TW : tentative de viol, violences, insultes

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Waren était un homme d'une quarantaine d'années. Il n'était pas plus grand que la moyenne, mais beaucoup plus massif et musclé. Il était bâti en forme de pyramide, avec de larges jambes aussi robustes que les fondations d'un château, perpétuellement écartées comme celles d'un cow-boy, et un cou de taureau qui faisait paraître son crâne rasé plus petit. Ses cheveux coupés à la brosse finissaient d'amplifier l'impression générale.

La première fois que Drago l'avait rencontré, et alors que son père cherchait encore à le protéger, Waren n'était qu'un simple gardien, et il lui avait enfoncé un index inquisiteur dans l'anus en prétendant une fouille corporelle. Plus tard, il avait éprouvé une honte indéfinissable en comprenant que tous les prisonniers n'avaient pas subi ce traitement. Il n'était pas rentré dans les détails, mais avec le recul, il pouvait deviner que son père avait immédiatement compris.

Ensuite, les humiliations et les coups étaient devenus quotidiens. Waren avait pris l'excuse des indomptables cheveux de Drago pour le punir de plus en plus violemment. Il prétendait que la repousse était volontaire, et signe que Drago refusait de se plier à l'autorité. Il lui avait maintenu la tête dans des bassines d'eau glacée jusqu'à ce que Drago croie se noyer. Plusieurs fois, celui qui n'était encore qu'un adolescent s'était évanoui, et avait dû être amené à l'infirmerie. Puisqu'il trainait à l'infirmerie au lieu de rester dans sa geôle, il fallait le punir encore davantage.

Il avait été le premier homme à qui Lucius Malfoy avait vendu son fils. En échange, Il avait promis du calme et de l'exemplarité dans le corridor 3. Waren avait obtenu le pouvoir, le respect, et le droit de malmener Drago quasiment aussi souvent qu'il le souhaitait.

Drago avait tout essayé avec lui : Il avait résisté, l'avait cajolé, avait tenté les cris, le silence, la simulation du plaisir. Il avait fait le mort, il s'était battu. Il avait essayé de paraître plus jeune et fragile qu'il ne l'était réellement. Il avait dû passer pour fou ou atteint d'un trouble dissociatif de l'identité. Le comportement de Waren, en revanche, n'avait jamais changé d'un iota.

« C'est ici que tu te cachais, ma Salope ? »

Drago sentit ses yeux s'agrandir de peur. Il voulut reculer, mais réalisa qu'il n'avait que le mur de roche froide dans son dos.

Waren sortit sa baguette de sa manche. Comme la plupart des gardiens, il avait fixé celle-ci à une chaînette enchantée et incassable, elle-même reliée à une large manchette de cuir où l'accessoire pouvait se glisser. Il fallait à tout prix éviter qu'un détenu ne puisse s'emparer d'un tel outil. Il leva le bras, et Malfoy vit la lumière blanche habituellement douce et régulière pulser de façon désordonnée avant de laisser entendre le « cling » révélateur.

Waren ouvrit la grille et pénétra dans la cellule.

« Après tout, pourquoi pas. Tu voulais le faire dans un lit, Salope ? »

Drago se leva aussitôt, comme s'il avait été monté sur ressorts. Non, Hors de question de souiller le lit. Hors de question de salir les draps blancs, la couette légère, l'oreiller moelleux.

« Attends, supplia-t-il, est-ce que mon père… »

La gifle le précipita au sol. Le coup de pied à l'estomac qu'il reçut ensuite le fit se recroqueviller. Celui en plein visage inonda son nez de sang. Drago tenta de se protéger le crâne avec les bras. On le tira par les cheveux pour le remettre debout, puis il se retrouva plaqué contre le mur de roche suintante, maintenu d'une poigne de fer par le cou. Il leva désespérément les bras en signe de docilité, mais ce geste n'émut pas Waren qui en profita pour lui coller un puissant uppercut dans le ventre. Par réflexe, Drago y porta les mains. Par jeu, Waren en profita pour lui envoyer un direct dans le nez.

Il ricana : « Avoue, Salope. T'aimes ça. »

Drago fut projeté sur le lit. Le lit ! Il se laissa glisser au sol, mais n'eut pas le temps de s'éloigner que déjà Waren lui empoignait de nouveau les cheveux et lui plaquait le visage sur le tissu blanc qui rougissait à présent à vue d'œil.

« T'as cru être débarrassé de moi, Salope, grogna-t-il en trifouillant son pantalon, mais t'as oublié que…

– EXPULSO ! » Waren fut projeté contre le mur.

Drago tourna immédiatement la tête pour comprendre.

Dans l'encadrement de la porte se tenait Harry Potter, la baguette tendue, une expression de haine terrible déformant ses traits. Le gardien émit un gémissement et un nouveau maléfice fusa de la baguette.

« EXPELLIARMUS ! » Le sortilège de désarmement ne put briser la chaînette enchantée, aussi le bras de Waren émit-il un craquement terrible en se tordant en arrière. Le gardien poussa un cri déchirant.

Drago se ramassa sur lui-même. Il aurait voulu disparaître.

