Chapitre 4.
« C'est à cause de vous ! accusa-t-il.
_ N'importe quoi voyons…
_ Cette idée de bataille de Nerf dans les jardins était une fausse bonne idée, ajouta-t-il. Vous avez vu le froid qu'il fait dehors ? J'aurais du me casser la gueule dans les escaliers, j'aurais préféré avoir un plâtre plutôt que ça !
_ Ça n'a rien à voir. On dort ensemble, vous espériez quoi ? chuchota-t-elle d'un ton accusateur. »
Snape éternua de nouveau avant de gémir en balançant sa tête dans le vide.
« Vous auriez pu me le dire que c'était aussi abominable, se plaignit-il. »
Hermione lui apporta sous le nez un mug remplit d'une sorte de bouillon de légumes brulant. Il grimaça en lui jetant un regard suppliant.
« Vous êtes mélodramatique là.
_ Si je meurs, je vous lègue mes quartiers inondés, balança-t-il.
_ Oh je vous en pris, soupira Hermione en levant les yeux au ciel. Buvez. Le professeur McGonagall a raison, ça ne peut que vous redonner suffisamment de forces.
_ Je n'avale pas ce genre de cochonneries avant. Si vous voulez que je retrouve des forces, ramenez moi un steak, ou quelque chose de putain de consistant. Enfin quoi, vous êtes dénuée de tout sens de l'odorat maintenant ?
_ Non mais je ne suis pas votre boniche ! Vous pourriez me parler correctement ou est-ce trop vous demander ?
_ Je crois que j'ai perdu cette faculté à partir du moment où vous avez changé le mot de passe de ces appartements. »
Hermione se leva en soupirant, et Snape fronça les sourcils vers elle.
« Vous allez où ? s'offusqua-t-il.
_ Pourquoi, vous vous préoccupez de moi maintenant ? ironisa-t-elle.
_ Hé, chuchota-t-il. Je plaisantais. »
La sorcière afficha une mine réprobatrice. Elle finit par lever les yeux au ciel.
« Faites disparaître tous ces mouchoirs qui trainent, lui dit-elle en tentant de partir. »
Mais, alors qu'elle s'apprêtait à s'en aller, Snape lui attrapa la main avec une douceur particulière.
La jeune femme se retourna ainsi vers lui, les sourcils froncés.
Snape prit une profonde inspiration, enfin, du moins comme il le put. D'un petit pas, Hermione se rapprocha de nouveau du lit.
Il se sentait terriblement con, pour ce qu'il avait dit, pour ce qu'il s'apprêtait à dire, pour ce geste, et pour tout le reste. Que Salazar maudisse le lac noir, et ses créatures qui refusaient de quitter les cachots.
« Ecoutez, murmura-t-il. Vous vous souvenez quand je vous disais que la communication était importante dans cette situation bizarre dans laquelle nous sommes ?
_ Oui… répondit-elle avec suspicion.
_ Je suis désolé et j'essaierais de ne pas me montrer trop… grossier à l'avenir. Ça vous va ?
_ Vraiment ?
_ Uniquement ici, se sentit-il obligé de préciser. »
Hermione leva les sourcils, surprise, puis finit par se rapprocher jusqu'à s'agenouiller face au lit. Snape se moucha une seconde, avant de grogner de mécontentement.
Oh et puis merde, que fabriquait-il au juste, lui ? Il avait vraiment perdu les pédales.
Etait-ce à cause d'elle et de ses attentions, elle qui l'avait dorloté durant cette grippe horrible alors qu'il avait eu l'habitude de se faire royalement ignoré ou pire encore, qu'on lui souhaite de crever ? Ou alors était-ce parce qu'elle ne le traitait pas comme un homme bizarre, comme un sorcier sans aucune once d'humanité, mais comme son égal, voir même plus encore ?
Il était vrai que depuis son arrivée ici, Granger avait vraiment fait des pieds et des mains pour lui offrir un confort certain, un confort qu'il n'avait même pas dans sa propre baraque.
« Pourquoi ? demanda-t-elle simplement.
_ On vit ensemble, j'ignore encore pour combien de temps. Je n'ai pas envie de faire de notre quotidien, un enfer. Peut-être que cela pourra vous paraître bizarre Hermione, mais je tiens à faire la part des choses. Vous comprenez ?
_ Est-ce que la part des choses implique de se respecter mutuellement ?
