Hello ! Nouveau chapitre aujourd'hui, j'espère qu'il vous plaira !

Je tenais à vous remercier, encore une fois, pour le soutien que vous m'apportez et pour toutes les reviews que je reçois à chaque chapitre. Je sais que je suis très en retard sur mes réponses, et je m'en excuse, mais sachez que je les lis toutes et qu'elles me font beaucoup de bien ! Merci encore *coeur coeur*

Bonne lecture !


"Pansy,

Accepterais-tu de venir boire un thé en France demain à 14h ?

Tout sera prêt.

Drago"

Dire que Pansy ne tenait plus en place depuis la réception de cette lettre était un euphémisme.

Elle avait modifié sa réponse une bonne dizaine de fois avant de l'envoyer et elle avait pratiquement sauté de joie une fois que Wynn était repartie avec.

Elle avait encore du mal à y croire. Elle était surexcitée. C'était la première fois en près de deux mois qu'elle se sentait aussi bien, aussi heureuse. Drago acceptait de lui parler à nouveau, de la revoir ! Elle comptait profiter de cela pour se faire pardonner, pour vraiment agir et lui faire comprendre à quel point elle s'en voulait.

Elle ne savait pas si Hermione avait contacté Harry, mais elle était optimiste. Peut-être accepteraient-ils enfin de les écouter, de les pardonner. Les choses allaient s'arranger entre eux, tout finirait par rentrer dans l'ordre et ils seraient heureux. Oui, cela ne pouvait pas se passer autrement.

Elle s'était promis de ne pas l'espérer, de ne pas compter sur leur pardon ou bien croire qu'ils puissent passer à autre chose. Néanmoins, alors qu'elle observait les ailes de Wynn disparaître à l'horizon, Pansy ne put s'empêcher de croire que tout irait mieux désormais. Elle ne pouvait pas envisager les choses autrement. Car s'il l'avait contactée, c'était qu'il voulait renouer, n'est-ce pas ?

Elle s'en mordait les doigts. Elle se détestait d'avoir tout gâché, d'être la raison de toute cette histoire. Elle avait vu tant de colère, tant de dégoût dans le regard de Drago que cela avait suffi à la hanter pendant des semaines. La simple idée qu'il puisse lui en vouloir lui donnait la nausée. Son avis, sa fierté, comptaient énormément pour elle. Il était son meilleur ami.

Elle avait diminué ses missions pour sa fondation. Elle avait tout relégué à son assistante, une amie d'enfance qui travaillait dans la comptabilité. Une vraie pépite.

Mais Pansy mangeait peu, dormait peu et son hygiène de vie s'était dégradée. Elle n'avait plus envie de faire d'effort, elle se contentait de ressasser toutes ses erreurs en se morigénant de n'avoir rien vu. Elle méritait son état, elle en était certaine. Elle se retrouvait dans la même situation que ses amis et c'était pour le mieux.

Elle parlait à peine, elle n'adressait la parole à son mari que lorsque cela devenait crucial. Elle était distraite, elle perdait trop rapidement sa concentration à cause des multiples pensées négatives qui envahissaient son esprit. Blaise ne la touchait plus, pas qu'elle en ait envie.

Cela faisait des semaines, elle était loin d'en être remise.

Néanmoins, elle devait avouer avoir beaucoup réfléchi depuis. Elle avait pris du recul sur la situation, aussi difficile cela soit-il. Elle avait réalisé ses erreurs, réalisé à quel point elle s'était fourvoyée.

Elle n'en avait parlé à personne, pas même à son époux. Il s'était renfermé sur lui-même après les événements du Réveillon et il n'avait pas voulu aborder le sujet une seule fois. Il se contentait de la soutenir lorsqu'elle n'allait pas bien et elle lorsqu'il passait devant le Magenmagot.

Cela les avait éloignés, d'une certaine façon. Il passait moins de temps chez eux et elle n'osait plus lui demander quoi que ce soit, par peur qu'une dispute éclate. Il était présent lorsqu'elle était au plus bas et s'occupait d'elle à merveille, mais c'était bien là les seuls instants qui les réunissaient.

Blaise s'en voulait et elle aussi. C'était comme s'ils avaient honte, comme s'ils ne voulaient pas s'avouer leurs faiblesses. Il n'échangeait pas, il n'avouait pas ses torts. Elle n'osait pas en parler, par peur qu'il ne s'emporte.

