Coucou ! On rentre dans le vif du sujet avec l'introduction des nouveaux copains qui vont nous suivre tout au long de cette aventure :3

Chapitre 6 : Dents pointues

Depuis l'attaque du restaurant, Violet s'était retrouvé confinée la nuit chez elle jusqu'à nouvel ordre. Son père n'avait pas apprécié la plaisanterie et avait fait installer des rondes de police nocturnes pour s'assurer que rien ne s'aventurait trop père. Après ce qui était arrivé avec Springtrap, il avait du mal à lui faire confiance et la couvait immédiatement au moindre problème. Il y avait encore quelques mois, elle aurait trouvé soutien auprès de sa sœur, Prune, mais celle-ci avait déménagé pour s'installer avec sa petite amie à plusieurs centaines de kilomètres d'ici. Elle lui manquait terriblement, encore plus durant ces nuits où elle ne pouvait que contempler son lit vide et sans vie. Enfin presque, puisqu'une paire d'yeux blancs l'observait avec curiosité depuis le mur.

Repéré, un grand ours jaune fantomatique sortit du mur et s'installa sur le matelas déserté. La jeune femme sourit, heureuse d'avoir un peu de compagnie.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Il est plus de minuit, tu devrais être avec les autres.

— Je venais voir comment tu allais. Charlie m'a dit que la situation était compliquée pour toi ces derniers temps.

La jeune femme sourit tristement. Depuis que ce Bonnie terrifiant était venu de nulle part, elle n'était en effet pas au meilleur de sa forme. Les cauchemars étaient de retour et elle n'était plus en état d'assurer ses rendez-vous avec Springtrap pour le moment. Le lapin n'avait rien fait de spécial, mais à chaque fois qu'elle levait les yeux sur lui, elle revoyait le meurtrier du musée, une hache ensanglantée à la main, poursuivant les enfants un à un comme s'ils étaient des souris. Elle avait eu la chance de s'en sortir, au prix d'une énorme cicatrice qui était toujours visible sur son ventre, mais pas les quatre-vingt-dix-neuf autres enfants et le garde de nuit, qui s'était pourtant montré si gentil avec elle. Elle n'avait jamais osé remettre les pieds là-bas, et pourtant, malgré le drame, la compagnie Fazbear's Entertainment avait maintenu l'ouverture, soi-disant pour ne pas se laisser intimider par la critique, mais aussi pour trouver des excuses rationnelles à ce qui s'y était passé afin de ne pas faire paniquer le monde entier. Ou tout simplement pour l'argent qu'il avait rapporté après que les médias du monde entier en eut fait la publicité.

— Je m'en remettrais, c'est juste une mauvaise passe. Charlie s'inquiète des intentions du nouveau robot et stresse tout le monde à jouer les Miss Catastrophe.

— Elle a toujours été comme ça. Elle ne veut pas de mal, elle a simplement peur de voir le cauchemar se répéter, comme nous tous. On l'a évité la dernière fois… Mais si Henry est de retour, j'ai un peu peur que nous n'ayons d'autres choix que de recourir à William. Il est le seul qu'il écoutera.

— William va lui sauter à la gorge, je ne vois pas comment ça peut aider.

— Oh, sans doute dans un premier temps. Mais malgré les apparences, il est aussi capable d'avoir des conversations plus calmes, presque surprenantes. Tu devrais l'interroger sur son passé. Il n'aime pas en parler, mais il le fera quand même parce qu'il a un besoin morbide de se justifier et prouver qu'il n'est pas le seul méchant dans l'histoire. Et malheureusement, il n'a pas tout à fait tort.

Violet pencha la tête, un petit sourire en coin.

— Tu prends sa défense ?

— Oh non, jamais. C'est peut-être techniquement mon père, mais jamais je ne pourrais lui pardonner ce qu'il a fait. Je dis simplement qu'il y a plus à dire que juste la façade du tueur en série qui a tué des enfants. As-tu lu ses carnets ?