_ Je pense que oui.
_ D'accord… Je comprends, je changerais le mot de passe de nouveau.
_ Bien, mais je voulais surtout vous proposer un marché.
_ Un marché ? demanda Hermione, curieuse.
_ Ou une règle supplémentaire sur notre cohabitation si vous préférez.
_ Dites toujours…
_ Disons que je ne suis plus votre professeur une fois franchit le seuil de ce tableau horrible de cette bonne femme sous somnifère. Enfin, uniquement si vous le voulez bien. »
Le regard d'Hermione s'arrondit de surprise, mais aussi d'une certaine… excitation, joie ? Il pétillait. Merde… Pourquoi il pétillait d'ailleurs ?
« Attendez, vous êtes sérieux ? demanda-t-elle en un sourire sincère.
_ Croyez-le ou non, j'admire le fait que vous me supportiez depuis bientôt trois semaines alors que d'autres auraient déjà fomenté un plan pour me tuer dans mon sommeil. »
La jeune femme ricana sincèrement, et Snape lui sourit en retour, assez faible et définitivement éreinté par cette attaque de microbes dont il faisait l'objet.
« Je ne vous aurais jamais fait une chose pareille, dit-elle avec sincérité.
_ Seulement, ôtez-moi d'un doute : pourriez-vous me dire à la fin pourquoi cette proposition a l'air de vous enchanter ?
_ Nous en parlerons plus tard. Vous êtes fatigué, alors reposez-vous, sinon, vous allez encore me prendre pour une folle.
_ Bien.
_ Mais finissez ce bouillon avant.
_ Quoi ? Oh, écoutez, Minerva exagère sur les propriétés de cette horreur !
_ Après, si vous voulez, je peux vous pétrifier et vous le verser dans la gorge de force, suggéra-t-elle avec innocence.
_ Ok, filez-moi cette tasse. »
Hermione la lui tendit avec malice, et Snape la termina d'une traite, non sans lui jeter un regard noir.
« Vous êtes sure que vous n'étiez pas censée vous retrouver chez les Serpentards ?
_ Non, mais j'ai une autre qualité qui me permet de faire barrage à vos techniques de fourbe.
_ Oh vraiment ? Et quelles sont-elles ?
_ Je suis une femme, balança Hermione avec tout le naturel du monde. »
Snape pouffa un peu, avant d'avoir une quinte de toux et que le visage d'Hermione passe de l'amusement à l'inquiétude.
« Arrêtez, je ne vais pas mourir, parvint-il à articuler en se redressant, un peu agacé par son côté maternant.
_ Non, je sais, mais je n'avais pas envie de vous rendre malade.
_ Vous rigolez ? Vous avez réalisé le rêve de la majorité de vos camarades.
_ Hé, ce n'était pas mon rêve d'accord ?
_ Ah oui ? Et quel est-il dans ce cas, Miss Granger ?
_ Mon rêve ? demanda-t-elle avant qu'il n'acquiesce. C'est que vous dormiez pour reprendre cette compétition où nous l'avons laissé.
_ Cela risque d'être compliqué, Minerva a interdit l'usage des Nerfs dans l'école.
_ Quoi ?!
_ Désolé. »
Hermione soupira de mécontentement, avant de lui rendre son regard amusé. Elle se leva et Snape en profita pour se fondre dans le lit, épuisé.
Discrètement, Hermione sortit de la chambre et ferma la porte doucement.
« Non mais c'est dingue cette histoire ! »
La Gryffondor sursauta si fort qu'elle porta sa main sur sa poitrine. Devant elle se tenaient Harry et Ron, le survivant affichant une mine aussi décomposée que celle de son meilleur ami.
« Chut ! gronda-t-elle d'un air autoritaire.
_ Chut ? demanda Ron, hagard. Elle nous a dit chut ?
_ Mais enfin, qu'est-ce que… chuchota Harry.
_ Comment vous êtes entré ici tous les deux ? J'ai changé le mot de passe de nos quartiers.
_ Nos quartiers ? répéta Ron, toujours aussi ahuri.
_ Oui, nos quartiers, murmura Hermione, agacée.
_ Hermione, tu prends peut-être cette histoire un peu trop au sérieux, tenta de relativiser Harry. Et je te rappelle que tu nous a donné une clé au début de l'année.
