TW violence, blessures graves

Tristesse, je n'ai plus de reviews auxquelles répondre ;_;
N'hésitez pas à laisser un petit mot ! Même un "roh, c'est nul, il se passe rien" ou un "cool, vivement la suite" sera apprécié :D


On était le 31 décembre 2001. Cela faisait exactement trois ans, deux mois et douze jours depuis que Drago avait été enfermé à Azkaban. Il lui restait donc à purger une peine de un an, neuf mois et dix-neuf jours, auxquels il fallait rajouter huit mois pour son mauvais comportement passé.

La veille au soir, Drago avait rédigé une lettre pour son père, puis s'était créé un calendrier du temps qu'il lui restait à tenir. Évidemment, il était inimaginable qu'il puisse conserver l'attention de Potter, et par conséquent, la jouissance de sa cellule jusque-là… Voir les colonnes propres avec les cases prêtes à être cochées était toutefois réconfortant, et quand il retournerait dans le corridor 3, il pourrait emmener non pas le papier, mais au moins son souvenir. Fabriquer une punaise rudimentaire avec un morceau d'écorce de sa souche et l'aide de son couteau moldu lui avait pris longtemps et lui avait infligé quelques blessures au bout des doigts, mais le plaisir de sortir la lame de sa cachette et sentir l'adrénaline monter au fur et à mesure du travail valait largement le temps et le sang investis. En enfonçant le bout de bois dans une fissure de son mur, il avait eu l'impression d'avoir parfaitement atteint son but, et désormais, le parchemin blanc et doré qui ornait le dessus de son lit était un rappel constant de cet exploit.

Ce matin-là, il fut brièvement soulagé de ne pas voir Macnair dans les cuisines. Il transmit sa lettre à Ackerley qui la lui prit en ricanant :

« J'avoue Malfoy, que te voir prendre mandale sur mandale comme un petit garçon, c'était presque aussi jouissif d'une bonne baise. »

Drago ne répondit pas. Tant mieux s'il était satisfait. Tant mieux s'il pouvait préférer les gifles aux attouchements sexuels. Toutefois, quand il fit mine de se détourner, Ackerley lui empoigna brutalement le col pour le retenir.

L'homme n'avait pas la jeunesse et les réflexes de Potter, la technique de Macnair ou l'habitude de Rockwood. Drago eut le temps de voir le coup venir, et leva immédiatement le bras pour se protéger. La gifle claqua sur la plaie en forme de morsure qu'il s'était lui-même infligée l'avant-veille. Drago ne perdit pas de temps : Il frappa de toutes ses forces dans le creux du coude d'Ackerley pour lui faire lâcher prise, enchaîna aussitôt d'un coup de pied latéral dans le genou, puis recula rapidement en étudiant nerveusement ses possibilités de repli.

Ackerley lui lança une bordée de jurons en se massant le genou, mais Drago l'interrompit. Il tenta de s'exprimer d'un ton ferme et calme, mais il eut affreusement conscience des notes aiguës dans sa voix : « A quoi tu joues, Ackerley ? Tu cherches les ennuis avec mon père ?! »

Le prisonnier ricana méchamment. « Qui va raconter à ton père que je t'ai un peu malmené, Malfoy ? »

Les deux hommes se fixèrent en silence un instant… Puis Ackerley attaqua. Il se jeta en avant pour attraper Drago qui bondit au-dessus d'un plan de travail pour lui échapper. Il courut entre les machines et les buffets d'aluminium. Un homme surgit devant lui. Drago fit tomber un large bac de sauce brulante pour lui couper la route et faire demi-tour. De nouveau, Ackerley lui faisait face. Il glissa entre les pieds d'une table de métal et renversa celle-ci sur son poursuivant. Il courut vers la large porte métallique des cuisines, sauta au-dessus des bras tendus d'un autre détenu, saisit la barre de fer rougi et s'effondra littéralement dans le couloir quand la porte s'ouvrit devant lui. Il se releva aussitôt pour reprendre sa course, mais un cri de souffrance extrême le fit se retourner.

