Hello, hello ! Voici la suite des aventures de Violet avec un chapitre assez chargé :D Bonne lecture !

Chapitre 9 : Lune de sang

Couchée dans son lit, Violet fixait le plafond, un carnet ouvert à côté d'elle. Elle était de repos aujourd'hui et son père l'avait presque mise dehors. Dernièrement, il avait reçu un courrier de l'inspection sur la trop grande présence de certains employés sur site, et maintenant, elle était consignée à domicile les jours de repos, avec interdiction d'aller au restaurant.

Heureusement, elle n'était pas seule. Son père l'avait autorisé à embarque Foxy, sur lequel elle voulait faire quelques réparations. L'âme du petit garçon qui l'habitait, Fritz, était là également. Cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas retrouvés seuls tous les deux, et cette chambre dans laquelle il s'était passé tant de choses participait à l'atmosphère nostalgique.

— Tu as l'air bien pensive, remarqua Foxy.

Le renard était assis dans un coin, branché à un ordinateur, et tous les deux attendaient que la mise à jour de son système se termine, ce qui pouvait prendre plusieurs heures. La jeune femme releva la tête avant de s'asseoir en tailleur sur le lit en soupirant.

De tous les robots, Foxy était sûrement celui qui la connaissait le mieux. Après qu'il l'ait protégé plus jeune au péril de sa vie, Violet était restée très proche de lui et lui confiait souvent ses préoccupations. Contrairement aux autres qui pouvaient vite moufeter à la Marionnette, Foxy savait garder des secrets. Peut-être parce que lui-même gardait un certain écart avec la Marionnette, comme une zone de protection. Violet avait déjà remarqué qu'il n'agissait pas avec elle comme avec les autres.

— Peut-être, avoua Miranda. Je ne sais pas. C'est toute cette histoire de nouveaux robots… Je n'aime pas ça.

— On est dans le même cas. Afton était déjà un sacré morceau à gérer, et je pense parler au nom des autres si je dis qu'aucun d'entre nous n'a envie de revoir la sale tronche de son copain de torture. Un psychopathe, c'est bien assez à gérer.

— Il est vraiment pire que lui ?

— Les deux sont pareils. Je suppose qu'ils excellent chacun dans l'art de provoquer des catastrophes en quelques sortes, mais dans des domaines différents. William agit par impulsion, si on peut appeler ça une qualité, rien de ce qui n'a fait n'était vraiment prémédité. Henry est beaucoup plus rusé et vicieux. Il planifie longtemps avant ce qu'il va faire et trouve des moyens détournés pour enrôler les personnes dont il a besoin au meilleur moment. C'est une vipère, là où William est un ours, tout au plus.

— Si tu l'appelles Baloo, je suis sûr que ça va le faire sortir de ses gonds, se moqua Violet. Mais c'est vrai que la finesse n'est pas vraiment son fort, que ce soit verbalement ou physiquement. Son égo en revanche… Il a constamment besoin d'être le centre de l'attention, comme un chiot.

Foxy émit un gargouillement mécanique qui ressemblait à un rire.

— Tu dois avoir raison. Il a besoin de se faire plaindre pour se sentir mieux. Ça s'appelle le complexe de la victime ou quelque chose comme ça. Ce n'est pas comme s'il n'était pas prévenu de ce qu'il encourait quand il a décidé de recommencer à faire n'importe quoi. Malgré tout, je dois bien reconnaître qu'il a changé ces dernières années. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il est repenti, loin de là, mais il a ces périodes où il fait vraiment des efforts. Je sais que les autres s'en fichent, et qu'ils ne sont pas totalement innocent lorsqu'il pète soudainement les plombs, mais j'ai déjà eu une ou deux conversations avec lui à peu près normales, et ça n'était jamais arrivé avant. Je pense qu'il y a vraiment de l'espoir qu'il prenne un jour conscience de ses erreurs.

— Je suis contente que tu le penses aussi. J'avais vraiment l'impression qu'il n'y avait que Georges pour m'encourager jusqu'à présent. Même Papy pense qu'il n'y a plus d'espoir pour lui, même s'il ne le dit pas aussi clairement. Et je ne parle même pas de Charlie… Springtrap se contrôle mieux lorsqu'il est dehors, et j'aimerais vraiment travailler plus souvent comme ça avec lui, en le faisant travailler sur de la robotique, ou je ne sais quoi. Il me parle mal, mais il s'applique et il se rend utile. Et puis, même s'il ne l'avouera jamais, je sais qu'il aime ces moments. Ce n'est pas en le gardant en cage que ça va progresser. La preuve est là, c'est ce qui s'est passé pendant trente ans dans les décombres du premier restaurant et ça l'a rendu encore plus fou qu'au début.