_ A n'utiliser qu'en cas d'urgence oui, gronda-t-elle. Ecoutez, que vous le vouliez ou non, Snape a emménagé ici, avec moi. Et il est malade à cause de moi. Il m'a ramené de la nourriture quand j'étais moi-même au plus mal et m'a permis de me reposer le temps nécessaire, alors vous n'allez pas commencer à faire vos têtes de mules !
_ On venait te ramener les cours que tu as manqué la semaine dernière.
_ C'est gentil, mais il s'en est chargé, dit-elle en acceptant tout de même les parchemins gribouillés par les garçons.
_ Dis donc, quel sorcier serviable, ironisa Ron.
_ Toujours plus serviable que toi oui ! Au moins, je n'ai pas à lui rappeler d'aller prendre une douche quand on va dormir.
_ « On » va dormir ? répéta Ron, sidéré.
_ Bon, partez maintenant, trancha Hermione, mal à l'aise. J'ai des trucs à faire et vous allez faire un boucan pas possible.
_ Alors il peut rester et nous, on doit s'en aller ? s'offusqua le rouquin.
_ Ron, commença à gronder Hermione, la mâchoire aussi serrée que les poings.
_ Au fait, Hermione… »
Snape ouvrit la porte de la chambre, fatigué, avec une mine épouvantable. Les cheveux plaqués en arrière et les yeux un peu rouges, il ne portait qu'une chemise blanche à peine boutonné, dépassant d'un bas de jogging usé.
« Qu'est-ce que vous foutez là vous deux ? gronda-t-il soudain d'une voix gênée par son nez bouché.
_ Mais enfin, qu'est-ce que vous faites encore debout, vous ? gronda soudain la sorcière en plaçant ses mains sur ses hanches. Allez vous recoucher !
_ Je viens de me souvenir que j'avais des copies à corriger, et je suis à peu prés sur que vous les avez fichu sur le bureau.
_ J'en ai rien à faire, balança-t-elle en une grimace outrée. Elles attendront.
_ Oui, sauf que figurez-vous que le bouillon abominable de Minerva m'a filé la dalle. Autant vous dire que pour le sommeil, on repassera.
_ Ok, vous avez gagné. Les hommes et leurs estomacs, murmura-t-elle en jurant.
_ Quoi ?
_ Non, rien, dit-elle en un faux sourire de façade.
_ Mmmh, marmonna-t-il avec suspicion. Et c'est pas aujourd'hui, la finale de votre émission pourrie ?
_ Seigneur mais oui, vous avez raison, réalisa-t-elle avec effroi. Bon, vous deux, partez d'ici, j'ai des trucs à aller chercher. »
Ron et Harry les regardèrent, effarés tandis que Snape se traina jusqu'à la méridienne comme un zombie.
« Ramenez au moins du popcorn, commenta-t-il en s'installant. Parce que je vous jure que j'ai trépigné devant ces quatre poufiasses toutes la semaine, je tiens à les voir s'étriper en direct en me délectant de leur larmes et d'une dose massive de sucre.
_ Alors ça, non, finit par contester Hermione en se retournant, au pas de la porte. Vous allez tout regarder sans moi, et je vais arriver à la fin, comme une idiote, alors que tout sera terminé et que vous vous serez endormi sur le canapé.
_ Je vous attendrais.
_ Oh, dans ce cas d'accord ! lâcha-t-elle, ravie. »
Harry et Ron repartirent, un peu forcés de le faire en réalité par une Hermione pressante. Une fois seuls, ils se regardèrent avec effroi, déstabilisés comme ils n'auraient jamais pu l'être.
« C'est dingue, je crois que c'est complètement dingue, s'exclama soudain Ron. Dis Harry, on n'a pas vraiment vu ce qu'on a cru voir, hein ?
_ Quoi, tu veux dire, bafouilla le survivant, que Snape et Hermione se comportent comme un espèce de couple marié depuis dix ans ?
_ Des colocs, rectifia Ron, affolé. Ils se comportent comme des colocs.
_ Si tu veux, soupira Harry. Bon, c'était bizarre, oui, peut-être, mais mettons nous à sa place, je veux dire. Elle partage ses quartiers avec lui depuis trois semaines bientôt, et je crois même qu'elle y passe ses week ends à réviser. Forcément, ça rapproche deux personnes de vivre sous le même toit, non ?