Le Major Runcorn pénétra à son tour la cellule, en courant. Il comprit la situation en une fraction de seconde, et réagit tout aussi rapidement :

« Monsieur le Directeur, je vais…

– JE VOUS CONSEILLE DE VOUS TAIRE, RUNCORN ! » hurla Potter en changeant la cible de sa baguette.

Waren, toujours affalé et gémissant contre le mur étouffa un juron en se tenant le bras. Sans cesser le menacer Runcorn de sa baguette, Potter se tourna vers lui et cracha « Stupéfix ». Ce fut comme s'il avait reçu un coup en plein visage : Son crâne heurta le mur et retomba, somnolant, sur sa poitrine.

« Monsieur, tenta de nouveau Runcorn, je pense…

– JE VEUX, hurla Potter en désignant Waren, que cet homme disparaisse d'ici ! Immédiatement ! Renvoyez-le par Portoloin ou Cheminette, je ne veux pas qu'il passe UNE NUIT DE PLUS sur cette île !

– On ne... », commença Runcorn, mais Potter lui coupa de nouveau la parole.

« UN MOT DE PLUS, RUNCORN, ET VOUS SUIVREZ LE MÊME CHEMIN ! »

Cette fois, le Major garda le silence.

Quelques secondes passèrent où l'on n'entendit que les respirations haletantes, puis les portes des cuisines s'ouvrirent brusquement, et la file de petits chariots remonta tranquillement le couloir, comme si de rien n'était. Les deux Sorciers tournèrent la tête pour les regarder passer, hypnotisés.

Quand le dernier chariot eut disparu, Runcorn hocha la tête à l'encontre de Potter, affirma « A vos ordres, Monsieur le Directeur », et fit sortir le corps inanimé de Waren grâce à un sortilège de lévitation.

Malfoy sentit peu à peu ses facultés mentales lui revenir… Et aussitôt, la panique le fit bafouiller :

« P… Potter ! Tu… Non, tu ne peux pas virer Waren, il…

– La ferme, Malfoy. »

Le regard qu'il lui lança n'était pas plus aimable que celui qu'il avait réservé au gardien. Drago frissonna.

« Il… C'est un… Un bon Surveillant Brigadier, plaida Drago. Tu vas avoir des ennuis si…

– Encore un mot en sa faveur et je t'arrache la langue, Malfoy ! » Les yeux verts lancèrent des étincelles, et Drago devina que ce n'était pas des menaces en l'air.

« Je… » Drago ne savait pas quoi dire. Il voulait s'excuser d'avoir énervé Potter plus tôt dans la matinée. Il était le seul fautif dans cette histoire. Les choses n'auraient pas escaladé aussi vite si…

« Je t'avais dit de garder les jambes serrées, cracha Potter en le toisant avec dégoût. Mais t'es même pas capable de tenir une semaine, on dirait… »

Drago le fixa en tremblant, incapable de répondre…

« Il a raison, t'es une vraie salope, Malfoy. »

Drago baissa la tête, sentant la bile s'accumuler dans sa gorge.

Harry Potter sortit de la cellule, dont il referma brutalement la porte. Il fit courir sa baguette sur tout le pourtour de l'encadrement, et la lumière blanche jaillit, aveuglante comme jamais elle ne l'avait été jusque-là. Le tintement du verrouillage se fit entendre.

Potter avait disparu avant que le sortilège d'emprisonnement n'ait fini de scintiller.

Drago pleura. Il se rendit aux toilettes et vomit, réduisant à néant ses efforts du matin pour se nourrir. Il observa le lit défait et ensanglanté en pleurant encore, il porta ses mains à son visage et se rendit compte que son nez saignait toujours. Il refusa de salir davantage les draps, n'osa même pas les saisir avec ses mains souillées pour les faire tremper dans le lavabo. Il se roula en boule par terre, dans le sens de la longueur, et ferma les yeux.

Chaque jour de plus était un jour de moins.

Chaque heure passée vous rapprochait de la fin.

Chaque minute écoulée n'aurait plus jamais à être vécue.

Cette nuit-là, Drago sombra de nombreuses fois dans l'inconscience, mais sa position inconfortable sur le sol froid de pierre nue lui rendit le véritable sommeil impossible. Son esprit mélangea les rêves et la réalité – il l'avait souhaité, d'ailleurs, une centaine d'années plus tôt – et les chariots magiques rougeoyèrent, et Waren dansa, et le tua, et dansa encore, tandis que les clochettes d'or sonnaient et que le feu grignotait tout.

Dans l'atmosphère chaleureuse des appartement luxueux, dans son lit propre et confortable, avec son estomac rempli et tous ses ordres exécutés, le Survivant ne dormit guère mieux.


Ce chapitre est très court par rapport aux autres... Mais je ne me voyais pas le rallonger artificiellement en changeant de sujet... Pour vous changer les idées, je vous suggère de vous rendre immédiatement sur youtube pour mater un max de vidéos de parades amoureuses chez les oiseaux ! Les paradisiers sont clairement les plus mignons, mais les grues et les albatros se débrouillent pas mal aussi !