Coucou ! J'ai eu quelques difficultés à écrire ce chapitre, mais le voilà ! Un peu d'action aujourd'hui, on rentre dans le vif du sujet.
Chapitre 5 : Dans les ombres
Malgré les tentatives de dissuasion de la Marionnette, le père de Violet eut le dernier mot et engagea Luke dès son retour de voyage. Avec les vacances d'hiver qui approchaient, la fréquentation du restaurant allait augmenter et une paire de bras en plus n'était pas de trop pour gérer le flux de visiteurs quotidiens. Cela faisait une semaine qu'il se trouvait parmi eux maintenant et aucun problème n'était à déplorer. Violet s'entendait même plutôt bien avec lui et ils se retrouvaient souvent en duo lors des tâches de base. Pour éviter de froisser ses amis, elle le gardait cependant loin des robots, et en particulier de la Marionnette, qui avait décidément du mal à le tolérer autour d'elle.
Ce soir-là, la jeune femme avait décidé de prendre la garde de nuit. S'il y avait un moyen efficace de pouvoir discuter avec eux sans oreilles indiscrètes aux alentours, c'était bien cette période de la journée. Les douze coups de minuit venaient de sonner et, confortablement installée dans son fauteuil, un pot de popcorn à la main, la jeune femme zappait d'une caméra à l'autre comme s'il s'agissait d'une télévision. Elle s'attarda un peu sur la caméra de la cellule de Springtrap.
Le lapin traversait une nouvelle fois une période difficile. Le matin-même, il avait propulsé une table dans la vitre blindée de sa cellule. Charlie, de l'autre côté, n'y était sans doute pas pour rien, mais comme elle parlait télépathiquement, difficile de dire ce qu'elle avait encore bien pu faire. Depuis, le lapin était agité. Il tournait en rond dans sa cellule, devenait agressif s'il se sentait surveillé et insultait le monde entier. Assis sur le sol, il jouait désormais avec des springlocks et un rat qui avait eu le malheur de passer par là. Violet tira une grimace lorsque le métal transperça l'animal.
Elle zappa encore et s'arrêta à l'Antre des Pirates. La tête de Foxy dépassait des rideaux, malicieuse. Un fin sourire étira les lèvres de la jeune femme. Elle retourna sur la scène principale. Bonnie avait disparu. Ah c'était comme ça ? Les robots avaient décidé de s'amuser un peu. Elle ne s'en inquiétait pas, ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient le coup. Elle se leva et passa discrètement la tête sur la droite. Bonnie approchait, mais était encore trop loin. Dès qu'il s'aperçut qu'il était repéré, il partit en courant vers elle, mais trop tard. Elle appuya sur le bouton et la porte se ferma à son nez.
— Raté ! se moqua-t-elle à travers la vitre. Tu n'as jamais envisagé de prendre l'autre couloir ? Tu viens toujours dans celui-là.
Il croisa les bras, faussement vexé, puis tourna les talons. Elle rouvrit la porte, avant de se diriger sur celle d'en face et de la fermer au nez de Chica.
— Quoi ? Mais comment tu as su ? s'insurgea-t-elle. Tu n'as même pas regardé les caméras !
— Tu profites toujours de la lenteur de Bonnie pour venir par derrière.
— Oui, mais ce n'est pas une raison.
Si elle avait pu, elle lui aurait tiré la langue. Violet ouvrit la porte. Caché derrière le mur, Freddy lui adressa un petit signe de la main. Elle pouffa et referma la porte. Il ne manquait plus que… Oh non ! Elle n'avait pas surveillé Foxy ! Elle lança un regard nerveux vers l'autre porte. Toujours pas de renard. Elle retourna sur les caméras, mais ne le trouva pas non plus. Quelque chose tapa deux fois sur son épaule. Elle se retourna, Foxy poussa un cri et Violet tomba sur les fesses en arrière, surprise.
Elle entendit Freddy éclater de rire derrière l'autre porte. Elle se releva le sourire aux lèvres et alla lui ouvrir.
— Où est-ce que tu étais ? demanda-t-elle.
— Dans le placard, juste là.
— Je te déteste.
— Mais oui, moi aussi je t'aime bien, pirate.
