daphlanote : Wahou, félicitations pour t'être envoyé autant de chapitres X,D
Je pense qu'il devait y avoir une part de moi qui avait du mal à trop se projeter dans les persos au début, et ça les rend un peu moins "épais"... Je continue à trouver que les chapitres "joyeux" (genre celui où Drago découvre sa cellule) sont mieux écrits que les plus violents ou brutaux (tant mieux pour mon équilibre mental, dans un sens)
Merci pour ta review, en espérant que la suite te plaise :D

Diri-Chan : Hey, bon retour :D !
Concernant les gardiens, Harry n'a probablement même pas besoin de se justifier : Après tout, il est Harry Potter XD

Là, on rentre un peu dans une phase kikoutrognonne de l'histoire... Bon, vous me connaissez, c'est du kikoutrognon soft XD Et qui ne dure pas.


Potter laissa Drago tranquille jusqu'au lendemain : Ils prirent leur repas du soir comme à l'accoutumée, discutant de tout et de rien. Drago avait presque l'impression que la bataille avec le Détraqueur n'avait été qu'un mirage, une rêverie. Seul le nez enflé de Potter, qui avait cessé de saigner mais restait rouge, était une preuve tangible qu'il s'était bien passé quelque chose.

Le lendemain matin, en revanche, Drago rejoignit les appartements du Directeur dès l'ouverture de sa cellule – Il ne voulait pas remettre le couvert avec les prisonniers et avait de toute façon fini la lecture de son roman – et il y pénétra sans frapper. Potter n'était pas là, et le balai non plus.

Il sortit sur le balcon et attendit en se rongeant nerveusement les ongles, inquiet et énervé par le comportement d'inconscient du héros des Sorciers.

Le nuage d'albatros apparut bientôt, Potter en son centre, et s'en fût réglé de l'inquiétude, mais l'énervement persista. Drago adressa un regard lourd de reproche au Directeur, puis rentra en claquant la porte, et s'en alla préparer deux chocolats chauds dans la kitchenette.

« Tu sais que tu peux pas m'enfermer dehors, et que je suis capable d'invoquer un Alohomora, n'est-ce pas ? »

Drago fusilla du regard l'homme qui se tenait dans l'encadrement de la porte. Ses cheveux en batailles, son nez toujours blessé, ses vêtements humides et chiffonnés… Et son sourire satisfait…

« Je pensais qu'on s'était mis d'accord sur le fait que tu cesserais de jouer les têtes brûlées.

– Pas du tout. Je t'ai dit que je prendrais tes avertissements en garde, et cette fois j'y suis allé en étant un peu plus préparé. Je peux absolument rien faire contre le fait d'être une tête brûlée.

– Et ? » Drago versa le chocolat dans deux mugs aux armoiries du château.

« Et il n'était évidemment plus là. »

Drago but en silence, et Potter l'imita.

« Tu penses être capable de le retrouver ? » demanda finalement Potter en le regardant par-dessus le bord de sa tasse.

Drago haussa les épaules. Plus le temps passait, et plus il avait l'impression que le spectre s'éloignait de lui. Peut-être était-il nécessaire que son état mental soit au bord du gouffre pour rétablir une connexion. Si c'était le cas, il n'était pas sûr de vouloir se placer là de lui-même.

« Est-ce que tu accepterais de nous expliquer comment tu as su où il était.

– Je te l'ai déjà dit, répondit Drago entre deux gorgées de chocolat, j'ai simplement réfléchi. Je me suis demandé où j'irais si j'étais à sa place.

– Explication que j'aurais accepté sans broncher si tu m'avais indiqué une zone large ou bien différente des autres, mais tu m'as conduit au-dessus du point précis où il se trouvait, qui ne différait en rien du reste de l'océan.

– J'imagine que j'ai simplement ressenti sa présence, tu sais qu'ils ont ce pouvoir-là, non ?

– Tu sais que je ne suis complètement idiot, n'est-ce pas ? »

Drago lui sourit méchamment : « Non, ça tu me l'apprends. Depuis quand as-tu acquis l'intelligence, Potter ?

– J'ai toujours été intelligent. Je ne deviens idiot que quand je croise tes jolis yeux. »

Drago éclata de rire devant la ringardise de la réplique. Il en eu les larmes aux yeux. A ses jolis yeux. Il faillit même en perdre l'équilibre, et s'il n'y avait pas eu le frigo sur lequel s'adosser, peut-être serait-il tombé à la renverse. De toute sa vie, jamais il n'avait ri comme ça.

« Est-ce que tu as déjà réussi à draguer qui que ce soit avec ce genre de réplique ? parvint-il à hoqueter entre deux éclats.

– Jusqu'ici je n'ai jamais eu besoin de draguer qui que ce soit, répliqua Potter. Mon charme naturel suffisait. » Il épongeait tranquillement le chocolat que Drago avait renversé durant sa crise d'hilarité.