_ On parle de Snape là, t'as perdu la boule Harry ?! Je ne me serais pas approché de lui à plus de trois mètres et j'aurais préféré pioncer sur la pelouse du stade plutôt que de rester dans la même pièce que lui plus de deux heures d'affilé.
_ Oui sauf que ce n'est pas toi qui est concerné, c'est Hermione.
_ Qu'est-ce que tu veux dire ? s'affola-t-il. »
Harry soupira face à la tronche effrayée que tirait son meilleur ami.
Ce qu'il voulait dire, c'était qu'il n'y avait peut-être rien de surprenant, que peut-être que c'était même sacrément prévisible compte tenu du fait que ces deux là étaient bien trop similaires, et que Hermione en avait peut-être marre de poireauter dans les tribunes pendant qu'ils jouaient leurs matchs alors qu'eux ne s'intéressaient pas d'un iota à ses loisirs à elle, les trouvant toujours trop ennuyants. C'était peut-être d'autant plus prévisible que de mettre deux solitaires en manque de contact humain ensembles ne pouvait qu'obtenir ce genre de résultats et que ça n'allait sans doute pas aller en s'arrangeant.
Enfin merde, il était aveugle ou quoi ?
« Rien. Allez, on y va. »
xXx
« Ok, vous allez me tuer, balança Hermione en entrant dans ses quartiers, les bras chargés.
_ Qu'est-ce que vous avez fait encore, insista Snape d'un ton monotone, le regard planté devant l'écran sans même daigner se retourner.
_ En fait, les cuisines étaient fermées alors, j'ai demandé à Dinky un petit service.
_ Vous avez demandé quelque chose à un elfe ? Seigneur, mais qui êtes-vous donc Hermione Granger, je ne vous reconnais plus. »
Snape se retourna et fronça les sourcils. Hermione posa alors lourdement les sacs en papier kraft sur la table basse d'un regard noir.
« Qu'est-ce que c'est que ce truc ?
_ Du fast food.
_ Du quoi ?
_ Attendez, rassurez-moi : vous en avez déjà mangé ?
_ Je ne bouffe pas dans du carton, lâcha-t-il avec dégout. »
Hermione éclata de rire, ce qui fit lever les yeux au ciel au maître des potions.
« Ecoutez, dit-elle en reprenant son sérieux, je pense que ça vaut le coup d'essayer.
_ Et je pense que vous ne réalisez pas Granger, que je ne mange que de la nourriture provenant des cuisines de cette école depuis plus de dix ans.
_ Mais comment faites-vous quand vous êtes en vacances dans ce cas ?
_ Vous connaissez les nouilles instantanées ? demanda-t-il avec tout le sérieux du monde.
_ Vous ne pouvez pas me dire ça sérieusement, demanda-t-elle soudain d'une voix grave.
_ A votre avis ?
_ Si vous êtes capable de bouffer des pâtes en plastique, vous allez bien faire un effort pour ça, non ? glissa-t-elle sournoisement en faisant tournoyer un big mac sous son nez.
_ Je suppose, tant que ça ne risque pas de me tuer, répondit-il avec suspicion.
_ Ça bouchera juste un peu vos artères. »
Snape fit une drôle de moue, puis observa cette chose avant de la porter à sa bouche. Après quelques secondes, il leva les sourcils, étonné.
« Bon, admettons, balança-t-il nonchalamment.
_ Je le savais, lâcha-t-elle en le narguant.
_ Remettez nous le gangs des connasses je vous prie. »
xXx
Hermione sursauta au milieu de la buée provoquée par la douche bouillante qu'elle était en train de prendre quand la porte de la salle de bain s'ouvrit brutalement.
« Vite Granger, grouillez-vous, balança Snape précipitamment en balançant ses chaussures par terre. »
Hermione fronça les sourcils et sortit sa tête de derrière le rideau de douche avant de regarder Snape qui était en train de se déshabiller en catastrophe.
« Pourquoi ? Une potion vous est tombée dessus ?
_ Non ! J'ai réunion dans 3 minutes et figurez-vous que j'avais complètement oublié.
_ Vous travaillez trop, répondit-elle en un jugement.
_ Laissez-moi la place, je serais bien plus rapide que vous, renchérit-il en ôtant son pantalon, manquant presque de se casser la figure dans le mouvement.
_ Non, cracha-t-elle en retournant complètement derrière le rideau. Vous n'aviez qu'à mieux vous organiser.
_ Granger ! explosa-t-il.
