Je suis contente : Niveau écriture, je me rapproche tout doucement du gros climax de l'histoire. C'est drôle, parce que j'écris beaucoup plus vite que ce que je pensais, mais le temps, dans l'histoire, va aussi beaucoup plus vite que ce que je m'étais imaginé... Sans spoiler, il y a des ennemis dont j'imaginais la montée en puissance en mois, mais qui finalement, attaquent au bout de quelques jours XD
J'ai vraiment hâte de vous faire lire ces passages. J'espère que l'histoire continuera à plaire !

Diri-chan : Je t'encourage fortement à reprendre... Mais je sais que le temps n'est pas toujours notre ami XD
Honnêtement, j'aurais pu faire durer les choses plus longtemps et affaiblir mon Drago encore plus... Mais je dois déjà réussir à lui faire pardonner les viols de Potter, alors on va rester raisonnable côté fautes d'inattentions X,D


Des claquements de becs, un chevrotement guttural dans son oreille. Drago se réveilla en sursaut.

La nuit était clairement tombée, le ciel était noir et se confondait avec la mer. La lumière du salon projetée sur le balcon semblait irréelle et éclairait faiblement une dizaine d'albatros qui se réveillaient tout comme lui, s'ébouriffaient les plumes et les ailes et se dirigeaient, en sautillant ou en se dandinant, vers le Sorcier qui venait d'atterrir sur la saillie. Potter fouilla ses poches et distribua les friandises aux volatiles qui se chamaillaient bruyamment, mais semblaient accorder plus d'importance aux caresses qu'à la nourriture.

Drago se rendit compte qu'un oiseau s'était niché entre ses cuisses croisées en tailleur, et bien au chaud, hésitait à rejoindre ses camarades. Il rentra le bras dans sa manche afin de protéger sa main, et poussa doucement l'oiseau pour l'encourager. Celui-ci avertit Drago d'un claquement de bec agressif avant de battre furieusement des ailes devant son visage, de s'envoler, et de se percher sur le bras de Potter qui fléchit sous son poids. Il lui frotta la tête et le déposa sur la rambarde en lui murmurant des compliments.

Drago se releva en se sentant tout ankylosé. La main de Potter se tendit devant lui, et il crut qu'il voulait l'aider, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que celle-ci était pleine de friandises Gullgrub pour oiseaux marins.

« Sans façon », dit-il après un temps d'arrêt, légèrement honteux d'avoir songé un instant que Potter pourrait vouloir faire preuve de galanterie envers lui.

Ce dernier éclata de rire. « C'est pas pour toi, crétin, c'est pour leur donner ! »

Drago faillit répéter « sans façon », mais il se retint, plus ou moins décidé à accorder une nouvelle chance à Potter. Il saisit une croquette en forme de crabe minuscule, tendit la main bien à plat à un oiseau qui semblait relativement calme… Comme d'habitude, l'albatros frappa la main ouverte, faisant tomber la friandise au milieu d'un tas de plumes qui caqueta et piétina, les uns pour dénicher la nourriture, les autres pour obtenir l'attention de Potter, ou encore pour râler contre un congénère ayant marché ou trébuché sur une aile.

« Merde, ricana Potter. Je sais pas quoi te dire, on dirait qu'ils font ça avec tout le monde… »

Drago haussa les épaules : « Je sais.

– Qu'est-ce que tu fais encore là ? demanda Potter en enjambant les oiseaux et en se dirigeant vers la porte vitrée. Il est tard, tu devrais être dans ta cellule.

– Tu m'as dit de ne pas me promener seul dans les couloirs », se justifia Drago avant de se reprendre. Décidément, il allait être difficile de perdre l'habitude de tout lui mettre sur le dos. « Et puis, il fait noir. Je voulais m'assurer que tu rentrerais entier.

– Voyez-vous ça, tu étais inquiet… »

Une fois à l'abri du salon, Drago remarqua l'état dans lequel se trouvait le Directeur : Encore une fois, il était trempé des pieds à la tête. Ses cheveux gouttaient, ses chaussures laissaient de grandes flaques d'eau sur son passage. Plus gênant, un filet de sang s'écoulait de son crâne, rejoignait son sourcil ou il formait une croute, puis se fondait dans l'humidité sur sa pommette. La blessure semblait franchement minime, étant donné la faible quantité de sang, mais Drago s'en inquiéta tout de même :

« Qu'est-ce-qui t'est arrivé ?! »

Le sourire de Potter était assez large pour servir de piste d'atterrissage à des Abraxans.

« Il est de plus en plus inquiet ! » Un froncement de sourcil d'avertissement n'effaça pas le sourire, mais permit au moins à Potter de cesser les plaisanteries et de répondre : « Je me suis fait surprendre par une mini avalanche sur un glacier. Le souci, c'est que j'ai perdu mes lunettes et que j'ai eu un mal de fou à les récupérer. On dirait que la mer par ici a sa propre magie, et les accio simples ne fonctionnaient pas. J'ai dû bricoler un sortilège de Têtenbulle en urgence, mais je me suis bêtement cogné en remontant à la surface. C'est pas la première fois que je suis obligé de plonger sous la glace, mais c'est jamais une partie de plaisir. »

Drago sentit sa bouche béer, et la referma sèchement en se retenant d'exprimer le fond de sa pensée.

