Bonjour tout le monde ! Information importante avant de commencer le texte. La rentrée arrive, ce n'est pas une surprise pour vous, et comme je reprends les cours cette année, le rythme de publication de Le Dernier Espoir passe à un chapitre toutes les deux semaines. Je sais que ça peut être long pour certains, mais c'est malheureusement la seule solution que j'ai trouvée pour continuer à vous proposer des contenus de qualité. La semaine prochaine est une semaine A, donc vous aurez malgré tout un chapitre :D Voici le chapitre 4 !

Chapitre 4 : Client mystère

Deux jours s'étaient écoulés et la vie poursuivait son cours à la pizzeria. Violet avait décidé de ne pas retourner à l'université pour l'instant, profitant de l'absence de son père qui ne pouvait de ce fait pas le lui reprocher. Il était parti régler une affaire importante avec sa mère dans le Colorado. Violet avait donc la charge du restaurant le temps que durait son voyage, avec l'aide complice des Animatroniques qui jouaient les bons petits robots afin de ne pas attirer l'attention sur eux. De plus, il n'y avait que peu d'affluence en milieu de semaine, elle ne risquait de ce fait pas grand-chose. Elle avait de quoi s'occuper et passer le temps, que demander de plus ?

Le service du midi battait son plein. Seules quinze tables avaient été réservées et les clients arrivaient au compte-goutte. Plusieurs enfants profitaient de la pause du midi pour venir admirer les robots et manger une pizza, sous le regard plus ou moins vigilant de leurs parents. C'était l'avantage d'avoir placé la pizzeria en face de l'école primaire : une source de tentation capitaliste efficace pour tous les parents trop usés pour ne pas céder aux caprices de leurs mômes. Bien sûr, cet aspect avait été supprimé des publicités. Chez Fazbear Entertainment, le client devait penser qu'il était roi. Une technique comme une autre pour leur soutirer de l'argent.

Occupée à régler l'addition d'un client, elle n'aperçut pas immédiatement le jeune homme qui approchait du comptoir. Lorsqu'elle releva la tête, il était si près d'elle qu'elle en eut un mouvement de recul. Il avait à peu près son âge, les cheveux bruns en bataille. Il souriait poliment, les mains croisées dans le dos. Violet se ressaisit et effaça son air stupéfait pour laisser place à un grand sourire commercial et professionnel.

— Bienvenue au Circus Baby's World, où toute la fantaisie prend vie. Avez-vous réservé une table ?

— Non, désolé, répondit-il d'une voix posée et bien plus mature qu'elle ne devrait l'être à son âge. Je suis là pour déposer un CV et une lettre de motivation. J'aimerais beaucoup travailler au restaurant après les cours pour me faire un peu d'argent, et je me suis dit que vous pourriez avoir besoin d'un coup de main. J'étudie à l'université d'à côté et j'ai déjà de l'expérience dans la restauration, expliqua-t-il en posant ses papiers sur le comptoir. De plus, je pense que votre restaurant et ses particularités, dit-il en pointant Freddy de la tête, pourrait m'aider à acquérir un peu d'expérience professionnelle.

Violet ne répondit pas immédiatement. Son discours ne sonnait pas naturel, trop répété. Ses yeux balayèrent rapidement la feuille devant elle. Toutes les informations étaient réparties dans quatre grands carrés de couleur, surmontés de sa photo, où il souriait de manière énigmatique, et de ses coordonnées. Les pupilles d'un bleu métallique de son interlocuteur scrutèrent le visage de la jeune femme avec intérêt, analysant la moindre de ses réactions. Violet se ressaisit rapidement. Il attendait une réponse.

— Oui, bien sûr ! sourit-elle. Nous sommes toujours à la recherche d'un peu d'aide. Malheureusement, c'est mon père qui s'occupe des recrutements et il ne sera pas de retour avant demain.

Le jeune homme parut déçu. Ou l'était-il vraiment ? Violet le trouvait étrange. Son visage avait des traits enfantins, et pourtant il avait ce charisme et cette prestance que dégageaient typiquement les chefs d'entreprise. Ses yeux brillaient de malice, mais aussi d'un brin de manipulation. Il savait qu'elle tomberait dans le panneau. Elle poussa un soupir. Elle était beaucoup trop gentille pour refuser de le garder pour la journée. Sa bonté la perdrait.

— J'aurais cependant bien besoin d'un coup de main aujourd'hui, cela dit. Si tu veux bien m'aider, je pourrais appuyer ta candidature auprès de mon père.

— Avec plaisir, répondit-il au tac-au-tac. Je m'appelle Luke. Luke Johnson.

— Violet Afton. Mais je suppose que tu le sais déjà, plaisanta-t-elle.