— Oui. Ce n'était pas une lecture très agréable.

— Alors tu as vu ce qu'Henry est capable de faire. Et crois-moi, il n'a vraiment pas tout vu de ce qu'il a fait. Freddy, Foxy, Chica et Bonnie sont loin d'être les premiers. Il a expérimenté avant. Beaucoup, beaucoup de fois. Nous n'avons jamais réussi à sauver ces âmes-là, mais elles ont existé. Henry a tué des dizaines d'enfants avant d'entraîner William dans sa chute. C'est pour ça qu'il s'est débarrassé de moi. J'avais partiellement découvert son petit trafic en premier lieu et il n'a pas apprécié. Il a payé Michael pour qu'il me mette dans la bouche de Fredbear. Pour lui, ce n'était qu'une blague, mais pour Henry… Henry attendait dans la voiture. C'est lui qui a déréglé Fredbear. Après ça, plus rien n'a jamais été pareil.

— Tu es toujours en colère ? Après lui, et William ?

— Je ne sais pas, avoua-t-il. Parfois, je me dis que tout ce que l'on a fait n'a servi à rien et qu'on devrait abandonner, puisque William est aussi immortel que nous désormais, et parfois, je me dis qu'il mérite son sort et qu'il doit souffrir pour tout le mal qu'il a fait. Ce n'est pas quelqu'un de bien, mais contrairement à Henry, il fait des efforts pour essayer de s'intégrer et améliorer son quotidien. Henry, à en juger par ce qui s'est passé, n'a jamais changé. On a beau l'avoir empalé dans son costume, tenté de se débarrasser de lui à de nombreuses reprises, il continue sa quête comme si rien n'avait d'importance. Je ne sais pas comment il fait. A sa place, je ne pourrais même pas me regarder dans le miroir le matin. Tout n'est pas perdu, cela dit. S'il se pointe au restaurant, nous lui réserverons l'accueil qu'il mérite. Et peut-être alors pourrons-nous tous enfin partir en paix.

L'idée la rendit un peu triste. Elle s'était habituée à ces fantômes qui rythmaient son quotidien et le rendait bien plus intéressant. Elle n'était pas certaine de savoir comment réagir s'ils disparaissaient tous du jour au lendemain. Il le faudrait pourtant. Après tout, après tant d'années à veiller sur elle, ils avaient bien le droit d'en profiter. Il restait cependant la question de William. Qu'adviendrait-il de lui si les enfants quittaient ce monde ? Irait-il en enfer ? Resterait-il coincé ici ? Dans le dernier cas, elle était sûre qu'il ne le supporterait pas. Perdre Elisabeth pour de bon le détruirait ou achèverait de le rendre fou.

— J'espère que vous y arriverez un jour, dit-elle avec le sourire. Et que…

Un bruit de verre brisé l'interrompit dans sa phrase. Elle garda le silence, puis releva la tête vers son ami. Sans hésiter, l'ours disparut à travers le sol. Son cœur se mit à battre plus rapidement alors qu'elle distinguait de plus en plus clairement des pas dans la cuisine, au rez-de-chaussée. Quelqu'un était entré. Mais qui ? Ce n'était pas la première fois que des adolescents en mal de sensations fortes tentaient de fracturer la maison, mais en général, une apparition de Golden Freddy les faisaient détaler à toutes jambes. Le fantôme traînait souvent à la maison, bien plus qu'au restaurant. Violet s'était habitué à sa présence. Il était devenu à la fois un confident et un ami proche, malgré sa grande timidité.

L'ours réapparut devant elle, l'air grave.

— On doit partir d'ici, la pressa-t-elle. C'est un autre robot aux dents pointues. Chica, cette fois. Elle en a forcément après toi ou elle serait allée au restaurant.

