Oznella : Hey, pour une fois, les réponses à la plupart de ses suppositions arrivent tout de suite :D !
Pour le vocabulaire de Drago concernant le Surveillant du chap précédent, c'est totalement volontaire de ma part... Drago fait une distinction entre les viols réellement imposés et ceux auxquels il a plus ou moins consenti, et qui se rapprochent donc davantage de la prostitution, dans sa tête (même si il n'a jamais eu réellement son mot à dire dans les deux cas) Il a eu "le choix" avec Potter, mais s'est quand-même senti forcé... Il y a une espèce de logique dans sa façon de voir les choses, mais ça prendrait des pages pour réussir à expliquer ça plus clairement...
Le hall était sombre et immense, et laissait résonner les souffles courts des quatre hommes et de la Surveillante qui était parvenue à tous les tirer d'affaire. Un bruit de pas précipités se fit entendre, et ils furent rapidement rejoints par une seconde Surveillante, puis une troisième, qui n'hésitèrent pas à crier sur leurs collègues pour les sermonner d'être sortis devant la Selkie. Plusieurs hommes rejoignirent bientôt l'attroupement, les baguettes sorties, les bras chargés de cache-oreilles destinés à se protéger contre le chant de la créature.
Drago sentit qu'on allait tout lui mettre sur le dos, et recula nerveusement.
La première Surveillante à être intervenue, une jeune rousse dont l'œil commençait à gonfler le regarda en effet d'un air sévère, et commença à l'interroger :
« Qu'est-ce que tu fichais dehors, toi ?! Tu n'es pas censé quitter les appartements du Directeur ! »
Étonnamment, Runcorn prit sa défense : « Il en a le droit. L'ordre date de ce matin. Malfoy n'est pas responsable. Il a été aussi surpris que nous de voir la bête.
– Vous ne devriez pas être autorisés à aller sur la plage ! rétorqua l'une des femmes. Si Wihelma n'était pas arrivée à temps, vous serviriez de repas aux poissons, à l'heure qu'il est ! »
Les Surveillants se mirent à se disputer comme des chiffonniers, les hommes de mauvaise foi manifestement vexés d'avoir été manipulés, et les femmes n'hésitant pas à faire preuve de condescendance.
Drago, en tant que prisonnier, se sentait gêné d'assister à l'échange.
La rousse lui prit doucement le bras. « Tu t'es bien comporté, admit-elle. J'en informerai Monsieur Potter. Mais maintenant, file. Ce n'est pas parce qu'il te donne tous les droits que tu dois faire n'importe quoi. »
Drago chercha l'autorisation dans les yeux de Runcorn qui hocha la tête. Drago remercia la Surveillante et remonta aussi rapidement que possible vers l'étage du Directeur. Il croisa la Surveillante Major Mullan qui ne lui adressa pas un mot ni un reproche mais rejoignit en vitesse l'attroupement au rez-de-chaussée.
Il connaissait désormais les voix des quatre Surveillantes travaillant sous les ordres de la Major, et aucune ne correspondait à celle qu'il avait surpris dans ses appartements un jour. L'affaire avait peu d'importance en comparaison de ce qui venait de se jouer, mais Drago ricana quand-même de sa découverte.
De retour dans les appartements du Directeur, il se jeta sous une douche brûlante qui ramena ses pieds à la vie, puis enfila les vêtements de moldu de Potter avant de suspendre sa robe à sécher devant la cheminée.
La mission qu'il s'était auto-confiée avait été un échec, et pourtant, elle avait le goût de la victoire : Les Surveillants ne l'avaient pas violenté. Aucun d'entre eux. Il avait véritablement eu le droit de se promener dehors. Il avait peut-être bien sauvé des vies. Il avait servi à quelque chose.
Il sorti le petit bocal d'eau de mer et de coquillages de sa poche, et l'observa. A l'origine, il avait voulu capturer l'odeur de l'océan et le bruit des vagues dans les cailloux… Désormais, les graviers et coquillages qui s'entrechoquaient mollement lui rappelaient qu'il était capable d'autres choses que de vendre son corps, et la valeur du bocal était devenue sans limite. Celui-ci serait le clou de sa collection.