Drago se cachait le visage, gêné de ne pas parvenir à reprendre totalement son sérieux, les épaules toujours agitées de tremblements.

« Je n'en doute pas. Le célèbre Harry Potter n'avait probablement qu'à exhiber sa cicatrice puis à choisir celle de ses admiratrices qui ne soit pas tombée en pamoison. »

– Et bien oui, précisément, et c'est pour ça qu'il est assez rafraichissant de fréquenter quelqu'un comme toi.

– Si je te plais tellement, pourquoi m'as-tu rejeté, la dernière fois ? » Drago continuait de sourire, mais la question était sérieuse, et une bouffée de nostalgie le saisit. Il s'essuya doucement les yeux et se recoiffa.

Potter le regarda un moment, puis répondit : « Parce que je commence à comprendre qu'il y a une différence entre le Malfoy de surface qui sert à encaisser les coups, et le vrai Malfoy, en dessous. Et c'est celui-là qui m'intéresse.

– Est-ce que tu ne pourrais pas m'accorder de conserver au moins l'un de mes Malfoy ?

– Si tu me prêtes celui-la, je ne l'abîmerai pas.. »

Ils se regardèrent un moment en silence, puis Potter s'approcha et replaça une mèche de cheveux que Drago avait oubliée.

« Et quel Harry Potter me parle ? demanda finalement Drago. Le gentil Survivant, ou le Directeur Sadique ?

– Là, c'est juste Harry. »

Drago secoua la tête et repoussa doucement la main qui s'était attardée sur sa joue. Il s'empara des deux tasses vides de chocolat, tourna le dos, et entreprit de faire la vaisselle dans l'évier de la cuisine. Harry était trop mystérieux, trop dangereux, trop attirant, comme l'un de ces animaux sauvages qui le fascinaient tant. Harry Potter était affreux, mais au moins Drago savait-il à quoi s'attendre avec lui, et il ne voulait rencontrer personne d'autre.

·

Drago passa la journée à travailler tranquillement. En milieu d'après-midi, une envie de sortir parcourir l'île à nouveau se fit sentir, mais il la réfréna. Il aurait été inconvenant d'y céder après avoir fait une scène à Potter sur la nécessité de rester à l'abri. Il s'autorisa en revanche à passer un moment sur le balcon à observer les environs.

Depuis que la Selkie avait ramené le corps de l'orque d'on ne sait où, on voyait de nouveaux oiseaux sur l'île : Des mouettes, des goélands, de petites sternes arctiques à la queue fourchue et dont le chant aigu donnait un vent de fraicheur sur cet ilot désolé. Il était peu probable que ces oiseaux restent longtemps sur place une fois que le cadavre aurait été dépecé, et il était donc important de profiter de leur présence aussi longtemps que possible.

Drago se demanda où le Détraqueur avait pu se réfugier à présent, et réalisa qu'il n'en savait rien. Dans les eaux, dans les airs ? Dans un endroit de calme ou de tempête ? Il n'en avait aucune idée, le lien semblait rompu. Il n'éprouvait plus ni attirance, ni répulsion pour la créature.

Le soir vint, Potter rentra, et Drago l'informa de la situation.

« Est-ce que c'est vrai, ou tu essayes de le protéger ? »

Ils étaient de nouveau installés dans les fauteuils et canapés confortables. Drago avait sélectionné trois nouveaux romans moldus et les feuilletait pour décider lequel il préférait emprunter. Il marqua la page du doigt, intrigué par un mot survolé qu'il ne connaissait pas, et releva la tête.

« C'est vrai. Et c'est ta protection à toi qui m'inquiète.

– Tu ne penses plus qu'il est inoffensif ?

– Je n'ai jamais pensé qu'il puisse être inoffensif pour tout le monde… »

Drago baissa à nouveau les yeux vers son livre et lut le paragraphe qu'il avait marqué. Le passage n'avait aucun sens, aussi survola-t-il les pages précédentes… Définitivement perdu et intrigué, il poussa un soupir et décida que ce roman-ci aurait sa priorité.

Il examina machinalement la bibliothèque en réfléchissant à une nouvelle organisation : Peut-être les romans moldus pouvaient baisser d'un étage. Les livres pratiques de magie de tous les jours n'étaient jamais consultés par Potter qui débordait tant de pouvoir qu'il n'en avait nul besoin, et préférait souvent utiliser un assemblage complexe de sortilèges puissants plutôt que de s'embêter à apprendre un sort plus basique.

Il s'en occuperait le lendemain.