« Je vais me prendre une douche », annonça Potter en commençant à se déshabiller, abandonnant sa cape sur le sol et se déchaussant avec négligence. « Tu voulais me dire quelque chose ?

– Non, je… » Drago chercha une excuse pour justifier sa présence ici autre que l'inquiétude, et dit finalement : « J'ai fini ma liste. Je voulais te la donner en mains propres, ça me paraissait la moindre des politesses.

– Okay. Ça peut attendre ? Ça te va si je vais me changer d'abord ?

– Bien sûr.

– Super, j'en ai pour cinq minutes ! » Potter s'essuya vaguement le crâne dans son pull avant de laisser celui-ci tomber par terre et de partir en direction de la salle de bain. Avant de fermer la porte, et alors que Drago ramassait le vêtement sur le sol, il lança d'un air malicieux : « Si tu veux me rejoindre, n'hésite pas, surtout ! » Puis il éclata de rire et disparut.

Au moins avait-il cessé de se lamenter. La capacité qu'avait Potter à oublier son ressentiment était impressionnante, et Drago se demanda franchement à quel point il manipulait habilement ses interlocuteurs ou s'il était sincèrement capable de tourner la page aussi facilement à n'importe quelle contrariété. Il devait être franchement facile, voir agréable à vivre, quand on était capable d'apprécier sa compagnie...

Drago hésita sur le traitement à réserver aux vêtements mouillés : Leur place était dans le bac à linge sale de la salle de bain, mais cette invitation rendait le fait de s'y diriger absolument hors de question. Il aurait pu les laisser gouter sur le balcon, mais le vent du Nord risquait de les emporter, ou bien dans l'évier de la cuisine, mais celui-ci était serait trop étroit pour contenir la cape, le pull et la chemise…

Drago fit un tas devant lequel il s'accroupit en comptant les minutes : A cet instant, Potter avait certainement fini de se déshabiller. Désormais, il examinait sa plaie dans le miroir au-dessus du lavabo. Étant donné sa masse capillaire, l'opération pouvait prendre un moment… Mais à présent, il pénétrait dans la douche, et enclenchait le robinet. En tendant l'oreille, et en entendant le bruit des canalisations, il eut la confirmation que ses calculs semblaient assez proches de la réalité. Drago attendit encore une minute, le temps que l'eau chauffe et qu'une épaisse buée remplisse la salle de bain. Enfin, il se releva, et se dirigea vers la porte de la salle de bain.

Frapper ou ne pas frapper ? Le risque était que Potter coupe l'eau et vienne lui ouvrir. L'autre risque était de le surprendre en train de se laver, ou pire, de se tripoter.

Drago se sentit violemment rougir à cette pensée. Il avait brièvement aperçu le corps nu de Potter de face, même s'il ne s'y était pas attardé. Il avait également vu son dos musclé à deux ou trois reprises… Mais l'imaginer entièrement nu, sous la douche, avec le corps ruisselant d'eau chaude et de savon… Imaginer ses fesses et ses cuisses… Pour une fois, ça serait lui qui serait humilié et en position de faiblesse... Un vague début d'excitation le dégouta et lui fit lâcher le tas de linge trempé qui lui encombrait les bras. Il donna quelques coups de pied pour reformer un tas compact juste devant la porte et forcer ainsi Potter à s'en occuper dès sa sortie, puis retourna au salon.

Le devant de sa robe – là où il avait maintenu les vêtements trempés contre son ventre – était moite et froid. Il tenta de s'essuyer nerveusement, se sentant souillé par cette preuve de contact, mais ne parvint qu'à agrandir la trace.

Des vêtements sales et des pensées impures. Drago se dégouta lui-même. Une nouvelle envie de vomir le prit, et il se rendit devant l'évier de la cuisine où il s'efforça de respirer calmement.

C'est à cet endroit et dans cette position que Potter le découvrit, quelques minutes plus tard.

« Ça va ? » demanda-t-il comme à son habitude.

Drago haussa les épaules, et répondit : « Ça va. Une nausée passagère.

– J'imagine que t'as aucune envie de manger ici ce soir ?

– Si. » Drago se lava les mains, bien qu'il n'en ait pas besoin. L'eau fraiche lui fit cependant du bien, et il s'humidifia le front et le visage. Étonné de ne pas entendre Potter jubiler, il se tourna vers lui et le considéra avec attention.

Le Directeur avait l'air d'un moldu pas bien apprêté : Il avait enfilé le même genre de pantalon informe et élastique que Drago avait volé dans ses affaires des siècles plus tôt, et qui tombait extraordinairement mieux sur son corps à lui, donnant une impression d'indolence paresseuse. Sa toison de poils noirs dépassait de façon vulgaire, habillait son ventre et son torse, et jurait de façon surprenante avec les lunettes rondes d'enfant sage. Potter émit un rire léger et détourna le regard.