— Je ne sais pas. Peut-être. Mais Charlie n'a pas totalement tort. On a déjà essayé de lui donner de l'espace par le passé, et ça n'a rien changé du tout. Je ne sais pas si tu parviendras à le changer entièrement, je ne pense pas que ce soit seulement possible, mais je suis d'accord sur le fait que le climat tendu de la pizzéria quand il est dans les parages n'aide pas. Je peux convaincre Freddy de lâcher un peu de zeste, puisque je sais à quel point il ne supporte pas de le voir libre, mais pour Charlie… Honnêtement, je ne pense pas qu'elle changera d'avis sur lui. Il lui a fait trop de mal par le passé, et je la comprends quelque part. C'est simplement que… Parfois, même moi j'aimerais qu'elle nous lâche un peu. Ce n'est pas que… Je ne veux pas dire par là que ça me dérange vraiment qu'elle nous étouffe comme ça, mais… J'ai parfois l'impression que ça en devient obsessionnel. Et quand je vois ce que l'obsession a fait à deux types presque normaux, je ne suis pas sûr que l'encourager sur cette voie soit vraiment bienvenu.

Violet hocha la tête. Découvrir que ce n'était pas un sentiment personnel la rassurait quelque part. Peut-être que quand les évènements seraient plus calmes, elle pourrait avoir une vraie discussion avec elle. Jusqu'à présent, Charlie avait toujours pris son opinion en compte. Elle savait qu'elle pouvait trouver un moyen de la convaincre.

L'ordinateur émit un bip aigu. La jeune femme se laissa glisser hors du lit et analysa les données de l'écran. Foxy la regarda faire.

— Qu'est-ce que ça dit ?

— Que ton ancien endosquelette continue de rouiller et d'abimer d'autres parties des nouvelles pièces. Il va falloir encore en changer quelques-unes, mais rien de bien grave. Tes circuits internes sont parfaits en revanche. Dis, qu'est-ce que tu penses d'ajouter un perroquet à ton costume ? Ce serait un oiseau métallique qui répéterait des mots et donnerait des ordres. Ça pourrait être sympa, mais je sais que ça peut devenir agaçant s'il ne se tait pas.

— Non, ça me va. Ça fera un peu de nouveautés !

— Vendu ! Je m'y mets dès qu'on peut retourner au restaurant. Je vais récupérer les fils branchés dans ton torse.

Elle exerça une pression sur le ventre du renard et ouvrit son torse. Elle débrancha l'ordinateur et replaça correctement les diverses pièces qui composait le ventre de son ami. Foxy resta immobile, habitué aux manipulations, puis elle referma le tout.

— Voilà ! Il nous reste encore quelques heures avant de retourner à la pizzéria. Mario Kart ?

— Mario Kart ! répondit-il, enthousiaste.

Elle s'apprêta à ouvrir la porte quand Golden Freddy sortit du mur à côté d'elle. Il avait l'air agité, presque paniqué. Foxy se rapprocha de Violet.

— Une attaque est en cours à la pizzéria. Ce sont les mêmes robots que la dernière fois, mais ils sont bien plus nombreux. Ils attaquent en plein service, c'est un carnage. Et… Je crois qu'ils ont un objectif.

— Qu'est-ce que… Qu'est-ce qu'on… balbutia Violet, les yeux écarquillés.

— Grimpe sur mon dos, ordonna Foxy. Je suis rapide, tu te souviens ? On te suit, dit-il à Golden Freddy.

Sous le choc, Violet ne réagit pas plus que ça. Elle escalada maladroitement le dos de Foxy, comme elle le faisait quand elle était plus jeune. Le renard, tout comme elle, sembla réaliser qu'elle n'avait plus le même poids. Foxy se tordit légèrement vers l'arrière, mais tint bon. Golden Freddy ouvrit la marche.

En quelques secondes, ils descendirent les escaliers et traversèrent la rue à une vitesse abominable. Accrochée au cou du robot, Violet fut contrainte de fermer les yeux à mesure que le vent lui fouettait le visage. Elle n'eut pas le temps de s'extasier sur le paysage qui défilait, il n'y avait plus une seconde à perdre. Plus ils approchaient, plus elle redoutait ce qu'ils allaient trouver. Son père était encore là-bas, sa famille de cœur, et plus préoccupant, Springtrap. Si le lapin parvenait à s'échapper, ce serait un désastre.

Ils arrivèrent devant la pizzéria cinq minutes plus tard. Des hurlements leur parvinrent bien avant d'arriver. Sur la route, un gigantesque Bonnie sortit de nulle part pour leur barrer la route. Sa bouche s'ouvrit et tira quelque chose, droit vers la poitrine de Foxy. Le renard s'effondra net au sol et la jeune femme fut propulsée au sol violemment. Elle rebondit sur le bitume, raflant la route et le trottoir. Sur le dos, elle ne comprit que trop tard ce qui venait de se passer. Le lapin de cauchemar souleva Foxy comme s'il ne pesait rien et s'en alla en courant à une vitesse qu'aucun robot n'avait atteint avant, pas même Foxy.

