Hello, vous reprendrez bien un peu de drama avec vos larmes ? La suite est enfin là, je sais que vous l'attendiez, eheh.

Chapitre 12 : Entubés

Fritz savait que c'était une mauvaise idée. Sa maman lui avait dit de ne pas parler aux étrangers, et ce lapin à la fourrure dorée n'avait rien de familier. Mais Gabriel ne cessait pas d'insister et de lui secouer le bras, excité.

— Allez, viens ! On va aller voir Freddy de plus près ! Tu sais que Freddy est mon préféré, tu n'as pas le droit de dire non !

— Mais Maman a dit de ne pas s'éloigner de la scène, et si on s'en va de la scène, on désobéit ! protesta l'enfant aux cheveux roux.

— Mais si on n'y va pas, c'est encore Jeremy et Susie qui vont raconter les meilleures histoires dans la cour de récréation. Moi j'y vais !

L'enfant gonfla les joues et se leva de son tabouret pour rejoindre le lapin doré, qui discutait déjà avec leurs deux amis. Une main se posa sur son épaule. Il sursauta, apeuré, et recula d'un pas face à l'énorme ours doré qui lui faisait face, tout sourire. Fritz n'avait jamais vraiment aimé les mascottes du restaurant, elles lui faisaient peur. Il n'était venu que parce que Gabriel lui avait promis qu'il y avait un pirate, et lui, il aimait ça, les pirates. Mais voilà, le pirate était en panne, et lui, il se retrouvait à devoir s'approcher des autres robots qu'il n'aimait pas. Tu parles d'une fête d'anniversaire !

L'ours doré n'avait pas l'air méchant, mais Fritz n'était pas stupide. Il pouvait bien voir qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur. Il pouvait voir sa bouche entre les mâchoires entrouvertes du costume. C'était comme ça qu'il savait que ce n'était pas pour de vrai. Les vrais robots n'avaient pas de gens à l'intérieur d'eux.

— Tu ne rejoins pas tes petits camarades ? demanda l'ours. Viens, je t'accompagne.

— Mais ma maman a dit…

— Ça ne prendra qu'une minute, et puis, tu veux voir Freddy, non ? Ou le reste de la bande ? Qui est ton préféré ?

— F… Foxy, avoua l'enfant, méfiant.

— Foxy est là aussi, viens !

Mais il pensait que Foxy était en panne ? Ce plan ne lui plaisait pas, mais l'ours avait déjà saisi son bras et l'entraînait vers les autres. Fritz tenta de se dégager, mais l'ours le tenait fermement. Fritz n'aimait pas ça. Il n'aimait pas quand des adultes le tenait par la main. Il n'était pas un bébé. Et l'ours le serrait vraiment fort, ça faisait mal.

Le lapin le salua d'un grand geste de main, puis ouvrit la porte théâtralement, provoquant l'hilarité des enfants qui lui mangeaient dans la main. À l'écart, Fritz se sentait de plus en plus mal à l'aise. Il tenta une nouvelle fois de se dégager lorsque l'ours le tira à l'intérieur, mais il grogna et le poussa devant lui. Il ferma la porte derrière lui, et posa un cadenas dessus.

— Je veux retourner voir ma maman, plaida Fritz, cette fois-ci effrayé pour de bon.

Il n'aimait pas l'ours et le lapin. Il donna un grand coup d'épaule, passa entre les jambes de l'ours et courut vers la porte. Il tambourina immédiatement dessus, en hurlant après sa maman. L'ours lui saisit brusquement l'épaule et le poussa violemment derrière lui sur plusieurs mètres. Fritz s'écroula au sol, sous le choc.

— Mais tu vas la fermer, petit con ! s'exclama l'ours d'une voix beaucoup moins agréable.

Fritz hurla lorsqu'il s'avança de nouveau vers lui pour le saisir, et partit en courant vers la première porte ouverte qu'il rencontra. Une salle noire, où ses amis, silencieux, regardaient nerveusement autour d'eux, pendant que le lapin doré cherchait quelque chose dans un sac. L'ours entra derrière lui. Fritz se réfugia auprès de Gabriel, son meilleur ami. La porte claqua derrière lui, et il y apposa un nouveau cadenas.

Il n'y avait pas d'autre échappatoire.

Il n'y avait pas d'autre échappatoire !

Le souffle saccadé, Fritz commençait à paniquer. Panique qui se transforma en terreur lorsque le lapin bondit soudainement sur Susie. La fillette blonde poussa un hurlement qui se transforma en gargouillis alors qu'elle titubait contre le mur en tenant sa gorge ouverte. Les autres enfants, figés, la regardèrent se vider de son sang lorsqu'elle s'effondra face contre terre, le corps secoué de spasmes.