Ackerley n'avait pas pu passer l'embrasure des cuisines. A peine avait-il tendu la main vers lui que le sortilège qui gardait les lieux s'était manifesté : Au bout de son bras, une masse rouge et fumante continuait de se couvrir de cloques. Une odeur de chair brûlée envahit le couloir.

Essoufflé, Drago s'adossa au mur en regardant Ackerley tomber à genoux et serrer sa main carbonisée contre lui en le couvrant d'insultes. Plusieurs prisonniers vinrent le rejoindre devant la porte, pour insulter ou se moquer de Drago. L'un d'eux eu la présence d'esprit d'aider leur camarade à se relever pour l'emmener passer sa main dans l'eau froide.

Drago ignora les vociférations des détenus, et reprit doucement son souffle. Les choses s'étaient déroulées trop vite, il n'avait pas réfléchi, et commis une erreur. Il aurait dû accepter la gifle pour ne pas que les choses s'enveniment. Désormais, Ackerley aurait une dent personnelle contre lui…

Au bout d'un moment, la porte se referma. Drago tira nerveusement sur son auriculaire en réfléchissant. Devait-il y retourner ? S'excuser ? Ramper et accepter une nouvelle punition ? Valait-il mieux attendre que la tension soit retombée, ou au contraire, y aller maintenant, tant qu'Ackerley n'aurait pas eu le temps de ruminer sa vengeance ? Sa blessure serait-elle découverte par un gardien ? Si oui, pouvait-on envisager le fait qu'il soit démis de son poste aux cuisines ? Si tel était le cas, serait-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Il lui fallait absolument informer son père de la situation, mais comment ? Faire transmettre le message par Rosier ? Par Potter ?!

Drago porta les mains à son visage et se griffa ses tempes. Demander de l'aide à Potter ? Était-il tombé si bas ? Sa situation était-elle si désespérée ? Drago Malfoy refusait d'envisager son ennemi de toujours comme un potentiel allié.

La porte de métal blanc s'ouvrit à nouveau. Drago sursauta et recula par réflexe. La file de chariots de service sortit des cuisines en défilant calmement, imperturbables. Drago était évidemment sorti sans son matériel de ménage… Il piétina sur place, hésitant sur la marche à suivre. Soudain, une silhouette apparut à contre-jour des lumières intenses des cuisines.

« Ma petite Souris. Je savais que tu serais encore là. »

Rosier souriait. Devant lui, le chariot de ménage, le bloc note, et même le tablier de service, délicatement plié. Drago avala sa salive.

« Tu les as fait courir, remarqua doucement Rosier. Mais on ne peut pas t'attraper aussi facilement, hein ? Les petites souris comme toi, il faut leur tendre des pièges, les appâter… » Il fit légèrement rouler le chariot d'avant en arrière. « Tu veux récupérer tes affaires ?

– Comment va Ackerley ? » Drago s'en moquait complètement. Il voulait juste gagner du temps pour élaborer une stratégie.

« Son orgueil a été touché plus profondément que sa chair. C'était un mauvais calcul de ta part… »

Le silence se fit. Les chariots magiques défilaient. Il ne restait plus beaucoup de temps à Drago pour prendre une décision.

« Tu as peur, observa Rosier en souriant toujours. Je pensais qu'on était amis.

– Si on est amis, répondit Drago en tremblant, fais-le rouler vers moi. » Il désigna le chariot avec lequel Rosier continuait de s'amuser.

« Non. »

Le dernier chariot magique sortit des cuisines. Rosier l'observa s'éloigner un moment, puis sourit à Drago et recula en emmenant le meuble à roulettes avec lui.

« Non, attends ! D'accord ! »

Drago avala de nouveau sa salive, jeta un coup d'œil dans son dos, vers les portes du monte-charge qui commençaient à s'ouvrir… Puis se dirigea vers Rosier sur des jambes flageolantes. Celui-ci fit brusquement reculer le chariot quand Drago tendit la main pour s'en emparer. Il sursauta.

