glaçaient l'atmosphère. Le jeune homme s'était remis à parler mais elle ne l'écoutait plus. Les silhouettes encapuchonnées étaient trop nombreuses pour le seul loup qui tentait de les éloigner d'eux.

Déjà, elle pouvait sentir son sang se figer dans ses veines et un instant elle se perdit dans la contemplation du spectacle presque hypnotique. Il fallait partir. Immédiatement.

- Reg...

Le spectacle qui l'avait attendue acheva de lui glacer le sang. Les yeux étaient rouges mais l'homme parvint tout de même à aligner quelques mots qui les firent toutes deux frissonner.

- T... Tue-moi s'il te plaît.

La jeune femme à qui il s'était adressé ne lui répondit pas mais le morceau de bois qu'elle tenait trembla d'avantage, sa respiration un nuage de fumée condensée de plus en plus saccadé.

- Tu vois bien que c'est fini Regina ... Je ... Je t'en supplie. Avant que je ne devienne comme les autres.

Aucune réponse mais Emma passa un bras autour de la taille de celle dont le sanglot fractura un part de son âme. Sous leurs yeux, le peu d'humanité qui demeurait encore sur le visage de leur compagnon s'envola au profit d'un rictus animal et la blonde eut une grimace. Voilà. C'était fini. Aucun adieu comme dans les grands romans, pas de dernière déclaration d'amour avant la fin.

La vie, la vraie, était bien plus cruelle que les histoires qu'on racontait aux adolescents en mal d'aventure.

- Regina ...

Elle avait tenté de se montrer délicate mais le son de sa voix fit tout de même sursauter l'intéressée dont la mâchoire tremblait lorsqu'elle tenta de raffermir sa prise sur la baguette volée.

- Av ...

Le sort qu'elle reconnut refusa à plusieurs reprises de franchir la barrière des lèvres de la Préfète et elle eut un hoquet de surprise lorsque la brune se détourna pour enfouir son visage dans son cou.

- Emma ...

Elle n'avait pas besoin de le lui demander à haute voix pour qu'elle comprenne ce qu'elle voulait. Regina en était incapable. Elle l'avait su depuis l'instant où elle s'était précipitée sur lui plusieurs étages en dessus. Daniel l'avait su aussi. C'était ça qui avait brillé dans le regard encore lucide qui avait soutenu le sien toute à l'heure.

Emma se força à ne pas trembler lorsqu'elle leva sa propre baguette, l'autre main crispée dans les cheveux courts pour empêcher la brune de se dégager de là où elle était protégée de ce qu'elle allait faire.

Et Black aurait sans doute était fière d'elle pensa-t-elle brièvement lorsqu'elle prononça la formule dans sa tête pour éviter d'avoir à la prononcer à haute voix. Aucune haine, aucune colère mais le jet de lumière verte répondit bien à l'appel silencieux pour aller frapper l'homme en pleine poitrine, là où le trou resté béant s'illumina brièvement d'un rappel sinistre avant que le corps sans vie ne s'effondre.

Elle avait beau eu ne pas le voir, l'impact qui raisonna dans la cour déserte fit hurler Regina contre son épaule. Un mélange de colère et de désespoir qui finit par anéantir le peu de force qu'elle avait eu. Elle venait de tuer quelqu'un … Quelque part au dessus d'eux, elle sentit la présence de son gardien s'évanouir, les laissant seules face aux détraqueurs.

Ses jambes se dérobèrent sous son poids, à peine retenue par celle qui était encore plaquée contre elle.

- Emma ... Emma, ne me laisse pas.

Elle aurait voulu lui affirmer le contraire mais son cœur battait trop fort dans sa gorge pour parvenir à articuler la moindre parole rassurante. Elle le sentit même contre les lèvres qui effleurèrent les siennes l'instant d'après.

- Je t'en prie, pas toi ...

Les yeux clairs durent faire un effort surhumain pour rester ouverts. Le visage penché au dessus d'elle était encore strié de larmes sur lesquelles elle ne s'attarda que brièvement avant de reporter son attention sur le tourbillon gris qui s'était approché. Une main décharnée tendait déjà ses doigts par dessus l'épaule de la Préfète des Verts et elle serra les dents pour lutter contre le froid glacial qui était en train de l'engourdir.

Elle n'était pas capable de lancer le sort qui aurait pu les sauver. Et elle n'avait même pas besoin de tenter pour le savoir. Ce qu'elle venait de faire n'était pas compatible avec la nature même de ce qui pouvait invoquer son loup fétiche. Il leur aurait bien servi pourtant pensa-t-elle quand les doigts noirs se recourbèrent dans le cou de la brune qui la dominait.

Dans un ultime effort, la jeune femme s'efforça d'attraper sa camarade pour inverser leur position. C'était tout ce qu'elle était capable de faire à présent et la réalisation qui brilla dans les yeux sombres aurait pu la faire sourire. Mais déjà, elle sentait le détraqueur se nourrir et ce n'était pas ses forces qui l'abandonnaient, mais autre chose ... Elle n'écoutait pas les voix qu'elle entendait, fantômes d'un homme aussi mort que celui qui gisait dans la cour à leur côté mais la peur glaciale serait là jusqu'au dernier moment.

En face d'elle, les lèvres de sa camarade de classe bougeaient mais elle ne l'entendait déjà plus. Seul le sang qui battait encore dans ses tympans lui donnait l'illusion de ne pas être sourde. La vue, en revanche, la blonde la conserva jusqu'au dernier moment. Capable de voir l'horreur strier les perles d'ébène avant qu'elle ne se peigne d'autre chose ... L'instant d'après, un éclair blanc eut raison d'elle, basculant sur le côté et dos à terre où les grands yeux clairs furent témoins de quelque chose de complètement irréel.

Au dessus d'elle, la forme spectrale de son loup était plus grande que jamais. Immense. La silhouette fantomatique était revenue avec une puissance inégalée et elle mit une éternité à comprendre que ce n'était pas elle qui l'avait invoquée. Comment aurait-elle pu ? D'ailleurs c'était Regina qu'elle pouvait apercevoir du coin de l'oeil, une baguette encore tendue vers les cieux voilés par l'armée de détraqueurs qui les menaçaient. Elle l'admirait encore lorsque le gardien silencieux explosa en une vague de magie qui fit trembler les soubassements de la tour.

Et c'était peut être une hallucination mais Emma aurait presque pu jurer voir les créatures décharnées se désintégrer au contact de l'énergie blanche qui se répandait partout. Même les murs semblaient y passer. Si les détraqueurs ne s'étaient pas reput de leurs âmes, c'était Azkaban qui menaçait maintenant de les ensevelir sous une tonne de béton …

Un loup ... Le patronus de Regina était un loup eut-elle le temps de penser avant de perdre connaissance.

.

.

Ce fut l'impression de tomber dans le vide qui la ramena à elle, s'écrasant à terre elle ne savait où avec la douleur de quelqu'un qui vient de se casser plusieurs os. Une chute en balai n'était pas la responsable pourtant comprit-elle en levant des yeux embués de larmes sur les rues désertes de Pré-au-Lard. Regina avait du les faire transplaner en urgence.

- R...

- Emma !

Avant même qu'elle ait eu le temps de trouver la brune, l'intéressée s'était déjà précipitée sur elle et elle fut surprise de l'embrasse dans laquelle des bras l'emprisonnèrent immédiatement.

- Emma, tu es là ...

- Je ... Oui ?

- J'ai cru qu'il avait réussi ... Bon sang, j'ai cru qu'il avait ...

Seulement alors remarqua-t-elle les larmes qui avaient coulé à flots sur le visage complètement nu de maquillage. Cette fois, elle était presque sûre qu'elles avaient été versées pour elle. Malgré la douleur, la blonde fit l'effort de rendre son étreinte à sa comparse, pleurant en silence quand l'autre s'effondra en un mélange de désespoir et de soulagement.

- On … On devrait pas rentrer ? finit-elle par demander d'une voix qu'elle ne reconnaissait pas quand les pleurs se furent taris.

Elle n'eut pas le droit à la moindre réponse mais Regina se leva la première pour lui offrir une main qu'elle garda dans la sienne sur tout le chemin qu'elles firent jusqu'à la chambre de la Préfète. Emma avait l'impression d'en être sortie des jours plus tôt alors qu'elle ne l'avait quitté que quelques heures auparavant.

À l'intérieur, rien n'avait bougé et instant son regard chercha celui du Professeur Rogue accroché au mur mais le tableau était vide à cette heure de la nuit, l'ex Directeur préférant certainement dormir dans le bureau de McGonagall.

- C'était mon meilleur ami, entendit-elle la voix cassée de Regina murmurer près du bureau où elle reposait une fiole qu'Emma ne l'avait pas vue avaler.

- Daniel ? demanda-t-elle prudemment.

- Un Sang-Pur qui allait faire fortune dans l'élevage de créatures extraordinaires. Ma mère avait pensé au mariage avant même que j'aie mis un pied à Poudlard …

- Je …

- L'été dernier, elle a surpris une de nos conversations … Le lendemain il avait disparu.

- Tu n'es pas obligée d'en parler, tu sais …

- Rien ni personne ne m'oblige à parler Emma, gronda l'autre avec une lueur dans les yeux qui la fit frissonner.