_ Vous ne pouvez pas débarquer comme ça, réclamer la douche alors que je suis en dessous et que j'ai à peine eu le temps de me savonner la moitié du corps.
_ Vous mettez toujours des heures dans cette pièce, c'est déloyal !
_ Déloyal ? Il est évident que vous n'avez pas ma masse de cheveux et des poils plein les jambes à virer deux fois par mois pour affirmer ce genre de choses.
_ Oui, sauf que moi, figurez-vous que j'en ai rien à foutre de vos poils, gronda-t-il.
_ Je vois pas en quoi ça vous concernerait de toute façon, lâcha-t-elle en sortant sa tête de nouveau afin de lui envoyer un rictus narquois.
_ Ecoutez, chuchota-t-il d'une voix grave, vous devriez savoir maintenant qu'il ne faut pas me chercher Granger.
_ Je ne vous cherche pas, j'estime juste être dans mon droit.
_ Vous n'avez pas fait face à Minerva, je suis déjà arrivé en retard deux fois ce trimestre.
_ Vous avez peur d'elle, ricana-t-elle en réactivant l'eau chaude.
_ C'est elle qui me paye, mon compte à Gringotts a peur d'elle.
_ Je termine de me rincer, j'en ai pour trois minutes.
_ Je n'ai pas ces trois minutes.
_ Et pourtant, il va bien falloir car je ne sortirais pas de cette douche tant que je ne me serais pas laver comme il se doit, il y a des règles à respecter quand on vit avec quelqu'un. »
Snape ouvrit soudain le rideau en grand, et Hermione hurla. Sans attendre, il entra dans la cabine sous son regard à la fois affolé et ahuri.
« Et moi j'emmerde les règles, balança-t-il avec fierté. Passez-moi le savon.
_ Oh vous êtes vraiment insupportable, gronda Hermione, hors d'elle.
_ Vous me le passez ou je vais le chercher moi-même ? »
Hermione le fusilla du regard et se retourna pour se saisir d'un gel douche au hasard et le lui donner d'un geste brusque dans les mains.
« Il est loin le temps où je hurlais quand vous m'avez découverte à poil dans ma chambre !
_ Oh je vous en prie, lâcha Snape d'un ton las. On a dépassé ce stade à partir du moment où vous avez étendu vos petites culottes bien en évidence sur le séchoir, dans la chambre qu'on partage. Pourquoi vous n'utilisez pas un sort d'ailleurs ? demanda-t-il en se savonnant précipitamment.
_ Les habitudes moldus ont la vie dure et… mais bon sang, mais qu'est-ce que vous faites ?!
_ Je me lave, et je ne vous ai pas demandé votre avis, car forcément, vous, la Miss Je Sais Tout, avez forcément une opinion sur ma façon de me décrasser. Le contraire m'aurait surpris !
_ Mais vous venez de mettre du gel douche dans vos cheveux, vous faites vraiment n'importe quoi !
_ Et que voulez-vous que j'y fasse ?
_ Attendez, désigna-t-elle en prenant d'instinct son propre shampoing, baissez-vous.
_ Hermione, râla-t-il avec langueur, je n'ai pas le temps.
_ Oh allez, laissez-moi faire et arrêtez de faire votre tête de linotte. Ce sera beaucoup mieux comme ça. »
Snape grogna en s'exécutant néanmoins, la faisant marmonner au passage par son empressement. La jeune femme passa doucement le produit dans les cheveux de son compagnon de fortune dont le cuir chevelu semblait lui dire un grand merci alors que lui, terminait de se nettoyer le visage à une vitesse frisant le ridicule.
« Je commence à comprendre pourquoi vous avez la peau si sèche vous savez ? glissa-t-elle avec douceur.
_ Je suis un homme occupé, rétorqua-t-il en se saisissant du pommeau qu'il réactiva. Je n'ai pas l'énergie de m'embêter à acheter 36 produits pour chaque partie de mon corps, non mais où va-t-on ? Vous savez ce que je pense ?
_ Quoi ? grogna-t-elle, lasse.
_ Que vous n'êtes dictée que par des règles érigées par notre société de consommation.
