Bonjour, bonjour ! Nous poursuivons l'aventure avec un chapitre un peu plus porté sur l'émotion et Springtrap cette fois-ci ! Bonne lecture :D
Chapitre 11 : Éclat de lumière
Il avait essayé. Il avait vraiment essayé. On lui avait dit de ne pas faire de vagues, de rester calme, d'arrêter de provoquer les autres… Il l'avait fait ! Mais non… Non ! Rien de tout ça n'avait servi à quelque chose. Son passé l'avait rattrapé une nouvelle fois et voilà qu'on lui collait sur le dos une attaque dont il n'était même pas responsable.
Dans un hurlement de colère, William écrasa son poing robotique sur le capot d'une voiture. La tôle se plia sous la force du coup. Il n'en pouvait plus. Il voulait passer à autre chose. Michael ne pouvait pas avoir raison. Il n'était pas qu'un tueur en série. Il y avait forcément quelque chose qui restait de sa personnalité d'avant la chute, quelque chose de récupérable. Quelque chose d'humain !
— Tu as fini de bouder ?
Le lapin tourna la tête vers le fantôme qui flottait derrière lui. Golden Freddy. Bien sûr. Même s'isoler lui était interdit désormais. Il grogna et poursuivit sa route, tentant vainement de l'ignorer. L'ours apparut de nouveau devant lui.
— Fous-moi la paix, grogna William.
— Tu ne vois pas que tu es en train de faire une bêtise ? Tu ne t'en sortiras pas tout seul. Rentre au restaurant.
— Je t'ai dit de te casser !
Il attrapa une poubelle et la projeta de toutes ses forces sur l'apparition. Elle ne fit que traverser l'ours et s'écrasa bruyamment sur la voiture qu'il venait de martyriser, loin derrière.
Golden Freddy soupira. Il leva la main. Une boule d'énergie bleutée brilla au creux de sa main, puis il la projeta vers Springtrap. Le robot fut brusquement projeté en arrière et s'écrasa au sol dans un bruit de métal rouillé.
— Tu es en train de tout foutre en l'air ! cria Golden Freddy. Tu ne vois pas que tu as enfin une chance de prouver que tu n'es pas qu'un monstre ? Violet a besoin de toi pour retrouver Henry, alors arrête de faire n'importe quoi et rentre. Tu ne retrouveras pas Elisabeth tout seul et tu risques de mettre d'autres personnes en danger si tu ne contrôles pas mieux ta colère. On essaie de t'aider !
— Ah ouais ? Je la sens bien l'aide, là. Merci Bisounours, tes mots magiques ont réussi à me redonner envie de me battre, s'exclama le lapin avec mélodrame.
— Papa…
Springtrap se figea en même temps que l'ours qui lui faisait face. Cela faisait une centaine d'années au bas mot que George ne l'avait pas appelé comme ça, pas avec autant de sincérité en tout cas. Golden Freddy semblait lui aussi surpris de la facilité avec lequel le mot était sorti.
Le lapin se redressa difficilement. Il regarda derrière lui. La ruelle menait sur la grand-route. Il n'avait qu'à avancer, se débarrasser de son traqueur GPS et retrouver sa liberté pour de bon. Mais pourquoi faire ? Pour la première fois de sa vie, même lui ne le savait pas.
Un soupir mécanique s'échappa de son costume. La gamine avait raison. Sa liberté restait toute relative. Si elle ne le rattrapait pas, Henry le ferait. Dans cet état, il était incapable de lui faire face seul. Pas après autant d'années. Il pensait avoir réussi à lui échapper pour de bon après Fazbear Frights, mais il se rendait compte désormais qu'où il aille, quoi qu'il fasse, sa vie était liée à la sienne. S'il n'aidait pas à le faire tomber, il continuerait à s'acharner sur son cas des siècles et des siècles. Il ne comptait pas lui offrir la satisfaction de revenir ramper à ses pieds une nouvelle fois. Peu importe ce que les autres disaient, il avait beaucoup changé depuis 1989. Parfois en pire, parfois en mieux, mais lui évoluait. Pas Henry. Jamais Henry. Il était temps d'en finir une bonne fois pour toute.
— Très bien, grogna Springtrap. On rentre. Mais je te préviens, trouve un moyen de faire taire ton frère parce que je risque très fort de ne pas réussir à me contrôler s'il continue à jouer son sale petit jeu avec moi.
— Est-ce que ça n'a pas été toujours le cas ? se moqua gentiment George.
— Tais-toi.