— Foxy ! cria-t-elle. Foxy, tu es là ?

Elle l'appela, encore et encore, à la recherche de son fantôme autour d'elle, en vain. Golden Freddy apparut devant elle.

— On ne peut rien pour lui, ce qu'ils leur injectent bloque leurs âmes à l'intérieur. Ils ont déjà emmené plusieurs robots, viens.

Violet se remit sur ses jambes et courut vers le restaurant. Un gros camion était stationné devant l'entrée. Nightmare Bonnie balança Foxy à l'intérieur, alors qu'un gigantesque ours qu'elle n'avait encore jamais vu traîner Circus Baby, abîmée, hors du restaurant.

— Eh ! Lâchez-la ! hurla Violet.

Les robots se tournèrent vers elle. Freddy poussa un grognement et la vitre principale du restaurant vola en éclat. Une version cauchemardesque de Foxy bondit du restaurant et se rua vers elle, ses multiples rangées de dents claquant dans sa mâchoire surdimensionnée. Il se jeta sur elle, la plaquant au sol. La mâchoire se referma sur son bras. Elle poussa un hurlement de douleur et rua avec coups de pieds et de poings pour se dégager. Le robot vola subitement en arrière, dans un hurlement mécanique. Violet n'en crut pas ses yeux.

Springtrap venait de s'interposer, totalement libre, et frappait la carcasse métallique à coups de poings rageurs. Il ne mit que quelques secondes à transformer l'énorme tête en charpie métallique. Les autres robots se dépêchèrent de balancer Circus Baby dans le camion et montèrent dans le camion avant de claquer la porte derrière eux. Le bruit sortit l'énorme lapin de sa transe meurtrière.

— Elizabeth ! hurla-t-il.

Il tenta de courir après le camion qui démarrait, en vain. Après un moment, George apparut devant lui. Violet n'entendit pas ce qu'ils se dirent, mais cela convainquit Springtrap de faire demi-tour. Assise sur le trottoir, un bras ensanglanté, la jeune femme tremblait. C'était beaucoup trop. Les mauvais souvenirs affluaient dans sa tête. Ça ne pouvait pas arriver. C'était simplement un mauvais cauchemar.

Avec une voix anormalement gentille, le lapin s'accroupit devant elle.

— Viens. On ne peut pas rester là, dit Springtrap.

Il lui tendit la main. Violet hésita, puis la prit. Avec une force surprenante, il la remit sur ses pieds comme si elle n'était rien et retourna dans le restaurant sans se retourner. La jeune femme le suivit à bonne distance. Elle avait peur de ce qu'elle trouverait à l'intérieur. Pourtant, elle devait y retourner. Elle boîta vers la porte et suivit William à l'intérieur.

Elle s'arrêta net devant la salle principale. Tout avait été détruit. Les tables étaient renversées et leur contenu explosé sur le sol couvert de sang. Des adultes, des enfants pleuraient, d'autres gisaient inanimés dans une mare de sang. La scène principale semblait avoir été ruée de coups et plus aucun robot ne s'y trouvait. Violet courut dans les coulisses et ouvrit les rideaux en grands. Personne. Ils les avaient tous emmenés. Y compris les robots qui n'étaient pas hantés. Elle sentit la panique monter en elle. Ce n'était pas bon. Ce n'était pas bon du tout. Elle fit demi-tour et courut vers la boîte de la Marionnette. Elle aussi semblait avoir été ruée de coups et gisait au sol, brisée en deux. Charlie avait disparu, elle aussi.

Springtrap apparut à côté d'elle.

— Tu… Tu devrais venir en bas.

Il n'en dit pas plus et tourna les talons. Elle le suivit silencieusement et descendit les quelques marches qui menaient à la cellule de Springtrap. La vitre renforcée était couverte de marques de griffes, mais la cellule semblait intacte. Ils n'avaient pas réussi à rentrer, en conclut-elle. Elle suivit le robot et passa la porte ouverte.

— Papa !

Assis contre le mur, une partie du visage en sang, Vincent gémissait. Violet se jeta à son chevet, mais il lui sourit pour la rassurer.

— Je… Je vais bien. Tu peux dire merci à ton… ton ami.

Il pointa de la tête le coin de la pièce. Dans un sale état, Freddy était assis, les jambes réduites en charpie. Violet se leva, puis alla se jeter dans ses bras.

— Merci, chuchota-t-elle.

— Tu peux le remercier lui, répondit-il en pointant Springtrap de la tête. S'il ne s'était pas jeté sur un des robots, ils m'auraient eu aussi. Comme quoi.

Alors que les sirènes de police et des ambulances commençaient à résonner plus haut, Violet se tourna vers les trois personnes qui restaient.

— Et si vous commenciez par m'expliquer ce qui s'est passé ?