Pas de TW
yuishifuji, merci pour te review ^^ C'est marrant que que tu dis sur l'appellation Harry vs. Potter, parce que j'ai eu un mal fou, au début, à m'habituer à biiiiiien appeler tout le monde par son nom de famille, pour qu'on se place un plus peu dans la tête de Drago... Et en fait, ça a été beaucoup plus facile pour Harry que pour Ron ou Hermione, précisément grâce à ce caractère de merde :D
Funfactnotfunny mais qui a rapport : Quand j'ai commencé à écrire cette fic, j'écrivais "Draco" et non "Drago"... J'ai mis une dizaine de chapitres à m'apercevoir que j'utilisais le prénom original à la place de la traduction française. Merci word et ctrl F, ça a été relativement rapide de tout remplacer. Hier, je me suis rendu compte que je m'étais aussi trompée en notant "Malfoy" à la place de "Malefoy" à chaque fois XD Depuis, j'hésite à tout re-modifier à nouveau... "Draco Malfoy", c'est très bien. "Drago Malefoy", pourquoi pas... Mais ce mix de "Drago Malfoy", c'est un peu ridicule XD J'ai l'impression qu'en fanfic, on utilise plutôt la VO pour ce perso... A choisir, je retournerai donc plutôt vers "Draco Malfoy"... Mais petite flemme des familles X,D Ca vous a choqué, à la lecture ?
Dans le monte-charge, Drago remplit à la hâte son document de travail en pestant contre Harry Potter, contre son piège avec la plume, contre ses fantasmes exaspérants qui lui faisaient perdre un temps précieux, et contre lui-même. Quelques chariots firent doucement tinter leur clochette pour signaler leur approbation.
Drago se demanda s'il n'était pas en train de perdre la raison.
La faim pouvait-elle provoquer des hallucinations et donner l'impression de pouvoir communiquer avec des objets inanimés ?
Agacé, il souleva la cloche d'argent du plateau qu'il n'avait même pas eu l'occasion de servir, et s'empara de la baguette de pain et du pot de confiture qu'il fourra dans les poches de sa robe. Il doutait d'être capable de digérer le pain blanc et solide alors que le porridge passait difficilement, mais le choix du menu était restreint. Après un instant d'hésitation, il saisit le verre de jus de citrouille qu'il descendit d'un trait, tandis que les portes du monte-charge s'ouvraient, et que les chariots commençaient à sortir en bon ordre.
Il remonta la file à petites foulées, en étouffant des haut-le-cœur, pénétra les cuisines avant que le premier chariot n'en passe le seuil, et rangea ses affaires en cherchant Rosier des yeux. Celui-ci était attablé plus loin avec trois autres détenus, tous occupés à éplucher – à la façon moldue – un colossal monceau de pommes-de-terre.
Ackerley n'était visible nulle part.
Drago les rejoignit aussi vite que possible, malgré sa crainte de s'aventurer si loin des portes métalliques.
Rosier n'était pas un homme à marquer les esprits : Blanc de peau, des cheveux brun sombre, légèrement ondulés. Des yeux clairs, comme l'étaient souvent ceux des Sangs-Purs. Mince, sans atteindre la maigreur de Drago.
Ses trois comparses jetèrent à Drago des coups d'œil amusés ou le regardèrent franchement approcher. Rosier lui-même attendit d'être interpelé pour daigner lever les yeux.
« Rosier.
– Ma petite Souris, sourit-il. Je ne t'ai même pas entendu arriver. Avec tes petites pattes. »
Drago refusa d'entrer dans son jeu. Il prit appui sur un plan de travail en aluminium, et entra directement dans le vif du sujet :
« Tu as un message pour moi. »
Du coin de l'œil, il vit que le dernier chariot venait de passer les portes, et que celles-ci se refermaient. Il avait un peu moins de dix minutes devant lui avant que sa cellule ne se verrouille, et ne déclenche un sort d'alarme pour signaler l'absence de son prisonnier.
« J'ai un message pour toi… »
Drago laissa passer quelques secondes.
« Et bien ? finit-il par demander, impatient.
– Installe-toi, aide-nous un peu », suggéra Rosier en lui tirant une chaise.
Inutile d'être un Serdaigle pour sentir le piège.
« Dis-moi ce que tu veux, Rosier. »
Le prisonnier prit le temps de finir d'éplucher son tubercule et jeta celui-ci dans un bac prévu à cet effet ou des dizaines d'autres flottaient déjà.
« Regarde ça, Malfoy. » Il lui présenta l'espèce de couteau fendu qu'il avait utilisé pour sa tâche. « Tu sais ce que c'est ?
– J'imagine que tu vas me le dire, répondit Drago en haussant les épaules.
