Coucou :D Un peu de développement de personnages aujourd'hui avant le vrai début de l'intrigue pour le prochain chapitre :3 Bonne lecture !
Chapitre 3 : Le paria
Le service du soir battait son plein lorsque l'heure du rendez-vous de Violet avec son meurtrier en série préféré arriva. Les serveurs couraient dans la salle, des piles de boîtes de pizza dans les mains, de plus en plus pressés. Il fallait que tout le monde soit servi avant le début du spectacle, cinq minutes plus tard. Violet aida à la distribution des derniers repas avant de s'éclipser vers le sous-sol lorsque les rideaux s'ouvrirent sur Freddy et sa bande. Malheureusement, quelqu'un ne l'entendait pas de cette oreille. La Marionnette montait déjà la garde devant les escaliers, fermement décidée à l'accompagner. La situation n'enchanta pas spécialement la jeune femme, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix : elle irait peu importe ce qu'elle disait.
Dans un soupir, Violet posa sa main sur le détecteur digital qui émit un bip sonore puis descendit les escaliers. Elle toqua deux fois à la vitre du lapin, le signal pour lui dire de s'écarter, puis elle posa sa main sur un nouveau détecteur. Un pan du mur coulissa et disparut dans le sol, laissant la place suffisante pour entrer dans la cellule du lapin. La Marionnette passa la première pour s'assurer que le criminel restait à sa place. Violet lui emboîta le pas.
Collé contre le mur, bras derrière le dos, le lapin défiait sa vieille ennemie du regard. A chaque fois, c'était la même chose : dès que la jeune femme n'était pas seule, William devenait agressif et méfiant. Violet les ignora pour se diriger vers la table en métal au centre de la pièce. Un endosquelette effrayant lui offrit un regard vide. Pour passer le temps, le robot avait le droit de jouer avec d'autres robots. Plusieurs prototypes étaient même d'ailleurs en étude pour rejoindre le gang originel. Celui qui était sur la table était, d'après les plans, une future grenouille. Pour l'instant, ce n'était qu'un morceau de métal froid et vide au visage aplati qui faisait froid dans le dos.
Springtrap la rejoignit prudemment, les yeux toujours rivés sur la Marionnette, qui s'était appuyée contre le mur, silencieuse. Les doigts de William effleurèrent lentement le métal de la tête du robot avant de se reposer sur la table plus calmes. Violet retint son souffle. Le lapin la dépassait de deux bonnes têtes. Son costume, rafistolé tant bien que mal après qu'il eût été presque broyé, était toujours d'une couleur vert jaunâtre peu engageante. Violet avait bien essayé de lui redonner sa couleur d'origine, mais la saleté était trop tenace et l'hôte du costume pas assez patient pour ça. Le haut et le bas du costume discordait. Ses jambes avaient dû être entièrement remplacées par d'autres, celle de Rockstar Golden Freddy en l'occurrence, l'ours ayant refusé d'avoir un costume attitré, préférant davantage sa forme fantômatique.
Avec ses yeux lumineux, Springtrap restait très impressionnant. Contrairement aux autres robots, il paraissait presque respirer, un sifflement aigu s'échappant de temps à autre de sa gorge. Ses mains faisaient deux fois la taille de celles de Violet et avait par le passé brisé des bras et des nuques. Elle se sentait toujours un peu nerveuse lorsqu'elle se retrouvait seule face à ce mastodonte de métal, non seulement à cause des souvenirs désagréables de cette nuit qu'elle tentait d'oublier, mais aussi parce qu'elle avait pu le voir dans ses mauvais jours et savait à quel point il était imprévisible.
— Qu'est-ce que tu veux faire, gamine ? lui demanda le lapin d'une voix faussement gentille pour dissiper le malaise qui avait pris place entre eux.