Jeremy hurla lorsque l'ours courut dans sa direction. Fritz tira Gabriel vers la porte. Les deux enfants hurlèrent, et supplièrent, tapant contre le métal avec l'énergie du désespoir. Il ne vit pas le lapin arriver derrière lui. Une main se posa sur sa bouche. Il continua de hurler, jusqu'à ce qu'une douleur foudroyante lui traverse la poitrine plusieurs fois. Il s'effondra sur le sol, les yeux écarquillés, face aux yeux vides de Gabriel. Ils étaient tous partis. Tous, sauf lui.

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

— On les laisse ici jusqu'à ce soir. On les mettra dans les robots à la fermeture. Va changer de vêtements, et on retourne en salle.

Les mettre dans des robots ? C'est ridicule, songea-t-il, dans ses dernières secondes de conscience, alors que le sol bétonné se tapissait de son sang. Les vrais robots n'avaient pas de gens à l'intérieur d'eux.

Ils ne transportaient que des meurtriers.


Foxy sursauta violemment. Les circuits de son unique œil valide eurent bien des difficultés à s'adapter sur ce qui l'entourait. La panique gagna chacune de ses parties métalliques quand il réalisa qu'il ne se trouvait plus au restaurant. La pièce était blanche, du sol au plafond, et il était confiné dans un tube de verre renforcé. Il testa la solidité de la glace d'un grand coup de poing, mais elle resta intacte, pas même une égratignure. Il grogna, frustré.

Il ne se souvenait pas de comment il était arrivé ici, et il ne parvenait pas à quitter son corps pour aller retrouver ses amis. Quelque chose le retenait dans sa carcasse de métal, bien amochée. Peu importe ce qui l'avait mené ici, il avait chèrement vendu sa peau, à en juger par le sang qui le couvrait et les morceaux de métal tordus qui dépassaient de son costume.

Il se retourna difficilement pour regarder sur sa gauche. Le tube le maintenait debout, mais ne lui permettait pas beaucoup de mouvement. Le renard écarquilla les yeux en apercevant les costumes colorés de ses amis. Affalés sur eux-mêmes, Bonnie et Chica semblaient toujours inconscients. Toutefois, Foxy pouvait sentir leurs âmes. Mais où était Freddy ? Et la Marionnette, Golden Freddy ? Violet ?

— Bonnie ! appela-t-il. Bonnie, réveille-toi !

La tête du lapin, le plus proche de lui, se pencha légèrement sur le côté lorsqu'il l'appela. Foxy ne savait pas qui de son ami ou du programme réagissait. Les animatroniques étaient conçus pour tourner la tête lorsque quelqu'un les appelait. Bonnie tourna des yeux vides vers lui, puis ses oreilles prirent leur indépendance, et il sembla retrouver un semblant de vie.

— Qu'est-ce que… paniqua immédiatement le lapin, tâtant la vitre devant lui. Foxy ?

— Réveille Chica. Je ne sais pas où l'on est, et je ne sens pas les autres. Tu arrives à sortir ?

Le lapin se concentra. Ses yeux brillèrent légèrement d'un blanc immaculé, mais c'était comme si l'âme était forcée de revenir dans le robot à chaque fois. Il secoua la tête, perplexe, puis se tourna vers Chica. Foxy le laissa faire et fit un tour sur lui-même pour s'assurer que ses autres amis ne se trouvaient pas dans la pièce. Ça ne lui disait rien qui vaille, mais c'était peut-être une meilleure nouvelle qu'il ne le croyait. S'ils ne se trouvaient pas ici, ils étaient peut-être encore dehors pour les aider à s'évader.

Tous ses espoirs, cependant, se brisèrent lorsque la porte s'ouvrit. Un homme d'une soixantaine d'années fit son entrée. L'enveloppe différait, mais tous les trois surent immédiatement qui se trouvait devant eux. Foxy sentit une haine sans nom s'emparer de lui. Dans un hurlement mécanique, il se jeta une nouvelle fois contre la vitre, et à en croire le raffut à ses côtés, il n'était pas le seul. Même s'il avait compris qu'il s'agissait d'une possibilité grâce à Violet, le voir de ses yeux le remplissait de rage. Il devait être mort. Ce n'était pas juste.

Le silence s'abattit sur la pièce lorsque deux hommes poussèrent un support métallique dans la pièce. Bras et jambes écartés et retenus par des anneaux de métal, la Marionnette se débattait furieusement. Les autres ne pouvaient plus l'entendre, mais l'aura colérique qui se dégageait d'elle en disait long sur les insultes qu'elle devait hurler à Henry Miller, son propre père, réincarné dans un corps qui ne lui appartenait pas.