« J'hésite entre essayer de comprendre ce revirement de caractère et laisser tomber pour juste profiter de la situation. »

Drago inspira profondément en poursuivant son étude du corps qui lui faisait face. « J'ai décidé, expliqua-t-il avec difficulté, de t'accorder le bénéfice du doute. Je vais essayer de faire abstraction de tout ce qui s'est passé jusque-là, et… » Il haussa les épaules. Et t'accorder le même traitement que celui que j'aimerais recevoir en sortant d'ici.

Potter ricana nerveusement.

« Tu penses être capable d'oublier à quel point je suis un mauvais coup et me donner une autre chance ? »

Drago rit faiblement à son tour. « Non. Je peux facilement croire au fait que tu sois négligeant au point d'oublier de me nourrir, mais il me sera plus difficile de faire abstraction de tes performances sexuelles.

– Le pari tient encore alors ?

– Si tu t'en sens capable, répondit Drago avec un haussement d'épaules.

– Est-ce que tu serais plus à l'aise si je passais un t-shirt ?

– Je pense, oui.

– Mais est-ce que tu ne préfèrerais pas continuer à me mater ? »

Drago ferma les yeux et sourit. « Je préfèrerais me sentir plus à l'aise. »

Il sentit dans la pression et la température de l'air que Potter quittait la pièce. Il sortit un verre qu'il remplit d'eau avant de le vider d'un trait, puis se rendit au salon. Il entrouvrit la porte des appartements, et fut accueilli par le tintement joyeux de la clochette d'or du chariot de service du soir. Un coup d'œil dans le couloir lui apprit que Mullan et Runcorn avaient déjà terminé leur repas.

Drago s'écarta pour laisser la petite desserte se faufiler dans le salon, et aller sagement se garer à côté de la table, où il la débarrassa de son fardeau.

Évidemment, elle ne comportait qu'un seul plateau de repas, mais Drago imagina que Potter avait pris des dispositions pour que les choses s'améliorent à partir du lendemain. Peut-être un plateau l'attendait-il en ce moment même dans sa cellule.

Il apporta du salon l'assiette de purée, steak, petits pois du midi, et se rendit à la cuisine pour prendre dans les tiroirs une paire de couverts supplémentaires.

Quand il revint dans la pièce à vivre, Potter – qui avait enfilé un t-shirt blanc – était occupé à séparer le steak haché en deux après avoir partagé équitablement les petits pois et la purée. Le repas prévu du soir – une quiche au poisson avec une salade de crudité – avait également été partagé, et les assiettes obtenues évoquaient désormais un mariage raté et légèrement écœurant.

Drago n'émit pas de commentaire et s'assit. Potter fit de même en face de lui. Ils commencèrent à manger sans rien dire, jusqu'à ce que l'ambiance ne devienne si pesante que Potter s'étouffa à moitié dans son verre d'eau en voulant se désaltérer.

« C'est ta faute, accusa-t-il. A cause de toi, j'ai peur de me faire agresser au moindre truc que je pourrais dire !

– Est-il si difficile pour toi de manger en silence ?

– Franchement ? Oui ! Ça me donne l'impression d'être puni. Mais j'ai l'impression que tous les sujets de conversation sont risqués, avec toi.

– Ta chouette était un bon choix stratégique.

– Je crois avoir fait le tour de mes aventures avec Hedwige la dernière fois…

– Tu as des prédispositions avec les animaux. Je me souviens des cours de Soins aux Créatures Magiques.

– Pas vraiment, prétendit Potter, j'ai juste un bon instinct, je pense. Et de la chance, évidemment. En fait, j'aime bien la plupart des animaux, mais… »

Et la machine était lancée. Drago écouta Potter parler d'hippogriffes, de dragons chevauchés, de sombrals apprivoisés, de hiboux et de chouettes à nouveau, et des albatros qui étaient, s'il fallait le croire, aussi intelligents que leurs homologues livreurs de courriers. La conversation était agréable et amusante, parfois franchement surprenante quand Potter annonçait comme si de rien n'était avoir été soigné par un phénix ou autorisé à chevaucher un centaure. Parfois franchement terrifiante quand il devenait évident que Potter était incapable de mesurer correctement le danger. Il fallut débattre et argumenter pour que Potter admette qu'il avait peut-être un don.

« Tu as raison, avoua-t-il en riant. Pour ma prochaine reconversion, il faudra que je pense à me faire Magizoologiste. Peut-être que je pourrais enfin être heureux, qui sait ? »

Drago nota le sous-entendu échappé par mégarde mais ne le releva pas.

Une bonne entente ne signifiait pas qu'il leur fallait désormais être amis. Une bonne entente ne signifiait pas qu'il devait endosser la responsabilité du bonheur du Survivant.