Chapitre 3.

« Comment se porte Miss Granger ?

_ Mieux, compte tenu du fait qu'elle n'a pas eu de fièvre de toute la nuit ce qui lui a permit de rattraper ses heures de sommeil en retard, lâcha Snape, buvant son café durant sa lecture de la gazette du sorcier.

_ Comment diable savez-vous tout ça ? demanda Minerva. »

Snape s'arrêta dans son mouvement, la tasse toujours au bord des lèvres et le regard figé.

« Mmmh c'est elle qui me la dit, mentit-il. »

Il n'allait quand même pas lui sortir qu'ils avaient dormi ensemble tout de même, c'était déjà assez dingue comme ça.

Enfin, ce qui l'inquiétait le plus néanmoins n'était même pas de devoir rendre des comptes à Minerva, mais bel et bien le jour de la semaine. Car oui, c'était vendredi, ce qui signifiait qu'ils entamaient un week end entier.

Un week end entier en compagnie de Granger.

Il n'était pas dupe : elle était encore bien trop mal en point pour foutre le nez dehors, et lui… Oh, il aurait pu retourner à l'impasse du tisseur pour ces jours-ci, mais une chose l'en empêchait, oui une seule : la culpabilité. Si Granger était dans cet état, c'était qu'il était bien trop imposant, casse-pied et hargneux pour qu'elle n'ose, ne serait-ce que de lui demander une couverture. Enfin merde, elle avait préféré crever de froid toute une nuit plutôt que de réveiller le dragon-Snape !

Autant dire qu'en de telles circonstances, il ne pouvait que se sentir coupable, d'autant plus qu'elle avait été une des seules à se porter réellement volontaire pour lui venir en aide une fois les cachots inondés. Il n'osait imaginer s'il se serait retrouvé en face à face avec Weasley, ses affaires de Quidditch traînant dans ses quartiers, ses cheveux roux volant partout sur ses robes et… tiens, d'ailleurs, Granger n'était pas censée avoir un chat ?

Snape s'apprêta à demander le pourquoi de la disparition du fléreur à Minerva, mais remarqua celle-ci suspicieuse face à son mensonge éhonté. Alors, le maître des cachots comprit le message et s'empressa de finir son café pour échapper à la directrice et ses questions dérangeantes. Sans attendre, il parcourut les couloirs pour rejoindre les quartiers d'où l'attendait Hermione de pied ferme.

Du moins, c'est ce qu'il constata avec dépit une fois entré dans la pièce.

« Non, je ne vous ai pas ramené de travail, balança-t-il en la voyant le regarder avec impatience. »

Hermione perdit toute expression de joie sur son visage et se renfrogna dans le canapé. Snape s'y écroula sans un mot de plus, avant de tourner la tête vers elle. Bordel, il était fatigué, mais enfin, comment faisait-elle ?!

« Vraiment ? finit-il par demander. Des devoirs, une potion revitalisante, un calcul, on se mouche le nez, c'est reparti pour un parchemin d'étude sur la guerre des gobelins ? lâcha-t-il.

_ Pas à ce point tout de même.

_ Dit-elle de sa voix nasillarde. »

Hermione se contenta de pouffer sans réussir à se contenir. Elle n'osa le regarder par la suite, tentant de cacher un espèce de sourire bien trop amusé.

« Je serais curieux néanmoins de connaître vos habitudes de coucher.

_ Oh hé bien, je me pose ici, avec mon manuel d'arithmancie, pour m'avancer sur le programme vous comprenez ?

_ Mmmmh, lâcha Snape, suspicieux.

_ Ensuite, je vais sur mon bureau, je fais les quelques calculs de runes que me donne parfois le professeur Vector, et je mémorise les ingrédients de la prochaine potion demandée.

_ Ce qui est déjà beaucoup.

_ Puis, le coupa-t-elle, je fais mon devoir de sortilège, même s'il n'y en a pas, autant anticiper, sans compter sur la botanique, parce que les propriétés des plantes aident beaucoup quand je suis en potions.