Le robot fit demi-tour et retourna sur ses pas à contrecœur. Ce n'était pas le fait de changer d'avis qui le mettait mal à l'aise, mais plutôt celui de devoir se justifier. Encore. Par chance, il ne se trouvait pas très loin du Circus Baby's World. La nuit encore noire permit de masquer ses pas alors qu'il regagnait la façade.
Comme il s'y attendait, Violet se trouvait devant l'établissement, son manteau sur le dos et une lampe-torche allumée. La lumière se braqua droit dans ses yeux. Il poussa un grognement et posa son bras au-dessus de sa tête. La jeune fille baissa son « arme » et le dévisagea avec méfiance.
— C'est bon, j'ai tué personne, dit-il, de mauvaise foi. Et arrête de me regarder comme ça. Avec ces yeux-là.
— Je savais que tu reviendrais, confia-t-elle.
Springtrap détourna le regard, mal à l'aise. Il l'évita soigneusement et regagna le restaurant par la même fenêtre explosée par laquelle il s'était enfui. Michael et Freddy, occupés sur les jambes de l'ours, lui lancèrent un regard noir. Il pouffa, amusé, puis bomba le torse autant que sa vieille carcasse le lui permettait et regagna sa salle sans un regard pour eux.
Violet s'éveilla à l'aube, éblouie par les premiers rayons du soleil à travers les vitres du restaurant. Elle se redressa avec difficulté, courbaturée, sur une salle de restauration toujours aussi ravagée. Elle avait passé une bonne partie de la nuit à essayer d'éponger le sang au sol, mais à en juger les marques roses sales qui marquaient toujours le carrelage, cela n'avait pas eu de grand effet.
Après ce qui était arrivé chez elle, la jeune femme avait préféré dormir sur place, sur la scène désormais vide. Comme elle s'en doutait, Freddy avait monté la garde toute la nuit. Désactivé depuis six heures du matin, il reposait la tête contre son torse, assis à côté d'elle.
Elle était assez fière du travail sur ses jambes. Devant l'urgence de la situation, elle avait démonté celles d'un nouveau modèle, plus punk, et les avait greffées à la place des anciennes. Légèrement plus grosses que son costume original, elles lui donnaient un air un peu plus patibulaire qui la faisait beaucoup rire. Freddy marchait désormais comme un cowboy, mais il faudrait faire avec.
Violet repoussa la maigre couverture de survie qui lui avait permis de lutter contre le froid pendant la nuit et s'étira longuement pour réveiller ses muscles endoloris. Le bois de la scène n'était pas le meilleur des lits. Derrière les baies vitrées, plusieurs camions de journalistes étaient déjà là, derrière les cordons de sécurité. Certains en plein direct de toute évidence. Elle fit de son mieux pour ne pas être vue et alla se faire un café au percolateur.
Il était l'un des derniers équipements de cuisine encore debout. La porte de la salle froide pendait tristement, la vitre du four avait été explosée et le frigo brisé en deux, d'une manière ou d'une autre. Il fallait de la force pour en arriver à ce résultat, elle était presque impressionnée. Trouver une tasse intacte se révéla plus compliqué que prévu. Par dépit, elle versa son café dans un gobelet en plastique qui lui brûla immédiatement les doigts.
Elle se retourna, en acceptant sa destinée, et sursauta brusquement en se retrouvant nez à nez avec Springtrap. Le café lui échappa des mains. Le liquide se répandit au sol dans une grande marée noire. Mal à l'aise, Violet regarda derrière elle. Il n'y avait pas d'issue. Elle savait que le lapin ne lui ferait pas de mal, mais elle détestait l'idée de se retrouver dans un coin, seule avec lui. « S'il te plaît, ne fais pas l'erreur de lui faire confiance, d'accord ? Il n'est pas fiable. » Les mots de Freddy résonnaient toujours dans sa tête.
Le robot leva un pied pour éviter de marcher dans le liquide et, sans s'offusquer de sa réaction, prit la parole.
— J'ai passé la nuit à éplucher mes vieux journaux plus si intimes, mais ça ne suffit pas. Il me faut un accès à Internet pour voir ce qu'a fait Henry ces dernières années.
— D'a… D'accord, se reprit Violet. J'ai mon PC portable dans mes affaires, je t'amène ça dans cinq minutes, le temps de refaire un café.
Il tourna les talons sans plus de cérémonie. Violet posa une main sur sa poitrine pour calmer les battements affolés de son cœur. Elle attrapa un autre gobelet et se refit un café, qu'elle emmena avec elle dans le couloir de service. Elle passa la tête dans le bureau de garde. Son grand-père dormait dans son fauteuil, paisible, devant les caméras de surveillance qui passaient en boucle la scène de l'attaque. Elle le laissa tranquille et récupéra son ordinateur, avant de retourner dans la salle principale. Freddy était debout de nouveau, le visage tourné vers la fenêtre. Springtrap n'était pas là, elle en déduisit qu'il était retourné au sous-sol.