- Désolée, s'hâta-t-elle de répondre en allant sagement s'asseoir sur le lit aux draps froissés.

Elle avait mal partout. Le détraqueur l'avait vidée de toutes ses forces et pourtant elle n'avait pas sommeil. De toute façon, elle n'était pas sûre d'être prête à prendre le risque de fermer les yeux et revivre les dernières heures … A ses côtés, le lit s'affaissa suffisamment pour lui indiquer que la brune s'y était elle aussi allongée et elle attendit la suite avec révérence.

- Une fois par mois je recevais une lettre. Pas grand chose. Juste la preuve qu'il était encore vivant.

- Mais elles se sont arrêtées après que ta mère soit venue à Poudlard, se rappela-t-elle à haute voix ce que la brune avait confié à Daniel toute à l'heure.

- Oui.

- Alors tu as décidé de le faire s'évader …

- J'avais décidé de le faire depuis bien plus longtemps … Il y a quelques années ma mère a récupéré la gestion d'Azkaban. Avec un groupe d'amis, ils se sont servis des prisonniers pour mener des expériences … Ils ont découvert un moyen d'enchanter un cœur pour remplacer le sortilège d'Imperium mais …. Jusqu'ici tous les sujets finissent par mourir et … Hier … Hier, mon père m'a prévenue qu'elle comptait en finir avec Dan dans les jours à venir. Je … Je ne savais pas que ce serait comme ça. Je pensais … Je croyais qu'elle l'avait simplement gardé prisonnier … Pas …

Les révélations moururent en un silence gêné mais c'était déjà presque trop. Comment la Présidente du Magenmagot pouvait-elle commettre de telles atrocités impunément ? Elle aurait voulu lui dire à quel point elle était désolée mais ces mots avaient-ils encore un sens ? Aucun n'était à la hauteur.

La blonde fut presque surprise de sentir l'élève de Serpentard combler la distance qui était restée pour se blottir contre elle. Plus aucun mot ne fut échangé pendant de longues minutes et elle se demandait si Regina n'avait pas succombé à la fatigue lorsqu'elle la sentit se tendre quand ses doigts effleurèrent le bas de son dos strié de cicatrices.

- Déshabille-toi, demanda-t-elle en se rappelant de toutes ces heures passées à la bibliothèque ces derniers temps.

- Pardon ?

- Juste le haut. Fais moi confiance, s'il te plaît.

La blonde dut se mordre l'intérieur de la joue pour stopper les larmes qui avaient brûlé ses paupières lorsque l'autre s'exécuta. Elle l'avait tenue dans ses bras, nue, quelques heures plus tôt mais visiblement ce qui s'était passé dans ce lit n'avait pas suffi à l'immuniser.

- Allonge toi. Sur le ventre, continua-t-elle la gorge nouée.

Cette fois la brune n'hésita pas, presque insensible à la main qu'elle fit courir sur les vestiges de magie noire. Emma la vit se tendre lorsqu'elle sortit sa baguette mais son amante avait visiblement décidé de lui prouver qu'elle lui faisant confiance. Les dents serrées, la jeune femme prit une profonde inspiration.

Elle avait étudié les livres de magie avancée jusqu'à en avoir mal à la tête, interrogé ses Professeurs de Métamorphoses et de Sortilèges. Flitwick avait été stupéfait lorsqu'elle lui avait présenté le parchemin où elle avait couché le sort inventé de toutes pièces. Son premier. Le vieux sorcier avait longtemps hoché la tête en parcourant les lignes du bout des doigts et elle avait lu la fierté dans ses petits yeux noirs.

- Dis moi si ça fait mal, prévint-elle quand même.

Un hochement de tête et la blonde prononça la formule à voix basse. Un instant rien ne se passa et elle allait tenter à nouveau lorsque l'extrémité du bois de houx s'illumina d'une lueur blanche qui aurait pu passer pour un simple lumos si la peau qu'elle avait éclairée ne s'était pas mise à fumer. Emma faillit en reculer. Allongée à ses côtés, Regina avait les dents fermement plantées dans sa lèvre inférieure et elle se rendit compte que la jeune sorcière ne se plaindrait pas. La douleur ne devait pas arriver à la cheville de ce à quoi elle était habituée.

Elle avait beau avoir étudié le sort de long en large, les yeux clairs étaient effarés lorsque les larges fissures blanches rétrécirent, comme incommodées par la lumière avant de disparaître sous la peau lisse et dorée. Partout où sa baguette passait, les traces s'évaporaient avec le fumet clair d'une eau bouillante et Emma tremblait tout autant que sa patiente lorsqu'elle eut fini.

Regina avait le visage enfoui dans les draps. Pour y cacher des larmes à en croire sa respiration erratique. La blonde lui laissa autant de temps que nécessaire, contemplant son œuvre non sans fierté et ce ne fut que lorsqu'elle céda à l'envie d'y déposer un baiser que l'autre fit mine de se tourner. Des mains tremblantes cherchèrent son visage et elle sentit ses lèvres se tendre en un sourire timide dans le baiser qui lui fut offert en guise de remerciement.

- La sorcière la plus brillante de notre génération, souffla la brune contre elle.

Les perles d'ébène brillaient d'une admiration qu'elle n'y avait jamais vue. Au bord de l'incrédulité et la sincérité du compliment la fit rougir.

- C'est toi, répondit-elle facilement non sans gêne.

- Non. Déshabille-toi.

Elle ne contesta pas l'ordre, se débarrassant des vêtements sales avant de s'emparer d'un tee-shirt estampé du cigle des Verts qui avait trainé sur une chaise. Regina n'en prit pas la peine et la jeune femme eut un temps d'arrêt lorsqu'elle se retourna pour la voir uniquement vêtue de ses sous-vêtements noirs. Toute à l'heure la vision avait mis feu à son désir mais à présent qu'elle se sentait vidée de tout, il lui semblait qu'elle était surtout le seul refuge, le seul remède dont elle avait besoin.

La brune l'accueillit dans ses bras comme si elles avaient partagé des moments comme celui là des dizaines de fois déjà. Ils n'existaient pas mais Emma pouvait se les imaginer, chassant le sommeil en espérant qu'il y en ait d'autres à venir.

- C'était un beau patronus, finit-elle par murmurer dans le silence de la pièce.

Un instant elle crut que Regina avait fini par s'endormir mais les mots qui lui répondirent raisonnèrent longtemps dans la chambre de la Préfète.

- J'ai pensé à toi.

.

.

Elle n'avait pas assez dormi lorsqu'elle se réveilla le lendemain matin. Désorientée, elle poussa un soupir de soulagement en constatant que le corps blotti contre le sien était celui de Regina Mills. Les événements de la veille ne mirent que quelques secondes à affluer et son cœur battait déjà la chamade lorsque des coups furent frappés à la porte.

Sans doute ce qui l'avait réveillée.

Dans ses bras la brune ne fit que s'enfoncer un peu plus profondément dans un coussin et elle se dégagea à regret de leur embrasse.

- Swan … l'accueillit sans réelle surprise le Professeur Principal des Serpentard. Où est mon élève ?

- Elle … Elle dort ?

Elle avait à peine entendu ses propres mots par dessus le vacarme de son cœur apeuré mais elle eut le réflexe de bloquer le battant en bois noir d'un coup de pied lorsque la plus âgée chercha à s'introduire dans la chambre. Le geste eut le mérite de faire marquer une pause à l'ancien Auror dont le regard sombre glissa sur toute sa longueur. Elle aurait rougi si elle n'avait pas été aussi angoissée. Elle savait que le simple tee shirt des Serpentard qu'elle portait par dessus son tanga ne cachait pas grand chose de son état mais ce fut sûrement ce qui fit pousser un soupir résigné à l'autre.

- Cinq minutes Swan. Réveillez-là, la directrice n'attendra pas.

La directrice ? Black avait-elle découvert que Regina avait eu l'intention de récupérer sa baguette hier ? Ou bien les avait-on encore vues à l'extérieur du château ? Si c'était le cas, elles étaient foutues …

- Ok, répondit-elle tout de même avec un sourire éteint.

Elle faillit s'effondrer contre la porte qu'elle referma avec une douceur craintive mais ses pas titubants la menèrent tout de même jusqu'au lit où elle s'assit précautionneusement. Elle cherchait encore les mots qu'elle allait devoir trouver pour réveiller la brune lorsqu'un bras vint enserrer sa taille. Son regard tomba dans le gouffre des perles d'ébène et elle sut qu'elle n'aurait pas à expliquer quoi que ce soit.

- Viens.

Leurs lèvres se retrouvèrent comme si elles l'avaient fait des centaines de fois avec une douceur qui la fit frissonner. Regina était encore brûlante sous elle, un contraste avec sa peau glacée d'avoir dû sortir du lit. La langue qui la caressa brièvement avant de plonger à la rencontre de la sienne eut raison de ses bras mais la brune l'accueillit dans les siens lorsqu'elle tomba en avant, allant même jusqu'à en profiter pour la faire rouler sous elle. Les draps qui s'étaient enroulés autour d'elles furent arrachés d'un geste sec et elles gémirent toutes les deux quand leurs jambes nues se retrouvèrent.

- Gina, Black … Black veut …

- Je sais.