_ Ensuite, vous allez vous coucher.

_ Ensuite, je lis un livre, corrigea-t-elle. J'alterne entre l'histoire de Poudlard ou de la magie, ça peut toujours servir.

_ Et puis après…

_ Après, hé bien, je prends la dernière leçon en cas de contrôle quelconque pour la lire au lit, et j'essaie de transfigurer quelques objets ici et là…

_ Par la barbe de Merlin, vous êtes folle à lier. »

Hermione s'enfonça dans son siège. Bon. Peut-être… Peut-être que ça faisait beaucoup, en effet. Elle avait un peu perdu les pédales depuis son emménagement dans ses quartiers, et ses camarades qui n'étaient plus là pour lui hurler d'arrêter d'étudier.

« A ce point là ? finit-elle par souffler, un peu honteuse.

_ Ah mais je vous assure Granger, vous venez de remporter la médaille d'or du pire rituel qui soit avant d'aller vous pieuter, c'est remarquable. »

Hermione ferma les yeux avant de grimacer, puis de percevoir Snape pouffer. L'homme était dans un état d'usure terrible. Il était fatigué, à bout de nerf, et cela ne pouvait que se traduire par une chose : un espace de rire nerveux, commençant à devenir dangereusement communicatif.

« Après on fait quoi, on dort avec Flitwick aussi pour qu'il vous susurre des noms de sortilége pendant que j'essaie de pioncer juste à côté ? Je vous préviens, je n'accepterais pas que ça, le lit est trop petit, même pour lui. »

Cette fois, Hermione éclata pour de bon, elle aussi à bout de fatigue à cause de ce fichu rhume qui ne voulait pas passer. Tous deux s'esclaffèrent ensemble avec les derniers restants d'énergie qui leur restait, Hermione ne cherchant même pas à songer sur le fait que c'était la première fois qu'elle l'entendait rire et que bon sang, elle en avait mal au ventre tant il le communiquait avec bien trop de facilité.

« Arrêtez ! dicta-t-elle avec un ton guère convainquant. »

Snape ferma les yeux. Il ne put qu'entendre une espèce de mélodie totalement affreuse d'une dame répétant un « freed from desire » suivit d'un « nananana » retentissant, devant une foule faisant la fête à un mariage minable. Sans même avoir l'image suivant le son, Snape se remit à rire compulsivement, et Hermione le suivit, bon gré mal gré.

« Et puis, c'est quoi aussi cette horreur, s'exclama-t-il à bout de souffle. Comment avez-vous pu trouver une abomination pareille ?!

_ Je l'ignore ! Je m'ennuyais.

_ En fait, vous êtes un danger ambulant au moindre signe d'ennui, je commence à comprendre pourquoi vous vous réfugiez dans les études, se mit-il à ricaner.

_ Oh non arrêtez ça, j'ai mal à ventre, se plaignit-elle en une grimace tout en se tenant l'abdomen.

_ Je crois que je manque cruellement de sommeil, se plaignit-il, à bout de souffle.

_ Oh vous ne voulez pas regarder cette horreur avec moi, souffla-t-elle.

_ Vraiment Granger ? »

Snape se tourna vers Hermione et ils se jetèrent un drôle de regard pendant qu'une musique totalement ringarde tournait sur le téléviseur. La jeune femme ferma les paupières de dépit, tout en se retenant de rire, mais Snape ne trouva pas la force d'en faire autant et se fendit de nouveau d'hilarité, par nervosité, fatigue et moquerie.

« Arrêtez de rire sinon on ne va pas s'en sortir ! finit-elle par sangloter, les larmes au bord des yeux.

_ D'accord, d'accord ! Très bien, lâcha-t-il en s'étendant de tout son long jusqu'à faire reposer ses pieds sur la table basse.

_ Vous restez ?!

_ Oui, mais uniquement par pitié parce que vous êtes malade.