Les robots, nerveux, ne bougeaient plus, effrayés à l'idée de ce qu'il pourrait faire à leur protectrice. Leur soudaine inaction arracha un sourire de satisfaction à Henry.

— Je vois que je n'ai même pas besoin de vous menacer, lança-t-il, moqueur. Oh non ! s'exclama-t-il dramatiquement. Le méchant Henry, il a kidnappé tous les gentils robots, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire ?

Il fit un pas en avant, le visage arborant tout un coup une expression mortellement sérieuse.

— Rien. Vous n'allez rien faire. Vous m'avez donné assez de mal ces dernières années et je n'en peux plus de vous avoir dans mes pattes. Vous allez rester ici bien sagement en attendant que vos petits copains viennent vous sauver la vie, puis vous pourrez tous célébrer en enfer lorsque j'arracherai vos âmes de vos corps pour les broyer dans des souffrances que vous ne pouvez imaginer. Vous n'êtes rien.

Il se retourna vers la Marionnette, et lui caressa affectueusement la joue. Charlie chercha à retirer son visage pour qu'il le laisse tranquille.

— Quant à toi, ma douce fille, ton cauchemar touche bientôt à sa fin. Bientôt, tu renaîtras, et ce sera comme si nous n'avions jamais été séparés. Tu verras.

— Tu es complètement taré, grogna Bonnie. Tu crois qu'elle va juste faire l'impasse sur tout ce qui s'est passé ? Sous cette forme ou une autre, elle te déteste !

— La ferme, abruti de lapin. Je connais mieux ma fille que tu ne le penses et je sais que l'entreprise ne sera pas des plus simples. Mais j'y parviendrai. Et ensuite, ce sera elle qui vous tuera. Nous verrons ainsi à qui la trahison fait le plus mal. Je suis sûr que vous apprécierez… l'ironie de la situation. Si tant est que vous savez seulement ce qu'est l'ironie. J'oublie parfois que vous n'êtes que de sales petits morveux.

Bonnie grogna comme un animal sauvage et donna un nouveau coup contre la vitre. Un impact apparut sous sa main. Henry observa la vitre endommagée d'un air ennuyé, puis siffla.

Des pas lourds résonnèrent dans le couloir, avant qu'un immense robot n'entre dans la pièce. Les Animatroniques ne purent détacher leurs yeux de l'abomination. Le nouveau venu ressemblait à Freddy, mais en faisait deux fois la taille. Sa mâchoire déformée laissait apparaître deux rangées de dents métalliques effilées, les mêmes que l'on pouvait trouver attachée à un piège à ours grand ouvert là où aurait dû se trouver le ventre de l'ours. Des pustules vertes organiques recouvrait son côté droit, certains gigantesques et presque vivants, à en juger par les gargouillis qui en émanaient. Ses mains étaient terminées par de longues griffes métalliques, qui, à en juger par le sang encore frais qui les tâchaient, avaient été utilisées récemment.

— F… Freddy ? appela Chica d'une voix incertaine.

L'ours tourna la tête vers eux, leur arrachant un frisson de terreur. Foxy, plus que les autres, sentaient son âme battre furieusement. Ce n'était pas Freddy. Ça ne pouvait pas être Freddy. Son meilleur ami le reconnaîtrait. Henry ne pouvait pas l'avoir transformé en si peu de temps !

— Vous aimez mon cadeau ? rit Henry. Je le trouve bien mieux comme ça. À l'origine, j'avais proposé à William de faire de Freddy un chanteur de metal. Je trouve que ce costume correspond bien plus à mon idée de départ. Imaginez les regards des parents au moment de mettre leur enfant sur les genoux de Freddy pour la photo. Ça aurait été bien plus divertissant que cette comédie que vous appelez un spectacle. De nos jours, les enfants veulent avoir peur, pas regarder des peluches célébrer la joie de vivre et l'amitié sur scène.

Il gratouilla le monstre sous le menton comme s'il s'agissait d'un simple caniche. Freddy sursauta à son contact, et recula d'un pas. Foxy ne manqua pas le geste. Cette chose, peu importe sa docilité, craignait Henry. Toutefois, il n'arrivait pas à croire qu'il s'agissait de Freddy, au contraire de Chica, qui paniquait et hurlait son nom avec l'énergie du désespoir. Bonnie restait silencieux, entre méfiance et abattement.

— Ne l'écoute pas, Chica, dit le renard. Il ment. Il ne fait que mentir depuis le début, depuis le jour où il nous a traîné dans cette salle. Ce n'est pas Freddy.