– C'est ce que les moldus utilisent pour éplucher leurs légumes. Tu ne trouves pas ça affreux qu'on en soit réduits à utiliser du matériel moldu ? »
Drago ne répondit pas, aussi Rosier reprit-il :
« Ils ne sont pas aussi stupides qu'on le pense, tu sais. Tu vois cette courbure ? La pointe, ici ? Regarde la taille. » Il présenta l'ustensile devant ses doigts pour donner une échelle, et le fit légèrement pivoter pour attraper la lumière… « C'est l'outil parfait pour arracher un œil. »
Drago garda un visage de marbre. Il doutait que ses yeux soient capables de repousser aussi facilement que ses dents, et même si c'était le cas, il n'avait aucune envie de subir une énucléation pour tenter l'expérience.
« Je veux la même chose que tout le monde, Malfoy, reprit enfin Rosier en souriant. Mais pour le moment, ton papa n'est pas d'accord. Alors je me contenterai de te voir éplucher une patate pour moi. » Et il lui tendit l'outil, manche en avant.
Drago estima que deux ou trois minutes avaient passé. Il pouvait continuer à perdre son temps, ou voir où Rosier comptait l'entraîner.
Il saisit l'ustensile de cuisine et en éprouva la pointe sur le gras de son pouce. Celui-ci était cent fois plus aiguisé et coupant que les petits couteaux épais à bout rond que les détenus étaient autorisés à utiliser pour se nourrir. Il s'assit sur la chaise que Rosier avait tirée pour lui, et vit les autres membres de l'attablée s'installer pour assister au spectacle. Il choisit une pomme-de-terre de taille moyenne et de forme régulière sur le tas, et commença à y frotter l'outil comme il avait vu les détenus le faire plus tôt.
« Comme ça. » Rosier s'était levé, posté derrière Drago et penché sur son dos, il guidait ses bras et ses mains avec des espèces de caresses obscènes qui déclenchèrent quelques ricanements. Ses manches se relevèrent légèrement, et Drago aperçut des tatouages de flammes et de vagues sur ses poignets et ses avant-bras. « Tu t'en sors très bien », murmura-t-il à son oreille comme un amant heureux de partager un moment simple avec l'élue de son cœur.
Drago concentra toute son énergie pour maîtriser l'expression neutre de son visage et éviter le tremblement de ses mains. Il était affreusement lent. Rosier lui reniflait maintenant le creux du cou.
Enfin, le dernier lambeau de peau fut ôté.
Drago présenta son œuvre à Rosier, qui s'en empara pour juger le travail accompli en se redressant, puis il posa le couteau moldu sur la table, s'essuya les mains dans un torchon, et se leva. Il ignorait combien de temps avait passé.
Rosier fit tourner la pomme-de-terre sous la lumière des néons, puis croqua dedans comme s'il se fût s'agit d'un fruit frais. Il mâcha tranquillement en fixant Drago qui frissonna, quasi-certain de la toxicité de l'aliment cru. Enfin, il avala sa bouchée et jeta le légume entamé dans le bac, avec les autres.
« Pas mal, déclara-t-il. La prochaine fois, je t'apprendrais à arracher un œil. »
Drago garda le silence et tendit la main, paume ouverte. Rosier farfouilla dans le col de sa robe et en sortit la missive qu'il lui avait montré plus tôt, ce matin-là. Il plaça le papier dans la main tendue, mais ne le lâcha pas quand Drago referma ses doigts dessus pour s'en emparer. Il se pencha légèrement, et chuchota, sur le ton de la confidence :
« Ton papa ne m'aime pas beaucoup. Tu lui diras que j'ai été gentil avec toi ?
– Je doute, répondit Drago après une hésitation, que ça puisse améliorer vos relations…
– Ce n'est pas grave. Dis-lui quand-même. » Et Rosier se redressa en abandonnant le parchemin. « Tu devrais te dépêcher de rejoindre ton terrier, Petite Souris. »
Drago ne se le fit pas dire deux fois : Il traversa la cuisine en courant comme un dératé, sous les rires des cuistots, toute élégance envolée, et ses cuisses le brulant affreusement. Il ouvrit les portes métalliques en posant sa main sur la barre de fer rougeoyante qui, cette fois, lui brûla les doigts. Quand il atteignit son couloir, il paniqua en constatant que sa cellule entière était éclairée de blanc, mais réalisa aussitôt qu'il s'agissait de la housse de couette accrochée aux barreaux. La lumière blanche entourant l'entrée de sa cellule crachotait, comme la fois où Waren avait pénétré les lieux sans autorisation. Il se précipita à l'intérieur de sa cellule, et en claqua la porte.