Violet se ressaisit. Elle sortit de sa poche un grand bloc de métal sur lequel se trouvait un ressort déboîté. William lui lança un regard incertain, reconnaissant au premier coup d'oeil de quelle technologie il s'agissait.
— Je travaille sur un projet de costume à springlocks, expliqua Violet. Mais je n'arrive pas à les faire tenir. L'endosquelette est trop lourd et les ressorts abîment le robot à chaque fois qu'ils lâchent. J'ai étudié les plans de Golden Freddy de tes journaux, mais ils sont trop abîmés et ça ne m'aide pas.
Le lapin éclata d'un rire effrayant. Dans un réflexe, Violet bondit en arrière, inquiète à l'idée qu'il soit en train de faire une crise de démence, mais il se calma et secoua la tête.
— Et donc tu viens demander à l'homme qui s'est fait empalé par ses propres springlocks comment les faire tenir ? se moqua-t-il. Ces saloperies sont restées trente ans dans mon corps en décomposition et le plus drôle, c'est que je les sens toujours à l'intérieur de moi, même si le corps n'est plus là. Mais il parait que c'est moi le monstre, cracha-t-il subitement d'une voix sombre et mauvaise à l'attention de sa rivale. Je n'ai rien à dire.
La tension monta d'un cran dans la pièce, ce qui agaça l'adolescente. Derrière elle, la Marionnette volait maintenant quelques centimètres au-dessus du sol, menaçante. Elle n'avait pas du tout apprécié sa remarque. Pourtant, au lieu de s'arrête, Springrap continua de provoquer.
— Mais eh, ce n'est pas comme si tous les assassins étaient logés à la même enseigne ici, continua-t-il de dramatiser.
— C'est bon, tu as fini ? demanda froidement la jeune femme."
Il leva les mains en l'air en signe de soumission. Dans un soupir mécanique, il se dirigea vers la caisse à outil et revint avec ce qui ressemblait à une vertèbre mécanique, sur laquelle pendait deux crochets fragiles, qu'il jeta avec négligence sur la table. Il retira ensuite le squelette de la grenouille pour en installer un autre, à springlocks. Violet sourit en s'apercevant qu'il s'agissait d'un lapin. Essayait-il de se construire un nouveau costume ? Elle pouvait reconnaître les épaules larges des robots Rockstars. Il lui fit ensuite signe de placer le springlocks à côté de ceux déjà placés. La jeune femme s'exécuta. Elle emboîta la vertèbre entre deux déjà placées puis verrouilla les crochets avec un tournevis. Une fois satisfaite de son travail, elle appuya sur la joue du robot. Immédiatement, les parties métalliques du torse se disloquèrent pour s'aplatir dans le bas du costume et ne laisser apparent que les fondations, afin qu'elles puissent contenir un homme.
Malheureusement, l'endosquelette émit un sifflement plaintif. Tous en même temps, les crochets lâchèrent. Des barres de métal furent éjectées du costume à une vitesse ahurissante. La Marionnette, vigilante, eut juste le temps de tirer Violet en arrière alors que les barres de métal sautaient absolument partout. William s'en prit une dans le museau sans sourciller.
— Tu les compresses trop vite, annonça-t-il. Ces petites choses sont fragiles. Si tu les claques ou les maltraites, elles rebondissent comme des ressorts.
— Quel idiot installe des attaches fragiles dans un robot de trois cents kilos aussi ? siffla mentalement la Marionnette. Un petit coup dessus et pouf, on obtient un nouveau William dans un costume de lapin grincheux.
Le lapin lui jeta un regard noir.
— Mais après, qu'est-ce que j'y connais ? poursuivit la Marionnette. Après tout, on parle d'un restaurant où l'on vendait des pizzas surgelées et où l'on tuait des enfants, ça fait sans doute partie des règles de sécurité et d'hygiène.
— La ferme, Charlie, râla le lapin tueur. Tu n'es même pas un vrai robot. Pas d'endosquelette, pas d'opinion.