Pourtant le fait de savoir que son Professeur principal se tenait à quelques mètres de là ne l'empêcha pas de faire courir une main brûlante le long d'une cuisse qu'elle fit passer derrière elle. Les ongles qui avaient une nouvelle fois sillonné sa peau se firent plus doux lorsqu'ils arrivèrent entre ses jambes et sur le morceau de tissu qu'elle portait.

- Personne d'autre que moi maintenant, n'est-ce pas ? lui souffla-t-elle en désignant de deux doigts une zone où elle était déjà en train de mettre feu.

- Tant que tu veux bien de moi …

Sa réponse fut accueillie d'un petit sourire supérieur qu'elle lui connaissait bien, une image presque parfaite de la jeune femme qu'elle avait côtoyée ces sept dernières années. Mais l'instant d'après la brune avait fondu sur elle pour un baiser dans lequel elle étouffa le cri que provoquèrent les doigts qui s'enfoncèrent en elle. Elle n'avait même pas pris la peine de lui ôter son tanga, l'écartant simplement pour pouvoir accéder à elle avec une urgence qui n'avait rien d'étonnant.

L'intéressée délaissa ses lèvres lorsqu'elle se fut suffisamment habituée au rythme qui lui était imposé, des dents courant sur la longueur de la gorge qu'elle lui offrit avant de remonter jusqu'à son oreille.

- Si tu savais combien de fois j'ai joui en pensant à toi dans ce lit … En imaginant que mes doigts étaient les tiens …

Les mots n'étaient là que pour nourrir le feu qu'elle avait allumé entre ses jambes et y réussissaient à merveille. Elle dut étouffer un nouveau gémissement dans un coussin en plumes lorsque la brune ajouta la force de ses coups de reins aux doigts qui travaillaient déjà en elle. Elle avait du mal à croire ce qui était en train de se passer. La veille, elle aurait presque osé dire qu'elles avaient fait l'amour mais aujourd'hui il n'y avait qu'un besoin primaire dans les va-et-vient intransigeants. Il lui semblait presque que Regina prenait uniquement pour le plaisir de prendre.

- Emma …

Non. Pas pour le plaisir comprit-elle à la plainte qui avait été gémie dans son oreille. C'était un besoin. Sa façon à elle de reprendre un semblant de contrôle avant de foncer tête la première dans une situation où elle serait sans nul doute impuissante.

La blonde sentit ses muscles renoncer au combat lorsque la réalisation la frappa, son corps se cambrant un peu plus alors qu'elle s'emparait du poignet de son amante pour accompagner ses gestes.

- Plus fort, demanda-t-elle.

Un instant les perles d'ébène plongèrent dans son regard à la recherche de quelque chose qu'elle lui laissa trouver, accueillant la magie qui s'insinuait dans ses moindres pensées. L'échange ne fut interrompu que lorsque les doigts se recourbèrent en elle, sa tête basculant en arrière pour offrir sa gorge aux dents qui n'hésitèrent pas à la marquer.

Quelque part derrière le bruit de leurs ébats, elle eut vaguement conscience de la voix du professeur Black qui se rappelait sans doute à leur bon souvenir mais la brune les ignora. Deux doigts devinrent trois et comme si Regina avait déjà su se faire obéir par son corps, la blonde sentit ses muscles se crisper, le plaisir trop intense.

- Crie mon nom Emma.

- N… Black est … Elle va …

- Crie-le.

L'ordre prononcé en un grondement agacé eut l'effet escompté. La chaleur qui s'était accumulée entre ses reins explosa, l'onde de choc rayonnant dans l'intégralité de ses muscles qui bondirent, à peine maîtrisés par le corps au dessus du sien. Le nom qu'elle avait crié dans l'espace clos raisonna quelques secondes, faisant frissonner celle à qui il appartenait.

L'intéressée avait fait glisser ses lèvres dans son cou où elle caressait les traces qu'elle y avait laissé. La violence dont elle avait fait preuve un instant plus tôt avait disparu, rassasiée, pour laisser place à une tendresse qui la fit étouffer un sanglot quand les doigts qui avaient prolongé son orgasme avec douceur se retirèrent finalement d'elle.

Un pouce alla retracer la courbe de ses lèvres, anéantissant le « Je t'aime » qu'elle s'était apprêtée à laisser passer.

- MILLS ! J'ouvre la porte dans dix secondes ! Dix … Neuf …

La menace fit à peine lever les yeux au ciel à la brune qui lui accorda un bref baiser, les yeux sombres l'observant encore un instant avec l'air d'hésiter avant qu'elle ne plonge vers la table de nuit pour s'emparer de sa baguette. Toujours trop abasourdie par ce qui venait de se passer, Emma ne fit que l'observer s'en servir pour s'habiller de son uniforme avant de lancer le morceau de bois sur le lit.

- Quatre … entendit-elle vaguement Black continuer.

- Regina …

Elle aurait voulu trouver la force de lui dire qu'elle se devait de l'accompagner mais l'intéressée ne lui accorda qu'un bref sourire avant d'ouvrir la porte à la volée.

- Ça va, je suis là Professeur !

- Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter des élèves pareils …

- Je suis votre meilleure élève !

Le battant en bois noir se referma sur leur conversation et un instant la jeune femme se laissa retomber sur les coussins en plumes. Si elle ne fermait pas les yeux, refusant de penser à ce qu'il s'était passé la veille, elle aurait presque pu sourire. Mais le ton léger avait été un mensonge. Quelques heures plus tôt, elle avait tenu une Regina Mills complètement brisée dans ses bras et les sanglots qui avaient été étouffés contre elle ne cesseraient jamais de la hanter.

Le regard à nouveau empli de larmes, elle s'empara à son tour de sa baguette pour éclairer la pièce. Les yeux clairs balayèrent le désordre de leurs vêtements encore épars qu'elle envoya d'un mouvement du poignet dans l'âtre de la cheminée.

- Incendio.

Elle ne savait pas ce que Regina allait dire à la Directrice, mais il était hors de question que quelqu'un tombe dessus et découvre les tenues déchirées et tachées de sang. Son regard traquait encore la moindre preuve à détruire lorsqu'il croisa celui du seul tableau accroché dans la chambre.

- Hey, euh … Merci Professeur.

Elle ne s'était pas attendue à une quelconque réponse aussi ne fut-elle pas émue du manque de réaction, l'intéressé se contentant de croiser les bras pour continuer à la jauger en silence.

- Pourquoi vous êtes pas dans la bureau de la Directrice ? finit-elle par se rendre compte au bout de quelques secondes.

- Cora Mills sait ce que vous avez fait hier soir, fut la seule réponse à laquelle elle eut droit.

- Elle … Elle est là ?

Le seul nom de la Directrice du Magenmagot l'avait fait frissonner d'horreur. De colère aussi. Soudain elle était tout autant glacée d'effroi que brûlante d'indignation.

- Elle est là ?! répéta-t-elle un peu plus fort. C'est pour ça que Regina a été convoquée ? Pourquoi pas moi ?!

Mais aucune réponse et cette fois elle ne prit pas la peine de tenter de lui en soutirer, préférant bondir hors du lit et de la pièce.

- Habillez-vous ! l'entendit-elle tout de même lui conseiller alors qu'elle était déjà en train de courir dans les couloirs.

Un coup de baguette transforma sa chemise de nuit en un ensemble plus classique. Jean gris et haut noir dans lequel elle sentait la pression d'une cravate aux couleurs de sa maison. Si Cora était là, elle allait sûrement torturer sa fille et après tout le mal qu'elle s'était donné pour la soigner la veille, après le regard empli d'émerveillement que son exploit avait suscité chez la brune, il était hors de question que son travail soit gâché.

- Nicolas Flammel ! lança-t-elle au griffon qui gardait le bureau de la directrice.

McGonagall avait toujours à ses mots de passe le nom de personnages célèbres et elle se félicita d'avoir retenu celui qu'elle l'avait entendue murmurer un peu plus tôt dans l'année. Quatre à quatre, elle monta les escaliers escarpés sans attendre que la statue ait fini de les dévoiler, manquant trébucher lorsqu'elle déboula dans le bureau où elle n'eut d'yeux que pour la femme qui s'y tenait debout en son centre.

- Ne l'approchez pas ! menaça-t-elle baguette tendue droit sur celle qui marqua une pause, tasse de thé encore à la main.

- Je vous demande pardon ?

- Je jure sur tout ce que j'ai que si vous vous touchez à …

- Miss Swan !

La voix qui avait grondé son nom était sans appel et nul besoin de magie pour que la Directrice calme la tempête qui avait fait rage en elle. Seulement alors prit-elle conscience des trois hommes en noir qui avaient tous leurs baguettes pointées vers elle et de celui qui, bras croisés, se tenait derrière le bureau de McGonagall.

Le Ministre de la Magie en personne.

Paralysée, la jeune femme continua à balayer la pièce du regard, croisant celui de son Professeur de défense contre les forces du mal. Seule Regina était restée de dos, assise dans un fauteuil en face du bureau en bois massif.

- Je … Excusez-moi, je …

Son assurance avait été en train de s'effriter mais un sourire en coin de la part de Cora Mills ralluma la flamme mourante. Le bras qu'elle avait laissé retomber le long de son flanc se redressa, le bois de houx pointé sur celle qui la regardait de haut.