Potter le laissait faire de ces appartements absolument tout ce qu'il voulait : déplacer les meubles, les bibelots, fouiller ses affaires pour ranger les choses de façon plus efficace, entreposer dans la salle de bain une seconde brosse à dent, afin qu'il puisse se rafraîchir à midi… Parfois, il râlait quand il ne retrouvait pas un dossier, un papier, une plume ou un extrait de journal… Mais il n'accusait jamais Drago : Si celui-ci ne l'aidait pas spontanément, alors il supposait avoir oublié ses affaires dans la salle de pause des gardiens, ou dans sa salle de réunion, ou dans son bureau officiel…

« A quoi tu penses ? » demanda Potter en l'examinant.

Drago réalisa qu'il avait été observé pensivement de longues minutes. Un coup d'œil aux sourcils et au front plissé, et il sut que le sujet de réflexion du Survivant n'avait lui, pas changé : Le Détraqueur et la fascination qu'il avait exercé sur le prisonnier.

« A la bibliothèque, répondit-il enfin. Au rangement. Je me disais que tu n'avais toujours pas l'air de te sentir chez toi, ici. Tu n'as jamais rien déplacé, tu n'as mis ta touche personnelle nulle part.

– J'imagine que je n'ai jamais pris l'habitude d'avoir un logement à moi, répondit pensivement Potter en regardant lentement autour de lui. J'ai vécu chez les Dursley pendant 11 ans, et puis il y eu le dortoir partagé pendant 6 ans… Ensuite j'ai été un fugitif, ou alors j'ai vécu un moment chez les Weasley… Après, on s'est pris un appart en colloc avec Ron, mais il a épousé Hermione et il est parti. J'ai essayé de vivre un moment chez mon parrain, mais c'était trop grand pour moi, avec trop de souvenirs… Alors j'ai pris une sous-loc dans un quartier moldu, mais je savais que c'était temporaire… »

Drago l'interrogea sur les différentes chambres qu'il avait occupé, essayant de comprendre pourquoi il n'avait jamais essayé de les faire siennes. Il réalisa que le Survivant n'avait pour ainsi dire jamais eut de chez-lui et comprit pourquoi son amour pour sa cellule lui échappait complètement. Quand Potter lui raconta avoir vécu une grande partie de son enfance dans un placard à balai, il éprouva une bouffée de consternation devant la stupidité abyssale et la cruauté des moldus, et Potter dût passer le repas entier à argumenter pour le persuader que les Dursley étaient une famille à part, et que tous les Non-Sorciers n'étaient pas à mettre dans le même panier. C'était une théorie assez difficile à accepter, car Drago avait déjà rencontré de ces individus stupides et aveugles à tout ce qui ne faisait pas parti de leur quotidien insipide. Le roman moldu qu'il avait terminé le matin même fut une aide certaine pour qu'il admette que du point de vue des émotions au moins, ils étaient assez proches des Sorciers. Disons aussi proches que le sont les hiboux, par exemple.

« Je suppose que tu ne veux pas dormir ici ? demanda Potter pendant que Drago remettait ses chaussures.

– Non.

– Et tu préfères que je ne t'accompagne pas ? »

Drago hésita longtemps avant de répondre à cette question-ci. La dernière fois, il avait réussi à embrasser Potter à travers la grille, et la pensée le troublait de savoir s'il pouvait y parvenir à nouveau… Mais la dernière fois, ils étaient dans le noir complet, et encore à un stade de leur relation ou il pensait se moquer du rejet ou de l'envie de Potter.

« Oui, je préfère être seul.

– Lundi, j'aimerais bien que tu ne traînes pas trop tout seul dans les couloirs, et surtout pas dehors. »

Drago fronça les sourcils. On était vendredi, et il ne comprenait pas pourquoi Potter mentionnait le Lundi comme un jour différent des autres.

« Pourquoi lundi ? » demanda-t-il en se redressant après avoir noué ses lacets – un nouveau cadeau du Directeur, soit dit en passant.

« Et bien, lundi après-midi, je suis à Londres.

– Quoi ? » Drago paniqua. Potter n'avait quitté l'île qu'une seule fois, pour passer Noël avec ses amis.

« C'est noté dans mon agenda. J'ai rendez-vous avec ma psy. »

La soigneuse moldue… Drago n'avait pas fait le lien entre le nom inconnu dans son double de l'agenda magique et la possibilité qu'il se fût agi d'une personne extérieure au pénitencier ou qui ne pouvait être contactée par poudre de Cheminette.

« Et si… » Le Détraqueur, les Surveillants, Ackerley, Macnair, une tempête, un incendie, une émeute, un problème… Si Potter n'était pas là…

Une main se posa sur la sienne, faisant sursauter Drago et le ramenant à la réalité. Il réalisa qu'il s'était tordu nerveusement les doigts, perdu dans ses pensées angoissées.

« C'est juste l'après-midi, et je reviens avant le repas du soir », tenta de le rassurer Potter, en lui caressant doucement les doigts.

« Il est au nord. Sous les glaciers. »


Est-ce que ce n'est pas beau, Drago qui rejette ainsi ses préjugés sur les moldus ?