— Tout va bien, Freddy ? demanda-t-elle, inquiète pour son ami.
— Oui, je crois. J'ai été faire un tour, pour voir si leurs fantômes… S'ils avaient pu sortir. Mais ils ne sont pas là. Quelque chose doit les retenir là-bas.
— On va les retrouver.
— Je l'espère. C'est… C'est la première fois que je me retrouve vraiment tout seul, sans eux. Depuis que William nous a… Je déteste ça. Qu'est-ce que tu fais avec ça ? dit-il en pointant l'ordinateur, changeant immédiatement le sujet comme à chaque fois qu'il abordait la question des émotions.
— William en a besoin apparemment. Je ne pensais même pas qu'il savait ce qu'était Internet si tu veux tout savoir.
Freddy ricana, amusé, ce qui détendit légèrement l'atmosphère. L'ours lui emboîta le pas et descendit avec elle vers le sous-sol. Elle marqua un temps d'arrêt devant la porte ouverte. Springtrap avait manifestement réaménagé sa salle pendant la nuit. Plusieurs tables de la salle à manger avaient été collées contre le mur, recouverte de pièces d'Animatroniques. Springtrap était lui penché sur une autre table, au-dessus d'une gigantesque carcasse métallique qui n'avait plus rien de mignon, et qui continuait malgré tout d'essayer de le mordre.
— C'est la version de Chica qui nous a attaqué ? devina-t-elle.
— Oui. J'essaie de la démanteler pour voir si elle n'a pas un traqueur GPS ou une pièce avec une adresse pour que nous puissions remonter à Henry. Je n'y crois pas trop, il est trop malin pour ça, mais défoncer cette saloperie me fait du bien. Oh, et j'ai perdu deux doigts, ils sont là, si tu peux les revisser, dit-il de manière parfaitement normale.
Violet déposa l'ordinateur et contourna soigneusement le lapin en s'assurant de ne jamais lui tourner le dos. Les deux doigts étaient effectivement là où il l'avait dit, l'un deux avec un croc mécanique planté profondément dans le plastique, ce qui en disait long sur ce qui s'était passé. Discret, Freddy alla s'installer dans un coin, près de Golden Freddy qui les avait également rejoints entre temps.
En silence, les deux expertes en robotique continuèrent de travailler, chacun dans leur coin. Violet réussit à réparer les doigts et les remit à leur place sur la main gauche de Springtrap, pendant que ce dernier continuait de fouiller à l'intérieur de Chica. Alors qu'elle venait de terminer sa tâche, fière d'elle, Springtrap mit la main sur un tube étrange à l'intérieur de la tête du robot. Il le décrocha soigneusement et l'effet fut immédiat : le robot redevint inanimé, mort.
— Qu'est-ce qui vient de se passer ? demanda la jeune fille, inquiète.
— Je ne suis pas sûr. C'est ce tube qui la ma…
Le lapin se tut brusquement et la luminosité de ses yeux diminua. Il resta une longue minute immobile, avant de reposer le tube sur la table, à côté de l'ordinateur. Puis il se laissa glisser le long du mur pour se mettre en position assise.
Violet échangea un regard inquiet avec Freddy. Ce mutisme soudain était inquiétant. Elle hésita à prendre la parole, de peur de l'énerver et qu'il l'attaque sans prévenir. Les crises de Springtrap restaient imprévisibles, même si elles avaient toutes d'ordinaire une explication logique.
Soudain, le lapin se mit à rire. Consternés, les autres hésitèrent à sortir de la pièce pour de bon. Springtrap n'était clairement pas dans son état normal.
— Quel salopard ! s'exclama soudain le lapin. Bousiller ma vie n'était pas assez, il a fallu qu'il vole mon travail.
— De quoi est-ce que tu parles ? demanda George.
— De ça, dit-il en pointant le tube. C'est à cause de cette saloperie que je suis mort. C'est un tube à essai tiré d'un extracteur d'âmes, qui permet de coincer une âme à l'intérieur d'un contenant. Je n'ai jamais réussi à le faire fonctionner, il m'a pété entre les mains quand je l'ai essayé sur Bonnie. On dirait bien que Henry l'a perfectionné, et qu'il a trouvé un moyen de mettre n'importe quelle âme dans n'importe quel objet. S'il s'est arrêté aux objets.
— Sur quoi d'autre aurait-il pu le faire ? demanda Violet, qui savait déjà où il voulait en venir.
