Petit mot de l'auteure : j'étais à Guimet aujourd'hui


Jour 3 : Corps

Contexte : pas de contexte précis (mais j'imagine plus en post canon)


Kaz la fixait depuis cinq bonnes minutes quand Nina se décida à lui demander ce qu'il lui voulait. Bien évidement, elle n'obtint qu'un grommellement. Loin de s'en formaliser, elle insista :

- Pourquoi tu me regardes comme ça ?

- Rien. Je réfléchis.

- Ben voyons, dit-elle en levant dramatiquement les yeux au ciel. Tu sais, si tu ne me dis pas pourquoi tu me fixais, je vais finir par croire que tu étais en train de me reluquer. Ce que je peux comprendre, je suis magnifique. Mais quand même.

En disant ça, Nina s'était attendue à ce que Kaz lui dise cordialement d'aller se faire voir, ou qu'il rougisse – elle adorait le faire rougir, c'était l'une de ses distractions préférées. Néanmoins, ce qu'il dit fut bien différent :

- Désolé. Je te... regardais, en effet. C'était déplacé. Pardon.

Là, Nina n'eut d'autre choix que de lever un sourcil en l'air.

- Tu me... matais ? Mais je disais ça comme une blague !

- Je ne te... matais pas ! s'insurgea Kaz.

Par tous les Saints, comme ce mot était étrange dans sa bouche. Mais pas autant que la confession qui suivit.

- C'est juste que... tu es toujours si à l'aise avec ton corps. Dès qu'il s'agit d'une affaire... corporelle, tu sais comment y faire, comment te comporter. Tu dégages... une aura de... de... Bref. J'espérais comprendre comment tu fais.

Il marqua une petite pause, avant de demander :

- Comment tu fais ?

Nina espérait sincèrement qu'elle n'était pas en train d'avoir cette conversation avec Kaz. Certes, les années les avaient rendus proches, mais quand même. Il y avait des limites. Le visage sérieux de son ami était toutefois si sérieux qu'elle su qu'elle avait bien entendu. Elle soupira donc mentalement, mais se garda bien de montrer sa gêne à Kaz. Il était si rare pour lui de s'ouvrir sur des sujets intimes, il était hors de question de le laisser se refermer.

- Je ne « fais » rien. Du moins, je n'en ai pas vraiment conscience. Je m'aime, j'aime mon corps, je me trouve belle et désirable. Et même le monde me trouve orgueilleuse de le penser, je m'en fiche ! C'est pour cela que je dégage quelque chose de « sexuel » comme tu dis.

- Je n'ai pas dit se...

- Non, tu ne l'as pas dit, car ça te dégoûte, mais j'ai comprit l'idée, rigola-t-elle en voyant une grimace naître devant le mot. Et c'est justement ça la différence entre nous deux. Toi, tu aimes les armes, les plans tordus et le sang, c'est pour ça que tu dégages l'aura d'un meurtrier. Moi, j'aime les gaufres et le sexe. Ça se transmet dans mon aura. Les gens le sentent. C'est pour ça que j'enchaîne les conquêtes. Et cela me va très bien.

Kaz hocha la tête pour marquer sa compréhension. Néanmoins, Nina sentit que la question n'était pas résolue.

- Dis moi si je me trompe, mais... toi, tu n'as pas envie de conquérir sexuellement le monde, non ?

- Arrête avec ce mot, fut sa seule réponse.

- Très bien, très bien. Mais... j'ai raison, non ?

- Oui, souffla Kaz.

- Alors pourquoi tu voulais savoir comment je fais pour avoir cette aura ?

Le rougissement qui s'empara de Kaz lui suffit comme réponse. Nina ne put alors retenir un petit sourire espiègle. Elle savait toutefois combien le sujet était délicat pour lui, alors elle prit soin de gommer toute trace d'amusement attendrit de sa voix.

- Tu sais, tu n'as pas besoin de me recopier pour conquérir Inej.

- Je ne...

- Si Inej voulait quelqu'un comme moi, elle serait sortie avec moi il y a longtemps. Mais c'est de quelqu'un comme toi dont elle est amoureuse. Alors ne te tracasse pas trop. D'accord ?

- C'est jusque... je ne veux pas passer à côté de la vie.

- La vie, ce n'est pas l'amour. Bon, d'accord, ça l'est pour moi. Mais c'est pareil pour les gaufres. C'est mon grand amour, toi tu détestes ça, le monde continue de tourner, ta vie n'en est pas moins riche. Pourquoi il en serait autrement avec les relations intimes ? Et si tu veux tenter un jour de...

Elle évita au dernier de prononcer le mot « coucher », ayant promis à Kaz d'éviter les termes trop crus.

- De... de manger des gaufres, dit-elle à la place, et bien, tu devrais surtout en parler avec la principale intéressée. Tu sais bien que Inej a des difficultés avec... avec les gaufres aussi à cause de Tante Heleen. Si vous vous écoutez, vous pourriez arriver à aimer ça. Et si ce n'est pas le cas, et bien cela n'empêche pas de passer du temps ensemble. À faire autre chose.

Kaz lui offrit un hochement de tête raide, avant de se relever. Avant qu'il ne quitte la pièce, il se racla la gorge :

- Si tu répètes cette conversation, je...

- Oui, je sais, tu m'étripes dans mon sommeil et tu disperseras mes os dans tout Ketterdam. Tu devrais te renouveler en menaces.

Aussi folle que cette déclaration était, Nina était prête à la soutenir devant une cour : elle avait vu Kaz sourire en entendant sa phrase.