Bonjour ! La situation est toujours tendue au restaurant. Qu'est-ce qui pourrait bien aller encore plus mal ?
Chapitre 10 : La chasse est ouverte
Violet regarda la dernière ambulance quitter la devanture du restaurant, celle où son père se trouvait. Elle patienta le temps qu'elle soit hors de vue et referma la porte, chose bien illusoire étant donné que toutes les baies vitrées avaient été explosées. Quinze personnes décédées et une trentaine d'autres blessés plus ou moins gravement. La jeune femme s'étonnait de rester aussi calme alors que cette scène lui rappelait des souvenir bien moins joyeux. Le calme retrouvé, Springtrap émergea du sous-sol. George faisait flotter Freddy derrière lui. Il le déposa contre la scène et jeta un regard triste autour de lui.
— Je savais qu'on aurait dû se débarrasser de lui dès qu'on en avait l'occasion, murmura Golden Freddy. On a trop attendu.
— Ce n'est pas de ta faute, répondit Violet avec un sourire. On ne pouvait pas savoir qu'il attaquerait aussi tôt. Et puis tout n'est pas perdu. Il n'a clairement pas eu ce qu'il cherchait, dit-elle en se tournant vers Springtrap.
— Il ne s'arrêtera pas là, répondit le lapin, penché sur l'appui de fenêtre. Je… Je sais que je ne devrais pas dire ça, mais même si j'ai vrillé sur la fin, j'ai toujours gardé la tête sur les épaules.
Freddy pouffa de manière peu élégante.
— La ferme, gronda-t-il. Là où je veux en venir, c'est que ce n'est pas le cas d'Henry. Il n'a jamais su se poser de limites, et ces robots étaient clairement hantés. Un programme ne prend pas de plaisir à tuer, ce que j'ai vu dans les mouvements et les yeux de certaines de ces choses ne peut pas être reproduit par une intelligence artificielle, aussi poussée soit-elle. Il continue à tuer, là, quelque part dehors, et maintenant qu'il les as tous…
— Tu sais ce qu'il veut en faire ?
— Oui. Depuis le début, il n'a qu'un seul projet : transférer sa fille du robot dans un autre corps humain. Il a pris les autres pour faire des tests avant, pour voir si ça fonctionne. Cet idiot pense toujours qu'elle va le pardonner s'il la ramène « à la vie », mais ce ne sera sans doute pas aussi simple. Même si ça fonctionne, la première chose qu'elle va essayer de faire est de le tuer. Je vais l'arrêter, que ça vous plaise ou non, libre à vous de me suivre.
Freddy émit un grondement menaçant. Le lapin se retourna vers lui et lui adressa un regard interrogatif.
— Il est hors de question que tu sortes d'ici. Nous allons y aller. Toi, tu restes ici.
— Ils ont ma fille, je ne vais certainement pas rester là à rien faire.
— Du calme, tempéra Violet. On va tous y aller. On a besoin de Springtrap parce qu'il le connait mieux que personne, et on a besoin de toi, Freddy, parce que tu es la force brute du groupe. Mais y aller comme ça, c'est du suicide. George, est-ce que tu pourrais partir en amont pour les localiser ? Je vais m'occuper des jambes de Freddy avec Springtrap, pour le remettre en état.
— Je ne veux pas qu'il me touche, grogna Freddy, de mauvaise humeur.
— Je peux faire ça, répondit George. Mais je vais attendre que ton grand-père arrive. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance, mais l'expérience m'a appris qu'il ne vaut mieux pas laisser un tueur en série seul avec ses victimes.
Si William avait pu lever les yeux au ciel, il l'aurait certainement fait. À défaut, et sans que personne ne lui demande, il commença à redresser les tables. Violet hésita avant de se diriger vers la cuisine pour récupérer de quoi nettoyer la mare de sang séché sur le sol. Freddy lui attrapa le bras quand elle passa.
— S'il te plaît, ne fais pas l'erreur de lui faire confiance, d'accord ? Il n'est pas fiable, chuchota-t-il.
— Je sais, Freddy. Mais malheureusement, je ne pense pas qu'on ait beaucoup d'autres choix si on veut les retrouver. Et puis, je ne m'en fais pas, je sais que j'ai un bon vieux gros nounours grincheux pour veiller sur moi. Tu vas pouvoir vite remarcher, tu verras.
— Promets-moi de ne pas baisser ta garde. Il est peut-être stable là, mais il est imprévisible, au moins autant que Henry, et il te jettera à la moindre difficulté pour suivre son objectif.