Tâchant de ne pas céder à la panique, Violet se redressa dans son lit et attrapa un grand sac à dos sous son lit. Elle y enfourna à la va-vite les journaux de William Afton et son album de famille, comme le voulait le protocole d'intrusion créé par la Marionnette en cas de danger. Normalement, ce plan existait en cas d'évasion de Springtrap, mais le problème était assez grand pour le mettre en place. Elle décrocha la grande corde du sac et l'attacha au pied de son lit, avant de jeter le sac par la fenêtre. Elle prit quelques secondes pour étudier la position de la menace, et frémit en entendant une des marches de l'escalier grincer. Sans plus tarder, elle enjamba l'appui de fenêtre et enroula ses mains dans la corde pour descendre. La ficelle lui brûla les mains, mais elle arriva en bas rapidement, Golden Freddy à ses côtés. Presque immédiatement, une forme sortit à toute vitesse des buissons. Violet poussa un cri avant de se faire agripper les deux jambes par une version terrifiante de Foxy. Sa mâchoire claqua plusieurs fois à quelques centimètres de son visage, puis, frustré de ne pas réussir à l'atteindre, il planta son crochet dans son épaule. La jeune femme hurla de douleur et rua des pieds. Au prix d'un dernier coup dans son endosquelette, elle réussit à le faire basculer sur le côté, lui laissant assez de temps pour se relever et courir. Elle agrippa son sac et traça vers la rue, alors que la version horrifique de Chica sortait de la maison, alertée par les cris.

Violet courut droit devant elle malgré la douleur, une main sur sa blessure, l'autre tenant son sac-à-dos. Elle devait regagner le restaurant. La Marionnette pourrait la protéger. Seulement, contrairement à elle, les robots n'avaient pas de poumons. Foxy s'était relevé et courait dans sa direction. Vite, beaucoup trop vite. Golden Freddy s'interposa, bloquant temporairement sa course. Il lui adressa un regard encourageant et Violet reprit sa course sans s'arrêter. Le restaurant était visible au bout du chemin, sa pancarte à l'effigie de Circus Baby brillant dans la nuit. Elle se jeta sur la porte et, les mains tremblantes, dut s'y reprendre à trois fois avant de réussir à mettre la clé dans la serrure. Trop lentement.

Foxy déboula de nulle part et l'agrippa au cou à deux mains. Ils traversèrent tous les deux la baie vitrée avant de s'écraser lourdement sur le carrelage. Violet se débattit, terrifiée, alors que le crochet se plantait à répétition et aléatoirement dans son épaule et son bras, alors qu'elle le détournait à chaque fois de sa jugulaire. Un autre cri mécanique retentit. Le Foxy cauchemardesque vola en arrière, projeté par celui lui du restaurant, le regard noir comme la nuit. Les deux robots roulèrent au sol, dispersant partout des morceaux de métal. Deux mains fermes la saisirent sous les bras. Elle fit volte-face. Freddy la récupéra et la tira vers le sous-sol de Springtrap, où son père et la Marionnette se trouvaient.

— Violet ! cria ce dernier, soulagé.

Vincent Afton courut à sa rencontre et la serra dans ses bras. Violet poussa un gémissement de douleur et recula rapidement.

— Tu es blessée ! s'alarma Freddy.

— C'est… Ce n'est rien, ce n'est pas urgent, répondit-elle, essoufflée. Il faut aider Foxy ! Il y a deux robots !

— Reste ici, répondit froidement la Marionnette alors que l'ours tournait les talons. Protège-les, je vais m'occuper de leur cas.

Elle s'envola rageusement vers la porte. L'adolescente se laissa tomber contre le mur dans un soupir. Springtrap l'observait avec un petit quelque chose d'inquiet dans le regard. Elle doutait qu'il s'inquiète pour elle. Sa théorie sur le retour d'Henry se confirmait. Son père s'assit à côté d'elle et entreprit de lui retirer son manteau.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— J'étais dans ma chambre avec Golden Freddy, quand on a entendu une fenêtre se briser. Il a été voir et une version de Chica avec des dents pointues était là. Je me suis enfuie par la fenêtre avec les journaux de Springtrap, mais un double de Foxy attendait en bas. Georges l'a retenu et j'ai pu retourner au restaurant. C'est lui qui m'a blessé, ajouta-t-elle en grimaçant. Il m'a planté son crochet dans l'épaule.