Potter revint à son horaire habituel, un sourire fatigué aux lèvres, et portant du bout des doigts les bottines et chaussettes trempées de Drago. Celui-ci s'était installé dans le canapé pour profiter de la cheminée tout en travaillant.
Potter posa les chaussures dégoulinantes d'eau sur la table basse, puis s'installa dans le fauteuil face à Drago, où il s'enfonça confortablement en regardant son comparse sans dire un mot. Drago serra les lèvres pour étouffer un sourire, mais il sentit les muscles de ses joues se contracter malgré lui. Il baissa les yeux vers son calepin et tâcha d'ignorer l'homme qui lui faisait face jusqu'à ce qu'il se décide à prendre la parole.
« Est-ce que ça t'amuse de tester les limites ? demanda-t-il enfin.
– Tu m'as dit que je pouvais aller où je voulais, répondit Drago sans lever les yeux.
– Parce que je partais du principe que tu n'étais pas suffisamment stupide pour te mettre volontairement en danger… Est-ce que tu comptes aussi te promener dans les corridors des détenus ?
– Non. » Cette fois, Drago leva les yeux et fixa son interlocuteur dans les yeux, afin de lui montrer à quel point il était sérieux. Puis il répéta, en secouant doucement la tête : « Non.
– D'après Puffett, tu es le seul à avoir gardé ton sang-froid, là-bas… Tu sais pourquoi ? »
Drago baissa à nouveau les yeux sur ses notes. « Probablement parce que je suis gay, Potter. »
Le sorcier ne répondit pas, surprenant Drago qui finit par le regarder à nouveau avec l'air interrogateur.
« C'est intéressant, et du coup, j'ai du mal à me décider sur l'ordre dans lequel poursuivre l'interrogatoire », expliqua Potter les yeux plissés.
Drago sourit, trempa sa plume dans l'encre et ajouta les formules de politesse à la lettre qu'il venait de rédiger. Il posa ensuite son matériel sur la table basse et s'enfonça confortablement dans son canapé. Il réalisa alors qu'ils se tenaient chacun à la place qu'avait occupé l'autre lors de leur première entrevue. Drago ne s'était pas rechaussé, et il s'imagina glisser un pied nu entre les cuisses de Potter.
« Et bien je suppose que mes préférences sexuelles et romantiques ont beaucoup moins d'intérêt que ce qu'il s'est passé dehors, alors tu devrais peut-être te concentrer là-dessus.
– Hm, beaucoup moins, je ne dirais pas ça, non. Mais soit. Pourquoi étais-tu sorti ? »
Drago se mordilla les lèvres… Il savait que Potter allait de nouveau s'alarmer et l'étudier comme un cas particulier dans sa vendetta personnelle contre les Détraqueurs. Plus tôt dans la journée, le cœur de Drago basculait encore entre eux. A présent, il réalisait l'espèce de sincérité désarmante de Potter et sa volonté à vouloir réellement respecter son libre-arbitre. Il avait même pensé à prévenir les Majors.
« Le Détraqueur… commença Drago en cherchant ses mots. Je voulais voir s'il reviendrait, si j'étais seul à nouveau… »
Potter fit jouer ses doigts sur l'accoudoir du fauteuil, et son regard prit l'expression concentrée et attentive à laquelle Drago s'était attendu.
« Est-ce que tu sais faire un Patronus ? demanda-t-il, finalement.
– Je ne pense pas que les gens comme moi en soient capables. » Le Patronus était une forme de magie extrêmement pure que seuls les Sorciers à la fois puissants et vertueux étaient capables de maîtriser. Drago Malfoy, avec son bras marqué par les Ténèbres, son âme dépravée et son corps souillé était loin de cocher les bonnes cases.
« Dans ce cas, qu'est-ce que tu espérais faire, s'il s'était montré ? »
Drago haussa les épaules et regarda le feu dans la cheminée. « Rien… Il ne m'aurait pas attaqué. Je n'ai rien à craindre de lui.