Elle trouvait cela ridicule, et pourtant, elle n'avait rien fait pour le changer. Elle se contentait d'y réfléchir dans son coin. C'était suffisant.

Elle voulait se racheter, à tout prix, c'était ce qui ressortait de toutes ces réflexions. Elle voulait faire comprendre à Drago qu'elle n'avait jamais voulu se servir d'Hermione, qu'elle s'en voulait de l'avoir laissé le penser. Elle voulait s'excuser auprès d'Hermione pour n'avoir rien vu de tout cela, pour avoir cru que tout allait bien, que tout allait mieux.

Elle se détestait de n'avoir compris aucun des signes pourtant évidents qui prouvaient qu'Hermione avait continué de sombrer après l'arrivée de Drago. Peut-être Pansy n'avait-elle pas voulu le voir. Elle se détestait pour cela.

Pour dire vrai, Pansy était perdue. Perdue entre sa volonté de se faire pardonner et celle de s'enterrer vivante tant elle avait honte. Elle s'en voulait tant qu'elle aurait préféré qu'ils la détestent. Elle s'accrochait à eux comme s'ils allaient régler tous ses tourments, alors qu'elle aurait voulu, au fond, qu'ils lui crient que tout était sa faute et qu'elle avait raison de penser tout cela.

Elle se torturait l'esprit depuis des semaines et plus les secondes passées devant cette fenêtre s'écoulaient, plus Pansy songeait qu'elle aurait dû refuser. Elle n'avait pas le droit à leur pardon, ou à une quelconque forme de relation. Elle ne le méritait pas. Aucun d'eux ne le méritait.

Drago et Hermione avaient été bien trop bons, bien trop justes. Et ils s'étaient joués d'eux. Ils avaient tout gâché, ils avaient été égoïstes.

Pansy aurait dû subir leur colère et, au fond, elle espérait que ce serait le cas. Elle avait à la fois peur de se retrouver devant Drago, mais aussi hâte qu'il lui fasse comprendre tout ce qu'elle avait raté. Cela déterminerait tant de choses entre eux. Ce serait crucial.

oOo

Blaise avait décidé de rester à son bureau pour la nuit. Encore.

Il avait passé la matinée à calmer l'une des crises de larmes de son épouse et il en avait assez. Il était épuisé, perdu. Pansy devenait un poids de plus dans son quotidien déjà bien chargé.

Il l'aimait de tout son cœur, il ne fallait pas en douter. Elle était sa femme, l'amour de sa vie et de sa jeunesse, et il tenait à elle plus que tout au monde. Cependant, leur cohabitation devenait de plus en plus difficile à vivre. Il avait l'impression qu'ils dansaient la valse de leur vie à des rythmes différents.

Pansy était constamment sur les nerfs, elle passait ses journées dans leur lit ou leur canapé et refusait de faire quoi que ce soit d'autre. Elle pleurait beaucoup, comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules. Lorsqu'il restait avec elle, elle s'endormait parfois dans ses bras après une longue crise de sanglots. C'était pesant, fatiguant.

Alors Blaise prétextait avoir beaucoup de travail – ce qui n'était pas tout à fait faux – pour passer la nuit à son cabinet. Peut-être le faisait-il trop souvent, peut-être devrait-il rentrer chez eux. C'était trop difficile, trop tentant de rester ici, au calme.

Il était vingt heures passées, la nuit était tombée depuis un moment. Blaise avait allumé plusieurs bougies sur son bureau pour pouvoir travailler et était penché sur le dossier de Stan Rocade.

Il avait reçu son père plus tôt dans la journée et celui-ci l'avait poussé une nouvelle fois à faire de son mieux pour libérer son fils. Il lui avait offert une somme d'argent considérable dans l'espoir que Blaise ne se concentre que sur Stan, mais l'avocat avait refusé. L'argent ne changerait rien et Blaise n'était pas malhonnête. Cet homme dépensait déjà beaucoup d'argent pour faire libérer son fils, inutile de l'appauvrir un peu plus.

La porte de son bureau s'ouvrit alors qu'il rédigeait un nouveau courrier pour le Magenmagot afin de demander une audience d'appel pour le prisonnier Rocade. Il leva les yeux au moment où Hannah Abbot refermait la porte. Il lui sourit d'un air fatigué.

– J'en conclus que tu passes encore la nuit ici, dit-elle en s'approchant.

Elle avait enfilé sa cape et son bonnet, prête à rentrer chez elle.

– Thomas Rocade est passé tout à l'heure, se justifia-t-il en reprenant la rédaction de sa lettre.