_ Vous exagérez. Moi, je pense que vous êtes juste un gros flemmard, rétorqua-t-elle en se retournant, fièrement, pour terminer de glisser le soin le long de ses boucles. »
Snape leva un sourcil, avant de lever le pommeau et de diriger le jet d'eau droit sur son visage sans la prévenir. Hermione hurla et tenta de s'en emparer pour se venger. S'en suivit une bataille dans laquelle aucun ne parvint gagnant, à leur plus grand damn d'ailleurs.
« Cassez-vous, je dois me rincer, finit-il par s'agacer.
_ Vous n'aviez qu'à pas commencer, rétorqua-t-elle en glissant sur lui et son corps nu pour se saisir du pommeau avec une habilité surprenante.
_ Mais c'est vous qui m'avez mis cette horreur dans les cheveux qui pue la pêche !
_ Arrêtez un peu de faire votre diva, vous êtes déjà en retard de toute façon.
_ Oh la réunion, soupira-t-il. Vraiment Granger, vous ne me facilitez pas l'existence.
_ Et dire que je vous ai même lavé les cheveux, quelle femme horrible je fais, dit-elle agacée en lui donnant le pommeau alors qu'elle venait tout juste de terminer.
_ Merci, marmonna-t-il à demi mot. »
Hermione soupira, mais alors qu'elle s'apprêtait à partir, il la retint par le bras.
« Merci, répéta-t-il en un murmure se voulant convainquant.
_ Vous devriez vous dépêcher, lui glissa-t-elle.
_ Je suis déjà en retard de toute façon, non ? En plus regardez-vous, il vous reste plein de mousse dans les cheveux. »
Hermione se laissa convaincre en se trainant de nouveau sous la cabine et étonnamment, il l'aida à se débarrasser du reste du soin qu'elle avait mis entre ses boucles avec une délicatesse rare.
« Vous vous rendez compte de ce qu'on fait tout de même, lui dit-elle d'une voix basse. »
Snape le réalisa au même instant, et, alors qu'elle lui faisait dos, fixa son épaule dénudée, puis descendit son regard le long de sa colonne. Il posa une main vers sa nuque d'où il dégagea ses cheveux, déstabilisé brusquement par leur position, et par leurs nudités.
« Il semblerait que nous passions peut-être… »
Hermione frissonna lorsqu'elle sentit la présence de son professeur approcher de sa nuque avant qu'il ne tourne son visage vers le sien. Elle suivit son mouvement et, son regard se fixa dans ses pupilles noires et aussi troublées qu'elle.
« Trop de temps ensemble, finit-il.
_ Vous le pensez vraiment ?
_ Oui, mais je n'ai jamais dis que ce devait être nécessairement un problème. »
En guise de réponse, la jeune femme lui offrit un sourire amusé, avant qu'ils ne sortent de la douche ensemble, chacun se séchant avant de se munir d'un peignoir pour Hermione, et que Snape ne noue sa serviette autour de sa taille.
« Je compte sur vous pour, bien évidemment, ne pas vous étaler sur ça.
_ Vous me prenez pour qui ? demanda Hermione en sortant de la pièce, passant ses boucles dans sa serviette de bain encore un peu humide. Déjà que je ne raconte même pas le nombre de sucres que vous mettez dans votre café. »
Hermione se figea alors devant la porte d'entrée ouverte et surtout devant Minerva plantée au milieu du salon, fulminante.
« Oh hé bien, ça encore, ce ne serait pas un soucis vous savez ? demanda Snape de l'autre côté de la salle de bain.
_ Professeur ? appela Hermione en déglutissant, toujours face à sa directrice qui semblait si en colère que de la fumée aurait pu s'échapper de son nez et de ses oreilles.
_ Tenez, à ce propos, vous devriez vraiment arrêter avec cette appellation ridicule, surtout après ce qu'il vient de se passer. »
Minerva leva un sourcil en croisant les bras devant sa poitrine, restant tellement silencieuse qu'Hermione crut mourir sur place pendant que Snape, lui, n'avait aucune conscience de la « surprise » qui l'attendait derrière la porte.
« J'ignore ce que vous en pensez, mais ça commence à bien faire de vous entendre m'appeler ainsi quand nous sommes ici, comme si vous alliez lever la main pour… »
Snape s'arrêta soudain au beau milieu de sa phrase avant de se figer, sa main droite tenant encore cette serviette nouée qui cachait juste suffisamment ses attributs.
Minerva reste là, éberluée. Elle resta coite un long moment, faisant comprendre d'un regard toutes les questions qui pouvaient lui passer par la tête, à commencer par la principale : qu'est ce que par tous les diables ils venaient de fabriquer tous les deux ?