— Et donc, comment les compresser moins vite ? demanda Violet pour détourner leur attention et éviter qu'ils se sautent à la gorge.
Le lapin ramassa une des barres de métal au sol et la replanta sur son socle. Il pointa trois des côtes de métal.
— Tu fermes d'abord les springlocks du milieu, et ensuite celles en haut et en bas pour éviter trop de tension. Si tu as de la résistance, c'est que la barre est mal enfoncée ou l'endosquelette mal placé. Dans les deux cas, c'est dangereux pour toi. Un faux pas, un choc, et clac !
Violet déglutit et réitéra une nouvelle fois l'exercice, cette fois avec succès. L'endosquelette resta en place. La jeune femme poussa un cri de joie. A l'entrée, un vieil homme en fauteuil roulant s'avança, souriant. Michael s'avança pour étudier son travail, puis recula, satisfait.
— Pas mal du tout, la félicita-t-il. Je me suis déjà planté une de ces choses dans la main, et je peux te dire que ça ne s'oubie pas.
— Sans rire, se moqua Springtrap en montrant son propre corps.
Heureuse de la séance, Violet sentit bientôt le regard de Springtrap sur elle. La jeune femme se dirigea vers un boîtier accroché au mur et en sortit un épais bracelet électronique. La Marionnette se tendit immédiatement, mal à l'aise.
— Chose promise, chose dûe, dit Violet au lapin.
Il tendit son bras et elle fit claquer le bracelet de métal autour. A peine le "clic" retentit-il que Springtrap quittait déjà la cellule, incapable de tenir plus longtemps en place. Violet se plaça derrière son grand-père et poussa son fauteuil à sa suite. Il valait mieux éviter de laisser le lapin seul trop longtemps au risque de déclencher une guerre civile parmi les robots. La Marionnette volait à leurs côtés, très nerveuse. Elle détestait ces moments où son meurtrier pouvait se promener et faire tout ce qu'il voulait dans la pizzeria.
De retour en haut des escaliers, Violet vit Springtrap disparaître derrière les rideaux de la scène principale. Le robot passa prudemment devant Freddy, Chica et Bonnie avant de rejoindre l'arrière-scène, où se trouvait les robots originels du Circus Baby's World. Les yeux verts de la star du spectacle, Circus Baby, s'illuminèrent à son approche. Springtrap ignora copieusement Golden Freddy, en train de discuter avec elle, pour aller prendre sa "fille" dans ses bras. Elisabeth Afton, prisonnière de ce corps robotique, se défit de son emprise d'un mouvement sec d'épaule, agacée.
— Tu m'as manquée !
Elle ne répondit pas, froide comme l'acier, et détourna même la tête. Il en fut sincèrement blessé. Depuis son "arrestation", la relation si fusionnelle qu'il entretenait avec elle s'était transformée en un cruel sens unique. Elle ressemblait de plus en plus des autres robots et s'éloignait de lui. Même si cette distance le terrifiait, il essayait de ne pas le montrer et de faire comme si tout allait parfaitement bien entre eux. Elisabeth finit par lui tourner le dos sous le regard moqueur de Georges, son fils cadet, qui possédait lui Golden Freddy. Déçu, William n'insista pas et tourna les talons.
Non sans un dernier regard, il ouvrit les rideaux pour rejoindre la salle principale, avant de bondir en arrière en tombant nez à nez avec les yeux bleu électrique de Freddy. Il fit un pas sur le côté pour l'éviter, mais l'ours l'imita pour lui bloquer le passage.
— Je ne cherche pas les problèmes, Winnie de supérette, mais si tu me cherches, j'encastre ta bouille de peluche de dessin animé dans le mur.
— Je n'ai pas peur de toi, répondit l'ours, provocateur.
— Moi non plus. Tu es un gosse de cinq ans. Je peux t'écraser comme une mouche et je l'ai d'ailleurs déjà fait. Laisse-moi passer.