Elle haussa un sourcil et contourna son bureau pour jeter un œil à ce qu'il écrivait.

– Tu me répètes tous les mois que c'est une cause perdue.

– Parce que ça l'est, répondit-il en plongeant le bout de sa plume dans l'encre. Mais son père est désespéré, il est au bord des larmes chaque fois qu'il vient me voir.

– Tu lui donnes de l'espoir, Blaise. Il mérite qu'on lui ouvre les yeux sur la réalité.

Il soupira. Il le savait, c'était ce qu'il se promettait au début de chaque rendez-vous avec Thomas. Jusqu'à ce que ce dernier lui renvoie ce regard larmoyant auquel il était incapable de résister.

Blaise posa sa plume et se passa une main sur le visage. Il était à bout de nerfs. Il rêvait de son lit, mais imaginait déjà devoir attendre le sommeil de sa femme ou subir une énième dispute à propos de l'heure à laquelle il rentrait.

Il sentit alors la main d'Hannah sur son épaule, alors qu'elle s'accroupissait à ses côtés.

– Tu devrais rentrer te reposer, Blaise, lui souffla-t-elle.

Il ne bougea pas.

– Je ne peux pas, je…

Il se tut. Il se sentait faible ainsi, ce n'était pas lui. Jamais ne se montrait-il si vulnérable.

– Blaise, tu es surchargé. Tu te tues au travail depuis des mois, tu mérites de prendre une pause.

– Des gens comptent sur moi.

– Regarde-moi.

Il s'exécuta et tourna la tête vers elle. Hannah le regardait avec un sérieux implacable. Elle n'avait pas lâché son épaule. Blaise frissonna.

– Ils attendront. Tu es à bout, tu vas finir par craquer et aucun de tes clients ne sera là pour te ramasser à la petite cuillère. Ils attendront. Tu…

Il avait du mal à l'écouter. Ses pensées s'étaient transformées en un capharnaüm dans son crâne. Il n'en pouvait plus.

Alors qu'elle parlait, il fixa son regard sur sa bouche, sur ses lèvres qui se mouvaient au rythme de ses paroles. Pourquoi était-elle si gentille avec lui ? Il se sentait compris. Il arrivait même à se confier à elle.

– Hannah, dit-il soudain.

Elle se tut et il put lire la confusion sur son visage. Puis, pris d'une impulsion, il se pencha vers elle et posa ses lèvres sur les siennes.

Il la sentit se figer contre lui le temps d'une seconde, avant qu'elle ne s'écarte vivement, son visage dépeignant un choc certain. Il sentit tout son sang quitter le sien, alors qu'elle se levait en bafouillant des paroles incompréhensibles.

– Attends, je…

Elle avait quitté son bureau avant même qu'il n'ait fini sa phrase.

Blaise se laissa tomber contre le dossier de son fauteuil, le regard fixé vers la porte.

Il venait de tout gâcher.

oOo

La journée était calme, paisible et normale. Tout le contraire de l'esprit de Drago qui, lui, semblait avoir été secoué par une tempête de pensées négatives et d'appréhensions.

Il avait très peu dormi et s'était levé avec une migraine d'enfer. Wynn n'avait pas cessé de lui donner des coups de bec lorsqu'il avait tenté de la caresser et il avait glissé dans la baignoire en se levant. Pour couronner le tout, il avait raté les pancakes qu'il avait voulu faire pour le petit-déjeuner. Hermione avait fini par proposer qu'ils se contentent de pain, de beurre et de confiture, pour son plus grand malheur.

Cette journée avait terriblement mal commencé et cela ne s'arrangeait pas.

Drago tournait en rond dans la cuisine depuis qu'il avait terminé son déjeuner. Il avait préparé tout un tas de petits financiers et des scones pour accompagner le thé qu'il prendrait avec Pansy et attendait désormais qu'elle montre le bout de son nez.

Le temps était long. Très long. Trop long. Il comptait les secondes qui s'écoulaient sur l'horloge placée au-dessus du passe-plat.

Il avait réagencé le service à thé une bonne dizaine de fois sur l'îlot de la cuisine et même ajouté quatre ou cinq autres pots de confitures. Peut-être que Pansy préférerait celle à la fraise, ou à l'orange, ou à l'abricot. Il voulait être sûr que tout irait bien.

Car tout ne pouvait qu'aller bien, n'est-ce pas ?