- Eloignez cette femme de Regina, répéta-t-elle avec conviction.

- C'est ridicule.

La voix basse et emplie de supériorité la fit serrer les dents mais elle était prête lorsque la brune agita une main désinvolte. Le sortilège de désarmement ricocha sur le puissant protego qu'elle avait lancé et autour d'elle les aurors levèrent à nouveau leurs baguettes.

- Miss Swan, vous devez avoir conscience d'être en train d'interrompre quelque chose d'important, n'est-ce pas ? intervint à nouveau la Directrice.

- Cette femme … Ce monstre … Torture sa fille. Je ne sais pas pourquoi vous êtes là mais Elle ne devrait pas être dans la même pièce que Regina.

L'accusation flotta quelques instants dans le silence de la pièce et elle eut un regard désespéré pour McGonagall. L'intéressée lui accordait encore toute son attention quand un raclement de gorge les fit tous se tendre.

- Nous règlerons ce détail après Cora. Votre fille a accepté le sérum, nous serons fixés dans quelques instants mais vous devez vous douter que nous avons des questions plus pressantes …

- Quel sérum ? demanda la blonde avant d'avoir pu s'en empêcher.

- Un sérum de vérité Miss Swan. Si j'étais vous je …

Elle n'entendit pas la suite, ses genoux manquant flancher avant qu'elle ne s'élance, titubant jusque devant le bureau sous le regard attentif des aurors qui traquaient le moindre de ses mouvements. Comme on fuit un pestiféré, Cora Mills s'écarta vivement à son approche, mais celle qu'elle avait voulu rejoindre n'eut pas la moindre réaction lorsqu'elle s'effondra à ses genoux.

- Gina …

Rien. La brune qui se tenait droite dans le fauteuil en bois avait les yeux rivés devant elle et Emma n'était même pas sûre qu'elle puisse vraiment y voir. Elle avait beau essayer de se rappeler des leçons apprises lorsque leur Professeur de Potions avait abordé le sujet du Veritaserum, les souvenirs refusaient de refaire surface.

Elles étaient foutues.

Il n'y avait qu'une seule et unique raison pour que le Ministre en personne ait fait le déplacement jusqu'à Poudlard. Quelqu'un avait du les voir hier soir à Azkaban. Ou du moins voir Regina … Mais quoi qu'il se passe, la brune allait l'impliquer dans les instants à venir. Et à en croire le regard vide, on lui avait fait absorber une dose massive de la potion ...

- … peut rester si vous m'assurez qu'elle ne posera pas de problème supplémentaire, entendit-elle vaguement le plus haut gradé déclarer.

- Je les ai trouvées ensemble, intervint Black de son côté.

La conversation qui se déroulait en arrière plan lui parvenait à peine. Elle n'avait d'yeux que pour la jeune femme dont elle avait saisi les deux mains poliment posées sur ses cuisses. Elle aurait voulu la forcer à baisser le regard, utiliser de la magie pour lui parler une dernière fois en privé mais elle avait presque l'impression de ne plus en avoir. La baguette posée par terre à ses côtés ne la tentait même plus. Plus implacablement que la veille, quelque chose était en train de mourir en elle …

- Quels sont vos rapports avec Miss Swan ?

La question qu'elle entendit vaguement la fit froncer les sourcils, la réponse en revanche …

- Miss Swan et moi sommes des élèves de la même promotion. Nous n'avons pas toujours été proches et je ne peux pas parler pour elle mais pour ma part, je suis amoureuse d'elle depuis un bon moment déjà ...

La vérité avait été délivrée sans émotion, le regard franc fixé sur celui qui l'avait interrogée et Emma eut du mal à retenir le sanglot qu'elle contint à peine derrière ses dents serrées. Regina était amoureuse d'elle.

- Vous ne voyez aucune objection à ce qu'elle reste dans la pièce durant cet interrogatoire ?

- Aucune.

- Parlez-nous de votre soirée d'hier soir. Le Professeur Black nous a dit vous avoir vu dans les couloirs de vos quartiers vers seize heures, c'est ça ?

- C'est exact. Emma et moi étions en train de nous battre.

- Pourquoi ?

- Elle voulait m'empêcher de récupérer ma baguette dans le bureau du Professeur Black.

- A-t-elle réussi ?

- Oui. Elle m'a désarmée et le Professeur Black nous a surprises. Elle nous a ordonné de nous retirer dans ma chambre. C'est ce que nous avons fait.

Elle avait beau avoir la tête encore renversée sur la robe d'écolière que portait la Préfète des Serpentard, elle entendit clairement le couinement du Professeur de défense contre les forces du mal. Aussi clairement qu'elle entendit le grondement désapprobateur de Cora Mills à l'idée certainement de ce que les mots sous-entendaient. La blonde pour sa part se contenta de serrer un peu plus fort les mains froides de celle qui avait encore été son amante quelques minutes plus tôt.

- Et après ?

- Emma et moi avons …

- Après, insista la voix de la directrice du Magenmagot.

- Nous nous sommes endormies. C'est le Professeur Black qui nous a réveillées ce matin.

Emma aurait bondi si une force surnaturelle ne l'avait pas clouée sur place. Ce n'était pas la réponse à laquelle elle s'était attendue. Et elle n'était pas la seule à en croire les regards qui furent échangés parmi les occupants de la pièce. Seule Black avait les yeux rivés sur elle et si elle crut un instant que c'était sa magie qu'elle sentait la soumettre, la lueur qui brillait dans ses yeux était toute autre. Elle avait l'air en chasse … Un air qu'elle lui connaissait bien.

- Vous êtes vous déjà rendue à Azkaban, Miss Mills ?

- Oui.

- A quelle occasion ? Quelle était la dernière fois ?

- Je ne cr…

- Je m'y suis rendue avec ma mère. Elle y a développé un programme en lien avec le quartier de haute sécurité.

- Je ne crois pas que ce soit la raison de notre présence Monsieur le Ministre.

Pour la première fois depuis qu'elle était entrée dans le bureau de la Directrice, Emma sentit sa poitrine se gonfler d'espoir. Les yeux clairs cherchèrent ceux de celle à qui elle brûlait d'avouer ses sentiments mais la brune ne lui avait toujours pas accordé la moindre attention. Aussi, s'autorisa-t-elle à se détourner un instant. Juste assez pour voir la méfiance planter sa graine dans le regard du Ministre qui examina une seconde encore celle qui venait de parler avant de s'en détourner.

La blonde dut s'y reprendre à plusieurs fois avant de parvenir à cadenasser ses pensées lorsque le regard de l'homme se posa sur elle. Elle ne le sentit pas tenter d'envahir sa conscience mais il eut l'air de réfléchir quelques instants avant de poser sa prochaine question.

- Miss Mills, les accusations de Miss Swan envers votre mère sont-elles vraies ?

- Oui.

Le mot tomba des lèvres pulpeuses, emportant le silence dans la pièce où tous se tendirent. Du coin de l'œil, elle vit leur Directrice sortir sa baguette, un mouvement qu'elle ne faisait que très rarement et elle s'autorisa son premier sourire. Si McGonagall était avec elles, rien ne les arrêterait.

- Que vous fait-elle subir exactement ?

- Monsieur le Ministre …

- La souffrance physique Monsieur le Ministre. Le sortilège d'Endoloris la plupart du temps.

Elle ne fut pas la seule à frissonner de la rudesse de l'aveu sans émotion et même le Professeur Black eut le mérite de s'indigner lorsque l'autre tenta de se défendre.

- L'exposition répétée à ce genre de sortilège forge le caractère, nous y sommes tous passés, il était un temps …

Mais elle n'écoutait plus.

L'exposition répétée

Comme si les mots avaient enfin pu la faire revenir à la raison, la jeune femme eut un hoquet en réalisant à quel point elle avait été dépassée par les événements. C'était au mois d'Octobre que Regina avait commencé à voler des larmes de Licorne. Un ingrédient fondamental dans la composition du Veritaserum … Soudain elle se rappelait de toutes les sautes d'humeur de l'élève de Serpentard, ses répliques parfois un peu trop acerbes même envers leurs Professeurs, les choses qu'elle lui avait entendue avouer avec surprise lors de leurs entrevues et de tous les flacons vides qui s'entassaient sur le bureau dans la chambre de la Préfète.

L'endoloris n'était pas la seule chose à laquelle Regina avait été exposée. Le Véritaserum faisait partie de la liste. Une exposition répétée jusqu'à en être complètement insensible. Vaccinée. Depuis combien de temps avait-elle eu ce plan en tête ? Jusqu'à savoir que les implications en seraient tellement grandes qu'elle risquait ce genre de répercutions …

Une pure adoration la fit poser ses lèvres sur les mains fraîches qu'elle tenait encore en deux longs baisers emplis de soulagement. Un instant elle aurait pu jurer qu'un pouce tressaillit sous elle. Juste assez pour effleurer son menton. Mais les yeux qu'elle leva vers la brune ne rencontrèrent qu'un regard vide fixé sur le Ministre de la Magie qui avait été en train de l'interroger.

