Coucou ! Merci beaucoup pour votre enthousiasme sur le prologue ! On repart pour une toute nouvelle aventure qui va nous mener loin, loin, loiiiin dans de gros, gros problèmes.
Chapitre 1 : La grande terreur
La règle claqua avec tellement de force que plusieurs trousses et classeurs chutèrent de la table de l'amphithéâtre. Violet Afton releva un regard blasé sur l'homme au faciès de bouledogue mécontent qui lui faisait face. Monsieur Romero, son professeur de mécanique, était appuyé sur le pupitre, les yeux braqués sur le dessin hors-sujet qui se trouvait sur sa feuille de cours. Le petit bonhomme à la calvitie prononcée lui arracha son occupation des mains et remonta sur l'estrade pour le montrer à toute sa promotion avec cet air satisfait si caractéristique des enseignants venant de trouver un peu de distraction dans leur vie.
Il prit le temps de se rasseoir derrière son bureau, de faire grincer le micro qui produisit un bruit aigu avant de prendre la parole, d'une voix confiante et arrogante.
— Non seulement vous ne répondez pas à mes questions, mais en plus vous perdez votre temps à dessiner des enfantillages au lieu de prendre des notes. Puisque vous semblez si prompte à faire autre chose, pourquoi ne pas nous parler de ce que ça représente et le lien que cela a avec le cours ?
Un petit sourire traça son chemin sur le visage de la jeune femme. Elle se leva de son siège, rabattit ses longs cheveux noirs dans une queue solide avant de défier ouvertement le petit homme ratatiné derrière son bureau, qui ne s'attendait sans doute pas à ce qu'elle le prenne au mot.
— C'est un circuit électronique à deux cadrans solaires auquel est attaché une intelligence artificielle autonome et reliée à Internet. Il est conçu pour s'adapter à la vétusté de robots datant des années 1980 en alliant des pièces recyclées et de l'équipement moderne. Cet "enfantillage", ajouta-t-elle d'une voix pleinement sarcastique, est sans doute plus complexe que tout ce que vous n'aurez jamais la chance de toucher dans votre vie, alors je vous prie de me le rendre, monsieur.
Plusieurs de ses camarades retinrent leur souffle derrière elle. Monsieur Romero, ancien de l'université, ne faisait pas partie des professeurs ouverts d'esprit qui considéraient les étudiants comme leurs égaux. Son visage verdâtre ne tarda pas à virer au rouge furieux. Les mains écumant de rage, il se releva et vint rendre le croquis à sa propriétaire d'un pas tellement sec et colérique qu'il s'apparentait presque à une marche militaire. Il retira les grosses lunettes rondes de son front couvert de sueur et se pencha vers la jeune femme, la main toujours accrochée au bout de papier. Amusée, Violet refusa de lui faire plaisir et baisser le regard.
— Madame Afton, vos connaissances en robotique sont peut-être épatantes pour vos camarades au quotient intellectuel limité, mais vous n'êtes pas dispensée de cours. Tant que vous serez dans ma classe, je ne tolérerais pas votre insolence et vos remarques déplacées. La mécanique est une matière complexe et intéressante, je…
— Sauf votre respect, monsieur Romero, la moitié de l'amphithéâtre dort et l'autre est sur Twitter. Le calcul qui est affiché sur votre diaporama est faux, et vos méthodes dépassées depuis vingt ans. Et j'ajouterais même que votre ton monotone pourrait faire s'endormir un mort.
Cette fois, Romero explosa. Sa voix monta dans les aigus et il se mit à gesticuler en faisant les cent pas le long de l'amphithéâtre et en prononçant des mots à peine perceptibles maintenant qu'il n'avait plus de micro. Devant les étudiants médusés, il se transforma en véritable ballon de baudruche rouge fluorescent et qui menaçait de percer sous peu. Il finit par montrer la porte à Violet qui, après avoir salué son auditoire qui l'applaudissait, sortit la tête haute.
Arrivée dans le grand hall de l'université, elle se laissa tomber dans un des poufs en libre-service devant la cafétaria, déserte à cette heure avancée de la matinée. Elle poussa un lourd soupir avant de lever la tête vers le mur noir devant elle. Quatre paires d'yeux d'un blanc trop lumineux pour être naturel y apparurent bientôt. Au moins deux d'entre elles étaient accusatrices. Elle leur lança un sourire désolé.
— Voyez le bon côté des choses, j'ai déjà eu mon sermon.
Un renard fantomatique de deux mètres de haut sortit du mur, suivi rapidement d'un ours, d'un lapin violet et d'un poulet jaune faits de la même matière. Tous ressemblaient comme deux gouttes d'eau aux désormais très célèbres animatroniques du Circus Baby's World II, dont le chiffre d'affaire avait explosé suite à l'instauration de spectacles nocturnes aux robots presque vivants. Seule sa famille connaissait cependant le petit secret de l'entreprise : les animatroniques, hantés par des enfants tués dans les années 1980, s'activaient la nuit pour faire le show, et éventuellement garder à l'œil le prisonnier qui se trouvait dans le sous-sol de l'établissement, Springtrap.
Les quatre fantômes la suivaient partout, comme des anges gardiens, ce qu'ils étaient peut-être au fond. Cela faisait fort longtemps qu'elle avait cessé de trouver cela étrange. Sa vie était de toute manière tout sauf normale, et elle avait fini par y voir dans cette série d'épreuves le petit piquant qui manquait à son existence avant cela.