La directrice restant silencieuse, elle tourna sa tête lentement vers Hermione, dévisageant l'aspect de ses cheveux trempés avant de faire de même avec Snape.
« Je sais que ça n'a pas l'air de prime abord, mais tout ce à quoi vous venez d'assister a une explication rationnelle et cohérente, précisa Snape.
_ Y compris votre… »
Minerva commença à naviguer dans les quartiers d'un air jugeur, laissant trainer son regard sur un sac en papier kraft laissé sur la table basse ainsi que les papiers de fast food les accompagnant. Puis, elle leva de nouveau un sourcil vers son collègue ainsi que celle qui était encore son étudiante. Ils l'observaient de ce regard effrayé à la manière d'une biche fixant les phares d'une voiture lancée à pleine vitesse dans sa direction.
« Retard ? termina la directrice, de plus en plus irritée par ce qu'elle voyait.
_ Tout à fait. Figurez-vous que j'étais en pleine correction des parchemins de 4ème année.
_ Oh, vraiment ? »
De nouveau, la directrice marcha avec lenteur dans les quartiers, examinant les lieux sous toutes les coutures. Elle pouvait voir d'ici des choses banales, les manuels de la jeune femme mélangés aux lectures de son collègue, quelques parchemins ici et là, d'autre moins, comme deux objets non identifiés, noirs remplis de boutons colorés ressemblant à des télécommandes, posés côte à côte sur la table.
Il y avait aussi un espèce de tableau bizarre sur lequel Minerva plissa les yeux avant d'y lire deux écritures mélangés.
« Pensez à baisser la lunettes des toilettes après votre passage (et un coup de désodorisant ne sera pas non plus du luxe) » suivi d'un « Je vous emmerde Granger. »
Mais le pire, sans doute, sur lequel la directrice posa les yeux fut une nuisette placée par dessus la longue cape d'enseignant de son collègue, vêtement que Minerva souleva du bout de sa baguette avant de, une fois encore, se tourner vers eux, interloquée.
« Et je peux savoir comment vous êtes entrée ? fulmina Snape après s'être dirigée vers sa collègue d'un pas vif pour lui subtiliser ce vêtement de nuit assez court en soie et de le tendre vers Hermione sans un regard.
_ J'ai une clé pour me permettre d'accéder à l'ensemble des quartiers de tous les élèves en cas de problème.
_ Et bien évidemment, vous êtes entré parce que vous avez entendu des cris d'horreur laissant à penser que l'un de nous était en danger de mort et non pour jouer à la petite espionne.
_ Vous étiez absent, répondit Minerva en haussant le ton. Je vous ai cherché, et vous ne répondiez pas quand j'ai toqué. Pourquoi ? Aurais-je du entendre des cris ? »
Snape serra la mâchoire en la fusillant du regard tandis qu'Hermione prit une inspiration profonde, pétrie de gêne.
« Non, mais en ce qui concerne votre difficulté à entrer ici, l'explication est simple : le tableau qui garde l'entrée de ces quartiers est extrêmement capricieux.
_ Je serais ravie d'en discuter davantage avec vous Severus, lança Minerva d'un ton sarcastique. Mais je voulais surtout vous prévenir que la réunion est terminée et que nous avons du prendre une décision concernant la situation de Mademoiselle Jones sans vous.
_ Elle est terminée ? répéta Snape, interloqué.
_ Depuis une heure. »
Snape fronça les sourcils. La directrice lui lança un espèce de rictus idiot, et passa à côté de lui, sur le point de s'en aller.
« Mais peut-être avez-vous été trop distrait par votre douche ? suggéra Minerva d'un murmure en s'arrêtant pile à sa hauteur. »
Hermione ne sembla pas l'entendre et plissa les yeux vers eux.
« Miss Granger, salua la directrice. »
Mais la jeune femme n'y prêta pas attention et fronça d'autant plus le regard vers Snape qui, figé comme s'il venait de subir un Pétrificus Totalus, se tourna ensuite vers elle d'un air profondément agacé, si en colère qu'Hermione en frissonna d'appréhension.
La dernière fois qu'il avait tiré cette tête, c'était quand Neville avait manqué d'exploser sa salle de classe.
« Je compte sur vous pour m'aider à trouver un moyen de me venger de cette vieille bique Granger. »