Elle ne reprit conscience de ce qui les entourait qu'à l'instant où un sort fit éclater une dalle de marbre à quelques centimètres de ses pieds. Elle avait bondi à temps pour être debout et voir les trois jets de couleurs différents atteindre la poitrine de Cora Mills dont le bouclier venait d'être anéanti.

- Miss Swan, tout va bien ?

- Je … Je crois oui, répondit-elle en se rendant compte qu'elle avait passé un bras autour des épaules de la brune qui ne s'était toujours pas levée de son fauteuil.

Le geste n'échappa à personne et elle mit quelques secondes encore avant de reculer d'un pas, les yeux clairs observant deux aurors finir d'immobiliser la plus âgée tandis que le troisième se faisait soigner par le Professeur Black.

- Miss Swan, il n'est que dix heures mais je crois que la journée a été suffisamment mouvementée. Retournez dans vos dortoirs.

- Mais et … Et Regina ?

- Miss Mills va certainement devoir suivre les aurors. Hier soir Azkaban a été rasée de haut en bas, tout le ministère est sur le pied de guerre … Une source anonyme l'avait localisée là bas et apparemment c'était une faute piste mais si elle sait quelque chose sur ce qu'il se tramait dans le quartier de haute sécurité je crains qu'ils n'en aient pas fini avec elle.

Les mots avaient beau s'être voulus rassurants, ils avaient à nouveau précipité son cœur dans une course folle. Que se passerait-il au ministère ? Regina avait-elle prévu de telles répercutions ou finirait-elle par entraîner leur chute ?

- Allez Miss Swan, la pressa Black.

- Un instant, réclama-t-elle.

Un pas en arrière et elle tenta d'ignorer le regard de tous les occupants de la pièce tandis qu'elle se penchait vers la brune pour tomber dans la ligne de mire du regard sombre. Les perles d'ébène étaient inexpressives malgré toute l'attention avec laquelle elle y chercha quelque chose. Etait-elle totalement insensible à la potion ou avait-elle uniquement trouvé le moyen d'éviter de révéler certaines vérités ?

Était-elle sincèrement amoureuse d'elle ? Ou bien l'aveu faisait-il partie d'un stratagème pour parfaire sa comédie ?

Mais la réponse à sa question était impossible à lire dans le regard qui perçait le sien sans pour autant sembler en avoir conscience. Elle aurait voulu trouver les mots mais sa gorge resta nouée. A quoi bon, de toute manière, lorsqu'elle n'était même pas sûre que l'autre les retienne ?

Son pouce retraça brièvement la courbe des lèvres qui avaient dévoré les siennes une demi heure plus tôt et elle dut serrer les dents pour contrôler les larmes qui menaçaient de couler.

- Allez Swan, répéta Black près de la porte qu'elle lui tenait ouverte.

Un instant l'intéressée refuse d'obéir, finissant par serrer brièvement les mains immobiles de la brune avant d'obéir à l'ordre de son Professeur de Défense contre les forces du mal. Elle ne s'était pas attendue à être suivie dans les escaliers après avoir respectueusement salué tout le monde mais l'ex auror lui emboîta le pas.

- Votre baguette.

L'ordre la fit se figer dans le couloir désert où elles avaient atterri. Elle se rappelait très bien de l'empressement avec lequel la plus âgée avait semblé obéir à Cora Mills la dernière fois qu'elles s'étaient retrouvées dans la même pièce.

- Votre baguette Emma ...

C'était la première fois qu'elle entendait son prénom sortir de la bouche aux lèvres fines et il la fit frissonner. Ses doigts resserrèrent brièvement leur emprise sur le bois de houx avant de renoncer. De toute manière elle n'avait aucune chance dans un tel duel et l'autre n'oserait pas faire quoi que ce soit dans l'enceinte de l'école.

Elle était tout de même mal à l'aise lorsqu'elle lui tendit le morceau de bois dont elle s'empara avec empressement. Emma eut un froncement de sourcil quand la main aux ongles laqués de noir effectua de rapides mouvements dans les airs.

Les flammes vertes qui étaient apparues muèrent en un tourbillon parfait avec lequel la femme s'amusa un instant avant de le précipiter vers le fond de la coursive. La blonde observa bouche bée le feu aller détruire un cadre ancien, un couple de sorciers qui avait déserté en catastrophe leur demeure s'insurgeant avec leurs voisins.

- Qu'est-ce ...

- Aguamenti.

Le jet d'eau anéantit les dégâts, un autre mouvement de baguette restaurant le carré en bois doré. Quelques secondes encore tandis que les sorts s'enchaînaient en un florilège de métamorphoses qu'elle ne comprenait pas. Les tours avaient beau être simples, la jeune femme ne put s'empêcher de frémir lorsqu'ils s'arrêtèrent, laissant derrière eux le fantôme de pouvoirs bien plus potents que les siens.

L'admiration devait être visible sur son visage à en croire le sourire en coin qui lui fut adressé alors que l'autre lui tendait sa baguette. La confusion aussi ...

- Les plus doués d'entre eux sont capable d'étendre un priori incatatum à une dizaine de sorts ... Ceci devrait suffire à les dissuader. Votre petite amie est une actrice hors pair mais votre baguette vous aurait vendues toutes les deux si le Ministre décidait d'être un peu trop méticuleux.

- Je ...

- Je vous conseille tout de même d'utiliser votre baguette le plus souvent possible dans les jours à venir. Vous avez des examens à réviser après tout ...

- Je ... Je ne sais pas si ...

- Je ne veux pas savoir, fut-elle à nouveau interrompue. Mills est la meilleure élève que je n'ai jamais eue.

Et apparemment ce serait la seule explication à laquelle elle aurait droit crut-elle comprendre lorsque la suite ne vint pas, l'ex auror se contentant de fixer de son regard aussi noir que son nom. Que savait-elle exactement ? Les avait-elle vues ou entendues sortir la veille ? Et si oui, pourquoi couvrait-elle l'horreur de ce qu'elles avaient fait ? Juste parce que Regina était sa meilleure élève ? Elle avait du mal à y croire ...

- Professeur ? appela-t-elle.

L'intéressée qui s'était finalement éloignée s'immobilisa pour jeter un coup d'oeil par dessus son épaule.

- Ce qui est arrivé hier à Azkaban ? Je ferais bien pire si j'apprenais que quiconque voulait s'en prendre à Regina.

Un instant sa menace resta suspendue dans les airs avant que les lèvres fines s'étirent en un sourire sardonique.

- Qui aurait cru qu'une petite Gryffondor avait ça dans le sang ...

.

.

C'était Regina qu'elle avait dans le sang. Si elle en avait été persuadée depuis quelques temps, les derniers événements n'avaient fait que renforcer la certitude.

Les premiers jours avaient été les plus terribles. L'absence totale de nouvelles l'avait rendue malade, sa paranoïa l'isolant chaque jour plus encore. Elle avait cessé de se rendre dans la salle commune, cessé de se rendre dans la grande salle pour les repas qu'elle préférait prendre en cuisine avec les elfes ... Seule sa présence en cours avait fait taire les rumeurs qui la disaient disparue en même temps que la brune.

Elle avait failli pleurer en cours de métamorphoses lorsque Killian avait glissé sur sa table l'article qui faisait la une du Daily Prophet. Cora Mills avait été arrêtée pour abus de pouvoir et haute trahison. Mais ce n'était pas elle qu'Emma avait regardé, non ... Les yeux clairs avaient traqué la silhouette au deuxième plan, celle de la jeune femme qui se tenait droite comme un I, épaules en arrière et regard aussi dur que froid. Regina avait l'air d'avoir vécu des années en l'espace de quelques semaines.

- Est-ce que tu viens alors ?

- Non.

Ça aussi elle avait arrêté. Elle n'avait plus mis un pied sur le terrain de Quiddich depuis des semaines malgré le dernier match qui arrivait contre Serpentard. Elle n'était même pas sûre de le jouer, après tout elle n'avait plus de balais et Madame Pompresh refusait toujours de lui donner son feu vert malgré les miracles que semblaient avoir fait Regina.

Elle savait que le Capitaine de l'équipe lui en voulait terriblement et même MGonagall était allée jusqu'à la coincer dans un couloir pour tenter de raviver sa flamme.

- Après toutes ces années à vous menacer de vous empêcher de jouer, vous vous rendez compte ce que je suis obligée de faire ?

- Vous avez des nouvelles de Regina ? avait-elle répondu à côté.

Un instant les yeux délavés l'avaient observée avec l'air de savoir quelque chose. Pourtant la réponse avait été négative et Emma s'était enfuie pour aller s'enfermer dans sa chambre. Il n'y avait que Ruby qui était parvenue à briser sa forteresse de solitude. Sa meilleure amie avait fait preuve d'une détermination sans égale, insistant pour réviser ses cours avec elle, demandant des conseils dont la blonde était presque sûre qu'elle n'avait pas besoin ... Et même si le sujet de tous ses malheurs n'était jamais abordé, la présence de la batteuse de l'équipe des rouges était d'un réconfort rare.

- Tu es certaine ? l'entendit-elle demander ce matin là.

Perchée sur le rebord de la fenêtre de sa chambre, la jeune femme ne daigna même pas jeter un regard en arrière. De toute manière elle voyait de là dans le reflet de la vitre impeccable la silhouette habillée de rouge et or.