_ Super ! lâcha-t-elle, ravie en allongeant ses jambes sur le canapé tout les hissant jusqu'à celles de Snape sans plus aucune gêne. »

La jeune femme semblait vraiment ravie qu'il reste avec elle et Snape en fut un peu surpris au fond de lui. C'était bien la première fois que quiconque était heureux d'être en sa présence ! Il la vit remonter son plaid le long de son corps, équipée de sa boite de mouchoirs qu'elle gardait précieusement entre ses bras croisés sur sa poitrine.

Sans s'en rendre compte, le maître des potions s'endormit. Il ne sut pas vraiment en combien de temps il s'écroula, mais il le fit avec les jambes de Granger sur les siennes, sans doute somnolente également. Tous deux ne se réveillèrent qu'en pleine nuit, alors que la pièce était sombre et que la télévision venait de s'éteindre après un bien trop grand nombre d'heures restée allumée.

« Granger, marmonna Snape. »

La jeune femme ne trouva que la force de grogner.

« On devrait aller se coucher, soupira-t-il.

_ Portez-moi alors, marmonna-t-elle.

_ Vous rigolez ou quoi, si je pouvais me téléporter dans ce fichu pieu, je l'aurais déjà fais. Vous, portez-moi.

_ Vous croyez qu'on aurait des problèmes en transplanant jusqu'à la bas ? »

Snape considéra sérieusement cette question, avant de soupirer.

« Non, on ne peut pas faire ça, Minerva va me tuer si elle l'apprends, j'ignore même si l'alarme empêchant tout sorcier de transplaner dans le château est encore active. »

Hermione souffla lourdement. Ses yeux habitués à l'obscurité, elle observa le maître des potions se lever en titubant, encore groggy par le sommeil. Hermione tendit les bras vers le sorcier qui ne le vit même pas, se contentant de se retourner pour se diriger vers la salle de bain.

« Bon, magnez-vous.

_ Encore cinq minutes, soupira-t-elle en se rallongeant.

_ Maintenant, sinon vous allez me réveiller dans deux heures en râlant ! »

Hermione grogna d'agacement, avant de se trainer jusqu'à la chambre. Elle avait pris l'habitude de se mettre au bord du lit. Ce dernier étant contre un mur, elle pouvait ainsi avoir plus de facilité à en sortir pour aller aux toilettes. Naturellement, Snape avait pris la place à côté, celle-ci l'arrangeant bien étant donné qu'il pouvait faire face à la pierre et ne prendre aucun risque de se casser la figure au cas où Granger déciderait de le pousser en dehors du matelas.

Mais Snape mettant bien trop longtemps à se décider à sortir de cette salle de malheur, Hermione se coucha à sa place, toujours aussi somnolante.

Pourtant, l'homme ne mit que cinq minutes à peine à arriver et soupira d'agacement en la voyant déjà à moitié endormie.

Foutue pour foutue, il décida de l'enjamber, mais manqua de se casser la figure et lui tomba dessus de tout son poids.

Hermione en eut le souffle coupé avant de pester, commençant vraiment à être sortie de son sommeil pour de bon.

« Mais bon sang, vous et la discrétion, on repassera !

_ Oh je vous en prie hein, vous n'aviez qu'à pas insister pour regarder cette émission de merde, lâcha-t-il en roulant sur le côté avant de tirer la couverture.

_ Et arrêtez de tout tirer pour vous ! lâcha-t-elle en reprenant la couette entièrement.

_ Parlez moi sur autre ton, dit-il en s'en ressaisissant. »

Hermione soupira, et décida de tirer la couverture plus doucement vers elle, avant que Snape ne s'allonge en fixant le plafond.

Ils restèrent ainsi silencieux durant de nombreuses minutes, tous deux pensifs.

« Vous dormez ? chuchota-t-elle.

_ Non. Pourquoi ?

_ Demain, nous sommes samedi et je suis restée enfermée dans ces quartiers depuis 48h.

_ Je ne vous empêche pas de sortir vous savez, et heureusement d'ailleurs.