— Si tu veux, répondit-elle en levant les yeux au ciel.
Elle se leva et quitta la pièce pour aller chercher un seau d'eau. Le temps que l'eau le remplisse, elle essaya de prendre un peu de recul sur la situation. Elle n'arrivait pas encore à réaliser ce qui venait de se produire et elle en avait conscience. L'adrénaline courait encore dans ses veines. Le contrecoup finirait par arriver, brutal, mais lui permettrait de réfléchir de manière plus posée. Elle avait l'impression de se trouver dans un autre corps et d'observer les événements à distance. Sa main effleura son bras blessé et elle tira une grimace. Elle n'avait pas voulu partir avec l'ambulance, alors un urgentiste l'avait grossièrement désinfecté et mit un bandage dessus.
Elle inspira et expira. Au fond d'elle, elle savait que ça finirait par arriver. Les attaques de robots, ce lapin hideux qui l'avait suivi… Ça n'augurait rien de bon. Elle faisait confiance à la Marionnette pour se défendre. Elle avait vu pire et elle ne se laisserait sans doute pas faire si facilement. Elle défendrait les autres jusqu'à ce qu'ils trouvent un moyen de les rejoindre. Mais une chose à la fois. Elle devait penser à ceux rester derrière avant tout.
Freddy venait de perdre sa famille et même s'il ne montrait rien, elle sentait bien dans le ton de sa voix et sa surprotectivité qu'il était angoissé. Il en était de même pour Springtrap. Il était dans le même état qu'elle et ne réalisait pas encore pleinement ce qui venait de se passer. Freddy avait raison quelque part, elle devait garder l'oeil ouvert. Il pourrait très bien décider de partir chercher sa fille de lui-même, et ce n'était pas seule qu'elle réussirait à le retenir.
Elle frissonna lorsque sa main passa sur la cicatrice sur son ventre, vestige d'une autre attaque, de nombreuses années plus tôt. Elle tendait à oublier qu'il n'était pas le gentil lapin qu'il prétendait être parfois. Mais cette piqûre de rappel suffit à lui rappeler de faire attention à elle. William ne valait pas mieux que Henry, et si pour l'instant le deuxième était sous le feu des projecteurs, considérer que le premier ne représentait plus aucun danger était une grave erreur.
Elle ferma le robinet et partit de nouveau vers la salle principale. Les problèmes ne tarderaient pas à arriver. Elle pouvait voir des voitures alignées derrière les cordons de sécurité, signe que les journalistes étaient déjà au courant de l'attaque. La compagnie était habituée au scandale, certes, mais elle n'était pas non plus intouchable. Un jour ou l'autre, ce restaurant causerait la mort de quelqu'un d'important et Fazbear's Entertainment ne s'en relèverait pas. C'était déjà un miracle qu'elle tienne encore debout après tout ce qui s'était passé dans le passé. Lorsque son père avait décidé de reprendre l'entreprise, le banquier lui avait ri au nez en lui disant qu'il était complètement cinglé. Elle commençait à comprendre pourquoi.
La porte du hall s'ouvrit. Toujours sur les nerfs, Springtrap se retourna vivement dans un grognement agressif. Michael se fraya un chemin difficilement avec son fauteuil roulant à travers les décombres, le visage sombre. Violet lâcha son seau et alla se jeter dans ses bras. Son grand-père la serra brièvement, mais elle put sentir la tension monter dans la pièce. Il la lâcha gentiment et s'approcha de Springtrap.
— À chaque fois, ça termine de la même façon, dit-il, écœuré. Tu arrives quelque part. Tu t'installes. Tu fais croire à tout le monde que les erreurs font partie de passé… Et puis des gens meurent. Combien encore, Papa ? Combien de gens vont encore devoir payer pour tes erreurs ?
— Ce n'est pas de ma faute ! cria le lapin.
— Et qui d'autre ? Oh oui, rit-il, sarcastique, ton vieil ami Henry Miller. Est-ce vraiment surprenant ? Quand l'un commet une atrocité, l'autre n'est jamais très loin dans son ombre. En quoi est-ce différent aujourd'hui ? Qu'est-ce qui nous dit seulement que tu n'es pas encore une fois de mèche avec lui ? Je ne le connais que trop bien ton petit numéro. Tu le détestes, mais tu es tellement malade que tu ne peux pas te passer de lui et finit de toute façon par retourner dans ses bras parce que tu n'as aucun amour propre. Tu me dégoûtes. Regarde toi, couvert de sang ! C'est ça, ton élément naturel. Entouré par la mort. J'espère que le jour où tu crèveras pour de bon, le dieu des Enfers ou peut importe quel connard t'y accueillera te fera souffrir pour l'éternité, parce que tu n'es qu'une pourriture comme tout ce que représente ton nom aujourd'hui.