- Laisse tomber Ruby.

- Em ...

- Quoi ?! répondit-elle un peu plus agressivement qu'elle l'aurait voulu en dégageant son épaule de la main qui avait osé se poser dessus.

Mais rien ne vint, la brune se contentant de l'observer avec de grands yeux noyés de larmes. Le spectacle brisa un peu plus son coeur mais elle était incapable de lui donner une réponse rassurante.

- Écrase-les, se contenta-t-elle donc de murmurer au bout d'un moment.

L'encouragement arracha un sourire à sa meilleure amie qui mit quelques secondes avant de lui adresser un sourire timide. Un instant encore la batteuse de l'équipe des rouges resta immobile avant de se résoudre à tourner les talons. Restée seule, la blonde reporta son regard en contrebas où l'équipe au complet marchait déjà en direction du stade accompagnée d'un groupe de supporter dont les cris enthousiastes remontaient les étages.

Elle n'était plus capable de partager leur insouciance. Ce n'était pas la première fois qu'elle en faisait le constat avec regret. Quelque chose était mort en elle à l'instant où elle avait du mettre fin aux jours de celui qu'elle avait longtemps considéré comme un rival. Et peut être aurait-elle réussi à surmonter l'appel du néant si Regina avait été à ses côtés mais la brune l'avait laissée seule face à ses démons et elle ne voyait tout simplement pas le moyen de s'en débarrasser. Elle n'était même pas sûre que ce soit possible ... Après tout on appelait pas ces sortilèges "interdits" pour rien.

Elle eut presque un sourire en voyant finalement Ruby tenter de les rattraper en dévalant la pente verte qui permettait de rejoindre le chemin qui dépassait la hutte d'Hagrid. Mais quelque chose d'autre attira son regard. Un éclat brillant qui fit battre son coeur la chamade. L'exclamation silencieuse diffusa un véritable halo sur la vitre froide dont elle s'empressa d'effacer la buée du revers de la main.

Elle ne rêvait pas. Là, en bas, à la lisière de la forêt le loup translucide sembla l'observer quelques instants avant de reculer pour disparaître dans la végétation.

- Hey ! s'écria comme si elle avait pu être entendue.

D'un bond, elle était déjà de l'autre côté de sa chambre dont la porte claqua derrière elle. Dans les couloirs elle percuta une bande de première année, félicitée par Peeves qui la suivit jusqu'au grand hall où le professeur d'Arithmancie tenta de l'interpeller lorsqu'elle le dépassa en courant. A l'extérieur quelques élèves crurent sans doute qu'elle s'empressait de rejoindre le stade mais elle ignora leurs encouragements, avalant les mètres d'herbe fraîche jusqu'à la forêt interdite.

- Gina ! Regina !

Son appel rebondit sur les troncs centenaires, son souffle court pour seule réponse dans le silence des lieux. Un instant, elle resta immobile, ses yeux perçant l'obscurité à l'affût du moindre éclat de magie mais rien ne vint et elle se résolut à emprunter le chemin qu'elle n'avait pas parcouru depuis des semaines. Elle y était retournée une seule fois. Le lendemain de la disparition de Regina mais tout comme leur maîtresse, les Abraxans s'étaient volatilisés et elle avait su qu'elle ne les reverrait plus.

Aussi ne s'attendait-elle pas à grand chose en atteignant la clairière et le hoquet de surprise resta prisonnier de sa gorge nouée.

- H... Hey, finit-elle par réussir à croasser une main tendue vers la silhouette fantomatique.

Sans surprise, le canidé n'eut aucune réaction, continuant à l'observer de son regard impassible. Jusque là, elle n'avait eu qu'un vague souvenir de l'immense bête qu'elle avait vu fondre sur les détraqueurs mais aujourd'hui elle pouvait en distinguer plus de détails. La carrure plus épaisse et la fourrure définitivement plus sombre que celle de son propre loup.

- Où ... Où est ta maîtresse ? Où est Regina ? demanda-t-elle en osant s'approcher.

Aucune réponse mais l'animal accueillit volontiers la caresse qu'elle imita sur le haut de son crâne. Elle se rappelait encore de l'émotion poignante qui l'avait envahie quand Regina avait caressé son patronus. Où qu'elle soit, était-elle aussi en train d'éprouver la même chose ?

- Est-ce qu'elle va bien ? Et pourquoi t'es là ? continua-t-elle en s'agenouillant dans la terre encore un peu humide. Est-ce qu'elle a besoin d'aide ?

Quelque chose comme de l'ennui passa dans les grands yeux brillants et la blonde eut un sourire. Si elle l'avait pu, la bête aurait certainement roulé des yeux pour lui montrer à quel point elle était en train de se montrer idiote.

- Non hein, la grande Regina Mills n'a pas besoin d'aide ...

L'amertume avec laquelle elle avait prononcé ses derniers mots eut l'air de faire de l'effet sur l'animal qui sortit de son immobilité pour aller appuyer sa tête sur son épaule. D'instinct, elle voulut le prendre dans ses bras mais la tentative mourut en un sanglot pitoyable lorsque son embrasse se referma sur le vide. Comme s'il avait attendu ce signal, le patronus fit un pas en arrière et les yeux noyés de larmes, la jeune femme l'observa se mettre à briller plus intensément encore, signe avant-coureur de sa prochaine disparition.

- J... Hey ! Non !

Mais la main qu'elle avait tendue vers lui n'y fit rien. Les traits du loup n'existaient déjà plus, réduits à une simple silhouette dont la brillance éblouissante lui fit mal aux yeux. Emma eut à peine le temps de lever un bras devant elle avant que le patronus explose, le phénomène lui rappelant à moindre proportion celui dont elle avait été témoin à Azkazban lorsque la vague de magie blanche se répandit dans toute la clairière.

Derrière elle, les arbres frémissaient encore quand elle abaissa son bras, le cœur battant la chamade. Quelque chose était tombé à ses pieds et elle eut un hoquet de surprise lorsque ses yeux glissèrent le long de la forme élancée.

- Debout, ordonna-t-elle instinctivement.

Elle s'était presque attendue à ce que le balais soit un portoloin mais l'éclair de feu qui avait bondit dans sa paume avait beau vibrer de la magie de la brune, rien ne se passa. La sensation qu'elle avait anticipée était différente de celle qui courait le long de son bras et jusque dans sa poitrine. Le fourmillement dura quelques secondes avant de s'échapper sous la forme d'un petit rire dont elle s'étonna.

Regina trouvait le moyen d'envoyer son patronus à Poudlard, les quelques hectares les plus protégés de toute l'Angleterre et tout ça pour quoi ? Lui offrir un balai ? Pas pour lui parler, pas pour la rassurer, pas pour exiger qu'elle cesse de se morfondre mais pour lui offrir un balai ?! Bon, ce n'était pas comme si elle ne comprenait pas le message mais tout de même ...

- Ok, accepta-t-elle le défi à voix basse.

Dans le silence, elle pouvait encore entendre les battements affolés de son coeur et elle se demanda brièvement si quelqu'un avait repéré l'écho de la magie qui s'était produite ici. Les centaures sûrement ... Et mieux valait ne pas être là quand ils viendraient enquêter ... Avec une lenteur précautionneuse, la jeune femme enfourcha le manche en frêne, agitant sa baguette pour transformer ses vêtements en une tenue traditionnelle de poursuiveuse.

Elle pouvait sentir les démons qui avaient élu domicile en elle ces dernières semaines s'agiter. Le tremblement auquel elle s'était habituée muait en une peur toute nouvelle et son pied n'était pas stable lorsqu'elle l'envoya à terre pour s'envoler.

- Wouah !

La bête qu'elle avait entre les jambes n'avait rien avec son bon vieux Nimbus 2001 et un coup d'oeil au pommeau gravé d'un S la fit froncer des sourcils. Comment Regina s'était-elle procuré une telle bête de compétition ? Couchée sur le manche, elle dut s'accrocher plus que d'habitude lorsqu'elle accéléra, le balai fusant avec le bruit d'une véritable petite fusée. Aussi était-il quasiment impossible d'arriver sur le terrain sans être repérée ...

- ... PAS POSSIBLE C'EST SWAN !

Le bourdonnement dans ses oreilles aurait pu lui faire rater le rugissement du commentateur mais seul comptait le sourire de ses coéquipiers lorsqu'elle s'immobilisa presque en catastrophe au milieu du cercle des joueurs.

- Je suis en retard ?

- On ne l'attendait plus, c'était même Mcornick qui avait pris la relève !

Le troisième année qui était censé la remplacer avait un air soulagé qui la fit presque sourire.

- Swan ça va ? Tu ... Tu joues ?

Killian n'avait pas l'air d'y croire. Pas plus qu'elle devait-elle s'avouer. Malgré son regain de confiance, elle n'était pas sûre d'être prête à affronter la foule en délire qu'elle entendait vaguement crier son nom. Et si le capitaine avait encore des doutes, Ruby fut la première à venir à sa rencontre, venant la percuter d'un coup d'épaule qui manqua la faire tomber.

- Hey, accroche toi, ce serait bête d'abîmer ce balai tout neuf.