Il avait répété le petit discours qu'il lui offrirait tant de fois qu'il le connaissait sur le bout des doigts. Il l'avait même récité à Hermione, qui lui avait promis qu'il était parfait.

C'était elle qui l'avait motivé à contacter Pansy. Ils avaient parlé si souvent de la situation qu'il en avait été lassé. Hermione lui avait donné son point de vue et lui avait expliqué en long, en large et en travers tout ce qu'il s'était passé depuis l'arrivée de Drago en France. Elle avait même tenté de diminuer son ressenti, de le convaincre que tout allait mieux maintenant et qu'elle ne leur en voulait plus, mais il avait été clair.

Ils ne pouvaient pas se permettre de les pardonner une nouvelle fois, sans conséquence. Il leur fallait regagner leur combativité, leur humanité. Ils devaient leur montrer qu'ils n'accepteraient plus rien de tout ça. Car s'ils ne le faisaient pas, ce serait une façon d'ouvrir les portes à des situations similaires. Que se passerait-il la prochaine fois ?

Il comprenait Hermione, bien sûr. Il avait lui-même parfois du mal à faire la différence entre sa colère et son envie de revoir ses amis. Il avait l'impression que le mal était passé, que les choses s'étaient calmées et que le manque dépassait le reste. Jusqu'à ce que Hermione lui rappelle qu'ils avaient été injustes avec Drago, qu'ils ne l'avaient pas traité comme un humain, mais comme une chose à sauver.

Chaque fois qu'elle le lui disait, il ne pouvait s'empêcher de lui dire que la réciproque était vraie et qu'elle devait elle aussi faire la part des choses. Il était touché de voir qu'ils s'entraidaient sur ce point. Aucun d'eux ne laissait à l'autre l'occasion de se fourvoyer.

C'était ce qui l'avait décidé à contacter Pansy. Il voulait échanger avec elle, pour de vrai. Il avait lu chacune de ses lettres et il avait l'envie, le besoin de savoir si elle était capable de recommencer, si elle avait appris de ses erreurs. Il voulait arranger les choses, il voulait comprendre.

Hermione lui avait rappelé qu'il n'avait nullement l'obligation de lui pardonner ou même de la contacter, qu'il le faisait pour lui et non pas pour elle. Une chose qu'il avait tendance à oublier. Chaque fois, Drago lui avait souri et rappelé qu'il en était de même pour elle et Harry.

Elle ne l'avait pas contacté, elle n'avait pas répondu à ses lettres. Elle n'était pas prête, d'après ses dires.

Drago ne savait pas si elle le serait un jour. Il avait vu tant de tristesse dans son regard lorsqu'elle parlait de lui qu'il avait préféré ne pas enfoncer le couteau dans la plaie en la poussant à l'imiter.

Pansy arriverait d'une minute à l'autre, désormais. L'horloge affichait quatorze heures et tout était prêt. L'eau était dans la bouilloire et il avait enfilé sa plus belle chemise.

Bientôt, l'apparition en portoloin résonna à l'extérieur. Il fut rassuré qu'elle ne soit pas arrivée directement dans le séjour. Drago inspira fébrilement, ferma les yeux une demi-seconde pour se donner du courage et quitta la cuisine pour rejoindre la porte d'entrée.

Une étrange sensation lui traversa le corps lorsqu'il posa la main sur la poignée. Il se sentait chez lui. Il ouvrait à un invité, tel le maître de maison qu'il avait fini par devenir.

Il se demanda si Hermione le voyait ainsi.

Pansy portait une longue jupe d'hiver grise à grands carreaux, qui tombait juste au-dessus de ses chevilles. En dessous, elle avait enfilé des collants blancs qu'elle avait recouvert d'une paire de mocassins noirs. Elle avait glissé un pull en laine brun dans la jupe, à la hauteur de sa taille, duquel dépassait le col d'une chemise blanche, le tout recouvert d'un long manteau droit et ceinturé de couleur crème. Elle portait une parure en perles, un petit sac à main en cuir noir, un foulard bleu et blanc autour de la tête, ainsi qu'une paire de lunettes de soleil inutile en cette journée pluvieuse.

– Drago.

– Pansy.

Il feignit de ne pas avoir remarqué le tremblement de ses mains lorsqu'elle passa devant lui et entra. Il feignit de ne pas entendre son souffle fébrile alors qu'elle tentait discrètement d'expirer. Il feignit de ne pas voir les coups d'œil rapides qu'elle lui lançait en défaisant son foulard et en retirant son manteau. Il feignit de ne pas remarquer la finesse de son visage et ses joues creusées.