— Des êtres humains. C'est son plan depuis toujours : faire un transfert d'âme dans un réceptacle humain. Et s'il l'a fait, cette enflure peut avoir n'importe quel visage aujourd'hui. Vous ne comprenez pas ? Il a réussi. Il est immortel. Même si on le bat, qu'est-ce qui nous dit qu'il n'aura pas réussi à copier sa propre ADN pour la mettre dans un autre corps et recommencer ? Je ne veux pas être optimiste, mais ça va compliquer grandement les choses. Autre chose.
Il attrapa le tube et le souleva devant les yeux de Violette.
— Je ne sais pas s'il n'y a que moi qui le voit, mais les couleurs à l'intérieur sont légèrement différentes. Ce qui suggère qu'il n'y a pas qu'une âme à l'intérieur.
— Quoi ? réagit Golden Freddy, d'une voix inquiète. Il n'aurait quand même pas…
— Si. Il a réussi à faire cohabiter plusieurs âmes dans un seul corps. Ce qui explique pourquoi il était impossible de raisonner cette saloperie de robot. Il n'y a pas d'équilibre, pas de leader. Incapable de se coordonner, les âmes sont en train de s'entretuer.
— Alors libère-les, répondit Golden Freddy, d'un ton plus franc. Elles pourront nous aider.
— Ou elles vont se barrer à la seconde où j'explose la fiole.
— Tant pis. On ne peut pas les laisser comme ça. Je vais essayer de les calmer et de leur parler.
Le lapin soupira. Il jeta la fiole à terre et l'écrasa sous son pied. Presque immédiatement, trois boules d'énergie blanche s'échappèrent du réceptacle et se mirent à voler tout autour d'eux à un rythme effréné, paniquées. Muette, Violet les suivit du regard, fascinée. Elles évitaient toutes soigneusement Springtrap et peinaient à trouver une échappatoire. Golden Freddy reprit lui aussi une forme plus fantomatique. Les autres ne surent jamais ce qu'il leur dît, mais cela sembla les apaiser légèrement. Elles arrêtèrent de se cogner dans les murs et se rapprochèrent de lui.
Violet se retourna vers Springtrap. Il croisa brièvement son regard, puis lui tourna le dos. La jeune fille hésita, puis sourit.
— Merci d'avoir accepté de les libérer.
Le lapin grogna pour toute réponse. Golden Freddy se rapprocha d'elle, les petites boules collées à lui.
— Les âmes sont en train de s'évaporer, mais j'ai réussi à obtenir quelques informations. Ce sont bien des enfants, trois petites filles. Elles disent toutes avoir été enlevées alors qu'elles sortaient de l'école ou d'un parc. Elles parlent tous d'un manoir et de cages, la suite est confuse. Elles se sont réveillées dans ce robot, et ensuite le « Maître » leur a demandé de chasser. Elles n'arrivent pas à être plus précises sur la localisation, mais c'est un début.
— On progresse un peu, sourit Violet. Elles… Elles s'en vont ?
— Elles s'en vont, confirma l'ours. C'est pour le mieux.
— Je peux leur parler ?
— Elles t'écoutent.
Violet sourit et se tourna vers les trois petites boules d'énergie blanches qui s'étaient rapproché d'elle, curieuse.
— Je tenais à m'excuser. Je suis désolé que votre vie ait été coupée brutalement, que vous ayez eu à subir tout ça, sans personne pour vous soutenir. J'espère que, où que vous alliez, vous réussirez à trouver la paix. Vous n'avez rien à vous reprocher, et je vous promets que l'on va faire de notre possible pour que ça ne se reproduise plus jamais. Merci d'avoir été aussi courageuses, et bon voyage.
Les trois âmes brillèrent un peu plus intensément. Golden Freddy pencha la tête sur le côté.
— Elles te remercient également, et te souhaitent bonne chance pour sauver les autres. Elles s'excusent de ne pas avoir pu nous aider plus.
— Ne vous inquiétez pas. Vous avez déjà fait beaucoup. Filez maintenant, dit-elle en souriant.
Les petites âmes brillèrent une nouvelle fois, puis filèrent à toute vitesse vers le plafond.
— Elles sont parties, confirma Golden Freddy. Merci de leur avoir parlé. Je… Je ne suis pas aussi doué que Charlie pour ça. Elle me manque.
— On va la retrouver. On a déjà une piste. Avec ce que Springtrap allait chercher sur Henry, on va peut-être pouvoir recouper les pistes. N'est-ce pas ?
Aucune réponse. Elle se retourna vers William. La tête basse, les poings serrés, il tremblait légèrement. Il releva la tête quand il s'aperçut que tout le monde le regardait.
— Retrouvons ce salopard, confirma-t-il. Il est temps que ça s'arrête.