- Est-ce que vous avez vu ce que Swan a ramené sur le terrain ?! Un éclair de feu suprême ! J'en avais jamais vu un d'aussi près, ce sont les équipes nationales qui se les font fabriquer d'habitude ... Est-ce que ça veut dire que notre petite protégée a déjà signé pour une carrière pro ?

- Mills, préféra-t-elle expliquer à leur Capitaine qui s'était rapproché avec un froncement de sourcil.

- Si tu le dis ...

- Ecoute Kil ... Je ...

- Tu joues ou pas ? fut-elle coupée par celui qui n'avait pas l'air d'être prêt à cesser de lui en vouloir.

Les yeux clairs l'observaient avec une colère hautaine qui lui rappela celle de la femme dont elle était tombée amoureuse. La mélancolie à laquelle elle s'était attendue ne vint pas. Elle avait encore le souffle court mais ses mains ne tremblaient plus lorsqu'elle lui adressa un signe de tête avant de prendre place en première ligne.

- Vous avez fini ou il faut que j'accorde un penalty pour que le match commence ? entendit-elle l'arbitre s'exclamer dans son coin.

- Vous pouvez toujours, c'est pas ça qui nous empêchera de gagner, répondit-elle avant d'avoir pu s'en empêcher.

Le coup de sifflet la fit grimacer mais les rires qui émanaient des tribunes rouge et or en valait la peine décida-t-elle.

.

.

Evidemment ils avaient gagné. Elle avait mis quelques minutes à s'habituer à la puissance du balai qu'elle avait fini par exploiter pour perdre ses adversaires en des embardées qui les laissaient toujours hébétés. Plusieurs fois, elle avait cru percuter le sol ou un poteau mais l'éclair de feu n'avait pas failli à sa réputation, répondant à ses coups de frein avec autant de puissance que ses accélérations.

Serpentard n'avait jamais perdu avec autant points d'écart et à la fin du match Killian semblait même avoir oublié de lui en vouloir lorsqu'ensemble ils avaient levé leurs baguettes vers le ciel pour y faire rugir l'immense lion qui avait éclaté en un feu d'artifice fracassant.

Le dortoir des Gryffondor avait été en fête pendant des jours entiers avant que McGonagall ne doive se résoudre à demander à ce que l'ordre y revienne.

Emma n'avait pas participé aux nombreux rassemblements qui avaient perturbé ses révisions mais elle avait été là le soir du match, se laissant féliciter et choyer par tous les élèves qui lui souriaient encore deux semaines plus tard. La blonde n'avait jamais reçu autant de cadeaux que ces derniers temps mais seul l'album photo que lui avait glissé une cinquième année l'avait intéressée. Égoïstement, elle avait détaché un cliché du soir de la victoire sur lequel elle était portée aux nues sur le terrain de Quiddich.

Le sourire radieux qu'elle affichait devant le tableau de score l'étonnait encore. Aujourd'hui, elle avait du mal à le reproduire mais il était là, la preuve qu'il s'était bien produit et la jeune femme l'avait observé un long moment, gravé dans sa mémoire avant de rouler le papier glacé où les silhouettes s'agitaient pour l'attacher à la patte d'une chouette effraie qu'elle avait prié de retrouver Regina.

Son message n'avait bien évidemment pas obtenu de réponse mais elle s'était efforcée de ne pas en tenir compte. Dans ses recherches, elle avait même tenté d'obtenir des informations auprès de Malicia. La meilleure amie de Regina avait semblé gênée de lui annoncer qu'elle n'avait pas non plus de nouvelles. Emma avait descellé le mensonge qui l'avait blessé plus que de raison mais elle avait pris la découverte pour ce qu'elle était : La brune ne voulait pas qu'elle soit au courant de ce qu'il se passait.

Et c'était peut être mieux ainsi …

Le train partait dans quelques heures et la veille au soir, elle avait accepté de suivre Ruby dans les couloirs du château pour une dernière nuit d'exploration. Ensemble, elles avaient bu bien trop de bière au beure en se remémorant toutes les aventures qu'avaient pu abriter telle ou telle salle.

L'espace de quelques heures, la grande brune avait réussi à lui faire oublier le trou béant qu'elle sentait dans sa poitrine et elle avait enfin prononcé les excuses qu'elle lui devait. Elle ne s'était pas montrée à la hauteur de l'amitié que lui portait Ruby ces derniers mois mais l'intéressée avait balayé les explications d'un haussement d'épaule. Elle aurait encore bien des années pour lui prouver son amitié.

- Tout est prêt ?

Sa meilleure amie qui venait de passer la porte de sa chambre à grand fracas lui arracha un sourire.

- Je crois.

- Tu comptes voler à côté du train ? se moqua l'autre avec un regard pour l'éclair de feu qu'elle n'avait pas voulu confier aux elfes de maison.

- On sait jamais.

La vérité c'était qu'elle ne parvenait pas à se détacher du bout de bois, le lien le plus récent qu'elle avait avec Regina. Les autres allaient sûrement confondre ça avec de l'orgueil mal placé mais tant pis.

- Killian nous attend dans le hall, il reste plus grand monde … Tu as encore quelque chose à faire ?

- Non, se désola-t-elle avec un regard circulaire sur la chambre qui n'avait jamais été aussi bien rangée.

- Allez, on trouvera le moyen de revenir Swan. Promis !

Les grands yeux bruns brillaient d'une lueur taquine mais quelque chose au fond d'eux la fit sourire. Ruby savait très bien que Poudlard n'avait pas la même signification pour elle que pour bien d'autres. L'école resterait sa seule et véritable maison d'enfance.

- Ouais, répondit-elle finalement en forçant un sourire.

Un bras musclé se faufila autour de sa taille pour l'entraîner à sa suite en dehors de la chambre.

- Eh attends ! Mon balai !

Le cri fit rire la batteuse qui lui laissa juste le temps de s'emparer de l'objet en question avant de dévaler les escaliers qui donnaient dans la salle commune où les attendait un Killian souriant.

- Prêtes les filles ?

C'était un mot qu'elle entendait souvent ces derniers temps. McGonagall leur avait affirmé que Poudlard avait tout fait pour qu'ils soient prêts à leur vie d'adulte. Il fallait être prêts quand le train viendrait les chercher. Prêts à quitter les bancs d'école. Prêts à voler de ses propres ailes. Prêts à tout … Sauf qu'Emma sentait bien que ce n'était pas le cas.

- Bien sûr, répondit pour elle Ruby qui la poussa vers la sortie.

La main dans son dos y resta jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'herbe fraiche des pelouses sur lesquelles quelques retardataires se pressaient encore pour atteindre les immenses grilles du château. Emma eut un hoquet de surprise en y arrivant. Quelque chose qui faillit la faire pleurer.

Elle se rappelait des illustrations qui figuraient dans son livre de Soins des Créatures Magiques mais elle n'avait jamais imaginé pouvoir voir celles qui se dressaient devant elle. Les Sombrals qui tiraient les calèches de l'école avaient quelque chose d'effrayant et de touchant. Le regard rouge qui trouva le sien aurait pu voir jusque dans son âme et elle s'apprêtait à tenter d'aller en caresser un lorsqu'une main bien moins délicate que celle de Ruby l'arrêta.

- Je ne vous le conseille pas Swan.

Elle n'avait pas vu le Professeur Black mais elle supposait que c'était normal qu'elle soit là jusqu'à sa dernière seconde entre ses murs pour l'empêcher de faire quelque chose.

- Et pourquoi ça ? gronda-t-elle.

- Parce que certains se demanderaient qui et quand.

Qui elle avait mourir et Quand avait-elle eu le temps de sortir des murs de Poudlard pour en être témoin. Avec une grimace, la blonde enfonça sa main libre dans son jean, l'autre resserrant son emprise sur l'éclair de feu qu'elle mourait d'envie d'enfourcher pour échapper au regard inquisiteur.

- Vous me remercierez plus tard Swan.

- J'en doute.

- Croyez-bien que si. Un sorcier n'oublie jamais à qui il en doit une !

Aucun doute que c'était uniquement pour ça que l'ex Auror les avait aidées ces derniers temps. Emma n'avait pas hâte de devoir lui rendre la pareille …

- Laisse la, c'est sûrement la dernière fois qu'elle pouvait t'embêter, tenta de la rassurer Killian alors qu'elle s'engouffrait dans l'habitacle du carrosse qui se mit aussitôt en mouvement.

- Sûrement, répéta-t-elle sans le croire. Quand est-ce que tu commences l'entraînement déjà ?

Le Capitaine des Rouges avait été le seul surpris d'apprendre son admission chez les Frelons de Wimbourne et la blonde avait déjà hâte d'aller jouer les supportrices.

- Dans deux semaines. J'aurais juste le temps de rentrer de notre voyage.

C'était son idée ça. Dix jours en Egypte les attendaient tous les trois. Pour resserrer les liens une dernière fois avant que la vie ne les sépare un peu. Départ le lendemain. Emma prévoyait de leur révéler ce qu'il s'était passé à Azkaban durant leur séjour et y penser la rendait déjà nerveuse.

Sur le quai de la gare, il n'y avait que les septièmes années qui traînaient la patte, tous les autres bourdonnant de l'énergie propres aux élèves en vacances. Au dessus de la marrée humaine, Hagrid qui semblait plus populaire que d'habitude tentait d'ordonner aux jeunes sorciers de regagner leurs wagons et Emma eut un sourire.