Elle l'encouragea à la suivre d'un signe de tête et lui fit visiter la pizzeria rapidement : la scène, la salle principale, les salles réservées aux anniversaires, la pièce pour les jeux d'arcade… Luke ne dit pas un mot de toute la tournée, se contentant de hocher la tête à intervalles régulier pour lui indiquer qu'il était toujours attentif à ce qu'elle disait. Une fois le tour du propriétaire accompli, elle décida de le mettre à l'épreuve en lui demandant d'aider au service, puis de nettoyer la salle dans la foulée, une fois les derniers clients partis. Des tâches basiques qui ne nécessitait pas de s'approcher des robots, en soi. Si les enfants pouvaient techniquement choisir de prendre possession de leur costume n'importe quand dans la journée, ils restaient plutôt frileux avec les employés qu'ils ne connaissaient pas. Par ailleurs, elle avait déjà remarqué que la Marionnette suivait le nouveau venu du regard avec suspicion. Elle s'inquiétait toujours un peu trop de toute manière.

La jeune femme observa comment il se débrouillait quelques minutes, mais ne décelant pas de problèmes particuliers, elle s'éclipsa pour s'adonner à son activité préférée : la maintenance des robots. Foxy en particulier avait besoin de remises à niveau fréquentes du fait de son endosquelette fragile. Cependant, lorsqu'elle s'approcha de l'Antre des Pirates, elle ne le trouva pas sur sa scène. Elle poussa un soupir, puis se tourna vers la scène principale. Freddy aussi avait disparu. Elle savait parfaitement où ils se trouvaient. Elle fit demi-tour et gagna le couloir de service. Il menait vers les bureaux administratifs, mais surtout sur la salle de repos des employés. Un thème familier lui parvint aux oreilles, signe qu'elle ne s'était pas trompée.

Elle trouva les deux robots avachis dans le canapé rouge trop petit pour eux, chacun une console de jeu dans les mains, devant Mario Kart. Concentrés, ils essayaient de faire avancer leur voiture du mieux qu'ils le pouvaient. La chose n'était pas aisée. Freddy avait des mains gigantesques et Foxy un crochet en acier qui avait déjà signé l'arrêt de mort de nombreuses autres manettes. Violet les laissa terminer leur partie, le sourire aux lèvres. Malgré la dureté de leur condition, les enfants lui paraissaient plus joyeux ces derniers temps. Ils s'accommodaient bien à leurs nouveaux corps et elle veillait toujours à ce qu'ils ne manquent de rien. Violet les avait initiés aux jeux vidéo du XXIe siècle, et depuis, Foxy et Freddy s'en donnaient à cœur joie.

Le renard poussa une exclamation de colère lorsque Freddy passa la ligne d'arrivée quelques secondes à peine avant lui, alors qu'il se trouvait jusque-là bien loin derrière lui. L'ours éclata de rire.

— Tu as triché ! s'énerva Foxy, mauvais joueur. D'où il sortait ton champignon ?

— Je l'ai gardé tout ce tour juste pour ce moment et voir la désillusion dans tes yeux, chantonna-t-il.

— Violet, dis quelque chose ! geignit le renard en le suppliant du regard.

— Bravo, Freddy ! On en est à, quoi, vingt victoires consécutives maintenant ? se moqua l'adolescente, d'humeur taquine.

Le renard poussa un hurlement de désespoir qui fit rire ses deux compagnons. Violet reprit cependant son sérieux et déposa sa lourde malle à outils sur le sol.

— C'est l'heure de l'inspection, clama-t-elle joyeusement. Il faut que je change quelques-unes de tes pièces, Foxy, s'excusa-t-elle.

— Encore ?

— Ton endosquelette est plus vieux que celui des autres. Tu es comme grand-père Michael, tu as le droit à ta visite hebdomadaire chez le docteur.

Dans un grincement plaintif qui confirma ses dires, le renard se releva et écarta les bras. Son regard s'éteignit et la petite âme qui le possédait s'échappa du corps métallique. Elle alla se percher sur la tête de Freddy pour assister au spectacle. Violet se mit immédiatement au travail. Elle retira le masque du robot et appuya sur un petit bouton sur sa mâchoire. Dans un petit "Clac !", son torse s'ouvrit et dévoila ses entrailles mécaniques. Avec des gestes experts, elle retira un petit boîtier caché derrière un tas de fil et le remplaça par un plus récent. Elle remplaça également une partie de sa colonne vertébrale et répara un des doigts de sa main valide. Elle termina son travail en polissant son crochet, puis referma le costume et reposa sa tête.

— Bouh ! cria le renard pour tenter de lui faire peur, sans succès.

La jeune femme avait l'habitude des tentatives de son ami pour lui faire peur. Elles fonctionnaient rarement. Foxy admira son costume dans le miroir, satisfait du travail. Ce fut à ce moment-là que la Marionnette entra dans la pièce. Elle lança un coup d'œil maternel vers le renard, puis se tourna vers la jeune femme.

J'ai un mauvais pressentiment sur le nouveau, dit-elle mentalement. Je l'ai vu regarder les robots, mais… Ce n'était pas un regard d'admiration comme ceux des clients, c'était… Plus un regard d'expert, comme William pouvait l'avoir. Je pense qu'il s'y connait plus qu'il ne le dit.