Springtrap serra le poing dans un grincement mécanique. Le bruit fit sursauter Violet qui recula d'un pas malgré elle.
— Tu ne répliques même pas, continua Michael. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu sais que j'ai raison.
— Ferme-la, gronda-t-il d'une voix menaçante.
— Je t'avais prévenu lorsqu'on l'a enfermé ici que ça arriverait, dit-il à Golden Freddy. Il a été incapable de faire preuve d'humanité de son vivant, en quoi est-ce que ça serait différent cette fois ?
— Oh, parce que tu es irréprochable ? siffla William. Ce n'est pas moi qui ai commencé tout ça, Mike. Ce n'est pas moi qui ai mis la tête de mon petit frère dans ce robot. C'est toi qui m'a fait pété les plombs. Si j'avais su que tu me laisserais crever dans cette salle, jamais je n'aurai accepté de te revoir.
— Ah, et revoici le saint William Afton et ses paroles bénies.
Springtrap frappa un coup sec sur la table à côté de lui, la brisant net en deux. Il décrocha le pied de la table et se tourna vers Michael, le regard aussi noir que la nuit. Violet comprit avant qu'il n'esquisse le moindre pas. Elle courut se mettre entre son grand-père et l'arme, et reçut le coup de plein fouet. La barre de bois la heurta à la poitrine, lui coupant le souffle, et elle vola à travers la pièce comme une poupée désarticulée sous le cri de détresse de Freddy, paralysé par son manque de jambes.
Malgré tout, cela remit les idées en place au lapin. Il lâcha son arme, choqué, et se tourna vers la jeune femme, recroquevillée sur le carrelage. Il fit mine de s'approcher, mais Freddy rampa à toute vitesse vers elle et s'interposa.
— Ne la touche pas, espèce de taré !
Il n'insista pas et recula d'un pas. Freddy posa une main sur l'épaule de Violet. La jeune femme geignit et releva la tête, sonnée. Son premier regard fut vers Springtrap, qui regardait fixement l'extérieur. Il tourna la tête et croisa son regard.
— No… Non, reste ici. Partir ne te mènera nulle part, tu ne la retrouveras pas tout seul.
— Désolé, princesse. Mais tout le monde n'est visiblement pas du même avis. Je n'ai jamais bien travaillé en équipe de toute manière.
Il donna un grand coup dans la vitre et l'enjamba. Michael le regarda partir sans ciller, le visage fermé. George vola furieusement entre la jeune fille à terre et la fenêtre, incapable de prendre une décision.
— Suis-le, supplia Violet. Essaie de le raisonner. F… Freddy est là pour s'occuper de moi, ne t'inquiète pas.
Golden Freddy hocha la tête et disparut à la suite du lapin. Freddy l'aida à se mettre en position assise, collée contre son torse. Il tourna la tête vers Michael, toujours silencieux.
— Pourquoi est-ce que tu l'as provoqué ?
— Parce qu'Henry Miller ne va pas le laisser partir si facilement. Il va le traquer. Springtrap est équipé d'une puce GPS de toute façon. S'il se fait attraper, il nous conduira directement à lui. Et il va se faire attraper. Il se pense intelligent, mais s'il y a une chose que j'ai apprise de lui, c'est que Henry l'est encore plus.
— Ce n'était pas une raison pour lui parler comme ça, répondit Violet, encore essoufflée. Il n'y est vraiment pour rien et il a beaucoup aidé pendant l'attaque.
— Ne te fie pas à son numéro de Caliméro, ma fille. Il ne ressent rien. Ni remord, ni honte, ni culpabilité. S'il est gentil avec toi, c'est uniquement parce qu'il cherche à te manipuler.
Violet tourna la tête, peu convaincue.
— Et moi, je ne l'avais encore jamais vu baisser son arme après avoir blessé quelqu'un. Tu parles de la vengeance comme quelque chose qui empoisonne la vie, mais ce que tu viens de faire, si ça n'en était pas, qu'est-ce que c'était ? Ce n'est pas en l'insultant que le problème va se résoudre.
Elle s'appuya sur l'épaule de Freddy pour se relever. Michael détourna le regard.
— Peut-être que je me suis emporté, c'est vrai. Mais je n'en pense pas moins pour autant. L'important, maintenant, c'est de réparer vite ton ami. Le plus tôt, le mieux. Nous avons un lapin à chasser.