_ En vérité, j'avais une autre idée, souleva-t-elle en se redressant sur ses coudes.

_ Oh seigneur, je crains le pire, balança-t-il en la fixant bizarrement. Pourquoi m'en parler à moi d'ailleurs ?

_ Parce que les garçons ne s'intéressent qu'au Quidditch, jura-t-elle de dépit. J'espérais que vous soyez plus malin qu'eux pour accepter.

_ Bon. Vous m'avez convaincu. »

Snape ne vit pas le sourire ravi d'Hermione dans le noir et soupira de nouveau. Que diable lui réservait cette sorcière ?

xXx

Snape était tapis dans l'ombre, le dos plaqué contre un des murs du couloir donnant sur la salle de métamorphose. Caché de la sorte, il aurait pu même surprendre Peeves.

Il entendit des pas, et devina ceux de Minerva approcher de lui.

Elle était bien trop reconnaissable, avec sa démarche rapide et ses petits talons claquant sur le carrelage. Arrivant à sa hauteur, la sorcière sursauta avant de porter sa main vers sa poitrine.

« Severus, vous voilà enfin ! Mais enfin, je vous ai cherché partout ! »

Le dernier mot que la vielle sorcière prononça fut coupé par son souffle quand le maître des potions se saisit brusquement de son bras pour la plaquer derrière lui contre le mur.

« Mais fermez-là enfin, chuchota-t-il catastrophé.

_ Vous êtes dingue ?! Je vous cherchais justement pour une raison extrêmement importante.

_ Cette raison attendra, dicta-t-il d'une voix faible. »

Snape s'accroupit alors, regardant à droite, puis à gauche du couloir avant de se précipiter à l'autre extrémité, en rampant.

« Mais qu'est-ce que vous faites ? demanda Minerva, dépitée.

_ Je fuis.

_ Vous fuyez ? répéta la sorcière. Oh je vous en pris ! Est-ce à cause de Miss Granger et de votre cohabitation forcée ?

_ C'est exactement à cause d'elle.

_ Ecoutez Severus, je venais justement vous consulter pour ce motif. Je sais que cette situation n'est pas idéale, mais… »

Soudain, le sorcier, qui semblait ailleurs, sursauta. Minerva cligna des yeux devant son torse qui venait d'être touché par un drôle d'objet, long et orange, lequel fit un bruit bizarre en retombant sur le sol. Snape était figé comme une statue et Minerva s'en inquiéta tout de suite. Etait-ce une potion ?

L'homme avait un drôle d'air sur le visage, et la directrice n'attendit pas une seconde de plus avant de s'approcher de lui avec précipitation.

« Par Merlin, Severus, est-ce que tout va bien ?! »

La directrice catastrophée, parvint, en deux enjambées, vers son collègue qui se dérida enfin avant de fulminer sur place.

« Ok, je vais me la faire. »

L'homme sortit, de derrière son dos, une sorte d'arme bizarre composée de couleur criardes d'un bleu et orange horriblement laids.

« Où elle est ? demanda-t-il furieusement en enclenchant le pistolet comme on le ferait d'un fusil à pompe.

_ Où est qui ?

_ Granger ! »

Snape chercha alors partout autour de lui, et un nouveau tir lui toucha la jambe. Il jura alors, son regard s'illuminant vers les jardins. Quand Minerva se retourna, elle aperçut Hermione Granger arrondir le regard en se sauvant. Alors, Snape la bouscula, s'élançant derrière la directrice en hurlant un « je vais la tuer », droit vers sa direction.

Il enjamba un muret d'un mouvement habile alors qu'au loin, la directrice put voir son étudiante se sauver à la vitesse d'un hypogriffe vers les couloirs opposés de Poudlard. Snape la suivit bon gré mal gré, manquant de se casser la figure en tournant à un virage, non sans faire lever un sourcil à la sorcière, consternée.

Minerva McGonagall se pencha alors vers l'objet à ses pieds pour l'examiner.

« Nerf ? C'est quoi ça, un Nerf ? »