C'était mieux ainsi, c'était plus simple.

Elle le suivit jusque dans la cuisine et s'installa sur une chaise haute, devant le festin encore tiède qu'il avait préparé. Il réalisa alors qu'il en avait peut-être fait trop. C'était toujours comme ça, il était incapable de bien doser les quantités.

Il leur servit du thé sans un mot, la tête baissée et les pensées focalisées sur ses gestes. C'était bien plus simple de ne penser qu'à ça, n'est-ce pas ?

Lorsqu'ils furent installés l'un en face de l'autre, les yeux fixés sur la fumée qui s'échappait de leurs tasses, un silence tendu s'installa. Long. Pesant. Douloureux.

Drago avait des tas de choses à lui dire, mais tout semblait disparaître de son esprit lorsqu'il l'observait à travers ses cils pâles. Elle ne l'avait pas regardé une seule fois. Elle serrait si fort ses doigts autour de sa tasse que ses phalanges étaient devenues blanches. Il ne l'avait jamais vue aussi stressée, elle qui faisait toujours attention à sa posture, à ses expressions. Il se contentait donc de fixer ses mains à son tour.

– Je suis désolée, finit-elle par lâcher.

Le thé de Drago était devenu froid entre-temps. Il n'en avait pas bu une seule gorgée, il était incapable d'avaler quoi que ce soit.

– Je sais.

– Tu as lu mes lettres ? demanda-t-elle d'un ton empli d'espoir.

Il hocha la tête et leva les yeux vers elle. Elle le regardait enfin. Son visage était déformé par l'inquiétude, par la peur, alors que son regard, lui, était plein d'espoir. Un contraste frappant.

Les yeux de Pansy se remplirent de larmes et elle baissa aussitôt la tête pour le cacher.

– Si tu savais comme je m'en veux, avoua-t-elle dans un murmure. J'ai l'impression d'avoir échoué à la seule mission que je m'étais donnée.

– Laquelle ?

– Prendre soin de toi.

Drago déglutit et se leva soudainement pour débarrasser sa tasse de thé inentamée. Il avait besoin de faire quelque chose, de bouger.

– Pourquoi ?

– Parce que tu es mon meilleur ami.

– Et ça te suffit à abandonner toute ta vie pour te contenter de faire ça ? demanda-t-il d'un ton involontairement sec.

Il l'entendit bouger sur sa chaise. Il ouvrit le robinet d'eau froide et rinça sa tasse. Sa gorge était serrée par ses émotions. De la colère, de l'incompréhension, de la tristesse.

– Oui, parce que c'est juste, parce que c'est ce que j'aurais dû faire il y a des années. J'aurais dû être là pour toi et t'aider à… t'aider à…

Elle ne termina pas sa phrase et il lui en fut reconnaissant.

– Je ne t'en ai jamais voulu, dit-il en attrapant une éponge pour nettoyer sa tasse.

Il aurait pu se contenter de la rincer, mais l'envie de s'occuper les mains se faisait ressentir. Il ouvrit le robinet d'eau chaude.

– Drago, je…

Elle inspira longuement avant de reprendre.

– Je veux me racheter, je veux me faire pardonner. Je n'aurais jamais dû faire tout ça, je n'aurais jamais dû croire que c'était ce que tu voulais. Je pensais que c'était la chose à faire, que tu finirais par aller mieux et que Granger aussi. J'étais tellement concentrée sur toi que je n'ai pas pensé qu'elle ne voudrait pas de tout ça. J'étais aveuglée parce que j'avais peur de te perdre.

Elle renifla avec un rire sans joie.

– Au final, j'ai réussi à faire tout le contraire.

Il ferma les yeux et posa la tasse dans l'évier. L'eau continuait de couler sur ses doigts, mais il n'en avait rien à faire.

– Elle était devenue mon amie et j'ai tout gâché.

Il fut incapable de la contredire. Même si Hermione semblait prête à tous les pardonner, Drago savait qu'il en fallait plus que ça, que ce n'était pas suffisant. Il ne voulait pas qu'elle les pardonne, il ne voulait pas qu'elle souffre encore. Elle peinait parfois à en vouloir à ses proches, à être objective pour se préserver. Elle était bien trop tournée vers les autres.