— On ne doit pas les laisser partir, intervint William derrière la vitre. S'ils sont en assez bon état et qu'ils ont un traqueur GPS, on peut remonter la piste jusqu'à leur créateur.

— Pourquoi on te ferait confiance ? Miller n'était pas ton associé ? grogna Vincent méchamment.

— Non, répondit Violet à sa place. Il a au moins autant de raison que nous de lui en vouloir. On peut lui faire confiance sur ça.

— Tu n'es pas sérieuse, là ? intervint Freddy. C'est à cause de lui qu'on en est tous là !

A l'étage, les bruits de combat cessèrent peu à peu. Le visage de la Marionnette ne tarda pas à apparaître dans l'encadrement de la porte et leur fit signe de venir. Freddy et Vincent lui emboîtèrent le pas. Violet s'approcha de la porte de Springtrap et l'ouvrit.

— Qu'est-ce que tu fais ? s'alarma Freddy.

— Je sais ce que je fais. On a besoin de lui.

Il grinça des dents et attendit. La jeune femme entra dans la pièce et se dirigea vers le boîtier sans se soucier du lapin, lui-même un peu surpris de cette sortie inattendue. Elle attrapa le bracelet, lui mit deux heures et s'approcha pour le mettre au robot. Mais un vertige la prit et elle bascula en arrière. Dans un réflexe, le lapin la rattrapa, mais pas sans conséquence. Freddy fit immédiatement irruption dans la pièce pour se jeter sur lui et le forcer à reculer, menaçant.

— Je vais bien, grogna la jeune femme. Il n'a rien fait, arrête.

Elle fit claquer le bracelet autour de son bras et tous les trois purent enfin rejoindre l'étage. Foxy était assis contre le mur, en piteux état, un bras manquant et une jambe tordue. Il adressa malgré tout un pouce levé de satisfaction à la jeune femme, visiblement ravi. Bonnie et Chica n'en menaient pas large non plus, le costume troué à plusieurs endroits. Au sol, un énorme robot était allongé, continuant de claquer des dents, mais les bras et jambes démembrés, inoffensif. La Marionnette était penchée dessus, désemparée. Cependant, son état changea du tout au tout lorsqu'elle releva la tête vers Springtrap.

— C'est moi qui l'ai fait sortir, la coupa Violet avant même qu'elle ne râle. Il s'y connait en robot, on pourrait avoir besoin de lui. Où est l'autre ?

— Il a fui, répondit Foxy. Je l'ai salement amoché, mais il était trop rapide pour ma vieille carcasse, je n'ai pas réussi à le rattraper. Et puis celle-là est sortie de nulle part et m'a mordu la jambe.

"Celle-là" désignait le double de Chica, encore plus terrifiant d'aussi près. Comme pour l'autre Bonnie, sa bouche ne fermait pas à cause du nombre de dents qui dépassait. Elle avait aussi des dizaines d'yeux, comme une araignée, braqués partout autour d'elle, méfiant.

— Un enfant est piégé à l'intérieur, expliqua la Marionnette, mais j'ignore comment lui venir en aide. Ce n'est pas… Ce n'est pas comme les autres. Je ne sais pas ce que mon père lui a fait, mais c'est nouveau.

Springtrap, en arrière, se rapprocha et regarda de plus près. Dès qu'elle l'aperçut, Chica s'agita et se releva pour essayer de l'attaquer en rugissant furieusement, hystérique. Lui-même jugea plus prudent de reculer d'un pas. Personne ne le formula à voix haute, mais il était assez évident qu'elle en avait après lui.