— Oh vraiment ? Et qu'est-ce que tu en sais ? demanda Henry en se rapprochant de son tube, un sourire aux lèvres.

— Je connais Freddy. Il n'aurait jamais baissé les bras sans t'arracher au moins un bras et une partie du visage pour être sûr de ne jamais revoir cette pourriture qui te sert de visage. Il est encore au restaurant, n'est-ce pas ? Si j'étais toi, je ne serais pas aussi serein. Les menteurs ne connaissent jamais de fin heureuse.

Henry pouffa, amusé par son monologue mélodramatique. Il choisit de l'ignorer et se tourna à la place vers le dupliquas de Freddy. L'ours se redressa lorsqu'il remarqua l'attention.

— Surveille-les. Je n'en veux pas un en liberté dans le manoir, ou sinon…

Il laissa planner la menace, mais Freddy poussa un gémissement plaintif, ce qui signifiait qu'il savait de quoi il était capable.

— Ramenez Charlie dans sa chambre, dit-il aux gardes. Il ne sort jamais rien de bon lorsque ceux-là restent dans la même pièce. Et envoyez un rapport à Plushtrap, qu'il tienne mon petit-fils au courant des dernières nouvelles.

Petit-fils ? Foxy se tendit. Il se tourna vers la Marionnette, qui le regardait, elle aussi. Son aura se fit plus triste et angoissée, et il savait exactement pourquoi. Elle avait raison depuis le début. Luc travaillait pour Henry, et Violet se retrouvait livrée à elle-même pour se battre contre lui.

Henry quitta la pièce, ses chiens de garde emmenèrent Charlie avec lui. Seul Freddy resta derrière et s'assit sur le sol, le regard vide. Foxy attendit d'être sûr qu'il soit loin pour s'adresser au robot.

— Tu n'as pas à lui obéir, dit-il. Je sais qu'il a dû te faire du mal, mais tu n'es pas tout seul. Si tu… Si tu nous fais confiance et que tu nous laisse sortir, on pourra t'aider à partir. À ne plus avoir mal. Ce n'est pas de ta faute et tu n'as aucun compte à lui rendre.

Il avait réussi à capter l'attention de l'ours, qui le dévisageait avec intensité. Foxy ne sut s'il réfléchissait ou s'il s'agissait d'un réflexe.

— Il… Il a raison ! reprit Chica avec conviction, en comprenant ce qu'il cherchait à faire. Tu dois être en colère, mais nous avons des amis qui peuvent aider. Ils… Ils nous ont aidé quand on a été dans ta situation. Peu importe ce qu'il a dit, c'était des mensonges, reprit-elle avec assurance, en faisant écho à l'argument du renard plus tôt.

— On peut tous sortir de là et trouver une solution, appuya Bonnie, plus timide.

Freddy les regarda un à un, toujours silencieux. Il se redressa et s'approcha des tuyaux.

— Menteur, dit l'ours d'une voix faible.

— Oui, reprit Foxy, plein d'espoir. Henry ment ! Henry est un menteur.

— Menteur, répéta l'ours en s'approchant du tube.

Foxy recula contre la vitre, mal à l'aise. L'ours l'observait dans les yeux, il sondait son âme.

— S'il te plaît… supplia Foxy. Tu dois nous croire.

— Menteur ! rugit l'ours, en donnant un grand coup contre le tube. Menteur ! Menteur ! Menteur ! Menteur !

La voix du robot dérailla et se transforma en une cacophonie de plusieurs voix d'enfants effrayées, en colère. Mais pas contre Henry. Contre lui. Foxy, Bonnie et Chica se lancèrent des regards paniqués. De toute évidence, aucun d'entre eux n'était prêt à reprendre le flambeau de la Marionnette. Elle était plus douée qu'eux pour calmer les âmes perdues.

L'ours donna un autre coup dans la vitre. Une grande fissure apparut sur le verre. Foxy se figea. S'il continuait de s'énerver, il briserait sa prison ! Mais Freddy s'arrêta net. Lorsqu'il remarqua la fissure, ses yeux s'écarquillèrent d'horreur et il recula contre le mur.

— Non ! hurla-t-il, de lourds sanglots s'échappant de sa gorge. Non ! Maître pas content. Maître faire du mal à Freddy ! Freddy méchant ! Freddy méchant !

À leur grand désarroi, Freddy se mit en position fœtale sur le sol et se mit à pleurer et se lamenter, dévasté d'avoir abîmé le tube. Les trois robots échangèrent un regard inquiet. Peu importe ce qu'Henry lui avait fait, ce n'était pas quelque chose de bien.