Il ne perdit pas de temps à vérifier que le sortilège se calma ou non : Il fonça vers son lit, souleva le matelas et jeta la lettre dessous. Ensuite, pour brouiller les pistes, il cacha le pain et la confiture sous son oreiller, où se trouvait déjà le pantalon moldu qu'il avait subtilisé à Potter. Il arracha la housse de couette de la grille pour qu'on ne l'accuse pas de tenter de dissimuler quoi que soit. Enfin, il se retourna et fixa avec angoisse la lumière qui s'estompait doucement.
Quand il fût certain qu'elle soit éteinte – l'image résiduelle sur sa rétine rendait le jugement délicat – il compta encore quinze minutes avant d'envisager le fait qu'il avait eu énormément de chance et était arrivé à temps.
Il poussa un long soupir de soulagement, puis émit un affreux ricanement nerveux.
Paranoïaque, il se rendit devant la grille qu'il empoigna, et sur laquelle il pressa son visage pour tenter de distinguer s'il y avait un intrus dans le couloir. Il tendit l'oreille et n'entendit que le son habituel des cuisines à cette heure.
Il observa sa main à la lumière des torches, et la trouva rougie, mais pas complètement brûlée. Il devina que traîner trop souvent ajouterait blessure sur blessure jusqu'à ce que sa paume ne se couvre de cloques. Un retard franc provoquait à coup sûr une brûlure intolérable.
Il regagna son lit, souleva le matelas et récupéra la lettre de son père, qu'il défit soigneusement : les plis compliqués, la façon dont le papier s'enchevêtrait sur lui-même en se déchirant légèrement aux endroits prévus, lui indiquèrent que personne ne l'avait lue avant lui. La précaution du pliage s'additionnait au code utilisé pour chiffrer le message.
Avant toute chose, il déchira soigneusement les bords vierges du document, afin d'obtenir le plus petit parchemin possible. Ainsi pourrait-il avaler et faire disparaître le papier si jamais quelqu'un survenait. Ensuite, il s'installa derrière sa souche pour déchiffrer le code. Sans plume pour prendre des notes, cela lui prit plus de temps qu'il n'aurait voulu. Enfin, il se pencha en arrière, s'adossa au lit, et émit un nouveau ricanement désespéré.
Fais nommer Sparvus.
Reviens au couloir trois.
Utilise Ackerley.
Sparvus était peut-être déjà convoqué dans le bureau directorial, et se voyait en ce moment-même signifier son renvoi.
Un retour au corridor 3 était la dernière chose au monde que Drago aurait souhaité.
Ackerley avait disparu. Il avait été là à 7h, et n'était plus visible à 10h. Drago ignorait ce qu'il était advenu de lui.
En bref, il ne pouvait obéir à aucune des directives paternelles, soit qu'il fût trop tard, que ce soit impossible, ou bien tout simplement au-dessus de ses forces. C'était un désastre.
Et Drago s'apercevait qu'il s'en fichait.
Oh, il aurait des problèmes. Dès demain. Dès ce soir, même, si un gardien pensait à l'accuser des licenciements de Sparvus et Northfield… Mais pour le moment, il ne pouvait rien y faire, et pour le moment, il était encore à l'abri dans sa cellule.
Il déchira le parchemin en morceaux minuscules qu'il mélangea et sépara en trois tas. Il fit disparaître le premier dans les toilettes, et transforma le second en papier mâché qu'il utilisa pour lisser une fissure dans le mur de roche du fond de sa cellule. Il extirpa la baguette de pain désormais tordue et aplatie de sous son oreiller, en arracha un morceau qu'il ouvrit, garnit des morceaux du troisième tas, et mangea consciencieusement. Tant de précautions semblaient absurdes. Tant de précautions semblaient indispensables.
Après avoir mangé, il se lava, ainsi que sa robe, devant le petit robinet. Il trempa sa chaussette-serviette dans l'eau glacée et s'en fit une moufle apaisante pour sa main blessée. Il retourna devant son lit, et récupéra le petit bocal de confiture qu'il posa sur la souche-table basse avant de s'y installer.
C'était un récipient minuscule, du diamètre de son pouce, et haut comme une phalange. Il ne pouvait contenir qu'une dose de confiture, et Drago admira l'exubérance simple de cet objet. Il l'observa longtemps, en vue de faire monter le désir et la faim. Il anticipa le goût des fruits, sentit sa bouche se remplir de salive et les commissures de ses lèvres se redresser bêtement. Quand son ventre se mit à gronder, il s'autorisa enfin à ouvrir le bocal. Le couvercle émit un petit bruit adorable quand l'air pénétra le récipient. Il tartina un bout de pain avec son index qu'il suça ensuite comme un gamin.
Il n'avait jamais rien mangé d'aussi bon.