Il donna un coup d'épaule et força le passage. Freddy s'écarta vivement et le poussa dans le dos, le propulsant au sol. Springtrap se redressa sur ses bras et releva la tête vers lui. Un grognement menaçant sortit de sa gorge. Au bruit de tôle, la Marionnette accourut. Elle regarda le lapin à quatre pattes, puis l'ours, pas désolé pour le moins du monde.
— Qu'est-ce qui se passe ici ? demanda-t-elle avec suspicion.
Springtrap se redressa dans un craquement sinistre. Il se tourna vers Freddy, le regard sombre et mauvais.
— Oh, rien, répondit l'ours avec insolence. Le petit Willy va simplement aller pleurer dans les bras de Violet.
— Je vais te défoncer, Freddy !
Springtrap poussa un cri sauvage et se jeta sur l'ours, plus rapide et agile, qui le poussa une nouvelle fois au sol d'un croche-pied sans effort. Il lui posa un pied sur le dos et appuya, faisant grincer dangereusement le costume de Springtrap, fulminant.
— Freddy, le réprimanda gentiment la Marionnette, on ne fait pas de mal aux vieillards, ce n'est pas très gentil.
Conciliant, il finit par lâcher sa proie et passa au-dessus de lui pour continuer sa route. La Marionnette haussa les épaules et l'abandonna à son sort pour lui emboîter le pas. Violet entra dans les coulisses peu de temps après. En trouvant le lapin dans une position humiliante, elle croisa les bras sur son torse, sans pour autant l'aider. Springtrap se redressa difficilement en marmonnant, lança un dernier regard vers Elisabeth et regagna la salle principale de la pizzéria.
— Vous n'êtes vraiment pas gentils, râla la jeune femme à l'attention des robots présents. Il sort une fois tous les trois mois et vous réussissez à lui bousiller ses moments de liberté.
— C'est bon enfant, s'excusa Golden Freddy. On ne peut pas dire qu'il ne l'a pas cherché. Je ne vois pas pourquoi il serait le seul à s'amuser un peu.
Elle soupira devant la mauvaise foi de son ami et les laissa seuls pour rejoindre William. Assis à une table à l'écart, seul, il broyait noir et marmonnait à voix basse, agacé. Violet hésita, puis décida d'aller s'asseoir en face de lui.
— Quoi ? l'agressa-t-il. Toi aussi tu viens me pourrir la journée ?
— Je suis désolée, ils abusent. J'ai essayé de calmer le jeu avec eux. Ils n'ont pas à te traiter comme ça.
— Bien sûr que si, répondit-il d'une voix plus calme. Ils n'ont aucun intérêt à être aimable avec moi, je suis leur meurtrier.
Deux pieds jaunes les interrompit. Chica déposa un plateau avec quelques cookies devant la jeune femme, toute fière d'elle. Violet lui offrit un grand sourire et en mit un dans sa bouche. Son regard s'écarquilla de surprise.
— C'est super ! la félicita-t-elle. Ils sont vraiment meilleurs que la dernière fois.
— Merci, roucoula-t-elle. C'est une nouvelle recette, tu es la première à les essayer !
L'oiseau tourna légèrement la tête vers Springtrap, silencieux. Elle voulut dire quelque chose, mais se ravisa finalement. Elle serra simplement Violet une nouvelle fois dans ses bras avant de s'éclipser. Chica était la seule à faire des efforts pour se montrer cordiale avec Springtrap, mais elle était encore hésitante, par peur de se faire rejeter, comme à chaque fois. Après encore quelques minutes assis, Violet pointa les bureaux d'un signe de tête.
— Tu veux m'aider à bricoler mon nouveau robot ? On sera tranquille.
— Avec plaisir, approuva Springtrap, soulagé.
Ils quittèrent la pièce sous le regard froid et méfiant de la Marionnette, qui n'appréciait définitivement pas ce rapprochement soudain.