Il l'attrapa et la colla contre lui pour lui frotter vigoureusement la tête. Freddy les rejoignit pour un câlin improvisé. Violet se débattit entre les deux robots en poussant une suite d'onomatopées inintelligibles, rouge comme une tomate. Lorsqu'ils daignèrent enfin la lâcher, la Marionnette les avaient rejoints, les couvant du regard.
— Dans un autre temps, tu n'aurais pas tenu plus de deux heures, se moqua-t-elle. Enfin, ça reste à prouver. Freddy n'est habituellement pas aussi gentil avec les gardes de nuit.
— Une fois, il a passé une nuit entière devant la nuit d'une remplaçante. Elle a fini par se rouler en boule au sol et pleurer comme un bébé, raconta Foxy. Elle n'est plus jamais revenue après ça.
Il ricana méchamment, avant de se calmer en s'aperçevant que personne ne le suivait. La Marionnette lança un coup d'oeil vers l'écran de caméra, replacé sur Springtrap. Le lapin mâchouillait un morceau de métal, couché sur le dos, les jambes levées contre le mur. Son regard balaya le plafond et s'arrêta sur la caméra. Il poussa un lourd soupir et reprit son activité.
La Marionnette détourna le regard et s'installa sur le coin du bureau. Violet se laissa retomber dans son fauteuil. Le bal des reproches pouvait commencer. Qu'est-ce que Luke avait bien pu faire cette fois ? Il avait touché sa boîte, rayé le carrelage ?
— Ne fais pas cette tête, je sais ce que tu penses, grogna Charlie. Je sais que tu ne me crois pas et qu'il a l'air inoffensif, mais peux-tu au moins essayer d'en savoir plus sur lui ? Son CV est forcément faux.
— Charlie, il n'est pas dangereux. S'il avait voulu nous faire du mal, il l'aurait déjà fait, tu ne crois pas ?
— Justement non. Henry met ses plans à exécution sur plusieurs mois. Il a manipulé William pendant des années. En tout cas, avant qu'il ne commence à tuer pour le plaisir. Tu ne peux pas simplement ignorer une coïncidence.
Un bruit de verre brisé interrompit leur discussion. Dans le bureau, tous se figèrent. Freddy se plaça défensivement devant ses compagnons, inquiet. Ses yeux virèrent sensiblement au rouge. Violet ne se laissa pas démonter et chercha la caméra de la salle principale. La grande vitre de l'entrée gisait à terre, aux pieds de Bonnie et Chica, visiblement perplexes. Violet appuya sur le bouton du micro pour se faire entendre.
— Bonnie, qu'est-ce qui se passe ?
— Je ne sais pas, confia le lapin. Quelque chose est passé devant la vitre très vite, je n'ai pas eu le temps de voir. Ça n'avait pas l'air humain.
La jeune femme hésita, puis décida de les rejoindre, ses amis sur les talons. Accroupi, le lapin étudiait un des morceaux de verre avec suspicion. De son côté, Chica regardait à l'extérieur, sur ses gardes. Pour casser cette vitre, il fallait une sacrée force. L'année passée, le restaurant avait été la cible d'une manifestation. Malgré leurs tentatives pour rentrer, les portes et les vitres avaient tenu bon. Qu'est-ce qui pouvait bien être plus fort que des manifestants en colère ? La ville n'était pas spécialement connue pour être dangereuse.
Violet enjamba les débris pour sortir à l'extérieur. Le vent frais lui arracha un frisson. Elle regarda autour d'elle, méfiante. Il n'était pas rare que des adolescents fans de sensations fortes tentent de s'infiltrer dans le restaurant, mais en règle générale, ils rebroussaient dès que Freddy tournait la tête vers eux, la queue entre les jambes. Son pied heurta quelque chose de gros. Elle s'abaissa et écarquilla les yeux de stupeur. Il s'agissait d'une tête de statue. Pas étonnant que la vitre n'ait pas tenu ! Mais qui lançait des têtes de statues avec une telle force ? A bien y regarder, celle-ci semblait elle-aussi avoir été sauvagement arraché. Le marbre était trop irrégulier pour avoir été scié.