En troisième année, elle et Ruby avaient raté le train, escortées la queue entre les jambes par le Professeur Black qui ne les aimait déjà pas …

- Oh merde, entendit-elle vaguement Killian jurer derrière elle alors qu'elle se montrait docile et montait déjà sur le marche-pied de la locomotive.

- Qu'est-ce que … Merde ! Emma !

La voix de Ruby contenait suffisamment de surprise pour qu'elle se retourne. Mais la brune ne la regardait pas, seule une main était encore tendue vers elle, s'agitant pour tenter d'obtenir son attention. Sur son promontoire, la poursuiveuse suivit le regard de ses amis jusqu'au garde chasse. Les yeux clairs traquèrent ses mouvements agacés mais amusés par l'effervescence qui l'entourait. Hagrid semblait vouloir chasser les élèves et un geste brusque manqua même d'en faire tomber un à la renverse et alors qu'il se précipitait pour l'aider à se relever, Emma sentit son coeur faire une embardée.

Ce n'était pas le demi-géant que tout le monde était venu voir. Debout à ses côtés, flanquée d'une blonde qui portait encore son uniforme de Serpentard, celle qui n'avait pas quitté ses pensées regardait déjà dans sa direction. Les perles d'ébène brillèrent un peu plus lorsqu'elles la rencontrèrent et Emma dut serrer ses dents pour étouffer un sanglot.

Un instant, elle crut que ses pieds glués au marche-pied refuseraient de la porter jusqu'à destination mais la seconde d'après, elle avait déjà sauté. Plusieurs élèves protestèrent sur son passage et elle dut écarter de force plusieurs autres pour atteindre son but. Elle n'entendit pas plus leurs voix que celle qui lui souffla qu'elle aurait peut être du faire preuve d'un peu de retenue en présence d'autant de monde.

Tant pis. Elle s'était déjà précipitée sur celle qui émit un couinement de surprise lorsqu'elle la souleva dans ses bras. Mais rien pour l'arrêter.

Deux jambes se refermaient déjà autour d'elle et Emma cacha les premières larmes dans le cou où elle déposa ses lèvres à l'abri des regards. Peine perdue à en croire les sifflements qu'elle entendit vaguement autour d'elles. Il lui sembla même que certains applaudissaient lorsque Regina passa un main derrière sa nuque pour la tirer de la où elle était et sceller leurs lèvres en un long baiser.

- C.. Ca va ? murmura-t-elle bêtement contre elle.

Il y avait tellement de choses qu'elle voulait lui dire. Où étais-tu passée ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu m'as manquée .. J'étais morte d'inquiétude … Je t'aime …

Mais tout ce qu'elle pensait semblait briller dans les yeux sombres emplis de larmes que l'autre avait su retenir.

- Ça va aller, fut la réponse à laquelle elle eut le droit avant un autre baiser.

Regina Mills était en train de l'embrasser devant toute l'école réalisa-t-elle avec un sourire fier juste avant d'entendre Ruby réclamer à tue-tête les milliers de gallons qu'elles venaient de lui faire gagner en confirmant la relation sur laquelle elle avait parié. Le sourire se transforma en rire, Emma lâchant à regret celle qui glissa une main dans la sienne dès qu'elle eut retouché terre.

- Ravi de te revoir Mills, intervint Killian avec un de ses sourires en coin. On commençait à se demander comment redonner le sourire à notre poursuiveuse.

- Merci Kilian.

- Comment ça se fait que tu sois ici ? demanda à son tour Ruby.

- J'ai demandé un service et Hagrid s'est porté garant de moi. J'avais peur de ne pas pouvoir vous retrouver aussi facilement après l'école …

Emma n'écouta pas le trait d'humour que Kilian trouva à faire à propos de leur voyage à venir. Regina avait dit « vous » mais sa main avait serré un peu plus fort la sienne comme pour lui signifier qu'il n'y avait eu qu'elle qu'elle voulait revoir. Elle avait beau être collée à elle, la foule de gens qui se pressaient autour d'eux la dérangeait. Elle voulait être seule avec la brune.

- Tu seras avec nous dans le train ?

- Non … Je dois passer mes épreuves d'ASPIC.

- Alors je reste !

L'espoir qu'elle avait senti gonfler sa poitrine fut anéanti d'un seul regard désolé. Ce ne serait pas possible, comprit-elle. Et Hagrid avait beau les avoir laissés seuls quelques instants pour presser les élèves, il reviendrait bientôt pour enjoindre leur petit groupe.

- Je te promets d'être là quand tu rentres d'Egypte Emma …

Comment était-elle au courant ?

- Là où ?

Elle n'avait même pas la moindre idée de l'endroit où elle allait loger à compter du début de sa formation d'Auror.

- Tu verras. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'ai ensorcelé ton éclair de feu. Si tu fais sauter la sécurité et il te servira de Portoloin pour me rejoindre.

- Comment ?

- Tu trouveras, j'en suis sûre. Il parait que tu es une sorcière plutôt douée.

- Pas autant que toi.

Le compliment lui valut un petit rire et derrière eux, Hagrid revenait déjà pour chasser Malicia, Ruby et Kilian dans le wagon quand elle fut happée pour un autre baiser. Cette fois, sûrement parce qu'elles avaient moins de témoins, la brune ne mit qu'un instant pour l'approfondir, lui soutirant un gémissement quand le corps svelte se lova contre le sien.

- On a passé la nuit ensemble, d'accord ? Toute la nuit jusqu'à ce que Black nous réveille. Si on te demande, tu étais juste au courant des punitions de ma mère parce que je m'étais confiée mais c'est tout. Absolument rien d'autre Emma.

Malgré le vacarme de la locomotive qui s'était mise en route, les consignes avaient été murmurées à voix basse contre ses lèvres et elle n'eut pas le temps d'y répondre avant que celles de son amante ne s'en emparent à nouveau.

- Jeunes filles …

La blonde choisit d'ignorer la voix d'Hagrid, enserrant un peu plus Regina dans ses bras. Une de ses mains se faufila sous le simple chemisier blanc que portait la jeune femme et y sentir la peau complètement lisse de son dos la fit à nouveau sourire. C'était grâce à elle ça ... Mais son ravissement fut de courte durée et ce fut à son tour de glapir quand une main immense la souleva par le col de son blouson pour l'arracher aux bras de celle qu'elle aimait et la déposer sur les marches du wagon.

- Hey ! Vous avez pas le droit ! s'indigna-t-elle sous le rire de plusieurs élèves dont Regina restée sur le quai avec un regard empli d'une adoration qui lui serra le ventre.

- Jusqu'au dernier moment il aura fallu que vous nous fassiez la vie dure hein Swan ! maugréa faussement le garde chasse.

Mais elle ne lui faisait déjà plus attention. À quelques pas de là, Mills l'observait sans aucun artifice et pour la première fois, elle pouvait voir tous ses sentiments reflétés dans ses yeux sombres mais si expressifs.

- Gina ! cria-t-elle par dessus le sifflement de la locomotive qui s'apprêtait à partir.

Le surnom lui valut un haussement de sourcil interrogatif et elle ne mit qu'un instant à se décider, la boule au ventre.

- Ce que tu as dit dans le bureau de McGonagall ce jour là … C'était vrai ?

Elle n'avait pas besoin de préciser à quoi elle faisait allusion. Il n'y avait rien d'autre qui importait et la brune le savait très bien. « Je ne peux pas parler pour elle, mais pour ma part, je suis amoureuse d'elle depuis un bon moment déjà … ». Qu'est-ce qui pouvait bien compter d'autre que ça à présent ?

- Bien sûr que c'était vrai Swan ! J'avais bu du Véritaserum, comment veux-tu que j'aie pu inventer quoi que ce soit ?!

La réponse délivrée avec moquerie fit pourtant éclater quelque chose en elle. La sorcière n'avait pas hésité mais la locomotive ne lui laissa pas le temps de lui répondre avant de commencer à s'éloigner du quai. Elle aurait l'occasion de lui retourner son aveu. Plein d'occasions. En attendant, elle resta debout sur le seuil de la porte du wagon jusqu'à ce que la silhouette de celle qu'elle aimait devienne un simple point vert et blanc. Son coeur battait la chamade, incapable de croire qu'elle venait bien de la tenir dans ses bras quelques secondes plus tôt.

- Où est mon balai ?! s'écria-t-elle soudain en réalisant qu'elle ne l'avait plus sous le bras depuis qu'elle avait repéré la revenante sur le quai.

- Ici, trouillarde, lui répondit la voix étouffée de son Capitaine dans le compartiment où elle le retrouva en compagnie de Ruby et une montagne de sucreries déjà achetées à la marchande ambulante.

La jeune femme s'empara de l'éclair de feu et d'un paquet de dragées surprises avant de s'affaler sur la banquette disponible. Connaissant Regina, elle avait du pain sur la planche pour faire sauter la sécurité qu'elle avait placée sur le Portoloin …


#Allwaswell.

Alors ? Pour le coup je vais pas à la pêche aux commentaires mais j'aime tellement cet univers que j'aimerais vraiiiiment vos réactions pour savoir si j'ai pu y rendre justice :)