« Je rigole », annonça tranquillement le déséquilibré en réavançant le meuble jusqu'à ce qu'il soit complètement à portée de Drago. Celui-ci s'empara des poignées sans même essayer de feindre le sourire. Rosier ne lâcha toutefois pas le chariot de son côté, et Drago fut incapable de le faire bouger d'un centimètre.

« S'il te plait, murmura-t-il sans oser lever les yeux.

– Est-ce que tu as toujours le cadeau que je t'ai offert ? répondit Rosier sur le même ton.

– Le couteau ? » Drago observa son interlocuteur en sentant complètement perdu. « Bien sûr. » Il ferma les yeux, et tenta de rentrer dans le jeu sans avoir jamais compris les règles. « Je l'aime beaucoup. Je l'ai caché. C'est mon trésor. »

Rosier émit un petit rire attendri. « N'oublie pas que je te dois une démonstration… » Il lâcha alors le chariot et referma la porte métallique derrière lui.

Les portes du monte-charge étaient en train de se refermer. Drago hurla « Attendez-moi ! » en manœuvrant désespérément son chariot. Il courut dans le couloir, puis ralentit, interloqué. Deux ou trois des petites dessertes de service avaient décidé de répondre à sa supplication, et s'étaient déplacées sur le bord de l'ascenseur, dont les portes cognaient sur le métal en voulant se refermer. Drago reprit sa course et parvint essoufflé devant le monte-charge. Il se faufila difficilement dans la cabine, puis caressa doucement les clochettes d'or des trois chariots amis, qui lui répondirent en tintant légèrement.

Quand la machine se mit en route, Drago fut pris d'un vertige, et il dressa douloureusement la liste des preuves que son corps était en train de lâcher : Essoufflement après le moindre effort, malaise, capacités cognitives et intellectuelles réduites… Probablement juste un hasard. Quand on cherche, on trouve. Rien de tout cela ne prouvait que Macnair avait raison. Drago se sentait parfaitement bien. D'ailleurs, ne venait-il pas de prouver sa bonne santé en échappant à des hommes plus nombreux et costauds que lui ?

D'un autre côté... Macnair n'était pas un homme qu'on apitoyait. il n'aurait pas menti pour ménager Drago. Il n'était pas non plus adepte de la torture mentale.

Il avait eu de la chance en échappant à Ackerley : Les cuisiniers avaient simplement été surpris qu'il résiste alors qu'il s'était docilement laissé faire face au bourreau. Drago avait toujours été un petit gabarit taillé pour la vitesse – un profil typique d'Attrapeur – et il était aussi plus jeune que les cuisiniers, ce qui expliquait qu'il soit parvenu à leur filer entre les doigts. Comme le disait Rosier, les petites souris étaient douées pour échapper à leurs prédateurs, mais ça n'en faisait pas pour autant des créatures très résistantes…

Essoufflement, malaise, capacités cognitives et intellectuelles réduites, et difficultés à maintenir une pensée cohérente… Les choses n'étaient pas reluisantes… Peut-être qu'il avait de la chance : Peut-être était-il tellement mal en point qu'il n'avait pas conscience d'être à bout. Après tout, ne disait-on pas des gens qui meurent de froid, qu'ils éprouvent une chaleureuse torpeur juste avant de succomber ?

Il renifla pitoyablement, voulut s'essuyer le nez dans sa manche, et remarqua que le coup d'Ackerley avait réouvert la plaie de son bras. Le tissu de la manche était brun de sang. En dessous, le bandage grossier était trempé. Drago vola une cuillère sous la cloche d'argent protégeant la nourriture du Directeur, la glissa sous la gaze rougie, et tourna deux fois pour serrer davantage le pansement contre la blessure. Le tissu mordit dans la chair à vif, mais le flot de sang cessa.

Satisfait, Drago attendit son étage en reprenant son souffle avec difficulté.