— Relax, il est dans la même université que moi. Il est peut-être en mécanique, tout simplement. Tu t'inquiètes trop, Charlie. Il n'est pas méchant, simplement un peu bizarre.

Même toi tu trouves qu'il est bizarre ! S'il te plaît, fais-moi confiance. Quelque chose ne va pas avec lui. Je le… Je le sens.

Elle leva les yeux au ciel. A chaque fois qu'il y avait un nouveau venu, c'était le même cirque. Même si elle appréciait beaucoup Charlie, Violet avait de plus en plus de mal avec son instinct maternel beaucoup trop prononcé. Elle avait du mal à comprendre qu'elle n'était plus une enfant et qu'elle était capable de prendre des décisions par elle-même. Charlie insista et lui bloqua une nouvelle fois la route.

Si tu ne me crois pas, sors Springtrap. Il est agressif quand il se sent en danger. S'il te plaît, supplia-t-elle en s'accrochant à son bras. Je sens qu'il n'est pas normal.

Cette requête plus qu'inhabituelle fit lever un sourcil à la jeune femme. Elle hésita et interrogea Freddy et Foxy du regard. Le renard haussa les épaules pour l'avertir que ça valait le coup d'essayer. Violet n'aimait pas beaucoup ça. William sentirait forcément que quelque chose ne tournait pas rond et se braquerait immédiatement, mais à cause des Animatroniques et pas de l'inconnu. Elle soupira mais obtempéra, si ça pouvait calmer les caprices de Charlie. Elle sortit de la salle de repos, Freddy, Foxy et la Marionnette sur les talons. Dans la salle principale, Luke débarrassait des assiettes, à des années-lumière des préoccupations des robots. Il avait l'air parfaitement normal pour Violet.

Elle descendit les marches qui menaient vers l'abri de Springtrap. Le lapin robot était couché en étoile sur le sol, les yeux sur le plafond, peu motivé. La jeune femme tapa à la vitre pour attirer son attention. Il ne bougea pas d'un pouce mais poussa un lourd soupir.

— Quoi ? grogna-t-il.

— Bonjour, William. Que dirais-tu d'une petite sortie matinale ? dit-elle avec peu d'entrain.

Le robot se redressa sur ses coudes et lança un regard suspicieux vers la vitre. A côté de Violet, la Marionnette soupira.

— Pourquoi ? répondit le lapin d'une voix sceptique. C'est quoi le traquenard ? Je suis peut-être mort mais pas idiot. Si c'est une sorte de plaisanterie pour m'offrir en pâture à l'autre psychopathe en pyjama rayé, c'est non.

— Ce n'est pas ça, soupira Violet. Un garçon est venu à la recherche d'un emploi, Charlie pense qu'il est louche et elle dit que s'il est louche, tu vas le trouver louche aussi.

— Donc… Elle a besoin de moi ? Vraiment ?

Il éclata de rire.

— Hors de question. Si le fait que je ne vienne pas l'emmerde, je vais rester ici et la regarder enrager toute seule.

Il se retourna sur son bout de béton pour lui présenter son dos. Violet se mordit la lèvre.

— Même si je te laisse sortir deux heures demain ?

Springtrap se figea et tourna légèrement la tête vers la vitre teintée. Il finit par se lever et alla se coller contre le mur, le feu vert pour entrer dans sa pièce. Violet entama une petite danse de la victoire et entra. Elle décrocha le bracelet du mur et le claqua autour de son bras. William passa le premier et monta les marches. Il lança un regard noir à Freddy, Foxy et la Marionnette qui l'attendait en haut, puis il poussa un grand soupir.

— Alors, il est où le crétin qui vous rend tous débiles ?

Il tourna la tête et son regard se braqua immédiatement vers Luke. Le tueur resta silencieux. Trop silencieux. La Marionnette se tendit à côté de lui alors qu'elle échangeait un regard avec son pire ennemi, comme pour confirmer ses dires. Violet fronça les sourcils.

— Qu'est-ce qui se passe ? Il y a un problème.

Oui, répondit la Marionnette. Un gros problème. Tu te souviens des journaux de William, et de Henry ? Cet homme… Il a ses traits. Il lui ressemble très fort.

— C'est peut-être juste une coïncidence, non ? Henry est… Enfin, il devrait être mort depuis le temps, non ? C'est peut-être quelqu'un de sa famille. William, tu le connais mieux que nous.

L'intéressé continuait de suivre l'intru des yeux, sur ses gardes.

— Je ne veux pas m'avancer, grogna le lapin. Mais il lui ressemble trop pour que ce soit une coïncidence. Le repousser n'est pas judicieux. Inclus-le dans le restaurant et trouve ce qu'il veut. S'il est lié à Henry, ce ne sont que les débuts des problèmes. Oh. Et je te conseille de le garder loin, très loin de moi, ajouta-t-il d'une voix sombre. S'il s'avère qu'il a un lien de près ou de loin avec lui, je pourrais bien le tuer à vue.

Sur ces mots plein de gentillesse, il tourna les talons pour regagner sa cellule sans un mot de plus.