— Tu ne peux pas continuer comme ça, râla la voix du renard, Foxy, dans sa tête. Ton grand-père a payé cher pour cette école. Et en plus, c'est la troisième !
— Mais je sais déjà tout ! se plaignit-elle. Grand-Père m'a appris comment vous réparer, vous redécorer, vous améliorer… Je perds du temps ici alors que je pourrais être à la pizzeria et aider papa.
Freddy, l'ours et leader de la joyeuse bande, éclata de rire.
— Tu sais, objectivement, tu dois être la première garde de nuit en plus de cent ans à avoir hâte de prendre tes gardes au restaurant. Quand est-ce qu'on a arrêté à ce point de faire peur aux gens ? Je me sens vieux.
Sa remarque arracha un sourire à la jeune fille. Elle s'apprêtait à lui répondre lorsque les portes vitrées s'ouvrirent sur un groupe de garçon bruyants. Les fantômes disparurent en un battement de cil. Violet saisit son sac et se leva pour gagner la sortie. Elle tenta de les éviter, mais bien trop tard. Des pas rapides résonnèrent derrière elle comme la sentence d'un tribunal avant que deux mains ne la propulsent violemment en avant. Son front claqua durement au sol. Elle se retourna maladroitement pour leur faire face.
— Tiens, tiens, mais c'est la fille du tueur en série qui essaye de nous fausser compagnie ? Alors, poulette, on a osé sortir de sa pizzeria ?
Son cœur se mit à battre plus vite. Maverick Hubbard avait perdu sa petite sœur au Fazbear Museum, douze ans auparavant. Il tenait la famille de Violet pour responsable et lui menait la vie dure depuis son arrivée à l'université. La jeune femme avait appris à l'éviter, mais il s'arrangeait toujours pour la coincer une ou deux fois dans le mois, afin de lui rappeler à quel point il était grand et fort, et elle faible et incapable de se défendre.
Violet se mit rapidement sur ses jambes. La sortie se trouvait juste derrière lui. Elle prit un peu d'élan et força le passage entre ses agresseurs avant de se ruer dehors et courir à en perdre le souffle. Elle se retrancha vers la sortie de la faculté, puis vers les ruelles en face de l'établissement scolaire. Il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre qu'elle était suivie. Bien sûr qu'il n'allait pas s'arrêter là. Il ne s'arrêtait jamais. Paniquée, elle réfléchit à l'itinéraire le plus rapide pour rejoindre la pizzeria. Malheureusement, elle commit une erreur fatale en tournant au hasard au coin d'une rue. Cul-de-sac. Affolée, elle essaya d'escalader le mur, mais il n'avait pas assez de prises et elle échoua lamentablement.
— Meurtrière ! l'interpella son harceleur au bout de la rue. Où est-ce que tu crois aller comme ça ?
Elle fit volte-face. Maverick et ses amis bloquaient la seule issue. Sa respiration s'accéléra et elle sentit peu à peu son emprise sur la réalité s'affaiblir. Elle cédait à la panique, et elle savait qu'il revenait toujours à ce moment-là, plus vicieux que jamais. Les murs de la ruelle devinrent flous et des taches rouges commencèrent à y apparaître, encore humide. Elle voulait fuir, mais elle savait qu'il était derrière lui. Un énorme lapin robot au pelage trouvé et sale, une hache à la main, s'avançait pas à pas dans sa direction et frappait au hasard l'attroupement d'enfants affolés qui essayait de fuir. Ses yeux blancs se posèrent sur elle, complétement tétanisée par la peur. Violet tenta de se ressaisir, mais elle n'y parvint pas. Les garçons devant lui ne devinrent bientôt plus que des ombres et leurs insultes inaudibles. Ils étaient comme lui. Ils lui voulaient du mal.
Terrorisée, elle se recroquevilla au sol, les mains sur la tête pour se protéger. Elle éclata en sanglots, ses membres pris de violents tremblements incontrôlables. Il allait la tuer. Ce n'était qu'une question de secondes. Le sol bétonné se remplissait de cadavres d'enfants aux yeux exorbités, fauchés par la mort en quelques secondes. Derrière elle, le mur, de l'autre, le lapin géant et son rire mécanique terrifiant. Elle ne pouvait pas s'enfuir. Il le savait. Elle allait mourir. Comme les autres.
Une ombre apparut devant elle, d'abord insignifiante, puis de plus en plus grosse. Les contours d'un ours doré se solidifièrent et la tirèrent peu à peu de la crise de panique dont elle était victime. L'illusion se dissipa peu à peu, alors qu'elle reprenait le contrôle de sa respiration. Violet était dans la rue, face à ses agresseurs. Mais désormais, entre eux, se tenait Golden Freddy. Le robot poussa un cri rageur qui fit trembler les murs et fuir Maverick et sa bande, terrifiés par l'apparition surnaturelle.
Au bout de la rue, une forme humanoïde noire très fine avançait vers elle à un pas rapide. Violet souffla de soulagement en reconnaissant bientôt la Marionnette, poursuivie par les fantômes paniqués de ses amis qui avaient foncé l'avertir. Le robot la prit dans ses bras et lui frotta doucement le dos, jusqu'à ce que ses derniers hoquets de terreur ne s'évanouissent.
— C'est terminé, dit-elle d'une voix douce. Il ne te fera plus de mal. Tu es en sécurité. Viens, on rentre à la maison.
Dépitée, la jeune femme accepta de se lever et lui prit la main. Elle l'accompagna à la sortie de la ruelle puis la suivit vers la grande route et surtout vers la pizzeria, de l'autre côté de celle-ci.