– Je ferai tout pour me racheter, Drago. Je ne serai pas absente comme Blaise ou comme Harry, je…

Il trouvait étrange qu'elle parle de son mari ainsi. Pourquoi restait-elle neutre face à l'inactivité de Blaise ? Pourquoi balayait-elle cette information comme si elle n'y voyait aucun problème ?

– Je veux faire quelque chose pour vous.

– Tu en as déjà fait beaucoup.

Il s'en voulut presque d'avoir répondu ainsi. Presque.

Il revoyait l'état d'Hermione pendant le dîner du Réveillon, la façon dont elle s'était renfermée et dont elle avait passivement laissé la soirée s'écouler. Il revoyait la méconnaissance de leurs amis, l'ignorance dont ils avaient fait preuve envers elle. Sa colère remonta en flèche et il ferma les yeux pour ne pas la laisser déborder. Il devait contrôler ses émotions, comme il l'avait si bien fait pendant tant d'années.

– Drago, je…

Sa voix était tremblante, presque sanglotante. Un élan de culpabilité enserra le cœur de Drago. Il n'avait jamais vu Pansy ainsi.

– Je suis tellement désolée. Je m'excuserai auprès d'Hermione quand elle acceptera de me voir, je te le jure ! Je ne m'immiscerai plus dans vos vies, je respecterai votre… votre intimité et je ne viendrai plus si vous n'en avez pas envie !

Drago coupa brusquement l'eau du robinet et se tourna vers elle.

Elle avait les yeux débordants de larmes et son nez était rougi. Elle détourna aussitôt le regard et se leva pour lui tourner le dos. Elle avait honte, il le sentait. Honte de son comportement, honte de ses pleurs, honte d'avoir à ramper ainsi pour se faire pardonner.

Cela enserra un peu plus le cœur de Drago. Il se sentait mal, tout à coup. Il avait l'impression de tenir sa vie entre ses mains, que son bien être dépendait de lui, de sa décision. Il avait l'impression d'aller trop loin. Elle était son amie, elle comptait pour lui. Il ne voulait pas la faire souffrir. C'était comme si tout dépendait de son jugement.

Était-ce ce qu'elle avait ressenti durant les mois qui avaient suivi sa sortie d'Azkaban ? Avait-elle eu ce sentiment de puissance, de supériorité envers lui ? Était-ce pour cette raison qu'elle avait agi ainsi, sans se soucier de ce qu'il se passait autour ?

Il déglutit. Il haïssait ce sentiment. Il ne supportait pas cette ascendance qu'il avait sur elle.

Il se rappelait de ses années à Poudlard, lors desquelles il s'était amusé de pouvoir contrôler la réputation des autres, leurs petites vies à l'époque insignifiantes et leur scolarité banale. Il s'était plu dans ce rôle dominant et cette posture d'autorité.

Mais il avait vécu, il avait vu et il avait subi. Il avait vécu ces années de souffrance et de soumission. Il avait vu les dégâts causés par une telle mégalomanie, une telle puissance envers autrui. Il avait subi cet aspect malsain, dangereux d'un tel pouvoir.

Il savait où cela commençait, quand cela dégénérait. Et il en avait peur. Tout ce qui lui rappelait ces années de souffrance ne méritait pas de voir le jour.

Il serra le poing et soupira.

– Jure le moi, souffla-t-il en contournant l'ilot pour faire face à Pansy.

Il voulait le voir à ses yeux, il voulait vérifier qu'elle ferait de son mieux.

Pansy hocha lentement la tête, comme si elle peinait à intégrer ce qu'il se passait.

Drago leva une main et lui tendit son auriculaire. Elle le regarda d'un air confus, puis ses yeux s'écarquillèrent. Des sourires amusés étirèrent leurs lèvres lorsqu'elle croisa son doigt avec le sien.

– Je te le jure, Drago.

Il fut ramené quinze ans en arrière, lorsqu'ils entraient tout juste à Poudlard et que rien n'avait plus d'importance que l'amitié.

Jure-moi que tu resteras toujours ma meilleure amie, fit Drago.

Pansy lui sourit de toutes ses dents, ses yeux pétillaient encore d'innocence.

Je te le jure, Drago !

Il sourit et lâcha sa main, sans la quitter des yeux. Elle avait tenu sa première promesse et il savait qu'elle tiendrait la seconde.


Et voilà pour aujourd'hui ! Merci à Lyra et Damelith pour leur aide et soutien ! On se retrouve dans dix jours pour la suite ! N'oubliez pas de laisser un commentaire et de suivre l'histoire pour me soutenir !