Soudain, à sa droite, un bruissement retentit. Elle fit volte-face. Dans les buissons de l'allée, deux yeux rouges brillaient. Repérée, une énorme créature fonça sur elle à toute vitesse. Un rugissement mécanique retentit derrière elle et Foxy se rua devant elle pour s'interposer. Son crochet tapa le crâne et produisit un crissement mécanique désagréable. Violet dégaina sa lame poche et la braque sur la bête. Ils purent clairement voir un Bonnie cauchemardesque leur faire face. Plusieurs rangées de dents dépassaient de sa bouche, la rendant impossible à fermer. Son costume, troué, dégageait une odeur abominable de cadavre en décomposition. Il lui manquait une oreille. Aveuglé, il mit une main devant ses yeux avant de reculer puis de fuir à une vitesse surhumaine, bien plus rapidement que Foxy. En seulement quelques secondes, il avait disparu à l'horizon.
Abasourdis, tous restèrent sans voix face à cette apparition inattendue. Le renard se retourna vers eux. Une marque de griffes avait déchiré la partie avant de son costume, mais il semblait aller bien. Un peu secoué, mais vivant. La Marionnette tourna vers elle un regard inquiet et anxieux. Il était clair que ça ne pouvait pas être une coïncidence. Cet Animatronique ressemblait trait pour trait à Bonnie, il ne pouvait pas appartenir à une de ces pizzérias qui les imitaient dans les alentours. Mais alors quoi ? D'où venait-il ?
Elle s'abaissa pour ramasser une grosse touffe de poil tombée dans le combat. C'était poisseux et sa lampe-torche lui apprit qu'un liquide rouge sombre recouvrait partiellement les poils. Du sang encore frais. Elle hésita, puis décida de le garder et de rentrer. Sans un mot, elle se dirigea vers le sous-sol et rejoignit Springtrap, surpris d'avoir de la visite aussi tard. Elle retira le teint de la vitre et alluma l'écran. Elle brancha les caméras dessus avec son téléphone.
— J'ai besoin de ton avis, dit-elle en avançant rapidement les images.
Alerté par son ton, le lapin se rapprocha de la vitre. Bientôt, les images de l'attaque apparurent sur la télévision. Entre temps, les autres robots les rejoignirent. William poussa un grognement en découvrant le robot. Violet se tourna légèrement vers lui. Il avait l'air nerveux, presque effrayé. Il finit même par détourner les yeux pour ne plus voir l'image. L'enregistrement se termina pour reprendre un semblant de normalité. Violet se retourna franchement vers lui cette fois et lui montra le morceau de costume couvert de sang.
— Je vois à tes yeux que tu sais ce qu'ils sont.
Il se frotta l'arrière de la tête.
— Malheureusement, oui. Ce sont les Animatroniques de la série « Nightmare ». Ils… Ils étaient censés être exposés avec moi à Fazbear's Fright. J'ai vu leurs plans avant que tout ne brûle. Ce ne sont pas mes robots, je ne fabrique pas des horreurs pareilles. Mais ce sont définitivement ceux de Henry Miller. Glauque à souhait, sa marque de fabrique.
— Si tu avais encore des doutes, intervint la Marionnette, je pense qu'ils viennent d'être effacés. Ce ne peut pas être simplement une coïncidence, c'est forcément lié à ce Luke, peu importe qui il est.
— Peut-être que tu as raison, finit par avouer Violet. On va devoir faire beaucoup plus attention à lui. Il y a quelque chose de louche derrière tout ça.
— Si c'est vraiment Henry, intervint Springtrap, il va chercher à me retrouver. Et sa fille aussi. Il est obsédé par sa libération et par sa vengeance. Je ne compte pas non plus rester enfermé ici s'il se pointe.
— Oh que si, répondit la Marionnette. On sait tous ce qui va se passer si on vous laisse tous les deux. J'en ai marre de réparer les problèmes que vous causez tous les deux. Ne l'écoute pas, Violet. Il n'est pas fiable, il l'a suffisamment prouvé ces dernières années. En revanche, nous avons déjà eu affaire à lui par le passé, avec eux, dit-elle en pointant les robots derrière elle. Je ne m'en ferais pas trop. Il n'osera jamais me faire du mal. Mais ce n'est pas mon cas.
Violet resta sceptique. Ce n'était décidément pas un bon plan, que ce soit Springtrap ou ses amis. Il y aurait forcément des répercussions. Elle poussa un soupir. Si elle pouvait éviter d'en arriver à de telles extrémités, elle règlerait ça par elle-même. Tous étaient trop impliqués pour réagir de manière réfléchie.
Quitte à prendre les devants, elle décida de parler à Luke le lendemain. S'il avait quelque chose à cacher, elle le sentirait forcément.