– Ce n'est pas parce que tu as de la chance une fois que ça sera toujours le cas. Il ne t'a pas attaqué la première fois, peut-être parce qu'il agissait sur les ordres de quelqu'un et que tu n'étais pas sa cible. Mais plus longtemps il restera éloigné de son maître, et plus forts ses instincts de prédation reviendront.
– Il ne me fera jamais de mal », répéta obstinément Drago sans lui accorder un regard. La certitude était puissante, ancrée profondément en lui.
« Je pense m'y connaître un peu plus que toi en Détraqueurs.
– Vraiment ? s'agaça Drago. Parce que tu en as affronté deux ou trois fois ? J'ai vécu avec des Détraqueurs pendant des mois et des mois. Nous n'avons clairement pas la même expérience, mais je ne pense pas être un total ignare sur le sujet.
– Et bien pourtant, il n'a pas réagi comme tu l'avais prévu, pas vrai ? » Le ton montait et Drago regretta un instant que le sujet de conversation ne se soit pas plutôt porté sur son homosexualité.
« Non, mais je sais où il est.
– Il bouge, il fuit. C'est pour ça qu'on ne le trouve pas.
– Il est parfaitement immobile. Au Sud-Est, là où la mer est la moins agitée.
– On a quadrillé absolument tout le secteur. S'il s'était tenu immobile, on l'aurait vu.
– Vous ne l'avez pas vu parce qu'il se trouve plus d'une centaine de mètres sous la surface, là où la mer offre une protection suffisamment robuste à vos sortilèges de détection.
– Je ne pensais pas avoir à apprendre ça à un spécialiste de la question, mais les Détraqueurs ne sont pas des créatures aquatiques, se moqua Potter avec une ironie mordante.
– Je ne pensais pas avoir à apprendre ça à un spécialiste de la question, répliqua Drago en haussant le ton, mais les Détraqueurs n'ont aucun besoin de respirer, de se tenir au chaud, de réaliser de la photosynthèse ou de s'occuper l'esprit en se promenant ou en baisant. Il peut parfaitement survivre dans l'eau, et c'est là qu'il attend. Si tu ne me crois pas, interroge la Selkie ! Il fait fuir les animaux ! C'est à cause de lui qu'elle a dû aller si loin et chasser une proie aussi énorme ! »
Potter ne répondit pas, et le silence se fit pesant… Drago abandonna finalement son observation des flammes pour tourner son regard vers le Survivant, ses sourcils froncés, sa bouche plissée. Il regretta de nouveau que la conversation ait pris ce tournant agressif, et tenta de faire dévier le sujet :
« D'ailleurs, en parlant d'elle, est-ce qu'elle n'était pas sensée ne pas attaquer les Sorciers disposant d'une baguette ?
– Elle n'a attaqué personne, répondit pensivement Potter. Si elle avait vraiment voulu les attirer, elle aurait chanté. Elle jouait avec toi. »
Drago se sentit d'un seul coup absolument ridicule.
« Ils n'ont jamais été en danger ?
– S'ils avaient réellement couru le moindre danger, je n'aurais pas pris cette affaire à la rigolade.
– Mais ! Les Surveillantes ! Elles ont dit que… » Servir de repas à une Selkie ou à un Détraqueur n'était pas un destin attirant, mais servir de jouet était presque pire.
« Tu n'as pas été le seul à te faire avoir », annonça placidement Potter.
Drago sentit sa bouche béer, et la referma d'un claquement sec. Il ne voulait absolument pas croire à cette théorie et à cette version de l'histoire, mais avec le recul… Il était vrai que les choses s'étaient peut-être déroulées trop facilement… Son visage rougit de honte.
Potter prit une grande inspiration, puis adressa un regard décidé à Drago :
« Très bien, on va tester ta théorie. Habille-toi chaudement et mets ça dans tes poches. » Il désigna le chocolat sur la table basse. « On part à la chasse. »
Bon, le chapitre du jour était un peu court... Il servait surtout de conclusion au précédent et d'introduction au suivant.
(Et j'ai réalisé un peu tard que Ombrage avait un patronus de chat, et donc, que rien n'empêche donc un "méchant" d'en invoquer un s'il se sent légitime... Et bien on dira que Drago n'est clairement pas un spécialiste des Détraqueurs :D)
